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à‰tude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haà¯ti.

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par Riphard Serent
Université Quisqueya - Economie 2009
  

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Faculté des Sciences Economiques et Administratives

(FSEA)

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti :
Octobre 1992 à Septembre 2007 »

Mémoire de sortie de Riphard Serent

Pour l'obtention du grade de licence en Sciences Economiques
Sous la direction du professeur Michel Thébeau

Novembre 2009

1

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

2007 »

[Novembre 2009]

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS i

RESUMÉ ii

LISTE DES SIGLES UTILISÉS DANS LE TRAVAIL iii

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES v

LISTE DES ANNEXES vi

TABLE DES MATIERES 1

INTRODUCTION GÉNÉRALE 3

JUSTIFICATION .3

PROBLÉMATIQUE .4

HYPOTHÈSE .5

OBJECTIFS DU TRAVAIL .5

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ..6

Chapitre I : Cadre conceptuel, revue de la littérature théorique et

empirique 7

1.1 Cadre conceptuel 7

1.1.1 Taux de change.................................................................. 7
1.1.2 Transferts privés.........................................................................9

1.1.3 Migration........................................................................ 9

1.2 Revue de la littérature théorique 12

1.3 Revue de la littérature empirique 18

Chapitre II : Cadre d'une analyse descriptive, les transferts et la balance des

paiements d'Haïti 22

2.1- Cadre d'une analyse descriptive ..22

2.1.1- Les transferts de fonds vers Haïti de 1992 à 2007 ..23

2.1.2- Procédures d'ajustement des transferts privés et interventions de la BRH

sur le marché des changes 23

2.1.3- Le taux de change d'Octobre 1992 à Septembre 2007 ..25

2.1.4- La variation des transferts et celle du taux de change de 1993 à 2007......27

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2.1.5 -La part des transferts de devises dans le PIB nominal de 1993 à 2007.....28

2.2 -Les Transferts de devises et la Balance des Paiements d'Haïti (BDP) 29

2.2.1- Les effets quantitatifs des transferts privés de la diaspora 29

2.2.2- Les transferts privés et les exportations d'Haïti de 1993 à 2007 30

2.2.3- Les transferts privés et l'aide externe de 2002 à 2007 32

Chapitre III : Modélisation de l'impact des transferts privés sur le taux de

change pour la période d'Octobre 1992 à Septembre 2007 ..34

3.1- Description de la base de données 34

3.1.1 Transferts privés (TRANS) et Taux de change (TXCH) 34

3.1.2 Masse monétaire (M2)............................................................... 35

3.1.3 Indice prix à la consommation (IPC) 35

3.2- Présentation et interprétation du modèle 36

3.2.1 Méthodologie ........................................................................... 36

3.3- Spécification et Estimation du modèle ..38

3.4- Dynamique du modèle et Analyse des résultats 41

COCLUSION ET RECOMMANDATIONS 45

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE .48

LIENS INTERNET CONSULTÉS 56

3

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Introduction générale Justification

La libéralisation brusque de l'économie haïtienne en 1986 a laissé derrière elle certaines tares dont la non réparation continue de faire de ce pays, le plus pauvre de l'hémisphère occidental. Les politiques économiques des différents gouvernements qui se sont succédé pendant plus d'une vingtaine d'années, n'ont jamais pu satisfaire les attentes de toute une population assoiffée d'une amélioration de ses conditions socio-économiques. Malgré la multiplication d'importantes aides internationales depuis plus de 15 ans, et en dépit de la mise en application de plusieurs programmes1 de relance économique, les indicateurs sociaux et macroéconomiques2 continuent d'inquiéter plus d'un et laissent entrevoir les raisons pour lesquelles bon nombre d'Haïtiens ont manifesté le désir d'émigrer vers une terre étrangère. Ce phénomène d'expatriation, communément appelé « Migration haïtienne », a pris une dimension considérable et a donné, en retour, naissance à une nouvelle source importante de devises de l'économie haïtienne, à savoir, « les transferts privés de la diaspora » dont la manifestation à travers le pays nous amène à concevoir et à réaliser une telle étude. Nous savons qu'en vertu de la cotation du taux de change3, il existe un lien étroit entre ce dernier et le volume de devises4 qui circule dans l'économie. Il serait donc opportun pour nous, d'étudier les apports surtout économiques de ces afflux de devises qui rentrent continuellement dans l'économie haïtienne, notamment le comportement du taux de change face à elles.

Outre l'optique de doter le public de certaines informations utiles relatives aux implications des transferts de la diaspora haïtienne vers Haïti, ce travail de recherche a surtout une portée académique. Il nous permet de mettre à la disposition de la sphère estudiantine un document traitant l'évolution d'une variable de plus en plus pertinente dans l'économie haïtienne, et sur laquelle on ne retrouve pas d'études académiques proprement dites.

1 En remontant à 2004, on a connu successivement : le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), le Programme d'Ajustement Structurel (PAS), le Programme à Impact Communal (PIC), Facilité d' Ajustement Structurel Renforcés (FASR), Pays Pauvres Très endettés (PPTE) et le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP).

2 Voir en annexe le tableau de synthèse de la conjoncture socio-économique haïtienne.

3 Notre taux de change est coté à l'incertain : une quantité de gourdes pour un dollar américain.

4 En parlant de devises dans le contexte haïtien, on se réfère au dollar américain.

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Problématique

Le phénomène des transferts privés des émigrés, tant des pays en développement, des pays à faible revenu de la région des grands lacs d'Afrique Central, que ceux de l'Amérique Latine et de la Caraïbe, commence à intéresser de nombreux chercheurs et économistes à travers le monde. Ces intérêts se manifestent notamment auprès de ceux du groupe de la Banque Mondiale (BM), de l'Organisation Internationale de la Migration (OIM) et de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), à travers la recherche des impacts du phénomène de la migration internationale. Akotènou (2006) a précisé d'un côté que, selon les estimations de la Banque Mondiale, les transferts des travailleurs migrants ont dépassé les 232 milliards de dollars américains en 2005. Sur ce total, 167 milliards ont eu pour destination les pays en développement, soit le double de l'aide au développement. D'un autre coté, Tom et Wets (2006) ont mentionné que, selon la même source et au cours de la même année, la diaspora d'Amérique du sud et des caraïbes ont transféré 33 milliards de dollars vers leur région d'origine par des mécanismes institutionnels.

Les estimations de la Banque de la République d'Haïti (BRH) révèlent, de leur part, que d'Octobre 1992 à Septembre 2007, les transferts privés de la diaspora haïtienne sont passés de 6.11 millions de dollars à 114.5 millions en la même période. En d'autres termes, de 1993 à 2007 les transferts de la diaspora sont passés de 64.2 millions de dollars à près de 1.3 milliards, soit une progression de 84.01% avec une croissance5 moyenne annuelle de 28%. Par ailleurs, les dernières statistiques de la BID rapportent que ces transferts privés devraient accuser un montant beaucoup plus élevé, soit plus de 1.65 milliards6 de dollars en 2007. L'accroissement fulgurant de ces transferts, représentant plus de 50%7 de l'offre de devises dans l'économie haïtienne, nous amène à nous demander, qu'en l'absence de ces derniers, n'aurait-on pas enregistré une dépréciation beaucoup plus forte que les 71.44% du taux de change en Septembre 2007 ?

Depuis l'adoption par plusieurs économies, dans les années 1970, du régime de taux de change flexible au détriment du régime fixe, les fluctuations du taux de change ont commencé à

5 Calcul des Auteurs

6 En 2006, les estimations de la BID ont révélé que les transferts privés étaient de l'ordre de 1.65 milliards de dollars.

7 Rapport annuel de la BRH, 2006

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susciter divers questionnements et opinions au niveau des analyses économiques. Ces questionnements et opinions s'inscrivaient, non seulement dans le cadre de la recherche des impacts de ces fluctuations du taux de change sur des variables économiques, mais aussi de leurs déterminants quantitatifs ou qualitatifs. En effet, d'Octobre 1992 à Septembre 2007, le taux de change en Haïti est passé de 10.51 gourdes à 36.08 gourdes pour un dollar américain, soit une dépréciation8 de 71.44% en 10 ans.

Cette pertinence des transferts nous interpelle et nous instigue à rechercher son importance ou encore ses impacts dans l'économie haïtienne, notamment sur le taux de change. Ainsi donc, sachant que, dans la réalité, la rareté du dollar américain sur le marché des changes influence le taux de change, les transferts de devises de la diaspora, ont-ils un impact sur la variation du taux de change ? D'une façon générale et comme question de recherche, l'on se demanderait : quelles sont, en fait, les implications économiques des transferts de devises de la diaspora sur le taux de change en Haïti? Nous allons tenter d'apporter des éléments de réponses provisoires à ces questions à travers la formulation de notre hypothèse de recherche.

Hypothèse de recherche

H1 : Étant une rentrée de devises sans contrepartie, le volume des transferts privés de la diaspora se répercute sur le taux de change en Haïti.

Ce qui veut dire, lorsque le volume des transferts est important dans l'économie, le prix du dollar diminue sur le marché local des changes, d'où une certaine appréciation de la gourde par rapport au dollar. Dans le cas contraire on pourrait obtenir une dépréciation du taux de change.

Objectifs du travail

Dans le cadre de notre travail, nous nous donnons pour objectif majeur la recherche, à travers des analyses économétriques, d'un éventuel impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change, pour la période allant d'Octobre 1997 à Septembre 2007. De plus, nous n'allons pas écarter la possibilité de faire ressortir les apports de ces transferts de devises, en tant

8 La dépréciation de la gourde a été calculée à partir du taux de croissance de la valeur externe de la monnaie : (vt-vt-1)/vt-1=1/ taux de change courant.

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que source de financement extérieur, au niveau de la balance des paiements9 face aux exportations et à l'aide internationale constituant deux autres sources de devises de l'économie haïtienne.

Démarche méthodologique

Pour parvenir à réaliser cette étude, beaucoup d'ouvrages, d'articles et des sites Internet ont été consultés à dessein d'élaborer notre problématique et d'alimenter les deux premiers chapitres de notre cadre théorique et empirique. Pour construire notre modèle économétrique, nous utiliserons des données recueillies auprès de certains organismes officiels tels la Banque de la République d'Haïti (BRH) et l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI).

Notre travail est divisé en trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous essaierons de bien cerner le sens des concepts clés du travail à travers un cadre conceptuel, et ensuite, nous passerons en revue les différentes approches théoriques et empiriques relatives à notre travail. Le deuxième chapitre sera axé sur un cadre d'analyse descriptive des transferts privés de la diaspora et du taux de change dans l'économie haïtienne au cours de la période d'étude, d'une part ; d'autre part, on essaiera d'étudier, de façon analytique, le rôle, sinon les effets positifs de ces transferts de devises au niveau de la Balance des Paiements d'Haïti. Le dernier chapitre du travail concerne un cadre d'analyses économétriques à partir du logiciel E-views 4.1, en vue de détecter un éventuel impact des transferts de la diaspora sur le taux de change en Haïti pour la période d'étude.

9 Un document statistique qui enregistre, pour une période donnée, toutes les transactions du pays avec le reste du monde.

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Chapitre I : Cadre conceptuel, revue de la littérature théorique et empirique

L'objectif de ce chapitre revêt un double aspect. Il s'agit, dans un premier temps, de mettre l'accent sur les concepts clés répondant à une meilleure compréhension de notre travail; dans un second temps, nous établirons, de manière sélective, une revue de littérature théorique et empirique de travaux de recherche relatifs aux transferts privés et au taux de change.

1.1- Cadre conceptuel

Dans le but de faciliter la compréhension de notre travail de recherche, il nous importe de nous arrêter sur certaines notions clés dont il nous faudra délimiter les aspects qui nous intéressent; ces concepts clés sont : taux de change, transferts privés, migration.

Taux de change

En général, les taux de change sont les cotations sur le marché des cours des devises étrangères en termes de monnaie nationale, ou, ce qui revient au même, l'inverse, c'est-à-dire les cours en termes de monnaie étrangère de la monnaie nationale. En tant que tels, ils sont les taux de change entre monnaies qui sont utilisées dans la plupart des transactions qui passent les frontières, qu'il s'agisse du commerce international, du tourisme, des investissements internationaux ou des flux monétaires à court terme entre pays.

? les différents types de taux de change

Le taux de change peut être coté soit à l'incertain, soit au certain : à l'incertain, il représente le nombre d'unités de monnaie nationale qu'il faut fournir pour avoir une unité de monnaie étrangère; dans le cas d'Haïti par exemple, au 30 septembre 2007 il fallait 43,04 gourdes pour 1 dollar américain. Tandis qu'au certain, le taux de change, représente le nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale; par exemple, à un moment donné il fallait 54 gourdes 10 pour 1 euro. A noter que la cotation à

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l'incertain est cohérente avec le fait que la hausse de tout prix10 déprécie la valeur réelle de la monnaie locale. En effet, la hausse du taux de change coté à l'incertain correspond bien à une dépréciation de la monnaie nationale (et à une appréciation des devises).

? Taux de change effectif et taux de change bilatéral.

Comme chaque pays effectue des transactions et a des relations d'investissement avec un certain nombre d'autres pays, aucun taux de change unique ne peut mesurer correctement le pouvoir d'achat de la monnaie nationale en termes généraux de devises étrangères. On a ainsi développé le concept de taux de change effectif pour obtenir une évaluation du cours moyen pondéré des devises étrangères en termes de la monnaie nationale. Le taux de change bilatéral est par définition, le taux de change relatif des monnaies de deux pays.

? Taux de change au comptant et taux de change à terme.

Le taux de change au comptant est celui que l'on utilise dans les opérations de change au comptant11 ; c'est celui qui a été pris en compte dans notre définition principale du taux de change. Le taux de change à terme (T) est celui qui est défini pour les opérations de change à terme entre deux devises. Il est défini en fonction du taux au comptant (E) à partir de la relation suivante : T=E*(1+r'/1+r), ou r et r' sont respectivement les taux d'intérêt pour le terme convenu dans chacun des deux pays.

? Taux de change nominal et taux de change réel.

Par définition, le taux de change nominal mesure le prix relatif de deux monnaies alors que le taux de change réel mesure le prix relatif de deux paniers de biens, des produits nationaux par rapport aux produits étrangers en monnaie nationale ; il correspond au rapport de deux pouvoirs d'achat, en ce sens, il constitue un indicateur de la compétitivité-prix12 du pays

? Les déterminants du taux de change

Les études empiriques traditionnelles sur les taux de change décrivent l'évolution de ces derniers en fonction d'un ensemble de variables macroéconomiques fondamentales telles que les

10 Celui de la devise étrangère

11 Les cotations sur le marché au comptant se traduisent concrètement par deux prix : un cours acheteur et un cours vendeur, la différence entre les deux représente la marge de la banque.

12 Le taux de change réel mesure en définitive le pouvoir d'achat externe de la monnaie, c'est-à-dire son pouvoir d'achat sur les biens étrangers.

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prix, l'offre de monnaie, les taux d'intérêt, les écarts de productivité, la dette publique, les termes de l'échange et les actifs étrangers nets, habituellement exprimés en écarts entre les pays.

Transferts privés

Pour l'Organisation Internationale de la Migration (OIM), les rapatriements de fonds désignent tous les transferts monétaires effectués par les migrants vers leurs pays d'origine ; en d'autres termes, les flux financiers associés à la migration. Dans la plupart des cas, les envois de fonds sont des transferts monétaires effectués à titre individuel par un travailleur migrant ou un immigré au profit de proches dans son pays d'origine. Ces envois de fonds sont communément appelés transferts privés. Dans le cadre de notre travail nous avons donné différentes appellations à cette variable : Transferts de devises, transferts de fonds ou transferts tout court. Les travaux de recherche qui analysent ce phénomène nous fournissent de précieuses données descriptives cependant limitées en raison des contraintes sur les plans géographique, socioculturel et temporel auxquelles ces derniers font face.

? Les déterminants des transferts privés

Selon l'OCDE, le niveau des flux de transferts opérés par un émigré dépend à la fois de ses possibilités, à savoir, son revenu et la partie qu'il épargne de ce revenu et aussi sa motivation à rapatrier ses économies dans son pays d'origine. Au fait, l'une des méthodes d'étude des déterminants des flux de transferts consiste à analyser les motifs qui animent les migrants au moment d'envoyer de l'argent ; toutefois, les ouvrages qui traitent la question distinguent comme déterminants des transferts privés : l'altruisme pur, le simple intérêt personnel, les arrangements tacites avec la famille restée dans le pays natal et les décisions de gestion de portefeuille. D'un autre côté, comme le fait remarquer Stark (1991), il n'existe pas de théorie générale des transferts de fonds.

Migration

Selon l'OIM (Organisation International pour les Migrations), les définitions de la «migration» et par extension du «migrant» reposent sur des contextes politiques, sociaux,

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économiques ou culturels distincts qui peuvent varier13 énormément. Le phénomène migratoire présente de réelles variations quant à sa signification sociale et économique et on peut élaborer une typologie de la migration en se fondant sur diverses distinctions. De ce fait, la politique migratoire et la gestion des migrations seront influencées par les distinctions retenues pour les définitions pratiques. Par exemple, les choses peuvent se définir sous un angle géographique («migration»), ou sous un angle humain («migrants»). Vu sous un angle géographique, «la migration» est le mouvement d'une ou de plusieurs personnes d'un endroit vers un autre et le franchissement de frontières administratives ou politiques dans l'intention de s'installer, définitivement ou temporairement, dans un endroit différent de leur lieu d'origine. On peut également établir une distinction entre «le pays d'origine», à savoir le point de départ, et «le pays de destination», à savoir le point d'arrivée. Par ailleurs, bien souvent la migration ne se produit pas directement entre un point d'origine et un point de destination, mais passe par un ou plusieurs «pays de transit».

Vu sous un angle humain, toute personne qui quitte son pays dans l'intention de résider dans un autre, est appelée «migrant» ou «émigré». Dans le nouveau pays, cette personne sera considérée comme un «immigrant» ou recevra une appellation analogue déterminée par la législation, car chaque Etat établit ses propres lois en matière d'immigration. Le terme «migrant» est plus général que «émigrant » ou «immigrant» car il ne précise pas la direction du mouvement.

? Bref survol de la migration haïtienne

Les premiers grands mouvements migratoires remontent au début du 20ème siècle, particulièrement entre 1915 et 1934 avec l'occupation américaine. Les principales destinations se résumaient essentiellement à Cuba et la République Dominicaine dans les plantations de canne à sucre ; l'Amérique du Sud dans la construction du canal de Panama ; et aussi la France.

Entre 1950 et 1960, on assiste à une émigration croissante vers les Bahamas du fait que le tourisme pendant cette période nécessité une main-d'oeuvre abondante et bon marché (dans la construction de routes, d'hôtels et dans les services) que Haïti est notamment prête à offrir. Le

13 jl n'est guère aisé de donner une définition acceptée universellement; l'existence de définitions variées se traduit par une variation des critères statistiques, elle est une source de difficultés dans la comparaison des données.

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secteur agricole du sud des Etats-Unis attirent également les Haïtiens vers la fin de cette période (plantation et coupe de bois, culture de la tomate, etc.)

A partir des années 1960, on assiste à la première grande vague de fuite de cerveaux ; en effet, l'Europe, l'Afrique, l'Amérique du Nord et les Caraïbes constituent les principales destinations. Cette vague d'émigration est attribuable aux persécutions politiques et aux états de violence qui caractérisent le régime des Duvalier dès 1957.

Vers le début des années 1970, les Haïtiens commencent à quitter le pays directement des campagnes, et cela souvent sur des embarcations de fortune. En effet, en 1972, les premiers boat people arrivent à Miami. La Floride est de nos jours, un des Etats ou la croissance démographique haïtienne en diaspora est la plus importante14.

Dans les premiers mois qui suivent la fin de la dictature des Duvalier en 1986, Haïti connait un solde migratoire positif, c'est-a-dire, les Haïtiens de la diaspora retournent en masse au pays tandis que les vols de départ n'ont pas beaucoup de succès. Mais, la succession des gouvernements militaires sur fond de crise politique inversent rapidement le mouvement. Cependant à la fin des années 1990, on retrouve le même mouvement migratoire que celui des années 60 ou l'émigration des cadres de l'administration publique et des professionnels de la classe moyenne devient monnaie courante. C'est la deuxième plus grande vague de fuite de cerveaux que subit le pays en moins de 50 ans.

Pour mieux comprendre les différentes approches faites des concepts clés du travail, on va essayer de les placer dans un contexte de revues de littérature qui constituent la deuxième partie essentielle de ce chapitre.

11

14 Pour la seule année 1980, plus de 12000 Haïtiens étaient arrives illégalement sur les cotes de la Floride

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1.2- Revue de la Littérature Théorique

On a développé au fil des ans, diverses théories partielles de la détermination du taux de change, qui peuvent, si on les combine, fournir une explication suffisante, quoiqu'imparfaite, des nombreux facteurs qui influent sur des taux de change déterminés par le marché ou, flottants. Parmi ces théories, relevons seulement :

? La théorie de la parité de pouvoir d'achat, ou théorie monétaire, se fondant sur
l'observation d'après laquelle le taux de change est le prix relatif des différentes monnaies, se concentre sur le pouvoir d'achat relatif des différentes monnaies en termes de biens et services. La théorie implique que les taux de change évoluent de façon à compenser les taux d'inflation relatifs dans les différents pays, compte tenu des modifications dans les poids relatifs des biens entrant dans le commerce international et des biens qui ne font pas l'objet de transactions internationales15. La plupart des faits connus laissent penser que cette théorie n'est une approximation correcte de la réalité qu'a long terme, sauf dans les situations d'hyperinflation, parce que les biens qui font l'objet d'échanges internationaux ne passent pas immédiatement d'un marché à l'autre de façon à égaliser les prix.

? La théorie de l'efficacité des marchés postule que le taux de change à terme prédit
sans ambigüité le futur taux de change au comptant auquel on peut s'attendre. Les mises à l'épreuve de cette théorie laissent penser qu'elle peut être correcte en moyenne, mais que les taux de change à terme ne prédisent pas très bien les variations des taux de change, ce qui révèle la présence d'un risque substantiel dans les spéculations fondées sur les variations des taux de change.

? La théorie de la parité des taux d'intérêt se concentre sur les mouvements des
capitaux et sur les facteurs qui déterminent le rapport entre le taux de change au comptant et le taux de change à terme. Une comparaison entre le rendement d'actifs à court terme détenus en une monnaie et le rendement d'actifs détenus en une autre monnaie et couverts contre le risque d'une variation du taux de change révèle que l'arbitrage égalisera le taux d'intérêt national au

15 Cette précaution est nécessaire, parce que la théorie repose sur l'égalité des prix des biens entrant dans le commerce international, alors que les prix des biens qui échappent au commerce international peuvent être très variables d'un pays à l'autre.

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taux d'intérêt étranger majoré de la prime à terme sur la devise étrangère. La formule est la suivante :

où et sont les taux d'intérêt à court terme national et étranger, exprimés en pourcentage

par période, y est le cours à terme de la devise étrangère livrable à la fin de la période, x est le cours au comptant, et (y-x)/x est la prime à terme sur la devise étrangère, en pourcentage par période (Levich, 1979). Les faits montrent que cette théorie est généralement correcte, sauf quand les contrôles des capitaux, le risque de contrôles futurs sur les capitaux ou d'autres types d'incertitudes du marché prennent de l'importance. Ces facteurs ont souvent de l'importance dans les comparaisons entre les marchés financiers nationaux de différents pays, mais ne jouent généralement pas dans les comparaisons entre les taux d'intérêt sur le marché des eurodevises.

? La théorie des taux de change fondée sur le marché des actifs intègre en une
théorie achevée les diverses autres théories, théorie qu'on peut appréhender en termes de flux dans la balance des paiements (Branson, 1979). Selon cette optique le taux de change est déterminé à court terme par l'égalité de l'offre et de la demande d'actifs libellés en différentes monnaies. Les demandes de ces actifs dépendent des taux d'intérêt relatifs, des primes à terme, et des anticipations relatives aux variations des taux de change sur lesquelles insistent les théories de la parité des taux d'intérêt et de l'efficacité des marchés. Les modifications dans les quantités de ces actifs offertes aux détenteurs de richesse privée des différents pays dépendent des excédents et des déficits du compte courant de la balance des paiements et de l'intervention de la banque centrale sur les marchés des changes.

D'un autre côté, l'impact des transferts de fonds sur les pays bénéficiaires est le thème de très nombreux ouvrages d'économie. La plupart des analyses y relatives se sont focalisées sur trois grands thèmes : une première série d'ouvrages examine l'impact direct des transferts de fonds sur la répartition du revenu, la réduction de la pauvreté et le bien-être individuel ; une deuxième série se concentre sur les effets des transferts sur l'économie en général, en examinant les incidences sur l'emploi, la productivité et la croissance ; enfin, la troisième série d'ouvrages traite du rôle des transferts d'argent dans le comblement des déficits de la balance commerciale

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et de la balance des opérations courantes. Pour les besoins de notre travail de recherche, nous ne tiendrons compte que des deux dernières catégories précitées, la première ne traitant pas des conséquences pour l'économie intérieure, mais de la justice sociale et de l'égalité.

a) Effets des transferts d'argent sur la croissance

Les transferts d'argent opérés par les émigrés exercent incontestablement un certain nombre d'effets sur le bien-être. Tout d'abord, ces transferts constituent une importante source de revenu pour de nombreux ménages à revenu faible et moyen, dans les pays en développement. Deuxièmement, ils fournissent les devises fortes nécessaires pour importer des facteurs de production rares, non disponibles sur le plan intérieur, mais aussi pour effectuer des économies supplémentaires en vue du développement économique (Ratha, 2003; Taylor, 1999; Quibria, 1997). Toutefois, bon nombre de chercheurs ont supposé que l'ampleur de l'impact sur le développement des transferts d'argent dans les pays bénéficiaires dépendait de la manière dont cet argent était dépensé. C'est ainsi que de nombreux ouvrages étudient l'utilisation de l'argent transféré pour la consommation, le logement, l'achat de terrains, l'épargne et l'investissement productif. Il n'y a pas de doute que le fait de consacrer cet argent à l'investissement entrepreneurial influe directement et de façon positive sur l'emploi et la croissance. Toutefois, d'autres chercheurs ont démontré que même si l'argent transféré est affecté à la consommation et à l'achat immobilier, il peut avoir divers effets indirects sur la croissance économique. Parmi ces effets figurent le déblocage d'autres ressources pour l'investissement et la production d'effets multiplicateurs.

Selon des études économiques récentes, les fonds transférés peuvent exercer un effet multiplicateur considérable même quand ils ne sont pas investis. Un dollar provenant d'un transfert qui est dépensé pour satisfaire des besoins essentiels stimule le commerce de détail, ce qui dynamise la demande de biens et de services, et celle-ci stimule à son tour la production et l'emploi (Lowell et de la Garza, 2000).

La plupart des études théoriques portant sur les effets multiplicateurs des transferts de fonds s'appuient sur des modèles qui prennent en compte les effets à la fois des migrations et des transferts sur le bien-être. Les chercheurs considèrent les transferts d'argent comme un moyen possible de compenser la baisse de production que connaissent les pays en développement du fait

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de la perte de débouchés commerciaux résultant de l'émigration. Les résultats de la modélisation montrent que si les migrants sont des travailleurs peu qualifiés, le bien-être du pays de départ s'accroît dès lors que les montants transférés sont supérieurs à la perte de revenu intérieur. Si les émigrants sont très qualifiés et/ou s'ils partent en emportant des capitaux, les transferts n'augmentent le bien-être de ceux qui restent au pays que si le rapport capital/main-d'oeuvre de l'économie d'origine augmente ou demeure inchangé. Si ce rapport décroît, les effets sur le bien-être sont négligeables, voire négatifs (Quibria, 1997). Dans les pays d'Europe centrale et orientale, par exemple, Straubhaar et Wolburg (1999) ont constaté que les transferts ne compensaient pas la perte de bien-être provoquée par l'émigration vers l'Allemagne des travailleurs hautement qualifiés. Toutefois, quand l'économie compte des capitaux étrangers, l'accumulation de capitaux financée par les transferts améliore le bien-être économique. Si l'argent des transferts est affecté à la consommation, son impact sur le bien-être dépend de l'intensité relative des facteurs de production des biens marchands et non marchands (Djajic, 1998).

Toutefois, les transferts n'ont pas que des effets positifs sur l'économie d'origine. S'ils produisent une demande supérieure à la capacité de cette économie à y répondre, et si la demande concerne des biens non marchands, ils peuvent avoir un effet inflationniste. En Égypte, par exemple, le prix des terrains agricoles a bondi de 600 % entre 1980 et 1986 à cause des

transferts (Adams, 1991). Les transferts peuvent éventuellement avoir d'autres effets
défavorables sur le bien-être. Ils peuvent notamment encourager constamment l'émigration des personnes d'âge actif et créer une dépendance des bénéficiaires qui s'habituent à disposer de l'argent. Or, tous ces facteurs risquent de perpétuer la dépendance économique, ce qui compromet les perspectives de développement (Buch et al., 2002).

b) Effets des transferts de fonds sur la balance des paiements

L'impact des transferts d'argent sur la consommation privée, l'épargne et l'investissement n'est que l'un des aspects de leur contribution à la croissance et au développement des pays d'origine des émigrés. Cet argent vient s'ajouter non seulement au revenu intérieur des ménages mais aussi au volet « recettes » de la balance des paiements.

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Les transferts compensent les déficits chroniques de la balance des paiements en réduisant la pénurie de devises. Ils peuvent aider à atténuer la contrainte souvent vitale que font peser les déficits de la balance des paiements sur le développement économique des pays d'origine des migrants. Leur impact sur cette balance est plus appréciable que celui des autres flux monétaires (telles que l'aide financière, l'investissement direct ou les prêts) parce que leur utilisation n'est pas liée à des projets d'investissement particuliers exigeant un fort pourcentage d'importations, qu'ils ne sont pas productifs d'intérêts et n'ont pas à être remboursés. En outre, les transferts constituent une source de devises beaucoup plus stable que les autres flux de capitaux privés et, dans certains pays, présentent un caractère contracyclique (Buch et al., 2002; Buch et Kuckulenz, 2004; Nayyar, 1994; Straubhaar, 1988).

Il y a lieu de mentionner, néanmoins, que l'un des effets négatifs des transferts sur la balance des opérations courantes est ce que l'on appelle «l'effet boomerang». C'est ce qui se produit quand les transferts provoquent une augmentation des importations et des déficits de la balance commerciale de leur pays de destination. Toutefois, la plupart des chercheurs ne partagent pas l'opinion selon laquelle ce sont les importations induites par les transferts qui créent ces problèmes de balance commerciale. La propension à importer peut aussi s'accroître par suite du développement de l'économie en général, d'un changement structurel dans la production des biens de consommation ou d'équipement, ou de la division internationale du travail. La recherche empirique ne confirme pas non plus l'effet boomerang. Les données montrent que dans les pays d'Europe du Sud, les importations induites par les transferts entre 1960 et 1981 ont représenté des minima de 1 % en Espagne et en Italie et des maxima de 4.9 % en Grèce et de 6.2 % au Portugal (Glytsos, 1993; Straubhaar, 1988).

Les transferts de fonds peuvent engendrer un autre effet négatif dans les cas où ils induisent une augmentation de la demande supérieure à la capacité de production de l'économie. Lorsque cette demande concerne des biens échangeables, ils peuvent provoquer une appréciation du taux de change réel. Or, un taux de change surévalué réduit la compétitivité des entreprises du pays sur les marchés étrangers (parce que les exportations deviennent chères) et sur les marchés intérieurs (parce que les importations sont peu coûteuses), et redirige les ressources du secteur des biens marchands vers celui des biens non marchands, par un effet connu sous le nom de « syndrome hollandais ». Ce phénomène peut à son tour créer des pressions sur la balance

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des paiements, ralentir l'accroissement des opportunités d'emploi et, par conséquent, renforcer l'incitation à émigrer. Des données empiriques provenant d'Égypte, du Portugal et de Turquie confirment ces craintes quoique l'effet demeure marginal dans la plupart des cas et des périodes d'observation (McCormick et Wahba, 2000; Straubhaar, 1988).

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1.3- Revue de la littérature empirique

De façon théorique, la littérature disponible nous permet de distinguer au moins, trois principales approches de modélisation des envois de fonds. Les travaux de recherche empiriques concernant les impacts des transferts de fonds d'ordre personnel, en l'occurrence, les transferts privés sur le taux de change sont, par contre excessivement rares. Ceci constitue notre principale limitation dans la réalisation de notre travail de recherche. De ce fait, notre documentation sélective, pour cette partie de notre travail, est principalement composée de deux catégories de travaux de recherches empiriques : la première qui étudie l'inverse de l'effet recherché dans le nôtre, à savoir, l'impact des taux d'intérêt et/ou de change sur le volume des envois de fonds. La seconde étudie l'impact des transferts de fonds sur le développement financier.

a) Impact des taux d'intérêt et/ou de change sur le volume des envois de fonds.

Du point de vue empirique, Richard H. Adams Jr (2008) est l'un des rares du groupe de la Banque Mondiale à réaliser une étude sur les déterminants des transferts internationaux. Dans `'The Determinants of International Remittances in Developing Countries'', il tente de déterminer les raisons pour lesquelles différents pays -ayant des caractéristiques économiques de base similaires16- reçoivent des niveaux de transferts différents. Réalisée pour la période allant de 1995 à 2001, pour 76 pays en développement17, à revenus faibles et moyens, cette étude poursuit l'objectif de combiner les approches micro-économique et macroéconomique de la détermination des transferts de fonds. En effet, elle ajoute deux nouvelles variables ; sur le plan micro-économique, une variable importante : le niveau de pauvreté du pays fournisseur de main-d'oeuvre à l'étranger ; sur le plan macro-économique, elle reprend les séries de données de Docquier et Marfouk (2005) et ajoute des données concernant le niveau de compétence des migrants et examine comment le type de travailleurs migrants (éduqué ou non éduqué) affecte le niveau de transferts reçus par le pays fournisseur de main-d'oeuvre a l'étranger. Les autres variables prises en compte dans cette étude sont le revenu selon l'approche macro-économique de Glytsos (1997), les transferts privés, le taux d'intérêt réel du pays d'origine.

16 En l'occurrence, les pays en développement.

17 76 pays extraits des grandes régions en développement du monde telles l'Amérique Latine et la Caraïbe, l'Europe, l'Asie Centrale, l'Asie de l'Est et du Sud, l'Afrique du Nord et Sub-saharienne

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Selon les résultats économétriques, la structure de compétence de la collectivité migrante (ou encore le niveau de compétence des migrants) participe à la détermination des transferts ; ceteris paribus, les pays exportant une plus large part de migrants spécialisés (éduqués) reçoivent des transferts privés moins importants que ceux qui exportent des migrants non spécialisés car ces derniers manifestent le désir de retourner ultérieurement a leur pays d'origine. Les résultats montrent également que le niveau de pauvreté d'un pays fournisseur de main-d'oeuvre à l'étranger n'a pas d'impact positif sur la quantité de transferts reçus et que les pays à moyens revenus reçoivent plus de transferts privés que ceux à revenus faibles et élevés.

Par ailleurs, Faini Riccardo (1994) pense que les envois de fonds des travailleurs représentent une importante composante dans les flux du commerce international des biens et services. Dans «Workers remittances and the real exchange rate : A quantitative framework », l'auteur évalue avec quelle ampleur les envois de fonds des travailleurs sont sensibles aux variables macro-économiques clés. Particulièrement, il analyse l'impact des politiques des taux d'intérêt et du taux de change sur les envois de fonds. Le modèle log-linéaire qu'il utilise concerne 4 pays18, pour la période allant de 1977 à 1989. Outre les envois de fonds proprement dits, le stock de migrants, le revenu du migrant et celui de sa famille (restée au pays d'origine), le taux de change réel, l'auteur fait le choix d'inclure des variables tels les taux d'intérêts nominaux national et étranger, la dépréciation nominale attendue. Il en résulte que le taux de change réel du pays hôte a en effet un impact positif sur la quantité de fonds à envoyer, cependant, une dépréciation de la monnaie engendrerait temporairement une baisse des envois en termes de biens étrangers. D'autre part, les résultats prouvent que les considérations d'ordre altruistes sont d'une importance capitale et ne semblent pas décroitre avec le revenu du bénéficiaire.

18Le Maroc, le Portugal, la Tunisie et la Turquie ; le choix de ces pays est inscrite dans le cadre de la disponibilité des données, en particulier celles concernant les migrants y établis

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a) l'impact des transferts de fonds sur le développement financier

Sur le plan de l'étude de la relation entre les transferts et le développement financier, nous constatons que le nombre qui en a été consacré est limité19. Comme le note Aggarwal et Al.(2006), au-delà des études descriptives sur les efforts entreprises par les institutions financières au profit des pourvoyeurs de transferts de fonds (Orozco et Fedewa, 2005), curieusement, on a donné peu d'intérêt à la question de savoir si les transferts peuvent promouvoir le développement financier dans les pays destinataires des transferts des migrants. Malgré cela, nous constatons cependant qu'il y a trois études dans ce créneau de la littérature sur les transferts de migrants.

? Nous soulevons en effet, à travers cette revue, l'existence d'une étude intéressante faite par Paola Giuliano et Marta Ruiz-Arranz, utilisant une série de données transversales sur les transferts couvrant un grand échantillon de pays en développement (100 pays pendant la période pendant la période allant de 1975 à 2003). Dans cette étude, les auteurs essayent d'éclaircir la nature de la relation existant entre les transferts et le développement financier et à travers lui l'impact qu'il peut y avoir sur la croissance. Ils ont démontré aussi que vu la faiblesse de l'intermédiation financière et son incapacité à financer l'économie dans les pays en voie de développement (PED) à cause du manque des ressources et à cause aussi du sous-développement des infrastructures bancaires et financières, les transferts des migrants peuvent jouer un rôle de substitution. Ils peuvent en effet remplacer le manque de développement financier et promouvoir par là la croissance économique. Leur investigation empirique montre que les transferts peuvent promouvoir la croissance dans des pays moins développés financièrement. Ils soutiennent que la croissance des transferts peut être considérée comme une roue de secours à la contrainte de liquidité engendrée par la faiblesse du développement financier20.

19 Depuis King and Levine (1993) et Levine, Ross and Sara Zervos (1998), la question du développement financier dans la promotion de la croissance est cruciale. Une infrastructure bancaire et financière développée, composée des banques, des sociétés de financement, des institutions de microcrédit, d'affacturage et des marchés de capitaux modernes et liquides, mise en avaleur par une bonne gouvernance et un contrôle strict joue un rôle important dans le financement de la croissance et dans la réduction de la pauvreté.

20 Nous pouvons à cet égard dire, en prolongeant l'idée de Paola Giuliano et Marta Ruiz-Arranz, que la floraison et même l'essence et la pérennité des marchés parallèles (change et finance informels) sont conditionnées par les transferts. En allant plus loin, nous pouvons dire que l'existence de marchés parallèles cause la croissance des transferts des migrants dans les pays où les marchés financiers ne sont pas très bien développés.

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? Une seconde étude dans ce domaine a été réalisée par Mundaca (2005) analysant l'effet des transferts sur la croissance dans les pays de l'Amérique Centrale, le Mexique et la République dominicaine utilisant les données de panel sur la période allant de 1970 jusqu'à 2003. Elle constate que le contrôle dans le cadre de développement financier renforce l'impact positif des transferts sur la croissance et conclut que le développement financier mène potentiellement à mieux utiliser les transferts des migrants en augmentant ainsi la croissance.

? Une autre étude, dans la même optique, semble intéressante. Il s'agit de l'étude d'Aggarwal, Demirgüç-Kunt et Martinez Peria (2006)21 sur la question de savoir si les transferts des migrants influent sur le développement financier en abordant la question qui explore l'impact des transferts sur les dépôts bancaires et sur le crédit octroyé au secteur privé. En utilisant les données sur les flux de transferts des migrants de 99 pays en voie de développement entre 1975 et 2003, les auteurs aboutissent à la conclusion selon laquelle les transferts ont un impact positif et significatif sur le développement financier des PED.

21 Cette étude est considérée comme étant la première dans la littérature sur l'impact des transferts sur les dépôts et crédits bancaires

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Chapitre II : Cadre d'une analyse descriptive, les transferts et la balance des paiements d'Haïti

2.1- Cadre d'une analyse descriptive

La deuxième partie du travail s'articule autour de deux grands points. Le premier, étant constitué d'un cadre d'une analyse descriptive, vise à étudier d'une part le comportement des transferts et du taux de change sur la période couverte - notamment, comment se fait l'ajustement des transferts au niveau de la Banque de la République d'Haïti (BRH), et, d'autre part, vise à mettre en évidence les interventions de la BRH sur le marché des changes. Au second point seront analysées les implications des transferts de devises sur la balance des paiements et aussi leurs apports à cette dernière vis-à-vis des exportations et de l'aide internationale qui constituent également deux autres sources de devises.

2.1.1- Les transferts de fonds vers Haïti de 1992 à 2007

Haïti exporte une main d'oeuvre vers les terres étrangères et reçoit en retour des transferts de fonds. Ces transferts, de 1992 à 2007, ont augmenté de manière substantielle et constituent une source importante de devises pour l'économie haïtienne. Après une période de quasi stationnarité de 1992 à 1995, les transferts privés de la diaspora ont pris un élan considérable en passant de 70.4 millions de dollars en 1995 à près de 1.3 milliards en 2007, soit une progression de 84.6% en 12 ans. Cet accroissement rapide des transferts est dû notamment par la croissance du flux22 migratoire haïtien au cours des 10 dernières années de notre période d'étude. Représentant en moyenne 10%23 du revenus des ménages haïtiens en 2001 et 30%24 de nos jours, l'étude de la BID révèle que ces transferts de fonds proviennent, dans leur majorité, des Etats-Unis (71%), avec des fonds supplémentaires provenant du Canada (14%), de la France (8), de la République Dominicaine et des Bahamas (2% par pays), et le reste, plus modeste, de la Martinique, du Guyana et d'Espagne (3%). Cadet (2005) affirme que, jusqu'en 2003, des analystes pensent que près de 3/4 des transferts privés ne sont pas captés par les statistiques. Cette

22 Selon la banque mondiale, plus de 1.5 millions d'haïtiens vivent à l'étranger en 2001, d'autres sources comme l'OIM et l'OCDE, font état de plus de 2 millions jusqu'en 2007.

23 Enquête Budget Consommation des ménages (EBCM) (2001)

24 Gouvernement de la République d'Haïti `'Rapport sue l'évaluation des besoins après désastres (2008)»

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idée, de nos jours, ne tient plus car la BRH met en place un mécanisme visant à tenir compte des transferts de fonds ne passant pas par les sociétés de transferts ou les banques.

Graphe 1 : Evolution des transferts privés de la diaspora haïtienne de 1993 à 2007

1,400,000,000.00

1,200,000,000.00

1,000,000,000.00

400,000,000.00

800,000,000.00

600,000,000.00

200,000,000.00

0.00

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

200

199

8

Trans en millions de $ US

199

9

200

0

200

1

2

200

3

200

4

200

5

200

1,061,27

6

200

7

Source : Banque de la République d'Haïti (BRH)

Trans en millions de $ US 64,2

71,670,4

184, 283,

332, 430,

578, 620,

675, 818,

931, 986,

2.1.2-Procédures d'ajustement des transferts privés et interventions de la BRH sur le marché des changes

Ayant également pour mission de contrôler la masse monétaire et pour rôle de stabiliser le cours du dollar par rapport à la gourde sur le marché des changes, la Banque de la République d'Haïti (BRH) se fait le devoir de prendre en compte toutes les devises entrant dans l'économie haïtienne sous quelque soit la forme25. Ainsi donc, à travers sa Direction des Affaires Internationales (DAI), la BRH recueille régulièrement, auprès des sociétés26 de transferts reconnues, des données mensuelles relatives aux transferts privés de la diaspora haïtienne vers Haïti. Cependant, l'existence des mécanismes non institutionnels, par lesquels certains transferts de fond de la diaspora arrivent en Haïti, empêche la BRH de se doter des informations effectives sur le flux total des transferts privés entrant dans l'économie pour une période donnée. En effet,

25 Investissement direct étranger (IDE), Dons, prêts, revenus d'exportations, transferts privés etc.

26 UNITRANSFERT, CAM TRANSFERT, SOGEXPRESS, ACRA FINANCIAL, MONEY GRAM, SOCATRANSFERT, BOBY EXPRESS, VIGO & CAPITAL.

24

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pour tenir compte des transferts privés effectués à travers les mécanismes informels, la BRH dispose d'un processus d'ajustement qui considère que les transferts privés passant par les voies informelles représentent 27% du flux total des transferts de fond de la diaspora expédiés vers Haïti. Ce qui veut dire que, les sociétés de transferts reconnues recouvrent de leur côté 73% de ce flux total. A titre d'exemple, disons que : si la somme des transferts privés recueillies par les maisons de transferts accuse un montant de 100 millions de dollars pour une période bien déterminée, après ajustement27, cette somme passera à 136.98 millions de dollars. Donc, les statistiques annuelles que publie la BRH sur les transferts privés reçus constituent une approximation du flux total de ces derniers pour une période bien déterminée en tenant compte des deux mécanismes par lesquels passent ces transferts pour arriver dans l'économie haïtienne.

? Interventions de la BRH sur le marché des changes

La rentrée régulière, en volume très importante des transferts privés de la diaspora, augmente l'offre de devises dans l'économie et est susceptible de jouer sur le cours du dollar par rapport à la gourde à très court terme. De même lorsque l'offre de devises diminue dans l'économie par un ralentissement des aides, ou des revenus d'exportations et surtout des transferts privés, cette situation est sujette à provoquer une certaine augmentation du prix du dollar sur le marché des changes. Ainsi donc, la BRH surveille l'évolution du taux de change et, selon l'un des deux cas, elle a pour rôle d'intervenir sur le marché des changes pour acheter ou vendre des devises28 en vue de stabiliser le cours du dollar par rapport à la gourde.

Tableau 1 : les interventions de la BRH sur le marché des changes en $ US de 1996 à 2007

Types/

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

année

96-97

97-98

98-99

99-00

00-01

01-02

02-03

03-04

04-05

05-06

06-07

Vente

39000000

9900000

1341500

16750000

1550000

 
 
 
 
 

10475000

Achat

 

8536934.3

46115000

 

3250000

15650000

62505185

98766000

40725000

64750000

96800000

Source : BRH

27 Avec X le flux total des transferts on a : 0.73X=100 000 000? X= 136 980 000

28 L'achat ou la vente de devises par la BRH se fait en fonction de la situation de l'offre et de la demande.

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La BRH commence ses opérations d'interventions sur le marché des changes à partir de l'exercice 96-97, l'année où elle a introduit la politique de l'émission des bons29 en vue d'éponger de la liquidité bancaire sur le marché monétaire. Pour cet exercice, la BRH a réalisé sa plus grande opération de vente de toute la période en vendant environ 39 millions de dollars ÉU sur le marché des changes contre seulement 9.9 millions pour l'exercice suivant où elle a acheté, par contre, près de 8.55 millions de dollars ÉU. Cependant, pendant toutes les périodes30 de forte inflation, on a constaté que la BRH ne fait qu'acheter des devises sur le marché local des changes.

2.1.3- Le taux de change d'Octobre 1992 à Septembre 2007

La tendance de la volatilité du taux de change s'observe sur toute la période considérée. Mais pour mieux appréhender la tendance croissance du taux de change d'octobre 1992 à septembre 2007, considérons deux sous-périodes dont l'un s'étale sur une période d'environ sept ans où le taux de change se déprécie de près de 61.2% en passant de 10.51 gourdes pour un dollar É.U. en Octobre 1992 à 16.94 gourdes en septembre 1999. Notons que le mois d'Août 1994 correspond à une hausse spontanée, portant le taux de change à un son niveau le plus haut pour la sous-période, soit 21.49 gourdes pour un dollar US. Cette situation peut être attribuée à des périodes d'embargo qu'a connu le pays en 1994. La deuxième sous-période allant d'Octobre 1999 à Septembre 2007 marque des hausses les plus élevées du taux de change en Haïti. Après quelques périodes de pics31 au cours du premier trimestre de l'année 2000, la gourde allait entamer une nouvelle phase qualifiée de dépréciation accrue ou accélérée. En effet, de 22.52 gourdes pour un dollar É.U. en décembre 2000, le taux est passé à 44.52 en février 2003, soit une augmentation de 22 points de pourcentage. Notons que de janvier 2003 à mars 2004, le taux a connu une relative stabilisation pour ensuite connaître une période de contraction jusqu'en novembre 2005.

Le graphique suivant nous permet d'apprécier l'évolution du taux de change nominal pour la période d'étude.

29 Un instrument utilisé par la BRH en vue de contrôler la masse monétaire ou d'éponger de la liquidité bancaire dans le cadre de sa politique monétaire.

30 2002, 2003, 2004, 2005, 2006

31 28.33 gourdes pour 1 dollar E.U en Septembre 2000, 22..52 gourdes pour 1 dollar en Décembre 2000.

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Graphe 2 : Evolution du taux de change d'Octobre 1992 à Septembre 2007 (Données de fin de période))

50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

 

TXC

Source : Graphe réalisé à partir des données de la BRH

Plusieurs causes peuvent être retenues pour tenter d'expliquer ces différentes tendances observées jusqu'ici. D'une part, il y a les troubles sociopolitiques qui se sont succédées durant cette sous-période (contestation des élections du 21 mai 2000, départ d'Aristide) qui ont eu pour corollaire d'alimenter les anticipations négatives des agents économiques, ce qui a un impact non négligeable sur le change. D'autre part, on peut retenir la hausse considérable de nos importations non suivie par les exportations, ce qui a grandement détérioré le solde commercial du pays, provoquant une pression quasi permanente de la demande de devises sur l'offre, ce qui ne fait qu'alimenter la spéculation sur le marché de changes. Après une reprise normale des activités économiques avec le gouvernement de transition, le taux de change allait connaître certaines baisses pour la période mai 2004-mai 200532 pour remonter ensuite à sa fourchette [3942 gourdes] pendant les mois de préparations des élections de l'année 2006. Après encore une

j N a S

D

m

ju N a S j

32 36.95 gourdes pour 1 dollar en mai 2004 et 38.20 en mai 2005.

O

O

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seconde reprise avec l'élection du Président Préval en 2006, la gourde s'apprécie

progressivement pour atteindre les 36.08 gourdes à la fin de la période d'étude.

2.1.4- La variation des transferts privés et celle du taux de change de 1992 à 2007

Les transferts privés, étant constitué économie comme des entrées de devises sans contre partie, se révèlent incontournables dans la détermination des variations33 à la hausse ou à la baisse du taux de change. En analysant le graphique ci-dessous, on a tendance à observer, sur toute la période d'étude, une certaine corrélation positive entre la variation des transferts et celle du taux de change. Cependant, il est à remarquer que les variations des deux variables en question sont loin d'être proportionnelles. Cela revient à dire que lorsque les transferts varient fortement à la hausse, le taux de change varie aussi à la hausse mais de façon moindre.

Graphe 3 : Evolution de la variation du taux de change et des transferts privés de 1992 à 2007

Var TXC Var Trans

Source : Calcul des Auteurs

2.5

2

1.5

1

0.5

0

-0.5

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

33 Une variation à la hausse du taux de change traduit une dépréciation de ce dernier. Tandis qu'une variation à la baisse traduit le contraire.

28

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

2007 »

[Novembre 2009]

Cette situation a été observée d'abord en 199634 où les transferts privés ont varié de près de 190%, pour la première fois, en passant de 1.02 milliards de gourdes en 1995 à 2.96 milliards en 1996. Tandis que, du coté du taux de change, la variation n'est autre que de 10.6% pour cette même période (195-1996) en passant de 14.5 gourdes à 16.05 gourdes pour un dollars US. Ensuite, une autre situation pareille a été observée pour la période 2002-2003 où les transferts ont crû de 81% et le taux de change de 49%. Dans les périodes de troubles politiques où l'activité économique s'est ralentie, le taux de change a toujours tendance à se déprécier considérablement et engendre des situations de forte inflation dans l'économie. Parallèlement, au cours de ces périodes, les émigrés haïtiens manifestent toujours le désir d'expédier des fonds à leurs familles en Haïti. Ces devises, arrivant dans l'économie, constituent dans une large mesure un palliatif à la dépréciation du taux de change et permettent à ce dernier d'avoir un écart de variation ne dépassant pas les 36%.

2.1.5 - La part des transferts dans le FIB nominal de 1993 à 2007

Dans un pays comme Haïti et contrairement à d'autres pays de l'Amérique Latine et de la Caraïbes (Mexique, République Dominicaine, Costa-Rica), la part des transferts privés dans le PIB est un indicateur pouvant expliquer, en termes de volume, le niveau d'importance des transferts privés dans l'économie haïtienne. Le graphique ci-dessous nous permet d'observer en début de période une nette stabilité jusqu'en 1995. A partir de l'année 1995, la part des transferts privés dans le PIB est vue de plus en plus importante en passant de 2.51% en 1995 à 27.63% en 2003, soit le pourcentage le plus élevé de toute la période. Cependant, depuis 2004, cette part a commencé à diminuer en passant de 26.33% à 19.20%35. Cette diminution est la résultante de l'augmentation du PIB nominal malgré la croissance rapide des transferts privés pendant cette période. Donc, on a pu constater que la part des transferts privés dans le PIB est d'autant plus importante que le PIB se contracte d'une part et que les transferts croissent d'autre part.

34 L'année 1996 marque deux ans après le retour à l'ordre constitutionnel où l'on a connu une grande vague de la migration haïtienne.

35 Parce que le PIB nominal a pris de valeur à cause de la hausse des prix (Rappelons que :PIBtot = PRIXtot*QUANTITÉ)

29

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

2007 »

[Novembre 2009]

Graphe 4 : Evolution, en pourcentage, de la part des transferts dans le FIB nominal

30.00%

25.00%

20.00%

15.00%

10.00%

5.00%

0.00%

Source : Calculs Auteurs à partir des données de la BRH et de l'IHSI.

2.2- Les Transferts de devises et la Balance des Paiements d'Haïti (BDP)

%Transf dans le PIB nominal

2.2.1- Les effets quantitatifs des transferts

Durant pratiquement les cinq dernières années de notre période d'étude, les performances36 enregistrées au niveau du solde des transactions courantes de la balance des paiements sont la résultante surtout du rythme de croissance des transferts privés de la diaspora situé au poste des transferts courants. Le rapport(2006) de la Banque de la République d'Haïti (BRIT) révèle que les flux des transferts courant ont crû de 10% consécutivement à l'augmentation de 8.60% des transferts privés et de 15% des transferts publics. Selon ce même rapport, les remises des travailleurs haïtiens émigrés, représentant 74% du total des transferts, se sont chiffrées à 1,070 millions de dollars ÉU en 2006. Tandis que les dons, de leur coté ont totalisé 380 millions, soit près d'un tiers (1/3) des transferts privés. Ces deux catégories de transferts représentent, d'après les analyses de la BRH, près de 70% des entrées de devises au niveau du compte des transactions courantes de la BDP. Ce qui nous permet de rejoindre l'idée

36 Voir en annexe la balance des paiements d'Haïti de 2002 à 2007

30

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

2007 »

[Novembre 2009]

évoquée à savoir que les transferts représentent au moins 50% de ces 70% des rentrées de devises dans l'économie haïtienne.

Mise à part des répercussions sur le PIB en passant par la consommation et l'investissement, les envois de fonds des travailleurs haïtiens émigrés ont des impacts directs sur la balance des paiements (BDP) d'Haïti notamment au niveau du compte des transactions courantes37. Tom et Wets (2006) ont fait ce constat dans l'économie de quelques pays38 de la région des Grands Lacs d'Afrique où ils ont révélé que, contrairement aux investissements directs étrangers (IDE), les transferts privés, envoyés par la diaspora de ces pays, représentent un apport financier plus stable pour eux et apportent des devises étrangères qui renforcent leur balance des paiements.

L'apport quantitatif des transferts de la diaspora au niveau du solde des comptes courants de la balance des paiements constitue une bouffée d'oxygène pour le solde globale de la balance des paiements en permettant à ce dernier de ne pas être beaucoup plus déficitaire qu'elle l'est depuis pratiquement les cinq dernières années de la période couverte. La balance des paiements constitue un instrument par lequel la BRH suit l'évolution de tous les capitaux étrangers entrant dans l'économie, comme les transferts privés de la diaspora. Au cours de la réunion de la politique monétaire, la BRH peut être amenée à prendre des décisions visant à augmenter ou diminuer l'offre de devises dépendamment, non seulement de la situation de ces dernières dans l'économie, mais aussi de ses objectifs de long terme ou de court terme. Ainsi donc, la balance des paiements représente le canal par lequel les transferts privés influent le taux de change indirectement

2.2.2-Les transferts privés et les exportations d'Haïti de 1993 à 2007

De 1993 à 1999, les exportations d'Haïti révélaient beaucoup plus importante que les transferts privés de la diaspora. Cette situation était due à la croissance lente des transferts privés à cette époque dont le volume en moyenne39 s'articulait autour de 19 milliards de gourdes contre

37 Le compte des transactions courantes regroupe : le compte des biens et des services, le compte des revenus et les transferts courants.

38 République Démocratique du Congo (RDC), la République de Burundi et le Rwanda.

39 Moyenne calculée pour la période à partir des données de la BRH et de l'IHSI.

31

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

2007 »

[Novembre 2009]

30.5 milliards pour les exportations. Cependant, à partir des années 2000, l'évolution rampante des exportations, due au ralentissement de la production nationale et la montée fulgurante de l'émigration haïtienne allaient renverser la situation. La croissance des transferts, depuis lors, est en nette hausse par rapport aux exportations. Passant de 11.4 milliards de gourdes en 2000 à 47.5 milliards en 2007, avec un taux de croissance moyenne de 24%, les transferts privés sont devenus la principale régulière source de devises de l'économie haïtienne face aux exportations qui accusent de leur côté un montant de 9.8 milliards de gourdes en 2000 contre 27.3 milliards en 2007, avec un taux de croissance moyenne de 17%.

? Les transferts privés : source de financement du déficit commercial

Avec un taux de couverture40 des importations par les exportations de 33% en 2003 et 32% en 2007, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (2005) a posé la question du financement du déficit commercial. En effet, passant de 0.9 milliards de dollars ÉU en 2003 à 1.5 milliards en 2007, la balance commerciale41 ne cesse de se détériorer durant les cinq dernières années de notre période d'étude. En analysant les données de la balance des paiements, on comprend bien que le financement se fait à partir des transferts courants qui regroupent essentiellement les transferts privés de la diaspora (74%)42 et les dons officiels (26%) à titre d'assistance externe. Le rôle prépondérant que les importations43 continuent de jouer se traduit par la persistance du déficit commercial et des transactions courants de la balance des paiements. La nécessité de financer ce déficit renforce la dépendance de l'économie haïtienne des transferts de devises de la diaspora et à l'assistance externe.

40 Source: IHSI, tableau sur la situation de l'offre et de la demande globale

41 La différence entre les exportations et les importations

42 Rapport annuel BRH, 2006

43 Les importations de biens et de services ont atteint, en volume, les deux milliards de dollars US en 2007

32

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[Novembre 2009]

Graphe 5- Evolutions des Transferts privés et celle des Exportations d'Octobre 1992 à Septembre 2007

(En millions de gourdes)

45,000,000,000.00

40,000,000,000.00

25,000,000,000.00

20,000,000,000.00

50,000,000,000.00

35,000,000,000.00

30,000,000,000.00

15,000,000,000.00

10,000,000,000.00

5,000,000,000.00

0.00

Trans Exports

2.2.3-Les transferts privés et l'aide externe de 2002 à 2007

Défini par les dons et les décaissements sur les prêts contractés, l'aide externe constitue également une autre source de devises de l'économie haïtienne au niveau de la rubrique des transferts courants de la BDP. Durant les 5 dernières années de notre période d'étude, le rythme de croissance de l'aide externe au niveau du compte des transactions courantes fait qu'elle est loin d'atteindre le niveau d'importance des transferts privés de la diaspora. Passant de 158.5 millions de dollars en 2003 à 543 millions en 2007, l'aide externe représente, d'après les estimations de la BRH, pratiquement 50% des transferts privés de la diaspora et 30% des transferts courants. La question qui nous intéresse ici consiste à montrer que, en ce qui a trait à l'économie haïtienne, l'impact que pourraient avoir les devises étrangères sur le taux de change constitue, dans une large mesure, des transferts privés de la diaspora dont le flux se révèle beaucoup plus importante que les autres sources de devises à savoir les exportations et l'aide externe.

33

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2007 »

[Novembre 2009]

2003 2004 2005 2006 2007

Trans

Aide

1.4

1.2

1

0.8

0.6

0.4

0.2

0

Graphe 6- Evolution des Transferts privés et de l'Aide externe de 2003 à 2007
(En millions de dollars US)

Pour pouvoir déceler un tel impact des transferts privés sur le taux de change nous allons procéder à la modélisation de cet impact des transferts sur le taux de change pour la période allant d'Octobre 1992 à Septembre 2007. Les résultats des différents tests et analyses à travers la modélisation nous permettront de confirmer ou infirmer l'hypothèse qui a été formulée antérieurement.

34

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2007 »

[Novembre 2009]

Chapitre III : Modélisation de l'impact des transferts privés sur le
taux de change pour la période d'Octobre 1992 à Septembre 2007

Nous avons, comme spécifié dans notre démarche méthodologique, procédé dans un premier temps à la définition des variables d'intérêt de notre étude à travers un cadre conceptuel et traité de façon exhaustive des documents académiques pour alimenter notre littérature théorique et empirique. Dans un second temps, nous avons présenté, à travers un cadre d'analyse descriptive, la progression des dites variables dans l'économie haïtienne. Dans le présent chapitre, il s'agit pour nous de modéliser l'impact des transferts privés sur le taux de change. Le processus de cette modélisation nous permettra, à travers une base de données, de procéder à des analyses économétriques visant à vérifier ou rejeter notre hypothèse, à savoir, le volume de transferts privés de la diaspora répercute positivement sur le taux de change en Haïti.

3.1- Description de la base de données :

Les variables que nous aurons à utiliser sont les transferts privés, le taux de change, la masse monétaire M2, l'indice des prix à la consommation.

3.1.1-Les transferts privés et le taux de change constituent les deux variables de poids de notre étude et les séries que nous utilisons proviennent de la base de données de la Banque de la République d'Haïti (BRH) et de l'IHSI. Nous disposons du taux de change nominal (entre la gourde et le dollar américain)44 de fin de période, coté à l'incertain. Notons que dans le contexte haïtien, cette statistique est calculée à partir des deux subdivisions du marché des changes : le marché officiel (ou formel)45 et le marché parallèle (ou informel)46. Précisons que la Banque Centrale, dans le calcul du taux de référence, considère que la part du marché officiel représente 60%, le reste est fourni par le marché informel.

44 Vu que les Etats-Unis représentent le principal partenaire commercial d'Haïti.

45 Le marché official ou formel est composé des banques commerciales et les données relatives proviennent des transactions journalières des banques dans le système avec les différents agents économiques.

46 Le marché informel est composé majoritairement de cambistes et les données sont collectées à partir de points stratégiques de cette subdivision du marché.

35

« Etude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à Septembre

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[Novembre 2009]

Nous disposons de données mensuelles (de fin de période) pour les transferts privés. Etant donné que ces derniers sont injectés dans l'économie haïtienne de deux façons différentes (par le biais de mécanismes institutionnelles et de manière informelle), nous avons tenu compte des statistiques ajustées de la Banque Centrale (BRIT).

3.1.2- La masse monétaire est utilisée par le fait que du point de vue théorique, elle est susceptible de fluctuer dès lors qu'il y a excédent ou rareté de devises étrangères dans l'économie haïtienne. Dans cette même optique, une croissance de la masse monétaire devrait contribuer à une augmentation de la volatilité du taux de change47. Nous avons, dans notre travail, fait choix de M248 au lieu de M3 vu qu'il existe déjà un effet de change dans cette dernière à cause des dépôts en dollars qui la composent.

3.1.3- L'indice des prix à la consommation a été pris en compte dans notre modèle dans

le souci de tenir compte des implications indirectes de la variation des transferts privés sur le coût de la vie. La série d'IPC que nous utiliserons dans notre travail se présente sur une base mensuelle et est raccordée, entre autre, sur la base de Novembre 1996. Elle a été collectée à partir de la base de donnés de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI).

Dans le souci de rendre les séries homogènes, nous les utiliserons en taux de croissance. Elles sont ainsi notées :

VTRANS : le taux de croissance mensuelle des transferts privés

VTXCH : le taux de croissance mensuelle du taux de change

VM2 : le taux de croissance mensuelle de la masse monétaire

VIPC : le taux de croissance mensuelle de l'indice des prix à la consommation

47 Une augmentation de la volatilité du taux de change se traduit par une dépréciation de la gourde.

48 M2 est composé de la masse monétaire M1 et de la Quasi-monnaie (dépôts d'épargne et dépôts a terme et autres en gourdes

36

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[Novembre 2009]

3.2- Présentation et interprétation du modèle

3.2.1- Méthodologie

Dans le cadre de notre travail, l'approche méthodologique la plus appropriée que nous avons retenue est le Vecteur Autorégressif (VAR) standard. Le choix de ce modèle est dû à la non existence des théories proprement dites qui lient les deux variables d'intérêt de notre étude. Cette approche va nous permettre d'étudier le niveau de transmission d'un choc des transferts privés sur le taux de change. En plus, elle nous permettra de faire des simulations entre les données et mesurer l'ensemble des liaisons dynamiques au sein d'un groupe de variables. Il faut noter qu'au niveau du processus VAR, toutes les variables sont considérées potentiellement indépendantes. La méthodologie d'application du modèle VAR se déroule en ces étapes suivantes :

? Test de racine unité

L'utilisation du modèle VAR exige qu'avant toute manipulation ou traitement économétrique, la notion de stationnarité des variables doit être mise en évidence car les paramètres du processus VAR standard ne peuvent être estimés que sur des séries chronologiques stationnaires. La notion de stationnarité est d'importance pourvu que l'utilisation des séries temporelles permette de rechercher, à travers l'histoire de la variable, des mécanismes pouvant aider à prévoir ses valeurs futures. Un processus Yt est dit stationnaire si tous ses moments sont invariants pour tout changement de l'origine du temps. En d'autre terme, une série est dite stationnaire lorsqu'elle fluctue autour de sa moyenne sans jamais trop s'en écarter. L'étude de la stationnarité de notre série va nous permettre de voir si ses caractéristiques stochastiques (espérance et variance) se trouvent modifiées dans le temps. Pour appliquer la méthode de stationnarité, nous utiliserons les tests de racine unitaire de Dickey Fuller Augmenté (ADF).

Les tests de racine unitaire d'ADF nous permettront d'étudier le caractère stationnaire ou non d'une chronique par la détermination d'une tendance déterministe et/ou stochastique. L'utilisation des tests de racine unitaire de Dickey Fuller Augmenté sous-entend qu'a priori

37

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2007 »

[Novembre 2009]

nous supposons que les erreurs sont autocorrélées. Les modèles de base mises en évidence sont au nombre de trois et répondent à la spécification suivante :

Avec i.i.d49 et la valeur de p déterminée selon le critère d'Akaike

Les hypothèses que nous allons tester sont les suivantes :

- Hypothèse nulle, Ho : ñ = 1 (la chronique est non stationnaire)
- Hypothèse alternative H1 : ñ < 1 (la chronique est stationnaire)

Les tests de Racine Unitaire de Dicker Fuller Augmenté sont réalisés sur les variables VTRANS, VTXCH, VM2 et VIPC. Les résultats des tests respectifs montrent, en fait, que ces dernières sont toutes stationnaires50 en niveau, c'est-à-dire intégrées d'ordre 0,I(0), avec une marge d'erreur de 5%.

Par conséquent, la réalisation d'un test de cointégration n'est donc pas nécessaire. Il est tout à fait possible de modéliser en utilisant le processus Vecteur Autoregressif VAR. Les tests sont effectués au seuil de á (0S á S0.05). Ho est rejetée si la probabilité de décider entre Ho et H1 (p-v) est inférieur à á. Les principaux résultats des tests ADF sont présentés dans le tableau suivant :

49 Independant et identiquement distribué

50 Voir en annexe les résultats du test de racine unité

38

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2007 »

[Novembre 2009]

Tableau 2 : Résultats des tests ADF

Variables

Retards

ADF calculé

P-V

Risques

Types
de
modèle

Décision

Ordre
D'intégration

VTRANS

0

-17.36

0.00

5%

2

H1

0

VTXCH

0

-14.77

0.00

5%

2

H1

0

VM2

0

-16.41

0.00

5%

2

H1

0

VIPC

0

-18.55

0.00

5%

2

H1

0

Source : Les Auteurs

3.3- Spécification et estimation économétrique du modèle

? Spécification du modèle

Le modèle que nous allons spécifier répond à la spécification suivante :

? Estimation économétrique du modèle

Selon les clauses du processus VAR, avant toute estimation économétrique, il convient de rechercher un modèle VAR optimal en déterminant le nombre P de retard du modèle. Le critère utilisé pour déterminer le nombre de retard est celui d'Akaike (AIC). Le logiciel Eviews 4.1 donne automatiquement les valeurs calculées de ce critère et le nombre de retard P retenu, en

39

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2007 »

[Novembre 2009]

considérant un nombre de retard maximal égal à douze (12), est celui qui minimise ce critère. Selon le critère d'Akaike, le nombre de retard optimal est de un (1). Le tableau 3 présente les principaux résultats obtenus :

Tableau 3 : Valeur calculées par le critère d'Akaike

Retards

LogL

LR

FPE

AIC

SC

HQ

0

897.8821

NA

2.64E-10

-10.70517

-10.63049*

-10.67486

1

927.1880

56.85694

2.25E-10*

-10.86453*

-10.49111

-10.71297*

2

939.8021

23.86874

2.34E-10

-10.82398

-10.15184

-10.55117

3

950.8251

20.32978

2.49E-10

-10.76437

-9.793500

-10.37032

4

956.0342

9.357589

2.83E-10

-10.63514

-9.365537

-10.11984

5

968.0987

21.09489

2.98E-10

-10.58801

-9.019676

-9.951457

6

977.5734

16.11266

3.23E-10

-10.50986

-8.642799

-9.752062

7

989.4405

19.61263

3.42E-10

-10.46036

-8.294573

-9.581317

8

997.2824

12.58467

3.79E-10

-10.36266

-7.898141

-9.362368

9

1009.982

19.77142

3.98E-10

-10.32313

-7.559883

-9.201591

10

1015.077

7.688649

4.58E-10

-10.19254

-7.130557

-8.949748

11

1029.365

20.87579

4.74E-10

-10.17204

-6.811323

-8.807996

12

1054.012

34.83127*

4.35E-10

-10.27560

-6.616157

-8.790312

L'astérisque (*) indique l'ordre P à retenir selon le critère. Source : les Auteurs à partir d'Eviews 4.1

Ayant déterminé le nombre de retards (p) par le critère d'Akaike, nous pouvons à présent estimer le modèle VAR en retardant d'une période toutes les variables du modèle. Les principaux résultats de l'estimation du VAR(1) sont présentés à l'annexe XI.

? Test de causalité de Granger

Le test de causalité dans toute démarche économétrique est d'importance car il indique à quel niveau les valeurs courantes d'une variable peuvent être expliquées par ses valeurs passées ou si l'ajout d'un certain nombre de retards à une autre variable améliore l'estimation. On dit dans ce sens qu'une variable X cause une variable Y au sens de Granger si X aide à prédire Y ou encore si les coefficients des valeurs retardées de X sont statistiquement significatifs dans l'explication de Y. En analysant la colonne probabilité des principaux résultats du test de causalité au sens de Granger, avec un nombre de retard égal à un, lequel retenu dans l'estimation du VAR, on constate qu'au seuil de 5%, les résultats ne nous donne pas la possibilité de voir si

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[Novembre 2009]

une estimation des transferts privés permet d'expliquer le taux de change en Haïti. Cependant d'une part, les résultats ont montré que le taux de change cause l'inflation c'est-à-dire qu'une estimation du taux de change permet de prévoir l'inflation. Rappelons que des études51 antérieures, sur l'impact de la variation du taux de change sur l'inflation en estimant le coefficient pass-trough, ont montré effectivement que la variation du taux de change a un impact sur l'inflation.

D'autre part, selon les résultats, on a constaté aussi que la variation de la masse monétaire est causée par la variation du taux de change. On pourrait, en fait, dans le cadre de l'économie haïtienne, attribuer des résultats aux interventions même de la BRH sur le marché des changes par l'achat ou la vente de devises susceptible d'agir sur la masse monétaire. Par ailleurs, voulant trouver des résultats satisfaisants et réels, on a essayé d'augmenter d'une part le nombre de retards jusqu'à trois (3), mais les résultats52 ne sont pas améliorés et se trouvent similaires par rapport au premier (quand le nombre de retards est égal à 1). D'autre part, en considérant les périodes 1996-2007 et 1997-2007, les résultats53 sont de mêmes à savoir VM2 cause VTRANS, le contraire, en fait, de ce qu'on aurait du trouver selon la théorie économique.

Etant donné que les résultats du test de causalité ne sont pas trop satisfaisants, on va procéder à l'utilisation d'autres outils comme ceux des réponses pulsionnelles et de la décomposition de la variance pour pouvoir bien cerner le sens de l'impact de la variation des transferts sur le taux de change en Haïti.

51 Dario Lebelon: Mémoire de sortie (CTPEA), `'Une estimation du coefficient du pass-trough du taux de change sur l'inflation. (Octobre 1990-Septembre 2005).

52 Voir en annexe le résultat du test de causalité de Granger avec 2 retards.

53 Voir en annexe le résultat du test de causalité avec les périodes considérées.

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[Novembre 2009]

Tableau 4 : Résultat des tests de causalité de Granger Période: 1992:10 2007:09

Retards : 1

Hypothèse nulle:

Obs

F-Statistique

Probabilité

VM2 ne cause pas VIPC

178

0.17125

0.67951

VIPC ne cause pas VM2

 

0.12546

0.72361

VTRANS ne cause pas VIPC

178

2.56290

0.11120

VIPC ne cause pas VTRANS

 

0.00041

0.98378

VTXCH ne cause pas VIPC

178

4.78736

0.02999

VIPC ne cause pas VTXCH

 

0.02457

0.87562

VTRANS ne cause pas VM2

178

0.07127

0.78981

VM2 ne cause pas VTRANS

 

1.43214

0.23303

VTXCH ne cause pas VM2

178

4.07814

0.04497

VM2 ne cause pas VTXCH

 

0.32239

0.57090

VTXCH ne cause pas VTRANS

178

1.65850

0.19951

VTRANS ne cause pas VTXCH

 

3.36983

0.06810

Source : calcul des Auteurs à partir de Eviews 4.1

3.4- Dynamique du modèle et Analyse des résultats

L'objet de cette partie, l'une des plus importantes du modèle, est d'étudier la dynamique de la modélisation VAR à travers les différents scénarios possibles. Cette étude nous permettra, en fait, à travers les mécanismes de réponses aux chocs ou réponses impulsionnelles et la décomposition de la variance, de mesurer d'abord l'impact de la variation des différents chocs sur chacune des variables et ensuite l'apport de ces chocs à la variance de l'erreur de prévision.

? Réponses au choc

La réponse aux chocs représente l'effet d'un choc, d'une innovation sur les valeurs courantes et futures des variables endogènes. La réalisation des scénarios de réponse aux chocs constitue l'une des principales préoccupations du processus VAR dans les applications empiriques de notre modèle. Le marché des changes en Haïti, mettant en évidence le dollar et la gourde, est susceptible de connaître des variations relatives au comportement de ces derniers à

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[Novembre 2009]

une période bien déterminée. En effet, en vertu de la théorie économique, un choc sur le volume de dollar sur le marché se répercute instantanément sur le taux de change et dès fois même sur l'inflation. Pour étudier la structure des chocs sur les différentes variables, il s'avère important de déterminer l'ordre dans lequel les différentes variables sont enregistrées, car les ordres de placements différents donnent des résultats différents. Par rapport à certaines théories économiques et au contexte de notre étude, nous imaginons que les transferts augmentent automatiquement la masse monétaire, pendant que cette dernière est susceptible d'agir sur le taux de change dont la variation se répercute sur l'inflation. De ce fait, nous avons retenu l'ordre suivant : VTRANS-VM2-VTXCH-VIPC.

Les graphiques ci-après retracent les fonctions de réponse impulsionnelle. Les courbes en pointillé représentent l'intervalle de confiance. Dans notre analyse nous considérons que l'amplitude du choc est égale à une fois l'écart-type et l'on s'intéresse aux effets du choc sur 18 périodes. Le graphique 5 indique qu'un choc de 1% sur la variation des transferts a un impact très faible sur la variation du taux de change. Tandis qu'au niveau du graphique 6 on peut remarquer qu'un choc sur le taux de croissance du taux de change n'a pas d'impact sur la variation des transferts, ce qui explique que les courbes relatives à la variation des transferts partent de l'origine.

Graphe 5- Réponse du taux de change à 1 Graphique 6- Réponse des transferts à 1

choc de 1% sur les transferts privés. choc de 1% du taux de change

.020 .015 .010 .005 .000 -.005 -.010 -.015 -.020

R e s p o n s e o f V T X C H t o C h o l e s k y
O n e S . D . V T R A N S I n n o v a t i o n

2 4 6 8 10 12 14 16 18

Response of VTRANS to Cholesky

42

One S.D. VTXCH Innovation

.08 .06 .04 .02 .00 -.02 -.04

 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

43

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Nous pouvons observer, entre autre, qu'un choc de 1% sur le taux de croissance des transferts se répercute faiblement sur le taux de change. L'impact du choc atteint son minimum après 2 mois (-0.8) et devient positif après 3 mois (0.3%). L'impact du choc disparaît totalement après 4 mois. C'est pourquoi l'analyse des fonctions de réponses impulsionnelles ne nous permet pas de calculer aussi l'effet d'un choc du taux de change sur l'inflation. Les résultats montrent que la réponse du taux de change à un choc initial sur les transferts n'est pas instantanée. Entre autre, après 7 mois, un choc de 1% sur le taux de change n'a pas d'impact sur la variation des transferts. L'impact atteint son maximum après 2 mois (0.3%).

? Décomposition de la variance

Dans l'objectif de calculer la contribution de chacune des innovations à la variance de l'erreur de prévision, nous avons été amenés à compléter les fonctions de réponses pulsionnelles par la décomposition de la variance de l'erreur de prévision. Pour y parvenir, nous allons écrire la variance de l'erreur de chacune des variables sur un horizon h où h allant de 1 à 12 mois ou périodes, ensuite on rapporte chacune de ces variances à la variance totale pour obtenir son poids relatif en pourcentage.

Les principaux résultats relatifs à l'étude de la décomposition de la variance montrent que la variance de l'erreur de prévision du taux de croissance du taux de change est due pour 93.7% à ses propres innovations, pour 6% à celles de VTRANS, pour 0.3% à celles de VM2 et pour 0% à celles du taux de croissance de l'Indice des Prix à la Consommation (IPC).

Tableau 5: Décomposition de la variance de l'erreur du taux de croissance du taux de change

Période

S.E.

VTRANS

VM2

VIPC

VTXCH

1

0.038887

3.643841

0.001409

0.000000

96.35475

2

0.041380

5.751946

0.298667

0.005163

93.94423

3

0.041761

5.970596

0.299078

0.005350

93.72498

4

0.041819

5.986196

0.300157

0.005349

93.70830

5

0.041827

5.986949

0.300575

0.005350

93.70713

6

0.041828

5.986964

0.300640

0.005351

93.70704

7

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

8

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

9

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

10

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

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11

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

12

0.041828

5.986964

0.300647

0.005351

93.70704

Cholesky Ordering : VTRANS VM2 VTXCH VIPC

Source : Calcul des Auteurs à partir d'Eviews 4.1

Les différents résultats émanés de l'analyse des fonctions de réponses pulsionnelles et la décomposition de la variance montrent que l'impact de la variation des transferts privés de la diaspora sur le taux de change n'est que de très courte durée. Ces résultats sont bien spécifiques et propres à l'économie haïtienne en raison d'une présence très forte de la Banque Centrale haïtienne, sur le marché des changes, qui contrôle strictement sur le marché les rentrées des transferts de devises de la diaspora.

Ces observations et ces constats nous amène à accepter l'hypothèse qui a été formulée à savoir : `'Etant une rentrée de devises, le volume des transferts répercute sur le taux de change en Haïti». Cette faiblesse observée au niveau de l'impact de la variation des transferts sur le taux de change peut être attribuée aux politiques de la BRH dans le cadre de son objectif et son rôle de stabiliser le cours de la gourde par rapport au dollar. La BRH se montre de plus en plus très active sur le marché des changes en achetant et vendant des devises dépendamment du volume de dollar qui circule dans l'économie.

Les techniques utilisées et la période que nous avons considérée pour modéliser le phénomène possèdent, toutefois, certaines limites. Ce qui nous empêche de mieux étudier l'impact de la variation des transferts privés sur le taux de change en Haïti. La littérature verbale a souvent sous-entendu que déjà que l'impact existe dans le cadre de l'économie haïtienne. Il serait, en fait, intéressant d'effectuer une pareille étude en élargissant la période d'étude et en ajoutant d'autres variables susceptibles d'influencer le taux de change.

Disposer, entre autre, de très bonnes informations et de statistiques fiables auprès des institutions pourrait mieux nous éclairer, dans une certaine mesure, sur le canal par lequel passe les transferts pour agir sur le taux de change et nous permettrait d'aboutir en quelque sorte à des meilleurs résultats concernant l'étude de l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti.

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Conclusion et recommandations

Dans le cadre de notre étude, il a été question d'étudier l'impact des transferts privés de la diaspora sur le taux de change en Haïti pour la période allant d'Octobre 1992 à Septembre 2007. Après avoir explicité les concepts clés du travail à travers un cadre conceptuel, passé en revue les différents travaux et études relatifs à notre travail, on a étudié la tendance du taux de change et celle des transferts privés de la diaspora pour la période considérée sans oublier de situer les apports de ces derniers dans le canal de la Balance des Paiements, et ensuite on a effectué une analyse empirique relative à l'économie haïtienne à travers une modélisation de l'impact des transferts privés sur le taux de change en utilisant d'autres variables comme la masse monétaire M2 et l'Indice des Prix à la Consommation (l'IPC), toutes les deux, susceptibles d'avoir des impacts sur le taux de change d'après les théoriques économiques.

En effet, le test de causalité de Granger ne nous a pas permis, à travers nos analyses économétriques, de déceler une éventuelle relation entre les transferts privés et le taux de change. C'est pourquoi nous avons dû recourir à d'autres outils plus pertinents comme les réponses impulsionnelles et la décomposition de la variance de l'erreur du taux de change. Ainsi, les premiers résultats ont montré que les transferts privés agissent faiblement sur le taux de change. Cette faiblesse est expliquée par la forte présence de la BRH sur le marché des changes dans le cadre de son objectif de stabilisation du dollar par rapport à la gourde. En fait, on a observé que l'impact d'un choc de 1% sur la variation des transferts, répercutant faiblement sur le taux de change, devient positif après deux mois et disparaît totalement après 4 mois. Entre autre, l'étude nous a permis de comprendre aussi que le taux de croissance du taux de change dans l'économie haïtienne est causé fortement par ses propres innovations, soit à un pourcentage de 93.7% et en second lieu par les transferts privés de la diaspora (6%).

La présence inconditionnelle de la BRH sur le marché des changes a sa grande part à jouer dans les interactions des transferts privés et du taux de change en mettant des structures viables en place pour contrôler la rentrée des devises étrangères dans l'économie haïtienne.

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Constituant la principale source de devises pour l'économie haïtienne, une réduction substantielle des transferts diminue l'offre de devises dans l'économie et peut jouer sur la variation du taux de change à la hausse si la BRH n'intervient pas rapidement pour stabiliser le cours de la gourde par rapport au dollar comme elle l'avait fait en 2001 et en 2007 pour ne rester que dans notre période d'étude.

De ce fait, pour pallier les interventions de la BRH sur le marché des changes lui obligeant de vendre des devises lorsque le volume de ces dernières n'accorde pas à la quantité de gourde qui circule dans l'économie, nous sommes amenés à faire quelques recommandations compte tenu du rapport de prix entre le dollar et la gourde définissant le taux de change même en Haïti.

Les recommandations que nous voulons faire s'articulent autour d'une vision beaucoup plus optimiste et réelle de la production nationale qui constitue un élément essentiel dans le cadre d'une revitalisation de l'économie haïtienne et d'une moindre dépendance des transferts privés de la diaspora. En effet, la force de toutes les grandes économies mondiales et celle des pays en développement réside dans leur capacité de pouvoir offrir quelques choses à l'extérieur pour rentrer des devises. Les exportations d'Haïti n'excèdent même pas les 900 millions de dollars alors que les transferts privés de la diaspora, qui ne dépendent pas des politiques des autorités haïtiennes, dépassent les 1.5 milliards de dollars. En ce sens, dans le cadre d'une campagne véritable de diversification des sources de devises de l'économie haïtienne, nous proposons :

- La création d'une commission interministérielle devant statuer sérieusement sur la question de la production nationale en mettant en oeuvre des plans d'actions concrètes et claires réalisables dans des meilleurs délais possibles.

- Une reconceptualisation du secteur touristique par rapport aux nouveaux défis auxquels il fait face et les opportunités énormes qu'il présente dans l'économie haïtienne et une mise exécution rapide du plan directeur touristique du ministère du tourisme.

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- Une politique de promotion véritable des investissements directs étrangers avec des avantages incitatifs bien définis.

- Une politique de Création des zones Économiques Spéciales (ZES) comme la chine l'avait fait à son démarrage en 1950 avec une politique fiscale favorisant l'épanouissement de telles zones au profit des emplois massifs.

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www.worldbank.org/prospects/migrationandremittances : Banque Mondiale

http://siteresources.worldbank.org/EXTANNREP2K8/Resources/5164353-1222371156065/French.pdf : Rapport annuel 2008 de la Banque mondiale

www.gem.sciences-po.fr/content/.../migrations_lecture7.pdf: Migration Internationale, Commerce et Développement.






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