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Une agriculture urbaine durable à  Kigali (Rwanda)

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par Felicien SEBUHINJA
Universite du Maine (France) - Masterà¢â‚¬â„¢s degree en politiques territoriales et developpement durable 2010
  

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VII.1.4.2. Caractérisation sommaire des acteurs

a) Les acteurs institutionnels

Dans cette catégorie d'acteurs, on trouve notamment le RADA, le RARDA, le RHODA, le REMA, le NAFA, le RBS, le FDC, la ville de Kigali et ses districts, les différents ministères concernés (MINAGRI, ministère des terres et de l'environnement, ministères des forêts, ministère de l'administration locale, ministères des infrastructures ainsi que les institutions gouvernementales de soutien (eau et électricité, ....).

Le RADA est chargé entre autre de mettre en oeuvre la politique agricole nationale et le RARDA met en oeuvre la politique agricole nationale en matière d'élevage tandis que le RHODA est chargé de la promotion et du développement des produits horticoles. Bien que le ministère de l'agriculture n'accorde aucune importance spécifique à l'agriculture urbaine , il finance néanmoins certaines activités des districts urbains. Le RADA distribue des semences sélectionnées et des engrais et donne des formateurs au besoin. Il achète aussi la production aux producteurs. Un projet intitulé `'Rainwater harvesting project'' logé au RADA aide certaines écoles comme l'école secondaire saint André à faire l'irrigation au goutte à goute des cultures maraichères.

Le RARDA donne des vaccins pour bétail, distribue des vaches dans le cadre du projet `'one cow one family'' ainsi que des produits vétérinaires ad hoc et des semences fourragères. Il paye aussi les techniciens vétérinaires de secteur.

Le REMA est l'organe chargé de contrôler, de faire le suivi et de s'assurer de l'intégration des aspects environnementaux dans tous les programmes de développement national au Rwanda. Outre ces tâches, le REMA intervient entre autre dans la stabilisation des berges des rivières notamment la Nyabarongo et la récolte des eaux de pluie en collaboration avec la ville de Kigali. Il autorise les activités après analyse de leur impact environnemental.

Le fonds de développement communautaire (FDC) finance les projets des districts (y compris les projets agricoles des districts urbains).

Le Rwanda Bureau of Standards (RBS) fait la normalisation notamment des produits d'élevage et autres. Il contrôle la qualité des produits agricoles par rapport à ces standards fixés.

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Un cadre d'échange regroupant le MINAGRI et ses offices et la ville de Kigali et ses districts et techniciens a été décidé lors d'une séance de validation du plan stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine.

Une diversité de vues existe entre les acteurs de l'agriculture, de l'environnement et de l'urbanisme sur le programme de l'agriculture urbaine et périurbaine (document de plan stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine, 2009, p.30).

Au Rwanda, la deuxième phase de décentralisation de 2005 a transféré les pouvoirs et l'autorité du Gouvernement Central vers les Gouvernements Locaux rendant ainsi les Districts des entités légalement et administrativement autonomes.

Avec cette décentralisation, trois rôles et responsabilités ont été dévolus au niveau central (national) : la formulation des politiques, la mobilisation des ressources et le renforcement des capacités.

En matière d'agriculture urbaine et ses espaces, trois acteurs de la ville de Kigali sont directement concernés :

- les élus urbains ;

- l'administration et

- les services techniques (agricoles) ainsi que le projet PAPUK.

Les élus urbains constituent le conseil de la ville et du district, comité exécutif de la ville et du district, conseil de développement de la ville ou du district

L'administration de la ville est constituée par le comité exécutif de la ville ou du district, le conseil de district, secrétariat exécutif de la ville ou du district.

Les services techniques exécutent chacun en ce qui le concerne (eau, assainissement et énergie, agriculture, infrastructures et environnement, terres, urbanisme et habitat, ...).

En matière agricole, le service agricole et le projet PAPUK financé actuellement par la FAO, sont directement concernés. Sur le terrain, ils rencontrent d'autres acteurs dans une logique de participation, de gouvernance, de compétitivité et/ou de complémentarité, de partenariat financier, technique ou logistique.

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b) Les instituts d'expertise, de conseil, de recherche et de formation

Le rôle de telles institutions dans l'agriculture urbaine à Kigali n'est pas encore visible. Cependant, l'Institut des sciences agronomiques du Rwanda chargé de la recherche agricole, distribue entre autres des plants d'arbres agroforestiers.

c) Les institutions d'enseignement et de formation

L'impact de leurs activités ne se voit pas encore, mais aura une influence sur la trajectoire de développement de la filière à moyen et long terme.

Les formations actuellement proposées sont en rapport avec la filière agricole classique. On peut s'attendre à ce que ces cycles de formation se développent proportionnellement au développement de la filière : plus la filière prendra de l'importance, plus ces formations seront proposées. Le projet PAPUK a mis en place un centre de vulgarisation des microjardins à Gatenga et va installer des centres de formation et de démonstration en agriculture urbaine. En collaboration avec le service environnement de la ville des microjardins irrigués à l'eau de pluie vont être installés dans des ménages par le projet PAPUK en guise de démonstration tandis que le Gako organic farming training centre situé à Kabuga donne des formations en agriculture durable aux intéressés à ce type d'agriculture capable de payer les frais de formation (18 dollars US/personne/jour :http://www.ifoam.org/growing_organic/7_training/t_opportunities/africa/Orga nic_Farming_Training_Centre.html)..

d) Les porteurs de projet (agriculteurs, coopératives, entreprises agricoles,...)

Ce sont les acteurs clés de la filière. La ville de Kigali compte environs 2 158 agriculteurs et éleveurs regroupés dans 119 coopératives et associations reconnues officiellement au niveau de la Mairie et repartis dans différentes filières de l'agriculture urbaine et péri -urbaine dont 3 spécialisées en gestion de pépinières fruitières ou d'agroforesterie , 4 en apiculture, 30 dans l'agrobusiness, 20 dans l'agriculture et l'élevage, 22 dans les champignons, 12 dans l'agriculture pure, 16 dans l'horticulture et 12 dans l'élevage pure (stratégie d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine de Kigali, p.33). L'option coopérative est la plus préférée par la mairie mais les coopératives agricoles connaissent des problèmes de gestion.

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Une analyse des perceptions sur l'agriculture urbaine a permis de constater trois catégories d'agriculteurs urbains à Kigali (SEBUHINJA, 2009):

- des agriculteurs héritiers d'une culture agricole menacée dont certains pratiquent l'agriculture faute de mieux ;

- des agriculteurs innovateurs et

- ceux revendiquant un statut d'entrepreneurs.

La première catégorie est la plus dominante mais tout semble faire croire que s'ils trouvaient mieux, ils abandonneraient carrément l'agriculture urbaine. Les deux dernières catégories sont peu nombreuses et cela pourrait signifier que les gens hésitent à s'engager dans l'agriculture.

En matière d'élevage, les acteurs sont pour la plupart des fonctionnaires, des militaires, des commerçants,... en démarche entrepreneuriale mais brillant par l'absentéisme car ils ont d'autres occupations.

Les acteurs industriels sont constitués de laiterie (deux laiteries présentes dans la ville), d'abattoirs (deux abattoirs présents), de transformateurs de produits agricoles et leurs dérivés (minoterie, fabrication de purée de tomate, boulangerie, boucherie charcuterie, fabrications de bières et limonades, transformations de cuirs et peaux, fabrication d'aliment pour bétail,...).

Selon des informations recueillies sur le terrain, un grand projet de culture irriguée à Masaka est en cours d'étude en collaboration avec le ministère de l'agriculture et des ressources animales tandis qu'un grand marché régional de légumes et fleurs de 20 ha va être installé à Masaka (Kicukiro). Le projet PAPUK en collaboration avec le service environnement compte installer des jardins potagers arrosés à l'eau de pluie dans 50 ménages par secteurs.

e) Les organismes professionnels agricoles

A Kigali, malgré l'existence d'une chambre d'agriculture, son rôle dans l'agriculture urbaine n'est pas visible. Le syndicat agricole Imbaraga est actif dans les secteurs ruraux de la ville où il dispose des animateurs agricoles.

f) Les acteurs de la société civile

A Kigali, tout comme dans tous les districts du Rwanda, dans le cadre de la décentralisation, il a été créé un organe dit « Joint Action Forum » ou « Forum d'Action Conjointe » de partenariat

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entre tous les acteurs de développement et l'administration des Districts. Ce Forum d'Action Conjointe est un Forum réunissant tous les représentants des acteurs de développement du District (bailleurs, programmes/projets, société civile, secteur privé, confessions religieuses, ONGs, organisations philanthropiques, etc.) qui agissent d'une manière ou d'une autre et qui ont un rôle direct et ou indirect dans le développement du District.

Cet organe qui réunit à la fois des acteurs du secteur public, du secteur privé ainsi que ceux de la société civile contribue au développement durable du District depuis la planification jusqu'à l'évaluation en passant par l'exécution des actions de développement.

g) Les organismes de crédit

Ce groupe d'acteurs est destiné à accorder des crédits pour financer les projets agricoles. On peut y recenser entre autres organismes : Banque Rwandaise de Développement, Banque Populaire, Fonds de Développent Communautaire (FDC), Quelques organisations de micro finances, Quelques projets du MINAGRI comme RSSP (Rural Sector Support Project),...

L'accès au crédit est difficile dans la ville de Kigali, surtout s'il s'agit d'un crédit agricole9. Pourtant le financement des activités agricoles recourt souvent au crédit, car la plupart des opérateurs n'ont pas toujours de moyens propres pour développer leurs activités (document de stratégie d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine, 2009, p.48).

h) Les acteurs « annexes »

Leurs objectifs sont en général ceux de leurs membres : organiser la filière et attribuer à chacun des acteurs la place qui lui convient le mieux pour assurer la progression du secteur entier, en profitant des synergies possibles.

9 En période que l'on pourrait qualifier de normale, la tendance des prêteurs est de s'orienter vers des projets rentables dont le retour sur investissement et la production sont les plus rapides possibles. L'agriculture étant une économie à cycle long et soumise à beaucoup d'impondérables, elle s'en trouve pénalisée. D'autre part, la question de la lisibilité foncière est centrale et stratégique pour la pérennité économique de l'agriculture périurbaine. En effet, pour reprendre une exploitation comme pour créer une activité nouvelle, un agriculteur a besoin d'une visibilité au moins égale à la durée de remboursement de ses emprunts, soit entre dix et vingt ans en moyenne (Certu et al., 2008). Si la ville ne lui offre pas cette visibilité, les banques ne prendront pas le risque de l'accompagner et il ne pourra faire les investissements nécessaires à son activité (foncier, bâtiments, cheptel, machinisme... ).

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i) Les absents des jeux de la filière

Ces acteurs seront amenés, à jouer un rôle important, sans pour autant intervenir directement sur le destin de la trajectoire de développement de la filière.

En effet, un fait avéré et étiqueté comme tel est que, à Kigali, l'urbanisation est inéluctable. Les services d'habitat et d'infrastructures vont être très sollicités tandis que les services d'environnement seront dépassés par les impacts de cette urbanisation sur l'environnement (gestion des eaux dont le taux de ruissellement aura été augmenté par l'artificialisation des espaces, gestion des déchets. Les espaces prévus pour les constructions suffiront-t-il ? Que se passera-t-il si, au lieu de l'hypothèse standard (5,43% de taux de croissance) c'est l'hypothèse haute (8% de taux de croissance) qui se produit. Les espaces agricoles résisteront-ils à cette urbanisation et à son impact ? Les acteurs actifs aujourd'hui auront un intérêt à y voir une opportunité d'actions proactives de leur part ou une menace à faire sauter ou contourner.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard