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Une agriculture urbaine durable à  Kigali (Rwanda)

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par Felicien SEBUHINJA
Universite du Maine (France) - Masterà¢â‚¬â„¢s degree en politiques territoriales et developpement durable 2010
  

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V.5.2.4. Les techniques d'incitation

Les techniques d'incitation pour la protection des espaces agricoles et naturels comprennent principalement la taxation préférentielle sur la propriété, le district agricole et la loi sur le droit-à-exploiter.

La taxation préférentielle sert à encourager les propriétaires à maintenir le foncier en usage agricole ou naturel. Cet outil repose sur l'hypothèse que des impôts plus élevés réduisent les profits et que le manque de rentabilité est un facteur majeur de la conversion des terrains. Deux types de programme existent : 1) circuit breaker tax relief credit, qui offre un crédit

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d'impôt lorsque la taxe sur la propriété est supérieure à un pourcentage donné du revenu de l'exploitant ; 2) current use valuation, évaluation à l'usage courant, qui exige des collectivités qu'elles estiment le terrain agricole à sa valeur d'usage (non bâti) et non sa valeur (constructible) sur le marché. La technique peut effectivement encourager les propriétaires à garder leur terrain en usage non bâti, mais est critiquée pour ses règles d'éligibilité souvent laxistes. De plus, elle peut être utilisée par les spéculateurs fonciers ou les exploitants à temps partiel et peut se traduire par un manque à gagner significatif pour les collectivités.

Autorisé par un État et appliqué localement, un district agricole est une zone créée pour une durée fixe et renouvelable, où l'activité agricole est encouragée par les avantages procurés aux propriétaires. Ces avantages peuvent inclure des limites sur la construction des équipements, une plus grande protection par rapport à l'annexion et l'expropriation, une éligibilité pour un programme d'achat de droit à bâtir et, souvent, une taxation préférentielle sur la propriété. Adaptable aux conditions locales, cet outil est flexible et plus efficace s'il est combiné au zonage agricole. L'inscription dans un district agricole, toutefois, est strictement volontaire, les avantages peuvent ne pas être assez attrayants pour les exploitants (surtout en zone périurbaine) et les sanctions liées au retrait du programme peuvent ne pas être suffisamment fortes pour empêcher la construction. Les districts agricoles peuvent encourager l'aménagement local, par exemple en limitant les autorisations de districts aux collectivités dotées de schémas spécifiques de protection des espaces agricoles et naturels.

Enfin, les lois sur le droit-à-exploiter sont conçues pour protéger les exploitants agricoles contre les procès pour nuisance. Certaines dispositions incluent une mention portée sur le titre des propriétés situées en zone agricole qui prévient les acheteurs de la possibilité de bruit, poussière, odeurs et autres inconvénients liés à l'activité agricole. Ces lois renforcent la position légale des agriculteurs vis-à-vis de nouveaux voisins non-agriculteurs et peuvent éduquer les résidents par rapport aux besoins de l'agriculture. Elles peuvent ne pas décourager l'engagement de poursuites pour nuisance.

En conclusion, des outils présentés ci-dessus, le zonage de protection agricole, la taxation à valeur d'usage, l'achat de droit à bâtir et la loi sur le droit-à-exploiter sont les plus utilisés (AFT, 2002 cité par Dissart, 2006). Certaines communautés combinent le zonage agricole, l'achat de droits à bâtir et le district agricole : le zonage stabilise rapidement la base foncière et l'inscription dans un district aide à prévenir la conversion de surfaces importantes tandis

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que les exploitants attendent de vendre une servitude de protection permanente sur leur terrain.

Les techniques présentées contribuent à protéger les espaces agricoles et naturels. La plupart des observateurs de l'usage du foncier estiment que les incitations fiscales sont l'outil de préservation le moins efficace, alors que des stratégies intégrées et complètes, qui combinent approches incitatives et réglementaires, sont les plus prometteuses pour une protection à long terme (AFT, 2002 ; Alterman, 1997 ; Beesley, 1999 cités par Dissart, 2006).

La protection la plus efficace implique donc une combinaison d'outils adaptée à la situation politique locale, aux propriétaires, à l'économie des espaces visés et à la pression d'urbanisation (Daniels & Bowers, 1997 cités par Dissart, 2006). Cette combinaison devrait viser un équilibre entre, d'une part, développement des ressources pour accommoder l'urbanisation et, d'autre part, protection de ces espaces.

En effet, un ensemble de techniques coordonnées constitue un facteur d'atténuation de la conversion des espaces agricoles et naturels, mais la volonté politique (et donc le soutien des populations locales) et les collaborations sont essentielles (Dissart, 2006).

Les techniques de protection devraient servir à garantir qu'une surface critique est protégée (contiguïté), que cette protection est durable (long terme), que les prix du foncier restent abordables (installation et agrandissement des exploitations) et que les conflits avec le monde non agricole sont minimisés (Daniels & Bowers, 1997 cité par Dissart, 2006). Outre les techniques décrites, des initiatives susceptibles d'améliorer la viabilité des exploitations comprennent la diversification des produits, la vente directe ou l'agri-tourisme. Le meilleur moyen de protéger les espaces agricoles et naturels, étant cependant, de maintenir la rentabilité de l'agriculture, de sorte que les exploitations restent en activité.

Au total, les outils et techniques décrits par Dissart en s'inspirant principalement des travaux de Daniels & Bowers (1997) pourraient être appliquées à la protection des espaces agricoles et naturels présentant une valeur productive, esthétique, paysagère, écologique ou récréative. La mise en oeuvre et l'efficacité de ces mesures dépendent non seulement des efforts coordonnés de tous les niveaux de gouvernements, des propriétaires fonciers et autres acteurs de l'aménagement, mais aussi de l'intégration des enjeux économiques, sociaux et environnementaux dans des programmes de protection complets.

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V.6. La mise en exergue de la fonction de production de l'agriculture devant

les fonctions identitaires

Une recherche menée en Guadeloupe par Dulcire et Chia (2004) a donné les résultats suivants sur ce débat:

«Les points de vue des différents acteurs peuvent être agrégés autour des trois fonctions prioritairement attribuées à l'agriculture:

La fonction économique : d'abord la production

L'agriculture est considérée comme une activité économique parmi d'autres. Sa fonction principale est de produire des richesses, par lesquelles elle participe au bon fonctionnement de la société. Elle est un secteur important de préservation et de création d'emplois directs et indirects par le biais d'activités de diversification non agricoles (tourisme rural, salariat à temps partiel). Elle contribue à l'identité culturelle et à son expression territoriale : création de paysages, structuration et aménagement du territoire.

Cette vision agrège deux sous-groupes de représentations distincts en relation avec les deux « modèles » de l'agriculture, et la prise en compte ou non de l'ensemble des activités : pour le premier sous-groupe, l'agriculture est d'abord une activité de production qui contribue à la richesse « nationale » en contribuant au PIB, à l'emploi, à la dynamique rurale. Pour l'autre sous-groupe, la fonction majeure de l'agriculture reste de produire. Mais d'abord des aliments : elle doit « nourrir un peuple », en commençant par l'agriculteur et sa famille. Pour cela, elle doit être performante et productive, c'est-à-dire, explicitement, menée par des agriculteurs « professionnels » à temps plein : elle s'oppose à la pluriactivité. Les impacts environnementaux négatifs sont à relativiser compte tenu du rôle stratégique de l'agriculture. Ces acteurs considèrent que certaines pollutions sont inévitables car inhérentes à l'activité agricole et par ailleurs exacerbées par les caractéristiques du milieu : insularité, pentes, sols fragiles, saturation foncière.

La fonction environnementale : d'abord la nature

L'activité agricole entretient une relation conflictuelle avec l'environnement qu'elle protège autant qu'elle le menace : elle ne représente même, chez certains, qu'un mal acceptable,

l'absence totale d'utilisation du milieu constituant la solution idéale. La fonction de 31

conservation de l'espace et de préservation de la biodiversité de l'agriculture est prioritaire. L'agriculture pratiquée doit être non-polluante, permettre un bon contrôle de l'érosion et ne pas faire l'objet d'aménagements destructeurs du milieu.

La fonction territoriale identitaire : d'abord la cohésion sociale

L'agriculture est (...) « naturellement » multifonctionnelle. Elle a une dimension sociale (défense de l'emploi), alimentaire (autosuffisance), d'aménagement territorial, économique (production directe de valeur, ancrage de systèmes d'activités complexes), paysagère, mais aussi culturelle (dynamisme des valeurs locales). Aucune fonction n'a a priori de prééminence sur les autres. La hiérarchisation ne peut être faite que par rapport à une problématique territoriale et faire l'objet d'un consensus entre les différentes forces vives du territoire.

Deux sous-groupes peuvent, là aussi, être distingués : un premier, pour lequel le renforcement des valeurs culturelles (...) est le résultat principal attendu d'une renaissance de l'agriculture. Un second, pour lequel cette composante identitaire, prégnante, représente le lien qui « donne sens » aux différentes fonctions assumées conjointement par l'agriculture».

L'analyse de ces différentes idéologies montre que les missions attribuées à l'agriculture sont très différentes et parfois contradictoires : production intensive, maintien de la biodiversité, maintien des traditions, maintien d'un paysage ouvert, recyclage des déchets urbains....

La question qui se pose maintenant est de savoir comment gérer les espaces agricoles par rapport à la ville, à la fonction de production de l'agriculture et aux exigences du développement durable: faut-il cloisonner ces trois aspects ou tenter de les réconcilier ?

L'optique d'un développement durable reviendra à calculer la valeur hors marché de l'agriculture et à examiner sous quelle forme on pourrait assurer la rémunération des services qu'elle rend à la société. L'utilité sociale ainsi créée permettrait de justifier les investissements nécessaires à son maintien ou à son développement.

Mais un tel raisonnement ne peut pas s'appliquer aux biens environnementaux. En effet, d'après Kah E. (2003), les biens environnementaux étant des biens non marchands, ils ne sont pas intégrés au marché, ce qui signifie qu'ils n'y sont pas monétarisés, alors qu'ils ne sont pas

dénués de valeur.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci