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La production littéraire tchadienne écrite d'expression française : essai d'analyse sociologique.

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par Robert MAMADI
Université de Ngaoundéré - Master ès Letrres 2010
  

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1.3 L'internet et autres acteurs de production

1.3.1 L'Internet

L'internet est outil indispensable voire incontournable pour l'échange d'information. Les acteurs peuvent y produire et s'entretenir sur leurs oeuvres. Il rend la communication facile et rapide avec son public lecteur. L'invention de l'internet est fruit de l'évolution de la société de l'information. L'internet est une abréviation de « international network » (réseau international).Il est un réseau mondial de réseaux informatiques de toutes tailles reliés entre eux par une façon de communiquer. Il est une autoroute électronique qui héberge une bibliothèque virtuelle accessible gratuitement à tout le monde. Des « services internet » rendent aisée l'utilisation de ce moteur. Il s'agit, par exemple, du web (world wide web) et de l'email (électronique mail). Le premier service permet de déposer les informations qui, grâce au moteur web ou autre sont accessibles en ligne (dans certains cas imprimables, téléchargeables, et modifiables).Le deuxième est un courrier électronique (courriel) qui, grâce à une adresse, permet d'envoyer et de recevoir des messages à temps réel avec la rapidité suprême. Ces deux services sont les plus usuels et non négligeables pour un écrivain qui veut

produire et communiquer, en un mot se rendre utile pour la société. Par le site web et la boîte email, l'écrivain peut être utile et populaire.

En 1996, parlant des publications électroniques, l'UNESCO en donnait la définition suivante : « Utilisant des moyens de communication électronique pour mettre l'information à la disposition du public, les publications électroniques sont mises en mémoire dans des ordinateurs qui permettent soit de les afficher à l'écran soit de les imprimer.» (Archimag50, 2006 : préface). Cette définition qui voit en l'électronique un outil de production et de diffusion n'évoque ni le contenu ni l'usage du contenant. Il faut reconnaitre que l'histoire de la communication s'est accélérée ces quarante dernières années avec les moyens électroniques de représentation et de transmission de l'information. Aujourd'hui, les outils ont encore vu un progrès. Nous pensons à l'Open Access (accès libre) et au Creatif Commun (création collective) où les écrivains et les chercheurs peuvent accorder à leurs oeuvres ou résultats de recherche une plus large diffusion. Notre ambition est de présenter ces deux autres moteurs, de montrer leurs enjeux et d'expliquer leur usage en matière de création et production de textes.

1.3.2 L'Open Access (accès libre)

Ces cinq dernières années, on parle dans le milieu de communication scientifique de l'Open Access. Le modèle papier de diffusion des journaux scientifiques est en crise. Cela se justifie par l'augmentation assez souvent du coût de publication. Les auteurs des articles scientifiques ne sont pas bien payés. Leur rémunération est la reconnaissance de leurs travaux par leurs pairs et leurs employeurs pour recevoir des financements et d'avancements. Ils sont intéressés par la large diffusion qui a un impact sur leurs recherches. Dans le cadre de la diffusion sous forme imprimée caractérisée par des coûts de production importants, un pacte liait les écrivains aux éditeurs et imprimeurs :

L'auteur cède ses droits à l'éditeur et renonce à toute rémunération; en contrepartie l'éditeur investit pour la production et la distribution puis amortit cet investissement par le biais de souscription (et dégage un bénéfice, le cas

150

50 Publication du groupe SERDA

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échéant). La plus large diffusion est de l'intérêt des deux acteurs et finalement aussi du lecteur. (Schmit, in Archimag, 2006 : 9).

L'interruption de l'intérêt et l'usage des moyens électroniques de diffusion remet en cause cette vieille habitude avec des supports contraignants et coûteux. Avec Open Access, les éditeurs ont des licences et contrôlent les accès. L'objectif de l'Open Access est, en plus de la question économique, la meilleure diffusion possible. Cette publication sans support papier à quatre fonctions essentielles : le système enregistre l'antériorité et la paternité du texte et valide par le biais des pairs les travaux, ces oeuvres sont visibles et accessibles pour tous et partout et enfin ils conservent à long terme le patrimoine intellectuel et scientifique.

1.3.3 Les Creatives Commons (créations collectives)

Les éditeurs traditionnels ont des exigences économiques, éditoriales et contractuelles. Cela a poussé les écrivains et chercheurs à trouver des solutions alternatives pour la libre circulation de l'information, pour sa publication et sa diffusion. Parmi celles-ci, il y a les créatives commons. Ce système met l'accent, chez les écrivains, sur la volonté d'être mieux connus que mieux rémunéré. Seules les licences font payer les auteurs et les éditeurs. Les creatives commons, comme leur nom l'indique, partagent les créations intellectuelles en communauté. Pour Didier Frochot, « ce système est en train de se reprendre à grande vitesse et déborder du seul cadre de la recherche scientifique pour atteindre toutes les zones où le partage du savoir l'emporte sur les intérêts commerciaux.» (Frochot, 2006 : 16). La licence creative common est : « un acte de cession par lequel l'auteur cède à l'avance une partie de ses droits d'auteur sur ses oeuvres dans les conditions limites de la licence attachée à celle-ci » (Frochot, 2006 : 16). L'auteur cède ses droits au profit de la communauté, mais les usagers ne doivent cependant pas passer outre les limites à l'usage concédé. Il n'y a pas mécanisme de contrôle du droit d'auteur au sens strict du terme. Cependant, l'auteur a, grâce à l'internet, la possibilité de retrouver ses textes, s'ils ont fait l'objet d'une réutilisation ne respectant les droits cédés. La cession est unilatérale, mais ne donne en aucun cas droit à une exploitation dépassant les limites de la simple citation. L'accès aux livres est très problématique en Afrique. L'internet ne peut pas résoudre ce manque d'autant plus que l'ordinateur est un luxe pour une bonne partie de la population. Mais, il permet néanmoins de résoudre les problèmes de l'accès aux informations. Il faudra donc reconnaître que des telles techniques sont en vogue pour la production des textes littéraires dans le monde.

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2. Les structures d'édition à l'étranger

2.1 Les structures africaines d'édition

Pour connaître les structures éditoriales occidentales et leurs rôles dans la promotion de la culture des peuples d'Afrique et mesurer la détermination des écrivains africains à se tourner vers celles-ci, il est nécessaire de faire l'état des lieux de ce qui existe sur le continent en termes d'édition et d'impression. Beaucoup estiment que la France est le centre éditorial par excellence des écrivains africains, par ce qu'il n'existe pas d'instances de production locales. Or, le problème est plutôt du côté de la diffusion et de la légitimation, deux branches de la chaîne du livre qui rendent l'écrivain populaire, utile et riche. Il faut savoir pourquoi les auteurs tchadiens ne publient pas assez souvent en Afrique où pourtant ces instances existent.

En ce qui concerne les activités d'édition, l'illettrisme, la dictature et le sous-développement en Afrique n'empêchent pas les éditeurs de s'installer. Des éditeurs de renom existent, malgré l'analphabétisme, le faible pouvoir d'achat, les taxes élevées sur l'encre et le papier. Seulement, ceux-ci ont des problèmes économiques ne leur permettant pas de se développer à l'échelle d'un continent ou même d'un pays. La Côte-d'Ivoire, estime Elsa Schifano, « est un rare de pays riche en maison d'édition et par conséquent riche en écrivains » (Schifano, 2003 : 109). Ce pays a pour principales maisons d'édition : le CÉDA et NÉI. Le Cameroun a depuis 1963 une prestigieuse maison d'édition créée par les églises protestantes, le CLE. En 1991, CLE a bénéficié d'un statut d'utilité publique et a plus de 400 titres à son actif. Il a le mérite d'avoir diffusé des auteurs de renom et d'avoir publié à son apogée plus de trente titres par an. Nous ne pouvons faire économie des éditions Hacho-Lomé, au Togo et Figuier-Bamako, au Mali qui reçoivent encore des textes d'écrivains africains. Chaque pays africain a sa liste d'éditeurs locaux. Aujourd'hui, des centaines d'écrivains produisent en Afrique. Malgré cette bonne volonté, les difficultés d'édition, de diffusion et de consommation les rattrapent au galop.

Au Tchad, le constat paraît désolant. Ahmad Taboye affirme que : « Le Tchad n'a pas encore produit d'auteurs de la trempe d'un Ahmadou Kourouma, Cheik Hamidou Kane, Sony Labou Tansi, Mongo Béti... Mais beaucoup de jeunes écrivains comme Nimrod ou Koulsy Lamko écrivent à travers le monde et produisent des oeuvres reconnues ». (Taboye, 2003 : 14). Mais en matière d'édition, seul Ali Abdel-Rhamane Haggar a fait éditer Le mendiant de l'espoir et Le Prix du rêve au Tchad à Al-Mouna en 1998 et 2002. Aucune autre maison d'édition n'a pu accueillir les auteurs tchadiens à l'époque au Tchad. Pourtant, reconnaît-il : «

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1962-2003, cela fait quarante et une années de littérature. Et environ vingt auteurs ont produit une soixantaine d'ouvrages de fiction», (Taboye, 2003 : 14). Une soixantaine de titres publiés à l'extérieur du pays. Ce phénomène mérite une étude.

- Les oeuvres tchadiennes éditées en Afrique

Pour ne s'en tenir qu'au Panorama de Taboye, deux romans seulement ont été publiés en Afrique. Il s'agit de la Phalène des collines de Koulsy Lamko, écrit dans le cadre d'un projet « écrire par devoir de mémoire, pour le Rwanda », initié et réalisé par le Fest'Africa. Le roman a été édité par les éditions Kuljaama (Université nationale du Rwanda en 2000), alors que l'écrivain se trouvait là-bas, après avoir collecté des informations sur le génocide rwandais. Rien n'est sûr qu'il ait pu choisir Kuljaama s'il était au Tchad. L'unique femme-écrivain qui anime le panorama taboyèen, Marie Christine Koundja est la seule à se faire édité au Cameroun chez CLÉ en 2001(Al Istifack ou l'idylle de mes amis). Cette oeuvre prône l'amour du prochain. La raison du choix d'éditeur est justifiée par la présence de Koundja en service à l'Ambassade du Tchad à Yaoundé au moment de l'édition.

Aucune nouvelle et aucun recueil de poèmes n'ont pu être publiés en Afrique. En théâtre, seul Baba Moustapha a publié ses trois premières pièces chez CLÉ-Yaoundé : Makarie aux épines, en 1972, Le maître des djinns, en 1977, et Le Commandant Chaka, en 1983. L'auteur a préféré publier ces pièces qui ont eu des prix au CTI. En ce temps, CLE était la seule maison dynamique de son environnement proche, alors Préfet Adjoint du Chari-Baguirmi, au Tchad. Aussi, ses parents ont-ils vécu à Bogo où il fut né. La particularité de l'Anthologie (2003) de Bourdette-Donon réside dans le fait d'avoir fouillé des manuscrits et les oeuvres publiées dans les centres qui ont tenu lieu de maison d'édition au Tchad comme le CEFOD, le centre Al-Mouna, le centre Dombao de Moundou, etc. et d'avoir répertorié, en plus de Marie Christine Koundja, trois autres femmes écrivains : Faigou Nafée Nelly51, N'Djérareou Mekoulnodji Priscille52 et Palouma Zilhoubé53, et non d'avoir découvert un seul

51 Comédienne, titulaire d'une licence de Lettres Modernes et lauréate du grand prix de la nouvelle organisé par RLP en 1996

52 Titulaire d'une licence de linguistique, professeur de français et d'anglais au collège évangélique et responsable d'un programme de bourses pour jeunes handicapés à d'EIRENE-Tchad

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titre publié en Afrique, en dehors du Tchad. Pourtant dit-il : « L'anthologie rassemble quarante-neuf textes d'auteurs que l'on peut qualifier de contemporains puisque la première oeuvre publiée est celle de Joseph Brahim Seid en 1962, ce qui confirme une fois la jeunesse de cette littérature» (Bourdette-Donon, 2003 : 19). Selon les recherches menées Taboye et Bourdette-Donon, la littérature compte une centaine de titres en 2003. Mais seuls K. Lamko,

M. Christine Koundja et Baba Moustapha ont produit cinq oeuvres en Afrique. Beaucoup d'écrivains tchadiens ont produit en Europe, particulièrement en France.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire