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Déforestation et dynamiques socioculturelles chez les Nkola/Ngyéli de Lolodorf: contribution à  une anthropologie du développement

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par Gilbert Aboushow NZIE
Université de Yaoundé I - Master recherche anthropologie 2015
  

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HH. I-3.RAPPORTS ENTRE LES CADRES PHYSIQUE, HUMAIN ET LE SUJET

Il s'agit de présenter les rapports qui existent entre les milieux physique et humain de notre site d'étude et la recherche que nous menons.

II. I-3-1. Entre le cadre physique et le sujet

Les forêts du bassin du Congo hébergent une biodiversité extraordinaire avec un niveau très élevé d'espèces endémiques. Cette richesse fait des forêts, un lieu de compétition ardue au niveau de son exploitation.Selon BILLAND (2012),les forêts situées près des côtes du Congo abritent la plus grande diversité d'espèces.

Pour le massif forestier de Lolodorf, c'estun réservoir génétique unique, notamment pour les espèces végétales bénéficiant d'un important potentiel pour les activitésmédicinales et commerciales. Cet environnement étant riche en couverture végétale, regorge des essences de grandes qualités que l'on peut trouver dans une forêt équatoriale. L'existence de ces essences fait de Lolodorf, une cible particulière pour l'exploitation forestière.Sa proximité avec l'océan atlantique en est également une raison favorable à la déforestation au niveau de l'écoulement des produits vers les pays étrangers.Malheureusement, cette exploitation qui sur papier est réglementée, est loin de protéger continuellement la vie des populations qui y résident.L'amélioration du réseau routier a aussi un rapport directà la déforestation dans la mesure où les produits issus de ce phénomène parviennent facilement à être écoulés vers les centres commerciaux. Par ailleurs, la construction des scieries au niveau local et la proximité avec celles construites à Eséka ne peuvent qu'être un atoutàce phénomène. Ainsi, au-delà dela richesse que regorge la forêt de Lolodorf, sa proximité avec la mer, et l'amélioration du réseau routier sont autant des facteurs qui rendent propice cette déforestation.

I-3-2. Entre le cadre humain et le sujet.

La diversité des communautés présentes à Lolodorf expliquent au mieux l'occupation et l'utilisation de la forêt que chacune essaie de mettre sur pieds.L'activité principale de ces communautés étant basée sur l'agriculture itinérante sur brûlis, celle-ci a un rapport direct à la déforestation dans la mesureoù les espaces considérables sont défrichés et abattus puis brulés pour les travaux champêtres. De plus en plus, la dégradation du tissu socioéconomique, politique et culturelle constitue une réelle source à la déforestation. La pauvreté et la misère qui spolient les populations autochtones font de ces dernières des acteurs favorables à la déforestation. Incapables de résoudre leurs multiples difficultés, ils sont obligés de se retourner vers la forêt pour survivre.Les Nkola/Ngyéli longtemps restés en étroite dépendance à la forêt, l'ont toujours exploité de façon durable. Mais de nos jours, les Mbvumbo, les Ewondo, les Fang-Boulou sont entrés dans l'exploitation anarchique de la forêt créant ainsi des torts aux Nkola/Ngyéli. En outre, les exploitants forestiers venant d'autres origines socioculturelles, ont développé des travaux d'exploitation insoucieux de l'avenir des communautés Nkola/Ngyéli.Par ailleurs la présence de plus en plus massive de ces personnes pour le transport des planches sciées est un atout à la déforestation.

Compte tenu de la situation inhérente aux interrelations entre les communautés présentes à Lolodorf et la forêt, et en se focalisant sur la réalité socioculturelle dans notre milieu d'étude, la forêt apparait comme l'ultime solution à tout problème de recherche de bien-être. Cependant, l'environnement ayant une influence sur l'humain, il en ressort que la dégradation de celle-ci cause un changement sur ses modes de vie. Ainsi, la forêt qui a toujours servi d'environnement vital naturel aux Nkola/Ngyéli de Lolodorf a longtemps assuré leur survie et développé en eux des modes de vie propres à cet environnement.Mais aujourd'hui la déforestation touche les parties les plus reculées de l'environnement vital des Nkola/Ngyéli de Lolodorf.Par conséquent, un changement est observé au niveau de leurs modes de vie et impulse des dynamiques socioculturelles de plusieurs ordres.

CHAPITRE II :

Ce chapitre vise à présenter les précisions terminologiques des conceptsclés de notre sujet à savoir : la déforestation, les dynamiques socioculturelles, les Nkola/Ngyéli, l'anthropologie et le développement. Outre ces délimitations, il passera en revue chacune des notions suivantes: l'écologie, les théories écologiques, l'environnement, les Pygmées, le développement, les théories du développement et les modes d'expression du développement. L'objectif escompté étant de montrer les limites de notre revue de la littérature afin de faire ressortir l'originalité de notre travail.

II-1. Approches définitionnelles

Littéralement, la forêt est un vaste terrain où sont plantés les arbres.Selon BERTRAND(1992), la forêt est le repère des esprits et le support des représentations mythiques collectives. La forêt est symbole de refuge, de protection et de perdition en même temps. C'est le royaume du diable et de la liberté. Elle est un peu partout un symbole de connaissances, un lieu d'initiation, on s'y perd pour se retrouver, on y renait adulte, chasseur ou shaman.

Pour les humains, la nature en général et la forêt en particulier, ne sont pas seulement des réservoirs de ressources pour la satisfaction des besoins matériels. La forêt et les arbres sont ainsi symboles de transformation et de renouvellement, ils sont des métaphores d'immortalité, de fécondité, de renaissance, de régulation parfaite et d'harmonie originelle. Le matériau bois est « vivant » même si l'arbre est mort, les cercueils en bois sont parfois la matrice pour une autre naissance, pour l'après-vie

Somme toute, la forêt est un milieu de culture et de vie sociale. Elle est utile à la formation de l'être et de la personnalité des populations semi-nomades. Elle leur donne tout : elle nourrit, soigne, habille et protège.

Ainsi suite aux multiples torts permanents auxquels la forêt fait face depuis des décennies, le phénomène de la déforestation est progressivement en train de s'accroitre à une vitesse inquiétante aux périls des communautés qui en dépendent. Qu'est-ce que la déforestation ?

La déforestation est synonyme de déboisement, c'est à dire l'action qui consiste à vider la forêt de son bois. Cette définition mécaniste et simplificatrice souligne le caractère imprécis du concept. Les chercheurs qui étudient la déforestation en milieu tropical privilégient tantôt les aspects purement écologiques (LENONARD et OSWALD, 1996 ; ROUSSEL, 1999 qui parle tantôt agro-écologiques, VERDEAUX et ALPHA, 1999 qui mentionnent une approche socio-historique, FAUROUX, 2000 ; MOIZO, 2000 ; et enfin MICHON et BOUAMRANE, 2000).

Pour les agro-écologues et les ethnobotanistes, la déforestation est comme un processus complexe d'enrichissement végétal et de succession culturale alternant couverts forestiers et cultures vivrières associées (DOUNIAS, 1996 ; MICHON et al. 2000 ; Emperaire et LESCURE, 2000).

Pour PUIG (2001), les écologues considèrent la déforestation comme une diminution ou perte de biodiversité forestière. Elle correspond au passage du couvert végétal d'un état « naturel » à un état artificialisé pouvant se traduire par la perturbation du fonctionnement de l'écosystème.

Du point de vue pratique, les experts et les organismes internationaux, intéressés surtout par l'aspect quantitatif, définissent la déforestation comme étant la transformation ou la conversion des forêts en d'autres types de couvert, désormais plus ou moins dépourvus de végétation ligneuse. Impulsée par l'accroissement démographique, la déforestation en milieu tropical correspondrait en ce sens au défrichement progressif de la forêt et à son remplacement par les champs, les villages, les pâturages, les villes, les aménagements hydriques, les infrastructures routières et les autres formes d'utilisation anthropique de l'espace.

Pour la FAO (2001), par exemple, la déforestation implique la disparition durable ou permanente du couvert forestier ainsi que le passage à une autre utilisation des terres (...). Elle inclut aussi les cas où la surexploitation et la modification de l'environnement affectent la forêt de façon telle qu'elle ne peut maintenir un couvert arboré dépassant le seuil de 10 pour cent ». Toutefois, cet organisme précise que le terme « exclut spécifiquement les zones où les arbres ont été enlevés par exemple pour en exploiter le bois et où la forêt devrait se régénérer soit naturellement, soit avec l'aide de mesures sylvicoles ».

La variété des acceptions que recouvre le terme déforestation, et donc l'imprécision de son contenu sémantique, appelle à une grande prudence dans l'emploi de cette expression. Cette situation souligne la difficulté qu'il y a à trouver une définition synthétique, car la réalité géographique et multidisciplinaire exprimée par le concept peut être différente d'un lieu à un autre, ou d'une discipline à une autre et très hétérogène dans le même espace.

Dans le cadre de notre thématique, il apparait que la déforestation est un phénomène qui s'effectue dans un souci de recherche du développement. Mais cependant, elle extermine les zones de vie naturelle des Nkola/Ngyéli. Toutefois, en tant que variable indépendante, la déforestation a pour variables intermédiaires l'appauvrissement de la biodiversité dans le massif forestier de Lolodorf. Les dynamiques socioculturelles et les nouveaux modes de vie chez ces peuples s'expriment ici en tant que variable dépendante à ce phénomène. Il revient donc d'affirmer que la déforestation repose sur la pression démographique, l'intensification des pratiques agropastorales, l'expansion de l'industrie minière ou encore la multiplication des pratiques illégales.

Au regard des approches définitionnelles ci-dessus évoquées, il en ressort que la déforestation est un phénomène qui bien que s'effectuant dans un souci de recherche de bien-être, dégrade et appauvrit aussi considérablement l'environnement notamment sa biodiversité. Ses conséquences s'expriment au niveau des changements constatés sur la culture desNkola/Ngyéli.

Par dynamiques socioculturelles, il est question du changement, de l'évolution à la transformation et aux mutations qui interviennent sur les aspects socioculturels et impulsent des nouveaux modes de vie au sein d'une communauté, d'un groupe humain. C'est un processus par lequel l'ordre existant d'une société, c'est-à-dire sa culture sociale, spirituelle et matérielle, passe d'un type à un autre. Les dynamiques socioculturelles englobent donc les processus plus ou moins rapides de changements dans la constitution politique d'une société; dans ses institutions intérieures et ses méthodes de colonisation territoriale; dans ses croyances et ses méthodes de connaissance; dans son instruction et ses lois; de même qu'en ce qui concerne ses outils essentiels et leur emploi, la consommation des biens sur laquelle est fondée son économie sociale. Cependant plusieurs auteurs ont développé des approches différentes sur les dynamiques socioculturelles. Ces approches tiennent compte des écoles de pensée et des courants idéologiques.

Pour MALINOWSKI (1941), l'évolution culturelle est un facteur permanent de civilisation humaine; elle se fait partout et en tous temps. Elle peut être provoquée par des facteurs et des forces jaillissant spontanément à l'intérieur de la communauté, ou elle peut se produire au contact de cultures différentes. Dans le premier cas, elle prend la forme d'une évolution indépendante; dans le second, elle constitue le processus qu'en anthropologie on appelle généralement diffusion.

Dans le cadre de notre étude, les dynamiques socioculturelles se matérialisent comme le processus de changement qui s'opère au sein des communautés Nkola/Ngyéli. Ces changements se matérialisent sur les aspects tant socioculturels. La forêt qui a longtemps été moins exploitée est aujourd'hui saccagée, pillée et détruite. La nature ayant une influence sur l'homme, les dynamiques socioculturelles se présentent comme une résultante face au phénomène de la déforestation.

Le mot pygmée vient du grec pygmaios, haut d'une coudée, qui désigne étymologiquement, un individu appartenant à des populations spécifiques caractérisées par leur petite taille, inférieure à 1,50 m de haut. Cette taille n'est pas liée au nanisme, maladie due à la mutation d'un gène, mais d'une adaptation morphologique au milieu de la forêt équatoriale dans laquelle vivent ces populations. Ce terme englobe les différents groupes ethniques disséminés le long de l' équateur dans de nombreux États de l' Afrique actuelle, tels que le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Rwanda, et l' Ouganda.

Dans l'antiquité, les Grecs ont appelé Pygmées des êtres, probablement fantastiques, hauts d'environ 70 cm et vivant au Sud de l'Egypte ou aux alentours de l' Inde. Pline l'Ancien, dans son Histoire naturelle, fait le récit d'une rencontre avec ces Pygmées. Aristote mentionne l'existence de tels êtres, supposés habiter dans des grottes souterraines. Pygmée était aussi une divinité que les Carthaginois représentaient à la proue de leurs navires pour effrayer leurs ennemis.

Ce terme est également employé comme adjectif pour définir certaines espèces animales caractérisées par leur taille réduite comme le manchot pygmée, la baleine pygmée ou le ouistiti pygmée ou l' hippopotame pygmée. On trouve aussi les adjectifs : pygmoïde (en anthropologie), pygmiforme, ou pygméenne.

Par ailleurs, cette expression traduit le regard dévalorisant que certaines personnes peuvent porter à l'endroit des autres. Des propos dégradants tachés de mépris pour valoriser leur supériorité vis-à-vis des autres sont le plus souvent utilisés.

Pour les Nkola/Ngyéli, ce sont un des groupes des êtres humains vivant de la chasse, de la cueillette et du ramassage dans la forêt équatoriale. Selon MIMBOH (2000), les Pygmées Bakola /Bagyéli sont des groupes des nomades habitant principalement le Département de l'Océan qui compte six Arrondissements : Akom II, Bipindi, Campo, Kribi, Lolodorf, Mvengue et le District de Nyé'été. Cette région est habitée par d'autres peuples tels que les Bassa, les Batanga, les Boulou, les Ewondo, les Fang, les Mabéa, les Ngoumba. Cette région est traversée de bout en bout par la forêt équatoriale et connait un climat humide avec quatre saisons.

Dans le cadre de notre étude, les Nkola/Ngyéli font mention de ces communautés qui ont pour habitat naturel la forêt. Cette forêt est pour elles une source vitale inestimable car leur survie en dépend. Cependant, les modes de vie anciens qu'on nous présentait des Nkola/Ngyéli sont en perpétuel changement suite à la déforestation. Il nous revient donc ici de présenter les Nkola/Ngyéli comme des communautés en pleine dynamiques socioculturelles suite au phénomène de l'érosion de la biodiversité.

Le terme anthropologie vient de deux mots grecs, anthrôpos, qui signifie homme (au sens générique), et logia, qui signifie étude. Littéralement c'est l'étude sur l'homme. scientifiquement, l'anthropologie est la branche des sciences humaines qui étudie l' être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques ( anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) et culturels ( socio- religieux, psychologiques, géographiques, etc.). Cette discipline vise particulièrement les faits spécifiques à l'humain par rapport aux autres animaux (faits anthropologiques comme homo ou anthrôpos) : langages articulés et figuratifs, rites funéraires, politiques ou magiques, arts, religions, coutumes, parenté, habitats, techniques corporelles, instrumentales, de mémorisation, de numération, de représentations spatiales et temporelles. Elle s'appuie notamment sur l'étude comparative des différentes sociétés et ethnies décrites par l' ethnologie, et envisage l'unicité de l'esprit humain à travers la diversité culturelle.

Selon M. HERSKOVITS, (1950) l'anthropologie est un discours sur l'homme, ses productions matérielles et immatérielles, ses coutumes, ses traditions, sa culture au sens de mode de vie globale d'un peuple. Il revient dont de dire que l'anthropologie en tant que discipline scientifique est l'étude de l'homme dans sa diversité culturelle.

S'inspirant des idées ci-dessus évoquées, il en ressort que l'anthropologie du développement serait une science humaine qui étudie les mécanismes et les stratégies que chaque socioculture met en place dans sa recherche de bien-être, et dans l'objectif de l'amélioration ses conditions de vie.

L'anthropologie du développement s'inscrit donc dans notre thématique comme la vision du développement d'une communauté donnée. Mais telle que la déforestation est pratiquée dans le massif forestier de Lolodorf, elle ne tient pas compte des réalités socioculturelles des communautés qui y vivent au quotidien. Elle est perçue et prônée par certains acteurs extérieurs à ce milieu forestier comme la recherche du bien-être économique récusant toutes les politiques de durabilité. Cependant la culture des Nkola/Ngyéli qui y vivent résiste difficilement à ce phénomène contrairement à celle des Bantu. Par conséquent, des nouveaux modes de vie prennent corps.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe