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La production littéraire tchadienne écrite d'expression française : essai d'analyse sociologique.

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par Robert MAMADI
Université de Ngaoundéré - Master ès Letrres 2010
  

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1.3 L'arabe : une tentative d'écriture élitiste

Le dictionnaire du littéraire de Paul Aron, définissant la littérature nationale, met l'accent sur l'aspect linguistique : « le terme littérature nationale sert à désigner l'ensemble des traits thématiques et linguistiques qui permettent de rattacher un corpus d'oeuvres et de pratiques à un groupe ou une communauté historiquement et politiquement constitués » (Aron et al., 2000 : 393). L'aspect linguistique qui permet de rattacher la littérature tchadienne à sa communauté est complexe. L'arabe, tout comme le français, n'est pas une langue vulgarisée. 10% de la population tchadienne savent lire et écrire en arabe. Parler aujourd'hui d'une littérature tchadienne d'expression arabe, c'est aller à la découverte d'une littérature élitiste, introuvable, pour ne pas dire morte. Les bibliothécaires et libraires du Tchad ignorent l'existence d'une telle littérature. Les Lettres arabes sont assimilées aux textes sacrés de l'Islam. Pourtant quelques poètes arabophones ont produit des textes qui souffrent de visibilité. Personne ne peut exactement dire à quelle époque est née cette écriture poétique au Tchad. Mais Henri Pérès reconnaît que « la littérature arabe moderne éprouve quelques gênes à se réaliser pleinement » (Pérès, 1999 : 12).

Selon le Professeur Abdallah Ahmadnallah, enseignant-chercheur à l'université de N'Djaména, Ibrahim Alkanemy serait le premier poète arabophone tchadien. Abdoulaye Moustapha, enseignant-chercheur au département de lettres et linguistique arabes de l'Université de N'Djaména affirme que « l'épanouissement de la poésie tchadienne du point

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de vue technique a commencé à voir le jour, surtout lors des conférences littéraires mondiales» (Moustapha, A., in collectif, 2009 : 68). Parmi les poètes reconnus au niveau mondial, Moustapha cite Abbas Mahamat Abdel Wahid (Al Malamih); Mahamat Oumar Al Fall (As'Dâ'Annafs ou l'écho de l'âme). Hassaballah Mahdi Fadla (Nabadatou Oummatî ou les battements de ma communauté); Issa Abdallah (Hazma mâ qâlat Hazâmi ou vers ce qu'a dit Hazâmi), Abdel Wahid Hassan Assenoussi ; Abdel Kadre Mahamat Abba (I'Sâroun Fî Fou' âdine ou tourbillon dans un coeur) etc. Ces poètes ont développé des thèmes d'amour, d'humanisme, de guerre, de sous-développement et de politique.

S'agissant des thèmes ci-haut énumérés, c'est Abdel Wahid Hassan qui, dans « Ohazal ou l'élégie d'amour » traite de l'amour en faisant le portrait moral et physique de sa dulcinée. Al Fall, quant à lui chante « l'amour de la patrie » dans un texte éponyme. Atié Djawid Djarannabi, dans «... dirigeants idiots », s'en prend aux hommes qui ne songent pas au sort de la population. Le suivisme à l'occidentale (phénomène combattu) est un thème traité par Issa Abdallah dans « Le Bâton de Moussa ».

Atié Djawid Djarannabi estime que « la démocratie est une des formes du néocolonialisme ». C'est sous cette démocratie que surviennent les guerres qui ont poussé Mahamat Djarma Khatir à écrire « l'Afrique du Révolutionnaire », appelant à la révolution, à la lutte. Un texte d'Ibn Yacoub Attardjani décrit le comportement colonial et ses enjeux. Yacoub Abou Kouwéissé et Abbas Abdel Wahid pleurent, l'un son père et l'autre son ami, dans leurs poèmes.

Cette reconstruction de la littérature tchadienne d'expression arabe a ses difficultés qui sont liées à la disponibilité des textes, à leur visibilité dans le champ littéraire tchadien, à leur traduction en français (langue qui véhicule la littérature tchadienne depuis plus d'un demi-siècle), au développement d'autres genres que la poésie, à la lecture, l'édition et la diffusion des textes.

Pour que les textes soient disponibles et la littérature visible, il faut l'institutionnalisation de la chaîne du livre. Les travaux d'Abdoulaye Moustapha, lors du colloque des écrivains tchadiens tenu à N'Djaména du 03 au 07 décembre 2007, sont le début de la récupération et de la valorisation des textes disparates. Pour lui, le choix de la poésie par les écrivains n'est pas le fruit du hasard. La littérature arabe, dominée par la poésie, l'éloge, la description et l'apparat sont des sous-genres de la poésie. Vu la faible consommation de la

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littérature tchadienne d'expression arabe, la poésie cadre bien avec les attentes des jeunes qui sont prêts à passer des journées à suivre des jeux ou la télévision et non à lire les centaines de pages d'un livre. Nous avons affaire à une écriture élitiste réservée à quelques personnes, généralement des chercheurs et des chefs religieux musulmans.

La diversité linguistique poussera certainement les acteurs à produire et traduire des textes en arabe tchadien par exemple pour une visibilité équilibrée des textes tchadiens des deux langues officielles : l'arabe et le français. Ce qui reste à faire, en plus de l'appel à l'écriture en arabe, est la définition des critères de la constitution d'un corpus de la littérature tchadienne qui puisse prendre en compte la politique du bilinguisme. Car, comme le dit Gervais Baldal : « communiquer avec son public et aller à la conquête d'autres publics demeure l'objectif de l'auteur. L'écrivain perdra toute sa notoriété s'il prêche dans le désert» (Baldal, in Collectif, 2009 :106)

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci