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à‰valuation de la valeur nutritionnelle des aliments sauvages traditionnels consommés par les différentes communautés rurales de la province du sud-Kivu en RDC : cas des Bashi, Barega et Bafuliro.

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par Justin OMBENI
Institut supérieur des techniques médicales de Bukavu - Licence en nutrition et diététique 2014
  

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CHAP-I: INTRODUCTION

1.1. Problématique

Ce dernier temps, avec l'explosion démographique, l'approvisionnement des populations en protéines animales est devenu de plus en plus un problème. Les sources de protéines alimentaires alternatives prennent de plus en plus d'importance. Des exemples de formes alternatives possibles de production protéique sont les « novel protein foods » (à base de plantes protéagineuses ou à base de micro-organismes), la viande produite in vitro, les algues et les insectes (van der Spiegel et al. 2013, Cazaux et al. 2010).

A l'échelle mondiale, quelque 1.500 à 2.000 espèces d'insectes sont considérés comme comestibles pour l'homme, parmi lesquelles des Coleoptera (coléoptères), Lepidoptera (papillons), Hymenoptera (abeilles, guêpes et fourmis), Orthoptera (sauterelles et grillons), Isoptera (termites), Hemiptera (hémiptères) et Homoptera (cigales).

La consommation humaine d'insectes, encore appelée Entomophagie, en tant que source importante de protéines, est présente dans bon nombre de cultures disséminées à travers le monde. Bien que la consommation d'autres arthropodes comme les crustacés, soit courante en Europe occidentale, et que ces derniers soient considérés comme un met de choix, l'absorption d'insectes est plutôt peu usuelle et ressentie comme étrange. Cependant, des insectes sont déjà incorporés dans les aliments au niveau régional en Europe. La soupe de hannetons consommée en France et en Allemagne, la tradition locale dans la région de Carnia dans le Nord de l'Italie de manger le jabot sucré de papillons Zygaena (et du Syntomis qui y ressemble), et le casu marzu, un fromage sarde aux larves de mouches, en sont des exemples (Siemianowska et al. 2013).

De plus en plus des tentatives pour domestiquer les animaux sauvages et les insectes comestibles par l'homme sont en cours. Cette nouvelle zootechnie aussi appelée « micro-livestock » ou « mini-livestock », est en voie de promotion dans le but de garantir les populations avec des produits d'origine animale et qui soient nutritifs.

Les insectes comestibles contiennent des protéines (d'une composition comparable à celle de la viande), des vitamines, des minéraux et des acides gras. La valeur nutritionnelle spécifique et la composition chimique sont fonction de l'espèce, du stade de développement et du niveau de l'alimentation de l'espèce. Cependant, la valeur nutritionnelle de la plupart de ces insectes comestibles n'est pas encore connu dans tous les pays du monde (Belluco et al. 2013, FAO 2013, van Huis 2013, Siemianowska et al. 2013, Verkerk et al. 2007, Finke 2002).

En fonction de l'espèce, les insectes sont consommés par l'homme à différents stades de développement, à savoir au stade d'oeuf, de larve, de chrysalide ou au stade adulte (Belluco et al. 2013, Verkerk et al. 2007, Finke 2002). Généralement, les insectes sont consommés entiers, mais ils peuvent aussi être transformés en pâtes ou en poudres. L'extraction de protéines, de graisses, de chitine, de minéraux et de vitamines à partir d'insectes est également possible, mais un travail qui n'est pas encore fait et même de leur valeur nutritive (FAO 2013).

Les insectes représentent une ressource encore mal connue qui est de plus en plus envisagée comme source de nourriture et de protéines. Certaines entreprises (Micronutris en France, Yunnan Insect Biotechnologies en Chine) commercialisent des insectes et certaines universités (Université de Wageningen, NL ; Université de Liège Agro-Bio Tech, B ; Université du Wisconsin, USA) ont des pôles de recherche entièrement tournés vers l'entomophage (i.e. l'étude de la consommation d'insectes en tant que nourriture destinée à l'être humain).

Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris présente actuellement une exposition intitulée « Les insectes passent à table ». Une première partie montre les types d'insectes, classés par types de pièces buccales, puis la seconde salle expose divers insectes dont la consommation est régulière à travers le monde ainsi qu'une comparaison succincte des apports protéiques des insectes avec les espèces d'élevage traditionnel.

Les insectes comptent actuellement environ 1 million d'espèces décrites à ce jour, et sont déjà consommés de manière plus ou moins régulière dans plus de 110 pays. Les espèces des insectes comestibles se trouvent majoritairement au Mexique et en Amérique du Sud, en Asie Est et Sud-est, dans les îles Pacifique, l'Océanie, et en Afrique centrale. Ramos-Elorduy (Johnson 2010) avait fait savoir que le continent américain abrite le plus grand nombre d'espèces comestibles (39 %), suivie de l'Afrique (30 %) et de l'Asie (20 %). Ces données sont cependant relatives car l'inventaire des insectes comestibles est encore très incomplet dans plusieurs régions du monde.

De plus, il y a également un problème d'harmonisation entre la classification scientifique de nombreux insectes (classification de Linné) et la dénomination attribuée par les autochtones, ce qui peut créer des confusions (un même nom vernaculaire pouvant être utilisé pour désigner plusieurs espèces) (Louey Yen 2010).

De nos jours, l'attention et les moyens sont concentrés sur un nombre limité d'espèces d'intérêt commercial, parmi lesquelles on retrouve les légumes occidentaux les plus « sophistiqués » (variétés sélectionnées). Pourtant, les légumes feuilles, les champignons sauvages, les insectes, les gibiers, les plantes sauvages,... traditionnels restent fortement consommés, dans certaines recettes locales ayant la valeur de spécialité nationale (Remi Kahane et al. 2005).

La forêt et les arbres fournissent des aliments en complément des sources agricoles traditionnelles. Pourtant, naguère encore, forestiers, les nutritionnistes ne prêtaient qu'une faible attention aux aliments de la forêt. Dans de nombreuses régions du monde, les produits forestiers autres que le bois, définis comme «produits d'origine biologique autres que le bois et services issus des forêts et des emplois du sol connexes» (FAO 1995), jouent un rôle biologique et social important dans les systèmes alimentaires locaux. Ils peuvent apporter une véritable contribution à la nutrition comme élément du régime alimentaire ou comme atout de la sécurité alimentaire des familles. Ils servent la santé par leur rôle dans la prévention et le traitement des maladies. Les pauvres qui habitent en forêt ou aux alentours, particulièrement les gens sans terre, les femmes et les enfants, dépendent à divers degrés de l'exploitation des ressources communes de la forêt dans la vie courante ou en période de crise.

Les aliments de la forêt peuvent constituer durablement un élément significatif des régimes alimentaires. Leur consommation élargit la base de l'alimentation, diversifie le régime alimentaire et contribue à prévenir les carences nutritionnelles ainsi qu'à maintenir l'équilibre de l'alimentation. Ces aliments proviennent de sources naturelles locales qui font partie de l'écosystème local ou sont compatibles avec lui. Les produits forestiers autres que le bois contribuent aussi à la sécurité alimentaire et à la santé familiale. Les feuilles et les fruits sauvages contiennent beaucoup de nutriments essentiels. Les graines, noix, racines et tubercules trouvés dans la forêt fournissent des lipides et des hydrates de carbone. Les champignons, gommes et sèves fournissent des protéines et des minéraux. Les animaux sauvages de la forêt fournissent souvent une bonne part de la viande consommée par les gens qui vivent en zone forestière ou alentour (FAO 2009).

Dans les régions rurales du Liban, les femmes font valoir les bienfaits de l'alimentation traditionnelle, impulsant ainsi le retour à des aliments sains et abordables. Depuis 2005, ces femmes rurales du Liban se réunissent quotidiennement dans une cuisine collective où elles préparent des mets sains à base de plantes sauvages comme l'ache et la figue. Elles vendent ces plats dans un marché urbain(Beyrouth), à l'occasion de festivals culinaires et de banquets, ainsi qu'à l'éco hôtel du village dont elles assurent le fonctionnement (Division des communications, CRDI 2002)

La longue guerre civile, conjuguée à l'afflux d'aliments importés peu coûteux, a entraîné le déclin de l'agriculture dans le pays. La consommation d'aliments transformés peu nutritifs s'est donc répandue dans la population. La pauvreté n'a fait qu'aggraver les choses. Une étude menée par des chercheurs en 2002 dans trois villages a révélé que près de 20 % des villageois interrogés n'avaient pas les moyens d'acheter suffisamment d'aliments pour se nourrir. Un tiers des personnes visées par l'enquête se nourrissaient d'aliments de piètre qualité, faute d'argent pour acheter des aliments plus sains. En outre, un grand nombre de répondants ont dit consommer de plus en plus d'aliments riches en farine blanche, en sucre et en huiles importées, qui procurent pourtant moins de bienfaits que l'huile d'olive locale (Division des communications, CRDI 2002)

Les chercheurs ont aussi découvert que le riche patrimoine culinaire du Liban recelait la clé d'une meilleure nutrition. Ils ont étudié la valeur nutritive de plus de 40 plantes sauvages et de mets traditionnels préparés à partir de ces plantes. Récemment formées à la préparation d'aliments devant être commercialisés et aux rudiments de la mise en marché, les championnes de la nutrition s'emploient à faire connaître ces produits alimentaires largement accessibles.

La recherche, à laquelle participe maintenant l'Université d'Ottawa au Canada, demeure axée sur les écosystèmes locaux et sur leur capacité de satisfaire, à long terme, aux exigences d'une saine alimentation (Division des communications, CRDI 2002).  

Les aliments traditionnels sont sains. Pour fournir aux familles et aux communautés des aliments sains, les chasseurs et les pécheurs du Nunavut récoltent caribous, boeufs musqués, canards, lagopèdes, bélugas, ombles chevaliers et autres aliments sauvages. Les aliments traditionnels comprennent également les baies et les plantes comestibles prélevées dans la nature (Blanchet C. 2000) Par le passé, la consommation d'aliments traditionnels constituait un régime équilibré; de nos jours, cependant, les gens dépendent de plus en plus des aliments achetés à l'épicerie (Blanchet C. 2000).

François Couplant (2012) s'attache à mettre en valeur les végétaux comestibles méconnus et à les faire connaître aux restaurateurs et au public par le biais de conférences, de stages, de prestations personnalisées, de publications et des médias. Il travaille actuellement en particulier sur l'alimentation de nos ancêtres au Paléolithique et collabore dans plusieurs pays avec de grands chefs cuisiniers à la réhabilitation des saveurs oubliées.Depuis de nombreuses années, François Couplant (2012) parcourt la planète à la recherche des traditions alimentaires des différents groupes culturels qui peuplent notre monde: les relations entre hommes et plantes sont innombrables et fascinantes.

Ces dix dernières années, la reconnaissance du rôle des produits forestiers non ligneux (PFNL) comestibles dans la sécurité alimentaire, comme la viande de brousse et les fruits et champignons locaux, a considérablement augmenté.

Malgré tout, les potentialités alimentaires des insectes comestibles sont mal connues bien que plusieurs études aient montré que les insectes contribuent de manière importante aux moyens d'existence des régions rurales comme urbaines. Dans de nombreuses cultures, les insectes sont consommés comme un supplément quotidien, un met délicat occasionnel ou un produit de substitution durant les pénuries alimentaires, les sécheresses, les inondations, les guerres, etc. Les insectes comestibles doivent être considérés comme une alternative potentielle plus importante dans les efforts d'améliorer la sécurité alimentaire et d'alléger la pauvreté en Afrique subsaharienne (de Foliart 1992). La FAO note que les populations les plus pauvres récoltent les insectes et les autres PFNL, et ces activités de récolte sont habituellement pratiquées par les femmes.

Les chercheurs et personnes qui travaillent dans le développement d'optimiser le potentiel des insectes, particulièrement ceux qui proviennent des forêts et qui sont comestibles. Les liens entre gestion des forêts et populations d'insectes sont encore moins connus ainsi que les impacts de la récolte des insectes sur la forêt la biodiversité en général, et les modes alimentaires dans les régimes locaux liés aux évolutions de la disponibilité d'autres source des protéines sources de protéines comme la viande (dont la viande de brousse), le poisson ou les noix d' arachide (Muvundja et al. 2013).

En 2002, le Programme des Produits forestiers non ligneux (PFNL) de la FAO, soulignant la prise de conscience du besoin de développer d'avantage la sensibilisation sur le potentiel des insectes comestibles dans les stratégies de survie des populations qui dépendent de la forêt, a lancé une étude afin de connaitre leur rôle et leur importance dans les moyens d'existence locaux mais aussi pour répondre aux manques de connaissances sur ce sujet. Une priorité a été donnée au Bassin du Congo, région qui possède d'importantes ressources forestières, encore riches en faune et flore sauvages et dont le niveau de consommation à la fois en viande de brousse et en de nombreuses espèces d'insectes comestibles est important.

L'Afrique présente actuellement 524 espèces comestibles et 36 pays consommateurs (Ramos-Elorduy in Johnson 2012), majoritairement dans les régions centrale et australe (209 espèces majoritairement consommées en Afrique Sub-saharienne (Illgner et Nel 2000). Ceci est en premier lieu dû au fait que, en de nombreuses régions d'Afrique, l'Entomophagie fait partie intégrante des traditions. Les espèces consommées varient en fonction des peuples.

Ainsi certains peuples de la République Démocratique du Congo comme les Yombe considèrent la consommation de toutes les chenilles comme taboue et chez les Lega, les femmes enceintes ne sont pas autorisées à consommer un certain type de chenilles.

Des experts locaux du Cameroun, de la République centrafricaine, la République du Congo (Brazzaville) et la République démocratique du Congo (Kinshasa) ont été contractés pour produire des études de cas. Le sujet de ces études est principalement les chenilles, insectes les plus communs de la forêt qui peuvent être facilement récoltés. La plupart des chenilles se nourrissent des feuilles des arbres, celles-ci pouvant provenir d'espèces forestières de valeur comme le sapelli Entandrophragma angolense ( Meliaceae), il existe donc des liens essentiels entre les chenilles et l'écosystème forestier. Cela offre de nombreuses options de gestion forestière pour à la fois répondre aux besoins alimentaires locaux et de santé et à la productivité de l'écosystème forestier (Shango 2010).

Le champignon de l'espèce Agaricus bisporus ( agaricacées) est le plus cultivé parmi toutes les variétés comestibles. C'est par contre un de ceux dont les propriétés médicinales et les effets santé sont les moins documentés. Malgré sa teneur élevée en eau, le champignon a une valeur nutritive comparable à celle de plusieurs autres légumes. Il contiendrait également certains composés potentiellement bénéfiques pour la santé, mais dont les effets ont fait l'objet de peu d'études scientifiques (Lampe 1999, Bazzano et al. 2003).

Au Sud-Kivu (RD Congo), la chenille Bunaeopsis aurantiaca (Saturnidae) « Milanga », de haute valeur nutritive que la viande et les poissons, est largement consommée par les populations de la forêt du bassin du Congo en général. Cette chenille a comme plante-hôte l'arbre Uapaca guineensis (Euphorbiaceae) un arbre connu pour ses planches en bois de qualité et comme un arbre à chenille de valeur, mais cet arbre est couper par les paysans pour s'en servir à la fabrication des braises, d'où on note déjà une diminution de production de ces chenilles dans la communauté (Muvundja et al. 2013).

Dans les hauts plateaux d'Uvira (province du sud Kivu), plus de 10 espèces des plantes sauvages groupées en 8 familles sont consommés par les communautés ethniques. Tous les enquêtés reconnaissent les vertus thérapeutiques de ces plantes commercialisées en grande quantité pendant la saison de pluie et comme étant une source par excellence des vitamines et sels minéraux (selon les enquêtés), mais dont aucune détermination de la valeur nutritive de ces plantes n'a été déjà effectuée par les chercheurs (Muvundja, communication personnelle).

Au vue de la revue de la littérature disponible au chercheur, apparemment aucune étude n'a encore était effectuée au Sud-Kivu pour déterminer la valeur nutritionnelle des aliments sauvages traditionnels consommés par les différentes communautés rurales (tribus). Par ailleurs, contrairement à la plus part d'autres études dans lesquelles on arrive à analyser la valeur nutritive d'un seul aliment ou d'une seule catégorie d'aliment, cette étude vise à analyser plus d'un aliment ou plus d'une catégorie d'aliment (ex. aliments traditionnels d'origine animale : insectes, chenilles et leurs larves, escargots, rat taupier, grenouille, etc. et ceux d'origine végétale : fruits, légumes, champignons, tubercules, racines, tiges,...).

Questions de Recherche

Dans cette étude, les questions suivantes ont été posées pour servir comme fils conducteur de cette étude :

(i) Quels genres d'aliments traditionnels les gens consomment-ils dans les localités ?

(ii) Quels en sont les facteurs influençant la consommation et la commercialisation des aliments sauvages traditionnels ?

(iii) Quelle est la valeur nutritive des aliments sauvages traditionnels par tribu ?

(iv) Comment ces aliments sont-ils préparés, récoltés et utilisés ?

(v) Existe-t-il d'autres usages dans l'utilisation de ces aliments ?

(vi) Les aliments traditionnels sont souvent disponibles pendant de courtes périodes, alors quelles sont les périodes et les conditions de la disponibilité ?

(vii) Comment pourrait-on conserver ces aliments de manière à les manger plus tard (ex : les plantes sauvages, les termites sexuées ailées, les champignons, les insectes et chenilles/larves, etc.) ayant encore conservés leur valeur nutritive ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille