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De la gratuité sur internet. Etude de cas de Google inc.

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par Clara Pillet
CELSA - Master 2 2015
  

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Conclusion

Le Web a comme fondement la gratuité associée à la publicité comme business model. Cependant, ce modèle d'affaires implique une relation d'échange particulière entre l'entreprise qui propose des services gratuits et l'internaute qui choisit d'utiliser ses services.

J'ai donc choisi de comprendre quelle était la place de l'internaute au sein d'un système économique complexe comme celui de Google Inc. et quels étaient les enjeux économiques et sociaux qu'un modèle financier basé sur la gratuité impliquait.

En effet, je me suis d'abord posé la question de savoir comment un service entièrement gratuit pour l'utilisateur pouvait gagner de l'argent. Avec l'intuition que les données personnelles étaient une forme de monnaie d'échange, je me suis penchée sur la place de l'utilisateur, producteur de ces données, au sein de l'écosystème de Google Inc., entreprise emblématique de la gratuité sur Internet et ait également pu comprendre qu'une relation basée sur le don se formait entre l'entreprise et l'utilisateur.

De plus, à partir de l'affirmation « le service est gratuit, je suis le produit », je me suis penchée sur cette notion d'utilisateur produit, pour découvrir par la suite que l'utilisateur n'était pas seulement une marchandise échangée entre Google Inc. et les annonceurs, mais également le producteur indirect de la richesse de Google Inc. En améliorant les services de l'entreprise, cette dernière attirait plus d'utilisateurs, qui permettait ensuite de l'enchérir.

Enfin, afin de comprendre quelle était la position de Google Inc. par rapport à ces relations d'échanges avec l'utilisateur, j'ai étudié les discours d'accompagnement de Google Inc. L'on peut remarquer un véritable effet de double discours, notamment en comparant les Conditions d'Utilisation de l'entreprise, et les discours concernant la sécurité et la confidentialité : le texte légal est plus riche en informations et les pratiques décrites m'ont paru effrayantes et peu éthiques, alors que le discours sur la protection des utilisateurs a pour but de les rassurer pour qu'ils aient confiance en l'entreprise. Ainsi, le discours de communication enjolive et euphémise la réalité des pratiques de Google Inc.

Ainsi, j'ai pu montrer que l'utilisation d'un service gratuit impliquait l'internaute dans une relation avec l'entreprise Google Inc. de manière économique, sociale et communicationnelle.

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Premièrement, Google Inc. propose des services gratuits dans une logique marchande, aucun échange d'argent ne s'opère entre l'internaute et l'entreprise. Cependant, la donnée personnelle acquiert de la valeur dans le modèle économique de Google Inc., basé sur la publicité ciblée, et l'on peut dire que cette donnée devient une monnaie d'échange. Une logique de don passif s'opère entre l'utilisateur et l'entreprise, l'utilisateur devenant alors le produit de Google Inc., revendu aux annonceurs.

Par la suite, j'ai pu montrer que les utilisateurs de Google Inc. étaient conscients de cet échange, et de leur place de produit dans le système de Google Inc. Grâce à l'analyse des réponses à un questionnaire Ð élaboré grâce aux services gratuits de Google Inc. !-, j'ai pu montrer que les utilisateurs étaient dérangés par l'usage de leurs données personnelles par l'entreprise. De plus, les utilisateurs sont également conscients de participer à l'enrichissement de l'entreprise, et à l'amélioration de ses services, condition pour recruter toujours plus d'utilisateurs pour l'entreprise. L'utilisateur est donc à la fois produit et producteur de la richesse de Google Inc. Il est intéressant de noter que malgré cette conscience accrue des utilisateurs et le fait qu'ils n'approuvent pas ces pratiques, aucune stratégie de repli n'est envisagée, et aucun moyen de changement (payer ou se faire payer) n'est réellement envisagée

Enfin, j'ai choisi de disséquer la stratégie de communication corporate de Google Inc., en analysant trois discours produits par l'entreprise, afin de montrer l'idéologie humaniste de Google Inc., qui sert à rassurer et à tisser une relation de confiance avec ses utilisateurs. En effet, l'entreprise met en place une idéologie basée sur la mise en forme du monde pour le bien de tous, et au service de l'internaute, sans mentionner la mise en forme de l'individu qui s'opère également par ces mêmes procédés. De plus, Google Inc. se positionne comme une entreprise qui veut du bien à l'humanité, et qui cherche à se lier de confiance comme une personne physique avec les internautes.

Ainsi, l'utilisateur, en tant que produit de données et producteur de données, se place alors au coeur de l'écosystème bâti par Google Inc., basé sur la gratuité publicitaire. Ce rôle le place au coeur de relations d'échanges complexes, d'ordre économique, social et communicationnel, qui ont pour seul but d'augmenter le nombre d'utilisateurs des services de Google Inc. pour accroître le chiffre d'affaires de l'entreprise.

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En ce qui me concerne, cette notion de gratuité que j'ai pu analysée durant ce mémoire m'a fait perdre confiance en l'entreprise Google Inc. Cependant, je continue d'utiliser ses différents services car les coûts de recherche et de migration vers un service différent sont trop élevés.

Je pourrais donc conclure en effectuant plusieurs recommandations, à l'égard de Google Inc. et de ses utilisateurs, concernant l'utilisation et l'exploitation des données personnelles de ses utilisateurs.

Les utilisateurs de Google Inc. attendent de l'entreprise qu'elle leur fournisse des services de qualité et gratuits. Mais ils attendent également du respect, de la connaissance et du savoir pour les aider à conduire leur vie, comme peut le faire un service de Google Inc. Ainsi, pour pallier au manque de confiance dont Google Inc. est à la recherche constante, l'entreprise pourrait partager les informations qu'elle détient sur ses utilisateurs, et les décisions induites par cette information. La symétrie d'information entre l'utilisateur et l'entreprise serait la clé d'une confiance durable.

En ce qui concerne les utilisateurs qui ont un avis négatif sur la collecte de leurs données personnelles par l'entreprise, mais qui continuent d'utiliser les différents services qu'elles proposent, les solutions alternatives doivent leur être proposées, afin qu'ils puissent choisir entre différents services. Si la plupart trouvent que les services équivalents, qui sont respectueux de leurs données personnelles (comme les moteurs de recherche DuckDuckGo ou Ecosia), ne sont pas aussi efficaces, une troisième proposition alternative pourrait leur être proposée : le navigateur Tor (The Onion Router), qui permet d'anonymiser le comportement et la connexion des internautes grâce à un protocole technique différent.

En effet, je recommanderais avant tout, la formation des individus aux procédés techniques de collecte et de traitement exécutés par des entreprises comme Google Inc., ainsi que la mise en visibilité des alternatives au « conglomérat numérique » qu'est Alphabet, afin de laisser le choix, en toute connaissance de cause aux internautes.

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Ici, l'enjeu devient « d'outiller les individus en informations, en moyens d'analyse et de compétences, pour en faire usage à leurs propres fins »120, ou simplement savoir ce qu'une entreprise surveille et collecte, afin de redonner un pouvoir d'information et de liberté à l'individu.

120 KAPLAN E. & FRANCOU R. « Les règles de la confiance sur Internet », le Monde.fr, le 18 mars 2011. Disponible :

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/03/18/les-regles-de-la-confiance-sur-internet 1495419 651865.html (Consulté le 27 août 2015)

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault