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Expérience de santé des familles vivants avec un membre épileptique: exemple dans la communauté Bangoua région de l'ouest Cameroun

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par Fabrice Gabin Nganga Pene
Fondation Tchuente Bafoussam -  Diplôme d'État d'infirmer 2016
  

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2.4.2.4 Les ressources et les forces mobilisées.

Parmi les stratégies déployées pour faire face à la maladie, la mobilisation des ressources, définies comme étant des capacités externes, et la mobilisation des forces ou capacités internes de la personne, sont les plus souvent mentionnées dans les écrits. Par ailleurs la motivation est présentée comme un facteur déclenchant cette mobilisation.

a) Ressources.

Le soutien social est évoqué comme ressource externe principale, selon la perspective individuelle de la personne atteinte. Le soutien social constitue une ressource pour « faire face » à la situation (Schreurs & de Ridder, 1997). Ainsi, la présence et les réactions des membres du réseau social à la maladie sont considérées comme des ressources. En revanche, la mobilisation de ces ressources par la personne pour « faire-face » est considérée comme une stratégie. La nature du soutien social dépend du statut social de la personne, de la structure du réseau familial et communautaire ainsi que de l'effet des relations et de leur potentiel de promotion de la santé (Luttik, Jaarsma, Moser, Sanderman, & Veldhuisen, 2005).

Plusieurs études se sont intéressées au soutien social dans le cadre de l'expérience de la maladie épileptique. La nature du soutien, son mode de mobilisation, son impact sur le rétablissement et l'implication des différents protagonistes du réseau social, sont mieux compris.

D'après Jensen et Petersson (2002) le conjoint est considéré comme la ressource la plus importante. Viennent ensuite les enfants, les belles-filles et les gendres, les amis et les voisins. Leur présence, lorsqu'elle encourage la personne et lui permet de tenir un dialogue intime ou, au besoin, de faire une confidence, apporte ainsi un bon soutien émotif. De même, ce réseau social qualifié de « profane » assure généralement un soutien instrumental ou tangible en assumant la responsabilité de tâches telles que le ménage, le jardinage, les réparations, les courses et le transport. En revanche, le soutien attendu du réseau professionnel est surtout de nature informationnelle. Les informations requises concernent la cause de l'épilepsie, la conduite à tenir en cas de crise épileptique, les effets des médicaments épileptiques et leurs effets secondaires, la durée du traitement, la possibilité d'un traitement alternatif, et surtout les conduites à tenir pour éviter des accidents liés à la cause (Jensen & Petersson, 2002).

Toutefois, le fait de percevoir les professionnels de la santé comme étant compétents et possédant des connaissances approfondies, tout en demeurant humains, procure aussi un soutien émotionnel. De même, les récits d'expériences de personnes qui ont vécu la même maladie peuvent parfois représenter une source d'information (Bergman & Berterô, 2003). De plus, ces récits apportent un réconfort par le fait de reconnaître ses propres symptômes, les examens subis, les traitements reçus ainsi que des réactions psychologiques vécues (Bergman & Berterô, 2003). Les résultats de cette étude mentionnent aussi que la perception d'une sensibilité de la part de l'employeur constitue une ressource importante. En effet, cette sensibilité procure le sentiment d'être accepté d'une part, par son employeur mais, d'autre part surtout par ses collègues de travail, malgré la diminution de son énergie physique et a fortiori de sa productivité.

Cependant, les ressources du réseau social mobilisées pour faire face à l'épilepsie diffèrent, selon le sexe. En effet, l'étude qualitative de Johnson et Morse (1990) auprès de sept femmes et de sept hommes qui ont vécu la maladie épileptique, démontre que les femmes ont tendance à ne pas accepter, voire à décourager, toute l'attention accrue de la famille. Ces femmes évitent même d'engager les membres de la famille dans les changements de leur mode de vie requis par leur condition, tout en reprenant rapidement les responsabilités ménagères. De leur côté, les hommes se réservent des périodes de repos, encouragent l'attention et l'engagement de la part de la famille, surtout de celle de leur épouse, tout en s'inquiétant de leur faiblesse physique et de l'éventuelle reprise du travail.

D'après Kristofferzon, Lôfmark et Carlsson (2003), le fait que les femmes puissent s'acquitter des activités d'entretien de la maison maintient leur estime de soi, en faisant référence à une forte identification à leur rôle de femme au foyer. Les auteurs de l'étude expliquent ce fait par l'importance de la sécurité apportée par l'adhérence aux rôles habituels. Autrement dit, quand le malade se rend compte qu'il est capable de maîtriser ses tâches quotidiennes, il se sent plus en confiance pour faire face à la maladie.

Cette explication est cohérente avec les résultats de l'étude qualitative de Helpard et Meagher-Stewart (1998). Les entrevues semi-structurées de huit femmes vivant avec l'épilepsie, démontrent que la reprise des activités ménagères maintient leur identité et leur estime de soi. Ainsi ces femmes ont tendance à minimiser leurs symptômes et à jauger leurs limites. Cependant, ces mêmes femmes sont sensibles au soutien de nature émotionnelle qui influe sur leur estime de soi et leur croissance personnelle.

Par ailleurs, Emery et al. (2004) ont mené une étude corrélationnelle comparative entre les femmes et les hommes, pour évaluer la qualité de vie et l'association de cette dernière au soutien social, et ce, au cours de la première année après une crise épileptique. Les participants, au nombre de 536, dont 35 % de femmes, vivant en Ohio aux États-Unis, ont rempli les questionnaires « Inter personal Support Evaluation List » et « Médical Out comes Study» où étaient évaluées les dimensions du soutien social et celles du fonctionnement physique et mental. Les résultats indiquent une corrélation positive entre le soutien social et la qualité de vie (Emery et al, 2004; Wingate, 1995). Plus spécifiquement, chez les femmes, le sentiment d'appartenance ou de compagnonnage, assuré par le soutien des pairs, est associé significativement avec la qualité de vie surtout émotionnelle (Emery et al, 2004).

En général, un réseau social permettant la participation active du malade à la prise de décision est considéré par ce dernier comme une ressource favorable à son rétablissement (Bergman & Berterô, 2003).

b) Forces

Les forces sont présentées dans les études principalement comme des qualités propres à l'individu. Dans ce cadre, l'étude qualitative de Jensen et Petersson (2002) visait à comprendre le processus de rétablissement de 30 personnes à deux moments: trois jours après le diagnostic de l'épilepsie et par la suite, dix-sept semaines après leur mise sous traitement au Danemark. Les entrevues semi-structurées ont orienté la recherche sur les causes perçues de la maladie et le sens qui lui est attribué, la qualité de la vie de tous les jours et la possibilité de reprendre le travail ainsi que les ressources de santé perçues comme étant positives. Les résultats ont démontré que la force, l'énergie et le courage mobilisés pour le rétablissement découlent d'une philosophie de vie positive et optimiste.

En effet, la reprise d'une activité professionnelle six mois après la première crise est à 90,9 % chez les épileptiques qui ont des attentes positives, alors qu'elle est seulement à 35,3 % chez ceux qui ont des attentes négatives (Havik & Maeland, 1987). De même, l'utilisation des forces internes et la mise en valeur de certains traits de personnalité comme la propension au bonheur, la paix de l'esprit, le sentiment de bien-être, la capacité de se concentrer sur autre chose, la capacité de pleurer, la régularité et la persévérance, l'humour et la capacité de résoudre les problèmes favorisent le rétablissement (Jensen & Petersson, 2002).

Par ailleurs, l'étude de Walton (1999), menée auprès de 13 participants et qui visait la compréhension de la signification et de l'influence de la spiritualité sur le rétablissement, après une crise épileptique, démontre que la spiritualité fournit force, espoir, pensées positives, confort, paix, bien-être et intégrité favorables au « faire face ».

c) Motivation

Bergman et Berterô (2003) expliquent « le pouvoir motivateur » comme étant un élan pour la vie « zest for life », une façon de penser et de pouvoir jouir de la vie en dépit de la maladie épileptique. La personne puise ce pouvoir motivateur dans sa spiritualité, dans la religion, le divin ou dans un amour profond pour quelqu'un. La motivation émerge de la volonté de regagner le sens du contrôle et d'être autonome (Bergman & Berterô, 2003).

L'étude corrélationnelle menée par deux chercheuses américaines, Moser et Dracup (1995), auprès de 76 patients démontre qu'après l'événement épileptique, la perception d'un sens élevé de contrôle des événements est un facteur prédictif du rétablissement psychosocial (Moser & Dracup, 1995). Par ailleurs, la croyance en son efficacité personnelle détermine la somme des efforts que la personne est prête à fournir pour maintenir un comportement favorable à la santé malgré, les difficultés qu'elle éprouve inévitablement (Gasse& Guay, 1997). En effet, selon une étude sur la réduction du risque des crises épileptiques, l'approche des soins de santé qui renforce la confiance des personnes dans leurs capacités est pertinente pour l'adoption de nouveaux comportements de santé (Houston, Miller, & Taylor, 1995), surtout pour les comportements qui concernent l'alimentation, les exercices physiques des personnes épileptiques et leur consommation de tabac (Rees, 1995).

Ces résultats correspondent à la définition de la motivation qui est basée sur la croyance en sa propre capacité d'influencer sa santé (F.Allen & Warner, 2002; Ford-Gilboe, 2002a; Gottlieb & Rowat, 1987).

d) Les apprentissages développés

Les stratégies et les efforts fournis pour faire face aux défis soulevés par expérience de la crise épileptique amènent la personne atteinte à acquérir de nouvelles compétences relatives aux apprentissages qu'elle a faits. D'après l'étude de Bergman et Berterô (2003), les participants mentionnent avoir acquis de nouvelles compétences découlant de l'apprentissage selon lequel il est important de prendre le temps et de profiter de ce temps, surtout après avoir pris conscience du caractère éphémère de la vie. Ils acquièrent la volonté et l'intention de prendre les choses en main et de ne plus se précipiter. Les pensées et les projets d'avenir sont définis dans le court terme et ils valorisent les petites choses de la vie. La patience nécessaire pour effectuer les changements et pour les maintenir prendra toute son importance. Les participants expriment surtout avoir pris conscience du fait qu'ils sont les mieux placés pour assumer la responsabilité de leur propre vie, pour avoir la capacité et l'autonomie en vue de décider de la qualité de cette vie et peut-être même d'en prolonger la durée.

Walton (1999) évoque le développement de la foi, le don de soi et la découverte spirituelle de sens et de but à la suite d'une crise épileptique. Il décrit cinq phases de cette découverte, qui ne sont pas nécessairement en ordre: 1) faire face à la mort et sentir la peur et le trouble ou l'agitation, 2) se débarrasser de ces sentiments par un travail d'introspection tout en se faisant confiance, et en faisant confiance aux traitements, aux soins de santé fournis et surtout à Dieu, 3) changer de style de vie, physiquement et psychologiquement, à la recherche d'un équilibre par exemple en suivant une diète, en arrêtant de fumer, en pratiquant des exercices, en devenant plus généreux, tolérant et attentionné, 4) chercher un but divin à travers l'introspection, la réflexion et la prière et 5)trouver une signification à la vie quotidienne.

D'après Jensen et Petersson (2002), la personne se dit plus compétente à reconnaître les symptômes des crises épileptiques, à les interpréter et à prendre la décision de consulter. Cette compétence concerne aussi la conjointe ou le conjoint.

Au-delà des apprentissages développés, les écrits démontrent que les personnes atteintes de l'épilepsie évoquent des changements positifs au sein de la famille. Ces changements sont le rapprochement, l'amélioration de la communication entre les différents membres, la concentration sur le moment présent et des attentes positives pour le futur. Selon la réaction familiale, elles peuvent percevoir un sentiment chaleureux de solidarité, de force et d'amour (Jensen & Petersson, 2002; Tapp, 1995). Même un comportement de surprotection, peut parfois augmenter l'estime de soi de la personne (Riegel & Dracup, 1992).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon