WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

( Télécharger le fichier original )
par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2- La responsabilité de l'homme

Qu'est-ce que la responsabilité ? Par responsabilité, l'on peut entendre tout ce qui incombe à l'homme de faire pour l'affirmation digne de son être dans tous les domaines de la vie. En effet, la responsabilité vient du latin respondere, qui signifie être digne de, égal à, à la hauteur de : le fait de répondre totalement de ses actes, de les assumer et de s'en reconnaître l'auteur83. Parler de responsabilité implique nécessairement une certaine imputation de l'homme. L'évocation de toutes ces capacités dans les domaines de la vie fait appel à la pleine conscience de l'homme. Se donner les moyens intellectuels, physiques et moraux possibles, en agissant toujours pour la sauvegarde de sa dignité d'homme, fait partie de la responsabilité de l'homme.

La dignité étant intrinsèquement reconnue qu'aux hommes, impose d'assumer tous leurs devoirs, leurs engagements, en vertu de leurs facultés : la raison, la maturité, la liberté. L'imputation de la responsabilité à l'homme réside aussi dans le fait qu'elle consacre toute l'humanité et la particularité de ce dernier qui, à la différence des autres espèces vivantes de la nature, possède la faculté du bien et du mal, et donc de pensée : « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant »84. On peut comprendre qu'on ne saurait parler véritablement de responsabilité que par rapport à cet être raisonnable et libre. Il est en effet le seul être vivant, capable d'esprit critique, de discernement et donc de raison qui l'installe au monde et lui recommande d'y prendre position.

La responsabilité de l'homme que nous évoquons ici, revêt une dimension absolument rationnelle et critique. Là où la responsabilité de l'homme est

83 Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. cit., p. 250.

84 Blaise Pascal, Pensées, Paris, Gallimard, 1954, pp. 1156-1657.

50

évoquée, cela suggère que sa raison est interpellée. Et critique, dans la mesure où l'homme se doit de cultiver une conduite enracinée dans la source morale qu'est la dignité humaine85. Pour cette raison, le fait d'accomplir le devoir, est plus que nécessaire pour l'édification de l'humanité. Dans cette logique précise, l'étude de l'homme peut être comprise comme l'expression de la volonté de l'homme de se comprendre lui-même, voire la conduite convenable dans ses rapports avec ses semblables.

Les conduites rationnelles et bienveillantes se réaliseraient avec l'exacte connaissance de soi, de ses forces physiques, intellectuelles et morales effectives. Selon Emmanuel Kant la vraie connaissance morale de soi doit refuser de « prendre pour des preuves d'un bon coeur de simples voeux qui peuvent bien être effectifs avec un vif désir mais qui en ce qui touche l'action, sont vides et le demeurent »86.

Il y a ici responsabilité de l'homme, dans la mesure où en tant qu'intelligence, il se doit d'articuler le vouloir et le pouvoir pour l'accomplissement d'actions dignes de son être. Ce qui permet de penser qu'il ne suffit pas d'émettre des voeux ou de posséder uniquement de bonnes intentions qui, du reste, se bousculent dans la pensée, mais plutôt de se donner les moyens possibles de les réaliser pour le plus grand bien du monde. De fait, la responsabilité de l'homme est liée à l'action réglée sur des conduites moralement acceptables.

La responsabilité est une imputation de l'homme puisqu'elle n'est conçue et admise comme telle que par rapport à ce dernier. Cette responsabilité implique de manière générale, que l'homme doit répondre de ses actes à tous les niveaux, dans ce cas, elle correspond au devoir chez Emmanuel Kant. Pour lui, le devoir désigne la nécessité d'accomplir une action avec inclination pour la loi, par laquelle l'homme a « conscience d'une bonne volonté qui de son propre aveu

85 Jürgen Habermas, La constitution de l'Europe, trad. de l'allemand par Christian Bouchindhomme, Paris, Gallimard, 2012, p. 137.

86 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 101.

51

constitue la loi pour la volonté mauvaise qu'il a en tant que membre du monde sensible »87.

Parler de responsabilité de l'homme, c'est aussi parler de ce qu'il accomplit décidemment tout en s'assumant. Dans cet élan de responsabilité, il suit qu'il est toujours nécessaire de reconnaître dans nos conduites sociales l'importance du devoir qui les fonde. Il serait de ce fait ce qui élève l'homme au dessus de lui-même. La raison exige qu'il préserve la personnalité et l'espèce humaine toute entière en répondant de ses actes. En plus, la reconnaissance d'une libre soumission de la nature humaine à la perfection, voudrait que, quand il s'agit de responsabilité, l'homme ne se borne pas à y voir seulement ses intérêts, mais doit songer au bien de tous.

Dans cet ordre d'idées, il est possible d'observer cette vision rationaliste de la responsabilité de l'homme chez Jonas Hans. Pour lui, la responsabilité des modernes dans la civilisation technologique est de s'assumer devant les défis de cette époque. Jonas Hans, à cet effet, affirme que :

C'est un problème central de l'éthique de la responsabilité pour l'avenir que nous recherchons. Pour l'instant il faut simplement dire que dans la zone où nous avons pénétré avec la technique et dans laquelle nous devons désormais évoluer, la circonspection et non l'excès doit être le mot d'ordre88.

Jonas Hans lie la responsabilité au devoir. Il fait correspondre la responsabilité au devoir qui consiste à circonscrire le progrès technique pour le plus grand bien du monde. En effet, cette responsabilité implique le devoir dans la mesure où il serait inconcevable de parler de responsabilité sans qu'on y trouve une nécessité d'agir, surtout quand cela engage notre existence. Cette conception trouve tout son sens dans une perspective sartrienne. De fait, l'homme étant défini par la liberté, la responsabilité qui incombe est de s'assumer comme tel.

87 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 195.

88 Jonas Hans, Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Garnier Flammarion, 1990, p. 343.

52

De fait, l'homme est tenu de réaliser son existence indépendamment de toute aide divine. L'homme doit modeler l'histoire. De fait, à la question pourquoi parler de responsabilité de l'homme, Jean Paul Sartre soutient que cette dernière ne relève pas d'une volonté divine, elle lui incombe plutôt, et son épanouissement existentiel en dépend :

Parce que nous rappelons à l'homme qu'il n'y a pas d'autre législateur que lui-même et que c'est dans le délaissement qu'il décidera de lui-même ; et parce que nous montrons que ça n'est pas en se tournant vers lui, mais toujours en cherchant hors de lui un but qui est telle libération, telle réalisation particulière, que l'homme se réalisera précisément comme humain89.

La responsabilité de l'homme apparaît indispensable dans la mesure où la liberté en dépend. Il s'agit de répondre de tous ses actes qui se résument en devoirs. La responsabilité se fonde sur l'engagement à accomplir pleinement ses devoirs. Elle suppose que l'être humain doit s'assumer. De même, les éléments de la responsabilité ne peuvent être que des actions accomplies par devoir qui s'emboîtent de partout, s'enchaînent et se complètent. C'est pourquoi, il s'avère que tout ce qui relève de la responsabilité de l'homme trouve sa justification dans l'accomplissement du devoir. Le caractère subversif de la vérité s'impose impérativement à la pensée.

Elle suppose que les relations interpersonnelles soient absolument édifiantes et dignes de celui-ci. C'est justement ainsi que la bonne conduite recouvre toute sa signification : le Bien suprême. Il ne peut être contemplé que dans l'ensemble du genre humain. Le genre humain est le seul capable du Bien suprême90. Il est l'ensemble des contributions spécifiques de chaque membre du genre humain. Il renvoie à la totalité, l'individualisation du concept de devoir permettant de comprendre la contribution individuelle de chacun, justement dans sa spécificité comme le produit d'une action régie par la loi morale.

89Jean Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1946, p. 94.

90 Friedrich Schleiermacher, Conférences sur l'éthique, la politique et l'esthétique, Op. cit., p. 242.

53

La qualité d'être raisonnable impose à tout être humain de prendre en charge son existence. En effet, la responsabilité de l'homme, de ce point de vue renvoie à la moralité. C'est une prise de conscience réelle de ce que nous représentons, c'est-à-dire une valeur absolue. L'homme est doté de capacités physiques, morales et intellectuelles, aux moyens desquels il peut assurer son existence. La réalisation du bien moral dans le domaine de l'agir suppose la responsabilité de l'homme, responsable de tout devant tous. Ce qui implique que l'homme doit renoncer à la quiétude et agir pour une affirmation digne de tous. La responsabilité de l'homme doit, par conséquent, dépasser l'intériorité passive que peut constituer la conviction subjective afin de réaliser la moralité91 dans les conduites humaines.

Si l'homme est défini par la liberté, sa responsabilité se pose en conséquence. En assumant cette dernière, il construit son existence car il la prend en charge en toutes situations. De plus, elle met en exergue la capacité de l'homme à apprécier la valeur de la liberté. Elle englobe les conditions d'une existence digne des hommes. La responsabilité de l'homme assumée vient donner à la moralité toute sa consistance car elle suppose l'accomplissement des devoirs indépendamment de toute influence extérieure. Mais la moralité telle que déjà comprise revêt-elle un caractère contraignant pour l'homme ?

91 Mai Lequan, La philosophie morale de Kant, Op. cit., p. 347.

54

CHAPITRE II : LA MORALITÉ ENTRE LIBERTÉ ET CONTRAINTE Dans la philosophie morale d'Emmanuel Kant, les concepts de moralité, d'autonomie et de liberté semblent contenir une certaine convertibilité. Selon cette convertibilité, on ne saurait parler de moralité indépendamment de l'autonomie et de la liberté92. Toutefois que l'on évoque la moralité, cela sous-entend nécessairement l'autonomie ou la liberté de l'homme. Avec la mise en lumière de l'idée d'autonomie, la forme de la liberté paraît trouver dans la moralité, la notion de volontés législatrices universelles, un contenu adéquat. Car, c'est seulement ainsi qu'il se définit.

Souvent cette conception kantienne de la moralité est mal interprétée. Cela pourrait se justifier par certains préjugés, qui vont jusqu'à la taxer de rigorisme93 relativement, à certaines formules d'Emmanuel Kant jugées presqu'excessives. Ces dernières taxées de contrainte en matière de moralité, se voient refuser la liberté. Pourtant, il écrit ceci : « Je comprends par là, à vrai dire, non pas quelque chose comme un simple voeu, mais l'appel à tous les moyens dont nous pouvons disposer »94 La réalisation de la moralité chez l'homme nécessite des efforts, et n'admet point que la bonne volonté se contente de la pureté intérieure de sa maxime.

Pour Emmanuel Kant, bien qu'exigeant l'accomplissement du devoir, la moralité se fonde sur l'autonomie de la volonté et implique le traitement de l'humanité comme fin en soi. Pour lui, ce que l'on fait sans joie et seulement comme une corvée, n'a aucune valeur morale interne. En dehors du vouloir librement exprimé, aucune valeur morale n'est concevable. De ce fait, que doit-on comprendre des acceptions de la moralité ? La moralité et son rapport à la contrainte n'est-il pas une faculté nécessaire de l'être raisonnable ?

92 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 192.

93 On connait l'épigramme de Schiller : « Scrupule de conscience : Je sers volontiers mes amis ; mais, hélas je le fais avec inclination, et ainsi je me sens souvent tourmenté de la pensée, que je ne suis pas vertueux ... » Mais Schiller lui-même a nuancé sa critique du « rigorisme » kantien, au point d'être presque, finalement, d'accord avec Emmanuel Kant.

94 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 86.

55

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand