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Déforestation et dynamiques socioculturelles chez les Nkola/Ngyéli de Lolodorf: contribution à  une anthropologie du développement

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par Gilbert Aboushow NZIE
Université de Yaoundé I - Master recherche anthropologie 2015
  

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XXIV. II-6-2-2. Dimension socioculturelle

La fin des années 1960 marque une rupture qui se traduit potentiellement par une nouvelle vision du concept et des pratiques de développement. La prise de conscience des imperfections des modèles de développement axés sur l'économisme, le productivisme et le technicisme au détriment des véritables besoins humains et sociaux et des aspirations des populations a imposé une reconceptualisation des approches développementalistes et subséquemment, une redéfinition du concept de développement. À la floraison de stratégies technocratiques de développement économique des années 1960,succède dans les années 1970 l'inflation des recettes du développement humaniste. Comme le constata S. LATOUCHE (1986),le développementétait devenu la projection du désir et du délire du Tiers Monde, toutes les constructions possibles pourraient s'abriter désormais derrière ce concept qui, vidé de son contenu réel/rationnel, perd toute rigueur et devient le point de mirage de toutes les aspirations.

Ainsi, le concept de développement, en intégrant le social et l'humain, subit une véritable révolution sémantique et fait intégrer l'expression des valeurs culturelles des civilisations issues de l'histoire et des situations sociales spécifiques. Tous ces qualificatifs associés à la notion de développement ont pour but de concilier la croissance et le bien-être social, participant à la structuration du champ idéologique du développement et concourant subséquemment à la prise en compte par le concept des nouvelles dimensions qu'ils véhiculent. Cependant, pour illustrer la dimension socioculturelle du concept qu'il s'agit ici de mettre en évidence, nous faisons appel au concept des «besoins fondamentaux» pour rendre compte des aspects sociaux proprement dits et à la variante «dimension culturelle du développement».

La persistance de l'analphabétisme et de la pauvreté dans les pays de la périphérie et surtout leur incapacité de prendre en main leur développement nonobstant la croissance brute de leur économie, fit émerger une nouvelle conceptualisation de la notion de développement qui, pour concilier la croissance et la justice sociale, intègre dans son champ la satisfaction des besoins essentiels des populations des pays du Sud. Cette nouvelle approche dite des «besoins fondamentaux» consiste essentiellement à exhorter les gouvernements des pays de la périphérie à se préoccuper davantage des besoins humains essentiels, c'est-à-dire à améliorer la nutrition, le logement, la santé, l'éducation et l'emploi de leurs populations. La Banque Mondiale et l'OIT en ont fait d'ailleurs au cours des années 1970, le fer de lance de leurs stratégies de développement et les valeurs que cette approche véhicule traduisent bien la nécessité de la prise en compte du «social» comme l'une des variantes dimensionnelles incontournables du concept de développement. Parallèlement à ce vaste débat s'ajoute la notion du «développement culturel» qui est venue élargir le contenu de l'appareil conceptuel dégagé par la communauté internationale au cours des années 1970, notamment dans le cadre des conférences intergouvernementales sur les politiques culturelles organisées par l'UNESCO ou avec sa collaboration.

Le développement culturel, vite transformé en dimension culturelle du développement, est né de l'incapacité des modèles dedéveloppement ethnocentriques à dialoguer avec d'autres conceptions du monde.

Dans le même ordre d'idées, MBONJI, E (1988), pense que les cultures locales sont appelées au secours de la réalisation des projets conçus sans elles mais destinées à leurs populations. Ce n'est que lorsqu'on a compris que le développement ne sortira pas des conférences mais des hommes, que l'on a commencé à les étudier.

Un peu plus tard,MBONJI, E (2005),affirme qu'il importe donc de tenir compte de ces hommes, leurs traditions, de leurs systèmes de valeurs, autrement le développement ne passera pas. Rythmant ainsi ses joies et ses peines, ces traditions manifestent l'esprit d'un peuple. Elles lui ont permis de conserver son identité devant les agressions extérieures. Mais du même coup, elles rendent le changement nécessaire encore plus difficile, car les réticences ou les refus s'appuient sur des raisons qui dépassent la simple raison.

De toute évidence, il a fallu trouver une formule pour promouvoir un développement à visage culturel qui n'est d'ailleurs pas une chirurgie facile à opérer. Cette problématique relative à la dimension culturelle du développement a fait l'objet d'une production écrite foisonnante au cours des années 1980. En mettant en évidence la nature dialectique des rapports qui lient la culture au développement, cette notion a fortement contribué à la prise de conscience mondiale du rôle primordial de la culture dans les processus de développement ainsi que des effets de la modernisation sur les cultures. Qui plus est, l'émergence de cette dimension a permis de mettre en évidence les échecs et les dégâts culturels causés par les modèles uniquement fondés sur la croissance économique. Elle a fait mesurer, le coût économique, social et humain de la non prise en compte des spécificités socioculturelles telles le rapport à la nature, à l'espace, au temps, au travail, à l'argent et plus encore, le sens donné à la vie et à la mort.

L'évolution de toute société est un processus éminemment culturel, la culture doit être coextensive au développement car elle est cet élément dynamique fondamental qui donne aux groupes et aux sociétés la force de freiner ou au contraire de provoquer le changement social. La culture d'un peuple est la résultante dynamique de l'interaction souvent dialectique entre l'homme et le milieu environnant dans lequel il vit et évolue. C'est le génie d'un peuple et son art dans la recherche du progrès et du bonheur; donc un lieu de globalité où toute initiative de développement doit nécessairement se référer.

Dans ce contexte où la promotion d'un développement endogène et intégral s'est imposée comme une nécessité, la dimension culturelle du développement est devenue un leitmotiv incontournable. Celle-ci se présente indiscutablement comme un facteur déterminant voire structurant dans l'orientation fondamentale du développement, conditionnant le type, le style de développement et même les modalités de son application. Subséquemment, elle s'insère de façon explicite dans le contenu sémantique du concept de développement et participe potentiellement aux formulations définitionnelles qui lui sont consacrées.

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