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Evaluation coà»t efficacité du projet de prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale

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par Noel Magellan Nino NSONG NTOCK
Institut Sous-régional Multisectiorel de Technologie, de Planification et d'Evaluation des projets - Master  2015
  

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b. La procédure d'harmonisation des coûts sur les deux premières phases du projet

Nous commençons la procédure d'harmonisation des coûts du projet par le choix d'une année de référence. Nous prendrons l'année du début du projet c'est-à-dire 2006 comme l'année de base. Nous corrigerons ainsi les déformations induites par le taux d'inflation et le taux de change en prenant pour référence leur valeur au début du projet. Lors de l'analyse des coûts du projet, nous avons précisé que les biens et les services utilisés pour mettre en oeuvre le projet peuvent être accessible localement ou à l'international. Nous utiliserons à ce titre deux déflateurs ; l'un pour les biens acquis sur le marché local et l'autre pour les biens acquis à l'étranger.

Le déflateur des prix des biens locaux est obtenu à l'aide du taux d'inflation. La procédure de construction de cet indicateur est la suivante ; d'abord l'on détermine le taux d'accroissement des prix qui est donné par la formule où t est le taux d'inflation exprimé en valeur nominale (c'est-à-dire pas en pourcentage). Etant donné que 2006 est l'année de base, on lui attribuera la valeur 1. Le taux d'accroissement pour une année donnée est obtenu comme le produit des taux d'accroissement des années précédentes en commençant à l'année de base. Pour l'année 2008 on aura par exemple . Le déflateur du prix des biens acquis localement n'est autre que l'inverse du taux d'accroissement calculé précédemment.

Tableau 3: Coefficients d'harmonisation des coûts (en milliers de F CFA)

selon l'origine de la dépense

Année

Déflateur du prix des biens locaux

Déflateur du prix des biens étrangers

2006

1,000

1,000

2007

0,989

0,953

2008

0,939

1,008

2009

0,912

1,013

2010

0,895

0,955

2011

0,870

1,010

2012

0,845

1,007

Source : Auteur

La deuxième colonne du tableau ci-dessus donne les valeurs du déflateur du prix des biens locaux pour les années. Celle-ci est de 0,989 en 2007 et 0,939 en 2008. Cette valeur s'interprète comme suit : 1000 F CFA en 2007 ont le pouvoir d'achat de 989 F CFA en 2006. De la même manière ces mêmes 1000 FCFA en 2008 ont le pouvoir d'achat 939 F CFA en 2006. Si l'on était amené à acheter tous biens sur le territoire national, avec un million de F CFA en 2007, on pourrait acheter les mêmes biens qu'avec 939 000 FCFA en 2006.

Le déflateur des prix des biens achetés à l'étranger s'obtient lui en utilisant le taux de change et le taux de d'inflation. Nous utilisons le taux de change de l'inde et de la Suisse qui sont les deux principaux pays vers lesquels les achats internationaux du projet sont menés. Le paiement du consultant international de longue durée qu'est l'Institut Tropical Suisse se fait en francs suisse. Les autres achats tels que les véhicules et d'autres biens d'équipement s'y font aussi. Les achats de préservatifs (masculins ou féminins) pour leur part se font généralement en Inde.

Tableau 4: Coûts déflatés du projet pour les phases I et II (en milliers de F CFA)

Année

Coûts internationaux corrigés

Coûts nationaux corrigés

Total coûts corrigés

(coûts réels)

Total coûts bruts

2006

1 213 847

539 636

1 710 476

1 753 483

2007

969 122

781 584

1 750 706

1 807 515

2008

54 254

489 538

543 792

574 999

Total Phase I

2 254 023

1 806 160

4 060 183

4 135 997

2009

200 592

468 111

668 703

711 382

2010

2 402 367

910 229

3 312 596

3 531 719

2011

3 134 244

854 190

3 988 434

4 086 817

2012

193 450

726 247

919 697

1 051 377

Total Phase II

5 950 830

2 932 510

8 883 340

9 381 294

Source : Auteur

Pour chacun des deux pays précédents, nous utiliserons une cotation du taux de change à l'incertain. La devise étrangère sera ici l'euro. En effet la structure qui finance le projet la KfW est dans la zone euro. Avec une cotation à l'incertain, lorsque la monnaie nationale s'apprécie, le taux de change diminue et inversement lorsqu'elle se déprécie, le taux de change augmente. Une dépréciation de la monnaie nationale est équivalente à une augmentation du pouvoir d'achat de la devise étrangère à proportion égale. Donc si la roupie indienne se déprécie par exemple 10 % d'une année à l'autre, cela équivaut à une hausse du pouvoir d'achat de l'euro de 10 % sur la période considérée. En prenant toujours ici comme année de base l'année 2006, l'accroissement du taux de change d'une année donnée par rapport à sa valeur en 2006 est donné comme le rapport entre le taux de change de l'année considérée et sa même valeur en 2006. Explicitement cela se traduit par la formule suivante

A l'effet du taux de change, il faut corriger l'effet de l'inflation dans le pays considéré. En effet Si la monnaie se déprécie de 10 % mais qu'à l'opposé les prix eux augmentent de 5 %, le gain définitif du pouvoir d'achat de la devise étrangère sera uniquement de 5 % (soit 10 % moins 5 %). En calculant un déflateur local et en le multipliant par la grandeur calculée précédemment, on obtient le déflateur du prix des biens acquis à l'étranger.

Les coûts (nationaux et internationaux) corrigés sont eux obtenus en multipliant le déflateur correspondant par le coût équivalent. La somme des « coûts nationaux » corrigés et des « coûts internationaux » corrigés donne les coûts annuels totaux corrigés des effets de l'inflation et du taux de change. Le tableau précédent nous fournit les valeurs obtenues après calcul. Une fois de plus l'équivalence pour l'année 2006 émane du fait que nous l'avons pris comme année de référence. Dans l'ensemble il apparait que la correction a induit une baisse. L'équivalent réel des coûts mis en oeuvre est en général plus faible que leur valeur nominale pour les sept années considérées. La plus grande variation apparait en 2012 avec une baisse de 13 %. Les coûts réels des phases I et II ont baissé de 2 % et 5 % respectivement par rapport ces coûts nominaux respectifs.

Une interprétation simple de ces valeurs est la suivante ; en considérant l'année 2007, le coût nominal du projet était de 1,8 milliards et son coût réel était de 1,75 milliards. Cela veut dire que bien que l'on disposait de 1,8 milliards en 2007 l'on ne pouvait acquérir des biens qu'à hauteur de 1,75 milliards sur la base des prix de 2006. Autrement les 1,8 milliard de l'année 2007 équivalent à 1,75 milliards en 2006. Ainsi bien que en termes nominaux le coût du projet en 2006 ( 1 753 483 000 F CFA) soit inferieur à celui de 2007 ( 1 807 515 000 F CFA) en termes réels c'est-à-dire par la capacité du pouvoir d'achat les dépenses consenties en 2006 apparaissent plus élevées que celles consenties en 2007.

Le traitement effectué ici sur les coûts en vue de les uniformiser se justifie donc en ce sens qu'il permet de passer des valeurs nominale aux réelles ; et ainsi nettoyer les distorsions induites par la variation des prix et du taux de change d'une année à l'autre. En l'absence d'une telle analyse on serait par exemple tenté d'affirmer que les coûts du projet étaient plus élevés en 2007 qu'en 2006. Une fois ce lissage des coûts du projet opéré, nous procédons à l'évaluation des résultats du projet c'est-à-dire à la mesure de l'efficacité de celui-ci. C'est l'objet des développements ci-dessous.

L'évaluation coût efficacité a été présentée comme un type particulier d'évaluation économique (largement utilisé dans le domaine de la santé) qui analyse aussi bien les coûts et les effets d'une ou plusieurs interventions afin de se prononcer sur leur faisabilité (dans le cadre des analyses prospectives) ou sur leurs performances relatives (analyses rétrospectives). En sus de la présentation des concepts clé, les traitements des coûts du projet on été effectués. Conformément à la définition donnée sur l'évaluation coût efficacité, on s'attend logiquement à présent l'évaluation des effets du projet ; c'est l'objet du chapitre suivant.

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