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La production littéraire tchadienne écrite d'expression française : essai d'analyse sociologique.

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par Robert MAMADI
Université de Ngaoundéré - Master ès Letrres 2010
  

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3.1.5. La place de la littérature au sein des centres de « moyenne édition »

La littérature représente 10% des publications du centre Al-Mouna. (Entretien du 27/07/2010). Selon la responsable du centre, la demande est fortement élevée, mais le problème est du côté de l'entreprise qui préfère une édition à compte d'éditeur et ne dispose pourtant pas suffisamment de moyens financiers pour répondre à celle-ci : « l'édition se fait toujours à perte, nous n'arrivons généralement pas à rembourser les prix d'édition. Nous cherchons, malgré tout de l'argent pour éditer au maximum des oeuvres littéraires au moindre coût, de façon à rendre le livre accessible au grand public» (Entretien réalisé avec la responsable du centre Al-Mouna, le 27/07/2010).

La place de la littérature est prépondérante aux éditions du CEFOD, estime le responsable du service édition. Le centre fait la vulgarisation de tous les produits locaux de l'esprit : « pour la publication, au niveau de l'édition, nous faisons deux nouvelles éditions, deux rééditions chaque année. Des oeuvres littéraires ont été publiées dans cette logique. Cependant la priorité est aux textes produits par les femmes.» (Entretien du 10/08/2010, op.cit.). Le centre n'a pas pour vocation la publication littéraire, mais de temps en temps, il publie des recueils de contes, de nouvelles, de proverbes, etc. Nous pensons aux récits de chasse de l'équipe de recherche de Bousso en 1993 ; Le Balai de la première épouse de Mbaïdam Ngaba et Ainsi parlaient nos ancêtres de Djimtola Nelli publiés en 1995 ; Entre honte et folie de Ndoboui Eugène (2000), et Autour du feu ; Parole d'hier et aujourd'hui, Amour coupable etc. Ce manque d'intérêt s'explique par le caractère social et non lucratif du centre et par la préférence des bailleurs. Le responsable estime que quand les partenaires ne peuvent pas apporter leur appui, le centre se voit obligé de revoir la politique de prix et les domaines de production. Généralement ce sont les textes de Droit qui y sont prisés.

À défaut de financement et de subvention de la part de l'État, ces deux centres sont quelquefois obligés d'orienter les auteurs vers d'autres maisons plus spécialisées en littérature, comme Sao, au Tchad et L'Harmattan, en France. La demande est forte parce que le besoins d'écrire, de s'exprimer est criard au Tchad. Mais la particularité de ces centres réside dans leur système. Au Tchad, si on ne fait pas payer aux auteurs leur publication, il faut avoir le financement. Or tout cela est aléatoire pour lesdits centres. Il n'est pas évident que la publication à compte d'éditeur soit un avantage pour l'essor de la littérature. Il n'est pas aisé de s'endetter pour publier un livre et ne pas être sûr qu'il se vende. Les Tchadiens n'aiment pas acheter les livres, même les intellectuels. La raison est à la fois d'ordre économique et

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culturel. Après une information sur le prix d'un livre, un fonctionnaire se demande : « vingt et sept milles ? Ça fait combien de sacs de maïs ? » (Entretien avec Darma Sylvain, responsable des éditions du centre Al-Mouna, le 28/05/2010). Si on doit évoluer avec une telle mentalité, rien ne va se publier sur place, ledit livre a été publié en France. S'il était édité et publié56 au Tchad, il ferait le double de ce prix. De prime abord, le bas salaire et la pauvreté semblent être à l'origine de ce manque de volonté pour la littérature. Pourtant, il y a des gens qui dépensent le double de ce montant dans l'alcool en un jour. Darma Sylvain renchérit qu'il y a des Mercédès qui coûtent plus chère que le prix total des livres dans une bibliothèque. Le Tchadien n'a donc pas la culture de la lecture.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery