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Le rituel sambaani chez les Baatombu de N'Dali

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par Gnon Chantal DARA
Université d'Abomey Calavi - Maîtrise en sociologie 2010
  

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République du Bénin

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Université d'Abomey Calavi

(UAC)

------

Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

(FLASH)

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Département de Sociologie-Anthropologie

(DSA)

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LE RITUEL SAMBAANI CHEZ

LES BAATONMBU DE N'DALI

Réalisé par : Sous la Direction de :

Chantal Gnon DARA Dr. Dodji AMOUZOUVI

Maitre Assistant à L'UAC

Jury de Soutenance

Président  : Christian AGOSSOU

Rapporteur  : Dodji AMOUZOUVI

Examinateur  : Euloge OGOUWALE

Date de la soutenance : 26 Août 2010

Note obtenue : 16/20

Mention : Bien

Année Académique 2009-2010

DEDICACE

Je dédie ce travail

Ø A mon père DARA Jean qui s'est beaucoup peiné pour la réussite de ses

enfants. Aujourd'hui, il m'est donné l'occasion de lui exprimer mes sincères reconnaissances et mon amour.

Ø A ma mère ABOU Azaratou qui s'est sacrifiée pour mon bien-être en

acceptant de connaître les souffrances de ce monde. Que ce travail soit son cadeau éternel.

Ø A mon frère SAMANI François ; toi qui a cru en moi en me donnant tout

ton soutien et tes conseils. Aujourd'hui l'occasion m'est donné d'exprimer mes sincères reconnaissances.

SOMMAIRE

Dédicace ....................................................................................................1

Sommaire...................................................................................................2

REMERCIEMENTS.......................................................................................3

RESUME ...................................................................................................4

ABSTRACTS...............................................................................................5

Introduction.................................................................................................6

1ère partie : Aspects généraux sur le Sambaani.......................................................27

Chapitre 1 : Genèse du rituel Sambaani...............................................................27

Chapitre 2 : Aspects religieux du Sambaani.........................................................34

Chapitre 3 : Processus de manifestation du Sambaani...............................................37

2ème partie : Sambaani dans l'arène socio-religieuse à N'Dali..........................................44

Chapitre 4 : Sambaani à la croisée des chemins......................................................44

Chapitre 5 : Relation entre les hommes et lesbûnu....................................................48

Chapitre 6 : Héritage culturel et le devenir du Sambaani............................................51

Conclusion................................................................................................55

REMERCIEMENTS

C'est pour moi un réel plaisir d'exprimer toute ma gratitude à mes encadreurs qui m'ont donné l'occasion de venir m'instruire à leurs côtés. Leur dévouement et leur amour pour les sciences sociales nous ont beaucoup fascinés et ils ont su mettre en nous la motivation nécessaire pour l'accomplissement de cette noble mission qui est de faire de la recherche sociologique.

Ø Mes remerciements vont à l'endroit de M.Dodji AMOUZOUVI pour

m'avoir suivi et écouté d'une oreille attentive tout au long de ce travail. Je lui témoigne ma profonde gratitude.

Ø Mes sincères remerciements également vont aussi à l'endroit deM.

HOUINSA David dont les conseils, le soutien et les remarques ont été utiles, je ne cesserai de vous dire merci papa.

Ø A mon cher ami SENOU Mesmin pour son soutien

Ø A mon cher ami M. Innocent pour tout son soutien

Ø M. ZIME Inoussa pour son assistance et son attachement à notre réussite.

Ø A la famille ALLAGBE pour son soutien.

Ø A M. DADY pour tous ses conseils et son soutien

Ø A mes soeurs Delphine, Mistourath, Aichata, mon neveu Abel et mon

frère Antoine pour leur soutien.

Ø A la famille da-COSTA pour son soutien

Ø A tous les étudiants de la 4ème année du CUP de la promotion 2008

Spécialement Sibgath, Daniel, Arlette, Gilles, Arthuset Delphine AHOUSSOUGA.

Enfin, j'adresse toute ma reconnaissance à tous ceux qui, de près ou de loin ont apporté leur contribution à l'aboutissement de ce travail.

Chapitre 1 RESUME

Le rituel Sambaani, au sein de la communauté baatonu exige l'interaction des groupes sociaux et des manifestations permanentes ou périodiques. Même les logiques sous-tendant ce rituel et sa forme relèvent parfois de "l'arbitraire social", il n'en demeure pas moins vrai qu'il remplit des fonctions spécifiques.

C'est donc à la détermination des fonctions et des manifestations du rituel Sambaani dans la communauté baatonu, que s'est attelé le présent travail. Il a eu comme objectifs de présenter l'évolution du Sambaani à N'Dali à travers sa genèse, ses rites cultuels et culturels, ses modes d'adhésion, ses acteurs et sa finalité, identifier les modifications intervenues dans le rituel du fait des autres religions, repérer la place qu'occupe le Sambaani dans la vie religieuse des communautés de N'Dali. La conduite des travaux, exécutée dans une perspective fonctionnaliste, a pris en compte quatre groupes-cibles répartis en huit (08) catégories sociales. Au total 65 personnes ont été approchées et enquêtées avec les outils spécifiques à la nature qualitative de l'étude. Les données recueillies sur le terrain nous ont permis d'aboutir aux résultats.

Le rituel Sambaani, communément désignée "bun"par la communautébaatonu,est l'apanage des femmes. La persistance de sa pratique tient essentiellement aux différentes fonctions socioculturelles que le rituel assure. Ainsi, la différenciation sociale ou la distinction, la protection constituent des moments de la communication entre le pratiquant et son milieu. Mieux encore, la pratique du rituel Sambaani constitue un facteur d'intégration et de cohésion sociale par les liens qu'il suscite entre les différents membres de la société. La cohésion interne de chaque catégorie sociale et leurs relations conflictuelles avec les autres peuvent donc être appréhendées par l'analyse du pratique Sambaani, ainsi que des discours qui leur sont associés.

Mots-clés : Rituel Sambaani, culture, cérémonie, cohésion sociale

Chapitre 2 ABSTRACT

The ritual Sambaani, within the community baatonu, requires in the interaction of the social involved groups and the permanent uses or periodicals. Even logics underlying this ritual and its form concern arbitrary social sometimes, it does not remain less true about it than it fills of the specific functions.

It is thus with the determination of the functions and of the manifestation of ritual in the community baatonu, that this work was harnessed. It had as objective to present the developments of the ritual Sambaani in N'Dali through its genesis, its worship ritual and cultural its muss of joining, her actor and its finality, to identify the modification occurred in the ritual because the other religion, on the spot that take up the Sambaani in the life religiousfor the community of N'Dali. The control of work, carried out from the functionalist point of view, took into account four group-targets divided into eight (08) social categories. On the whole 65 people approximate and were surveyed with the tools specific to the qualitative nature of the study. The data collected were analyzed progressively and the results which they made it possible to succeed are the following ones.

The ritual Sambaani, commonly indicated «bun» by the communitybaatonu, is an attribute of the woman. The persistence of its practice primarily holds with the various sociocultural functions that ritual ensures. Thus, social differentiation or the distinction, the protection constitutes moments of the communication between the practicing and its medium. Better still; the practice of Sambaani ritual constitutes an important factor of integration and social cohesion by the bonds which it causes between the various members of the company. The internal cohesion of each social category and their conflict relations with the others can thus be apprehended by the analysis of the Sambaani practice as of the speeches which are associated for them.

Key words:Sambaani ritual, culture, ceremony, social cohesion

Introduction

L'être suprême est la figure la plus importante de toute une série d'êtres spirituels qui agissent en tant que médiateurs entre lui et les humains. Dans les religions traditionnelles, l'homme se tourne vers les esprits sans oublier l'existence de l'être suprême. Et c'est vers ces esprits que le peuple baatonu se tourne pour formuler ses demandes. Le but de l'homme est de vivre et d'en trouver les moyens. Chacun fait l'expérience du mal : c'est tout ce qui entrave le désir de vivre en plénitude. Il faut donc conjurer, réduire le mal, acquérir une force pour obtenir le salut, qui n'est autre chose que la vie même, et ceci à l'aide de conceptions et d'actions religieuses. Les croyances  traditionnelles s'articulent autour du culte rendu à des divinités ou esprits incarnant des forces supranaturelles. Ceux-ci président aux destinées des hommes et servent d'intermédiaires entre le dieu suprême et l'humanité. Pouvant parfois être des ancêtres ayant accédé au rang de divinité, ils sont désignés sous le terme de Sambaani.

Depuis toujours, les religions traditionnelles jouent un rôle capital dans le développement de tous les pays et au sein des Africains en particulier. Ainsi, chaque groupe socio -culturel possède un corpus de représentations collectives, de mythes et des rites. C'est pourquoi le phénomène religieux se lit à travers les comportements, les façons de faire et d'agir de chaque groupe socio-culturel. Tout ceci constitue la sève qui, en la nourrissant, permet à la religion de se perpétuer. C'est dire donc que la religion, étant le ciment social, permet de définir l'identité de chaque société. A travers la perpétuation des rites religieux, on développe chez chaque membre la foi qui elle aussi, se reconnaît par ses actes. Mais, il peut arriver que, pour diverses raisons, il y ait rupture entre les actes religieux et la conviction personnelle. Malgré ces cas isolés, les pays africains continuent de promouvoir leurs cultures à travers différentes manifestations rituelles et cérémonies. C'est dire que toute vie en société obéit à des comportements ritualisés pour l'institutionnalisation de certaines moeurs et normes.Les Baatombu, donnant l'exemple d'une société dominée par l'animisme, sont présentés comme des peuples très religieux mais aussi attachés à leur tradition. De ce fait, ils ont toujours manifesté un vif intérêt et une ardente défense de leur rituel qu'est le Sambaani. Mais de nos jours, Sambaani, rituel de base des Baatombu, cohabite avec d'autres religions révélées telles que l'Islam et le Christianisme. Mais cette cohabitation a été favorable parce que les Baatombu ont certainement en eux quelque chose qui s'y présente et est probablement absent chez les autres. Cette chose, c'est leur rite de base ; le Sambaani. En parlant des pratiques religieuses en Afrique, on voit une mosaïque de faits religieux. C'est pourquoi on parle « d'une pluralité des religions traditionnelles en Afrique » (MBITI, John, 1972).

Bien que s'appuyant sur la croyance originale en l'existence d'un dieu suprême et de nombreux esprits, le Sambaani a subi de nombreuses mutations. Les esprits notamment, que l'on nomme bûn (fétiche), ont acquis de nouvelles caractéristiques. Se comptant par milliers, ils se distinguent par leurs attributions différentes, mais également par leur caractère bienveillant ou maléfique. Parmi la multitude d'esprits vénérés dans le Sambaani figurent notamment les wérékunu.

La présente étude permet de mieux comprendre le contenu du rituel Sambaani dans son déroulement, son évolution, ses fonctions et les acteurs qu'il met en scène.

1- Problématique

1-1- Problème

L'homme a sa vision du monde dans laquelle s'inscrivent aussi bien ses problèmes qu'en résolution. La vie apparait parfois mystérieuse et il faut chercher le sens de chaque évènement. De la réflexion sur le mystère de la vie, de la mort et de la nécessité de survivre et de rechercher le bonheur naît l'idée des rites. Ainsi, la société dans laquelle l'individu se trouve, est soumise à des lois ou règles. Et cela fait appel à des institutions comme la religion ; régies par des normes qui créent et entretiennent l'harmonie et la cohésion entre les membres de la société (DURKHEIM, 1912). La religion est importante dans la culture noire ; c'est pourquoi le sacré n'est pas tout, il peut être tout. A ce sujet, la civilisation est la conscience que prend de son identité commune un ensemble de peuples. C'est la force de par leur volonté d'appréhender l'univers à travers la même grille intellectuelle et morale. C'est la religion qui est la base de la civilisation africaine, qui la fortifie, qui l'anime. Là où il y a un Africain, il y a une pratique religieuse. Il l'amène partout où il s'y rend. Elle est à ses côtés lorsqu'il assiste à une fête ou qu'il participe à une cérémonie funèbre. Les pratiques religieuses sont une affirmation de la vie et font une faible part à l'ascétisme. Elles possèdent des valeurs essentielles comme l'harmonie et l'union au sein de la famille et de la société mais aussi avec les morts-vivants et les esprits. Ces pratiques sont collectives avant d'être individuelles et les Africains qui se convertissent au christianisme ou à l'islam reportent ces valeurs dans leur nouvelle foi.

Parfois, certaines croyances d'un groupe influencent celles de l'autre mais ne les modifient pas. Puisque les hommes ne sont pas capables de se donner à eux-mêmes le salut qu'ils désirent, ils admettent qu'une force supérieure (surnaturelle) pourrait maîtriser le mal et établie l'ordre du monde. C'est à travers les manifestations que les hommes trouvent ce salut.

Les manifestations de Sambaani passent nécessairement par les rites relevant parfois des interdits ou des tabous des dieux et des esprits. Toute religion suppose donc un minimum d'organisation et de hiérarchie. Le rite est un langage efficace en ce sens qu'il agit sur la réalité sociale. L'homme doit s'appuyer sur des symboles reconnus par la collectivité pour faire le rite. C'est dire que l'efficacité du Sambaani dépend de la validité globale du cérémonial ; c'est-à-dire pour qu'il ait rituel de Sambaani, il faut qu'il y ait un certain nombre d'opérations, de gestes, de mots et d'objets convenus, qu'il y ait croyance à une de transcendance (ISAMBERT, 1982 :109). La fonction du rite est donc de rattacher le présent au passé, de l'individu à la communauté. Le rite joue également la fonction d'intégration ; ce qui pousse LABURTHE-TOLRA et WARNIER (1993) à écrire que « ce qui fait la force du rite, ce n'est sans doute son effet ni son sens intrinsèque, ni son efficacité pratique, ni la sécurité subjective qu'il procure, mais le fait qu'il transforme la situation en renforçant la solidarité du groupe qui l'exécute ». La vie religieuse et la vie profane ne peuvent coexister dans les mêmes unités de temps. Il est donc nécessaire d'assigner à la vie religieuse des jours ou des périodes déterminées ;  ce qui permet la célébration des réjouissances et le rituel Sambaani s'inscrit dans cette perspective.

Au nombre des constats que tout observateur de la réalité sociale et religieuse fait au Bénin, figure en bonne place la coexistence plus ou moins pacifique entre différentes pratiques religieuses. Cependant cette coexistence pacifique pourrait cacher un conflit sur le monopole de la "vérité divine". C'est le cas à Savalou en 1973 entre célestes et vodunon ; entre adeptes de Zangbéto et fidèles musulmans à Porto-Novo en 1973. Ce conflit ne s'observe pas tellement à N'Dali. Parfois les musulmans lancent des propos comme "le Sambaani est une oeuvre diabolique et que celui qui le pratique n'ira pas au paradis ". Ces propos peuvent parfois entrainer des tensions ; mais ce qui n'est pas le cas à N' Dali. La communauté de N'Dali arrive toujours à trouver un terrain d'entente.Cette tension demeure perceptible lorsqu'il s'agit des communautés religieuses de types traditionnels. Face aux religions traditionnelles, l'attitude et le discours sont plutôt au rejet. Malgré cette situation le Sambaani continue d'exister et ses fidèles pratiquent leurs rituels. Il y a donc un premier écart qui interpelle le questionnement du sociologue à savoir pourquoi une institution, qui subit autant de rejet, se maintient.

Les religions étrangères donnent aux hommes une connaissance qui ne répond pas aux exigences socio-culturelles de leur environnement. Il faut donc rechercher comment les adeptes de Sambaani vivent-ils leur foi et quelle est leur participation au processus de développement local. Le baatonu semble assimiler tout ce qui vient d'ailleurs. Ce comportement peut parfois plonger la commune de N'Dali dans les mutations socio-culturelles de notre temps. Certaines normes et valeurs sont délaissées au profit des religions importées telles que l'islam et le christianisme. Les faits religieux, le mariage traditionnel, le baptême coutumier, les sacrifices, les hommages rendus aux ancêtres, les initiations et d'autres pratiques culturelles sont négligés. Il n'existe plus à proprement parler d'Afrique traditionnelle, tant il est vrai que les valeurs islamiques ou chrétiennes et les idées-forces de la civilisation occidentale ont apporté de perturbations profondes dans les lieux les plus reculés, affectant plus ou moins selon les comportements, les mentalités. (THOMAS et LUNEAU, 1975 :266).

Ainsi, quelles sont les modifications que le rituel Sambaani a subie dans son déroulement, dans sa fonction suite à l'avènement des religions étrangères dans la commune de N'Dali ? Voilà l'interrogation qui fonde la présente étude dont les hypothèses sont énoncées ci après.

1-2- Hypothèses

1- Le rituel Sambaaniassure la communication avec les dieux et l'intégration sociale de ses fidèles.

2- La présence des religions étrangères influence le rituel Sambaani à N'Dali.

1-3- Objectifs

Pour parvenir aux réponses à nos diverses questions, nous avons défini des objectifs précis.

1-3-1- Objectif global

Contribuer à une meilleure connaissance du Sambaanidu point de vue mutations intervenues du fait de sa coexistence avec le christianisme et l'islam.

1-3-2- Objectifs spécifiques

· Recenser les fonctions sociales du rituel Sambaani.

· Présenter les changements intervenus dans le rituel du fait des autres religions.

1-4- Clarification Conceptuelle

Dans l'optique d'une meilleure compréhension du sujet de recherche, la clarification de certains concepts s'avère indispensable. Il est nécessaire pour le sociologue ou l'anthropologue de "définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question. Cela relève de la rigueur méthodologique selon laquelle une théorie n'est valable que si l'on identifie la réalité qu'elle représente" (DURKHEIM, 1957 : 149).

Le rituel désigne l'ensemble du déploiement cérémoniel dans lequel s'insèrent différents rites. Ainsi le rite est d'abord un acte symbolique verbal et/ou gestuel par lequel l'homme tente de communiquer avec des êtres ou des puissances ; le propre du rite est d'être prescrit, codifié, répété et réalisé en vue d'obtenir un effet déterminé. Pour CAZENEUVE, (1971, 334) « le rite est un ensemble codifié d'actes, de gestes, de paroles, d'objets manipulés et de représentation associées qui se répète chaque fois que surviennent d'une manière périodique ou aléatoire les événements et les circonstances auxquels il est lié ». L'ensemble des manifestations, des comportements, des pratiques se rapporte au rite qui est un fait. Dans la société baatonu, Sambaani ou koro est un rituel dans lequel sont honorés les génies tels que les wèrèkunu qui peuvent avoir pour nom Bio (génie du singe. Chez le Baatonu, on appelle le singe Bio parce qu'on le considère comme l'ancêtre de l'homme), Maré (génie du Pullo ou Peulh. On croit que le Peulh pourrait venir d'une région que l'on ignore), Kpireru (génie d'hippopotame. Un animal qui incarne la force), Gariboko (génie du niais. L'enfant niais est considéré comme un esprit) et Kpanro(génie de lépreux).

Le mythe quant à lui, selon le dictionnaire est un récit qui se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. C'est aussi une parole choisie par l'histoire. Il est porté à l'origine par une tradition orale, qui propose une explication pour certains aspects fondamentaux du monde et de la société qui a forgé ou qui véhicule ces mythes. Les groupes et les individus fondent leur identité sur un mythe personnel au sens du récit approprié et mis en représentation afin d'obtenir l'approbation et la reconnaissance d'autrui. Il traite toujours les questions qui se posent dans les sociétés qui les véhiculent. Le mythe a un lien direct avec la structure religieuse et sociale du peuple et avec la cosmogonie. Réciter le mythe produit une recréation du monde par la force du rite. L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants et le mythe n'est pas récité n'importe quand mais à l'occasion des cérémonies comme le mariage, les initiations et les funérailles. Cela veut dire à l'occasion d'un commencement d'une transformation ou terminaison dont il rend compte. Le mythe se distingue de la légende (qui suppose quelques faits historiques identifiables), du conte (qui se veut inventif sans expliquer), et du roman (qui explique avec peu de fondements).

Le mythe et le rite concourent donc à l'identité de l'individu. Ces deux mots ont en commun une charge de sacralité très prégnante. Le lien entre mythes, rites et identités peut donc être perçu comme un élément de l'histoire des représentations.

Dans une perspective anthropologique, la culture se définit comme ce qui dans le milieu est dû à l'homme. Effectivement, l'homme seul est capable de culture et c'est ce qui le distingue des autres animaux bien que tous les deux soient à la fois des êtres biologiques et sociaux. « Une culture est le mode de vie d'un peuple ; alors qu'une société est l'ensemble organisé d'individus qui suivent un mode de vie donné. Plus simplement, une société se compose d'individus, la manière dont ils se composent constitue une société » (Herskovits, 1967). Ainsi, la culture pourrait être simplement considérée comme la vie d'une société. L'auteur reconnaît toute fois que la définition de Tylor apparaît comme l'une des plus élaborées. Ce dernier définit la culture comme « un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l'art, la morale, les lois, les coutumes et autres dispositions et habitudes acquise par l'homme en tant que membre d'une société ». Cette définition, qui insiste sur le rôle primordial de l'apprentissage, induit également une étude comparative « des » cultures humaines. Tylor est le premier à aborder les faits culturels dans leur ensemble et leur systématisme ; il prend ainsi ses distances avec la théorie « radicale » de l'évolution linéaire, incarnée par Lewis Morgan. Considérant que l'intellect humain est universel, il défend l'idée de stades d'évolution plutôt que d'une nature différente entre sociétés « primitives » et sociétés « civilisées ».Nous pourrons dire que la culture, c'est le mode de vie de l'homme collectif, un mode de vie découlant de la conception de la vie et des expériences. Elle est traversable à tous les domaines de la réalité sociale. Ainsi, l'homme ne se comprend que par sa culture à laquelle il donne un sens en usant de symbole.

La cérémonie est une forme extérieure et régulière d'un culte, d'un événement de la vie sociale.

"Cohésion sociale" constitue un processus à la fois de construction et de consolidation des liens sociaux entre les différents segments d'une société. Et c'est bien évidemment ce processus qui permet et assure les productions matérielles et immatérielles. Les immatérielles (pratiques religieuses, etc.) qui prolifèrent et multiplient les besoins à tel point que le vocabulaire vient parfois à manquer de les nommer, ne constituent qu'un pan de la réalité culturelle. En tant que produit immatériel qui ne s'offre pas à la vue et affecte le sens, le rituel n'est compris et assimilé véritablement que dans son rapport avec un milieu ou des circonstances de pratique ; d'où s'en dégagent des lois, un ordre, un système d'obligations, des privilèges etc. Il s'offre à la consommation qui s'entend comme un mode actif de relations, d'activités systématiques et de réponse globale sur lequel se fonde le système culturel. C'est dire donc que le Sambaani doit être mis en rapport avec son milieu de production afin de saisir les fonctions manifestes ou latentes qu'induit son pratique.

1- 5- Etat de la question

« La recension des écrits constitue la pierre angulaire de l'organisation systématique d'une recherche. Aucun chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir au préalable vérifié l'état de la question sur le sujet à investiguer » (Assaba, 1985 : 12). Cette exigence d'ordre méthodologique en matière de recherche scientifique a beaucoup influencé nos démarches orientées essentiellement vers l'appréciation des acquis antérieurs aussi bien sur le plan des supports écrits que de ceux relevant de l'oralité.

En Afrique en général et au Bénin en particulier, il existe une pluralité de religions. Dans Religions et philosophie africaine, « parler des religions traditionnelles en Afrique, c'est reconnaître la diversité des peuples et des tribus ». (MBITI, 1972). Chaque groupe social possède son propre système religieux qui constitue une réalité suffisamment importante. Il pense que l' ontologie donne en général un caractère particulier et une couleur locale à leurs croyances et leurs pratiques religieuses, à leur langue, à leurs institutions et à leurs coutumes, à leur réaction psychologique et, de façon plus générale à tous les comportements. Pour connaitre la société baatonu, il faut passer par son comportement religieux. En voulant observer ce comportement religieux, il faut passer par les rites.

C'est dans ce cadre que MAUSS (1985) dans son ouvrage intitulé

Sociologie et Anthropologie, aborde les rites dans leur forme communicationnelle tout en révélant leur rôle pour l'intégration des peuples baatombu dans leur communauté. Ainsi, selon lui, les rites permettent une communication horizontale c'est-à-dire entre les hommes et une communication verticale c'est-à-dire entre les Hommes et les dieux. L'explication de certains faits de l'univers par les hommes est due aux rites. Selon lui, le rite transmet une inspiration et témoigne d'un élément, d'un évènement mythique. Si MAUSS a pu donner les fonctions du rite, CAZENEUVE (1971) quant à lui fait la typologie des rites dans son oeuvre Sociologie du rite. Il distingue les rites de protection magique, négative et religieuse. Le rite de protection magique est tout rite institué par l'homme pour être à l'abri des mauvais sorts. Ensuite le rite négatif est l'ensemble des rites que l'homme peut utiliser pour jeter des mauvais sorts sur d'autres acteurs. Quant au dernier rite, celui du religieux, il permet d'être en communication avec Dieu et les divinités.

Le rite n'est pas seulement vu sous la forme communicationnelle et il ne s'agit pas de faire la typologie du rite. Il faut aussi aborder d'autres aspects. C'est dans cette optique que BALANDIER (1962) dans L'Afrique ambiguë, parle de l'aspect coercitif des rites sans oublier comment ils peuvent influencer les pactes sociaux et les économies. Les « pratiques rituelles introduisaient aussi une réglementation sévère, une sorte de dirigisme indispensable dans le cas d'une activité capable d'ébranler des économies primitives et vulnérables. Les accords établis par la tradition, révèlent cette fine pratique sociologique des Africains opérant toujours en terme d'équilibre » (Balandier, 1969). A l'instar de MAUSS et de CAZENEUVE, BALANDIER et MALINOWSKI ont aussi mis l'accent sur les fonctions du rite, son implication ou ses influences sur la cohésion sociale et l'intégration de l'individu dans sa société. Malinowski souligne dans son livre Dictionnaire des religions que : « même si le rite est une réponse aux besoins psychologiques du pratiquant (monde incompris entraînant angoisse, condition d'existence mystérieuse...), il est le ciment de la solidarité du groupe du fait même de son expérience pratique » (Malinowski, 1984 : 1120).

Dans les Formes élémentaires de la vie religieuse, DURKHEIM (1912) de son côté s'efforce de montrer que les représentations religieuses sont, en fait, des représentations collectives : l'essence du religieux ne peut être que le sacré, tout autre phénomène (comme le transcendant) ne caractérisant pas toutes les religions. Le sacré, être collectif et impersonnel, représente ainsi la société elle-même. Il rapproche rite et religion en prenant les faits tel que la croyance et les magies aux sérieux et les attribue au religieux. Le rite intègre dans la démonstration pour montrer que la religion n'est pas une sorte de fantaisie : « les rites les plus barbares ou les plus bizarres, les mythes les plus étranges traduisent quelque besoin humain, quelque aspect de la vie soit individuelle, soit sociale » (Durkheim, 1912 :3). En associant religion et rite, il inclut deux éléments à savoir la croyance et les rites. Selon lui, les croyances religieuses sont des représentations qui expriment la nature des choses sacrées et les rapports qu'elles soutiennent, soit les unes avec les autres, soit avec les choses profanes. Quant aux rites, ils sont des règles de conduite qui prescrivent comment l'homme doit se comporter face aux choses sacrées. Les rites sont avant tout des moments d'effervescence collective : « les représentations religieuses sont des représentations collectives qui expriment des réalités collectives ; les rites sont des manières d'agir qui ne prennent naissance qu'au sein des groupes assemblés et qui sont destinés à susciter, entretenir ou à faire renaître certains états mentaux de ces groupes » (Durkheim, 1912 : 13).

Il ne s'agit pas de parler uniquement de la fonction du rite, il faut aussi parler de sa morphologie. C'est dans cette perspective que VAN GENNEP (1909) aborde la morphologie du rite. Selon lui, il existe des étapes du cycle de vie sur le plan formel. Il en existe trois (03) étapes : phase de séparation  où l'individu sort de son état antérieur, phase de marge où l'individu vit une expérience liminale et une phase d'agrégation où l'individu est réintégré dans la vie normale avec un statut nouveau. C'est ce statut nouveau qui perme l'intégration de l'adepte du Sambaanidans la société baatonu. Le rite favorise la fabrication d'une nouvelle personne et cherche à recomposer l'ordre social. Il faut souligner que le propre du rite est d'exprimer la continuité des générations en mêlant temps individuel et temps collectif. Mais ISAMBERT (1975, 224) quant à lui, pense qu'il ne faudrait pas prendre en compte le côté morphologique du rite, mais aborder aussi la dimension symbolique du rite. Le rite est un langage efficace en ce sens qu'il agit sur la réalité sociale. On ne peut pas faire du rite avec n'importe quoi, il faut s'appuyer sur des symboles reconnus par la collectivité. Selon lui, l'efficacité du rite dépend de la validité globale du cérémonial, inséparable d'une licéité reconnue par tous c'est-à-dire pour qu'il y ait rite, il faut qu'il y ait un certain nombre d'opération de gestes, de mots et d'objets convenus, qu'il y ait croyance à une sorte de transcendance.

Tout en s'investissant dans l'étude du rituel, MESLIN (1988) quant à lui, ne manquera pas de relever dans L'expérience humaine du divin, le côté sacré de l'homme. On ne peut pas saisir le sacré là où on le rencontre ; donc qu'il n'est jamais à l'état pur. C'est pourquoi il faut partir de l'homme concret pour en venir à l'homme ; c'est-à-dire, c'est à partir du fait religieux, donc de l'expérience religieuse que ressort l'identité de l'homme. Dans la même logique, BIO BIGOU pense que l'être humain a le droit de comprendre et de connaître son identité ; chose fondamentale pour l'évolution de la société. Les valeurs socio-culturelles permettent l'intégration du jeune baatonu dans la société.

Dans la Civilisation primitive Tylor(1871) définit l'animisme comme la croyance en des entités spirituelles supérieures, autonomes, immortelles et dotées d'une grande puissance. Celles-ci sont rattachées à chaque enveloppe corporelle et ont le pouvoir de mener une vie propre. Tylor tente d'établir les raisons qui mènent les hommes à cette croyance ; il affirme qu'à travers diverses expériences comme le rêve ou la transe, les peuples dits primitifs sont confrontés à des images ou visions qui leur prouvent que, à la faveur de certains événements, leur âme peut quitter leur corps et voyager selon son gré. De même, au moment de la mort, l'âme quitterait définitivement le corps mais continuerait à vivre ailleurs, la preuve de ce phénomène se trouvant dans le fait que les personnes mortes peuvent continuer d'apparaître en rêve aux vivants. Selon les descriptions de l'anthropologue, l'âme est assimilée par les peuplades observées à une sorte de fantôme, prenant l'apparence de vapeurs ou d'ombres. On lui attribue la possibilité de migrer d'une personne à une autre, mais aussi d'un être mort vers un vivant. Par extension, il est entendu que le principe de l'âme n'est pas seulement propre à l'humain mais se retrouve dans toutes les composantes de la nature, végétaux, animaux et même objets inanimés, et qu'une âme peut par conséquent migrer et se transmettre indifféremment vers chacune de ces entités, quel que soit son type. Mais les théories de Tylor sont progressivement remises en cause par divers scientifiques, notamment MARETT, pour être finalement abandonnées. La question de l'origine de la religion est le point central de ces querelles. On reproche également à Tylor d'avoir établi une pensée prenant appui sur une réalité fausse, puisque sa théorie implique que l'animisme ait été présent au sein de toutes les cultures de la Terre, ce qui n'est pas le cas. Aujourd'hui, la majorité des anthropologues rejette la théorie de l'animisme de Tylor, même si l'on utilise encore ce terme pour désigner les religions traditionnelles et la croyance en des esprits invisibles.

Dans son essai Anthropologie Structurale, Claude Lévi-Strauss (1958) pense que le mythe se rapporte toujours à des événements passés avant la création du monde ou pendant les premiers âges. Mais la valeur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les événements, censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapporte simultanément au passé, au présent et au futur.

En effet, le rite, outre sa fonction psychologique chez l'individu, permet également le renforcement des liens sociaux, la cohésion sociale.

1-6- Justification du choix du sujet et du cadre d'étude

1-6-1- Choix du sujet

« Les éléments de la civilisation qui dans le milieu résistent au modernisme forment un objet d'étude précieuse pour l'ethnologue et le sociologue, ainsi que pour l'historien des religions » (Adoukonou, 1979 : 25). Deux raisons justifient le choix porté sur le rituel Sambaani chez les Baatombu de N'Dali.

Il a été constaté dans la commune de N'Dali, peuplée en majorité des Baatombu reconnus pour leur pratique religieuse traditionnelle notamment le Sambaani, la présence des paroisses et diocèses et des mosquées qui font état de l'expansion des religions étrangères de la commune. La manifestation du Sambaani s'observe durant la période de l'année ; et surtout pendant la sécheresse. Cette période de non abondance des travaux champêtres est également le moment par excellence de vente des récoltes et de la prospérité. C'est aussi pendant cette période qu'on observe l'organisation des cérémonies qui nécessite beaucoup d'argent. Mais le religieux, origine même de la vie sociale de ce peuple est observable durant toute la période de l'année.

Le présent travail constitue l'approfondissement des interrogations et suppositions des différentes recherches faite sur le rituel Sambaani ceci chez la communauté baatonu de N'Dali. Ce travail est encore lié à la nécessité d'aller à la rencontre de la culture baatonu pour tenter de mieux connaître ses structures et hiérarchies sociales.

1-6-2- Description et justification du cadre d'étude

L'étude sur la localité de N'Dali et notamment sur les communautés Baatombu de la région dans le cadre de pratique prend appui sur un ensemble d'éléments dont la description démographique, géographique, historique et socioculturelle de la région.

1-6-2-1-Description

a) Description géographique

Situé au nord de la République du Bénin, la commune de N'Dali a une superficie de 3748 km2 soit 03,33% du territoire national, et avoisine 67379 habitants (RGPH 2002). Elle est composé de cinq (05) arrondissements que sont N'Dali, Bori, Gbégourou, Ouénou et Sirarou. Il compte vingt quatre (24) villages. Limitée au sud par les communes de Parakou et de Tchaourou, à l'Ouest par la commune de Djougou, au nord par les communes de Bembèrèkè et de Sinendé et à l'est par celles de Nikki et de Pèrèrè,la commune de N'Dali est située à 60 km de Parakou (chef lieu du département) et à 498 km de Cotonou.

b) Description socioculturelle et historique

N'Dali est une commune où se côtoient plusieurs peuples tels que les Baatombu, les Yom, les Lokpa, les peulh, les Fon, les Yoruba, etc. Cette mosaïque assure à la localité de permettre la vie harmonieuse et tolérante de plusieurs croyances à savoir le Sambaani, le christianisme et l'islam. La principale activité qui assure la base économique de la commune est l'agriculture.

1-6-2-2- Justification du cadre d'étude

Les villages choisis pour mener l'étude sur le rituel Sambaani sont ceux du village Gbégourou, Sirarou et N'Dali, toutes reconnues pour leur pratique de Sambaani.

La région de N'Dali reste aujourd'hui l'un des points de rassemblement des biokourobu. La cohabitation entre les différentes croyances au sein de la communauté baatonunous amène à s'interroger sur l'importance accordée aux pratiques religieuses au sein de chaque groupe religieux. En effet, les Baatombu étant majoritaire en tant que peuple à N'Dali, auraient influencé les autres populations. L'intérêt de la présente étude réside dans l'évolution du Sambaani dans la commune. Cette région est un point de rencontre et de commerce. Comment alors, une commune majoritairement peuplée de Baatombu n'accorde plus d'importance au rituel Sambaani?

2- APPROCHE METHODOLOGIQUE

Pour mener à bien la présente recherche, deux étapes essentielles ont été suivies. Il s'agit de l'exploration et de l'enquête proprement dite.

2.1. Exploration

Phase essentielle de la recherche, l'exploration a consisté à formuler le thème de recherche, à opérer la revue de la littérature (tant sur le rituel Sambaanique sur N'Dali). Elle a aussi permis de faire des observations sur le champ d'étude, de prendre des contacts avec les personnes ressources du milieu, d'affiner les outils pour la collecte.

2.1.1. Recherche documentaire

La recension des écrits constitue une des bases inévitables de toute recherche. La recherche documentaire consiste à se rapprocher de différentes structures et centres de documentation pour rechercher des documents aidant à mieux comprendre les concepts de religion, religion traditionnelle et leur importance sociale.Pour avoir une idée précise sur l'état de la question, il était indispensable d'interroger les acquis scientifiques antérieurs (articles, ouvrages collectifs, mémoires) sur la religion. Mais au-delà des écrits, c'est sur les sources orales et les discussions que l'accent a été mis afin d'affiner la problématique.

Cette double démarche a permis d'avoir des informations sur le rituel, de reformuler le thème de l'étude, de retenir l'approche d'investigation. En effet, il faut reconnaître que la documentation sur les pratiques religieuses qui a été explorée provient pour la plupart des recherches sur l'Internet. Le parcours des différents centres d'informations a permis de disposer des ouvrages généraux sur la méthodologie. Le tableau I offre une vue synoptique des lectures faites et des axes ou idées obtenues.

Tableau I : Centres de documentations

N° d'ordre

Centre de documentation

Nature de documents

Informations obtenues

1

Centre numérisé

Ouvrages et articles

Informations générales et élaboration de la problématique.

2

Centre des Hautes Etudes de Porto-Novo

Ouvrages et mémoires

Informations générales et méthodologiques et constitution de la bibliographie.

3

Direction Nationale des Archives de Porto-Novo

Articles, livres et ouvrages

Informations générales et amélioration de la problématique

4

Centre de documentation du CCF Cotonou

Ouvrages

Informations générales sur le sujet.

Source : moi-même

2-1-2- Premières observations de terrain

Pour appuyer la problématique et l'orienter conséquemment, il a été effectué en mai 2007 une observation de terrain. Cette descente sur le terrain a permis de voir le vécu in-situ des adeptes pendant le rituel Sambaani. Elle a permis également la prise de contact avec des personnes ressources aux fins de l'enquête proprement dite.

Cette situation d'exploration a contribué à élargir le cadre d'observation et d'enquête à plusieurs catégories sociales (non prévues au départ de la réflexion).

2-1-3- Groupes cibles et échantillonnage

Les populations baatombu constituent dans le Borgou une majorité ethnique par rapport à la population totale du Benin. Elles représentent environ 59,1% de la population de N'Dali, Dans le souci de bien mener les recherches sur un espace restreint et à forte concentration des activités socioculturelles des Baatombu, la localité de N'Dali et quelques anciennes localités à savoir Gbégourou et Sirarou ont été retenues.

Les critères de choix du milieu d'enquête sont entre autres, la concentration des établissements humains et l'ancienneté d'installation.

Par rapport à l'échantillon de collecte, l'accent a été d'abord mis sur les prêtres et prêtresses du rituel Sambaani. Ensuite, les responsables et fidèles des églises chrétiennes et des mosquées, les jeunes de la localité et quelques acteurs de la vie administrative du milieu ont été approchés.

· la nécessité d'interroger les responsables des cultes traditionnels

tient du fait que la phase exploratoire a révélé qu'ils sont censés veiller sur la vie religieuse de la communauté. Leur choix se justifie par le souci de comprendre et d'analyser la manière qu'ils utilisent pour l'intégration des nouvelles générations dans la société.

· les responsables et les fidèles des religions chrétiennes et musulmanes ont

été approchés pour comprendre l'organisation de la vie religieuse de la population.

· les échanges avec les jeunes visaient essentiellement à vérifier les modes

de transmission de valeurs et les réinterprétations qu'ils opèrent vis-à-vis de Sambaani ;

· les avis des autorités locales étaient sollicités sur les différents conflits

qu'il y aurait eu entre les différents groupements humains et leurs causes immédiates ou lointaines ;

Le tableau II présente les différents groupes-cibles et les catégories sociales à l'intérieur de chaque groupe-cible.

TableauII : Présentation des groupes-cibles et catégories sociales

Groupes cibles

Catégories sociales

1

- Acteurs des religions traditionnelles

- biokouro ;

- koroku;

- bounkonso.

2

- Acteurs des religions à livres (Catholicisme, Islam, Protestantisme...)

- Prêtres  et pasteurs

- imams ;

- Fidèles. (chrétiens ou musulman)

3

- Autorités locales et administratives

- Chefs de quartier ou village

- Agent administratif de l'Arrondissement

4

- Autres

- Jeunes (garçons et filles)

Le nombre d'enquêtés a varié suivant les groupes cibles et même à l'intérieur de ceux-ci en tenant compte des catégories sociales en leur sein. L'échantillon s'est constitué par le principe de la saturation de l'information. Autrement dit, la taille de l'échantillon s'est imposée après l'atteinte du seuil de saturation de l'information par les entretiens dans chaque catégorie sociale.

Au total, 65 enquêtés ont été approchés comme le montre le tableau III

Tableau III : Répartition des enquêtés par catégorie sociale

Groupes cibles

Catégories sociales

Effectif

- Acteurs des religions traditionnelles

- biokouro ;

30

-Koroku

03

- bounkonso.

07

- Responsables des religions à livres (Catholicisme, Islam, Protestantisme...)

- Prêtres ;

02

- Pasteurs ou hauts responsables ;

02

- Fidèles. (chrétiens ou musulmans)

12

- Autorités locales et administratives

- Chefs d'arrondissement ou délégués, conseillers communaux

03

- Autres catégories

- Jeunes (garçons et filles)

06

Total

65

Pour mener la collecte des données sur le terrain, recours a été fait à plusieurs techniques de collecte ont été utilisées, l'entretien semi-directif personnalisé, les entretiens collectifs en tenant compte des spécificités et de l'intérêt porté sur chaque groupe.

2.2. Enquête de terrain

La collecte de données a été effectivement faite durant la période du 18 septembre au 20 décembre 2008. Elle a été précédée d'une pré-enquête qui a permis de faire le pré-test des outils de collecte, ceci pendant un mois. La raison qui a sous-tendu ce choix, est que pendant cette période, les principaux acteurs (chefs des cultes traditionnels) reviennent des champs après les récoltes. Donc l'organisation des festivités qui durent trois (03) mois peut commencer. Aussi, la mémoire collective des populations garde-t-elle encore des impressions plus vives sur le Sambaani.

2.2.1. Techniques et les outils utilisés

Le travail s'inscrit dans la droite ligne d'une recherche qualitative à orientation rétrospective. Pour ce faire, la collecte a été réalisée à l'aide des techniques de focus group, d'entretien semi-directif et d'observation et des outils appropriés pour chacune. Ainsi, les chefs de culte (bounkonso ou responsables d'églises), les cadres administratifs ont été approchés par la technique d'entretien semi-directif. Ce qui a permis d'obtenir des éléments d'appréciation des logiques sous-tendant les usages au sein de chaque groupe. Les adeptes, les fidèles des églises et les jeunes quant à eux ont eu à subir des entretiens collectifs. Surtout chez les adeptes, cette technique a permis leur mise en confiance et a assuré la collecte d'information sur le rituel.

Les différentes données recueillies ont fait l'objet de traitement et d'analyse minutieuse selon l'approche fonctionnaliste. En effet, sur la base des données de dépouillement (qui se faisait au fur et à mesure), la suite de la collecte était enrichie et réorientée. Cette procédure nous a permis de contourner le non-dit des couvents mais, elle ne nous a pas épargné de l'exigence de l'initiation au secret.

2-2-2- Durée du travail

Elle est repartie comme suit :

Pré-enquête

1 mois

Documentation

3 mois

Enquête sur le terrain

4 mois

Dépouillement et analyse

2 mois 2 semaines

Rédaction, correction, finalisation

4 Mois

2-2-3-Les difficultés rencontrées

La conduite de l'étude ne s'est pas faite sans obstacle. Plusieurs difficultés ont jalonné le cours de l'enquête, depuis l'élaboration, jusqu'à la collecte des données en passant par les entretiens exploratoires. Ces différents obstacles se répartissent en deux catégories à savoir celle méthodologique et celle de terrain.

Les difficultés méthodologiques se ramènent à la rareté de la documentation sur l'objet étudié. Quant aux obstacles de terrain, ils se résument en l'influence des conflits internes entre catégories sociales en présence, conflits qui ont influencé la tenue régulière des entretiens. Il a été également noté, comme un obstacle déterminant, les barrières du secret dans l'accès à l'information. Aussi, faudrait-il noter la méfiance ou la réticence de certains chefs de cultes traditionnels à aborder la transe dans le rituel. Ces différents obstacles ont pu être levés ou contournés, ce qui a permis de mener la recherche comme en attestent les résultats.

PREMIERE PARTIE : Aspects généraux sur le Sambaani

Chapitre 1 : Genèse du rituel Sambaani

1- Origine du rituel Sambaani

L'origine du rituel Sambaanin'est pas connue des peuples baatombu. Ce rituel aurait commencé avec l'histoire de la culture baatonu. Ainsi, il regroupe tous les autres rituels traditionnels. Le Sambaani est entré dans la pratique des Baatombu par SOUNONTOTOGUI, KIGABA, leur soeur KIDAGUI.

En effet, SOUNON TOTOGUI était un grand chasseur. Un jour, il tua un gros gibier et son frère KIGABA, très content, arracha une petite branche d'un arbre et commença à chanter en louant son grand frère SOUNON TOTOGUI (roi Totogui). Il chantait notamment : « Sa gberudua sa ya dii ; sansiankpaaro, kurubu bukagomnabekurudewe » : "Nous sommes allés en brousse et nous avons tué du gibier ; si nous rentrons à la maison, les femmes porteront leur pagne en se servant de leurs coudes car leurs mains seraient chargées de viandes". C'est donc une chanson de joie, de fierté, tendant à louer le courage, la puissance et la dextérité du chasseur.

Comme KIGABA chantait les louanges de son frère en rentrant, ils rencontrèrent sur la voie les génies appelés "WEREKUNU" (génies en langue baatonu) qui cherchaient du bois. Au passage des chasseurs, ces génies se disaient entre eux : "Ah ! Il faudrait qu'on suivent ces gens". Ainsi ces génies abandonnèrent leur bois et suivirent les chasseurs jusqu'à leur domicile. KIGABAdevient alors le premier SASAGU (griot) et en même temps le griot des génies qui s'incarnent dans certains sujets du sexe masculin ou féminin.

La première incarnation du génie s'opéra avec un peulh nommé WONKORU(le noir) qui avait été saisi au moment où il trayait sa vache. Les wèrèkunuavaient donc suivi les Baatombu chasseurs pour arriver dans le village, mais ils s'étaient incarnés dans un Peulh avant de se généraliser au niveau des Baatombu. Mais on constate que les cérémonies du Sambaani se déroulent toujours avec les adeptes Fulbé ou Peulh.

Après le PeulhWONKORU, il y a eu l'incarnation du génie wèrèkudans une femme baatonu du nom de BANA ou BONA. C'est par elle que wèrèkuentra dans la vie religieuse des Baatombu.

Le phénomène devenu décisif, il y eut établissement d'une hiérarchie au niveau des génies incarnés. Cette hiérarchie se manifeste à travers les adeptes des différentes catégories de génies. Au sommet on a BONAet non WONKORU. En principe, ce dernier devait être le premier ; mais en fait, le Baatonu reléguant le Peulh au second plan, on a privilégié la première femme.

Ainsi, lors des cérémonies, BANAest la première. Ensuite vient le MARE ou Peulh en souvenir de WONKORU. Dans les chansons, on parle du Maré biigobigii(un petit peulh bourgeois). Après Maré viennent KOTIO, a " yaana bu waa" (montre le derrière ou baisse qu'on voit), gariboko (génie niais) ; SIINI BUGO (génie d'un démon de la brousse) ; TANTAN MON (génie serveur de boisson) ; KARA KARA (génie pressé) ; BIO (génie singe) ; KPIRERU (génie hippopotame), s'incarnent et se manifestent par des transes. Alors, il serait normal de chercher à savoir ce qu'est le Sambaani.

2- Rituel Sambaani

Le Sambaani n'est pas un rituel diabolique comme le pense certains notamment les musulmans. Le Sambaani est un rituel exécuté par les hommes ou les femmes ; mais les femmes sont majoritaires, et fait du bien à ceux qui ont recours au rituel.  L'esprit qu'incarne le Sambaani ne demande pas à l'individu d'apporter le sang humain ou une partie du corps humain pour se faire guérir en cas de maladie, comme le font d'autres religions. Le Sambaanivient en aide à celui qui est dans le besoin. Même le bûnkosso (le prêtre du Sambaani) s'il ne demande pas d'aide, l'esprit ne s'aura pas. LeSambaani n'aime le pécheur tout comme Dieu ; ce qui veut dire qu'il existe une entente entre Dieu et leSambaani. Partout où on entend parler de Sambaani, c'est qu'il y a un adepte qui est entré en transe, ou on donne à manger au Bûn(fétiche).

Le Sambaanine se pratique pas par hasard. On le pratique lorsqu'il y a dans le village des difficultés comme une épidémie, la rareté des pluies ou pour éradiquer un mauvais sort. C'est le sorokoro qui est un rite expiatoire. Pour cela, des cérémonies sont organisées. Souvent cela se passe au bord d'un fleuve. Au cours de ces cérémonies rituelles sont effectués des incantations, des offrandes et des sacrifices, notamment de volailles et de l'igname pilé. Les participants invoquent les géniesen jouant les bwanu (gourde pleine de grains de sable jouée par les bwanku ; joueur des gourdes), en dansant et en chantant. Les adeptes cherchent ainsi à provoquer la manifestation des esprits. Ceux-ci prennent ensuite possession des danseurs, qui atteignent la transe. On dit alors qu'ils sont « chevauchés par les esprits ». Plongés dans cet état second, les participants adoptent les attitudes caractéristiques des esprits qui les possèdent.Une fois invoqués au cours des rituels, les esprits ont la capacité de guérir les malades, de faire tomber la pluie. Ils transmettent également conseils et recommandations de toute sorte aux adeptes et leur donnent des informations sur leur avenir. Le Sambaaniest aussi le théâtre de nombreuses pratiques mystérieuses et magiques réservées aux seuls initiés.

3- Acteurs du rituel Sambaani

3-1- Prêtres ou « bûnkosso »

Les bûnkosso(gardien des bûnu ou fétiches) ou prêtres sont des intermédiaires socialement reconnus entre la communauté et le monde invisible. Ces prêtres, de façon plus pratique, vouent au bûn un culte déterminé. Les bûnkosso reçoivent un appel, une consécration qui les distinguent et les amènent souvent à rejoindre des associations, à fonder ou à diriger des couvents, dont les adeptes s'adonnent entièrement à la vie religieuse. Ils se reconnaissent entre eux à travers leurs accoutrements et ils peuvent parfois s'opposer durement aux décisions prises par les adeptes sans leurs consentements. Il faut donc souligner que leur caractère sacerdotal leur permet aussi d'établir entre eux des dialogues d'une grande profondeur. Les bûnkosso remplissent les fonctions telles que rendre la justice, l'éducation ou initiation des jeunes, la surveillance de l'équilibre politique ou le maintien de l'égalité au sein de la société. La communauté attend du bûnkosso qu'il soit en même temps un dé-sorceleur ou médecin, un devin, un gardien des éléments, de la fécondité humaine et animale, de la fertilité agricole. Le prêtre est donc par excellence manipulateur du sacré. Maître de la liturgie, il connaît et prononce les paroles rituelles secrètes ou non qui alertent les puissances numineuses ; il transforme de la sorte la victime profane en médiat privilégié pour inciter génies, ancêtres ou dieux, à écouter les supplications humaines ou à recevoir les actions de grâce ; il devient ainsi l'intermédiaire nécessaire entre le fidèle et les divinités, voire l'Etre suprême.  (THOMAS et LUNEAU, 1975). Aussi, importe t-il de souligner que n'est pas prêtre qui veut. Il est désigné par les ancêtres et est intronisé.

3-2- Korokuru ou Griot du Sambaani

La société Baatonu a besoin de nombreuses castes de griots pour chanter ses louanges, ses hauts faits et perpétuer les vertus et les nombreuses richesses culturelles qui ont fait écho dans l'histoire.

Parmi ses griots on a les Korokuba (griots). Quel que soit le type de génie incarné par l'adepte Sambaani, ce sont les mêmes griots qui sont concernés, les Korokuba. Le korokuru (c'est la musique que les griots chantent lors des manifestations du rituel Sambaani. Et celui qui l'exécute est appelé koroku ou korokuba) est d'origine baatonu et a pour fonction première de manifester la joie d'une chasse fructueuse.Avec le temps, le korokuruest destiné à louer la puissance et la bravoure des chasseurs. Il est devenu un culte pour rendre hommage aux ancêtres qui ont fait leur preuve dans les activités cynégétiques.

Par le biais de la chasse, le korokuruprit autre forme avec le phénomène d'incarnation des génies wèrèkunu (génie); ce qui a donné naissance à une danse religieuse, une musique sacrée réservée aux adeptes du Sambaani. Cette autre forme de korokuruest l'un des aspects fondamentaux de la vie religieuse des Baatombu. C'est le koroku qui joue cette musique aux adeptes et joue le rôle de Muézin du bûn à l'aide des bwanu (gourdes pleines de grains de sable) qui sont des instruments de musique. Les adeptes de Sambaani lui doivent de respect et doivent se prosternant dés qu'on le voit.

Le korokuru existe encore aujourd'hui sous les deux formes et solidement ancré même si les jeunes ont de plus en plus tendance à le négliger. Il contribue au maintien de l'équilibre social.

3-3- Adeptes du Sambaani (Biokurobu)

Photo N°1 : les biokurobu tenant en leur main le gama et le centarisur la tête à Sirarou.

Source : cliché Dara, octobre 2008

Devenir adepte deSambaanine se fait pas au hasard. L'individu tombe malade pendant plusieurs jours et ne mange pas. C'est après consultation que les parents se rendent compte qu'il s'agit du bûn. Si c'est le Sambaani, la personne entre en transe au son des bwanu(gourde). Ils sont des femmes et des hommes qui sont désignés par le rituel pour le couvent pendant un certain nombre de jours, voire des mois, et qui sont initiés aux pratiques du Sambaani. Ils sont fortement impliqués dans l'exécution du rituel Sambaani qui est pour eux une occasion de confession et de demande de pardon au bûn pour les différentes fautes commises.

Chaque biokuro est en relation avec l'animal qu'il incarne ou la race peulh et en imite les gestes et les cris. On parle d'animal parce que les génies incarnés par les adeptes sont pour la plus part des animaux et vivent dans la brousse. C'est pour cela lors du rituel, les adeptes vont en brousse où vivent les animaux et les Peulh. Peut être ces animaux ont rendu services aux ancêtres autrefois.

Les adeptes du Sambaanise distinguent des autres individus par leur habillement. Rarement ils portent des habits. Ils nouent le pagne à la poitrine avec une banderole garni de cauris appelé "centari", et ne se tressent jamais. Mais de nos jours, les adeptes se tressent et s'habillent. Ils ne doivent pas mangent la perdrix, salamandre, cabri, viande de l'animal totem ; tout cela participe à l'initiation de l'adepte. Lorsque nous prenons le cabri par exemple, il permet de faire de déposséder un adepte défunt du bûn. Le biokuro a deux esprits. Son mari ou quiconque ne doit pas le battre ni le gifler, surtout sur la tête. Car si cela se passe il disparait pendant des jours, des mois ou des années. Il peut se retrouver dans la brousse ou au fond du fleuve. Il faut des cérémonies avant qu'il ne sorte de là et celui qui commit la faute, devrait s'excuser. Les autres lui doivent un grand respect par ceux de l'autre sexe. Certains n'aiment pas qu'on les touche (diminution de leur puissance spirituelle). Les biokurobu ont un don exceptionnels : prévoir l'avenir, même annoncer la guérison ou la mort  d'un individu; retrouver un objet perdu, au son des bwanu ; prévoir la cause, les remèdes et les moyens d'éradiquer une maladie ou une épidémie; mort subite : il dira si elle est naturelle ou non et dénoncera l'auteur ; en cas de querelle, il interviendra pour régler le différend. Lors de leur initiation ils ont un langage différent des non initiés. Et pour comprendre leur langage, il faudrait prendre le sens contraire des mots ou expressions qu'ils utilisent. Par exemple, lorsqu'un adepte vous dit "blanc", entendez par là "noir" ; "je m'en vais" signifie pour lui "j'arrive", etc. mais dès qu'il revient à son état normal, il se comporte comme tout individu ordinaire, en respectant cependant leurs interdits.

La pratique du rituel de Sambaanimet souvent en oeuvre des objets auxquels est accordée une dimension sacrée tels des totems. Parmi les formes adoptées par le Sambaani, on peut citer le gama, le centari, le koro, les bwanu qui participent à la pratique du Sambaani.

Chapitre 2 : Les objets religieux du Sambaani

Au cours de l'exécution du rituel Sambaani à N'Dali, les biokuro utilisent de nombreux objets tels que :

1- Gama

Photo N°2 : les formes de gamaà Gbégourou

Source : cliché Dara, octobre 2008

Le Gaman'est pas un gris- gris mais un pouvoir qui donne à son possesseur une force. Souvent il est en forme de bâton ou en forme de canari orné de cauris. Le gama en forme de canari n'est pas déplaçable à cause de sa forme. Par contre, le gamaen forme de bâton est mouvant. Il est considéré comme l'éclaireur de tout adepte et lui sert de guide. Il est une propriété individuelle et il faut atteindre un niveau supérieur dans le rituel Sambaani pour l'avoir. Avant de l'obtenir un rite est organisé. Il s'agit de se rendre dans la nuit profonde (2h du matin) en brousse dans un marigot réservé pour cela. Il faut être adepte et pur pour s'y rendre. L'adepte disparait dans le marigot pour la recherche du gamaet peut passer des heures ou des jours et en ressort avec un bâton ou canari. Ensuite le bûnkosso (prêtre) prend le bâton ou le canari qu'il dépose auprès du bûn (fétiche). C'est là qu'on le décor avec les cauris suivi des prières. Après ce rituel, le gamarevient à l'adepte qui devient sa propriété. Il le garde chez lui et ne le sort que lorsqu'il y a un événement .C'est pour cela qu'on ne gifle pas un adepte de Sambaaniou l'insulté. Si cela se passait, il disparaît. Et c'est le gamaqui indique là où on peut le trouver ; même s'il est au fond de l'eau.

Le gama joue aussi le rôle de protecteur lorsqu'on l'implore. C'est le cas d'une dame X qui a fait des offrandes aux gamis de sa tante. Un jour, elle a été attaquée par les bandits du retour du marché. Mais elle n'a rien eu. Pour elle, c'est les gamis de sa tante qui l'ont sauvé. Il guérit les maladies et donne satisfaction aux femmes stériles.

2- Bwanu(gourdes)

Photo 3 : les bwanku jouant les bwanu à Sirarou

Source : cliché Dara, octobre 2008

Les bwanusont des gourdes qui servent d'instrument de musique au bwanku lors des cérémonies du rituel du Sambaani. Contrairement au gama, les bwanu ne sont pas une propriété individuelle. Il faut être de la lignée des koroku pour jouer les bwanu (gourdes). Ceux qui jouent ces gourdes, sont appelés les bwanku. Ils se mettent en cercle, assis par terre le pied légèrement tendu pour jouer au bwanu. Cette position leur permet de jouer les gourdes au talon de leurs pieds. C'est pendant les cérémonies telles que le mariage d'un adepte ou lorsque le Sambaani saisit quelqu'un. Le son deces gourdes est accompagné de chansons incomprises par le monde profane. Ces gourdes restent chez le koroku qui en prend soin.

3- Centari

Photo 4 : le centari à Gbégourou

Source : cliché Dara, novembre 2008

Le centari n'est pas un gris-gris. C'est une banderole garnie de cauris que porte le biokuro lors des cérémonies. Il fait partie des objets que l'adepte reçoit dès qu'il est possédé par le Sambaani. Chaque adepte du Sambaani doit l'avoir parce qu'il protège contre le mal celui qui le possède. C'est donc une propriété individuelle et il est gardé dans un lieu où personne ne le verra. Lorsque l'adepte meurt, c'est le centari qu'il faut amener auprès du bûn(fétiche) pour que ce dernier sache que son fidèle ne vit plus. Sans cela, le biokuroest toujours vivant aux yeux du bûn et de bûnkosso. Pour déposséder un adepte défunt du bûn, on lui porte le centari. Il représente le pouvoir des adeptes du Sambaani.

4- Koro

Photo N°5 : le koroà Gbégourou

Source : cliché Dara, novembre 2008

Le koroest une guitare qui se joue lors du rituel Sambaani. C'est un instrument sacré qui ne se joue que par une famille spécifique appelée "koroboseru" (famille koro). On l'utilise pour implorer les esprits ou lors des offrandes ou encore au cours d'une prière. C'est une calebasse couverte d'une peau d'animaux muni d'une tige avec deux cordes qui donnent le son. Ce n'est une propriété privée mais reste chez le korosounon (chef du koro) qui est désigné dans la lignée des koro. Le koro joue également le rôle de protection.

Chapitre 3 : Processus de manifestation du Sambaani

1- Manifestation du rituel Sambaani

a- Enterrement d'un adepte de Sambaani

Pour comprendre comment le rituel se passe, il faudrait partir du décès d'un adepte de Sambaani.

Il existe toute une cérémonie autour de la mort d'un adepte de Sambaani. Plusieurs pratiques lui sont réservées. Mais comment annonce-t-on le décès d'un bionkuro (adepte) ? Il existe un mystère autour de la mort d'un adepte. On ne dit pas aux autres qu'il est mort, mais qu'il est allé au champ ou à la "Mecque" ou encore au marché pour faire des emplettes (surtout la viande). Viande ; parce que les biokuroaiment la viande. Ils aiment la viande à cause des génies qu'ils incarnent. C'est pourquoi on ne dispute jamais la viande avec un adepte de Sambaani surtout les os. En ce moment, il y a toujours un autre adepte qui est toujours assit devant la porte du défunt en attendant son retour. Le retour ici c'est celui qui va incarner l'esprit du défunt. Il faut retourner tous les objets (il s'agit du gama, des centaris, le pagne blanc et la calebasse qui a servi à laver le corps, l'éponge) qu'il utilisait au près du bûn qu'il incarne. Si cela n'est pas fait, pour la famille leur parent est mort mais pour le bûn,il vit encore. C'est surtout le centari qui montre réellement que le biokuroest mort avant que les adeptes ne se mettent à pleurer le mort. Après cela on peut procéder au rite qui leur est réservé avant l'enterrement. Donc c'est l'homme qui meurt mais le bûn lui ne meurt jamais.

Ø Comment déposséder le défunt du bûn ?

En premier lieu, il faut libérer le bûn du défunt en jouant des bwanu (gourdes) et par des danses en utilisant le coq et le cabri. Le cadavre assis sur un tabouret, le Koroku prend le coq et le passe de la tête à la plante des pieds ; de la tête à la hanche. Avant la fin de ce rituel, le coq meurt. Après ce rite on étale le cadavre sur une natte en lui passant de noix de palme sur tout le corps.

Lorsque les kosikobu (fossoyeur, dans la société baatonu, il existe un clan qui est destiné à l'enterrement) finissent de creuser la tombe, on habille le cadavre et on le fait asseoir en chantant. Dès que le Koroku (griot) récite les panégyriques du défunt, le cadavre bouge et on le rase. Lors du rasage, les parents du défunt doivent dépenser énormément. Après le rasage, le défunt n'incarne plus le génie et devient un simple individu qui peut être enterré. La calebasse qui a servi à laver le cadavre et le pagne qui lui est noué lors du bain sont envoyé au bûnkosso. Les autres adeptes quittent les lieux pour ne pas pleurer car pour eux, il n'est pas mort.

Ø Les cérémonies après l'enterrement d'un adepte

Trois semaines après l'enterrement, une grande cérémonie est organisée. Au cours de cette cérémonie, les adeptes vont au "taxo" (chasse). C'est un rite qui consiste à aller dans la brousse pour chasser. Ils reviennent avec les branchages à la main (symbole de leur victoire). Après la chasse, un autre rituel consiste à laver les effets du défunt à la rivière. Tout ceci se passe dans le silence.

Pour clore les cérémonies, on prépare de la pâte ou de l'igname pilée ; cela dépend de la période. La marmite au feu, une ou trois adeptes, en silence, se servent de leur main pour servir le mangé dans des assiettes qui sont déposées sur la tombe du défunt. C'est là que tout le monde va manger. Ainsi se termine les cérémonies d'enterrement.

Après l'enterrement, il faut chercher l'individu qui va incarner le bûn du défunt. Ainsi s'observe les différentes phases du rituel Sambaani.

b- Les différentes phases de la manifestation du rituel Sambaani

Ø La phase d'incorporation

Une semaine après l'enterrement, il est organisé tous les soirs des danses aux bwanu autour du feu. Les profanes dansent autour des bwanku assis en cercle. Au cours de ces danses si un individu tombe, on le transporte sur la tombe du défunt. Tous les adeptes présents sont contents et le prennent pour le mettre dans une chambre qui devient le couvent. Ils disent  "bèsèméromaka dihouma" (notre mère est de retour de la Mecque ou du marché) et tous les adeptes sont joyeux de ce retour. Le novice peut être une femme ou un homme.

Au cas où après la semaine, personne ne tombe, on choisit une personne sur qui on met une petite canari. Cette personne tourne autour du cercle. Si elle tombe, on le prend. Au cas contraire, on change de personne. Parfois, l'individu n'incarne pas le bûn d'un défunt. Cela peut être son destin et généralement c'est pendant la récolte des nouvelles ignames ou au cours d'une offrande.

Saisie en dehors des funérailles, elle restera chez la mère supérieure.si l'individu est saisie en brousse, elle roule à terre au son des bwanu agitées par les bwankuet ce sont les bûgibu ou biokourobuqui vont la relever. Ils lui passent les mains sur la figure et la poitrine. Après ce geste, elle reprend ses esprits et revienten elle-même et une cérémonie initiale est organisée.

Si les parents du novice sont des musulmans, ils refusent parce que c'est diabolique et va contre les prescriptions d'Allah et bloquent parfois l'initiation de l'individu. Lorsque ces cas se présentent, soit l'individu tombe malade, soit présent des comportements bizarres qui ne sont pas compris par la société. Tant que les cérémonies ne sont pas faites, rien ne marchera pour lui.

Ainsi commence la phase initiatique pour le novice.

Ø La phase initiatique

Dès que l'individu tombe sur la tombe du défunt, les adeptes le prennent pour l'amener dans une chambre. Il sera entouré des adeptes qui sont avancés dans le Sambaani. Il ou elle se roule à terre. On le prend et le porte au sud du village, au croissement de sentiers pour le laver, puis on le met dans une case d'où il ne sortira que sept (07) jours plus tard. Le novice ne reconnait plus personne et ne parle pas. Il devient un bébé qui ne connait rien du monde dans lequel il est venu. On le met au dos lorsqu'il veut faire ses besoins et on lui donne à manger. Le novice doit rester au couvent pendant sept (07) jours. Le sixième jours, c'est-à-dire la veille, les adeptes réclament un boeuf entier à la famille et une petite cérémonie est organisée. Cette cérémonie consiste à voir si le défunt à accepter le choix du novice. Devant le boeuf, les adeptes se mettent à genoux et font des prières en présence du novice. Ensuite on demande au novice de toucher le boeuf ; s'il se met en transe c'est que le défunt à accepter l'offrande. Si c'est le contraire, il faut chercher la cause du refus.

Le lendemain, c'est-à-dire le septième jour, une petite cérémonie est organisée qui consiste à voler. Très tôt le matin ; à cinq heure du matin, les adeptes, possédés des esprits, rentrent dans les maisons pour voler tout ce qu'ils trouvent à la portée des mains. Vers dix heures, ils s'apprêtent à aller dans la brousse à la rencontre des génies ou esprits. Le koroku met de l'huile de noix de palme sur le front et les pieds des adeptes qui sont possédés. L'un parmi eux va chercher le novice. Ils vont en brousse où les génies ou les esprits leurs donnent des instructions sur la conduite du novice et ne reviennent deux (02) ou trois (03) heures après. Dès que les adeptes sont dépossédés, ils ne se souviennent de rien. Donc ils ne sont pas en mesure de nous dire exactement ce qui se passe en brousse. A seize (16) heures, tous les biokuro (adeptes), pagnes noués à la poitrine viennent sur la place et se mettent en cercle, (ce sont les pagnes tissés traditionnellement par les tisserands). C'est en ce moment qu'on amène le novice au milieu du cercle pour lui apprendre à danser le rythme du Sambaani. La phase de l'intégration du novice commence.

Ø La phase d'intégration

Cette phase commence souvent après le lendemain de la phase initiatique. Généralement, c'est le dimanche que cette cérémonie est organisée. Vers quatorze (14) heures, tout le monde s'installe et se met en cercle. Le novice est assis parmi les autres adeptes. Avant la cérémonie initiale, le novice est placé au centre des bwanku (joueurs des bwanu ou gourdes) tam-tams et autres participants. Assis au milieu des biokurobu, on lui rase la tête et les parents viennent donner des offrandes (pièces de monnaie). Ensuite, on le retourne dans la chambre pour une toilette et on l'habille (le pagne noué à la poitrine, un tissu rouge attaché à la hanche et des colliers). Encore, On lui apprend à danser le rythme Sambaani  et c'est à ce moment là que ses parents dépensent de l'argent. Si le novice est marié une cérémonie est faite là. Elle consiste à donner la dot qui est constitué d'un coq, une natte et de l'argent (le coq parce qu'elle doit préparer la suce à son mari si c'est une femme. S'il s'agit d'un homme, lui doit l'apporter à la maison à sa femme. La natte, parce qu'il ou elle doit dormir sur la natte et l'argent c'est selon la capacité du mari ou de la femme). Si non il ou elle ne reconnaitra pas son compagnon. On lui remet le coq qu'il doit remettre au koroku. S'il entre en transe cela veut dire que le bûna accepté la dot.

Lors de cette phase, on partage des pagnes aux participants. C'est aussi le moment de manger le dernier plat de l'igname pilée appelé « sokourougbinrou » (bol d'igname pilée). Mais il faut être pur ou propre avant de s'approcher du plat.

Le bûnkossoporte le candidat au dos jusqu'à une fourmilière sur laquelle on le fait assoir, avec deux coussins posés sur le bord de la fourmilière. Ainsi accroupi, on le lave avec un poulet noir qu'on jette ensuite dans la brousse, vers l'ouest. Ensuite le novice doit chercher une clochette cachée, on l'enveloppe d'un pagne blanc, puis sa famille prépare des nourritures variées. Il doit gouter du miel à quatre reprises. Alors, il est initié aux fonctions réservées aux adeptes du Sambaani. Ainsi prend fin les cérémonies.

Dès le lendemain, les adeptes venus d'ailleurs, rentrent chez eux. L'adepte sur qui le novice tombe lors de sa possession, devient son maitre spirituel. Il reste chez lui pendant des mois : trois (03) mois pour les hommes et quatre (04) mois pour les femmes. Il appelle tout le monde "baba" (père) lorsqu'il s'agit d'un homme et "nana" si c'est une femme. Le novice parle un langage qui n'est pas compris par les profanes.

Il arrive des fois où les parents n'ont pas les moyens pour organiser les cérémonies. Il faut comprendre que les cérémonies du rituel de Sambaani sont couteuses. C'est pourquoi on rejette parfois les cérémonies à une date non connue. L'attente peut durer un (01) à deux (02) ans. Si la date est connue, le même scenario commence.

2- Fonctions du Sambaani

Le rituel Sambaani joue le rôle d'intégration dans la société baatonu. Ce rituel transforme la situation de la société tout en renforçant la solidarité dans la communauté de N'Dali. Le Sambaani a pour fonction première de rassembler et de consolider l'union et la fraternité sur la base de l'appartenance à une même culture, aux mêmes cultes et aux mêmes ancêtres. Il favorise le maintien de la cohésion sociale et l'entente entre les membres de la société baatonu de N'Dali.

DURKHEIM(1930, 149-159) dans Le suicide, avance que le suicide anomique se lit dans la société où la cohésion est faible. Il explique l'anomie comme la situation angoissante née du non respect des normes et valeurs sociales. Cela laisse à comprendre que l'observance des normes et valeurs sociales suscite la cohésion des membres d'un groupe. Dans la même logique, nous dirons que, au plan collectif, la cohésion sociale, c'est la mentalité, l'esprit d'une société qui n'individualise l'acteur qu'au plan biologique. Sambaani régularise la société à travers le respect, l'entente et la peur de l'autre.

Aussi dans le Sambaani, la parole prime sur tout. Elle est une convoyeuse d'énergie. En effet, que ce soit sous forme d'incarnation, de prière, d'ordre ou de serment, cette parole possède le pouvoir à la fois créateur et destructeur qui opère dans le corps de l'individu. Au delàde l'aspect mécanique de la parole, il y a l'aspect hermétique. En effet, à un degré moins que l'incarnation, la prière joue un grand rôle et pourrait être désignée comme parole de puissance.

3- Avantages et inconvénients duSambaani

Ø Avantages du Sambaani

A croire les enquêtés, le Sambaani est un rituel que l'être suprême à créer pour porter secours aux individus qui sont en danger ou les protéger. Le Sambaani ne fait pas du mal et n'a rien de diabolique comme le pense les religions importées surtout l'islam. Il est la clairvoyance.

Ainsi, le Sambaani protège l'individu, lui donne une longue vie, donne des enfants aux femmes qui sont dans le besoin ; et si la femme est stérile, elle aura d'enfants par la supplication : « Tonunbarukawatonu ra di » (c'est par l'autre qu'on peut avoir ce que l'on veut). Le Sambaani ne finit par les vielles habitudes de l'homme mais protège son âme jusqu'à la fin de sa vie. Il protège aussi le commerçant qui rencontre de difficulté dans son commerce.

Ø Inconvénients du Sambaani

Mi piiwàmiàyàmàawà (là où il y a le bonheur, il y aussi le malheur). Selon les enquêtés, tout comme Dieu, le Sambaani n'aime pas le pécheur. Il faut aimer ce que le bûn aime. L'adepte du Sambaanidoit chercher le Tim (médicament ou gris-gris) ; ce qui pose parfois de difficultés. Même le bûnkosso(prêtre) s'il est malade et ne dit rien à son bûn, il ne sera pas guérit. Le bûn ne le protège pas et peut le laisser mourir. Mais lorsqu'il le dit, il sera protégé.

Deuxième partie : Sambaani dans l'arène socio-religieuse à N'Dali

Chapitre 4: Sambaani à la croisée des chemins

1- Evolution du rituel Sambaani

L'exécution du Sambaani à Gbégourou, Sirarou et N'Dali a connu une évolution dans le temps et dans l'espace. Avant l'avènement des religions révélées, le peuple baatonu de N'Dali était animiste et pratiquait le rituel Sambaani. C'est pendant la saison sèche que les cérémonies s'organisent, parce que c'est en ce moment que tout le monde revient des champs après les récoltes et il y a de l'argent et cela se passe au village sur une place publique. L'adepte devait du respect à ses supérieurs et à son tour la communauté dans laquelle il se trouve lui doit ce même respect. Surtout quand il incarne le bûn d'un défunt, les enfants de ce dernier le considèrent comme le défunt. En voyant venir le koroku, le biokuro doit se coucher pour le saluer et pour lui parler. Il n'était pas permis aux biokurobu de se tresser, ni de porter des habits. Ils doivent toujours avoir le centari sur la tête. N'importe qui ne devenait adepte s'il n'est pas choisi par le bûn. La durée des cérémonies dépendait de la famille ; si la récolte a été bonne chez certain, les cérémonies peuvent durer une semaine voir un mois. Le rituel était fait dans le respect des règles. Les enfants qui allaient à l'école ne sont pas pris en compte. Pour eux (génies ou esprits), l'élève ne peut pas respecter correctement les règles du rituel. C'était une joie pour la famille dont l'enfant est choisit par le bûn, car il n'était pas donné à tout le monde cette occasion. Le rituel Sambaani a pour fonction d'intégration et de cohésion sociale et protège celui qui a recours à lui. En somme, le Baatonu attache un intérêt particulier au rituel Sambaani.

En effet, en dépit de l'attachement et de l'intérêt particulier accordé au Sambaani par les populations de ces localités, son exécution n'a pas échappé aux influences de la modernisation. Aujourd'hui, tout a changé dans les comportements des adeptes, des bûnkosso et des koroku. Les règles du rituel ne sont plus respectées comme avant. L'argent a pris le dessus de toute chose. Quand on va demander de l'aide de nos jours chez un bûnkosso, la première chose qu'il vous demande c'est l'argent. Le korokune joue plus son rôle de muézin et n'est plus respecté par ses adeptes. Les adeptes se tressent et portent des habits aujourd'hui. Ils ne sont plus propres. Les différentes modifications intervenues dans l'exécution de rituel affaiblissent la pratique du rituel Sambaani. Le non respect de ces règles entraine parfois la folie lorsque l'esprit n'est plus en lui ou la mort subite de l'individu.

2- Impacts des religions révélées sur le Sambaani à N'Dali

Malgré la relative stabilité dans les institutions du Borgou, des changements rapides ont eu lieu avec l'arrivée de l'islam et du christianisme dans la commune de N'Dali. Néanmoins, il existe encore des poches de résistance à ces changements.

En effet, dans toute société, il se retrouve dans la population des conservateurs tels que des vieux qui demeurent encore dans la pratique du rituel pendant que d'autres s'adaptent aux changements qui s'opèrent.

L'avènement et l'acceptation de l'islam et du christianisme à N'Dali ont eu des impacts sur la population. Ces impacts se situent aux plans religieux, éducationnel, et socio-culturel.

2-1-Impact religieux

Le premier effet de l'expansion de l'islam et du christianisme à N'Dali fut la conversion graduelle des peuples à ces nouvelles religions. Ces religions ont remplacé le Sambaani dans plusieurs endroits.

L'islam fut la première à parvenir à N'Dali avant le christianisme. Elle aurait été apportée par les Wassangari mais elle a été réellement développée par les Mandé et les commerçants Haoussa. L'acceptation de cette religion signifiait l'introduction de nouvelles pratiques religieuses telles que le jeûne, les cinq prières journalières, l'aumône aux nécessiteux, etc. Mais, le christianisme venu plus tard n'a pas eu trop d'impact sur les peuples. Leur installation a été possible parce que les chrétiens ont accepté les autres tels qu'ils sont.

Le développement de ces religions a eu plutôt de conséquences positives sur les peuples de N'Dali. En prenant l'islam, il a ébranlé leur foi dans la pratique du rituel. La pertinence des pratiques religieuses comme le Sambaanifut réduite de façon dramatique et fut remplacée avec la culture islamique. Ces changements étaient pacifiques et il n'y avait pas trop d'opposition à l'ordre nouveau. Le christianisme par contre, était perçu par les peuples comme une distraction, parce que considéré comme ayant été introduit pour remplacer de façon révolutionnaire les pratiques existantes.

2-2-Impact sur le plan éducatif

L'introduction de l'islam a conduit à l'établissement des écoles coraniques à travers toute la région. Dans ce système éducatif, l'accent est mis sur l'écriture, la lecture et la mémorisation des versets coraniques. Un autre impact provoqué par l'enseignement islamique fut l'introduction d'une nouvelle langue ; la langue arabe. Cette langue fut introduite dans la vie des Baatombudès qu'elle est devenue obligatoire d'apprendre et de connaître le coran par coeur.

Quant à l'éducation chrétienne, elle est devenue le type d'éducation la plus répandue. Le but initial des missionnaires qui ont apporté ce type d'enseignement fut d'éduquer les peuples suivant la théologie chrétienne. Leur rôle est d'inculquer l'éducation occidentale aux peuples afin de parvenir à leur reconversion. L'objectif principal de toutes les tentatives entreprises pour éduquer les Baatombu fut d'accroître le nombre de personnes éduquées qui pourraient être utilisées dans leurs activités religieuses. Plus tard, avec l'arrivée des maîtres coloniaux, l'éducation occidentale est devenue importante pour tous, mais l'objectif initial a échoué.

Le développement de l'islam et du christianisme ainsi que l'éducation engendrée par ces deux religions ont entraîné une transformation graduelle dans la pensée, la connaissance et l'attitude des Baatombu. Il existe donc un conflit entre le modernisme, les habitudes et les institutions anciennes. La modernisation a pris le pas sur les anciennes habitudes et croyances.

2-3-Impact socio-culturel

Ces religions ont eu d'autres impacts sur la vie et le comportement social des Baatombu. Aujourd'hui, l'ivresse et la méchanceté sont considérées comme des vices dans la société baatonu. Certaines pratiques comme les cérémonies de baptême, de mariage et d'enterrement sont basées sur les lois religieuses. Les institutions sociales furent profondément affectées avec l'introduction du christianisme et de l'islam. La famille large fut la première à être affectée ; famille qui est jadis caractérisée par l'origine commune des traditions, des professions de la résidence et de la propriété terrienne. Les gens préfèrent vivre désormais dans leurs domiciles séparés au lieu du système traditionnel d'enclos.

Les cérémonies d'enterrement chez les musulmans et les chrétiens heurtent les coutumes du Baatonu. Selon M. K, la dernière demeure idéale pour un Baatonu, c'est sa maison familiale. C'est pour cela qu'il préfère enterrer ses morts à la maison ou près de l'enclos au lieu de l'extérieur parce qu'il croit en une communion entre les morts et les vivants. Ce que les chrétiens et les musulmans ne supportent pas qu'on enterre les morts à l'intérieur ou à proximité du domicile. Aussi le christianisme a remplacé la polygamie par la monogamie.

Chapitre 5 : Relation entre les hommes et les bûnu

1- Place des bûnu dans la vie des Baatombu

Les bûnu sont des esprits (simples ou non), créés par Dieu, soumis à Dieu, en parfait accord avec Dieu, ne faisant rien ici-bas sans en avoir demandé l'autorisation à Dieu. Ils sont les ambassadeurs de Dieu dans le monde. Ils protègent l'homme contre la maladie et l'adversité de la nature, et contre les créatures ennemies de l'homme. Ils sont chargés de faire respecter la justice de Dieu auprès des hommes. Ils prennent la cause des innocents, ils protègent les hommes contre leurs semblables malfaiteurs ou méchant. Un bûn peut tuer, mais il ne le fait pas par plaisir comme le ferait un gbeeru. Un bûn ne tuera jamais un innocent, même si on le lui demande. Si on insiste, on risque d'être soi-même frappé. Il est rare qu'un bûn prenne l'initiative de tuer un malfaiteur. Il le fait si la victime d'un malfaiteur vient le lui demander, d'habitude par mort violente. Certains le font par la foudre. On dit qu'avant de tuer un homme, les bûnu vont d'abord dans les cieux demander à Dieu son autorisation, car Dieu est le maître suprême de la vie, et le grand justicier de toutes les causes.

Certains bûnu n'acceptent pas de tuer. On ne dit pas que ceux qui acceptent de tuer sont mauvais, mais plutôt qu'ils sont durs, difficiles, sévères, impitoyables. Quand ils sont en déplacement dans des villages, c'est pour purifier le village et les sorciers prennent la fuite. Ceux qui restent, les bûnu les dénoncent publiquement et les obligent à s'exiler, ou bien ils les suppriment. Le chef peut explicitement inviter les bûnu.

Toute personne qui va en pèlerinage à l'autel d'un bûn, et qui boit l'eau sacrée est immunisée, contre les empoisonnements. Celui qui tente de lui faire du mal risque de mourir. La personne qui a bu à l'eau sacrée doit s'abstenir de tuer pour tout le reste de sa vie, sinon elle-même mourra. Les actes de méchanceté doivent être éliminés de sa vie.

Tout sorcier qui boit à l'eau sacrée est frappé de mort. Le bûnkosso, de par sa fonction de desservant du bûn est immunisé contre les actions des malfaiteurs. Sa vie est protégée par son maître, mais elle devra être saints, comme ceux et celles qui sont voués aux bûnu (sainteté : éviter de nuire au prochain et faire du bien).

La hiérarchie est difficile à établir parmi les bûnu. Dieu seul sait celui qui est le plus grand, et le plus petit. Certains hommes qui, avaient autrefois occupé des places spéciales dans la société sont aujourd'hui honorés comme des bûnu (fondateurs de villages ou de villes).

On peut dire que certaines cérémonies du bûn coïncident avec le culte des morts, mais un culte des morts spécial, dépassant les simples cérémonies de funérailles. Cela rejoint l'idée du culte des saints chez les chrétiens. Mais il n'est pas donné à tout chrétien d'être canonisé. De même, il n'est donné à tout défunt d'être élevé au stade de bûn.

2- Place des bûnu par rapport à Dieu et aux hommes

Chez les Baatombu, Dieu n'a pas d'égal. Dire "les dieux" (comme chez les grecs ou les romains), cela n'a pas de sens chez les Baatombu. Dieu est le seul être incréé. Tout en dehors de lui, est son oeuvre.

Les bûnu sont des créatures de Dieu. Ce sont des esprits, ils n'ont pas de corps. Ils ne jouissent pas de l'omniprésence, mais possèdent le privilège de la présence instantanée. On ne peut pas dire la forme qu'ils ont. On affirme tout de même qu'ils sont mâles et femelles. Les bûnu sont soumis à Dieu et ne sont pas de créatures révoltés comme on l'affirme du Satan de la bible.

Le Baatonune confond pas les bûnu et seetam (diable ou fauteur de troubles). On peut se demander si la notion de seetam (fauteur de troubles) ne viendrait pas de l'islam. Le Baatonu a la notion d'autres esprits qui, s'ils ne sont pas ennemis de l'homme peuvent pourtant être un obstacle à sa sécurité ici-bas. Ils ne sont pas dits explicitement ennemis de Dieu. Le bûn, lui, est non seulement créature de Dieu, mais aussi son ami. Il n'a pas à proprement parler un message à porter de la part de Dieu, il n'est pas chargé d'organiser la vie des hommes. Il est à la fois, pourrait-on dire procureur général de Dieu, et juge délégué de Dieu dans la société des humains. Il n'est pas l'avocat des hommes auprès de Dieu.

Auprès de l'homme, il est le serviteur de la justice de Dieu. Il le fait régner, le fait respecter. Grâce au bûn, l'innocent peut être épargné, le vrai coupable peut être découvert et puni. Inférieur à Dieu, le bûn est supérieur à l'homme. Le culte aux bûnu n'est jamais en concurrence avec celui qu'on pourrait rendre à Dieu. Tout le monde croit aux bûnu. Pourtant les bûnu n'exigent pas de tous les hommes un culte. Il n'y a que les bûnkosso qui soient tenus à l'adoration. Ce culte est facultatif pour les profanes. Si on ne le fait pas, on n'est pas pour autant plus exposer à la colère des bûnuque ceux qui le font. Pour être en bon terme avec les bûnu, il suffit à l'homme de craindre Dieu, d'éviter le mal et de pratiquer la justice. Les actes de charité positifs ne laissent donc pas indifférents les bûnu. Ceux-ci vont même jusqu'à les exiger de ceux qui leur sont consacrés de façon spéciale, comme pour dire : "pour vous, soyez parfaits".

Chapitre 6 :Héritage culturel et le devenir du Sambaani

L'étude effectuée sur le sujet « le rituel Sambaani chez les Baatombu» dans la commune de N'Dali a permis de déceler un ensemble de connaissances relatives au fondement, au déroulement, à l'évolution et à la fonction du Sambaani.La pratique endogène suppose des groupes peu étendus, clos, d'une cohésion parfaite. Malgré quelques tentatives de restauration, son bouleversement parait irréversible dès que l'unité de groupe se détend. Ailleurs l'aspect des chefferies ou des royaumes décline. Les enfants vont à l'école, donc la durée des initiations doit être réduite ; la connaissance des symboles et des mythes du Sambaani se perd, les hommes circulent, vont travailler au loin, abandonnent le contact avec les dieux et les ancêtres, restent dans les villes pour échapper à la tutelle du groupe, ou la secouent lorsqu'ils reviennent. Les jeunes désertent les fêtes et ne respectent plus les interdits à cause de l'école.

Retenons que l'école apporte un savoir différent de celui des anciens, une autre explication des phénomènes, une culture ouverte où rien n'est caché, où tout en principe devrait récompenser le mérite et l'intelligence ; alors que la société ancienne reposait souvent sur le secret et sur l'hérédité. L'individu préfère se dégager ainsi de la contrainte sociale, quitte à perdre réconfort et sécurité. Le Sambaani, aux degrés supérieurs de connaissance ésotériques très complexes, ne peut pas faire face au désir des masses d'accéder à l'autonomie individuelle. Il ne répond ni aux exigences d'une morale personnelle, ni à celle du rationalisme moderne, condition de l'essor technique, ni à celle d'un idéal de progrès, puisque c'est une pratique axée sur la répétition et l'exaltation du passé. Le Sambaani subsiste et résiste là où il est le plus structuré, mais il se désagrège tout autour des villes que dans les régions de passage, ou encore parmi les populations que l'appel de la main d'oeuvre tire de chez Sambaani.Du coup, de peur d'être offensés par les élèves profanes, ces jeunes adeptes ne s'intéressent pas trop à l'école. Nous ne comprenons pas pourquoi la religion traditionnelle qui devrait contribuer au développement du milieu, constitue un handicap pour la scolarisation de certains enfants surtout les filles de la commune de N'Dali. Or, nul n'ignore le rôle capital que joue l'instruction dans le développement de tout pays. Donc, il faut à ces jeunes adeptes une éducation pour concilier religion et école.Les conservateurs essaient de répondre aux nouveaux besoins, mais leur conception du Sambaaniest souvent répétitive et close. Ils servent la plupart de temps d'alternative aux familles et autres organisations traditionnelles dissoutes. La perte des anciennes croyances dans l'individualisme rappelle la situation du paganisme. Cette perte a préparé sans doute le terrain aux religions révélées, islam et christianisme.

En effet, le Sambaanirevêt une importance capitale dans la vie des populations de N'Dali qui, demeure la commune dans laquelle on exécute ce rituel pour implorer le bûn en lui offrant des sacrifices. Ce rituel se pratique presque tous les ans à la fin des récoltes ; moment où les paysans vendent les récoltes. Cependant, l'exécution de ce rituel souffre d'insuffisances aujourd'hui, car ces différentes phases ne sont plus rigoureusement respectées comme auparavant. Par exemple, l'étape de se mirer avant d'aller en brousse a presque disparu. Aussi, au lieu d'aller à la rivière pour le lavage du novice, on préfère le faire au village derrière la maison. Nous constatons que les règles établies par les ancêtres ne sont plus respectées par la nouvelle génération. Le moment choisi pour faire le rituel qui est la saison sèche par les anciens n'est plus valable à cause du changement climatique. Tout moment est valable aujourd'hui, il suffit d'être riche. Il n'est plus un secret pour personne que les réalités climatiques du temps de nos aïeuls qui ont institué ce rituel ne sont plus les mêmes. Ce changement climatique est dû aux caprices de l'homme qui explique les modifications intervenues dans l'exécution du rituel aujourd'hui. Il est donc aisé de comprendre que, contrairement à ce que pensent les prêtres et les adeptes, la force du bûn est aussi limitée. Le bûn est un canal vibratoire servant de liaison entre les hommes et Dieu. Il est puissant, mais il doit parfois cette puissance au « Tim » (gris-gris). Car, les adeptes, les prêtres et les prêtresses du Sambaani affirment que le bûnet le Tim sont indissociables. En effet, ce sont les prêtres qui officient des sacrifices, des offrandes et des cérémonies de leur ressort.N'importe qui ne devient pas adepte par volonté. Mais aujourd'hui c'est le constat. Dès qu'on est tourmenté par des mauvais esprits, on dit que c'est le bûn. Les bûnkosso sont devenus des corrompus et exigent plus de chose qu'avant où tout était symbolique. L'argent a remplacé l'honneur qu'ont les prêtres et prêtresses du Sambaani.

Les coutumes sont aujourd'hui en grande évolution : scolarisation, influence de la ville, de l'islam, du christianisme, changements économiques, politiques. Les couvents sontdes lieux où on fait l'apprentissage du langage du bûn, des danses et des chants. On fait subir aussi aux adeptes du Sambaani les épreuves de la vie spirituelle. Aujourd'hui, les couvents ont perdu leur crédibilité. Au lieu d'être un lieu d'apprentissage, les couvents sont devenus des lieux de commerce.Après des mois d'internement au couvent, les jeunes initiés sont contraints de s'attacher au bûn compte tenu des enseignements qu'on leur a inculqués.

L'islam et le christianisme ont apporté leurs façons de prier les morts. On permet volontiers aux chrétiens et aux musulmans de venir prier pour les morts. On dit que ces prières obtiennent la faveur de Dieu pour que le mort ne soit pas jeté dans le feu. Mais ces prières ne dispensent pas des funérailles traditionnelles qui sont obligatoires.

Le Béninois, mieux encore le Baatonu de N'Dali, bien que détourné par les religions étrangères, reconnait l'existence des religions traditionnelles et n'hésite pas à des moments donnés d'oublier sa configuration et faire un sacrifice ou poser un acte religieux. C'est ce que remarque BEART en affirmant que l'animisme demeure souvent au fond de la mentalité paysanne : « converti à l'islam, au catholicisme, l'Africain ne se sépare guère de ses croyances animiste ». La religion est la vie du Baatonu, comme l'a dit Durkheim c'est le ciment qui unit les différents membres du groupe. Les manifestations de culte, les rites de mariage, de naissance ou les cérémonies d'initiation font appel à tous les membres de la famille et il y a échange.

Tout ne doit donc pas être renié de l'héritage ancestral : bien des formes en seraient à reprendre pour éviter le vide culturel et la vulgarité contemporaine. C'est ainsi qu'en Afrique certains peuples christianisés ont conservé leur pratique.

CONCLUSION

Au terme de cette étude sur le rituel Sambaani dans la commune de N'Dali, la tradition continue de marquer profondément la vie quotidienne des populations de N'Dali malgré la présence des religions étrangères.La manière dont la pratique religieuse s'exprime varie selon les territoires, et chaque peuple à ses croyances propres. Selon les lieux, l'âme ne réside pas dans les mêmes sortes de personnes ou d'objets, et la croyance dans les âmes ou les esprits peuvent s'accompagner d'autres croyances, comme la vénération d'un Être suprême. Chez certains peuples, on considère même qu'il existe plus d'une âme à l'intérieur de chaque être humain. Néanmoins, le culte des ancêtres demeure un point commun essentiel à un grand nombre de ces variantes des religions endogènes. Pour s'attirer les faveurs ou calmer la colère des esprits des défunts, qui sont particulièrement craints, il convient de pratiquer un certain nombre de rites, de sacrifices, d'incantations ou d'offrandes. Les croyants tentent également d'entrer en contact avec les esprits afin d'obtenir toutes sortes de bénéfices (guérison, pluie, fertilité) mais aussi des conseils ou des présages. Le dialogue avec les esprits s'établit par l'intermédiaire d'un prêtre, qui saisissent (le plus souvent par la divination ou la transe) les messages envoyés depuis ce monde parallèle qui, pour les croyants, a la même matérialité que le monde terrestre. La pratique du rituel Sambaani met souvent en oeuvre des objets auxquels est accordée une dimension sacrée.

Les églises et les mosquées s'efforcent tant bien que mal d'enraciner leur message dans des cultures qui leur restent étrangère. L'avènement de ces religions a changé le comportement de la population de N'Dali dans la pratique du rituel de Sambaani. Ces traditions subissent des modifications du fait de la modernité, les rites institués par les ancêtres continuent toujours d'être exécutés dans nos sociétés. Au Bénin, dans certaines localités comme Gbégourou, Sirarou et N'Dali, les populations restent intimement attachées à la religion traditionnelle. Des cadres aussi s'adonnent à ces pratiques. Les uns sur l'injonction de l'oracle, offrent de sacrifices aux divinités afin de les implorer et de jouir de leurs bénédictions ; les autres, en leur qualité de chefs traditionnels sont contraints à des manifestations rituelles. Au quotidien, l'homme doit agir dans le respect de la mémoire de ses ancêtres, il a le souci d'être digne de la droiture et de la valeur qu'ils incarnent. Un comportement mauvais aurait en effet pour conséquence de venir ternir l'image de la famille entière, et donc celle des générations passées. En ce sens, le culte des ancêtres, pour ne pas provoquer la colère par des actions néfastes, joue un rôle de régulation sociale. Les ancêtres représentent en effet les gardiens d'une certaine morale et des règles qui structurent une société donnée. Aussi,le Sambaani s'est également enrichi au fil du temps d'un certain nombre d'emprunts à la religion catholique tel le baptême. L'utilisation de chandelles ou cierges, de cloches est également directement empruntée au catholicisme romain, tandis que les danses, les tambours et le culte des ancêtres proviennent de la tradition africaine.

En effet, le rituel Sambaani apaise les petites querelles qui conduisent souvent aux envoûtements entre les populations. C'est aussi l'occasion des pardons et des règlements des conflits en vue d'une consolidation. Mais aujourd'hui, il est noté une rupture entre le geste religieux et la conviction personnelle du croyant du fait de la modernité et des autres religions. Les moeurs et les interdits instaurés par les ancêtres ne sont plus rigoureusement respectés. Le rituel Sambaani a connu une modification. Or, pour un développement harmonieux d'un pays, il faut que la religion traditionnelle et celle moderne cohabitent. Pour y parvenir, il serait donc souhaitable qu'il y ait un juste équilibre entre les valeurs modernes et les valeurs traditionnelles de manière à préparer les jeunes à devenir des adultes équilibrés, responsables socialement intégré et capable de s'adapter à notre société en profonde mutation et de la transformer pour l'améliorer. Certes, le bûn et le Tim sont indissociables pour la protection et la conservation de nos valeurs traditionnelles. Mais il faut que ces valeurs contribuent réellement au développement de notre pays. Pour cela, il faut que chaque acteur joue sa partition afin de favoriser la conservation de nos identités culturelles et bannir les mauvaises pratiques.

Chapitre 3 BIBLIOGRAPHIE

1. ADOUKONOU, B., 1979, La mort dans la vie africaine, UNESCO, Présence Africaine.

2. AGUESSI, A., 1987, Rites sacrificiels chez les Fon de Ouidah comme fondement culturel de développement, FLASH.

3. AMOUZOUVI, H., 2005, Le marché de la religion au Bénin, Berlin, Verlag Dr. Köster.

4. ASSABA, C., 1999, Méthodique ou méthodologue : manuel de cours à l'endroit des étudiants chercheurs, FLASH, UNB.

5. BALANDIER, G., 1962, L'Afrique ambiguë, Paris, Edition Plan.

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7. CAZENEUVE, J., 1971, Sociologie du rite, Paris, PUF.

8. DURKHEIM, E., 1960, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF

9. DURKHEIM, E., Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF.

10. ISAMBERT, F. A., 1975, Rite et efficacité symbolique, Paris.

11. LABURTHE-TOLRA, P. et BUREAU, R., 1971, Initiation africaine, Yaoundé, Edition Clé.

12. LABURTHE-TOLRA, P. et WARNIER, J. P., 1993, Ethnologie Anthropologie, Paris, PUF.

13. MALINOSWKI, B., 1984, Dictionnaire des religions, Paris, PUF.

14. MAUSS, M., 1985, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF.

15. MBITI, J., 1972, Religion et philosophie africaine, Yaoundé, Clé.

16. MESLIN, M., 1988, L'expérience humaine du divin, Paris, Cerf.

17. NOBIME, A. 2005, Le rite "Honhunhu" à ZadoDovogon dans la commune de Zogbodomey, FLASH.

18. PARRINDER, G. 1950, La religion en Afrique Occidentale, Paris, Edition Payot.

19. QUENUM, M., 1999, Au pays des fon : Us et coutumes du Dahomey, Paris, Edition Maisonneuve et Larose (3ème édition).

20. THOMAS, L. V. et LUNEAU, R., 1975, La Terre Africaine et ses religions : Traditions et changements, Paris, Librairie Larousse.

21. VAN GENNEP, A., 1909, Les rites de passage, Paris.

LISTE DES TABLEAUX ET DES PHOTOS

Liste des tableaux

Pages

Tableau I : Centres des lectures

21

Tableau II : Présentation des groupes cibles et catégories sociales

23

Tableau III : Répartition des enquêtés par catégorie sociale

23

Liste des photos

Pages

Photo1 : les biokurubutenant en main le gama et le centarisur la tête

31

Photo 2 : les formes de gama

34

Photo3 : les bwanku jouant les bwanu

35

Photo 4 : le centari

35

Photo 5 : le koro

36

I- GUIDE D'ENTRETIEN DETAILLE

§ AXES PRIORITAIRES POUR LE GUIDE

o ACTIVITES CULTURELLES

§ Les acteurs, organisateurs

§ conditions d'amission au comité d'organisation (mode ou critères)

§ périodes d'exécution des activités

§ préséance des activités

§ les compositions des différents types de rites

§ la période exigée pour la manifestation du Sambaani

§ existence de différenciation sexuée pour les rites

§ Stratégies d'information des acteurs sur la pratique des bûnu

§ degré de respect du rituel

§ justifiant du respect

§ valeurs financières de l'organisation du rituel

o ACTIVITES CULTUELLES

§ Représentation des bûnu dans la tradition religieuse

§ Acteurs pratiquant du bûn

§ Les acteurs interdits à la pratique du bûn

§ Différenciation des bûnu par catégorie d'acteurs, de cultes,

§ Période, occasion de la manifestation du bûn

§ Pluralité des rites

§ Mécanismes de prévention des amalgames d'association

§ Mécanismes de résolution des crises causées par la pratique du bûn

§ Respect du bûn

§ Sanctions en cas de non respect ou du refus de pratique du Sambaani

§ Avantages liés aux bûnu

§ Inconvénients inhérents aux bûnu

o SAMBAANI ET VIE SOCIALE

§ Maladies et bûnu

§ Les usages médicaux des bûnu

§ Les acteurs traitants partisans de l'usage médical des bûnu

§ Les raisons avancées à l'usage médical des bûnu

§ Bûnuet position sociale

§ Acteurs utilisant le plus le bûn

o ACTIVITES POLITIQUES

§ Acteurs pratiquant le bûn

§ Occasion de manifestation du bûn

§ Avantages et inconvénients du Sambaani

§ Représentation du Sambaani

II- OBJECTIFS DES DISCUSSIONS ET AXES DE DISCUSSIONS PAR GROUPES D'INTERET

o Groupes des jeunes

§ Exigences des bûnu

§ Occasions de manifestation du bûnu (interdits et tabous)

§ Types de bûnu et interdits

§ Conflits générés par la pratique du Sambaani

o Groupe des dignitaires, personnes ressources

§ Histoire des localités

· Processus d'installation

· Conflits et règlement de conflits

· Activités économiques de prospérité

· Modus operandis de la cohabitation (pacifique ou conflictuelle)

· Interdits majeurs de la localité

Dynamique de l'éducation/ initiation et rites de passage

· Les autorités locales

§ Informations socioéconomiques (démographie ; activités économiques, les populations en présence ; activités culturelles dominantes ; activités culturelles en régression ; histoire de l'installation et de l'occupation des sols ; défis économiques et écologiques...)

§ Informations politiques et administratives (découpages administratifs, les groupes politiques en présence et les implications socio ethniques)

§ Connaissances sur la pratique du Sambaani

· Acteurs confessionnels

o Chefs de cultes traditionnels

§ Origine du Sambaani

§ Différents rites du Sambaani

§ Occasion de la manifestation du bûn

§ Les Acteurs du Sambaani

§ Interdits majeurs liés aux bûnu

§ Représentation sociale des bûnu

§ Bûnu et actions sanitaires

§ Discours associés aux bûnu

§ Connaissances transmises par la pratique du Sambaani

o Acteurs des religions révélées

§ Informations socioculturelles, économiques et politiques de la localité

§ Dynamique de cohabitation des différents peuples et actions déterminantes de la religion

§ Connaissance sur le rituel Sambaani

§ Occasion de manifestation du Sambaani

§ Typologie du rituel

§ Point de vue de l'église sur la pratique du Sambaani,

III- CHRONOGRAMME DE CONDUITE DU TRAVAIL DE TERRAIN

PERIODE :18 Septembre au 20 Décembre 2008LIEUX :N'Dali

PLAN DE CONDUITE DU TRAVAIL DE TERRAIN

A - TAF (TRAVAIL A FAIRE)

§ Prise de contacts et mobilisations des groupes de jeunes (filles et garçons)

§ Prises de contacts avec les autorités locales

§ Prises de contacts avec les dignitaires, sages locaux et personnes ressources

§ Prise de contacts avec les groupes de femmes

§ prise de contacts avec les chefs religieux, chefs de cultes

§ prise de contact avec les autorités confessionnelles

§ entretiens groupés avec les jeunes

§ entretiens individuels avec les autorités locales

§ entretiens individuels avec les dignitaires et sages locaux

§ entretiens groupés (ou semi groupés) avec les femmes

§ entretiens individuels (structurés et approfondis) avec les chefs religieux

§ entretiens individuels avec les autorités confessionnelles

TAF

MATERIELS

PERSONNES RESSOURCES

COUTS

OBSERVATION

M1

M2

M3

 
 
 

Prise de contacts

X

 
 
 
 
 

Entretiens jeunes

X

 
 
 
 
 

Entretiens autorités et sages

 

X

X

 
 
 

Entretiens religieux

 

X

X

 
 
 

IV- ACTIVITES POST-TERRAIN

Lectures supplémentaires ; Traitement des données et analyses dynamiques des données ; Rédaction

INDEX DE QUELQUES MOTS BAATOMBU

Baatonu : c'est les Bariba, peuple qui vit dans la région du Borgou dans le Nord-Bénin. Et le pluriel est baatombu.

Sambaani : rituel qui se pratique chez les baatombu et qui se manifeste par l'incarnation d'un génie par un individu.

Bûn : c'est le "fétiche" qu'incarnent les adeptes du Sambaani. Et on appelle les adeptes du bûn, les bûngibu. Le pluriel du bûn est bûnu.

Bûnkosso : c'est le prêtre qui s'occupe du bûn. Les bûnkosso(gardien des bûnu ou fétiches) ou prêtres sont des intermédiaires socialement reconnus entre la communauté et le monde invisible.

Wérékunu : ce sont les génies de la brousse qui se sont introduits dans la vie des baatombu. Le singulier de wérékunu est wèrèku.

Bio : c'est le nom qu'on donne au troisième fils d'une famille. Ce nom est aussi utilisé pour désigner le singe en milieu Bariba. L'esprit du singe s'est incarné en l'homme.

Biokuro : c'est les adeptes qui incarnent le génie du singe. C'est aussi le nom pour désigner les adeptes du rituel Sambaani. Le pluriel c'est biokurobu

Maré : ce nom désigne la race Peulh. C'est comme ça que le Bariba appelle le Peulh. Celui qui incarne le bûn du Maré, s'habille comme les peulh.

Kpireru : c'est l'hippopotame. Celui qui incarne l'esprit de cet animal, est fort.

Gariboko : c'est le niais. Chez les baatombu, l'enfant niais n'est pas un être simple. On pense que ce sont des esprits qui sont incarnés à travers cet enfant.

Kpanro : c'est le lépreux.

WONKORU : c'est un Peulh sur qui la première incarnation du génie s'est opéré qui a été saisi au moment où il trayait sa vache. Wonkoru veut dire le noir

BANA ou BONA : c'est le nom donné à la deuxième fille d'une famille. Bona fut la première femme bariba par qui les wèrèkunu entreront dans la vie religieuse des Baatombu.

TANTAN MON : c'est un génie qui se distingue des autres par son attitude. Il est un génie serveur de boisson. 

KARA KARA : c'est un génie pressé. Celui qui l'incarne est toujours pressé.

Maré biigobigii : c'est pour qualifier la richesse du Peulh.

SOUNONTOTOGUI : c'est le chasseur qui a été suivi par les génies qui étaient dans la brousse pour le village.

SASAGU : c'est le griot. Le sasagu est en même temps le griot des génies qui s'incarnent dans certains sujets du sexe masculin ou féminin. Avec l'arrivée des Wassangari, le sasagu est devenu le griot de ces derniers et il a laissé son premier rôle, celui de servi les génies.

Korokuru : c'est la musique que les griots chantent lors des manifestations du rituel Sambaani. Il est aussi destiné à louer la puissance et la bravoure des chasseurs. Par le biais de la chasse, le korokuruprit autre forme avec le phénomène d'incarnation des génies; ce qui a donné naissance à une danse religieuse, une musique sacrée réservée aux adeptes du Sambaani. Cette autre forme de korokuruest l'un des aspects fondamentaux de la vie religieuse des Baatombu. C'est le koroku qui joue cette musique aux adeptes et joue le rôle de Muézin du bûn à l'aide des bwanu (gourdes pleines de grains de sable) qui sont des instruments de musique. Le pluriel de koroku est korokuba.

Sorokoro : c'est un rite expiatoire

Bwanu : ce sont des gourdes qui servent d'instrument de musique lors des cérémonies du rituel du Sambaani. Ceux qui jouent ces gourdes, sont appelés les bwanku. Ils se mettent en cercle, assis par terre le pied légèrement tendu pour jouer au bwanu.

Gama : il est considéré comme l'éclaireur de tout adepte et lui sert de guide. Il joue le rôle de protecteur lorsqu'on l'implore. Gamis est son pluriel.

Centari : C'est une banderole garnie de cauris que porte le biokuro lors des cérémonies. Il fait partie des objets que l'adepte reçoit dès qu'il est possédé par le Sambaani. Il représente le pouvoir des adeptes du Sambaani

Koro :c'est est une guitare qui se joue lors du rituel Sambaani. C'est un instrument sacré qui ne se joue que par une famille spécifique. Cette famille est appelée"koroboseru". Le koroboseru est un clan qui s'occupe du koro et le chef est le korosounon (chef du koro) qui est désigné dans la lignée des koro.

TABLES DES MATIERES

SOMMAIRE ...............................................................................1

DEDICACE.................................................................................2

REMERCIEMENTS.......................................................................3

LISTE DES TABLEAUX.................................................................4

Chapitre 4 RESUME DU TRAVAIL.................................................................5

Chapitre 5 Introduction..................................................................................6

1- Problématique...........................................................................8

1-1- Problème.......................................................................8

1-2- Hypothèse....................................................................11

1-3- Objectifs....................................................................11

1-3-1- Objectif global............................................................11

1-3-2-Objectifs spécifiques......................................................11

1-4- Clarification conceptuelle................................................11

1-5- Etat de la question.........................................................13

1-6- Justification du choix de sujet et de cadre d'étude....................18

1-6-1- Le choix du sujet..........................................................18

1-6-3- Description et justification du cadre d'étude..........................19

1-6-2-1-Description...........................................................19

a) Description géographique........................................19

b) Description socioculturelle et historique........................19

3-6-2-2- Justification du cadre d'étude.......................................20

2- Approche méthodologique...........................................................20

2-1- L'exploration.................................................................20

2.2.2. La recherche documentaire .............................................20

Tableau I : Synopsis des lectures......................................................21

2-1-3- Premières observations de terrain.....................................21

2-1-3- Groupes cibles et échantillonnage........................................22

TableauII : Présentation des groupes-cibles et catégories sociales...............23

Tableau III : Répartition des enquêtés par catégorie sociale......................23

2-2- L'enquête de terrain..........................................................24

2-2-2- Les techniques et les outils utilisés.................................24

2-2-3- Durée du travail........................................................25

2-2-3-Les difficultés rencontrées.............................................25

Première partie : Aspects généraux sur le Sambaani.....................................27

Chapitre 6 Chapitre 1 : genèse du rituel Sambaani..................................................27

1- Les origines du rituel Sambaani................................................27

2- Le rituel Sambaani...............................................................28

3- les acteurs du rituel Sambaani...................................................29

3-1- Les prêtres ou « bounkonso .................................................29

3-2- Le korokuru ou le griot du Sambaani....................................30

3-3-Les adeptes du Sambaani (Boun Gui)................................ .....31

Chapitre2 : Les objets religieux du Sambaani........................................34

1- Le gama..............................................................................34

2- Les bwanu............................................................................35

3- Le centari............................................................................35

Chapitre 3 : processus de manifestation du Sambaani...................................37

1- Les manifestations du rituel Sambaani.........................................37

a- L'enterrement d'un adepte de Sambaani........................................37

b- Les différentes phases de la manifestation du Sambaani..................38

2- Les fonctions du Sambaani......................................................42

4- Avantages et inconvénients du Sambaani....................................43

Deuxième partie : Sambaani dans l'areine socio religieuse à N'Dali................44

Chapitre 4 : Le Sambaani à la croisée des chemins......................................44

1- Evolution du rituel Sambaani........................................................44

2- Les impacts des religions étrangères sur le sambaani à N'Dali .............45

a- L'impact religieux................................................................45

b- L'impact sur le plan éducatif.........................................................46

c- L'impact socio-culturel............................................................47

Chapitre 5 : Relation entre les hommes et les bûnu ...................................48

1- La place des bûnu dans la vie des baatombu..................................48

2- La place des bûnu par rapport a Dieu et aux hommes.........................48

Chapitre 7 Chapitre 6 : l'héritage culturel et le devenir du Sambaani...........................51

Conclusion.................................................................................55

Références bibliographiques..............................................................58

Guide d'entretien.........................................................................60

Glossaire...................................................................................65

Table des matières..........................................................................67






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand