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Déforestation et dynamiques socioculturelles chez les Nkola/Ngyéli de Lolodorf: contribution à  une anthropologie du développement

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par Gilbert Aboushow NZIE
Université de Yaoundé I - Master recherche anthropologie 2015
  

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LXI. III-3-3-2. Au niveau de l'environnement

L'environnement est le cadre physique qui héberge les produits de la déforestation. A ce niveau, une technologie particulière est mobilisée :

Ø Les machettes et les limes utilisées dans le cadre de la création des pistes d'entrée en forêt, la prospection des essences et le nettoyage de la partie de l'arbre où la tronçonneuse va scier ;

Ø Les boussoles et les GPS servant à s'orienter dans les grandes forêts ;

Ø Les voitures tout terrain pour le transport des équipes de travail ;

Ø Les tronçonneuses;

Ø Les Bulldozers pour créer les pistes dans les forêts, remorquer les essences abattues, remorquer les grumiers en cas de difficultés.

Photo N°2 :Scène d'abattage dans un chantier de Mbango : ici elle traduit l'utilisation d'une tronçonneuse et décrit aussi la protection du scieur au niveau de la tête.

Source :Nzie, 2013.

Photo N° 3 : Bulldozer mobilisé pour la création des voies d'accès vers les forêts, le débarquage des billes de bois et le transport des employés.

Source :Nzie, 2011.

Photo N° 4 :Engin 928 mobilisé pour le chargement des camions grumiers dans un chantier de Ngoyang

Source :Nzie, 2013.

LXII. III-3-3-3. Au niveau des produits exploités

Les produits de la déforestation sont destinés à la consommation. Pour ce faire, ils doivent être transportés des forêts vers les lieux où ils seront écoulés. La technologie mobilisée est fonction du poids du produit. Pour cela quelques équipements sont utilisés :

Ø Les camions grumiers

Photo N°5:Camion grumier mobilisé pour le transport des billes de bois. Lourdement chargé, ce camion est en provenance de Koumbizikpour Douala.

Source : Nzie, 2013.

LXIII. III-4. PHASE PRATIQUE DE LA DEFORESTATION ET ESSENCES EXPLOITEES

Cette sous partie fait une description de la déforestation dans le massif forestier de Lolodorf, et les différentes essences exploitées.

LXIV. III-4-1. Phase pratique des travaux

D'après Ernest KOH, dans les années 85, où j'ai été recruté en tant que Chauffeur au sein de la société forestière SFOC, les travaux d'exploitation consistaient d'abord à la prospection des essences et à leur identification.

Avant l'entrée en forêt, le processus consistait à se rendre auprès de l'administration locale s'acquitter des modalités pratiques et des pots de vin. Les Populations riveraines qui devraient bénéficier des avantages issues de cette exploitation, ne recevaient que quelques sacs de riz, cartons de poissons du vin et du tabac. Et parfois toute opposition des villageois face à ce phénomène était sévèrement réprimandée par l'administration.

La coupe sélective intervenait donc avec les essences d'une grande importance. Etant donné que cette société avait une scierie à Eséka et une coupe de bois qui procédait à une exploitation en grume et en sciage, toutes les essences étaient exploitées dont les plus connus sont le Bubinga, le Moabi, le Movingui, l'Azobé. Elle s'occupait aussi de l'aménagement des voies forestières pour le transport de leurs produits. La destruction de la forêt et la dégradation de l'environnement ont été considérable avec une estimation mensuelle de près de 8000 à 9000 mètres cube jusqu'à sa fermeture en 1997 avec la compression des ouvriers.

Après il y a eu une autre société forestière nommée PK qui a étendu ses travaux d'exploitation de l'autre côté de la route dans le massif forestier de Ngovayang à partir de Ngoyang vers Melombo. Les processus d'exploitation étaient quasiment les mêmes mais avec certaines disparités. Au village Nkouambpoer I il eut un affrontement entre les employés de cette société et les villageois parce que les billes de bois avaient été déposées sur un terrain de football. Après quelques années d'exploitation, elle finit elle aussi par fermer ses portes avec des mois de salaires impayés aux ouvriers. La tonalité exploitée serait estimé à près de 4000 mètres cube le mois.

La forêt ou vivent les Bantu et les communautés Ngyéli de Ngongo I, II et Mbango Pinda a eu à son tour la présence de la société néerlandaise nommée WIJMA et EXIBOIS. Vers les années 90, ces sociétésont également entrepris leurs travaux d'exploitation dans la zone de Lolodorf et Bipindi. Bien qu'ayant pris en compte quelques doléances des communautés riveraines avec l'amélioration du réseau routier locale, la construction de certains bâtiments scolaires, l'emploi de certains jeunes, le processus n'a pas échappé à la politique des sacs de riz, cartons de poissons, bouteille de vin et des enveloppes considérables aux autorités administratives en place. Les populations locales étaient sommés sans mots dire de voir leur forêt partir en ruine. Pour les Ngyéli qui y vivent de façon quotidienne et dont dépendent leur bien-être, la désolation n'était que chaotique. Les besoins de chasse, de pêche, de collecte et en pharmacopée commençaient par s'exprimer en manque. Alors que les avantages que ceux-ci ont pu tirer des sociétés forestières sont limités, les inconvénients sont multiples. Par conséquent, la quantité et la qualité des essences exploitées demeurent inestimables.

Ainsi pour MASHUERPierre, un Ngyéli du campement de Mbango Pinda, l'attente des réponses satisfaisantes face à nos préoccupations demeurent dans une impasse. Où devons-nous vivre maintenant? Que mangeront nos enfants et nous-mêmes? Avec quelles écorces nous guérirons-nous ? Le gouvernement et nos frères Bantu tiennent-ils compte de notre situation? Allons-nous survivre avec la disparition de la forêt ? Autant d'inquiétudes qui matérialisent la situation des Nkola/Ngyéli face à l'érosion de la biodiversité.

Après les multiples études de faisabilité relatives au projet Pipeline, la phase pratique du lancement des travaux a pris effet en 2OO1. Le projet Pipeline Tchad-Cameroun avait pour principal objectif, la construction d'un oléoduc servant à transporter le pétrole brut des champs pétrolifères de Doba au Tchad, en traversant le Cameroun vers les côtes maritimes de Kribi. Il mesure 1070 kilomètres dont 890 sur le territoire Camerounais et son emprise large de 30 mètres. Le coût total du projet est d'environ 2 500 milliards de francs CFA.

L'oléoduc dans sa phase de réalisation a entraîné la destruction du couvert végétal et le décapage des sols le long de l'emprise foncière. En dehors de la déforestation à grande échelle, de la perturbation des écosystèmes, ses travaux ont aussi entraîné des déséquilibres socioculturels. Aujourd'hui encore le tuyau qui transporte ce pétrole crée des destructions environnementales importantes.

Voici d'ailleurs ce que nous a confié Nkouelisong, un Nkola de Nkouambpoer II : « nous avons cru que l'argent que les blancs nous ont donné lors du passage de leur pipeline sur nos cultures allait nous aider à réaliser quelque chose de durable mais cet argent maudit s'est envolé on a même encore revendu le matériel qu'ils nous ont donné à titre de compensation. Mais aujourd'hui ce long serpent est sous nos terres et on nous interdit fermement d'entreprendre quoi que ce soit sur son passage de peur de mourir ». Ces quelques paroles ne peuvent que traduire avec amertume, le regret de ce Nkola face au passage de l'oléoduc dans leur zone d'habitat.

Pour le projet GEIFEC qui a pris effet dans la forêt communautaire de Mbango, les travaux d'exploitation ont été effectués pendant deux ans. Bien que les populations riveraines aient tirés des petits avantages, les torts causés à l'environnement sont largement supérieurs. Les principes d'accès dans la forêt consistaient à des réunions de négociation avec l'administration et ensuite avec les populations locales. Etant donné qu'un haut cadre du commandement militaire était l'un des actionnaires de ce projet, les villageois ne pouvaient malheureusement s'opposer face au cahier de charge non respectée par celui-ci. Les essences exploitées ici étaient d'une importance capitale. Pour les Ngyéli qui y vivent les réserves de chasse ont été détruites avec la plus grande frayeur. Les sites pour cultes des ancêtres démolis, les essences très riches pour la pharmacopée ont également été emportées, laissant ceux-ci dans un lendemain inquiétant. La tonalité estimée pouvait faire en moyenne 3OOO mètres cube par mois, nous a confirmé Paul Felix MIMBOH, chargé du volet environnemental dans ce projet.

Toutefois, malgré le fait que ces exploitations ont grandement dégradé le couvert végétal de Lolodorf, elles ont néanmoins apporté d'une part, un soutien aux populations Bantu. Dans ce cas d'espèces, quelques personnes ont pu trouver des emplois permettant d'assurer le bien-être. Cependant les populations Nkola/Ngyéli n'ont pas à leur niveau ressenti les bienfaits de cette exploitation. Pour elles, le phénomène a considérablement détruit leur milieu de vie sans bénéfices durables.

Cependant, les essences exploitées sont d'une grande importance et concerne plusieurs types d'arbres. Le tableau ci-dessus présente au mieux les essences exploitées.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore