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Estimation et stabilité de la fonction de demande de monnaie en Algérie

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par Anissa ATMANI
Université Abderrahmane Mira - Bejaia  - Master en Scs économiques  2016
  

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Introduction générale

Si la politique monétaire a, toujours, donné lieu à tellement de débats, c'est parce que l'objet de son contrôle, la monnaie, est lui-même un sujet permanant de controverses. L'un des exemples les plus célèbres du débat concernant l'influence de la monnaie sur l'économie est la réponse de Stuart Mill aux mercantilistes qui estimaient que la détention de monnaie est le signe de la richesse : « Il n'y a rien de plus insignifiant que la monnaie »1.

Les oppositions théoriques sur le rôle de la monnaie génèrent nécessairement des conséquences sue l'analyse des mécanismes de transmission des modifications du volume de monnaie en circulation. Le contrôle de l'évolution de l'agrégat monétaire est traditionnellement considéré comme l'un des objectifs intermédiaires de la politique monétaire alors que les objectifs finals sont fondés sur la recherche des prix stables et d'une croissance ferme. Cette distinction entre objectifs intermédiaires et finals repose sur le fait qu'il existe une relation relativement stable entre les deux types d'objectifs au cours du temps, la banque centrale peut agir plus aisément et plus directement sur l'agrégat monétaire que sur l'inflation et/ou sur la croissance (notamment par le biais des opérations d'Open Market ou les réserves obligatoires).

Comme tout bien, la monnaie est offerte est demandée. Si toutes les analyses considèrent que l'offre est exogène, c'est-à-dire est fixé de façon indépendante par le système bancaire, la demande de monnaie, elle, provient de tous les citoyens dont il est impossible de suivre les comportements et les motivations individuelles. La définition de la demande de monnaie diffère selon les auteurs et les écoles auxquelles ils appartiennent. En effet, certains ne prennent en considération que la monnaie au sens étroit qui permet effectuer des transactions (Théorie Quantitative de la Monnaie, Ecole de Cambridge), tandis que d'autre y intègrent certains instruments d'épargne (l'approche keynésienne). Aussi, lorsque l'on s'intéresse à sa mesure, ses variables explicatives sont nombreuses, aussi bien objectives, macroéconomiques comme le niveau général des prix et le taux d'intérêt, et microéconomique comme le revenu, que subjectives, par exemple l'incertitude et les risques de moins-values, de sous rémunérations ou d'illiquidité.

Depuis les travaux pionniers de Friedman [1956], la fonction de demande de monnaie a suscité l'attention des chercheurs, les décideurs et les gouverneurs aussi bien dans les pays développés et en développement. Selon Friedman et Schwartz [1982], Laidler, [1982], la demande de monnaie est un élément très important dans la formulation et la prise de décision

en matière de politique monétaire. De même, d'après Goldfeld [1994]2, la relation entre la demande de monnaie et ses principaux déterminants est un élément important dans les théories macroéconomiques et est un élément crucial dans la conduite de la politique monétaire.

L'importance de la fonction de demande de monnaie a mené plusieurs économistes à étudier empiriquement la relation entre la demande de monnaie et ses déterminants. L'un des objets des études empiriques est d'estimer la réaction de la demande de monnaie aux variations du revenu, du taux d'intérêt....etc. Au coeur de ces études sur la fonction de demande de monnaie est la question de sa stabilité. Friedman [1956], affirme que la demande de monnaie est stable, il stipule que « Les fluctuations aléatoires de la demande d'encaisses sont faibles et son évolution peut être prévue avec une précision raisonnable au moyen de la fonction de demande de monnaie »3. L'objectif d'étudier la stabilité de fonction de demande de monnaie est basé sur le fait qu'elle a des implications importantes sur la conduite de la politique monétaire et sa mise en oeuvre. Si cette fonction s'avère instable, alors il n'y a plus de politique monétaire assurée ni de possibilité de ciblage monétaire crédible.

La modélisation économétrique de la fonction de demande de monnaie a fait l'objet de nombreux travaux à la fois théoriques et empiriques, la plupart de ces études sont des variantes déduites de la courbe LM4 . On y régresse, par exemple, les encaisses réelles (Md/p) sur l'output réel (Yi) ou une autre mesure du volume des transactions dans l'économie, plus une variable comme le taux d'intérêt à court terme qui capte le coût d'opportunité de détention de la monnaie. Mais, de telles approches sont implicitement ou explicitement assises sur un double postulat de l'existence et de la stabilité d'une telle fonction. L'économétrie des séries non stationnaires a connu de nombreux développements à travers le temps notamment la théorie de la cointégration, proposée par Granger et Weiss [1983], formulée par Granger [1981] et développée par la suite par Engel et Granger [1987] et Johansen [1988, 1991]5. L'intérêt croissant de ce concept réside dans le fait qu'il autorise l'estimation et les tests des relations d'équilibre de long terme entres les variables. Cependant, la démarche classique peut parfois produire des résultats peu satisfaisants car la non-prise en compte des chocs majeurs dans la dynamique des données peut avoir des répercussions négatives sur la qualité du modèle ou

2 Kjosevski J. (2013), «The determinants and stability of money demand in the Republic of Macedonia», Zb. rad. Ekon. fak. Rij, vol. 31, pp. 35-54.

3 Mishkin F. et al. (2010), Monnaie, banque et marchés financiers, Pearson, France.

4 Note sur la monnaie dans les modèles macroéconomiques : Document de travail de l'université de Montréal. Automne 2001.

5 J. Paul K. et al. (2013), « Cointégration et modèle à correction d'erreur », LAREQ publications, vol. 8, n0 3.

6 Bouoiyour J. and Kuikeu O. (2007), « Relevance of the CFA France devaluation in January 1994: An evaluation by the real exchange rate equilibrium. The case of Cameroon », MPRA Paper, n0 31357, pp. 1-35.

même conduire à rejeter à tort l'hypothèse de coïntégration. En effet, Gregory, Nason et Watt [1994] et Campos, Ericsson et Hendry [1996], montrent par simulation de Monte Carlo que, la puissance asymptotique du test classique d'Engle et Granger [1987], s'amenuise considérablement en présence de break structurel dans la relation de cointégration6.

Problématique :

Inspirée des fondements théoriques d'origine monétariste, l'utilisation d'un agrégat monétaire comme objectif intermédiaire de la politique monétaire repose crucialement sur l'hypothèse de l'existence d'une fonction d'encaisses réelles stable à long terme, Friedman [1956]. Cette hypothèse est aussi un élément important de la nouvelle école classique (Sargent et Wallace [1975], Barro [1993]). Le gros de notre travail consiste dans ce sens, à estimer et vérifier cette hypothèse de stabilité de la fonction d'encaisses, dont l'enjeu économique et théorique n'est plus à relever. De manière spécifique, nous devrions :

1) Vérifier à l'aide d'outils économétriques appropriés, l'existence ou non d'une relation coïntégrante de demande de monnaie en Algérie ;

2) Déterminer de façon fiable un modèle de prévision de la valeur de référence de l'agrégat monétaire M2 en Algérie ;

3) Dégager un certain nombre de recommandations, nécessaires à une meilleure orientation de la politique monétaire.

De manière concrète, il a été question de vérifier s'il existe une fonction stable de demande de monnaie en Algérie. Cette stabilité constitue un critère important pour la mise en oeuvre d'une politique monétaire efficace, visant la stabilité des prix par le biais du contrôle d'un agrégat monétaire. Deux hypothèses vont être testées. La première, inspirée par McKinnon et al. [1984] et Ambler et McKinnon [1985], considère comme source d'instabilité économétrique l'omission d'une variable importante de l'analyse, c'est-à-dire le taux de change. La deuxième est l'existence, sur la période étudiée, d'un ou plusieurs changements structurels au niveau de l'économie Algérienne. Par exemple, en Algérie on peut recenser au moins trois changements susceptibles d'avoir influencé, directement ou indirectement, l'économie dans sa totalité. Ce sont le passage de l'économie planifiée à l'économie de marché ; l'instauration de la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit et l'ajustement structurel de 1994. Ce genre de problème se

répercute directement sur la qualité de l'estimation en biaisant des tests d'hypothèse et surtout ceux concernant la stabilité de la relation estimée.

Le moyen principal utilisé pour tester ces hypothèses est la cointégration, auquel s'ajoutent une série de tests spécifiques nécessaires à la détection d'un changement structurel. Cette approche, très en vogue ces dernières années, permet de déterminer des relations de long terme entre les variables. L'idée est très simple : la plupart des variables économiques ne sont pas stationnaires (c'est-à-dire leur premier et/ou deuxième moment dépendent du temps) ; ceci entraîne que les méthodes d'estimation classiques tels que les moindres carrés donnent lieu à des résultats sans fondements statistiques.

Tout au long de ce travail, nous essayerons de répondre au mieux aux différentes préoccupations ci-dessus posées. Pour cela nous organisons notre travail en quatre chapitres, le premier consiste en une brève revue de littérature théorique et empirique sur la demande de monnaie afin d'y ressortir les principaux déterminants de la demande de monnaie. Dans le second on s'intéressera à l'évolution macroéconomique de l'économie algérienne et de sa politique monétaire de 1990 jusqu'à ce jour. Dans le troisième chapitre on abordera les sources des données utilisées dans la modélisation, le choix des variables a été guidé par la littérature (théorique et empirique), la disponibilité et la fiabilité des données utilisées pour l'estimation de la fonction de demande de monnaie.

Et enfin, le dernier chapitre consistera en l'estimation de cette fonction par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) en tenant compte de la possibilité d'une rupture structurelle sur la tendance des séries macroéconomiques utilisées, compte tenu des différents évènements et mutations qu'a traversé l'économie algérienne sensés affecter fondamentalement la structure des données. Nous considérons que la prise en compte de breaks structurels dans l'estimation est indispensable si l'on veut éviter le risque de rejeter à tort l'hypothèse de cointégration. Nous pensons, cependant, que l'intégration de ces ruptures, ou changements de régime, dans les paramètres des relations de cointégration renforce le caractère empirique de la modélisation et peut conduire à des résultats ad hoc.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand