WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

à‰valuation de la valeur nutritionnelle des aliments sauvages traditionnels consommés par les différentes communautés rurales de la province du sud-Kivu en RDC : cas des Bashi, Barega et Bafuliro.

( Télécharger le fichier original )
par Justin OMBENI
Institut supérieur des techniques médicales de Bukavu - Licence en nutrition et diététique 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.12. Rôle socio-économique des AST en RDC

Pour beaucoup de congolais (ruraux comme urbains), la forêt constitue un cordon ombilical au quotidien - un capital pour ceux qui ont peu d'alternatives pour les autres moyens de subventions. Ceci est particulièrement vrai pour les communautés vivant en milieu rural qui constituent la majorité de tous les ménages pauvres du pays.

Les AT constituent de ce fait une source importante de subsistance et de revenus, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire. Une partie de ces produits sert à l'autoconsommation et une autre est destinée à la vente sur les marchés locaux, urbains, voire internationaux apportant ainsi des revenus financiers appréciables qui permettent de résoudre certains problèmes pertinents liés à l'amélioration des conditions de vie.

Certains congolais estiment même que « sans ces produits naturels, beaucoup de familles ne pourraient pas faire face à la crise qui sévit dans ce pays ni survivre pendant les guerres que les pays a connu au cours de ces dernières années lorsqu'on sait que la plupart des habitants des villages avaient trouvés refuge en forêts, loin de leurs champs ou de lieux d'approvisionnement des biens de première nécessité ».

2.12.1. Au niveau des ménages

Les PFNL jouent un rôle socio-économique très important. Avec la crise économique qui sévit le pays, la majorité de populations sont devenues plus dépendantes de ces produits qu'elles utilisent pour se nourrir, se soigner, construire, etc. A travers diverses filières informelles, ces produits offrent des opportunités d'emplois et engendrent des revenus à de nombreux ménages impliqués dans leur exploitation et leur commercialisation.

Il est évident que la demande pour ces produits forestiers est appelée à croître considérablement à mesure que le pouvoir d'achat augmente, que la population s'accroît, que la migration de la population rurale vers les villes devient plus aisée, et que les produits de l'agriculture issus d'un système de production rudimentaire sont insuffisants pour assurer durablement la sécurité alimentaire. La réduction des coûts de transport et l'accroissement de la demande rendent le commerce de ces PFNL plus lucratif, encourageant davantage de personnes à s'y lancer.

La contribution de ces produits aux économies des ménages et à la sécurité alimentaire est bien nette et perceptible. Dans les communes urbano-rurales de Kinshasa, Biloso et Lejoly (2006) notent que la contribution du commerce des feuilles de Gnetum africanum au revenu mensuel du ménage demeure le leader incontestable avec une recette moyenne de 275$, suivie des frondes de Pteridium centrali-africanum avec 166,70$ par mois et par ménage ; des feuilles de Dracaena camerooniana avec 75,55$ par mois et par ménage, des tubercules de Dioscorea praehensilis avec 71$ et par mois et par ménage et des feuilles de Psophocarpus scandens avec 58,75$ par mois et par ménage, Toirambé (2006) dans une enquête réalisée récemment a montré qu'à Kinshasa, près de 1069 personnes, majoritairement des femmes (98%), exercent le commerce des feuilles de Gnetum sp. dans onze marchés prospectés. Cette activité commerciale est génératrice de revenu (environ 132,93$/mois) qui dépasse de loin le PNB congolais (114$/an/habitant) et nettement supérieur au salaire mensuel de la fonction publique (70$/mois pour un Directeur).

Dans les deux marchés de Mbandaka (Central et Wendji Secli), Ndoye et Awono (2005) avaient évalué, pendant douze mois, la vente des feuilles de Gnetum sp. pour un volume de 47.200 kg à 21.904$ ; le commerce de 145.015 kg de feuilles de Maranthaceae pour une valeur de 3.446$ ; et la vente de 105.554 litres de vin de palme pour un chiffre d'affaire de 13.054$.

A Boma et Kisangani, quelques plantes prioritaires illustrent cet important rôle socio-économique : les drupes de Dacryodes edulis consommées après cuisson sous la cendre chaude, à la braise ou à l'eau chaude ; la pulpe de Cola acuminata et de Garcinia kola très prisée par les amateurs de boissons et consommée à l'état frais comme excitant ou aphrodisiaque ; la farine des graines de Cucumeropsis mannii et de Sesamum orientale utilisée comme liant dans les différents mets locaux ; la poudre des fruits de Piper guineens et des rhizomes de Zingiber officinale utilisée comme condiment dans l'assaisonnement de différents mets, etc. Leur intérêt alimentaire croissant tant dans les zones rurales que dans les centres urbains et leur valeur marchande en tant que source de revenu pour les acteurs impliqués dans l'exploitation et la commercialisation justifient le développement de leur récolte en forêts et leur culture dans beaucoup des villages périphériques de ces villes.

La demande des objets en rotins est de plus en plus élevée, surtout dans des centres urbains (Kayisu 2008). La dimension économique de cette entreprise artisanale se justifie par la main d'oeuvre employée ainsi que sa contribution rémunératrice aux personnes impliquées. A Kinshasa, Toirambe (2006) a répertorié environs 118 artisans qui touchent un salaire moyen de 149$ par mois et à Boma, 153 artisans avec un salaire de 87$ par mois.

Quelques plantes répertoriées à travers les villes sont utilisées en médicine traditionnelle. Ces produits disposent des marchés commerciaux et de possibilités prouvées pour procurer un revenu de substitution aux riverains des forêts et parfois un revenu conséquent aux intermédiaires et aux exportateurs attitrés. C'est le cas par exemple :

(i) des plantes rentrant dans le traitement du paludisme : les écorces de Voanga africana, de Spathodea campanulata ; les feuilles de Morinda morindoides, de Lantana camarra, de Cymbopogon citratus, de Artemisia annua, de Carica papaya ; les morceaux de tiges de Quassia africana, etc.;

(ii) des plantes antihelminthiques : Les feuilles de Euphorbia pigra, de Vernonia vomitoria, de Chenopodium ambrosoïdes, de Ocimum gratissimum, de Piperumbellatum, de Clerodendrum scandens ; les graines de Paulinia pinnata, de Momordica charantia ; les écorces de Anogeissus leiocarpus, de Alstonia boonei, de Cleistpholis patens, etc. ;

D'autres PFNL médicinaux trouvés en RDC par contre sont utilisés en médicine tant traditionnelle que moderne. C'est le cas notamment des écorces de Hymenocardia acida (décocté contre l'amibiase), de Rauwolfia vomitoria (macéré contre les maladies sexuellement transmises) et de Prinus africana (syn. Pygeum africanum) dont le décocté des écorces du tronc est utilisé en médecine traditionnelle comme lavement (un irrigateur par jour) pour lutter contre les douleurs lombaires et les fatigues généralisées.

En médecine moderne, les études pharmacologiques et les expérimentations cliniques ont mis en évidence les propriétés thérapeutiques de principe actif tiré des écorces de ces plantes. C'est le cas par exemple du complexe lipido-stérolique extrait des écorces de tronc de Prinus africana que l'industrie pharmaceutique produit des médicaments utilisés dans le traitement des troubles mictionnels de l'adénome prostatique chez l'homme (Kabala et Toirambe 1996).

L'implication des PFNL d'origine animale dans l'économie des ménages de la RDC est bien soulignée (Wetshi et al.1987, Wilkie et Carpenter 1999), Fa et al.(2003), Marachto (2002), Toirambe (2002), De Merode et al.(2004) et Ndona (2004) à partir des enquêtes menées sur les mammifères. Ces auteurs soulignent la place centrale qu'occupe le gibier dans la vie des populations rurales. Ces dernières considèrent que la viande de chasse est une nourriture de haute qualité et relativement peu coûteuse que la viande de l'élevage.

La chasse tant traditionnelle que commerciale implique une main d'oeuvre importante, demande peu d'investissements et procure souvent un gain important et rapide. Selon Fa et al. (2003) et Wilkie et Carpenter (1999), la consommation de gibier peut s'estimer à 1,4 millions de tonnes par an pour un chiffre d'affaire pouvant s'évaluer à 1,4 milliards de dollars américains, en considérant le prix moyen de 3,5$/kg.

Les singes, les céphalophes, les potamochères, les rongeurs constituent la plus grande part de ce gibier, mais les gens préfèrent également la viande des buffles, de l'éléphant, d'hippopotames, des reptiles et des oiseaux, ainsi que de grandes quantités de chenilles, de sauterelles, de criquets, de termites, etc. Dans le marché central de Kikwit (Bandundu), Ndoye et Awono (2005) ont pu évaluer la vente de 14,194 tonnes de chenilles pendant huit mois pour une valeur marchande de 17.939$.

Dans la Réserve de Biosphère de Luki, Toirambe (2002) avait confirmé l'existence d'une véritable entreprise cynégétique dans cette réserve et ses environs avec 16 points de ventes de gibier comptant un effectif de 83 vendeurs (tous des hommes) dont l'âge varie de 20 à 45 ans. Le revenu moyen par vendeur et par semaine était évalué à 16,14$, soit 64,56$/mois/vendeur.

D'autres ressources naturelles représentent également la base de subsistance des populations locales et des activités économiques en milieu forestier. Il s'agit notamment du poisson, des champignons, du miel et du vin forestier. Il s'observe que, pour la majorité des ménages habitant de long des cours d'eau et du fleuve du Congo, la pêche est l'activité la plus largement pratiquée.

Signalons également que les autres acteurs bénéficiant de la commercialisation des PFNL sont les transporteurs et dans une moindre mesure l'Etat. Par exemple, les transporteurs aériens (Hewa Bora et CAA) impliqués dans l'activité de fret de Gnetum sp. ont effectué des échanges pendant la période d'avril - mai 2006 de 123.615 kg entre Kisangani et Kinshasa et Mbandaka et Kinshasa pour un bénéfice total de 1.245.985,34$. Malheureusement, les données sur les taxes prélevées par les agents des Ministères de l'Environnement et de l'Agriculture n'ont pas été disponibles lors de notre passage dans ces services.

La contribution de PFNL au revenu des ménages, par rapport à celle d'autres activités est très variable. Cette variabilité dépend, entre autres, de l'un ou des plusieurs facteurs suivants : activité principale du ménage (cueillette, chasse, pêche, vente des gibiers, artisanat, etc.), origine du PFNL (végétal ou animal) et étape à laquelle intervient le ménage dans la filière commerciale. Colom (2006) souligne par exemple que dans les zones forestières, particulièrement dans le paysage Salonga - Lukenie - Sankuru, parmi les huit activités touchant les ressources naturelles des forêts, l'agriculture et la cueillette représentent les activités les plus largement pratiquées, chacune engage respectivement 24,1% et 23,3% de ménages du paysage.

La chasse (19,3%) et la pêche (19,0%) sont les troisième et quatrième activités les plus pratiquées, constatées auprès de trois quarts de la population. L'implication des ménages dans d'autres activités telles que le travail artisanal (8,2%), le commerce (3,0%), le travail temporaire (1,8%) et la médicine traditionnelle (1,3%), démontre la dépendance des riverains à l'égard des ressources naturelles des forêts.

Quant à la génération des revenus, l'agriculture vient à la première place ; suivie de la chasse et de la pêche.

La cueillette des PFNL constitue donc une source supplémentaire pour les ménages comme le témoigne la figure ci-après.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote