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à‰tat des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région centre du Cameroun de 1960 à  2010.

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par Judith Tsafack
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2013
  

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UNIVERSITE DE YAOUNDE II

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES DU CAMEROUN
B.P. : 1637 Yaoundé
Tel : (237) 22 31 03 05
Fax : (237) 22 31 89 99
E-mail :
iric@uy2dc.uninet.cm

MASTER EN COOPERATION
INTERNATIONALE, ACTION
HUMANITAIRE ET DEVELOPPEMENT
DURABLE

ETAT DES LIEUX DE L'OEUVRE DES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS
LA REGION CENTRE DU CAMEROUN DE 1960 A 2010

Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention du diplôme de

Master en Relations Internationales

Parcours : Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable Option : Coopération au Développement et Action Humanitaire

Par

TSAFACK Judith

Sous la direction du
Pr. ESOH ELAME

Professeur des Universités

Mai 2013

i

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES, JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE DU

CAMEROUN 16

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES DE L'OEUVRE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE DU CAMEROUN 18

Section I) L'évolution de la solidarité humaine 18

Section II) La structuration de la solidarité humaine à l'échelle internationale 22

CHAPITRE II : LES FONDEMENTS JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES ORGANISATIONS

INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE 28

Section I) Les sources juridiques des l'action des organisations internationales non gouvernementales

au Cameroun 28

Section II) Les fondements politiques de l'action des organisations internationales non

gouvernementales au Cameroun 37

DEUXIEME PARTIE : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES ET LEURS

REALISATIONS DANS LA REGION CENTRE DU CAMEROUN 44

CHAPITRE III : UNE PARTICIPATION EFFECTIVE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON

GOUVERNEMENTALES AU DEVELOPPEMENT DE LA REGION CENTRE DU CAMEROUN 46

Section I) Un profil pluriel des organisations internationales non gouvernementales présentes dans la

région Centre du Cameroun 48

Section II) Les réalisations des organisations internationales non gouvernementales dans la région du

Centre du Cameroun 68

CHAPITRE IV : LIMITES ET PERSPECTIVES D'AMELIORATION DE L'ACTION DES ORGANISATIONS

INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE DU CAMEROUN 79

Section I) Les limites à l'efficacité des organisations internationales non gouvernementales actives

dans la région du Centre 80

Section II) Perspectives d'amélioration de l'oeuvre des organisations internationales non

gouvernementales dans la région du Centre 95

CONCLUSION GENERALE 104

BIBLIOGRAPHIE 107

ANNEXES 113

TABLE DES MATIERES 130

DEDICACE

A

Mon époux Norbert Sonné Mes enfants :

Fabiole M. Sonné Jessie A. Sonné Joyce M. Sonné

REMERCIEMENTS

II

Au moment de terminer la rédaction de travail, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude aux personnes suivantes :

- Pr ESOH ELAME, Coordonateur scientifique du Master CA2D, qui a bien voulu encadrer ce travail ;

- L'équipe de coordination du Master CA2D ;

- Dr Thomas FOZEIN, Enseignant à l'IRIC, pour ses conseils utiles ;

- Roger KOUOKAM de GEOVIC dont les conseils ont permis d'améliorer la présentation de ce document ;

- Dr Roger FOTSO, Directeur National de WCS, pour la qualité de l'entretien qu'il a voulu nous accorder dans ses bureaux de Bastos ;

- A Hanson NJIFORTI, Directeur National de WWF, pour l'atmosphère conviviale et sa disponibilité lors de l'entretien;

- A Famari BARRO, Directeur national de Plan Cameroon, qui a eu l'idée de mettre sur pied un forum de concertation des OING au Cameroun, nous facilitant ainsi l'identification d'un certain nombre d'organisations ;

- A Casimir YOUMBI de Plan Rwanda, et Zacharie MGBAMINE qui ont bien voulu relire ce travail ;

- A mon camarade et époux Norbert SONNE, pour son soutien infaillible et

particulièrement pour la facilitation des rencontres dans les ONG internationales ;

- A nos camarades Hervé FOE AMBARA, Gina MONEZE et Jean Hermann WAYA, dont

les efforts ont contribué à l'élaboration de ce document.

A tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ont contribué à la réalisation de ce travail, qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

SIGLES ET ABREVIATIONS

III

ACDI : Agence Canadienne pour le Développement International

ACMS : Association Camerounaise pour le Marketing Social

ACP : Afrique, Caraïbes et Pacifique

ACRA : Association des Communicateurs et Rédacteurs de l'Agroalimentaire

AFD : Agence Française de Développement

AFVP : Association Française des Volontaires du Progrès

ANE : Acteurs Non Etatiques

APD : Aide Publique au Développement

BAD : Banque Africaine de Développement

D : Contrat de Désendettement et de Développement

CA2D : Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable

CAA : Centre d'Art Appliqué

CNUDE : Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant

COE : Centre d'Orientation Educative

COPAD : Collectif des Organismes de Participation au Développement du Cameroun

DGIS : Direction Générale pour la Coopération Internationale, Ministère néerlandais des

Affaires Etrangères

DIT : Division Internationale du Travail

DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

ECOSOC : Conseil Economique et Social des Nations Unies

EDSC : Enquête Démographique et de Santé au Cameroun

EP : Ecole Publique

ESF: Economie Sociale et Familiale

FAGE : Fédération des Associations Générales Etudiantes de France

iv

FED : Fonds Européen pour le Développement

GIC : Groupe d'Intérêt Commun

GIE : Groupe d'Intérêt Economique

GVFI : Global Viral Forecast Initiative

HKI : Helen Keller International

IFA : Institut de Formation Artistique

IFI : Institutions Financières Internationales

IH : Industrie d'Habillement

INADES : Institut Africain pour le Développement Economique et Social

IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

IST : Infections Sexuellement Transmises

MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

MINEDUB : Ministère de l'Education de Base

MINEPDED: Ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement

Durable

MINESEC : Ministère des Enseignements Secondaires

MINFOF: Ministère des Forêts et de la Faune
MINSANTE : Ministère de la Santé Publique

MSF : Médecins Sans Frontières

MSH : Management Sciences for Health

MTN : Maladies Tropicales Négligées

OCEAC : Organisation de Coordination et de coopération pour la lutte contre les grandes

Endémies en Afrique Centrale

OI : Organisation Internationale

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OING : Organisation Internationale Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

V

PNDP : Programme National de Développement Participatif

PSI : Population Services International

PTF : Partenaires Techniques et Financiers

REGIFERCAM : Régie Nationale des Chemins de Fer du Cameroun

SIDA : Syndrome de l'Immunodéficience Acquise

SNV : Organisation Néerlandaise de Développement

UE : Union Européenne

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

VIH: Virus de l'Immunodéficience Humaine

VSO: Volunteer Service Overseas

WCS: Wildlife Conservation Society

WWF: Word Wide Fund for Nature

LISTE DES TABLEAUX

vi

Tableau 2: Synthèse des données recueillies auprès des OING 49

Tableau 3: Matrice d'intervention des OING présentes dans le Centre 55

Tableau 4: Forces et faiblesses à l'action des OING dans la région. 80

Tableau 5: Destinataires et priorisation des recommandations 102

LISTE DES GRAPHIQUES

vii

Graphique 1: Répartition des OING selon la période d'établissement au Cameroun

50

Graphique 2: Répartition des OING par domaine d'intervention 56

Graphique 3: Effectif des employés par OING 59

Graphique 4: Répartition du personnel des OING en fonction du genre 61

Graphique 5: Ressources financières par OING 62

LISTE DES CARTES ET PHOTOGRAPHIES

VIII

Photo 2: Approvisionnement de l'école en eau de forage 74

Photo 1: EP de Mimbang, vue d'ensemble 74

Photo 4: Intérieur d'une salle de classe 74

Photo 3: Devanture d'une salle de classe 74

Photo 6: Plaque de l'Ecole Publique de Mimbang 74

Photo 5: Latrines 74

Photo 7: Atelier de poterie du CAA de Mbalmayo 76

Photo 8 : OEuvres d'art du CAA de Mbalmayo 76

LISTE DES ANNEXES

ix

Annexe 1: Répertoire des ONG internationales présentes dans la Région Centre du

Cameroun À mars 2013. 114

Annexe 2: Fiche d'identification des ONG internationales 126

Annexe 3: Guide d'entretien avec les ONG internationales 128

RESUME

X

La solidarité internationale est l'une des valeurs partagées par divers acteurs de la scène internationale. De manière générale, elle se manifeste lorsque des membres de la « communauté internationale » sont victimes des crises (conflits, catastrophes, famines, ...) et elle se matérialise à travers des actions d'urgence ponctuelles. Cependant, elle a évolué pour intégrer des actions de longue durée et sa concrétisation passe par divers acteurs d'envergure internationale parmi lesquels les organisations non gouvernementales internationales. L'émergence et l'action des ONG internationales au Cameroun trouvent leur fondement dans des textes internationaux en matière de coopération au développement et doivent leur légitimité à l'existence d'un cadre juridique interne relatif aux ONG.

La présente étude qui porte sur l'Etat des lieux de l'oeuvre des organisations non gouvernementales internationales dans la région Centre du Cameroun, s'inscrit dans une démarche hypothético-déductive et met en relief l'action desdites organisations dans la région. Il en ressort qu'à ce jour, vingt trois ONG internationales y sont installées et y mènent des actions dans différents domaines dont les principaux sont : la santé, le VIH/Sida, l'éducation, le développement local et les droits de l'homme. Ces réalisations contribuent à l'amélioration des conditions de vies des populations vulnérables.

Loin de constituer un mouvement irréprochable, ces organisations font face dans la réalisation de leurs activités à des obstacles aussi bien internes qu'externes. L'amélioration de l'efficacité de l'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre passe par un renforcement du cadre réglementaire et institutionnel, la prise en compte de la gouvernance comme point fondamentale dans la définition et la mise en oeuvre des politiques de développement des différents acteurs impliqués, une meilleure coordination des actions, une revalorisation des compétences locales et, une implication et une participation effective des populations dans la conception et la mise en oeuvre des projets dans leurs communautés.

Mots clés : ONG internationale, action humanitaire, solidarité internationale, état des lieux.

ABSTRACT

xi

The international solidarity is one of the common values shared by various actors on the international scene. Generally, it occurs when members of the "international community" are victims of crises (conflicts, disasters, hunger ...) and it is materialized through emergency relief, and short term assistance. However, it has evolved to incorporate long-term actions implemented through various key actors amongst others the international Non-Governmental Organizations. The emergence and the work of international NGOs in Cameroon are based on international conventions on development cooperation and their legitimacy to the existence of a national legal framework for NGOs.

This study on the state of international NGOs work in the Centre region of Cameroon is being done through hypothetical-deductive approach and highlights the classification of the organizations and their work in the region. It appears that, twenty-three international NGOs identified within this study are installed in the Centre region and carry out activities in various areas, with accent on health, HIV/AIDS, education, community development and human rights. Their achievements contribute to improve the living conditions of vulnerable people in the region.

Far from being a perfect movement, these organizations face some difficulties (internal and external) in carrying out their activities. The improvement of the effectiveness of the work of international NGOs could be done through considering governance as a key point in the definition and implementation of development policies by the various actors involved in the process, a better coordination of activities, a reconsideration of the local expertise and, an effective participation of beneficiaries in the design and implementation of projects in their communities.

Keywords: international solidarity, international NGOs, humanitarian action, review.

INTRODUCTION GENERALE

1

2

I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ETUDE

A. Contexte et justification

La solidarité humaine est aussi vieille que l'humanité elle-même. Celle-ci a toujours fait partie intégrante de la vie en société. Témoin de l'histoire sociale et culturelle, l'aide apportée à autrui a juste évolué, dans son fond et dans sa forme. Pour tous les peuples en effet, les actions visant à alléger les souffrances et à améliorer les conditions de vie des démunis ont toujours existé. Partie de la solidarité familiale pour s'étendre au développement des mouvements caritatifs, l'histoire de l'assistance humanitaire est le plus souvent indissociable de celle de la pauvreté ou des souffrances. L'évolution de cette conception philanthropique de notre monde est ainsi passée des familles aux nations.

En effet, le mouvement de décolonisation des années 1960 a soumis l'ordre international à une nouvelle structuration, due à l'accès à l'indépendance de nouveaux acteurs étatiques1, dont les pays en voie de développement et parmi lesquels le Cameroun. Ces nouveaux sujets de droit international intègrent la collectivité des nations souveraines et au vu des difficultés rencontrées, ils réclament une participation de la société internationale à leur processus de développement. Les organismes des Nations Unies furent progressivement créés à cet effet. L'expression d'organisation non gouvernementale (ONG) apparaît alors dans le vocabulaire international, à l'article 71 de la Charte des Nations Unies2, qui reconnait au Conseil Economique et Social le pouvoir de consulter les organisations non gouvernementales qui s'occupent des questions relevant de sa compétence.

Les organisations de la société civile du Nord expriment aussi un élan de solidarité à l'endroit des populations vulnérables de ces jeunes Etats. Les premières d'entre elles s'installent au Cameroun au cours des années soixante. Leur émergence témoigne tout d'abord de la compassion de ces acteurs non gouvernementaux, mais aussi du faible niveau de développement du jeune Etat. Leurs actions couvrent des domaines variés et ont pour but commun avoué, le développement. Cinquante ans après l'installation des premières organisations internationales

1 MOUELLE KOMBI Narcisse, Droit International Public, Master «Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», IRIC, 2011.

2 Département de l'Information des Nations Unies, Charte des Nations Unies et statut de la Cour internationale de justice, Article 71, réimpression de juin 1998, New York, p.45.

3

non gouvernementales3 (OING) au Cameroun, il nous a semblé opportun de faire un état des lieux de leur oeuvre dans la région Centre du Cameroun.

B. Intérêt de la recherche

Nous situons l'intérêt de notre étude au double plan scientifique et professionnel :

- Sur le plan scientifique, notre travail se veut être l'investigation d'une partie de l'histoire postcoloniale du Cameroun en général et de la région du Centre en particulier. L'examen de la coopération entreprise avec les ONG internationales dans la région du Centre par la première république dès 1960, permettra d'appréhender les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels de cette coopération et de définir des mesures concrètes utiles à sa réorientation. Lucien FEBVRE, magnifiant l'histoire ne dira-t-il pas que « L'oubli du passé est mortel pour le progrès »4 ? Mis donc à disposition de la communauté scientifique, les résultats de cette étude constitueraient un outil nécessaire à la compréhension du contexte du déploiement des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun.

- Sur le plan professionnel, sans occulter les différents efforts déployés par toutes les parties engagées dans la coopération OING /Acteurs locaux, nous pensons que notre recherche, fort de ses axes d'étude, contribuera à mettre en exergue, les enjeux d'une meilleure traçabilité de leur oeuvre dans la région du Centre. Un tel travail serait profitable aux Experts en Coopération au développement et action humanitaire. Et, les préoccupations de gestion efficace des OING étant intimement liées au processus de développement, ces Experts que nous sommes se sentent vivement interpellés. De plus, cette étude qui se veut pratique et basée sur des données palpables, aboutira à des propositions concrètes applicables sur le champ de la coopération entre les instances gouvernementales, les populations de la région du Centre et les OING qui y sont installées.

C'est en effet à partir du cadrage de cette recherche dans le domaine de la coopération au développement et l'action humanitaire, que nous définissons l'intérêt professionnel et la légitimité de notre étude.

3 Dans le cadre de cette étude et au vue de longueur de l'expression « organisations internationales non gouvernementales », nous utiliserons tantôt l'abréviation OING, tantôt l'expression ONG internationales pour désigner les organisations internationales non gouvernementales.

4 FEBVRE Lucien, Combats pour l'Histoire, Armand Colin, Paris, 1992, 455 P, p. 179.

4

C. Délimitation du sujet

Pour maîtriser de manière plus aisée les contours de cette recherche, il nous a paru nécessaire de la circonscrire sur le plan spatial et temporel.

Sur le plan spatial, notre sujet traite de l'action des ONG internationales oeuvrant dans la région Centre du Cameroun. Nous nous limiterons ainsi à cet espace géographique qui mérite d'être présenté. Cette partie du territoire camerounais, initialement appelée province du Centre, devient région du Centre avec l'abolition en 2008 des provinces au Cameroun. Avec la ville Yaoundé comme chef-lieu et par ailleurs capitale politique du Cameroun, elle constitue l'une des dix régions du Cameroun et est située au coeur du pays. Avec une superficie est de 68 926 Km2, elle compte dix départements 5 dans lesquels vivaient 3.525.664 habitants en 2010 6 . Son département le plus peuplé est celui du Mfoundi et particulièrement son chef-lieu à savoir Yaoundé. Elle compte un peu plus de 2 millions d'habitants et représente l'une des villes les plus peuplées du Cameroun.

Carte 1: Région Centre du Cameroun

Source : www.cameroun-guide.com/regions.htm Source : site du MINADT

5 MINADT, Carte administrative du Cameroun, région du Centre extrait en ligne de http://minatd.cm/gov/site/fr/component/content/article/81-contenu/regions/154-region-du-centre.

6 Institut National de la Statistique, La Population du Cameroun en 2010, rapport d'enquête, 3e RGPH, 2010.

5

La région du Centre présente un contraste en termes de développement de ses départements, notamment la grande disparité qui s'opère entre le niveau développement en milieu urbain et le niveau de précarité des populations en milieu rural. Capitale politique du pays et donc, siège des institutions, Yaoundé accueille entre autres, les représentations des organisations internationales et les directions nationales de nombreuses OING oeuvrant au Cameroun.

Sur le plan temporel, notre sujet s'intéresse à la période 1960 À 2010. En effet, cet intervalle correspond au cinquantenaire de l'indépendance du Cameroun. Il marque un demi-siècle au cours duquel le Cameroun a connu de nombreuses mutations et la région du Centre avec. Après cinquante ans d'indépendance du Cameroun, de coopération aussi bien gouvernementale que non gouvernementale, il nous a semblé propice de scruter l'action des Acteurs Non Etatiques (ANE) d'envergure international qui ont jusqu'ici oeuvré aux côtés des personnes vulnérables au Cameroun en général et celle de la région du Centre en particulier.

D. Revue de littérature

Dans les investigations relatives aux travaux se rapportant à notre sujet, nous avons relevé un déficit de publications traitant de l'état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales au Cameroun. En dehors des divers ouvrages généraux traitant notamment des questions de méthodologie, nous nous sommes inspirés d'un certain nombre de productions spécifiques afin de mieux cerner le sujet de notre recherche. Dans cet élan, nous avons parcouru un rapport publié par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge7 (FICR) qui fait une lecture critique de la mise en oeuvre de l'assistance humanitaire en Afrique. Au fil des études publiées, il en ressort que les organisations internationales oeuvrant en Afrique devraient dans leur action, mettre un accent sur la prévention des crises humanitaires à travers des actions de développement plutôt que d'attendre qu'elles surviennent pour agir dans l'urgence. A cet effet, la FICR demande aux bailleurs de fonds de dédier 20 à 25 % des fonds qu'ils injectent dans la réponse aux catastrophes, à la réduction des risques et au développement des communautés. S'interrogeant sur l'avènement d'un éventuel changement sur la possible amélioration de la situation après des décennies d'intervention en Afrique, cette étude s'appuie sur des exemples de

7Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, État des lieux et recommandations. Faim, catastrophes, espoir : repenser l'action humanitaire en Afrique, Rapport d'étude, 2009, extrait en ligne du site http://w3.ifrc.org/meetings/statutory/ga/ga09/Reports/177700-BiA-Report-FR-LR.pdf, consulté le 05 février 2012.

6

réussite, des exemples de communautés africaines qui, avec le soutien des organisations internationales, ont fait des pas réels et tangibles vers la limitation de l'impact des catastrophes. Ce rapport laisse paraître de l'espoir et la conviction selon laquelle, en dépit d'un tableau quelque peu alarmiste, le succès engrangé par les Sociétés Nationales africaines de la Croix-Rouge laisse présager des lendemains meilleurs. Toutefois, ce rapport quoi qu'il fasse allusion à la mise en oeuvre des projets humanitaires en Afrique en général, traite particulièrement de la situation de certains pays de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest, ce qui nous paraît peu représentatif pour tout le continent. D'autre part, nous y remarquons la non prise en compte de l'inter-culturalité8 comme un outil d'échange de bonnes pratiques entre les acteurs du développement, de l'humanitaire ainsi que les populations victimes des catastrophes, certaines expériences réussies ailleurs pouvant faire l'objet d'un échange entre les acteurs de la solidarité (organisations humanitaires, organisations de développement, populations locales...).

Une autre étude effectuée au Maroc par le Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité sur les associations de développement9 nous a permis d'élargir nos connaissances sur le fonctionnement, le rôle des acteurs non étatiques que sont les ONG dans le processus de développement. Ce rapport soulève un certain nombre de questionnements sur le fonctionnement des associations de développement, leurs domaines d'intervention, leurs actions, les ressources humaines et matérielles dont elles disposent ainsi que leurs relations avec les partenaires au développement. Ce rapport nous a permis de mieux appréhender le diagnostic à effectuer sur l'action des ONG internationales au Cameroun et particulièrement dans la région du Centre. Toutefois, un point très important à considérer dans les actions de développement concerne les relations ONG /associations et les populations bénéficiaires. L'on est donc en droit de s'interroger sur la place accordée à la prise en compte des connaissances des populations qui bénéficient des actions de développement, dans notre cas, celles de la région Centre du Cameroun.

Sans remettre en cause la richesse de ce rapport, nous y trouvons un déficit en matière de prise en compte effective du savoir-faire des populations bénéficiaires. C'est d'ailleurs l'avis défendu par Basile KENMOGNE, (2002) qui pense que : « dans de nombreux pays du tiers

8 Selon la Convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, l' « interculturalité » renvoie à l'existence et l'interaction équitable de diverses cultures et la possibilité de générer des expressions culturelles partagées à travers le dialogue et le respect mutuel.

9 Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité, Royaume du Maroc, Les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyses et perspectives, Rapport d'étude, 2010, 57P, p. 25

7

monde, des projets grandioses ont connu des résultats peu satisfaisants, très souvent parce que les populations locales ont été insérées dans lesdits projets comme un meuble dans un mobilier, c'est-à-dire sans leur participation effective dans la réalisation des projets. C'est ce qui explique certainement que de nombreux projets de développement, fort prometteurs au départ, aient eu des résultats mitigés. L'alternative aujourd'hui semble être de faire adhérer les populations concernées aux projets, de les encourager à coopérer aux travaux communautaires »10.

La lecture de ces différentes contributions nous permet de nous rendre compte que malgré l'importance du sujet, la question de la solidarité internationale, notamment à travers l'oeuvre des ONG internationales fait l'objet d'un intérêt mitigé. Compte tenu de ces limites, il nous semble opportun d'orienter notre travail vers l'étude des actions menées par les ONG internationales au Cameroun, notamment dans la région du Centre.

E. Clarification conceptuelle

Pour mieux saisir le sens des termes et expressions clés utilisés dans ce travail, une clarification conceptuelle s'impose. Émile DURKHLEIM précise d'ailleurs que « le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question (...). Une théorie ne peut être contrôlée que si l'on sait reconnaître les faits dont elle doit rendre compte »11. Cette clarification porte entre autres sur les locutions suivantes : ONG, organisation internationale non gouvernementale, humanitaire, action humanitaire, solidarité internationale, état des lieux.

a) Organisation Non Gouvernementale (ONG)

L'expression organisation non gouvernementale apparaît avec la création de l'Organisations des Nations Unies (ONU) en 1945, dans les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations Unies qui donne un rôle consultatif à des organisations (ONG) qui ne sont ni des gouvernements, ni des États membres de l'ONU. Le rôle vital des ONG et d'autres

10 KENMOGNE Basile, La politique camerounaise en matière des ONG in Développement et coopération, Frankfurt, 2002, p 22-25.

11 DURKHEIM Emile, De la division du travail social, Alcan, 1932, 457 P, p.34.

8

"grands groupes" dans le développement durable a également été reconnu dans le chapitre 27 d'Action 2112, conduisant à l'intensification des relations consultatives entre l'ONU et les ONG. Malgré la controverse sur la nécessité de la définition du concept, de manière générale on

peut dire qu'une organisation non gouvernementale (ONG) est un groupe de personnes menant des actions à but non lucratif à l'échelle locale, nationale ou internationale. Dirigées par des personnes ayant un intérêt commun, les ONG accomplissent une variété de services et de fonctions humanitaires telles que présenter des questions citoyennes aux gouvernements, suivre les politiques et surtout encourager la participation communautaire.

Le dictionnaire Larousse définit l'ONG comme un « organisme financé essentiellement par des dons privés et qui se voue à l'aide humanitaire sous une ou plusieurs de ses différentes formes (assistance médicale ou technique dans les pays non-industrialisés, aide aux plus démunis dans les pays développés, secours en cas de catastrophe ou de guerre, etc.)»13.

Au Cameroun, une ONG est « une association déclarée ou une association étrangère

autorisée conformément à la législation en vigueur, et agréée par l'administration en vue de participer à l'exécution des missions d'intérêt général »14. Cette définition, en soumettant les ONG à l'agrément de l'administration remet en cause leur caractère non gouvernemental et leur indépendance. Bien plus, elle reconnaît uniquement à l'administration la responsabilité de la définition des missions d'intérêt général dans lesquelles peuvent intervenir les ONG15. Ainsi, les autorités administratives gardent un certain contrôle sur les activités des ONG présentes sur le territoire national. Ce qui nous conduit à l'exploration des définitions proposées par d'autres auteurs :

- Pour Sergio MARELLI (2012), une ONG peut être considérée comme « des personnes juridiques collectives, privées qui, sans but lucratif, mènent des activités d'utilité sociale comme expression de solidarité »16.

12 Nations Unies, Action 21, Chapitre 27 : Renforcement du rôle des organisations non gouvernementales : partenaires pour un développement durable, Sommet de la terre, Rio, 1992, extrait en lige du site http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action27.htm, consulté le 25 février 2012.

13 Organisation non gouvernementale dans http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/organisation/75270 consulté le 18 février 2012.

14 Loi N° 99/014 du 22 décembre 1999, article 2 alinéa 1.

15 Loi N° 99/014, Op Cit, article 3

16 MARELLI Sergio, Architecture organisationnelle et de gestion des organisations non gouvernementales (ONG) : le cas des ONG italiennes, Master Coopération internationale, Action humanitaire et Développement

durable, CA2D, IRIC, 2012.

9

- La sociologie des organisations quant à elle caractérise une ONG à partir des critères

suivants :

? L'origine privée de sa constitution ;

? Le but non lucratif de son action ;

? Son indépendance financière ;

? Son indépendance politique ;

? La notion d'intérêt public.

En définitive, dans le cadre de la présente étude, une ONG serait mieux définie comme une association de personnes, légale et autonome, partageant des objectifs communs et menant des actions de solidarité à l'échelle locale, nationale ou internationale.

b) Organisation internationale non gouvernementale

La résolution 288 (X) de l'ECOSOC définit l'ONG internationale comme «toute organisation internationale qui n'est pas fondée par un traité international »17. Ainsi, l'ONG internationale est une organisation d'intérêt public. N'ayant pas le statut de sujet de droit international, elle est encore moins le fruit d'une convention internationale. Ainsi, bien qu'ayant les mêmes caractéristiques que l'ONG nationale, l'ONG internationale diffère de cette dernière par le caractère universel de ses actions.

c) L'humanitaire

Selon le dictionnaire Larousse, l'humanitaire est « ce qui s'intéresse au bien de l'humanité, qui cherche à améliorer la condition de l'Homme ». Ce terme sert à qualifier les organisations oeuvrant pour le bien de l'humanité. L'adjectif humanitaire s'applique aussi aux actions que conduisent ces organisations, aux opinions ou doctrines qui visent le bien universel. Il s'agit donc d'un concept qui englobe plusieurs domaines de la vie sociale avec pour point commun la recherche du bien-être des humains.

17 Définition de l'ONG internationale par la résolution 288 (X) de l'ECOSOC du 27 février 1950, du site http://unesdoc.unesco.org/images/0006/000640/064006fo.pdf, consulté le 18 février 2012.

10

d) L'action humanitaire

La définition classique de l'action humanitaire la présente comme toute action qui a pour but d'alléger les souffrances des victimes. Mais la notion d'action humanitaire connaîtra une approche définitionnelle véritable dans le droit international humanitaire au regard duquel elle a pour objectif « d'apporter protection et assistance aux victimes d'une situation de conflit armé ou de violence interne » 18 , dans le respect des « principes d'humanité, d'impartialité et de neutralité » 19 . Ainsi définie, l'action humanitaire se résumait au secours d'urgence dont l'objectif est limité à court terme, en répondant à un besoin vital immédiat. Dans le souci d'aller au-delà de l'urgence et sous l'influence de la notion de droit de l'homme, le concept d'action humanitaire s'est fortement élargi, pour intégrer tous types d'interventions en situations extrêmes, qu'elles soient d'origine naturelle ou provoquées par l'homme (conflits armés, mais aussi cataclysmes naturels, catastrophes technologiques, pénuries alimentaires, déplacements massifs de populations, questions de santé publique...). Ainsi, l'action humanitaire serait considérée comme action humanitaire toute forme d'aide apportée en tous types de situations de détresse dans lesquelles la satisfaction des besoins essentiels des populations n'est plus garantie20. Un tel élargissement de la notion souligne que les interventions dans l'urgence, malheureusement nécessaires, ne sauraient suffire. Une politique de prévention des conflits, des catastrophes et de développement des communautés est indispensable. L'action humanitaire couvre des actions très diverses, dont la fourniture de secours d'urgence aux victimes de catastrophes naturelles et de guerres, la prévention des catastrophes, l'assistance aux réfugiés, ou encore la réalisation à court terme des travaux de réhabilitation et de reconstruction.

e) Solidarité internationale

De manière générale, la solidarité est une action bienfaisante à laquelle des individus se sentent tenus à l'endroit d'autres personnes, généralement des membres d'un même groupe liés par une communauté de destin (famille, village, profession, entreprise, nation, etc.). D'après l'association FAGE, « la solidarité internationale, c'est prendre en compte la réalité des inégalités concernant les droits fondamentaux (accès à l'eau, l'alimentation, à la santé, à

18 McGOLDRICK Claudia, L'avenir de l'action humanitaire : une perspective du CICR, CICR, p. 971. 19Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, Principes et bonnes pratiques pour l'aide humanitaire, 2003, du site http://w3.ifrc.org/Docs/pubs/disasters/resources/about-disasters/ghp-principles-fr.pdf, consulté le 10 février 2012.

20 FICR, Op Cit.

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l'éducation et aux libertés, droits de l'Homme) entre différents pays ou régions du monde. C'est en comprendre les causes et agir pour les combattre. Tous les acteurs de la société peuvent s'y engager : pouvoirs publics, collectivités territoriales, entreprises, médias, organisations syndicales, associations, etc. »21. Cette définition montre que tous les acteurs sociaux doivent s'impliquer dans des actions de solidarité.

f) Etat des lieux

L'état des lieux est un portrait synthèse, multidimensionnel et temporel, caractérisant un territoire, une organisation, une structure donnée. Réaliser un état des lieux revient à faire un diagnostic, un inventaire, un bilan, un recensement, une photographie d'une situation donnée dans une zone géographique préalablement déterminée. Il permet d'en ressortir les forces, faiblesses, opportunités et menaces afin d'en procurer une vision globale et transversale.

F. Problème de recherche

Les besoins socio-économiques et le niveau de développement du Cameroun au lendemain de son accession à l'indépendance ont fait naître en de nombreux acteurs non étatiques, dont les ONG internationales, un souci d'y intervenir pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations.

Les ONG sont aujourd'hui une réalité sociale et leur implication dans la promotion du développement est incontournable. Par conséquent, elles sont devenues aux côtés des autorités locales et des acteurs non étatiques, un des principaux leviers du développement local, où elles accomplissent des missions et jouent des rôles de plus en plus importants.

Au Cameroun, l'une des missions dévolues à certains départements ministériels repose notamment sur la promotion du partenariat entre les OING et d'autres acteurs du développement. Et, dans la région du Centre, les efforts déployés dans ce sens sont suffisamment perceptibles à travers le nombre important d'ONG internationales qui y sont installées. Dans ce déploiement massif, on note cependant une insuffisance de traçabilité de l'oeuvre de ces ONG. L'absence d'un répertoire fiable, l'insuffisance des données et de visibilité de leurs actions sur le terrain sont

21 Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), Qu'est-ce que la solidarité internationale ?guide pratique, publié sur http://www.fage.org/fr/articles.php?id=132869506329749, consulté le 18 février 2012.

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autant de constats qui soutiennent cet argument. Après cinquante ans de coopération avec les ONG internationales, on se demande ce qui a été fait jusqu'ici, quels sont les acteurs de cette coopération ou alors, de quelles façons évoluent ces derniers? La rareté de productions fiables en matière de diagnostic de l'oeuvre des ONG internationales au Cameroun en général et dans la région du Centre en particulier sous-tend donc l'intérêt de notre recherche.

G. Questions de recherche

Au regard du problème sus évoqué, l'on est amené à se poser un certain nombre de questions. Combien y-a-t-il d'ONG internationales installées dans la région Centre du Cameroun ? Comment fonctionnent-elles? Quelles sont leurs forces, faiblesses, opportunités et menaces? Quelles sont leurs qualifications et compétences? De quelles ressources humaines et expérience disposent-elles? Quel est le cadre juridique qui réglemente leur action et évoluent-elles en conformité avec celui-ci? De quelles ressources financières disposent-elles? Quelle est leur capacité d'évolution et d'adaptation à l'environnement dans lequel elles exercent leurs activités? Quelle est leur implication dans la dynamique de développement de la région ? Comment se positionnent-elles par rapport aux acteurs institutionnels, à leurs partenaires et aux populations bénéficiaires?

Pour répondre aux exigences méthodologiques, toutes ces questions qui justifient l'opportunité d'une étude relative à l'état de lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre, ont été regroupées en une question principale et deux questions secondaires.

Question principale : En quoi consiste l'oeuvre des ONG internationales installées dans la région Centre du Cameroun?

Questions secondaires :

1) Quels sont les fondements qui sous-tendent l'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre?

2) Quelles sont les actions concrètes des ONG internationales installées dans la région Centre du Cameroun?

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H. Hypothèses

Sur la base des données empiriques, nous formulons dans cette étude, trois hypothèses dont une principale et deux secondaires.

Hypothèse principale : L'oeuvre des ONG internationales installées dans la région Centre du Cameroun est principalement axée sur des actions de développement qui contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations vulnérables.

Hypothèses secondaires :

1) L'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre est basée sur des fondements sociologiques et juridiques.

2) Les actions concrètes mises en oeuvre par les ONG internationales actives dans la région Centre du Cameroun permettent d'améliorer les conditions de vie des populations dans cette région.

I. Objectifs de la recherche

Dans l'approche méthodologique, un champ d'investigation se dégage comme objet de la recherche : l'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre de 1960 à 2010. Pour mener à bien notre recherche, nous formulons dans cette étude des objectifs que nous avons répartis en objectif général et objectifs spécifiques.

- Objectif général

Il s'agit ici d'établir une typologie des ONG internationales installées dans la région du Centre et de dresser un bilan de leur action au Cameroun de 1960 à 2010.

- Objectifs spécifiques

De manière spécifique, il est question pour nous :

1) D'analyser les fondements sociologiques, juridiques et politiques qui sous-tendent l'oeuvre des ONG internationales dans notre zone d'étude.

2) D'identifier les actions concrètes des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun en y apportant des suggestions de réorientation pour des actions futures plus efficaces.

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II. CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

Notre étude s'inscrit dans une démarche hypothético-déductive. Il s'agit pour nous de partir des hypothèses de recherche pour aboutir, à travers l'analyse des données, à une vérification de celles-ci. Au-delà des travaux préparatoires incluant la mobilisation des moyens et l'élaboration d'un échéancier, ce travail s'est basé sur deux principaux axes :

A. Collecte des données

1. L'entretien : il a consisté en des entretiens semi-directifs avec des personnes ressources des OING et des autorités locales, et s'est basé sur un guide d'entretien préalablement élaboré. Des rencontres et échanges ont été réalisés avec quelques populations bénéficiaires.

2. L'enquête : elle a consisté en des sondages réalisés à partir des fiches d'identification administrées aux responsables des ONG et des observations directes dont certaines ont été matérialisées par des photographies.

3. La recherche documentaire : il a été question ici de collecter et consulter des ouvrages généraux et spécifiques, des ouvrages de méthodologie, des articles et autres documents, relatifs à notre sujet de recherche. Il s'est agi en outre de consulter les archives des ONG internationales répertoriées, en mettant un accent particulier sur les rapports d'activités.

Difficultés rencontrées

La conduite de cette étude s'est heurtée à quelques obstacles. Le premier est relatif à l'indisponibilité des ouvrages et des données relatifs au sujet, le second à la difficulté d'accès aux données de certaines OING notamment les rapports d'activités et les informations financières. En plus, les rapports obtenus ne sont que les plus récents (moins de 10 ans), rendant difficile la traçabilité des actions menées avant cette période.

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B. Analyse des données

Nous sommes partis de la présentation des données recueillies pour aboutir à leur interprétation en passant par une analyse basée sur deux techniques : l'analyse qualitative, qui reposant sur l'analyse de contenu, a consisté à décrire et à interpréter littéralement le contenu des données recueillies. L'analyse quantitative quant à elle, nous a permis d'établir des liens mathématiques. Ainsi, toutes les données pouvant faire l'objet d'une analyse statistique ont été quantifiées par dénombrement et à travers des tableaux et graphiques.

C . Plan du travail

Pour aborder cette étude qui traite de l'état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun, nous avons structuré notre travail en deux principales parties comportant chacune deux chapitres. La première traite des fondements de l'oeuvre des ONG internationales dans la région du Centre, la seconde s'intéresse à l'identification des actions menées par ces dernières dans la région. Le chapitre 1 porte sur les fondements sociologiques de cette oeuvre, le chapitre 2 sur les fondements juridiques et politiques. Le chapitre 3 quant à lui traite de la participation effective des ONG internationales au développement de la région Centre du Cameroun et le chapitre 4 aboutit à la présentation des limites et des perspectives d'amélioration des actions de ces organisations dans notre région d'étude.

PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES,
JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES
ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE DU
CAMEROUN

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17

La solidarité humaine est aussi vielle que le monde. Elle a toujours existé aussi bien sous des formes peu organisées que structurées. La première a été à la base de l'assistance apportée aux membres d'une communauté, d'un corps professionnel, lorsque ceux-ci étaient frappés de malheur (guerres, catastrophes, famines ...). Elle évolua pour dépasser ce cadre restreint et prend une dimension nationale, voire transnationale.

La fin des années 1950 marque l'indépendance de nombreux pays du Sud, dont le Cameroun, qui entrent dans la scène internationale. Ces jeunes Etats, certes indépendants, ont des multiples besoins socio-économiques à satisfaire et interpellent à cet effet les pays du Nord par rapport à leur faible niveau de développement. Les Nations Unies réagissent en créant des programmes et organisations visant à combler ce déficit. Les pays du Nord réagissent en mettant en place des agences de coopération au bilatérale en vue d'apporter leur assistance au développement de ces Etats. Parallèlement, la société civile du Nord manifeste un élan de solidarité à l'égard des populations vulnérables du Sud et les organisations non gouvernementales d'origine occidentale s'installent progressivement en Afrique en vue de venir en aide aux populations défavorisées. Les premières s'installent au Cameroun dans les années 1960 et y mènent jusqu'à nos jours de nombreuses actions d'intérêt général.

Aujourd'hui, les ONG internationales représentent des acteurs de grande importance du processus de développement au Cameroun. Alors, l'on est en droit de questionner le soubassement de cette oeuvre humanitaire.

Dans cette première partie de notre travail, nous examinerons les fondements sociologiques (Chapitre 1) ainsi que les fondements juridiques et politiques (Chapitre 2) qui constituent la base de l'intervention des ONG internationales au Cameroun.

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES DE L'OEUVRE
DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE DU
CAMEROUN

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INTRODUCTION

L'histoire de la solidarité internationale a montré une évolution singulière de la conception et même des pratiques liées à cette activité. Ceci a permis de voir émerger une multitude de sources allant des considérations historiques à celles plus contemporaines qui mettent en exergue entre autres la religion, la philanthropie, la philosophie, la sociologie, le droit international et l'exigence de coopération internationale. Une étude pertinente de cette solidarité internationale suppose une organisation logique et cohérente de ces divers fondements. D'un point de vue sociologique, l'oeuvre des ONG internationales au Cameroun et notamment dans la région du Centre, serait fondée d'une part sur une nouvelle conception qu'ont les occidentaux de la solidarité humaine (I) et d'autre part sur l'émergence de la notion de « communauté internationale » (II).

Section I) L'évolution de la solidarité humaine

Basée à l'origine sur des convictions religieuses et donc perçue comme l'obéissance à une prescription divine, la solidarité humaine fait l'objet d'une autre conception à partir d'une certaine époque. Alors que l'industrialisation et l'urbanisation s'accéléraient en Occident, convaincue de la supériorité de sa civilisation, l'Europe du XIXe siècle chercha à exporter les bienfaits de l'éducation, du progrès technologique et de la science, mettant en place de grands programmes de développement dans les pays du Sud. C'est ainsi que l'opinion publique occidentale construite par le « fardeau de l'homme blanc » du poète et écrivain britannique

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Rudyard KIPLING22 aurait contribué de manière significative à l'émergence des OING et à leur déploiement au-delà des frontières de leurs pays d'origine. L'action humanitaire des métropoles occidentales, si elle aboutît à une soumission politique et culturelle, se prévalut d'un réel progrès sanitaire par un travail médical important. L'oeuvre des ONG internationales au Cameroun trouverait ainsi son soubassement sur l'approche traditionnelle de la solidarité (A) et l'opinion publique occidentale (B).

Paragraphe A) L'approche traditionnelle de la solidarité

Historiquement, face aux malheurs que sont famines, épidémies, guerres et catastrophes, l'aide s'exerça avant tout dans le cadre de la famille élargie ou patriarcale. Cette assistance, primordiale dès l'organisation des premières sociétés, a progressivement échappé au regard scientifique des historiens dont la curiosité s'était de plus en plus focalisée sur d'autres formes d'assistance plus visibles, car plus organisées et institutionnalisées. En effet, dès l'antiquité, la première assistance « étatique » est instaurée par l'Empire romain. Au Moyen âge, dans les villes, émergea une sociabilité professionnelle basée sur le principe d'entraide entre les membres d'un même corps de métiers. Progressivement, cette sociabilité s'est étendue au delà du cadre professionnel pour s'intéresser aux membres de familles des collègues, puis aux pauvres de la cité. Bien qu'exceptionnel, ce lien entre assistance mutuelle et statut professionnel fut le support essentiel de l'actuel système de solidarité sociale.

Toutefois, c'est avant tout l'Eglise qui développa et expérimenta les premiers dispositifs d'assistance. Et, au Moyen âge, si l'Eglise prit en charge la souffrance humaine, c'est non seulement parce qu'elle resta jusque là la seule organisation unitaire après la chute de Rome, mais aussi parce que la charité est l'une des vertus essentielles prônées par la religion chrétienne.

Par ailleurs, à cause de sa complexité, l'histoire de l'humanité n'est pas rectiligne. Plusieurs facteurs ont contribué - au cours de diverses périodes - à une modification de la structure internationale. Comme nous l'avons dit plus haut, les philosophes des Lumières, qui fondent leur réflexion sur la raison plus que sur la religion, dotent l'homme du devoir de lutter contre les inégalités sociales et de défendre la solidarité et le progrès. Il ne s'agit plus seulement de soulager les souffrances des démunis, mais de contester l'ordre établi, de refuser les injustices

22 KIPLING Rudyard, The white man's burden: the United States and the Philippine Islands, in McClure's Magazine, vol. 12, no 4, 1899, p. 290.

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du monde. L'obligation d'assister les pauvres n'a plus de fondement exclusivement religieux, mais puise également son origine dans l'humanisme et la philanthropie. Au XVIIIe siècle, la pauvreté n'est désormais plus perçue comme un vice individuel, mais comme une faille du « contrat social » rousseauiste.23 Fort de cette nouvelle orientation, durant le XIXe siècle, des mouvements mutualistes instituèrent la solidarité et la prévoyance avec pour principes, de distribuer une aide aux plus démunis et d'apprendre à la population à prévoir les aléas de la vie.

Le président Harry Truman, s'adressant au Congrès américain le 20 janvier 1949 reconnaît que l'hémisphère Nord de la planète est le siège du progrès technologique, tandis que l'hémisphère Sud est sous-développé, incapable d'améliorer la production conformément à l'idée d'une croissance illimitée et irrépressible. Par ailleurs, il affirma qu'il était temps d'entamer un ambitieux programme mondial en vue de l'exploitation des avantages du progrès technologique occidental, afin d'éliminer les souffrances de nombreux peuples qualifiés de sous-développés. Ce fut également le début de l'ère de la coopération internationale au développement.24 C'est ce besoin de transposer les fruits de leur développement technologique aux pays pauvres qui fit naître chez les occidentaux le sentiment du devoir de contribuer à l'émergence des pays du Sud.

Paragraphe B) L'opinion publique occidentale (le fardeau de l'homme blanc)

« La principale idée de l'époque concerne la supériorité de l'Homme blanc sur les peuples qui sont considérés comme inférieurs ; d'abord l'Homme blanc aurait un devoir de mission civilisatrice au près des indigènes. Selon Jules Ferry, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Il y a pour elles un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures. Les Européens se croient envoyés par Dieu pour instruire les indigènes. Pour ce faire, ils estiment devoir les dominer, et donc les coloniser»25.

23 ROUSSEAU Jean Jacques, Du contrat social ou Principes du droit politique, version numérique rédigée par Jean-Marie TREMBLAY, collection "Les classiques des sciences sociales", l'Université du Québec, Chicoutimi, Canada, 2002.

24 ELAME ESOH, Histoire et fondements du concept de développement durable. : Unité 6 : Développement durable et interculturalité : concepts et outils, Master Course « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», Centro Interateneo per la Ricerca Didattica e la Formazione Avanzata, Università Cà Foscari di Venezia, 2011, p. 4.

25 MARJORIE Maudet in Clémenceau et l'anticolonialisme, contexte et idées de l'époque, extrait du site http://tpeclemenceau.wordpress.com/hierarchie-des-races, consulté en février 2013.

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Symbole de l'eurocentrisme de l'époque précoloniale, le « Fardeau de l'homme blanc » n'a pas eu de raison que la justification de la colonisation en tant que mission civilisatrice. L'oeuvre littéraire du poète et écrivain britannique Rudyard KIPLING est au centre de la construction mentale de la supériorité de la race blanche par rapport aux autres, car, plusieurs décennies après la colonisation, animés par le même complexe de supériorité, les occidentaux continuent de porter sur eux la « croix » de l'humanité. Le langage de Charles CONDAMINES y est unanimement tenu : « Il faut en finir avec la faim et la misère qui accablent des centaines de millions d'habitants de notre petite planète. Il faut que ça change ! ».26

En effet, dans le but de connaître ce que pensent les Occidentaux au sujet de l'aide au développement, des relations Nord-Sud, des pays en voie de développement et de la faim dans le monde, des sondages ont été réalisés. Il en ressort un certain nombre d'indications chiffrées à base desquelles l'on peut constater que deux tiers d'européens pensent que dans dix ans, la faim et la pauvreté n'auront pas reculé dans le Tiers-monde et que le fossé entre pays riches et pays pauvres se sera encore élargi.27 Selon une autre étude, 90% des européens sondés jugent les questions de développement importantes.28

L'ambition de la prise en charge du sort de l'humanité par les occidentaux est donc une évidence. Mais, cette prise en charge est davantage envisagée dans une nouvelle approche, celle qui consiste à financer les « petits » projets de développement dans les pays pauvres à travers les OING. Cette approche semble mieux garantir l'atteinte de l'aide octroyée aux populations pauvres des pays en développement. En effet, grâce aux multiples critiques et pressions des observateurs de l'aide au développement, il apparaît clairement dans l'opinion publique occidentale qu'il faille rompre avec la forme d'aide qui conduit aux grands projets n'ayant que peu d'impact direct sur le sort des plus démunis. Le manque de participation des bénéficiaires de l'aide constituant un obstacle important à la réussite des projets de développement qui se privent ainsi d'apports multiples, il s'avère plus qu'impératif d'impliquer des acteurs non gouvernementaux transnationaux, c'est-à dire les OING, dans la définition et la mise en oeuvre

26 CONDAMINES Charles, L'aide humanitaire entre la politique et les affaires, Paris, L'Harmattan, 1989, p.161

27 Sondage réalisé dans la C.E.E par European Cooperation and Solidarity en 1983 et 1987. Dans chacun des pays membres de la C.E.E, des questions identiques ont été posées à des échantillons représentatifs de la population âgée de plus de 15 ans.

28European Cooperation Office. Euro barometer, « development aid: Building for the future with public support,

report done for the European Commission » Directorate General for Development. DGVII, version 3 A, 1997.

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des politiques de développement. C'est ainsi que l'opinion publique occidentale a contribué à l'émergence des ONG internationales et à leur déploiement en Afrique en général et au Cameroun en particulier, notamment dans la région du Centre. Cependant, si l'opinion publique occidentale est un facteur déterminant de l'oeuvre des ONG internationales dans cette région, il y a lieu de noter qu'elle n'est pas une exclusivité. Il importe d'évoquer également le rôle de la « communauté internationale » dans cette évolution.

Section II) La structuration de la solidarité humaine à l'échelle internationale

La solidarité humaine est passée du devoir divin d'aider son prochain à la conception occidentale de civiliser et de développer l'hémisphère Sud pour aboutir à une prise de conscience par la communauté internationale de la responsabilité d'apporter une assistance multiforme à ses membres dont le besoin se fait sentir.

La notion de « Communauté internationale » est régulièrement employée par ceux qui commentent ou analysent l'actualité internationale et qui veulent rendre compte des liens plus ou moins profonds qui unissent les acteurs de la scène mondiale. Si l'on voit à peu près à quoi elle fait référence, des précisions peuvent être nécessaires. La communauté internationale dénonce, la communauté internationale condamne, la communauté internationale décide... Tout près de la « communauté internationale », un autre terme est souvent utilisé et prête à équivoque, il s'agit de la « Société internationale ». Une distinction devrait donc être établie. La société internationale semble structurer durablement les relations internationales alors que la communauté internationale ne se manifeste que lors des circonstances particulières. Toutefois, les deux termes renvoient à l'idée d'une identité collective, mais diffèrent par les fondements et les moyens de fonctionnement. La compréhension de cette structuration passe par l'analyse de l'approche sociologique de la notion de communauté internationale (A) ainsi que celle du couple communauté internationale et solidarité internationale (B).

23

Paragraphe A) L'approche sociologique de la notion de « communauté internationale »

En effet, l'idée de société transcrit un schéma reposant sur des interactions et des interdépendances fonctionnelles, qui s'établissent parfois contractuellement, entre les membres et par nécessité, pour faire face à un problème ou répondre à un besoin. Par exemple, la société internationale réglemente ses échanges commerciaux à travers l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), comme elle réglemente les rapports en matière de santé à travers l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ces organisations lui permettent d'établir des principes de stabilité, de sécurité, de régularité et de permanence du système économique ou sanitaire. S'exprime à travers cette notion de société internationale le couple puissance/responsabilité, qui rend compte de la réalité du monde dans ses aspects institutionnels et interétatiques. La société internationale est donc mieux perçue comme cet ensemble d'institutions dotées d'une personnalité juridique, et reconnues aux niveaux national et international à travers lesquelles les hommes établissent et font respecter des consensus.

Quant au terme « Communauté internationale », il n'existe pas de ligne précise définissant à partir de quel moment il y a intervention de la communauté internationale dans une affaire locale. De plus, le nombre de pays n'est pas un critère suffisant, l'expression sous-entendant que les pays se mêlant de l'affaire représentent un poids important dans la politique internationale. De même, la question de la reconnaissance par la communauté internationale de l'indépendance d'un État n'est pas très précise, puisque souvent un État cherchant à établir son indépendance est reconnu ou non suivant les intérêts politiques des autres.

On rencontre souvent l'expression « la communauté internationale est divisée » quand des blocs ou pays importants s'expriment en sens contraire au sujet d'une question internationale (tel l'avis mitigé sur la guerre en Irak). En fait, on peut parler de division de la communauté internationale quand les pays les plus influents tels que les États-Unis, la Russie ou la Chine s'opposent au reste de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Elle désigne donc de façon imprécise un ensemble d'États influents en matière de politique internationale. Elle peut également désigner :

? les États membres de l'ONU, ce qui représente la quasi-totalité de la planète;

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? les seuls États membres du Conseil de sécurité des Nations Unies (plus précisément, les cinq membres permanents) ;

? ou bien les « groupes », partenariats entre pays économiquement puissants, sans lien avec l'ONU tels que le G829 ou le G2030.

Ce terme renvoie davantage à l'élan de solidarité qui anime de manière sporadique les acteurs du paysage planétaire, lorsqu'ils décident de prendre en charge de manière commune le devenir du monde. Cette notion traduit en quelque sorte une exigence morale, en ce qu'elle suppose l'existence de dispositions communes, de valeurs fortes et structurantes partagées par le plus grand nombre. Le combat pour la paix et la sécurité internationales ou pour les droits de l'homme constitue, entre autres, l'un de ces moments forts où la communauté internationale tend souvent à s'exprimer de manière unie.

Comme certains juristes qui considèrent que la notion de « communauté internationale » ne repose sur aucun fondement juridique, les approches pluralistes et réalistes des Relations Internationales (Kenneth WALTZ, etc.) tendent à concevoir la communauté internationale comme un concept inutile et dénué de sens. Par contre, d'autres approches, davantage constitutionnalistes, qui insistent sur l'universalisme de certaines valeurs, le cosmopolitisme ou/et le multilatéralisme, tendent à penser la communauté internationale comme horizon régulateur possible du droit.

En effet, l'approche sociologique de la notion de communauté internationale permet de comprendre dans quelle mesure des acteurs autres que les Etats (les individus ou groupes d'individus) peuvent être appelés à devoir soulager de leurs souffrances d'autres individus ou groupes d'individus situés à des milliers de kilomètres d'eux. En fait, il faut noter que la communauté internationale est un ensemble lié par des éléments affectifs (valeurs partagées, et aussi peurs et menaces communes). Malgré une approche purement nationale réservée à certains problèmes, dans le contexte mondial actuel, l'interdépendance entre les communautés s'affirme

29 Le G8 (Groupe des huit) est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus économiquement puissants du monde. Ce sont : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada et la Russie.

30 Le G20 (Groupe des vingt) est un groupe de concertation internationale constitué des 19 pays suivants et de l'Union Européenne : L'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie et la Turquie.

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de plus en plus comme une donnée sociale, politique et économique. Ainsi, « que nous le voulions ou non, le système international contemporain est confronté à des problèmes sans cesse plus nombreux qui affectent l'humanité dans son ensemble, de sorte que les solutions de ces problèmes doivent inévitablement être internationalisées »31. La nouvelle nature internationale des problèmes et enjeux auxquels fait face l'humanité exige des différents artisans de la paix, des politiques qui aillent bien au-delà des considérations géographiques. C'est pourquoi, face aux défis que constituent la promotion de la paix et la sécurité internationales, la protection de l'environnement, la lutte contre le Sida ou le contrôle du nucléaire, et dont le caractère mutuel des intérêts n'est plus à démontrer, la communauté internationale doit avoir une vision globale pour réagir de manière consensuelle. Consciente de ces défis, elle se mobilise de plus en plus à travers plusieurs politiques qui semblent être à la base du déploiement des ONG internationales dans certains pays. Il apparaît de plus en plus juste de parler aujourd'hui d'une relation forte entre la communauté internationale et la solidarité internationale.

Paragraphe B) De l'idée de « communauté internationale » à la

solidarité internationale

A l'aube du 21ème siècle, la construction de la paix est encore et toujours un des défis majeurs pour l'humanité. Les réponses proposées viennent des stratèges militaires qui s'expriment en termes de violence et de guerre, ou des spécialistes des sciences sociales qui parlent en termes de structures et de systèmes. En effet, si la paix tient au respect des droits humains et de la dignité de toute personne, elle n'est ni le résultat de la violence victorieuse, ni un produit des structures sociales. La paix semble aussi et surtout être une question de personnes : elle est affaire d'attitudes, de valeurs partagées. L'une des questions centrales dans la construction de la paix et la promotion du développement aujourd'hui concerne la nature et la responsabilité des acteurs. En effet, avec l'émergence et la consolidation de la notion de communauté internationale face aux maux qui minent l'humanité, la préoccupation commune des acteurs de paix est celle du rejet de l'inacceptable et l'affirmation selon laquelle chaque être humain - quelles que soient ses origines ou ses opinions - a droit à un cadre de vie où son existence ne soit mise en danger, où il puisse s'épanouir, grâce au concours de tous.

31 Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Nord/Sud un programme de survie, Rapport de la Commission, sous la présidence de Willy BRANDT, Paris, Gallimard, 1980, p. 33

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Le monde bouge, évolue sans arrêt et se transforme. Les relations internationales, parce qu'elles touchent à la vie des hommes, à leurs aspirations et à leurs contradictions, revêtent un caractère dynamique de mouvement commun. La majeure partie de la seconde moitié du vingtième siècle s'est caractérisée par la Guerre Froide, par l'affrontement de deux modèles de société antagonistes. Cela s'est traduit par des orientations politiques, économiques et militaires conduisant à une situation à mi-chemin entre la guerre et la paix. Le basculement de la fin des années 1980, avec la chute du Mur de Berlin et le démantèlement progressif de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), a instauré une nouvelle donne. Il a en quelque sorte constitué la porte d'entrée du processus de mondialisation que nous connaissons aujourd'hui : développement technologique, essor des télécommunications et des transports... L'on pourrait dire que ce changement caractérise la période actuelle. Mais à plusieurs endroits de ce village planétaire, la misère et la pauvreté n'ont pas disparu. Le temps n'est certes plus à l'âge de la pierre taillée, mais les enjeux d'un véritable développement sont encore complexes.

En effet, dès leurs indépendances, les jeunes Etats ont tôt fait d'adopter de vastes projets dans les domaines de l'industrie et des infrastructures, sur le modèle ultra-capitaliste occidental. Ayant heurté de front les exigences socioculturelles locales, ces grands investissements qui n'avaient pour but que la mise en oeuvre des politiques de développement calquées sur le modèle des pays industrialisés de l'Occident, n'ont pas souvent atteint leurs objectifs. Il ne fait aucun doute que les premiers dirigeants aient eu l'ambition de transformer rapidement le paysage socio-économique de leurs Etats, mais il reste aussi indéniable que ce désir était impulsé, encouragé et soutenu par les pays occidentaux, les organismes internationaux et les programmes d'aide bilatéral Nord-Sud. Au profit des projets dont les pays occidentaux tiraient avantage et qu'ils étaient les seuls à s'offrir, le développement local a été négligé.32 Quand il avait même été démontré que les populations locales étaient bénéficiaires d'une action, celle-ci avait été réalisée soit en marge de leur participation ou alors à travers une implication forcée, au mépris de la dignité humaine. Au Cameroun, l'on peut signaler à titre indicatif la réalisation du chemin de fer par la REGIFERCAM en 1969;33 la construction de l'oléoduc du projet Pipeline Tchad-

32 KING Alexander et SCHNEIDER Bertrand, Questions de survie, la révolution mondiale a commencé, Calmann-Lévy, 1991, p.147.

33 NKUISSI, Bernard Nkongsamba, les années obscures de la fondation, mémoire de DES en histoire, université de Lille, 1977, p.47.

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Cameroun34. Les conséquences directes de ces politiques de développement ont été et sont encore aujourd'hui : l'endettement de nombreux pays africains, l'importation des produits de première nécessité, la crise alimentaire et le rejet des projets par les populations locales pour ne citer que celles-là.

Face à un tel contexte, la responsabilité d'une multitude d'acteurs est engagée ; les Etats naturellement, acteurs traditionnels du développement, les organisations internationales, les OING et les autres représentants de la société civile et du monde économique, car le développement reste et demeure une affaire de tous. C'est dans cette mouvance que les OING se déploient au Cameroun en général et dans la région du Centre en particulier.

CONCLUSION

En définitive, l'émergence des OING dans la région Centre du Cameroun s'inscrit dans une longue dynamique amorcée au niveau international. Celle-ci prend appui sur la solidarité humaine peu organisée au départ, mais qui a connu au fil du temps une évolution singulière caractérisée par le passage d'une conception traditionnelle à une formulation beaucoup plus structurée. Le principal fil conducteur de cette modélisation au plan international a été la notion de solidarité internationale, véritable prise de conscience par les Etats développés de la nécessité de venir en aide aux populations les plus vulnérables se trouvant parfois à l'autre bout de la planète. Le contexte particulier du Cameroun, notamment les besoins insatisfaits de ses populations au sortir du processus de décolonisation et l'échec des politiques de développement inadaptées qui ont fortement détérioré son tissu socio-économique, ont conduit à l'intervention des OING dans le but d'améliorer les conditions de vie des populations locales.

34WAYA Jean Hermann, Analyse de la gestion environnementale du projet Pipeline Tchad-Cameroun dans la localité de Bélabo, monographie de DCJA en Sciences et Techniques d'Animation, I.N.J.S. de Yaoundé, 2010, p.22.

CHAPITRE II : LES FONDEMENTS JURIDIQUES ET POLITIQUES DE
L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE

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INTRODUCTION

Organisation dont le siège est situé à l'extérieur du pays hôte, l'organisation non gouvernementale internationale encore appelée « association étrangère » dans la loi N°99/014 du 22 décembre 1999 portant organisation des ONG au Cameroun, accompagne l'Etat dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de développement conformément aux dispositions légales.

Ce chapitre traitera spécifiquement de deux points essentiels : Les sources juridiques reconnaissant le statut des ONG internationales et régulant leur action au Cameroun (I) et les principes stratégiques sur lesquels repose le déploiement de ces nouveaux acteurs internationaux sur le territoire camerounais (II).

Section I) Les sources juridiques des l'action des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun

Nous évoquerons ici les textes ou principes généraux du droit qui président à la reconnaissance du statut et l'activité de l'ONG internationale en édictant les règles de Droit International (DI) et interne reconnaissant sa personnalité juridique en tant que acteur non étatique, garantissant leur exercice de la liberté d'association, et partant légitimant leur déploiement au Cameroun. Très souvent, le droit se heurte à la définition de cette entité, qui côtoie les termes d'association, association étrangère, organisation de solidarité internationale. Loin de constituer un concept aisément identifiable et maîtrisable dans le temps et l'espace, la

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notion d' « ONG internationale » semble se conjuguer au pluriel, et évoluer dans un contexte de réglementation précis pour le cas du Cameroun. Aussi, leurs cadres juridique (A) et institutionnel (B) seront évoqués dans cette section.

Paragraphe A) Le cadre juridique de l'émergence des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun

Les OING étant des acteurs transnationaux, le droit interne n'est plus le seul apte à reconnaitre leur statut juridique ou à réguler leur action. La diversité des sources juridiques se justifie aisément, tout en favorisant un enchevêtrement de droits nationaux (1), communautaires et internationaux (2).

1) Sur le Plan international

? La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH)

La DUDH proclamée le 10 décembre 194835, est le premier instrument juridique de portée universelle proclamant les droits de l'Homme opposables à tous et partout. Son but principal étant le respect de la personne humaine à travers « le respect universel des droits de l'homme et des libertés fondamentales. »(Préambule). L'article 20 de ladite déclaration stipule que « ...toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifique. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association ». Même si elle n'a pas force obligatoire, la DUDH reste un fondement juridique des libertés en général et de la liberté d'association en particulier. Elle demeure une source d'inspiration pour le législateur dans l'ordre interne tout en ayant une force juridique légèrement plus grande que certaines recommandations. La Constitution camerounaise y fait cas au niveau de son préambule, acquérant ainsi force de loi au plan interne.

Des textes internationaux ultérieurs ont également reconnu la liberté d'association.

? Les autres instruments internationaux relatifs à la liberté d'association.

35 Assemblée générale de l'ONU, New York, résolution 271A (III).

i) 30

Le pacte international relatif aux droits civils et politiques

La DUDH n'étant qu'une déclaration de principe, deux pactes internationaux ont été adoptés le 16 décembre 1966 pour rendre son contenu plus contraignant. L'un est relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et l'autre aux droits civils et politiques. Ce dernier, objet du présent développement est entré en vigueur le 23 mars 1976. L'Etat camerounais l'a ratifié le 27 juin 1984. Contrairement à la DUDH, ces deux pactes sont de véritables traités soumis à la ratification en liant les Etats parties. Le pacte relatif aux droits civils et politiques en son article 22, alinéa 1 reconnaît la liberté d'association avant de préciser à l'alinéa 2 que ce droit ne peut faire l'objet de restriction que dans les cas prévus par la loi.

ii) La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981

Le Cameroun s'est aussi engagé à l'échelle africaine à garantir la liberté d'association à travers la souscription à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (ratifiée en 1989) qui la consacre en son article 10.

iii) La Convention européenne (no 124) de 1986 sur la reconnaissance de la

personnalité juridique des organisations internationales non gouvernementales.

Signée à Strasbourg le 24 avril, elle souligne en son article 2 que : «la personnalité et la capacité juridiques d'une ONG telles qu'elles sont acquises dans la Partie dans laquelle elle a son siège statutaire sont reconnues de plein droit dans les autres Parties».

Les conditions requises pour les ONG sont les suivantes: avoir un but non lucratif d'utilité internationale; avoir été constituée par un acte relevant du droit interne d'un Etat contractant ; exercer des activités effectives dans au moins deux Etats; son siège statutaire dans un Etat contractant et son siège réel dans cet Etat ou dans un autre Etat contractant.

Entrée en vigueur le 1er janvier 1991, son principe général veut que le droit qui régit la personnalité et la capacité juridique des ONG soit le droit de l'Etat où se trouve le siège indiqué par l'acte constitutif de l'ONG. Ce qui implique, selon certains, que « l'ONG aura dans tous les Etats contractants les mêmes capacités et la même personnalité juridiques que celles obtenues dans l'Etat où se trouve son siège » (COURSIN, 1995).

Pour mieux cerner la légitimité de l'oeuvre des OING au Cameroun, des instruments internationaux en rapport au contexte national sont à quérir.

31

iv) Régime d'association et Conventions de Yaoundé

Un "Régime d'Association" a vu le jour en 1957. Il a été doté des ressources du premier Fond Européen de Développement (FED). En 1963 et en 1969 furent signées par 18 Etats d'Afrique et les six de l'Europe, les 1ère et 2ème Conventions de Yaoundé, accords principalement orientés vers la coopération financière, technique et commerciale, essentiellement dans les secteurs des infrastructures économiques et sociales. Il s'agit là d'accords de coopération gouvernementale qui ne font pas mention de la collaboration avec les ONG, tout comme les Conventions de Lomé qui expirent en 2000, laissant la place à une nouvelle forme de partenariat consacrée par l'Accord de Cotonou.

v) L'Accord de Cotonou

Malgré les succès de plusieurs décennies de coopération, il fallait reconnaître que le partenariat ACP-UE pouvait être plus efficace et devait s'adapter à une situation géostratégique modifiée par la fin de la guerre froide. L'Accord de Cotonou consacre la participation d'acteurs non étatiques au processus de développement. Afin que l'action des OING puisse se dérouler dans de bonnes conditions, il faut avant tout que le cadre légal du pays hôte leur soit favorable, d'où l'abord du cadre juridique dans lequel exercent ces organisations au Cameroun.

2) Sur le plan national

Au Cameroun, le cadre réglementaire des ONG résulte d'une lente évolution, l'Etat autoritaire ayant par le passé limité leur champ d'action et exercé un contrôle politique étroit sur l'ensemble de leurs activités. Avant l'indépendance, les organismes d'aide au développement et les organisations paysannes présentes au Cameroun et régis par la loi des colonies ou la loi française de 1901 sur les associations avaient une activité très peu structurée.

? Un premier cadre légal soumis au « régime d'Etat » : la loi N° 67/LF/19 du 12 Juin 1967

Le cadre légal d'exercice des organisations non étatiques résulte d'une lente évolution. Il a été régi par la loi n° 67-LF-19 du 12 juin 1967 portant organisation des libertés d'association et stipulait que, toute organisation désireuse d'avoir un statut légal au Cameroun devait non

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seulement être déclarée par ses membres, mais aussi être reconnue et approuvée par les autorités publiques. Basile KENMOGNE36 estime que la procédure prévue par la loi n'a pas donné la possibilité aux associations paysannes de se développer. Seules les ONG occidentales, disposant de ressources financières conséquentes, d'un personnel qualifié et surtout jouissant de la caution morale de leur pays d'origine ont pu obtenir assez facilement des autorisations d'exercer.

? Un nouveau cadre légal : Constitution de 1972 37 et loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d'association.

La première empreinte contemporaine qui fait office de socle à cette législation est la garantie constitutionnelle de la liberté d'association. En effet, il est indiqué dans le Préambule de la Constitution camerounaise que la liberté d'association est garantie dans les conditions fixées par la loi, et ce à deux niveaux : d'une part, elle a constitutionalisé la DUDH et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples au niveau de son préambule. D'autre part, malgré l'applicabilité directe de la liberté d'association à partir du préambule de la constitution, celle-ci a l'expressément consacrée en ces termes précis : «La liberté de communication, la liberté d'expression, la liberté d'association f...] sont garantis dans les conditions fixées par la loi».

De plus, la loi de 1990 sur la liberté d'association en fait « la faculté de créer une association, d'y adhérer ou de ne pas y adhérer. Elle est reconnue à toute personne physique ou morale sur l'ensemble du territoire national » 38 . A en croire, Basile KENMOGNE, le Gouvernement camerounais, confronté à la crise de la fin des années 1980, encouragé par une société civile certes embryonnaire mais très active en matière de défense des droits économiques et sociaux, et sous l'effet des revendications politiques, a adopté en 1990 cette loi qui complète celle de 1967 sans pour autant céder certaines de ses prérogatives à la société civile. Le contexte d'apaisement et le climat de sécurité créés à la suite de la promulgation de la loi n°90/050 du 19 décembre 1990 favorise donc l'éclosion de plusieurs regroupements au sein de la société civile

36 KENMOGNE Basile, La politique camerounaise en matière d'ONG, op.cit.

37 Cette constitution a été révisée le 18 janvier 1996.

38 Loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d'association au Cameroun, article 1er.

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camerounaise. Eric OWONA NGUINI39 y reconnaîtra d'ailleurs une modernisation des lois et règlements régissant les libertés publiques au Cameroun.

Seulement, les lois de 1967 et de 1990 évoquent respectivement les droits d'association et les libertés d'association sans aucune mention de la notion d' « ONG ». Toutefois, bien que la loi de 1990 soumette les associations aux régimes de déclaration ou d'autorisation, elle peut être considérée comme une « victoire de la démocratie » car plus libérale, considérant la déclaration comme autorisation de déploiement sur le terrain avant l'agrément des autorités publiques. Bien évidemment, les ONG remettent en question cette loi qui ne comporte pas suffisamment de garanties légales pour l'exercice de leurs activités et perçoivent le fait de placer les associations sous la tutelle du MINATD comme une volonté de les coiffer du contrôle gouvernemental.

? La loi N° 99/014 du 22 décembre 1999 régissant les organisations non gouvernementales au Cameroun

Pour saisir la quintessence même de ce qui est considéré comme ONG au Cameroun, il convient de rappeler le cadre juridique auquel leurs promoteurs sont invités à se conformer. Cette loi de 1999 précise le concept, la typologie ainsi que l'organisation et le fonctionnement de celles-ci. Elle en régit la création, l'exercice de leurs activités (article 1), sans être restrictive sur l'accès au statut d'ONG. En outre, elle donne également la possibilité de créer une ONG unipersonnelle. Ce nouveau cadre juridique devrait permettre aux ONG d'entretenir de meilleures relations avec l'Etat en leur laissant ainsi la possibilité de se consacrer entièrement à leurs projets de développement. Cependant, plusieurs indices permettent de penser que l'Etat continue de garder un contrôle sur ces organisations (article 3). Les associations étrangères auxquelles l'autorisation est refusée ou retirée doivent cesser immédiatement leurs activités et procéder à la liquidation de leurs biens dans le délai de trois mois à compter de la date de notification de la décision.

On perçoit certes dans les cadres spécifiques une volonté d'autonomiser les ONG et leur donner la possibilité d'être actifs pour autant que cette existence et leurs actions soient soumises à un contrôle à la fois à priori et à postériori. Jusqu'en mars 2001, les ONG sont restées dans l'attente du décret d'application de cette loi, décret finalement publié le 03 mai 2001.

39 OWONA NGUINI Mathias Eric, la légitimité et la crédibilité des OSC dans le nouveau contexte camerounais issu de la tripartite in atelier partenaires techniques et financiers (PTF) sur les acquis de la société civile camerounaise, Yaoundé, 27 et 28 mai 2010.

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Paragraphe B) Le cadre institutionnel des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun

Afin de permettre aux associations d'exercer convenablement, des structures étatiques (1) et des structures non étatiques (2) les appuient, les accompagnent et les guident au quotidien.

1) Les structures étatiques d'appui aux ONG

? La Commission Technique Chargée de l'étude des demandes d'agrément et du suivi des activités des ONG.

La Commission Technique chargée l'étude des demandes d'agrément et du suivi des activités des Organisations Non Gouvernementales a été créée par la loi n° 99/014 du 22 décembre 1999. Elle se compose de 15 membres statutaires dont quatre sont issus de la société civile notamment l'Eglise catholique, l'Eglise protestante, la religion islamique et les ONG. Il faut également signaler la présence permanente d'un représentant de la Présidence de la République au sein de la Commission dont l'organisation et le fonctionnement découlent du décret d'application n° 2001/150 du 03 mai 2001. Aux termes de ce décret, la Commission Technique a pour missions : l'étude technique des demandes d'agrément ; l'examen des comptes financiers et l'état d'inventaire des biens meubles et immeubles des ONG ; le suivi des activités des ONG en vue de s'assurer de la bonne utilisation des subventions des personnes morales de droit public ; le contrôle des activités des ONG en vue de proposer au MINATD les sanctions qui leur sont applicables.

? Le service des ONG

Le décret N° 2005/104 du 13 avril 2005 portant organisation du MINATD stipule que « le contrôle de l'application de la législation et de la réglementation sur les ONG, ainsi que l'instruction des dossiers de demande d'agrément au statut d'ONG sont des questions dont se charge le Service des ONG », appartenant à la sous-direction des libertés publiques, cette dernière dépendant de la direction des affaires politiques (Article 27, alinéa 1).

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? Les cadres consultatifs

Les cadres consultatifs existants au Cameroun tiennent compte des niveaux de déconcentration administrative. Ces instances ont été instaurées dans le but d'impliquer tous les partenaires à la prise de décision. Ces cadres constituent une opportunité pour tous les acteurs du développement de faire l'état des lieux des actions entreprises en termes de résultats atteints et de difficultés mais aussi, d'envisager les actions futures. Ce sont donc des cadres d'échanges et de partage d'expériences entre partenaires au développement. Nous évoquerons les plus représentatifs au niveau régional et au niveau départemental.

Au niveau régional, les services du Gouverneur de la région siège de l'ONG nationale servent de cadre consultatif et ont pour mission de transmettre le dossier et son avis à la Commission suite à une demande d'agrément. Au niveau départemental, le cadre consultatif retenu est celui de la Préfecture avec pour mission la légalisation des statuts des associations et ONG.

2) Les structures non étatiques d'appui aux associations et ONG

Dans cette sous-section, nous évoquerons le «Collectif des Organismes de Participation au Développement au Cameroun» (COPAD) et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

? Le Collectif des Organismes de Participation au Développement au Cameroun

En 1990, dans le sillage de la loi sur la liberté d'association, s'est créé au Cameroun un pool d'associations : le COPAD. Loin de constituer un collectif à caractère corporatiste, il s'agit davantage d'un réseau dont le but est de recenser les différentes associations locales de développement, de coordonner leurs diverses interventions de terrain afin d'éviter des chevauchements, de recouper et de mettre des données fiables à la disposition des bailleurs de fonds, de contribuer par des actions de formation/conseil à l'encadrement des organisations peu expérimentées, de servir d'intermédiaire entre associations et pouvoirs publics et, éventuellement, de représenter et défendre ces associations en tant que personne juridique, lorsqu'un conflit les

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oppose aux pouvoirs publics. Il a contribué par exemple à la rédaction des propositions qui ont donné lieu à l'adoption par l'Assemblé Nationale de la loi de 1999 sur les ONG.

? Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)

Les PTF regroupent des institutions nationales et étrangères évoluant au Cameroun. On peut citer comme partenaires techniques : le Programme National de Développement Participatif (PNDP), l'Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI), l'Agence Française de Développement, la Coopération Technique Allemande (GIZ), Peace Corps, INADES formation et des grandes OING., et comme partenaires financiers : la Banque Mondiale, l'Union Européenne, la Banque Africaine de Développement (BAD).

L'appui des PTF est très déterminant dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de développement. Ils se concertent périodiquement entre eux et avec l'Etat en vue de coordonner les activités de développement sur le terrain ; oeuvrent de façon partenariale avec l'Etat, les ONG et les populations bénéficiaires ; s'engagent sur le terrain à faire en sorte que leurs interventions soient alignées sur les besoins de développement et de financement identifiés à partir des travaux de planification et de programmation à moyen et long termes ; aident les acteurs non étatiques à renforcer leurs capacités en matière d'élaboration et de suivi-évaluation des politiques de développement.

Au terme du parcours des bases juridico-institutionnelles sur lesquelles reposent la reconnaissance du statut et de l'action des OING, il s'avère judicieux d'explorer les principes stratégiques sur lesquels reposent la gestion de l'action transnationale de ces organisations au Cameroun.

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Section II) Les fondements politiques de l'action des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun

En définissant les groupes transnationaux comme des institutions ou organisations fortement structurées menant des actions d'ordre économique, politique et social allant parfois au-delà des frontières de leur Etat d'origine, Amandine GNANGUENON40, considère les OING comme « des acteurs incontournables » des relations internationales. Elle estime ainsi ces regroupements révélateurs d'une dimension transnationale et dont la stratégie repose sur le contournement des institutions politiques, tout en les affectant dans leur prise de décision. De nos jours, il est indéniable que les relations entretenues par les OING et les autres acteurs non étatiques avec les Etats sont matière à réflexion approfondie, d'autant plus que ces acteurs transnationaux ont considérablement accru en nombre et importance sur la scène internationale. Socle important de la solidarité internationale, les fondements politiques de l'émergence des OING ont été basés sur des enjeux internationaux tels que la gouvernance globale (A) et l'échec de la coopération gouvernementale (B).

Paragraphe A) La gouvernance globale

Compte tenu de la diversité des acteurs de développement impliqués dans les échanges internationaux, peut-on véritablement parler de gouvernance mondiale ? De plus, quelle place occuperaient les OING dans un tel processus et en quoi peuvent-elles y contribuer ? Par ailleurs, en quoi cette gouvernance aurait-elle contribué à l'émergence de cette catégorie d'acteurs de développement ?

1) L'idée de la gouvernance41 mondiale

La Banque Mondiale définit la gouvernance comme « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d'un pays en vue du

40 Politologue et chercheure associée, Centre d'étude en sciences sociales de la défense, France, 27 octobre 2008

41 Terme apparu au 18e Siècle puis abandonné avant d'être remis au goût de l'actualité en 1992. Selon Badara DIOUBATE, dans le domaine du développement international, le concept de gouvernance renvoie à celui de « bonne gouvernance».

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développement » (Banque mondiale, 1991). Face à des interdépendances (à l'échelle mondiale) entre les sociétés humaines et leur milieu de vie, la gouvernance mondiale définit la réglementation applicable aux divers acteurs de la scène internationale. Loin de constituer la mise en place d'un gouvernement mondial sur le modèle traditionnel des États, son objectif est de formuler des normes publiques et privées à la hauteur des défis contemporains et futurs. Selon Gilles ANDREANI42, l'idée de Gouvernance globale tire ses origines de la nécessité de combler le décalage entre économie mondiale intégrée et ordre international fragmenté43. Pour Corinna JENTZSCH (2005)44, cette conception s'inscrit dans une logique interétatique des relations internationales, où l'évolution du système international dépend de la régulation entre Etats des questions qui ne peuvent plus être résolues dans le cadre national. Du moment où l'économie traverse les frontières nationales, il y'a nécessité d'une concertation des règles internationales et donc d'un rattrapage politique au niveau mondial.

Après une évolution dans divers domaines (gouvernance d'entreprise et gouvernance urbaine), le terme de gouvernance est utilisé dans les politiques de développement envers les pays du Sud à partir des années 1990 avant d'aboutir à la " gouvernance mondiale " ou " globale ". Cette notion a été véritablement développée par les agences internationales de développement parallèlement avec le monde académique. Les bouleversements politiques des années 1990 (fin de la guerre froide) ont posé avec pertinence la question de la gouvernance mondiale. La préoccupation ici n'étant pas celle d'une démocratie aboutissant à l'idéal d'un gouvernement mondial, mais plutôt celle des règles et normes adéquates face aux problèmes du monde. La réponse à cette problématique est diverse, décentralisée et dépendante des Etats. Il convient dès lors de s'interroger sur le rôle des ONG dans la gouvernance mondiale.

2) Les ONG internationales et les autres acteurs dans la gouvernance globale

S'il est vrai que le terme de gouvernance globale est utilisé de façon multisectorielle, il faut reconnaître qu'une insistance est faite sur les politiques de développement des pays du Sud.

42 ANDREANI Gilles, Gouvernance globale : origines d'une idée in Politique étrangère, n° 3, 2001, pp. 549-568

43 Cette idée traduit le fait que les échanges internationaux sont plus fluides du point de vue économique que politique.

44 JENTZSCH Corinna, Gouvernance globale : origine d'une idée, note de lecture, in Institut pour un nouveau débat sur la gouvernance, 2005, extrait du site http://www.institut-gouvernance.org/fr/document/fiche-document-10.html, consulté le 20 février 2012.

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Ce concept de gouvernance globale interpelle les OING sur le rôle à jouer dans l'impulsion du développement de ces pays.

? L'application du concept par les grandes agences d'aide au développement dans les pays du Sud

La référence au terme de gouvernance est apparue en 1989 dans les agences d'aide au développement des pays du Sud, suite à une publication de la Banque mondiale qui fit couler beaucoup d'encre (Banque mondiale 1989). Analysant l'accroissement de la pauvreté en Afrique sub-saharienne, ce rapport soulignait que l'un des facteurs explicatifs de l'échec des politiques de développement dans la région résidait dans une crise de gouvernance. Ce rapport de la Banque Mondiale interpelle ainsi les acteurs de la coopération au développement sur l'importance de la bonne gouvernance.

L'approche de la Banque Mondiale fut reprise à partir du milieu des années 1990 par la majorité des agences multilatérales de développement (SMOUTS, 1998). Au-delà de ces définitions minimales, et bien que sa mise en oeuvre varie selon les agences multilatérales, un véritable corpus de recommandations morales a été développé au nom de la bonne gouvernance. Au sein des nouvelles recommandations morales sur l'art de gouverner, prôné par les agences multilatérales, le « mythe de l'Etat » (1970), remplacé dans les années 1980 par le « mythe de l'Etat plus le marché », semble être devenu le mythe de " l'Etat, du marché et de la société civile " (HULMES et EDWARD, 1997).

? La contribution des ONG internationales à la gouvernance globale

La nouvelle donne internationale chamboulant de nos jours le jeu diplomatique traditionnel, elle fragilise les diplomaties étatiques et facilite l'émergence de diplomaties non-étatiques. Surtout, elle induit une recomposition de l'autorité politique au plan mondial. Les OING sont devenues aujourd'hui acteurs à part entière dans un monde « multi-centré » (ROSENEAU45). En effet, de plus en plus souvent, nous avons affaire à des coalitions qui se posent en véritables « entrepreneurs de morale » (BECKER46) et porte-paroles autoproclamés d'une société civile émergeante.

45 ROSENEAU James N., Turbulences in World Politics : A theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press, 1990, 504 P, pp. 325 À 328.

46 BECKER Howard Saul est un sociologue américain né le 18 avril 1928 à Chicago dans l'Illinois.

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Les OING occupent désormais le devant de la scène internationale parce qu'elles ont réussi à s'imposer aux États et aux O.I. comme des interlocuteurs indispensables, parfois spontanément sollicités. Leur atout principal réside dans la compétence technique qu'elles ont su développer dans un domaine particulier : savoir-faire dans l'énonciation du politique, aptitude à imposer leurs concepts ou la problématique du « tapage médiatique » (KOUCHER47) par laquelle elles exercent souvent le rôle de « découvreur » des situations d'urgence. Par ailleurs, elles déploient bien souvent un « sans frontiérisme » (cf. droit d'ingérence) qui puise sa justification dans la contestation de la raison d'État et le dépassement de notions comme celles de souveraineté territoriale ou de non-ingérence dans les affaires intérieures. Ces organisations réussissent à contraindre les autres acteurs (notamment les États) à s'impliquer davantage et à incorporer dans leurs politiques publiques ou leurs agendas les priorités qu'elles ont définies. Dans une posture de « plaidoyer », elles dénoncent certains maux (violation des droits de l'Homme, commerce inéquitable, gestion opaque des ressources...) allant jusqu'à la formulation de propositions de normes à l'Etat.

Les OING sont devenues en quelques décennies des interlocuteurs légitimes des États, des OI et des multinationales puisque disposant d'un répertoire d'actions d'une portée substantielle nécessitant désormais une interrogation de l'Etat sur les dispositions à prendre en vue d'une meilleure gestion de la « chose publique ».

Paragraphe B) L'échec de la coopération gouvernementale

Le paysage politique et économique mondial a fortement évolué au cours des dernières années. De nombreuses économies émergentes sont aujourd'hui florissantes, les disparités entre et dans les pays en développement sont croissantes et de nouvelles problématiques telles que le changement climatique, font désormais figure de priorités au niveau mondial.

1) Les résultats mitigés de l'Aide Publique au développement et les méfaits des Programmes d'Ajustement Structurels

La fin des années 1950 met un terme à la colonisation et consacre une prise de conscience du retard de développement des jeunes Etats indépendants. La première conférence internationale

47 KOUCHNER Bernard est à l'origine du mouvement « sans frontiérisme ».

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des pays afro-asiatiques tenue à Bandung en 1955 symbolisait la naissance du mythe d'un « Tiers-monde ». Conscients de ce retard économique et déterminés à y remédier, les dirigeants africains semblaient résolus à ce que leurs pays rattrapent le monde dit « développé ». Les stratégies de développement devaient être conçues dans cet objectif de rattrapage. Dans ce processus, de nombreux gouvernements occidentaux encourageaient les dirigeants africains, à travers de considérables financements (APD), à faire preuve d'audace, affirmant que le continent pourrait trouver des raccourcis sur la voie du développement (Banque mondiale, 1989)48. Malheureusement, ces financements ont pour certains favorisé l'irresponsabilité des leaders africains tandis que d'autres ont contribué à maintenir les jeunes Etats dans un engrenage de dépendance et d'endettement.

En effet, le paradigme de la modernisation a exigé, dans la Division Internationale du Travail, une spécialisation des pays en développement dans la production et la fourniture des produits primaires. A l'inverse, les pays développés devaient fournir des produits finis, y compris des usines clef en main (DIOUBATE, 2012). Les prix du marché étant fixés par les pays riches, les Etats africains ont ainsi écoulé leurs matières premières à moindre coût tout en demeurant dépendants des produits de première nécessité en provenance de l'Occident.

Par ailleurs, dans les années 1980, les différentes réformes prônées par les institutions financières internationales (IFI) pour soutenir le développement des pays défavorisés étaient concentrées dans les domaines économiques et macroéconomiques, dans le but de générer une croissance soutenue et au risque de porter atteinte à l'environnement et au respect de la souveraineté de ces Etats. Ils ont fondé de grands espoirs sur les solutions importées au détriment du bien-être de leurs populations. Pourtant, les partenaires internationaux, ignorant les conditions de précarité de ces dernières, n'ont pas su apporter des solutions adaptées aux problèmes africains, imposant à leurs Etats (notamment le Cameroun) des efforts suicidaires à travers les PAS. Ces évènements les ont contraint à privilégier l'équilibre budgétaire à la création de la valeur ajoutée et la satisfaction des besoins sociaux des populations.

Toutefois, un changement considérable dans la réflexion sur le développement s'opère à partir des années 1990. Les enseignements tirés de cet échec des PAS ont donné lieu à une compréhension plus large et plus intégrée du développement. Cette dernière s'avère plus

48 DIOUBATE Badara, Histoire et fondements théoriques de l'économie du développement, IRIC, CA2D, 2012.

42

pragmatique en se fondant sur le vécu des populations. De ce fait, tenir compte de la spécificité des pays signifie s'employer à lever les obstacles qui s'opposent à leur émergence socio-économique. Cela demande l'application de politiques et la mise en oeuvre de projets qui tiennent compte des normes et des systèmes de valeur propres à ces sociétés. C'est cet ensemble d'éléments qui a mis en lumière la nécessité de bâtir une forme de coopération au développement plus proche des besoins réels des populations et plus soucieuse des particularités de leur contexte, conférant ainsi aux OING la place privilégiée qui est aujourd'hui la leur.

2) Les OING, véritables acteurs de la solidarité internationale ?

La dénomination « non gouvernementale » des ONG amène déjà à s'interroger sur les fondements de leur existence à côté des Etats. Serait-ce pour pallier aux insuffisances des gouvernements et dénoncer leurs agissements ? L'on convient avec Pierre JACQUET et Emmanuel COMOLET49 que, l'attention que reçoit le thème de l'aide au développement dans les grandes rencontres internationales témoigne de son importance au niveau mondial. En effet, la fin de la Guerre Froide va entraîner des disparités de développement encore plus visibles et des divergences entre les pays engagés dans une dynamique de croissance économique rapide et ceux stagnant dans la pauvreté.

Suite au constat des difficultés liées au fonctionnement des institutions étatiques des pays pauvres, il s'est posé la question des acteurs alternatifs qui pourraient intervenir aux côtés des Etats. La sécurité de la population n'étant plus garantie et la légitimité des gouvernements étant désormais mise à l'épreuve. Les Etats fragiles vont se révéler comme un défi majeur pour l'efficacité de l'Aide Publique au Développement (APD). Quant au Cameroun, l'APD a été confronté à certaines difficultés liées notamment à ses conditionnalités et son utilisation. En effet, l'Etat, entité désagrégée, a dû faire face à un problème de gouvernance et donc de gestion des fonds provenant de l'APD. Cette mauvaise gouvernance aussi bien dans la gestion de l'APD que des ressources de l'Etat a eu pour corollaire la détérioration des conditions de vie des populations. Cette situation a engendré une mobilisation de la société civile du Nord ainsi qu'une

49 JACQUET Pierre et COMOLET Emmanuel, L'aide au développement, un instrument pour la gouvernance mondiale ? in annuaire français de relations internationales volume x, 2009, 12 P, p. 1, du site http://www.afri-ct.org/IMG/pdf/Article_Jacquet_et_Comolet.pdf, consulté le 30 février 2013.

43

prise en compte par les bailleurs de la nécessité de faire confiance aux acteurs transnationaux que sont les OING.

CONCLUSION

Somme toute, l'oeuvre des OING au Cameroun repose sur des bases juridiques et politiques bien définies. S'agissant des bases juridiques, elles associent des éléments liés au cadre réglementaire aussi bien international, régional que national, consacrant ainsi le respect des droits fondamentaux. Ces textes internationaux sont intégrés au niveau interne non seulement par le biais des dispositions constitutionnelles, mais aussi par des articles de loi et des décrets qui définissent leur mise en application. Quant aux bases politiques, elles reposent sur la gouvernance mondiale d'une part, et l'échec des politiques de coopération gouvernementales d'autre part. La genèse et l'émergence des OING s'inscrit ainsi dans l'histoire de la pensée humaniste et de la solidarité internationale. Très souvent, leur création témoigne de la capacité de l'homme à s'indigner et à agir face à une situation qu'il considère intolérable. Aujourd'hui, leur omniprésence sur la scène internationale, l'ampleur de leur champ d'intervention, leurs actions en faveur des plus vulnérables amènent à investiguer sur leur contribution à l'amélioration des conditions de vie de ces derniers.

DEUXIEME PARTIE : LES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES ET
LEURS REALISATIONS DANS LA REGION CENTRE DU
CAMEROUN

44

45

De nos jours, les ONG internationales constituent des acteurs incontournables du processus de développement du Cameroun en général. Dans la région du centre, espace de notre étude, leur nombre est assez considérable du fait du statut de la ville de Yaoundé, Chef-lieu de cette région mais, également capitale politique et siège des institutions du Cameroun. Parmi ces dernières installées dans la région, certaines y possèdent simplement des bureaux de coordination tandis que d'autres y mènent des actions dans divers domaines. En effet, qui sont-elles ces OING ? Quelques types d'activités y mènent-elles ? Avec quels moyens ? Travaillent-elles en partenariat ? Si oui, avec qui ? Font-elles face à des difficultés dans la réalisation de leurs activités ? Les réponses à ces différentes questions meubleront la suite de notre travail.

Plus spécifiquement, cette deuxième partie qui porte sur les actions concrètes des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun nous permettra d'examiner dans un premier temps leur participation effective au développement de la région (Chapitre 3) et ensuite, d'analyser les limites et perspectives d'amélioration de leurs réalisations en vue d'une contribution plus efficace (Chapitre 4).

CHAPITRE III : UNE PARTICIPATION EFFECTIVE DES
ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES AU DEVELOPPEMENT DE LA REGION
CENTRE DU CAMEROUN

46

INTRODUCTION

De manière générale, les organisations non gouvernementales se donnent pour mission de participer au développement socio-économique des localités dans lesquelles elles exercent leurs activités. Leurs actions sont souvent plus visibles à travers des interventions dans des zones de conflit, des régions de forte crise alimentaire ou suite à des catastrophes naturelles. Elles viennent ainsi en aide aux victimes et leurs apportent l'assistance d'urgence et les secours de première nécessité à travers l'aide médico-sanitaire, alimentaire, sécuritaire, logistique... Dans le cas du Cameroun, plus précisément dans la région du Centre, l'absence de conflits armés depuis la fin de la lutte pour l'indépendance dans les années 1960 donne à penser que l'environnement politico-social peut être qualifié de paisible, sinon stable. De plus, la région est restée à l'abri des catastrophes naturelles entre 1960 et 2010. Par ailleurs, malgré la condition préoccupante de la sécurité alimentaire dans certaines zones du pays (cas du Grand Nord), la région du Centre ne court pas un risque de crise alimentaire sérieux, quoique la situation se soit considérablement dégradée ces dernières années.50 Au regard du tableau ainsi brossé, l'on pourrait s'interroger, non sans pertinence, sur la nécessité et même l'opportunité de la présence des OING dans notre pays en général, et dans la région du Centre en particulier.

Le paradoxe apparent précédemment décrit s'estompe dès lors qu'on tient compte du fait que l'action des OING ne se limite guère à la seule aide humanitaire, encore moins à l'humanitaire dit d'urgence. En effet, il convient de distinguer ici l' « humanitaire d'urgence »,

50 Le Cameroun est considéré comme un Pays à Faible Revenu et à Déficit Vivrier (PFDRV) et classé au 144ème sur 177 pays dans le rapport 2007 de développement humain du PNUD. Près de 25% de la population camerounaise était touchée par l'insécurité alimentaire avant le début de la crise alimentaire mondiale de 2008, 40.2 % de sa population vit au-dessous du seuil de pauvreté (1 dollar EU par jour) et 70% dépendent des activités agropastorales.

47

l'« humanitaire de reconstruction » et l' « humanitaire de développement ». Le premier renvoie à l'assistance apportée aux victimes de crises diverses (crise alimentaire, conflit armé, catastrophe naturelle...) en leur fournissant les soins primaires, les premiers secours, les produits de première nécessité, la logistique... Il s'agit de soulager les besoins immédiats des populations vulnérables, ou rendues ainsi par le fait d'une situation de crise donnée. C'est donc une aide qui se déploie dans l'extrême nécessité. Par conséquent, sa durée dans le temps est assez limitée. Elle prend fin dès lors que les risques représentés par la situation d'urgence sont réduits, voire maîtrisés. La seconde forme d'aide humanitaire, renvoie à la réhabilitation des infrastructures détruites lors des catastrophes et grandes crises. La dernière forme à laquelle la plupart des professionnels s'accordent à réserver le substantif de « coopération au développement », s'inscrit quant à elle dans une dynamique de plus long terme. En effet, elle renvoie aux diverses actions menées par les OING pour accompagner les Etats dans leurs politiques de développement. Ces actions se situent en droite ligne des programmes gouvernementaux et se consacrent à des secteurs de développement précis. Les institutions étatiques bénéficient de l'expertise de ces structures ainsi que des financements qu'elles mobilisent, afin de mener avec force et pertinence les actions définies par le gouvernement dans la poursuite de ses axes prioritaires de développement. C'est justement cette forme d'assistance humanitaire que l'on retrouve principalement dans la région Centre du Cameroun. Il devient dès lors capital de s'interroger sur la réalité de la participation de ces structures au développement de ladite région, de découvrir les modalités de leurs interventions et de scruter l'environnement dans lequel leurs actions sont menées. De prime abord, il apparaît que l'oeuvre des ONG internationales dans ladite région durant le cinquantenaire qui constitue notre période d'étude est caractérisée par une diversité et une pluralité qui transparaissent non seulement à travers leurs identités (section I), mais aussi par le biais des actions concrètes menées par celles-ci sur le terrain (section II).

48

Section I) Un profil pluriel des organisations internationales non gouvernementales présentes dans la région Centre du Cameroun

Les OING oeuvrant dans la région du Centre présentent quelques similitudes, mais en général, elles diffèrent profondément les unes des autres. Elles sont toutes d'origine occidentale, exception faite d'INADES Formation, qui est une association internationale africaine. Quant aux divergences, elles sont plus nombreuses et portent sur une multitude de points, allant des objectifs principaux jusqu'aux ressources humaines et financières, en passant par les domaines d'intervention, la nature, le public cible etc. Cette disparité d'éléments caractéristiques décrit une mosaïque hétérogène qui s'avère difficilement intelligible, si l'on ne dispose pas de repères et d'outils de catégorisation pouvant nous servir de clé de lecture. A cet effet, il nous revient d'une part d'effectuer une classification de ces organisations en fonction des diverses caractéristiques propres à chacune d'entre elles (A), et d'autre part, de donner une description panoramique de l'environnement dans lequel elles évoluent, ainsi que du cadre des différents partenariats mis en place (B).

Paragraphe A) Caractéristiques et classification des organisations internationales non gouvernementales présentes dans la région du Centre

Dans le cadre de cette étude, les données recueillies auprès des OING présentes dans la région du Centre nous ont permis d'élaborer une classification de ces dernières. En effet, plusieurs critères peuvent être retenus pour distinguer ces différentes organisations. Sans prétendre à une classification exhaustive, il ressort des résultats51 de cette étude que cette caractérisation peut être faite sur la base de deux principaux groupes d'éléments majeurs, et distinguer ainsi d'un côté les critères identitaires que sont la nature, la période d'établissement, le positionnement envers l'Etat d'origine...(1) et de l'autre, les critères d'effectivité représentés par les domaines d'intervention, les ressources financières, les ressources humaines...(2).

51 Voir tableau des données ci-dessous.

49

Tableau 1: Synthèse des données recueillies auprès des OING52

#

Organisation

Période

d'établissement

Personnel

Ressources
financières

 
 

Avant

1990

A partir de 1990

Hommes

Femmes

National

Intl.

(en euros)

1

COE

1970

 

204

214

397

21

2.389. 635

2

Care Cameroun

1983

 
 
 
 
 
 

3

Catholic Relief Services

1961

 
 
 
 
 
 

4

Counter Part International

 

2008

19

16

34

1

4.001.786

5

Fairmed

1960

 

25

11

34

2

1.524.490

6

France Volontaires

1964

 

3

1

2

2

 

7

Geoaid Cameroun

 

2008

5

1

5

1

 

8

Global Viral

Forecasting Initiative

 

2008

12

5

 
 
 

9

Helen Keller International

 

1992

 
 

30

1

 

10

INADES Formation

1970

 
 
 

17

0

304.898

11

International Medical Corps

 

2008

 
 

67

4

 

12

Management Sciences for Health

 

2012

 
 
 
 
 

13

Médecins Sans Frontières

1984

 
 
 
 
 
 

14

Plan Cameroon

 

1996

105

38

141

2

8.396.000

15

Planète Urgence

 

2009

1

1

1

1

200.000

16

Population Services international

1989

 
 
 
 
 
 

17

Sight Savers International

 

1997

7

4

9

2

 

18

SNV

1963

 

25

13

30

8

3.000.000

19

SOS village d'enfants

 

1990

 
 
 
 
 

20

UICN

 

1995

 
 

45

5

1.500.000

21

VSO

 

1998

 
 
 
 
 

22

WCS

 

2001

32

8

39

3

800.000

23

WWF

 

1990

110

30

 
 

4.573.470

 

TOTAL

10

14

554

345

829

53

26.690.636

Source: Tsafack Judith

52 Les organisations n'ont pas toutes fournies les informations demandées, ce qui explique la présence des cases vides dans ce tableau.

50

1) Selon les critères identitaires

Les OING établies dans la région du Centre sont en très grande majorité des associations à caractère laïc et apolitique. Du point de vue de leur nature, on peut y voir une certaine homogénéité. Toutefois, on peut les distinguer non seulement selon la période à laquelle elles se sont installées au Cameroun, mais aussi en fonction des rapports qu'elles entretiennent avec leur Etat d'origine.

? La période d'établissement

La législation nationale en matière d'associations a connu une certaine évolution. La loi de Juin 1967 y relative a été abrogée par celle de décembre 1990, elle-même complétée par celle de Juillet 1999. On distingue alors d'un côté les OING installées au Cameroun avant 1990 c'est-à-dire sous l'ancienne loi, et de l'autre, les organisations présentes après Décembre 1990, donc sous le régime de la loi actuelle. Des résultats de cette étude, il ressort que des 23 OING répertoriées, 9 d'entre elles soit 37% se sont installées au Cameroun avant 1990 contre 15 représentants 63% pour celles installées au Cameroun après cette date.

Avant 1990 A partir de 1990

58%

42%

Graphique 1: Répartition des OING selon la période d'établissement au Cameroun

Lorsqu'on y regarde de plus près, il apparaît que le choix de la période d'établissement est plus lié au contexte socio-économique ambiant qu'au cadre légal national. Certes, la loi de 1990 a probablement offert un cadre plus propice à l'installation des ONG étrangères au Cameroun. Cependant, l'analyse poussée des résultats nous permet de penser que les ONG

51

actives avant 1990 (France Volontaires, COE, Catholic Relief Services, SNV, INADES53 et FAIRMED) se sont installées pour certaines quelques années après les indépendances afin de contribuer au développement économique et social du jeune Etat qu'était le Cameroun en ce moment. Certaines ont même connu une évolution : c'est le cas de France Volontaires qui s'installa dans la région du Centre sous le nom de l'AFVP (Association Française des Volontaires du Progrès). La SNV par exemple était une Association de Volontaires Néerlandais (SNV comme sigle de Stichting Nederlandse Vrijwilligers en Néerlandais). Plus tard, elle est passée à l'organisation de coopération néerlandaise pour devenir Organisation néerlandaise de développement. Nous constatons que ces OING installées au Cameroun après les indépendances ont évolué avec le développement du Cameroun et ont pour certaines changé leur nom en fonction des facteurs soient internes à l'organisation, soient internes au pays dans lequel elles exercent.

Quant aux organisations installées à partir de 1990 qui représentent d'ailleurs plus de la moitié du nombre total d'OING, il est logique de penser que les programmes d'ajustements structurels (PAS) auxquels les Etats africains entre autres le Cameroun, ont été soumis à la fin des années 1980 ont eu un effet dévastateur plongeant les populations camerounaises dans la pauvreté. A travers les PAS, les Institutions Financières Internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) ont obligé le Cameroun à effectuer de nombreuses coupes budgétaires dont les populations en sont devenues les principales victimes. En réalité, les années 1990 marquent un tournant décisif dans la compréhension des questions de sous-développement et de lutte contre la pauvreté. A l'inverse de la décennie 80 qualifiée de « perdue » par divers théoriciens hétérodoxes du développement, elles ont été caractérisées par un changement considérable dans la réflexion sur le « marché » du développement et les méthodes pour le promouvoir. Les enseignements tirés de l'échec des PAS, conjugués aux innovations dans le domaine des théories économiques, institutionnelles, politiques et sociales ont débouché sur une nouvelle perspective qui semble être caractérisée par une compréhension plus large et plus intégrée du développement54. C'est dans cette optique d'une compréhension plus étendue du développement que s'inscrivent dès lors la plupart des initiatives et politiques de coopération au développement en faveur des populations des pays dont les économies ont subi de telles

53 Inades Formation, certes organisation transnationale (africaine), est classée parmi les ONG internationales dans le cadre de cette étude.

54 DIOUBATE Badara., Histoire et fondements théoriques de l'économie du développement, Op Cit.

52

détériorations. Il s'agit désormais de prendre en compte la nécessité de soutenir les pays du tiers-monde dans la correction des méfaits causés par la mise en place dans ces pays des programmes de développement inadaptés, et qui se sont avérés au final contre productifs. C'est également pourquoi la société civile du Nord manifeste son élan de solidarité vis-à-vis de celle du Cameroun en créant des branches de certaines organisations occidentales au Cameroun avec pour but d'améliorer les conditions de vie des populations qui subissent cette pauvreté.

? Les rapports avec l'Etat d'origine

Selon Pierre MICHELETTI, les associations de solidarité internationale peuvent être distinguées en fonction de la nature des rapports qu'elles entretiennent avec leur Etat d'origine. Dans ce cas, on en distingue trois principaux types :

y' Le modèle rhéno-scandinave ayant des relations fortes avec leurs Etats (Ex. Suède, Danemark).

y' Le modèle anglo-saxon où l'on a affaire à des ONG plus libérales dans l'esprit et dans la logique de leur financement.

y' Modèle méditerranéen hérité des thèses de De Tocqueville au XIXè siècle : les ONG se positionnent comme des outils de contre pouvoir.55

Dans le cadre du Cameroun en général et dans la région du Centre en particulier, la troisième catégorie de cette typologie est tout à fait inexistante. Les OING se positionnant comme des outils de contre pouvoir sont beaucoup plus présentes dans les grandes démocraties occidentales, où il règne un rapport de force dynamique entre les autorités gouvernementales et les diverses entités de contradiction. Dans notre contexte, seuls les deux premiers types d'organisation sont présents. En effet, au regard de la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d'association, l'article 4 précise que les actions des associations doivent être conformes à la Constitution, aux lois et aux bonnes moeurs, et ne doivent pas porter atteinte à la sécurité, à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale, à l'intégration nationale et à la forme républicaine de l'Etat. En outre, étant donné qu'au Cameroun, les associations (autre que les partis politiques) sont tenues de conserver un caractère apolitique, quand bien même une association étrangère traiterait des questions politiques dans son pays d'origine, en s'installant au

55 MICHELETTI Pierre, Les enjeux contemporains de l'action humanitaire non gouvernementale, IRIC, CA2D, 2012.

53

Cameroun, elle se doit de respecter la législation en vigueur. Par conséquent, elle ne saurait s'immiscer dans des questions politiques au point de se positionner comme un outil de contrepouvoir. Toutefois, cette disposition ne les empêche pas de mener des actions de plaidoyer auprès des autorités étatiques. La répartition en fonction des diverses catégories est précisée dans le diagramme ci-dessous.

La plupart de ces organisations sont de type anglo-saxon (Plan Cameroon, WWF, Sight Savers, MSF, Planète Urgence, VSO, Geoaid Cameroon, SOS villages d'enfants). Elles jouissent d'une certaine autonomie vis-à-vis de leurs Etats d'origine. C'est pourquoi une partie considérable des initiatives prises l'est de façon indépendante de l'Etat d'origine. C'est donc une collaboration directe entre les sociétés civiles du Nord et celles du Sud.

Les ONG d'origine américaine telles que Counter Part International, Management Sciences for Health, International Medical Corps, Global Viral Forecast Initiative appartiennent au modèle rhéno-scandinave. Leurs ressources financières proviennent principalement du gouvernement américain soit directement des départements d'Etat, soit de l'Agence Américaine d'aide au développement USAID.

2) Selon les critères d'effectivité

Les critères ici présentés portent sur les modalités d'action des OING dans la région d'étude. Ils prennent en compte le champ d'action, les visées que se fixent lesdites structures, le type de population auxquelles elles s'intéressent, leurs capacités humaines et même financières.

? Les domaines d'intervention

Ces organisations agissent dans la région du Centre dans des domaines assez divers. Leurs initiatives répondent à des besoins identifiés soit directement par les populations auprès desquelles elles interviennent, soit par les organisations elles-mêmes, ou encore en fonction des priorités définies par le gouvernement. Si certaines OING mettent l'accent sur un volet bien précis, d'autres par contre couvrent des champs d'intervention multiples. Il s'agit notamment de l'éducation (l'accès à l'éducation primaire pour les populations les plus défavorisées, et dans une moindre mesure, la qualité de l'éducation secondaire) ; les droits de la personne humaine (avec une insistance sur les droits des catégories vulnérables telles que les femmes, les enfants, la jeune fille, les minorités) ; le genre ; le développement local ; les problématiques environnementales

54

(environnement et conservation) ; la recherche et production (en vue de la mise en place d'un savoir-faire et des solutions adaptées aux exigences du contexte) ; la santé (notamment la lutte contre le VIH/SIDA, la santé maternelle et infantile, l'éradication des maladies liées à la pauvreté, l'accès pour tous aux soins de première nécessité...) ; l'eau et l'assainissement ; l'humanitaire ; les questions de gouvernance (lutte contre la corruption, liberté d'expression...) ; l'agriculture (formation aux techniques agricoles et aux métiers du secteur agropastoral...).

Le tableau ci-dessous (fig.1) récapitule les divers domaines dans lesquels interviennent les

structures identifiées.

55

Tableau 2: Matrice d'intervention des OING présentes dans le Centre

Domaines d'intervention

ONG

Agriculture

Développement local

Droits de l'Homme

Eau et assainis- sement

Education

Environnement

VIH/SIDA

Humanitaire (urgences)

Santé

1.

CARE

 

X

X

 
 
 

X

X

X

2.

COE

 

X

 
 

X

 

X

 
 

3.

Catholic Relief Services

 
 
 
 
 
 

X

 

X

4.

Counter Part Intl.

 

X

 
 

X

 
 
 
 

5.

FAIRMED

 
 
 
 
 
 
 
 

X

6.

France Volontaires

 

X

 
 

X

X

 
 
 

7.

Geoaid

X

X

 
 
 
 
 
 

X

8.

GVFI

 
 
 
 
 
 
 
 

X

9.

Helen Keller International

 
 
 
 
 
 
 
 

X

10.

INADES

X

X

X

 

X

 
 
 
 

11.

International Medical Corps

 
 
 
 
 
 

X

X

X

12.

MSH

 
 
 
 
 
 
 
 

X

13.

MSF

 
 
 
 
 
 

X

X

 

14.

Plan Cameroon

 
 

X

X

X

 

X

X

X

15.

PSI/ACMS

 
 
 
 
 
 

X

 

X

16.

Planète Urgence

 

X

 
 

X

X

 
 
 

17.

Sight Savers Intl.

 
 

X

 
 
 
 
 

X

18.

SNV

X

X

 

X

 
 
 
 
 

19.

SOS Villages d'enfants

 

X

X

 

X

 

X

 

X

20.

UICN

 
 
 
 
 

X

 
 
 

21.

VSO

 
 
 
 
 
 
 
 
 

22.

WCS

 
 
 
 
 

X

 
 
 

23.

WWF

 
 
 
 
 

X

 
 
 
 

Total par domaine

3

9

6

2

11

5

9

5

17

Source: Tsafack Judith

56

La lecture de cette matrice nous permet de constater qu'un accent particulier est mis sur les domaines identifiés comme étant les plus sensibles. Il est important de remarquer que ces aspects sont tous liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le but principal est de réduire l'état de précarité dans lequel vivent certaines populations de la planète. Parmi ceux-ci, on retrouve la santé (OMD 4 : Réduire la mortalité infantile, OMD 5 : Améliorer la santé maternelle, OMD 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies) ; l'éducation (OMD 2 : Assurer l'éducation primaire pour tous), le développement (OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement), l'environnement (OMD 7 : Assurer un environnement durable).

Le graphique ci-dessous représente une répartition des divers domaines d'intervention en fonction de leur importance.

Graphique 2: Répartition des OING par domaine d'intervention

Urgences
Humanitaires

7%

Eau et
Assainissement

6%

Gouvernance

4%

Agriculture

4% VIH/SIDA

Répartition par domaine d'activité

Santé

24%

12%

Education

14% Droits de l'Homme

10%

Environnement

7%

Développement local

12%

Source : Judith Tsafack

Ce diagramme nous montre que 24% des OING présentent dans le Centre interviennent dans le domaine de la santé, 14 % dans l'éducation, 12% dans le VIH/SIDA, 12% également dans le développement local. S'agissant de la santé et le VIH/SIDA, cet engouement des OING est en partie justifié par l'intensité de la lutte contre cette pandémie qui touchait 5,5% de la population camerounaise en 2004 et le paludisme dont le taux de

57

prévalence national était d'environ 40% la même année.56 A cela s'ajoute la prise en charge de la santé maternelle et infantile. D'ailleurs, selon le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), le nombre de femmes qui décèdent à la suite d'un accouchement au Cameroun est passé de 430 à 669 pour 100.000 naissances entre 1998 et 2004. Nous notons ainsi une dégradation de la situation sanitaire qui appelle à une intensification des efforts de la part des différents acteurs en matière de santé. De plus, le domaine de la santé à lui seul est évoqué dans trois OMD à la fois (OMD 4 : Réduire la mortalité infantile, OMD 5 : Améliorer la santé maternelle, OMD 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies), et le rôle des OING consiste entre autres à la poursuite de ces objectifs, ce qui peut justifier qu'elles soient un certain nombre à se préoccuper de ces questions.

Il en ressort également que 12% de ces organisations interviennent dans des questions de développement local. Dans le cadre des thématiques d'intervention, le terme développement local désigne l'ensemble des actions dont le but immédiat est l'augmentation du niveau de revenu des populations locales. Une telle proportion justifie la précarité dans laquelle vivent les populations de notre région d'étude. Si le niveau de vie dans la ville de Yaoundé semble relativement élevé, on ne saurait faire le même constat pour les autres départements. En outre, dans la région, il existe un besoin réel de maîtrise et réduction du taux de chômage des jeunes.

Quant à l'éducation, elle mobilise 14% des OING, l'éducation primaire constituant la principale priorité. Malgré une légère hausse du taux de scolarisation primaire au Cameroun entre 2001 et 200757, il faut reconnaître que la qualité de l'éducation continue de poser problème. En plus, le poids de la culture camerounaise contribue à la sous-scolarisation de la jeune fille, ce qui pousse un nombre considérable d'organisations sensibles à la question du genre à s'intéresser à l'éducation de la jeune fille.

La protection de l'environnement dans l'ensemble occupe également une place de choix parmi les objectifs définis. 7% de la population étudiée y consacre des activités. On retrouve d'ailleurs pas moins de trois organisations spécialisées sur les questions liées à l'environnement. En effet, cet intérêt des OING pour l'environnement peut se justifier par l'augmentation des atteintes à la biodiversité (exploitation abusive des ressources forestières, le braconnage...). Néanmoins, leurs interventions dans la région du Centre concernent beaucoup plus l'appui au gouvernement en matière de définition des stratégies de protection

56 Institut National de la Statistique, Rapport Enquête Démographique et de Santé Cameroun (EDSC), 2004.

57 Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi, Cameroun, 2009.

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de l'environnement et des espèces menacées, les actions de terrain se focalisant sur d'autres régions.

Les droits de la personne humaine, l'eau et l'assainissement ainsi que l'assistance humanitaire font l'objet d'un certain intérêt (23% pour les trois réunis). Les sujets les moins traitées sont ceux relatifs à la gouvernance et à l'agriculture58. Ces secteurs réunis intéressent moins de 10% des structures recensées.

Si cette répartition selon les domaines d'activités révèle une certaine pertinence, d'autres facteurs peuvent être pris en compte pour effectuer cette classification.

? Les ressources humaines

Les OING présentent dans le Centre agissent parfois dans des domaines similaires, mais leurs actions n'ont pas nécessairement une ampleur identique. Celle-ci varie notamment en fonction des capacités d'intervention de l'une ou l'autre structure. Pour évaluer ces dernières, l'on pourrait se référer à un indicateur de capacité, à l'instar de la dotation en ressources humaines qui constitue une clé du succès des actions de ces organisations.

L'observation de la réalité de l'oeuvre des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun révèle une grande disparité en termes de personnel déployé. En effet, elles emploient plus d'un millier de personnes, sans distinction de genre avec une moyenne d'environ 73 employés par organisation. L'histogramme ci-dessous montre une répartition des organisations en fonction du nombre d'employés recensés.59

58 Le secteur agricole camerounais est pourtant en pleine effervescence, mais ici, l'Etat agit en collaboration principalement avec les institutions internationales et interétatiques ainsi que les organismes de coopération. Au niveau national, il fait participer les collectivités territoriales ainsi que les ONG et associations nationales.

59 Le personnel dont il est question concerne l'ONG dans son ensemble, les employés peuvent donc être affectés à des tâches effectuées dans des régions autres que le Centre. Par ailleurs, une distinction n'a pas été faite entre le personnel permanent salarié d'une part, et le personnel temporaire non salarié d'autre part, constitué de volontaires, bénévoles, stagiaires.

59

Graphique 3: Effectif des employés par OING

418

35 36 6 31 17

71

143

2 11 38 50 42

140

Source : Judith Tsafack

Il ressort de cette représentation que, dans la région du Centre, l'on peut distinguer en fonction du personnel employé d'une part des structures qui comptent plus d'une centaine d'employés, et que l'on peut qualifier de « grandes » OING, il s'agit de l'Association COE (41%), Plan Cameroun (14%), WWF (14%). D'autre part des « petites » structures qui comptent quant à elles moins d'une trentaine d'employés à l'instar de Inades Formation (2%), GVFI (2%), Geoaid (1%), Helen Keller (1%), France Volontaires (1%), Planète Urgence (moins de 1%). Cette hétérogénéité apparente s'explique part le fait que certaines « grandes » structures mobilisent un effectif considérable afin de faire face à leurs besoins d'intervention dans des domaines assez variés. De plus, leurs zones géographiques d'intervention couvrent plusieurs régions du Cameroun dans lesquelles elles possèdent parfois des bureaux. C'est le cas par exemple de :

? Associazione COE (Zone d'intervention : Centre, Nord, Ouest, Extrême-Nord, Littoral. Bureaux régionaux : Mbalmayo, Garoua, Bafoussam, Douala).

? Plan Cameroon (Zone d'intervention : Centre, Est, Nord-ouest, Nord, Adamoua et

Extrême-Nord. Bureaux régionaux : Yaoundé, Bertoua, Bamenda, Garoua et Maroua). ? WWF (Zone d'intervention : Centre, Est, Sud, Sud-ouest. Bureaux régionaux :

Yokadouma, Campo'o Man, Jengi).

A l'opposé, d'autres organisations, les « petites », optent pour des tâches beaucoup plus ciblées, généralement dans un domaine bien spécifique requérant une expertise certaine.

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Ces structurent utilisent alors un personnel dont l'effectif est beaucoup moins important, mais avec des qualifications beaucoup plus poussées. Elles se constituent dès lors comme un soutien technique pour le gouvernement et leur rôle consiste ainsi à conseiller les instances publiques sur les décisions à prendre, à les accompagner dans l'exécution des décisions prises et à jouer un rôle de plaidoyer lorsque ces dernières s'écartent de ce qui est considéré comme la norme à suivre. Il faut également observer qu'il s'agit pour certaines d'entre elles, des organisations de volontariat international. Elles utilisent un modèle qui selon elles ne nécessitent pas absolument un effectif élevé au niveau du Cameroun. Elles sont tout simplement des plateformes d'interface entre les organisations locales nécessiteuses d'une expertise donnée et le volontaire qui est disposé à mettre ses connaissances et compétences au profit de l'organisation locale identifiée par l'OING. Les volontaires quant à eux, viennent souvent d'un pays étranger, la France pour Planète Urgence et depuis quelques années, de plusieurs pays du monde en ce qui concerne France Volontaires. Nous constatons que les organisations de volontariat international disposent d'une petite équipe de coordination au Cameroun. Les volontaires sont soit des salariés en Occident qui profitent de leur congé pour mener une action sociale au Cameroun, soit, de jeunes volontaires qui viennent séjourner au Cameroun pour une durée d'un à deux ans afin de mettre leur connaissance au profit des organisations locales, et en retour acquérir une expérience professionnelle.

D'autres par contre, bien qu'installées dans la région du Centre, n'y mènent aucune action. Leurs locaux de Yaoundé servent en effet de bureau de coordination. C'est le cas de VSO, Counter Part International ....

Les ressources humaines peuvent également être scindées en fonction de la nationalité d'origine. On peut distinguer d'une part les employés nationaux, d'autre part, les employés internationaux. De manière générale, 94% des employés sont des camerounais, alors que seuls 6% sont d'origine étrangère. C'est dire que ces structures prennent en compte le capital humain local dans la réalisation de leurs activités. Nous constatons ainsi que dans l'ensemble, les OING font plus recourt au personnel local qu'au personnel international. D'un côté, on peut se dire que le personnel international, généralement à des postes de management coûte extrêmement cher pour l'organisation. Et d'un autre coté, l'Etat du Cameroun se rassure lors de la signature de l'Accord d'Etablissement de l'OING au Cameroun qu'elle emploiera à une certaine proportion la main d'oeuvre locale. Ce personnel varie en fonction des domaines d'intervention. On y retrouve des spécialistes de la santé pour celles exerçant dans le domaine de la santé et du VIH Sida, les spécialistes de l'éducation pour le domaine de l'éducation, des

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ingénieurs pour la thématique Eau et Assainissement, des juristes pour des questions de droits de l'Homme, des Ecologistes, Environnementalistes et Socio économistes pour des questions de Conservation et environnement, des sociologues, anthropologues et économistes pour des questions de développement, pour ne citer que ceux-là. A cela, s'ajoute le personnel administratif et financier. Il faut préciser ici que les locaux sont présents à tous les niveaux de responsabilité et occupent quelquefois des positions hiérarchiques considérables notamment celles de Directeur national : COE (Mr MBARGA Georges Alex), Fairmed (Dr UM BOOCK), INADES Formation Cameroun (Mme MBEZELE Elisabeth Epse MBALLA)...

L'aspect genre retient également notre attention dans cette étude. Des treize OING ayant répondu à la question sur le nombre d'hommes et femmes employés, nous constatons qu'elles emploient 62% d'hommes contre 38% de femmes. Nous constatons ainsi que, si certaines d'entre elles accordent une attention particulière à l'aspect genre dans le recrutement du personnel, il n'en est de même pour d'autres. Spécifiquement, le COE est celle qui prend le plus en compte l'approche genre dans le recrutement de son personnel.

Graphique 4: Répartition du personnel des OING en fonction du genre

Approche Genre

FEMMES

38%

HOMMES

62%

Source : Judith Tsafack

Contrairement à ce qui est constaté dans la majorité des cas, le COE emploie 214 femmes contre 204 hommes, soit 67%, donc plus de femmes que d'hommes ! Ceci pourrait se justifier non seulement par le souci d'équilibre entre les genres, mais aussi et surtout par la nature des thématiques dans les quelles cette organisation intervient. Il s'agit notamment la santé, l'éducation, la formation professionnelle en Industrie d'Habillement (IH) et l'Economie Sociale et Familiale (ESF). Apparemment, ce sont des domaines qui font considérablement appel à une main d'oeuvre féminine (infirmières, aides-soignantes, institutrices, enseignantes

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d'ESF et IH). Dans cette même logique, Counter Part International emploie environ 46% de femmes et Sight Savers International en compte 36%.

Si la prise en compte des ressources humaines donne une idée assez précise des capacités d'intervention de ces structures, l'analyse de leurs ressources financières apporte un complément d'information indispensable à une étude pertinente.

? Les ressources financières

Les ressources financières sont une condition sine qua none au fonctionnement de toute structure, entreprise, organisation et les OING ne sont pas en reste. Si les capacités en termes de personnel déployé permettent une certaine évaluation de l'ampleur de l'action des OING dans le Centre, la prise en compte des moyens financiers mobilisés pour la réalisation des différentes actions donne également un aperçu assez révélateur de l'étendue de leur oeuvre. L'histogramme60 ci-dessous présente la répartition des OING en fonction de leurs capacités financières. Il prend en compte uniquement la moyenne du budget annuel de chaque structure.

Graphique 5: Ressources financières par OING

Budget annuel moyen (en euros)

9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000 2000000 1000000

0

 
 

Source : Judith Tsafack

60 Seules les organisations ayant acceptées de nous fournir leurs données financières sont présentées dans ce graphique.

63

Dans cet histogramme, on constate une certaine divergence quant aux ressources financières mobilisées. L'ensemble des OING ici considérées réuni un montant d'environ 30 millions d'euros par an, pour une moyenne de près de deux millions et demi d'euros par structure. Cette statistique ne ressort pas toutefois la grande variabilité que l'on peut constater d'une organisation à l'autre. Parmi les 23 OING répertoriées desquelles 18 nous ont accordé une collecte d'informations, une moyenne de 60% a accepté de nous fournir des informations sur leur budget annuel ainsi que les sources de financement. Pour d'autres, les informations financières sont des données sensibles qu'elles ne souhaitent pas partager. Le budget le plus considérable est celui de Plan Cameroon qui tourne autour de huit millions et demi d'euros (5 milliards de FCFA), soit plus du triple de la moyenne !61 Dans cette catégorie, on retrouve d'autres organisations à l'instar du WWF avec plus de quatre millions et demi d'euros (3 milliards de FCFA), Counter Part nantie à peu près de la même dotation financière, et trois millions d'euros (un peu plus de 1,9 milliards de FCFA) pour la SNV. Par ailleurs, on retrouve également des ONG avec des budgets beaucoup plus modestes comme Inades Formation qui dispose 305 000 euros (soit environ 200 millions de FCFA) et Planète Urgence avec 200 000 euros (plus de 131 millions de FCFA)...

Cette disparité entre les différentes enveloppes budgétaires s'explique d'une part par les méthodes de mobilisation des ressources financières, et d'autre part par le poids des partenaires financiers. Ainsi, certaines OING possèdent des mécanismes assez variés pour la récolte fonds ou plutôt d'accès au financement. Pour la plupart, elles reçoivent un financement de base et de façon régulière de leur siège. En plus de ces financements s'ajoutent les diverses subventions, les contributions des particuliers et des entreprises. A côté de cela, certaines dans le cadre des partenariats avec les bureaux nationaux62 de l'ONG en Occident, reçoivent des fonds pour le financement des projets précis, c'est le cas de Plan Cameroon et du WWF. Des OING telles que Counter Part International et la SNV reçoivent des fonds du gouvernement de leur pays d'origine, respectivement le Département d'Etat américain à l'Agriculture et la Direction Générale de la Coopération Internationale du Ministère néerlandais des Affaires Etrangères (DGIS). De cette étude, il ressort également que la crise financière en Europe a eu un impact considérable sur les budgets des OING et elles

61 Seul le budget annuel global est pris en compte ici. Abstraction est faite des autres paramètres de comparaison. Une répartition par projet aurait été plus pertinente, mais elle a été rendue impossible du fait de l'inaccessibilité d'une telle statistique auprès des structures enquêtées.

62 Les bureaux nationaux sont des représentations nationales de l'ONG. Elles se retrouvent généralement dans les pays dits du Nord. Leur travail consiste à mobiliser des fonds dans leurs pays pour soutenir les bureaux programmes qui se trouvent dans les pays en développement.

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réfléchissent désormais à nouer des contacts avec de nouveaux partenaires financiers, à des alternatives qui pourront leur permettre de traverser cette période difficile.

Outre cette classification qui nous a permis de prendre conscience du profil pluriel des OING que l'on retrouve dans notre région d'étude, l'environnement dans lequel elles évoluent constitue également une donnée qui permet de rendre compte fidèlement de leur action.

Paragraphe B) Environnement et partenariat

Evaluer l'effectivité de la participation des OING dans le développement de la région du Centre nécessite que l'on prenne également en considération non seulement l'environnement dans lequel évoluent ces dernières, mais aussi la nature et même la qualité des partenariats noués avec les divers acteurs impliqués dans la réalisation de leurs différentes actions.

1) Description de l'environnement

Dans le Centre, le cadre dans lequel se déploient les diverses OING regorge de particularités et de spécificités dont la nature se répercute systématiquement sur la qualité et même la portée des actions menées. Ainsi, il convient de dresser le portrait de cet environnement en ressortant principalement ses aspects singuliers, aussi bien sur les plans juridique et politique, qu'économique, voire social.

? Environnement politico-juridique

Du point de vue juridique, l'exercice des activités des OING a connu une certaine évolution au cours de notre période d'étude. En effet, ce n'est qu'en 1967 que la loi n°67/LF/19 du 12 juin 1967 sur la liberté d'association entre en vigueur. Elle constitue alors le fondement de l'oeuvre des OING au Cameroun, et servira de référence quant à leurs modalités d'existence et même de fonctionnement, et ce, pendant plus d'une vingtaine d'années. Suite au vent de démocratisation qui va souffler sur l'ensemble du continent dans les années 90, la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association viendra abroger la précédente. Elle opère une distinction entre d'une part les associations étrangères (dont les OING) et les associations religieuses qui sont soumises au régime d'autorisation, et d'autre part les autres associations fonctionnant quant à elles sous le régime de la déclaration.63 Elle sera modifiée et complétée par la loi n°99/011 du 20 juillet 1999 qui

63 Loi N° 090/50 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association au Cameroun, Op Cit.

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précisera que : « Les partis politiques, les syndicats, les associations sportives et les organisations non gouvernementales sont régies par des textes particuliers » (Article 5 (4) nouveau).

? Environnement socio-économique

Le Cameroun est progressivement sorti de son évolution politico-économique timorée des années 1960 pour engager une décennie de croissance forte entre 1975 et 1986. Au cours de cette période, il engage une tentative de modernisation et de développement essentiellement basée sur l'action directe ou indirecte de l'Etat. En dépit des transformations suscitées par cette croissance, le Cameroun ne parvient pas toujours à utiliser de manière optimale ses ressources agricoles ou minières (cacao, café, coton, bois, pétrole, etc.) pour moderniser et diversifier son économie et pour la faire asseoir sur un appareil industriel modernisateur et mobilisateur. Progressivement, la crise s'installe entre 1985 et 1986, conduisant à un long processus d'ajustement structurel entre 1988 et 2008 dont le pays aura beaucoup de mal à sortir. En 1994, dévaluation du Franc CFA contribuera à l'accentuation de la détérioration économique du Cameroun. Même après avoir récupéré une certaine marge de manoeuvre avec l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE en mai 2006, le pays ne s'est pas toujours installé dans une véritable stratégie autonome de sortie de la crise par une politique économique de post-ajustement. Ces évènements ont contraint le Pays à réaliser prioritairement les objectifs d'équilibre des finances publiques, au détriment des préoccupations d'industrialisation visant la création de la valeur ajoutée et des besoins sociaux des populations.

2) Les différents partenariats

Dans l'accomplissement de leurs diverses tâches, les ONG n'agissent pas nécessairement de manière solitaire. Elles peuvent s'associer soit à l'administration publique à travers ses démembrements ministériels, soit à d'autres organisations non gouvernementales, qu'elles soient internationales ou nationales, soit aux organisations internationales (OI).

? Partenariat OING À Etat

Le partenariat avec l'Etat (départements ministériels, services déconcentrés, collectivités territoriales décentralisées) est primordial pour toute action des ONG présentes sur le territoire national. En réalité, la principale raison d'être de ces structures dans notre

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pays est de soutenir le gouvernement dans la réalisation de ses principales missions, en vue de la promotion d'un véritable développement économique et social. A cet effet, elles se situent comme des partenaires privilégiés de l'action gouvernementale dans leurs divers domaines d'intervention. S'il est vrai que le mouvement associatif constitue un secteur à part entière ayant ses propres structures et motivations, il est cependant caractérisé par un intérêt constant pour les politiques publiques L'étude réalisée montre que la grande majorité de ces structures juge fructueux le partenariat avec l'Etat. Les rapports entre les OING installées dans le Centre du pays et l'Etat camerounais restent très dynamiques. Le fait que ces structures appuient les autorités nationales dans leurs politiques de développement ne remet aucunement en cause leur autonomie. En effet, les OING agissent conformément à leur identité. Les résultats de l'enquête ont montré que 64% de ces organisations étaient de type anglo-saxon, c'est-à-dire que leur fonctionnement est indépendant de leurs Etats d'origine. Le partenariat ainsi établi est une collaboration égalitaire où chacune des parties apporte sa contribution dans la poursuite des objectifs fixés. Dans le cas de certaines structures assez spécialisées, elles effectuent un travail d'expertise qui permet d'éclairer l'action publique et préciser des pistes d'intervention claires. D'autres par contre disposent d'une solide expérience et de capacités reconnues pour des travaux de terrain.

Du point de vue financier, il a été constaté que la majeure partie du financement de ces structures provenait soit des fonds propres, soit des dons privés, soit des financements octroyés par des organisations internationales pour la réalisation des projets précis. Certes, l'Etat accorde des subventions à travers ses départements ministériels qui interviennent dans des domaines spécifiques, mais cette contribution reste marginale. Les OING dans le Centre ont ainsi conservé toute leur autonomie financière vis-à-vis de l'Etat.

Faire le constat d'une telle synergie n'exclue en rien l'existence des points de discorde, de la perplexité, de la suspicion entre ces deux entités. En réalité, il faut reconnaître que la perception réciproque des acteurs OING/Etat a évolué avec le temps. Si les débuts ont été marqués par une certaine méfiance envers ces organisations étrangères, ce climat quelque peu ombrageux a progressivement cédé le pas à une amélioration et une harmonisation des rapports. Néanmoins, les procédures règlementaires et administratives constituent encore un obstacle pour certaines organisations qui les trouvent complexe, bien que la plupart des responsables se réservent de les commenter. La question de la gouvernance reste également un point soucieux pour les OING qui financent des activités menées par l'Etat dans le cadre de ce partenariat.

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? Partenariat OING À OING

Outre la collaboration qu'elles établissent avec l'Etat, ces structures ont mis en place des partenariats avec d'autres OING, afin de mener des actions coordonnées, et donc plus efficaces, quoi que cette forme de collaboration soit plutôt timide. Plusieurs causes peuvent justifier un tel rapprochement. D'une part, la nature toujours limitée des budgets face aux activités à mener. En réalité, les tâches à exécuter demandent la mobilisation de moyens colossaux en termes financiers et logistiques. En plus, il est fréquent de remarquer que plusieurs organisations interviennent dans des domaines très similaires. Afin de promouvoir une utilisation plus efficiente de leurs ressources, chacune se consacre alors à des tâches spécifiques, mais complémentaires à celles effectuées par les autres.

D'autre part, le rapprochement entre ces différentes structures peut s'expliquer par la pluralité des leurs compétences. Puisqu'elles interviennent dans des domaines variés, une seule d'entre elles ne pourrait couvrir complètement un projet qui nécessite des expertises diverses. Alors chacune y participera selon ses compétences.

Toutefois, il faut relever que cette collaboration n'a pas toujours été de mise. En effet, elle a été quelque fois perturbée par la course aux financements qui amenait les OING à se cacher mutuellement des informations sur les bailleurs, les fonds alloués aux projets, etc. Cependant, quelques responsables d'OING nous ont rapporté que ces relations se sont améliorées au fil du temps. En effet, ces acteurs comprennent de plus en plus la nécessité d'une meilleure coordination de leurs actions.

Sous l'initiative de Barro Famari, Directeur National de Plan Cameroon, un forum de concertation des OING a été crée au Cameroun 2012 et vise entre autres le partage des informations, la coordination des actions, le renforcement des capacités du personnel des organisations membres. Il s'agit jusqu'ici d'un regroupement informel, accessible à toutes les OING opérant au Cameroun.

A côté de ces formes de collaboration sus-évoquées, un autre type de partenariat liant OING et OI prend progressivement de l'ampleur.

? Partenariat OING - OI

Dans le cadre de cette étude, nous entendons par OI, principalement la Banque Mondiale et certaines organisations du système des Nations Unies. Le partenariat OING À OI est très développé au Cameroun surtout pour des organisations (OING et OI) qui interviennent dans les mêmes domaines.

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Nous avons ici quelques exemples de projets qui sont le fruit d'un partenariat OING-OI réalisés pour certains dans la région du Centre et autres régions du Cameroun pour d'autres : le Projet Violence Against Girls financé par ONU Femmes et mis en oeuvre par Plan Cameroon ; le Projet d'Appui au Secteur Educatif au Cameroun, financement de la Banque Mondiale au gouvernement camerounais et mis en oeuvre par plusieurs OING entre autres Plan Cameroon, Catholic Relief services ; le Projet d'Assistance aux refugies urbains de Yaoundé et ses environs, financé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés et mis en oeuvre par Plan Cameroon, pour ne citer que ceux-là.

Cette autre forme de partenariat prend de l'ampleur et concerne des projets aux ressources considérables. On constate ainsi une certaine complémentarité entre les organisations nées de conventions internationales et les organisations qui sont des entités non étatiques. Dans cette forme de partenariat, les OI fournissent les ressources financières tandis que les OING se chargent de la mise en oeuvre du projet.

S'il est vrai que l'étude de la participation effective des OING au développement de la région Centre du Cameroun passe par une catégorisation de ces dernières et les rapports qu'elles entretiennent avec leurs différents partenaires, la prise en compte des actions concrètes qu'elles réalisent constitue la clé de voûte de cette analyse.

Section II) Les réalisations des organisations internationales non gouvernementales dans la région du Centre du

Cameroun

Le constat fait au cours de cette étude nous a révélé que la grande majorité des structures identifiées, bien qu'ayant leurs principaux sièges dans la région du Centre qui abrite la capitale politique du Cameroun, conduisent le clair de leurs initiatives dans d'autres régions. Il sera présenté ici les quelques-unes qui sont déployées dans la région qui nous intéresse. Par ailleurs, il est assez délicat d'identifier des actions menées par une organisation unique à l'endroit des populations cibles. Dans la plupart des cas, ces actions sont le résultat d'une synergie entre plusieurs OING ou entre une OING et l'Etat, à travers un département ministériel ou une agence spécialisée et couvrent très souvent des domaines divers, dont certains sont considérés comme prioritaires (A) et les autres moins sollicités (B).

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Paragraphe A) Les domaines dits prioritaires

Les initiatives menées au profit des populations varient très souvent en fonction des types de besoins, des capacités d'action prenant en compte les ressources disponibles et même des domaines ciblés. S'agissant de ces domaines, la priorité qui leur est accordée varie, ne serait-ce qu'en partie, en fonction de l'analyse situationnelle faite par chaque structure et des priorités qu'elle s'est définie suite à celle-ci. 64 Ceux-ci ne sont pas considérés comme prioritaires de façon purement arbitraire, mais suite aux résultats issus de l'analyse des données liées à notre étude, car ce sont ceux qui font l'objet du plus grand intérêt de la part des différentes OING. Il s'agit principalement de la santé y compris le VIH/SIDA (1), du développement local et de l'éducation (2) qui concentrent plus de la moitié des initiatives (62%).

1) La santé y compris le VIH/SIDA

En matière de santé, plusieurs structures ont posé des gestes remarquables dans la région du Centre. Ces actions sont axées sur l'approvisionnement en soins médicaux, la protection maternelle et infantile, la lutte contre les maladies tropicales négligées et le prise en charge des personnes infectées, la lutte contre le paludisme, la tuberculose ... Concernant le VIH/SIDA, ces initiatives sont principalement orientées vers la prévention, le dépistage et le traitement des personnes infectées.

Parmi celles-ci, on retrouve le COE qui est à l'origine de multiples actions en faveur des populations de cette région en matière de santé. On y compte la création de l'Hôpital Saint Luc de Mbalmayo, le Centre de santé Monseigneur Jean ZOA. L'Hôpital Saint Luc de Mbalmayo reçoit des patients provenant de l'ensemble du Cameroun et même des pays voisins et se fixe plusieurs objectifs, notamment le renforcement de la participation à la lutte contre les grandes endémies (VIH/SIDA et paludisme) et le renforcement de la lutte contre la cécité évitable dans les régions du Centre et du Sud Cameroun. Les services accordés couvrent des domaines aussi variés que les soins de santé primaires et les services spécialisés. Dans le cadre de ces activités, le COE bénéficie du soutien de plusieurs partenaires locaux (le Ministère de la santé publique, le Comité National de Lutte Contre le Sida, le Centre International de Recherche Chantal Biya) et étrangers (le fonds D, la province autonome de Trente, le ministère italien des affaires étrangères).

64 On peut considérer qu'un cadre international existe et qui définit les priorités en matière d'action de coopération au développement, il s'agit des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui sont au nombre de huit.

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Le Centre de santé Monseigneur Jean ZOA quant à lui reçoit des patients provenant de l'aire de santé et du district de santé de Nkoldongo et des autres districts de santé de la ville de Yaoundé. Les activités menées sont diverses et se rapprochent étroitement de celles menées par l'Hôpital Saint Luc de Mbalmayo avec une innovation dans la réalisation de la médecine alternative et par les techniques de rééquilibrage énergétique. La mise en place de cette structure a connu l'implication de divers partenaires entre autres l'Organisation Catholique de la Santé au Cameroun, le MINSANTE, l'Ecole catholique des infirmiers de Yaoundé, le Centre pasteur de Yaoundé ; l'Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC)65 ; le Ministère Français des Affaires Etrangères ; les Hôpitaux de Toulouse. Pour la réalisation de ces actions, l'apport financier de certains bailleurs de fonds a été enregistré parmi lesquels l'Etat du Cameroun, la Fondation Lambriana de Milan et certaines communautés italiennes.

Une autre structure à intervenir dans le domaine de la santé dans la région du Centre est la fondation Helen Keller International (HKI). Elle intervient notamment dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN) les plus en vue (onchocercose, filariose lymphatique, schistosomiase ou bilharziose, vers intestinaux, trachome). Bien que ses actions couvrent l'étendue du territoire national, des gestes précis concernent la région du Centre. Ainsi, HKI soutient le MINSANTE dans sa stratégie de lutte coordonnée et intégrée contre ces cinq MTN. HKI en partenariat avec la coalition des ONG de développement et de lutte contre l'onchocercose et les MTN, les organisations des Nations Unies, appuient le MINSANTE dans l'organisation des distributions de masse intégrée des médicaments dans les communautés et en milieu scolaire ; afin, soit d'éliminer la maladie (onchocercose, filariose lymphatique, trachome) soit de réduire la morbidité (schistosomiase, vers intestinaux). A cet effet, diverses activités ont été menées parmi lesquelles l'assistance pour le renforcement du système de santé et le renforcement des capacités des personnels de santé à tous les niveaux, des membres de la communauté et des enseignants ; l'assistance à la commande des médicaments ; l'amélioration des outils de collecte et de gestion des données ; l'assistance au raffinage de la cartographie des maladies ; l'assistance aux activités de suivi-évaluation.

Médecins Sans Frontières (MSF) intervient également dans le domaine de la santé. OEuvrant au Cameroun depuis 1984, elle l'une des premières ONG à avoir introduit les

65 OCEAC: Organisation de Coordination et de Coopération pour la lutte contre les Grandes Endémies en Afrique Centrale.

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traitements antirétroviraux dans le pays à travers différents projets menés dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA66.

Dans la région du Centre et particulièrement à Akonolinga, MSF prend en charge les patients souffrant de l'ulcère de Buruli67. Le projet démarre en 2002 et vise l'amélioration de la prise en charge globale et la diminution de la souffrance causée par cette infection. Le pavillon Buruli, devenu un centre fonctionnel important, insiste sur la détection précoce, la formation du personnel sanitaire et la coopération inter-acteurs. En 2008, MSF introduit les pansements nouvelle génération qui facilitent la cicatrisation des plaies.

SOS villages d'enfants Cameroun travaille également dans le domaine de la santé dans notre région d'étude. En 1998, le Dispensaire SOS Hermann Gmeiner de Mbalmayo lance ses activités ayant pour objectif la protection maternelle et infantile. Ce centre médical propose des services de vaccination, des conseils en matière d'hygiène, de nutrition et de premiers secours. Il apporte également un soutien social, psychologique et thérapeutique aux enfants et aux jeunes du village d'enfants. Ce centre participe aussi aux programmes nationaux de santé en collaboration avec le MINSANTE au travers des services de santé de district de Mbalmayo. La lutte contre le VIH/SIDA constitue également un enjeu prioritaire au sein de l'unité médicale SOS de Mbalmayo. Ce centre propose aux familles touchées par VIH/SIDA des conseils pour améliorer leur hygiène de vie ainsi que des tests de dépistage et le traitement aux antirétroviraux.

Par ailleurs, CARE Cameroun a mené des actions dans le cadre du projet PRISIDA (Prévention des IST/VIH/SIDA sur les axes routiers auprès des camionneurs et des populations riveraines). Ce projet financé par l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI), à hauteur de 2 milliards de Francs CFA couvrait l'étendue du territoire national (y compris la région du Centre). Débuté en 2004 et achevé en 2009, il avait pour principal objectif de contribuer à la réduction de la propagation des IST/VIH/SIDA chez les populations riveraines des principaux axes routiers, auprès des camionneurs de longue distance et des femmes libres. A cet effet, des activités ont été mises en oeuvre, notamment l'identification des besoins en développement de capacité des sites en matière de la prise en charge syndromique des IST ; la mise en place d'un stock initial de médicaments dans chaque centre de santé ; la sensibilisation des structures de santé sur l'importance d'inclure les besoins et les perspectives des femmes dans la prise de décisions affectant les services qui

66 Médecins Sans Frontières, Médecins Sans Frontières au Cameroun, Brochure de présentation, 2012.

67 L'Ulcère de Buruli, Maladie Tropicale Négligée (MTN), est une infection apparentée à la tuberculose et à la lèpre et peut causer des blessures des blessures douloureuses et des déformations physiques entraînant souvent une stigmatisation sociale.

72

leurs sont offerts ; le suivi et l'évaluation des activités des structures d'encadrement des personnes infectées et la formation des responsables des structures et leaders communautaires à la gestion, aux aspects Égalité des Sexes, et aux différents aspects de la communication pour le changement de comportement.

2) L'éducation et le développement local

Pour améliorer la qualité de l'éducation, le COE a crée plusieurs établissements scolaires dans la ville de Mbalmayo dont l'école maternelle et primaire « l'Espoir », le Collège Nina GIANETTI ainsi que le foyer du Centre de Promotion Sociale. La première se donne pour objectif de former et préparer les enfants au certificat d'études primaires (CEP) pour leur insertion au cycle secondaire et à la vie. Pour atteindre cet objectif, plusieurs activités sont mises en oeuvre, notamment le suivi et l'encadrement des élèves tout au long de leur cycle maternel et primaire. Plusieurs acteurs se sont constitués en partenaires de ces actions, notamment le Secrétariat à l'Education du diocèse de Mbalmayo, le Centre d'Animation Sociale et Sanitaire de Yaoundé. Par ailleurs, le financement de ces activités a été rendu possible grâce au soutien du Diocèse de Mbalmayo, la participation des familles des enfants, diverses communautés italiennes.

Quant au collège Nina GIANETTI, son principal objectif est de fournir aux jeunes tous les moyens sains leur permettant de découvrir leurs capacités, de se prendre en charge pour assumer leur existence de manière responsable et faire face aux sollicitations de la vie. Les principales activités menées portent sur la couverture des programmes d'enseignement officiel ; la formation continue des enseignants; le suivi psychosocial des élèves ainsi que l'orientation scolaire et l'organisation des conférences-débats sur plusieurs thèmes formatifs. Toutes ces activités se sont déployées dans le cadre d'un partenariat avec le Service Catholique de l'Education du diocèse de Mbalmayo, le Ministère des Enseignements Secondaires (MINESEC).

SOS villages d'enfants Cameroun mène également des actions en faveur de l'éducation dans la région du Centre. Elle y possède deux institutions scolaires à savoir un jardin d'Enfants SOS et une Ecole Primaire SOS Hermann Gmeiner. Les deux institutions accueillent les enfants du village SOS de Mbamayo, mais également les enfants des communautés environnantes. Elles comptent environ une centaine d'enfants à la maternelle et environ 300 élèves au primaire. Ces institutions scolaires ont pour objectif de garantir à tous les enfants du village SOS et du Programme de renforcement de la famille, un accès à une

73

éducation de qualité, indépendamment de leur sexe, leur origine, leur religion, leurs capacités, leur état de santé ou leur situation dans tout autre domaine. A travers le programme bourse scolaire, SOS villages d'enfants Cameroun soutient les familles défavorisées, afin que leurs enfants aient accès à l'éducation, en les aidant à financer les frais de scolarité, le matériel scolaire et didactique. L'encadrement scolaire dans les écoles SOS est guidé par les principes de l'éducation formelle à savoir, l'enseignement centré sur l'enfant, le soutien aux parents d'élèves, l'investissement dans la qualité des enseignements, l'efficacité et la coopération avec les partenaires pour garantir la continuité et participer au renforcement de la justice sociale. SOS vient ainsi en appui au gouvernement à travers la création des institutions scolaires dans les localités où sont implantés des villages d'enfants notamment Mbalmayo, pour la région du Centre.

Parmi les actions de développement local, l'Institut Africain pour le Développement Economique et Social (INADES) au Cameroun, y a oeuvré de façon significative dans la région du Centre. Pour contribuer à l'amélioration des revenus des paysans et particulièrement des femmes, des actions d'appui sont menées dans le cadre du projet d'appui à la commercialisation des produits agricoles par INADES Formation Cameroun depuis 2006, en faveur des petits producteurs dans deux régions du pays, notamment à l'Est et au Centre. Dans cette dernière, un point d'honneur a été mis sur le désenclavement de la localité d'Edzendouan car, malgré le fort potentiel de production de la zone, elle est longtemps restée inaccessible aux transporteurs et acheteurs du fait du mauvais état des pistes locales et l'inorganisation des producteurs. Ces derniers ont été structurés en unions de GIC et un dispositif d'évacuation des produits vivriers a été mis en place. La mobilisation permanente des producteurs a permis l'entretien manuel de 32 Km de piste et les bénéficiaires du projet ont été soutenus, de manière ponctuelle, grâce au partenariat avec l'Association des Communicateurs et Rédacteurs de l'Agroalimentaire (ACRA) via le financement de l'Union Européenne (UE). Actuellement, plusieurs transporteurs accèdent dans au moins 40% des villages du district, et les revenus des paysans locaux se sont accrus de manière significative. En outre, les groupes ont été accompagnés dans la gestion des revenus issus de la commercialisation de leurs produits ainsi qu'à l'entretien communautaire des pistes rurales. Il faut également noté que des cours par correspondance sont offerts par IFC, notamment le Cours d'Apprentissage Agricole.

Dans le même domaine d'actions et en partenariat avec la commune de Mengang, Plan Cameroon a réalisé un projet d'équipements scolaires (salles de classes, des latrines et un

forage construit) au profit des populations de la communauté de Mimbang. Voir photographies ci-dessous.

Ecole publique de Mimbang, construite et équipée par Plan Cameroon dans la Commune de Mengang.

Photo 2: EP de Mimbang, vue d'ensemble

Photo 4: Devanture d'une salle de classe Photo 1: Approvisionnement de l'école en

eau de forage

Photo 3: Intérieur d'une salle de classe

Photo 6: Latrines

Photo 5: Plaque de l'Ecole Publique de Mimbang Source: Tsafack Judith, Janvier 2012

75

Paragraphe B) Les domaines secondaires et les autres domaines

Outre les domaines les plus sollicités que sont la santé y compris le VIH/SIDA, l'éducation et le développement local, les actions des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun portent également sur des domaines beaucoup moins en vue tels que les droits de l'Homme, l'environnement, l'humanitaire (1). D'autres structures choisissent de mener quant à elles des actions dans les autres domaines notamment l'eau et l'assainissement, l'agriculture, la gouvernance (2).

1) Les domaines secondaires

S'agissant des domaines secondaires, Plan Cameroon a oeuvré pour le renforcement de la participation et l'engagement des enfants et des jeunes dans la région du Centre, afin d'appuyer la construction de la citoyenneté et la démocratie. A cet effet, des centaines d'associations de jeunes ont été mises en place et disposent désormais d'un potentiel leur permettant de bénéficier du Plan de développement de la jeunesse du Cameroun.

Concernant les droits des enfants, Plan Cameroon a mis sur pied le projet pilote des droits de l'enfant dont l'une des composantes majeures était de s'assurer que les enfants ont droit à une identité, un nom et une nationalité comme indiqué dans l'article 7 de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant (CNUDE). Des plateformes d'actions ont ainsi été créées et renforcées dans les communautés dudit projet (Mengang, Akonolinga, Ngat dans le département du Nyon-et-Mfoumou et Dzeng dans le Nyon-et-So'o). Les enfants ont été formés sur leurs droits et sur les processus électoraux à travers la création des centaines de gouvernements d'enfants dans les écoles. En outre, des forums d'enfants ont été crées et renforcés.

Des ONG répertoriées dans le cadre de cette étude, au moins trois d'entre elles (Plan Cameroon, MSF, CARE) ont eu à intervenir dans des activités d'urgence humanitaire dans notre région d'étude. Certes, nous n'avons relevé aucune intervention humanitaire majeure de la part de ces structures au cours de notre période d'étude (ce qui n'exclut en rien cette éventualité), toutefois certaines de leurs actions mériteraient d'être soulignées. Ainsi, MSF et Plan Cameroon sont intervenues lors de l'épidémie de choléra qui a secoué la région du Centre en 2011, respectivement à travers la prise en charge des patients et la distribution des kits sanitaires.

76

Par ailleurs, bien que la thématique environnement retienne l'attention d'un certain nombre d'organisations identifiées (WWF, UICN, WCS) leurs actions de terrain sont principalement menées dans des zones forestières et des réserves naturelles situées en dehors des limites de la région du Centre. Toutefois, elles apportent un appui technique aux départements ministériels en charge des questions environnementales (MINEPDED, MINFOF), aussi bien au niveau central que dans les démembrements régionaux et départementaux des localités où elles interviennent.

2) Les autres domaines

Concernant les actions techniques, le COE s'y investit à travers des structures spécialisées telles que l'institut de formation artistique (IFA) et le Centre d'Art Appliqué (CAA) qui forment des artistes chevronnés (voir oeuvres d'art ci-dessous). Situé dans la ville de Mbalmayo, l'IFA participe aussi aux expositions et autres salons d'artisanat dans l'étendue du territoire. Ses élèves proviennent du territoire national et des pays environnants. Ses objectifs sont entre autres d'assurer aux apprenants une formation artistique dans des spécialités diverses telles que la céramique, la peinture, la sculpture et la décoration ; de promouvoir l'enseignement artistique sur l'ensemble du territoire national et dans la sous région d'Afrique Centrale. Parmi les principaux partenaires, on retrouve l'Université Catholique d'Afrique Centrale ; l'Université de Yaoundé1 ; la Société Civile des arts Plastiques; la Libre Académie des Beaux A rts de Brescia en Italie.

Photo 7: Atelier de poterie du CAA de Photo 8 : OEuvres d'art du CAA de Mbalmayo

Mbalmayo

Source: Foe Ambara, décembre 2012

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En outre, le CAA situé au sein du centre de Promotion Sociale de Mbalmayo où il a ses ateliers et une salle d'exposition. Il expose aussi ses produits à Douala, à Limbé et à Edéa et ils sont commercialisés dans toute l'étendue du territoire camerounais et dans le monde entier. Il se fixe pour principal objectif l'amélioration de la qualité artistique des objets et produits en sauvegardant les formes et techniques de l'Afrique mises au goût du jour. L'essentiel de l'activité du CAA se déroule au sein de ses 3ateliers : céramique, graphisme et imprimerie. Le CAA fait partie du site touristique du Centre de Promotion Sociale et à cet effet, il accueille divers touristes. Le financement de ses activités provient principalement de la vente des produits du centre. Ci-dessous quelques photos prises à l'IFA de Mbalmayo.

CONCLUSION

L'objectif du présent chapitre était de démontrer la participation effective de ces OING au développement de la région Centre du Cameroun. L'identification de ces dernières nous a permis de mettre en lumière la pluralité de leurs différents profils. Un répertoire68 de 23 OING identifiées a été élaboré. De cette étude, il ressort que la grande majorité de ces structures s'est installée au Cameroun après 1990, année de la proclamation de la nouvelle loi sur la liberté d'association au Cameroun, mais aussi et surtout de la remise en cause des PAS et la prise en compte de leurs effets dévastateurs sur les économies du Sud. Il nous a également été donné de constater qu'un accent particulier est mis sur la santé, l'éducation et le développement. Par ailleurs, certaines organisations comptent un nombre considérables d'employés alors que d'autres disposent d'effectifs plus modestes. Certaines structures bénéficient d'un budget considérable, alors que d'autres par contre possèdent une enveloppe réduite qui limite considérablement les actions menées. Pour une meilleure efficacité de celles-ci, ces différentes organisations établissent des partenariats avec l'Etat et d'autres organisations. S'agissant des actions concrètes, un nombre considérable d'initiatives réalisées ont été relevées entre autres dans les domaines de la santé, l'éducation, le développement, les droits de l'Homme... Au vue de ce qui précède, il nous revient de conclure que l'oeuvre des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun est une participation effective au développement de ladite région, non seulement à travers les moyens dont elles se dotent, mais surtout du fait des diverses actions qu'elles y mènent. Il convient tout de même d'analyser

68 Ce répertoire présente un certain nombre d'informations sur les ONGI notamment l'adresse, la mission, les domaines d'activités ainsi que les zones d'intervention. Il est disponible en annexe de ce document.

78

leurs insuffisances afin de faire des recommandations susceptibles d'améliorer les résultats obtenus.

CHAPITRE IV : LIMITES ET PERSPECTIVES D'AMELIORATION
DE L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE DU
CAMEROUN

79

INTRODUCTION

Les organisations internationales non gouvernementales sont devenues des acteurs incontournables des relations internationales. Elles mettent en jeu des moyens considérables dans leurs diverses réalisations et, représentent désormais des partenaires privilégiés des pays en développement. Cette forme de coopération au développement doit son émergence aux échecs des programmes classiques d'aide au développement dont la coopération gouvernementale. Leur essor au Cameroun comme dans d'autres pays africains s'est davantage renforcé par l'échec des PAS et la détérioration des conditions de vie des populations qui s'en est suivie.

Comme nous avons pu le constater dans le chapitre précédent, les OING qui travaillent au Cameroun appuient pour la plupart, l'action du gouvernement dans des domaines qui vont en droite ligne avec les priorités de l'Etat, les OMD et leurs domaines cibles. Ces OING constituent un mouvement en constante évolution, soit en termes de procédures internes, stratégies et approche de travail, soit en termes d'adaptation de l'intervention en fonction des domaines définis comme prioritaires, du contexte et des urgences qui peuvent subvenir. Ces interventions se déroulent généralement dans le cadre d'un partenariat impliquant parfois plusieurs acteurs (Etat, organisations et entreprises locales, populations).

L'oeuvre des OING dans notre région d'étude reste fortement influencée par divers facteurs. Certains constituent des atouts contribuant à l'efficacité de leurs actions tandis que d'autres représentent des limites, et sont par conséquent contreproductifs pour ces OING. Il s'agit donc pour nous de brosser cet ensemble d'éléments défavorables à l'action de ces organisations (I) et d'en formuler des perspectives d'amélioration en vue d'une meilleure efficacité de leurs interventions (II).

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Section I) Les limites à l'efficacité des organisations

internationales non gouvernementales actives dans la région du Centre

Les OING recensées dans le cadre de cette étude évoluent dans un environnement qui présente aussi bien des atouts que de faiblesses. Leurs réalisations sont sujettes aux mutations de cet environnement et aux facteurs internes qui influencent d'une façon ou d'une autre leurs actions. Il est important pour nous de dresser un tableau des forces et des faiblesses ayant une influence sur l'oeuvre desdites organisations.

Tableau 3: Forces et faiblesses à l'action des OING dans la région.

#

Les forces

Les faiblesses

Distribution
géographique

V' Grande représentation des OING dans la région du Centre

V' Répartition géographique inégale entre les départements de la région ;

V' Concentration dans la ville de Yaoundé

Ressources humaines

V' Recours aux compétences locales ;

V' Expertise locale disponible ;
V' Profil assez varié des ressources humaines locales ;

V' Personnel très réduit pour certaines OING ;

V' Postes clefs généralement occupés par le personnel international ou des expatriés localement recrutés ;

V' Grand déséquilibre entre la rémunération des expatriés et celle du personnel local.

Ressources financières

V' Ressources financières

considérables dans l'ensemble ; V' Financement régulier en provenance du siège de

V' Grande disparité dans les budgets des OING ;

V' Dépendance aux financements extérieurs ;

Domaines d'intervention

Communication

l'ONG ;

V' Disponibilité des subventions des bureaux nationaux pour les grandes OING ;

V' Elargissement des sources de financement ;

V' Procédures financières transparentes ;

V' Redevabilité aux bailleurs et aux bénéficiaires comme critère de bonne gouvernance ;

V' Multiplicité de thématiques d'intervention;

V' Priorité accordée à la santé + VIH/Sida, l'éducation, le développement, priorités définies par l'Etat ;

V' Communication active pour

V' Fonds provenant

principalement des pays et bailleurs occidentaux ;

V' Impact de la crise financière en Occident sur les budgets des OING ;

V' Scepticisme de certains contribuables européens vis-à-vis de l'aide au développement.

V' Coûts élevés des opérations ;

V' Dilapidation des fonds en fin d'exercice budgétaire sous prétexte de rapatriement de l'excédent aux bailleurs;

V' Retour des fonds vers les pays d'origine;69

V' Mauvaise gouvernance dans la gestion des fonds.

V' Certains domaines pourtant porteurs (agriculture par exemple) ne sont pas une priorité pour les OING ;

V' Forte présence d'OING (bureaux nationaux) contre une faible proportion d'actions menées ;

V' Insuffisance de coordination des actions dans les mêmes domaines.

V' Faible visibilité des actions

81

69 Il s'agit de la volonté manifeste des OING à recruter un personnel international ressortissant du pays d'origine de l'ONG. Il coûte assez cher pour l'organisation qui consacre finalement une bonne partie de son budget aux dépenses liées au personnel international.

82

et visibilité

Environnement

certaines OING ;

V' Envoi des rapports annuels aux

Ministères partenaires ;

V' Proximité et complicité avec

les populations locales.

V' Favorable à l'émergence des OING.

V' Privilèges accordés par l'Etat ; V' Stabilité politique dans la région ;

V' Hospitalité des populations ;

V' Capital humain local qualifié et disponible.

d'autres OING;

V' Sous-information de l'Etat au sujet des activités de certaines;

V' Rapports d'activités non transmis de manière systématique au MINADT comme prévu par la loi de 1990.

V' Absence des preuves de réalisations ;

V' Refus du partage des

informations financières pour certaines.

V' Insuffisance de coordination des actions ;

V' Compétition entre les

OING dans la recherche des financements ;

V' Priorité de la recherche des fonds sur l'amélioration de la qualité de vie des populations vulnérables.

V' Méfaits de la corruption.

Rapport avec l'Etat

Rapports et implication des populations locales

V' Bons rapports avec l'Etat dans l'ensemble ;

V' Appui de l'action

gouvernementale dans les différents domaines d'intervention.

V' Rapports de collaboration

V' Valorisation des connaissances locales ;

V' Implication des populations

V' Faible implication des

populations dans la conception des projets ;

V' Méfiance de la population

Partenariat

Le savoir local

V' Implication de l'Etat dans la majorité des actions mises en oeuvre dans la région ;

V' Partenariats souvent formalisés par des accords;

V' Existence de nombreux partenariats entre OING et organisations locales ;

V' Partenariats multi-acteurs (Etat/Bailleurs/OING/Associati ons locales).

V' Affirmation par les OING de la prise en compte du savoir local dans l'accompagnement des populations bénéficiaires ;

V' Point de départ de la stratégie de travail dans une communauté pour certaines OING ;

V' Connaissances à valoriser absolument ;

V' Savoir indispensable à la compréhension du contexte local.

locales dans la mise en oeuvre

de leurs activités.

V' Lenteur dans l'octroi de l'agrément;

V' Mauvaise gouvernance comme cause de la durée éphémère de certains partenariats.

V' Sous-estimation du savoir local par les OING;

V' Mauvaises pratiques des populations qui compromettent l'atteinte des objectifs des OING ;

V' Non réceptivité de la part des populations des

pratiques exogènes.

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Source : Tsafack Judith

A partir de ce tableau, nous constatons qu'autant les ONG disposent de multiples atouts, autant elles font face aux difficultés qui contribuent à l'inefficacité et l'inefficience de leur action. Ces obstacles sont aussi bien d'ordre interne qu'externe. Afin de parvenir à des recommandations, nous procéderons à une analyse des limites imputables aux OING (A) et des obstacles qui relèvent des acteurs locaux (B).

84

Paragraphe A) Les limites imputables aux organisations internationales non gouvernementales

L'analyse des forces et des faiblesses des OING oeuvrant dans la région du Centre nous présente un ensemble de facteurs internes qui constitue des limites à leurs réalisations. Ce sont des éléments liés aux organisations et qui méritent une grande attention ainsi qu'un changement afin de les transformer en forces. Nous nous attarderons ici sur leur distribution géographique dans la région d'étude, la sous valorisation des compétences locales, la course aux financements, les thématiques d'intervention, le non respect de la règlementation, l'environnement et la gouvernance, l'insuffisance de visibilité et la durabilité des actions.

i. Distribution géographique des OING

Les OING actives dans la région du Centre sont principalement installées dans le département du Mfoundi et plus particulièrement à Yaoundé. Les 23 organisations répertoriées dans le cadre de ce travail y ont chacune un bureau, et généralement situé au quartier Bastos. Quatre d'entre elles possèdent tout de même des locaux en plus dans d'autres départements de la région, notamment un bureau SOS village d'enfants à Mbalmayo ; un bureau MSF à Akonolinga ; un bureau du COE à Mbalmayo également et un bureau régional de Plan Cameroon au quartier Nkomo à Yaoundé.

Nous constatons ainsi que la ville de Yaoundé représente un obstacle à l'installation des OING dans d'autres départements de la région, probablement du fait de son statut de capitale politique et siège des institutions. S'il est vrai que les bureaux de Yaoundé sont des bureaux de coordination, il est cependant à noter que certaines OING certes installées dans cette ville n'y mènent aucune action, encore moins dans la région. C'est le cas par exemple de VSO, International Medical Corps, Counter Part International, Sightsavers... A priori, l'on peut se dire que les populations pauvres de la région du Centre, entourées d'un nombre considérable d'OING, sont mieux prémunies contre les problèmes de santé, d'éducation, de pauvreté. Mais dans la réalité, la concentration desdites organisation dans la région ne leur est pas nécessairement favorable.

85

ii. Sous valorisation des compétences locales et retour des fonds dans les pays d'origine des OING

Les OING présentes dans la région font à coup sûr recours aux ressources humaines locales. On y retrouve du personnel avec différentes statuts : temporaires, consultants, personnel aux contrats à durée déterminée ou indéterminée. Il ne devrait d'ailleurs pas en être autrement puisque les accords d'établissement/accords de siège ou encore accords de partenariat entre le gouvernement camerounais et ces OING prévoient généralement des articles sur la priorité à donner au recrutement du personnel camerounais par les OING. « Dans presque tous les arrangements institutionnels, il est spécifié en termes suffisamment clair, que la préférence des recrutements est donnée aux cadres nationaux, en somme aux ressortissants du pays hôte »70. D'ailleurs, si les ressources humaines de ces organisations étrangères sont à 95% constituées du personnel local, généralement de nationalité camerounaise contre 5% de personnel international (exclusivement des expatriés et généralement du pays d'origine de l'OING), il va s'en dire que ce personnel international occupe très souvent les postes stratégiques de l'organisation. Et même si un cadre camerounais se situerait plus ou moins dans la même échelle/catégorie que l'international, il est peu probable que la rémunération des deux catégories de personnel soit la même71. Nous constatons que le personnel international coûte beaucoup plus cher que le personnel local aux mêmes qualifications.72 Le personnel camerounais quant à lui occupe généralement pour les plus nantis de qualification académique et d'expérience professionnelle, des postes de « middle management »73. Ce n'est pour autant pas dire qu'il y ait un manque quelconque des ressources humaines locales hautement qualifiées pour siéger dans la « cour des grands » dans ces OING. Bien plus, certains expatriés arrivés au Cameroun dans le cadre d'un projet particulier et sensés quitter le Cameroun à la fin dudit projet en repartent difficilement. Compte tenu de l'étroitesse du réseau des expatriés des organisations internationales, certains sont tout simplement cooptés par leurs proches exerçant dans les OING et parfois à des postes de très haute responsabilité. Et comme le caractère d'expatrié va avec un traitement exceptionnel, cette catégorie de personnel, bien que recrutée au niveau

70TONME Shanda, Le système des organisations internationales non gouvernementale : Emergence d'un Droit international spécifique ?, L'Harmattan, 2010, Paris, 246 P, p. 121.

71 Ces informations sont basées sur des faits empiriques car, nous n'avons pas pu collecter des données y relatives auprès des OING.

72 Les coûts dont nous faisons allusion ici ne concernent pas seulement le salaire, mais également tous les avantages liés à l'international (scolarité enfants, factures eau et électricité, et bien d'autres).

73 Nous entendons par middle managers le personnel qui se situe entre les décideurs et les exécutants, ce qu'on pourrait appeler des managers intermédiaires.

86

local comme le personnel camerounais, jouit pourtant des avantages dont ne sauraient bénéficier les nationaux.

Toutefois, nous ne saurons dire que les OING intervenant dans la région Centre du Cameroun n'utilisent pas les ressources humaines disponibles au niveau local, car les résultats de cette étude l'ont fortement confirmé. Seulement, il convient de noter que ces ressources sont parfois sous-valorisées voire sous-estimées.

iii. La course aux financements

Si les OING bénéficient à priori des mêmes facilités dans la mise en oeuvre de leurs activités, elles n'ont certes pas les mêmes moyens financiers et par conséquent, leurs actions, leur notoriété et leur visibilité sont fonction de leurs ressources financières. Du coup, les organisations font des calculs stratégiques afin d'obtenir le maximum de financements possibles. Elles sont prêtes à délaisser des communautés qui sont dans l'extrême nécessité pour élaborer des propositions de projet pour une intervention dans des zones prioritaires aux yeux de certains bailleurs de fonds, celles-ci n'étant pas nécessairement les plus vulnérables.

Il existe également une grande disparité entre les ressources financières des OING installées dans la région. Les plus petites en termes de ressources financières font face aux difficultés aussi bien dans leur fonctionnement quotidien que dans la mise en oeuvre des projets. Celles aux budgets « costauds » attirent les ressources humaines les plus qualifiées parce qu'elles ont les moyens d'offrir des conditions alléchantes, tandis que les petites ont de la peine à recruter et doivent fonctionner avec un personnel très réduit. La logistique qu'elles peuvent acquérir se limite au strict minimum, ces situations combinées impactent à coup sûr sur l'atteinte de leurs objectifs.

D'une part, les OING faisant l'objet de notre étude sont principalement d'origine occidentale et la quasi-totalité de leurs ressources financières provient des pays occidentaux. Ainsi, la crise financière qui secoue les pays occidentaux n'est pas sans effets sur les bailleurs de fonds des OING.

D'autre part, les résultats mitigés de l'aide au développement ou encore la gestion opaque des ressources dans nos pays fait naître en certains contribuables un scepticisme qui se répercute sur les subventions allouées par leurs Etats d'origine aux OING. Elles ne sont pas épargnées du problème de gouvernance, même celles l'ayant choisie comme thématique d'intervention. Somme toutes, la question des ressources financières reste problématique auprès de ces organisations. Toutes déclarent que les besoins nécessitant leur intervention

87

sont supérieurs aux moyens financiers disponibles, ce qui expliquerait peut-être leur course effrénée aux financements.

iv. Domaines d'intervention

Les résultats de cette étude montrent que certaines thématiques (santé, éducation et développement) retiennent particulièrement l'attention des OING. Dans le cadre des domaines d'activités, le terme développement inclut le développement local, le développement économique, le développement organisationnel et institutionnel, le développement rural. Sans désigner donc pas un élément isolé, il renvoie à un ensemble de sous-domaines qui constituent ce secteur. En même temps, certains domaines sectoriels tels l'agriculture, la gouvernance, l'eau et l'assainissement ne préoccupent qu'une très petite poignée d'OING dans la région. Il se pose donc un problème dans le choix des domaines d'intervention. En plus, les OING intervenant dans le même domaine ne coordonnent pas toujours leurs efforts.

v. Respect mitigé de la réglementation

La loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association demande aux associations de faire parvenir annuellement leurs rapports d'activités au MINATD. Malheureusement, cet envoi ne se fait pas de façon systématique comme l'exige les textes. Shanda TONME pointe du doigt les OING en ces termes : « ...bien que les instruments et arrangements l'exigent explicitement, il n'y a presque jamais de rapport d'activités adressé au gouvernement du pays hôte. Dans leur état d'esprit, elles viennent apporter la vie et le bonheur automatique et ne croient plus qu'il soit normal de leur demander de se conformer à cette prescription des textes qui parlent de rapport d'activité »74.

En effet, certaines OING envoient des rapports annuels qui ne sont qu'une brève synthèse des activités menées au courant de l'année. Ainsi, les autorités camerounaises ne sont pas suffisamment informées des réalisations de certaines de ces organisations. Elles ne savent non plus si leurs actions rentrent uniquement dans le cadre de l'atteinte des objectifs avoués, où si celles-ci se livrent à d'autres activités d'intérêt personnel. Le contrôle voulu par le législateur échappe ainsi aux autorités.

74 TONME Shanda, Le système des organisations internationales non gouvernementales : Emergence d'un Droit international spécifique ?, Op cit.

vi. 88

Insuffisance de visibilité des actions

Les OING installées dans la région Centre du Cameroun agissent au-delà de cette zone. Leurs actions varient couvrent divers domaines tels que l'éducation, la santé, les droits de l'homme, l'eau et l'assainissement, l'environnement, l'agriculture... S'il est vrai que leur oeuvre couvre diverses thématiques et différentes régions du Cameroun, il faut cependant souligner le manque de visibilité des actions menées par ces organisations, voire desdites organisations elles-mêmes. Les preuves de leurs réalisations ne sont pas toujours communiquées. Il se pose donc un problème d'insuffisance de communication. Il ne s'agit non plus de demander à ces dernières de faire un tapage médiatique autour des projets qu'elles réalisent.

vii. Environnement et gouvernance

L'environnement dans lequel évoluent ces organisations présente aussi bien des atouts que des faiblesses qui freinent une bonne mise en oeuvre de leurs activités. Les OING mènent une compétition plus ou moins ouverte entre elles en vue de l'obtention des financements. Comme nous l'avons déjà constaté plus haut, la course aux financements constitue un élément qui contribue considérablement à la dégradation de l'environnement dans lequel interviennent ces organisations. Par ailleurs, il faut noter que le Cameroun en général fait face au fléau de la corruption et des détournements et, le secteur des OING n'en est pas épargné. Lorsque le système de gestion financière n'est pas suffisamment performant, certains employés mal intentionnés n'hésitent pas à profiter des faiblesses du système pour en tirer des gains personnels.

viii. Implication des populations

La quasi-totalité des OING rencontrées dans le cadre de cette recherche déclarent impliquer les populations dans la mise en oeuvre de leurs activités. Certaines affirment que les besoins sont d'ailleurs identifiés par les bénéficiaires eux-mêmes, d'autres vont plus loin en disant qu'elles accompagnent les populations dans leurs initiatives. Toutefois, il nous revient de constater que leur implication dans la phase de conception des projets reste mitigée. Les projets sont généralement conçus dans des bureaux quelques fois après une étude de base sur le terrain et ce n'est que lorsqu'un financement est acquis qu'un rapprochement avec les bénéficiaires s'opère, ce qui crée quelque fois frustration, méfiance, voire une suspicion de la part des populations. En effet, celles-ci ne se reconnaissent pas dans de tels projets et peinent à se les approprier.

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ix. La durabilité des actions

A quelques exceptions près, les actions menées par les OING au Cameroun en général sont des projets de court et moyen terme (= 5 ans), rarement de longue durée. Si cette brève échéance ne constitue pas un problème pour des projets de réalisation des infrastructures, il n'en est pas de même pour des actions visant le changement de comportements d'une population donnée. En effet, il est difficile de croire que les membres d'une société, habitués à une certaine culture et à certaines pratiques puissent en quelques mois, modifier leurs habitus suite à quelques réunions de sensibilisation. Ainsi, des fonds sont alloués aux pareils projets mais ceux-ci n'atteignent que rarement l'objectif visé.

Si certains facteurs internes aux organisations représentent un frein à l'atteinte des objectifs avoués, les acteurs locaux y ont eux aussi une part de responsabilité qui mérite notre attention.

Paragraphe B) Les limites imputables aux acteurs locaux

Les limites à une action efficace des OING ne sont pas le seul apanage de ces dernières, d'autres acteurs contribuent à cette situation notamment l'Etat75, les partenaires d'exécution (organisations locales et autres prestataires) et les populations locales.

? L'Etat

Dans leurs missions, les OING présentes au Cameroun accompagnent l'Etat afin d'améliorer les conditions de vie des populations dans des domaines d'intérêt général prédéfinis par ce dernier76. Cet appui ne saurait donc se faire sans les institutions chargées des questions relatives à leurs différents domaines d'intervention. Ainsi, les ONG établissent soit des relations formelles matérialisées par des protocoles d'accord dans le cadre de la mise en oeuvre d'une action ponctuelle, soit dans la réalisation d'une série d'actions ou tout simplement des relations informelles qui permettent à l'OING et au partenaire étatique de travailler ensemble sur des questions précises. Toutefois, certains facteurs internes à l'Etat empêchent ce dernier de faciliter l'appui attendu de ses partenaires que sont les organisations non gouvernementales internationales.

75 Départements ministériels et services déconcentrés de l'Etat

76 Conformément à la loi de 1990 sur la liberté d'association.

i. 90

La mauvaise gouvernance

Les partenariats OING-Etat sont très accentués et aboutissent quelque fois soit au financement par les OING de certaines activités engagées par les départements ministériels et/ou leurs services déconcentrés. Seulement, ces financements n'échappent pas toujours à une gestion opaque, à la corruption et aux détournements. Les fonds alloués à certains partenaires institutionnels à titre de financement d'une activité précise sont parfois consacrés partiellement à l'activité en question, et quelque fois, détournés de la localité initiale pour être investis dans des zones non prioritaire. Cette mauvaise pratique peut créer chez ces OING un certain découragement et conduire quelque fois à la fin du partenariat avec certaines institutions. Il est clair que cette mauvaise gouvernance représente un obstacle à l'atteinte des différents objectifs de développement que se sont fixés, aussi bien les Nations Unies à l'échéance 2015 (OMD) que ceux formulés par le Chef de l'Etat pour un Cameroun émergent à l'horizon 2035, et qui, sont désormais des cadres de référence toute action de développement au Cameroun.

ii. La lenteur dans l'octroi de l'agrément

La loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d'association au Cameroun en son article 16, alinéa 1, stipule que « les associations étrangères ne peuvent exercer aucune activité sur le territoire sans autorisation préalable du Ministre chargé de l'Administration territoriale après avis conforme du Ministre chargé des Relations Extérieures ».

Si elle est précise quant à l'autorisation préalable du MINADT, une certaine ambigüité demeure en ce qui concerne le délai de traitement de la demande d'agrément. Dans la pratique, l'on se rend compte que les OING qui sollicitent une autorisation du gouvernement peuvent attendre plusieurs années avant de l'obtenir. Situation embarrassante, qui pousse certaines organisations, soit à exercer sous le couvert d'autres, soit de façon illégale et ce, pas forcément pour s'opposer aux dispositions légales, encore moins du fait de certaines intentions inavouées, mais plutôt parce qu'elles pensent qu'à travers quelques réalisations, le gouvernement disposera des faits pour mieux analyser leur requête. Cette stratégie ne conduit pas toujours aux résultats escomptés.

Si une OING est informée du temps nécessaire pour le traitement de sa demande d'autorisation, nous pensons qu'elle s'y prendra à temps et n'engagera pas d'activités au Cameroun avant la décision du gouvernement. Dans la longue attente, certaines associations sont amenées à débourser des sommes considérables (destinés aux pauvres) pour garantir le

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suivi des dossiers. Sans reprocher à l'Etat son attribut de souveraineté (enquête de moralité), nous ne saurons ne pas considérer cette lenteur comme une limite à l'action des OING installées au Cameroun en général.

Bien plus, le décret N° 2005/104 du 13 avril 2005 portant organisation du MINATD précise que le contrôle de l'application de la législation et de la réglementation sur les ONG, ainsi que l'instruction des dossiers de demande d'agrément au statut d'ONG sont des questions dont se charge le Service des ONG, appartenant à la sous-direction des libertés publiques, cette dernière dépendant de la direction des affaires politiques (Article 27, alinéa 1). Ainsi, si seul un Service du MINATD est chargé des questions relatives aux ONG locales et ONG internationales, ceci justifierait à suffisance cette lenteur, étant donné l'ampleur des sollicitations de demandes d'agrément de la part des ONG locales et des organisations internationales non gouvernementales au Cameroun.

iii. Le détournement des projets à des fins politiques

Les actions mises en oeuvre par les OING au Cameroun le sont principalement sous forme de projet, qu'elles soient de durée courte, moyenne ou longue. Certains de ces projets doivent être validés par des autorités compétentes dans le domaine concerné qui en abusent quelquefois. C'est le cas par exemple, de la réorientation à des fins stratégiques d'un projet vers des localités qui leurs sont favorables ; l'insertion « exigée » de leurs proches dans le personnel du projet, les manoeuvres de corruption, et lorsque ces démarches démagogiques ne trouvent pas écho favorable auprès des OING, certains projets se meurent dans des bureaux. Si l'Etat en tant qu'acteur local est aussi responsable de l'inefficacité de l'action des OING au Cameroun, qu'en est-il des organisations et entreprises locales ?

? Les organisations et entreprises locales

Les actions des OING sont généralement menées avec divers partenaires parmi lesquels les organisations et entreprises locales. Divers contrats sont ainsi signés par ces entités pour la mise en oeuvre des projets précis dont la réalisation pose quelquefois problème notamment en matière de professionnalisme et de gouvernance.

i. Le manque de professionnalisme

Bien qu'il existe au Cameroun une expertise assez variée, il faut cependant noter que le personnel de certaines associations locales, surtout celui des communautés rurales ne

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dispose pas toujours des compétences nécessaires pour une réussite optimale de leurs activités, en grande partie financées par des OING. En effet, elles constituent très souvent les partenaires les plus indiqués pour la réalisation des projets de développement local, car elles maîtrisent mieux les réalités inhérentes à leur contexte. Toutefois, ces associations ne se forment pas toujours sur la base des critères de compétence, mais plutôt selon une logique d'affinité. C'est pourquoi, au moment de la mise en oeuvre du projet, il est récurrent de se retrouver face à des nombreuses difficultés liées pour la plupart à l'incompétence du personnel.

ii. La mauvaise gouvernance

Partant des organisations locales en passant par les entreprises, les problèmes de gouvernance demeurent des questions de fonds au Cameroun, notamment dans la gestion des budgets, la facturation des honoraires, les rapports qui ne reflètent pas les réalisations effectives sur le terrain.

On garde en mémoire ce cas où une entreprise sélectionnée pour la réhabilitation des salles de classe dans certaines écoles de la République dans le cadre d'un projet d'appui au système éducatif, a explicitement facturé un nombre de salles réhabilitées supérieur à celui effectivement rénové. Son rapport a été validé par l'ingénieur de suivi, pourtant employé et payé par l'OING maître d'ouvrage. Cet exemple montre à quel point les alliances sont montées de part et d'autre pour spolier les ressources financières des projets et parfois avec la complicité du personnel même de l'OING. Certains prestataires n'hésitent d'ailleurs pas à transférer dans leurs comptes privés des ressources destinées à la réalisation du projet !

Si l'efficacité de l'oeuvre des ONG se heurte aux difficultés qui émanent pour certains des organisations et prestataires locaux, qu'en est-il des populations locales qui bénéficient en effet de ces actions ?

? Les populations locales

Les limites à l'action des OING dans la région du Centre sont le fait d'un ensemble de facteurs imputables à tous les acteurs impliqués dans le processus, y compris les populations locales.

i. 93

La tragédie des Communaux

Le concept de « tragédie des Communaux »77 fût développé par Garrett HARDIN en 1968 dans le domaine de l'agriculture. Il a imaginé un pâturage ouvert à tous où l'on devrait s'attendre à ce que chaque éleveur essaie d'y mettre autant de bétail que possible, puisqu'il s'agit d'un terrain commun. Le pâturage n'étant pas une ressource illimitée, arrive le jour où il commence à s'épuiser. En tant qu'être rationnel, chaque éleveur cherche à y ajouter une bête de plus afin de maximiser son gain avant l'épuisement total de la réserve. Chaque homme est enfermé dans un système qui le contraint à augmenter son troupeau sans limite (dans un monde limité). La ruine est la destination vers laquelle tous les hommes se ruent, chacun à la poursuite de son propre meilleur intérêt dans une société qui croit en la liberté des communaux. La liberté dans les communaux apporte la ruine à tous. Il ajoute, une bête, et encore une et ils font tous la même chose jusqu'à ce que le pâturage s'épuise totalement et est abandonné par tous. Nous sommes ici dans une situation où le bien est commun, bien de tous et donc propriété de personne.

Ce concept de tragédie des communaux, utilisé dans le domaine de l'agriculture est transposable à celui des projets de développement et explique suffisamment l'échec en termes de durabilité, des projets de développement qui sont rétrocédés aux populations et qui nécessitent un entretien par celles-ci. Lorsqu'une OING arrive dans une localité faisant face à un problème d'approvisionnement en eau potable par exemple, elle y construit des puits ou des forages et prévient ainsi les populations des maladies hydriques. Lorsque le forage est opérationnel, toute la population est enthousiaste et à priori, elle pense à l'utiliser aussi longtemps que possible. Elle en bénéficie jusqu'au jour où survient une déficience dans le forage. Au lieu de penser à la réparation, chaque membre de la communauté reste en rejette la responsabilité à ses congénères. Bien plus, chacun cherche à remplir tous ses récipients avant que le forage ne soit totalement abimé. C'est malheureusement la triste réalité des projets de développement infrastructurels. Ils n'ont qu'une courte durée de vie à cause de leur caractère « de bien commun » à tous.

ii. La méfiance

La majorité des projets de développement ont lieu en zone rurale. En effet, c'est principalement dans les zones enclavées et éloignées des centres urbains que subsistent encore d'énormes besoins, et parfois dans tous les secteurs. Certaines populations des communautés

77 Pour plus d'informations, voir article sur la tragédie des communaux, Garett HARDIN, publié dans Science, 1968.

reculées adhèrent peu à certains projets, surtout lorsque le but visé est le changement de comportements ou des habitudes des membres d'une société. Elles ne sont pas toujours réceptives, ce qui rend la tâche difficile à l'organisation. Les méfaits de la colonisation et les représentations sociales du « blanc » qui en découlent ne sont pas sans effets sur certaines populations qui préfèrent émettre des réserves quant au désintéressement de l'action des OING, principalement d'origine occidentale.

iii. Les mauvaises pratiques

L'analyse du contexte et la prise en compte des particularités locales constituent un point important dans la conception d'un projet de développement. L'on ne saurait, même pour une action de bienfaisance, débarquer dans une communauté pour la mise en oeuvre d'un quelconque projet sans au préalable chercher à comprendre la culture de ce peuple. La culture est en effet constituée d'un ensemble d'éléments qui permettent aux membres d'une société donnée de trouver des solutions à leurs besoins. Selon Bronislaw Malinowski (1944), « les éléments constitutifs d'une culture auraient pour fonction de satisfaire les besoins essentiels de l'homme [...]. Par voie de conséquence, la culture constitue l'ensemble des réponses fonctionnelles à tous ces besoins, la culture désigne un ensemble de solutions »78.

A priori, l'on ne saurait reprocher à un peuple de faire usage de ses us et coutumes pour subvenir aux multiples besoins qui sont siens. Seulement, il s'avère que certaines pratiques culturelles ne contribuent pas nécessairement au bien-être des membres de la communauté (dépôt des déchets organiques humains dans l'atmosphère, braconnage, discrimination à l'endroit des minorités telles que les albinos...).

Cette première section nous a permis d'examiner en profondeur les limites aussi bien internes qu'externes aux OING et, aussi convient-il de formuler des recommandations en vue d'une intervention plus efficace et efficiente desdites organisations.

94

78 MBONJI EDJENGUELE, Cultures et développement, Master «Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», IRIC, 2011, P6.

95

Section II) Perspectives d'amélioration de l'oeuvre des organisations internationales non gouvernementales dans la région du Centre

Les ONG internationales installées dans la région du Centre jouent un rôle de plus en plus important dans le processus de développement du Cameroun en général, et de la région en particulier. L'évolution et les mutations que connaissent ces organisations induisent une multitude de comportements et de pratiques des différents acteurs impliqués dans leur fonctionnement et dans la mise en oeuvre de leurs activités. L'oeuvre des OING principalement sous forme de projets passe par un processus qui met en jeu divers acteurs internes (personnel de l'organisation) et externes (Etat, bénéficiaires, prestataires). Le comportement de chacun de ces acteurs peut influer sur les résultats du projet.

Lors du diagnostic des forces et des faiblesses des OING, nous avons relevé un certain nombre de points qui constituent des limites à une action efficace de celles-ci dans la région. Les principales recommandations y relative dans cette étude seront formulées aussi bien à l'endroit des OING (A) que des acteurs locaux (B).

Paragraphe A) Recommandations à l'endroit des organisations internationales non gouvernementales

Les recommandations à l'endroit des OING porteront sur : la valorisation des compétences locales, la territorialisation des organisations et des interventions, les domaines d'intervention, la visibilité des actions, la gouvernance et l'éthique.

? Reconsidérer les ressources humaines

Le personnel des OING recensées dans le cadre de cette étude est en majorité constitué des nationaux. Ce personnel localement recruté est principalement camerounais et dans quelques exceptions, on y retrouve des expatriés résidant au Cameroun. Toutefois, ces compétences locales ne sont pas suffisamment valorisées. Elles n'occupent que rarement des positions stratégiques, celles-ci étant généralement confiées au personnel international. Ces internationaux sont très coûteux par rapport au personnel local, à cause des multiples avantages dont ils bénéficient. Du coup, une bonne partie des ressources financières de l'organisation n'est non pas consacrée au public cible, mais plutôt aux expatriés qui travaillent

96

pour l'organisation. De nos jours, il est difficile de dire que l'expertise que recherchent les OING est introuvable au Cameroun. Alors, il faudrait:

1. Revaloriser les compétences locales

Il faut continuer de donner la possibilité au personnel local dûment qualifié d'accéder à des postes de leadership, de décision et pourquoi pas leur confier de la direction de l'organisation. Nous avons d'ailleurs quelques exemples d'organisations (SOS villages d'enfants Cameroun, COE, UICN, FAIRMED, GEOAID, INADES, PSI/ACMS, Sight Savers International, VSO, WCS et WWF) dont les directeurs/représentants sont des nationaux. Même si certains sont recrutés comme personnel international, ils résident dans leur pays et ne coûteront certainement moins chers qu'un expatrié.

2. Réduire le personnel international, accroitre la gouvernance et confier plus de responsabilité aux locaux.

Le personnel international travaillant dans les OING bénéficie de divers privilèges prévus par l'Etat camerounais et de plusieurs avantages qui leurs sont accordés en interne, soit du fait du caractère international de leur position, soit du niveau du poste même. Ainsi, diverses charges telles que le logement, la scolarité des enfants, les factures d'eau et d'électricité, certaines dépenses domestiques du personnel international sont couvertes par l'organisation. A priori, on peut penser que ces charges sont négligeables, mais non. Elles représentent un pourcentage considérable des ressources financières de l'organisation. Il faudrait donc le réduire afin d'en conserver le minimum possible, ce qui permettrait à l'organisation de réduire les coûts.

3. Initier, voire encourager le bénévolat dans les organisations

Plusieurs personnes sont disposées à travailler dans des organisations internationales pour apporter leur contribution à l'oeuvre de ces dernières et pendant ce même temps acquérir une expérience professionnelle qu'elles pourraient valoriser plus tard, aussi bien dans la même organisation que dans une autre, en temps que bénévole ou comme salarié. Il faudrait donc que les OING adoptent une véritable politique de bénévolat afin de valoriser au maximum cette offre de compétences locales.

? Couverture territoriale et domaines d'intervention

La configuration actuelle des OING dans la région du Centre laisse apparaitre un déséquilibre dans la distribution territoriale de ces organisations ainsi qu'un engouement pour les domaines de la santé, l'éducation et le développement. Les recommandations qui suivent visent à combler ce déséquilibre spatial et thématique.

4. 97

Mettre sur pied une politique de proximité à travers la création des postes

d'agents de terrain.

La localisation géographique des OING dans la seule ville de Yaoundé représente une limite à l'action desdites organisations. Il faudrait dans la mesure du possible que des agents de terrain puissent résider au niveau des communautés afin de garder une certaine proximité et mieux appréhender la réalité et le vécu quotidien des populations. Ceci permettrait de concevoir avec elles des projets à la hauteur de leurs réels besoins. Une autre possibilité serait la création des bureaux régionaux. Quelques organisations telles que MSF, SOS villages d'enfants, COE, Plan Cameroon en disposent dans le Centre, respectivement à Akonolinga, Mbalmayo, Yaoundé et à Nkomo.

5. Cibler les zones de faible intervention et mettre sur pied une stratégie de coordination de l'assistance afin de couvrir le maximum de communautés.

Tandis que certaines communautés n'obtiennent aucune assistance des OING, d'autres en reçoivent de trop. Ainsi, on peut retrouver des zones dans lesquelles plusieurs organisations interviennent simultanément, alors qu'elles auraient pu former un partenariat et confier la mise en oeuvre des projets concernant une même thématique à une seule d'entre elles, ce qui réduirait les coûts et permettrait de couvrir d'autres zones. Pour parvenir à cette coordination, il faudrait que les organisations aient pour objectif commun le bien-être des populations et que le choix de l'intervention dans une zone donnée ne soit pas guidé par la course aux financements.

6. Revoir le choix des thématiques d'intervention

Les départements ministériels chargés des thématiques porteuses et peu développées par les OING (agriculture, gouvernance, eau et assainissement, environnement, etc.) sont appelés à mettre en oeuvre des stratégies visant à encourager leur implication dans lesdits secteurs. L'agriculture par exemple est un domaine porteur pour la sécurité alimentaire des ménages et le développement économique du Cameroun. Malheureusement, elle ne suscite pas encore un engouement de la part des principaux acteurs de développement (Etat, institutions académiques, partenaires au développement, populations locales,). Les communautés se mettent de plus en plus en groupes (GIC et GIE) pour des projets d'agriculture. Un appui des OING que ce soit en termes de renforcement des capacités ou d'assistance financière permettrait aux populations d'améliorer de manière autonome leurs conditions de vie.

7. 98

Accroître la visibilité des organisations et de leurs actions

Si une organisation décide de s'installer dans un pays et d'apporter son assistance à ses populations, elle devrait prendre conscience de la nécessité de rendre compte non seulement aux bailleurs de fonds, mais également aux autorités du pays hôte et aux bénéficiaires de leurs actions. Il est curieux de constater que certaines organisations qui dans leur principe de travail prétendent « briser le silence et dénoncer les atrocités » considèrent la moindre information les concernant comme confidentielle. S'il est difficile de collecter des informations auprès de pareilles organisations, on constate également que leurs sites web n'en disent que très peu. Sans leur demander de faire un tapage médiatique autour de leurs réalisations, il est cependant important de communiquer, de rendre visible leur présence et porter à la connaissance du public camerounais les actions qui sont les leurs.

? Gouvernance et éthique

La question de la gouvernance est transversale et s'adresse aussi bien aux OING qu'aux acteurs locaux.

8. Mettre la gouvernance et l'éthique au centre de toute politique de développement

Si la mauvaise gestion de l'Aide Publique au Développement (APD) a eu pour corollaire l'émergence des ONG internationales au Cameroun, elle n'épargne non plus cette forme de coopération bien que, dans ce cas, l'aide ne soit pas directement adressée à l'Etat, preuve que celui-ci n'a pas le monopole de la mauvaise gouvernance. Pour les OING, la gestion transparente des fonds est d'autant plus importante que leurs ressources financières proviennent soit des contribuables dans d'autres pays, soit des donations des particuliers qui attendent des résultats. L'acquisition des systèmes de gestion plus performants devrait être privilégiée afin d'éviter toute distraction de fonds au niveau même de l'organisation. Des procédures strictes devraient également être mises en place afin de démanteler des circuits de fraude qui existent dans certaines organisations et, des sanctions rigoureuses devraient s'en suivre.

Paragraphe B) Les recommandations à l'endroit des acteurs locaux

Comme nous l'avons reconnu plus haut, les actions des OING et même leur efficacité sont susceptibles d'être influencées par le comportement de leurs partenaires, notamment les acteurs locaux. Cette influence concerne non seulement le cadre réglementaire, mais également les questions liées à la gouvernance.

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? Le cadre réglementaire

La loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association au Cameroun en son article 16, alinéa 1 stipule que soumet l'exercice d'une quelconque activité par les associations étrangères à l'obtention préalable d'une autorisation du gouvernement, bien qu'elle reste imprécise sur les délais de traitement de la demande d'autorisation. Il faudrait à cet effet :

1. Réviser le cadre réglementaire

Il convient de lever toute ambigüité autour de cette question en précisant la durée nécessaire au traitement des dossiers de demande d'autorisation.

Au vu de l'importance sans cesse croissante des OING comme acteur de développement au Cameroun, considérant les moyens qu'elles mettent jeu pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations vulnérables, nous pensons qu'il faut créer toute une direction au MINADT (Direction de la coopération non gouvernementale par exemple) chargée des relations avec les ONG internationales opérant au Cameroun ou désirant s'installer au Cameroun. La mise en place d'une telle structure dotée d'assez de ressources humaines permettrait de résoudre l'épineux problème de lenteur dans le traitement des demandes d'agrément des OING. Le cas échéant, on pourrait confier cette responsabilité à une agence placée sous la tutelle du MINATD.

2. Le MINATD devrait prendre des dispositions adéquates et se rassurer que

chaque OING lui fasse parvenir son rapport d'activités à la fin de chaque année. Comme nous avons pu le constater plus haut, les OING ne transmettent pas systématiquement leurs rapports d'activités au MINATD tel que stipulé dans la loi de 1990. Alors, il faudrait se demander si ces autorités ont connaissance des actions menées par ces organisations au Cameroun. Si elles ne reçoivent pas ces rapports, comment pourront-elles savoir si ces organisations ne se livrent pas à des activités douteuses ? Alors, le MINATD devrait prendre les mesures appropriées afin que toute organisation qui s'abstient de se conformer à la réglementation en vigueur soit passible des sanctions qui devraient être définies par la loi.

? Responsabilité des populations

Les projets de développement, dès lors qu'ils sont rétrocédés aux populations bénéficiaires, la maintenance desdits projets incombe désormais à ces dernières. Toutefois, nous avons pu relever à travers le concept de « tragédie des Communaux » que les populations bénéficiaires n'assurent que très peu la durabilité des réalisations dont bénéficient leurs communautés. Ainsi, il faudrait :

3. 100

Mettre en place des mécanismes d'implication des populations dans la réalisation des projets.

En effet, les populations gagneraient à apporter leur contribution (même en nature) dans la réalisation des projets de développement de leur localité. Cet apport garantirait leur implication réelle et les rendrait ainsi plus responsables de la maintenance et la sauvegarde des ouvrages issus de ces projets.

? Amélioration des performances des organisations locales

Afin de conserver la compétitivité au niveau local, ces organisations doivent :

4. Solliciter un appui extérieur en vue du renforcement des capacités locales

Elles peuvent ainsi solliciter les services de certaines organisations de volontariat international, notamment France Volontaires et Planète Urgence, véritables interfaces entre les volontaires nantis de connaissances techniques et les organisations locales nécessiteuses du renforcement de leurs capacités dans des domaines spécifiques. Elles peuvent également solliciter l'appui de certaines OING disposant de compétences dans les domaines mis en cause.

? Gouvernance et éthique

La question de la gouvernance s'adresse aussi bien aux OING qu'aux acteurs locaux.

5. Accorder une place primordiale aux questions de gouvernance et d'éthique. L'impact de la corruption et des détournements sur les résultats de l'aide au développement n'est pas l'apanage de notre région d'étude, non plus du Cameroun.

? Nous avons pu le constater au niveau des limites, certains officiels camerounais portent entrave au bon déroulement des procédures administratives, notamment le traitement des dossiers de demande d'agrément, le blocage de certains projets pour des intérêts personnels. D'autres par contre réorientent certaines actions des OING vers des localités qui leurs sont favorables. Par ailleurs, d'aucuns détourneraient tout simplement des fonds destinés aux projets de développement pour les orienter vers leurs compte privés. Il faudrait à cet effet multiplier les procédures de contrôle et de vérification notamment à travers l'organisation des audits financiers et l'intervention du Contrôle Supérieur de l'Etat (CONSUPE) ; mettre sur pied une politique de tolérance zéro en matière de corruption et un régime de sanctions exemplaire.

101

? Quant aux prestataires qui sont pour la plus part des organisations et entreprises locales, il convient de dire que les OING ne sont pas des « boîtes à sous ». Les prestations doivent être réalisées en toute honnêteté et conformément aux clauses contractuelles. Il n'est pas question de dresser un rapport qui fait état de la réalisation d'un nombre d'ouvrages supérieur à la réalité.

La mauvaise gouvernance demeure jusqu'ici l'un des fléaux qui sapent à coup sûr les efforts du développement. Ainsi, pour une action plus efficace des OING dans la région du Centre, tous et chaque acteur devrait à son niveau reconsidérer l'éthique et la bonne gouvernance comme gage du succès des actions de développement et d'amélioration des conditions de vie des camerounais.

102

Tableau 4: Destinataires et priorisation des recommandations

Recommandation

Destinataire

Priorisation

A. Le cadre législatif et institutionnel

 
 

· Amender la loi sur les associations en y ajoutant une précision
sur la durée de traitement des demandes d'agrément

Etat

Moyen terme

· Mettre en place une institution (dotée d'assez de ressources
humaines) en charge des questions relatives aux OING

(agrément, protocole d'accord avec les partenaires
publiques...)

 

Long terme

· Prendre des dispositions adéquates afin que chaque OING
fasse parvenir au MINADT son rapport d'activités à la fin de chaque année.

Etat/MINATD

Court terme

B. Reconsidérer les ressources humaines

 
 

· Revaloriser les compétences locales et leur donner la
possibilité d'accéder aux postes de leadership

OING

Moyen terme

· Augmenter la gouvernance et donner plus d'accent aux nationaux, ce qui contribuerait à la réduction de coûts de gestion

OING

Moyen terme

· Initier et encourager le bénévolat dans les organisations

OING

Court terme

C. Couverture territoriale et domaines d'intervention

 
 

· Développer une politique de proximité avec les populations

OING

Moyen terme

· Cibler les zones de faible intervention et mettre sur pied une
stratégie de coordination afin de couvrir le maximum de communautés.

OING

Moyen terme

· Revoir le choix des thématiques d'intervention, mettre un
accent sur les OMD, le DSCE, la réalisation des diagnostics

communautaires et le renforcement des capacités des
organisations communautaires.

OING

Moyen terme

D. Visibilité et communication

 
 

· Améliorer la visibilité des organisations et leurs actions

OING

Court terme

· Mettre un accent sur les preuves des réalisations

 
 

E. Gouvernance et éthique

 
 

· La gouvernance et l'éthique doivent occuper une place
centrale dans la définition et la mise en oeuvre des politiques et approches de travail des différents acteurs.

Tous les acteurs

Moyen terme

 

103

CONCLUSION

Le rôle des OING dans le processus de développement au Cameroun en général est sans cesse croissant. Ces organisations non étatiques représentent aujourd'hui des partenaires importants et comptent parmi les Partenaires Techniques et Financiers du gouvernement du Cameroun. Leurs actions apportent un appui considérable à l'Etat, garant des droits économiques, sociaux et culturels des populations camerounaises. Autant, le Cameroun dispose des atouts qui facilitent cet appui à l'action étatique, autant d'autres facteurs constituent des limites à lever afin de permettre une amélioration de la qualité de l'action des OING au Cameroun. Ces limites qui sont pour certaines d'ordre interne aux OING et pour d'autres liées aux acteurs locaux sont fort heureusement remédiables. La sous valorisation des compétences locales, l'injustice salariale, la course aux financements sont quelques unes de ces limites imputables aux OING, tandis que la lenteur administrative, l'irresponsabilité, la méfiance et les mauvaises pratiques sont attribuables aux acteurs locaux. La mauvaise gouvernance constitue une limite transversale et imputable aux différents acteurs impliqués dans le processus, qu'il s'agisse des OING, de l'Etat, des organisations locales etc.

C'est à ces divers acteurs que s'adressent les recommandations que nous avons formulé notamment la revalorisation des compétences locales, la coordination des actions, la reconsidération des thématiques d'intervention, la visibilité et la durabilité des actions ,la révision du cadre règlementaire, la création d'une institution en charge de la gestion de questions relatives aux OING. Par ailleurs, l'éthique et la transparence doivent être au centre de toute politique de développement de chacun de ces différents acteurs.

CONCLUSION GENERALE

104

105

Au terme de ce travail dont l'objectif était de dresser un état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun de 1960 à 2010, nous relevons que notre approche s'est subdivisée en deux idées.

Dans la première partie, il s'est agi de présenter les fondements sociologiques, juridiques et politiques ayant servi de socle à l'émergence des OING au Cameroun. Ici nous avons relevé que la solidarité humaine, l'esprit d'un monde dans lequel l'on vit en communauté ont contribué à la responsabilité de porter assistance aux personnes vulnérables dans le monde. Des conventions internationales, régionales ainsi que des lois nationales ont légitimé l'existence des ONG et l'accomplissement par ces dernières des missions d'intérêt général, légitimant ainsi la solidarité aussi bien à l'échelle nationale, régionale qu'internationale. Cette solidarité s'exprimant à l'échelle internationale aboutit à l'arrivée dans les années 1960 des premières organisations de la société civile du Nord au Cameroun. Les résultats mitigés de la coopération gouvernementale (notamment de l'aide publique au développement), les méfaits des réformes économiques imposés par les institutions financières internationales et l'échec des politiques nationales inadaptées ont à joué un rôle important dans la détérioration des conditions de vie des populations au Cameroun. Dès lors, les pays du Nord comprennent la nécessité de faire des ONG de véritables partenaires au développement. Ces dernières s'installent progressivement au Cameroun et font désormais partie des acteurs clef du développement socio-économique du Cameroun.

Dans la deuxième partie, nous avons présenté une classification et une caractérisation des OING opérant dans la région du Centre, leurs différentes formes de partenariat qu'elles établissent dans le cadre de leurs activités, ainsi qu'une mise en relief de leurs actions concrètes dans cette localité. Ensuite, nous avons examiné les facteurs qui constituent des limites à une action efficace des OING et des recommandations ont été formulées à l'endroit des différents acteurs impliqués dans ce processus.

En effet, les OING actives dans notre région d'étude sont principalement d'origine occidentale et de type anglo-saxon. En effet, en dehors des ONG d'origine américaine dont les financements proviennent en grande partie du gouvernement américain, les autres sont indépendantes de leurs Etats d'origine du point de vue financier. Leurs ressources financières proviennent donc des sources diverses (siège de l'OING, bailleurs de fonds, les organisations internationales, les multinationales, les particuliers ...) et constituent pour certaines des enveloppes très considérables. Les ressources humaines quant à elles sont principalement constituées des nationaux quoi que les positions stratégiques soient plus occupées par le personnel international parfois du pays d'origine de l'ONG. Dans la mise en oeuvre de leurs

106

projets, ces organisations établissent des partenariats avec d'autres acteurs notamment l'Etat, les OI, d'autres OING, les ONG et entreprises locales ... Ces projets sont principalement axées sur des questions de développement notamment la santé et le VIH/SIDA, l'éducation, le développement local, les droits de l'homme, l'environnement, et quelquefois sur des questions d'urgence humanitaire. Ces faits exposés confirment notre hypothèse de départ selon laquelle l'oeuvre des OING dans la région Centre du Cameroun est principalement axée sur le développement en vue d'une amélioration des conditions de vie des populations vulnérables. Il convient ici de préciser que les interventions dans les domaines de la santé, le VIH/SIDA, l'éducation et le développement local retiennent plus l'attention des OING et couvrent plus de la moitié de leurs réalisations dans la région.

Toutefois, cette oeuvre sociale en faveur des personnes vulnérables de la région du Centre pourrait être plus efficace si une attention particulière était accordée par les différents intervenants à la question de bonne gouvernance. Elle devrait en effet occuper une place centrale dans les stratégies aussi bien des OING que l'Etat. Une révision du cadre réglementaire, une revalorisation des compétences locales, une réorientation des thématiques d'intervention, l'implication des populations dès la phase de conception des projets et une meilleure coordination des actions contribuerait à une action efficace et efficiente.

Au moment de terminer ce travail, nous réalisons l'importance et en même temps la complexité de la question de gouvernance au niveau global. En effet, si cette dernière a contribué à l'émergence des OING dans les pays en développement, il faut cependant dire qu'elle représente aujourd'hui un problème majeur pour cette catégorie d'acteurs du développement. Alors devrons-nous penser à une nouvelle catégorie d'acteurs ? Si non, ne devrait-on pas repenser l'aide au développement dans son ensemble ?

Finalement, loin d'être utopique, loin de remettre en cause l'action bienfaisante des OING au Cameroun, la question suivante nous taraude certes l'esprit : une amélioration significative du niveau de gouvernance au Cameroun ne permettrait-elle pas à l'Etat de garantir les droits économiques et sociaux de ses citoyens, réduisant ainsi sa dépendance à l'aide extérieure entre autres celle des organisations internationales non gouvernementales ?

107

BIBLIOGRAPHIE

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IV. RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS

Agenda 21 À Chapitre 27 : Renforcement du rôle des organisations non gouvernementales : Partenaires pour le développement durable, Sommet de la Terre, Rio, 1992.

COE Cameroun, cinquante ans du COE dans le monde, 40 ans au Cameroun,

célébrations pour un nouveau départ, revue N° 011 « spécial 50 ans », décembre 2009.

COE Cameroun, le COE réaffirme son engagement comme organisme de volontariat international chrétien, promoteur de l'art et de la culture, revue N°013 décembre 11.

COE Cameroun, rapport d'activités, 2011. COE Cameroun, rapport d'activités, 2008. COE Cameroun, rapport d'activités, 2009.

Commission indépendante sur les problèmes de développement international sous la présidence de WILLY BRANDT, Rapport, Paris, Gallimard, 1980, p. 33.

Counter Part International, annual report, 2011.

Helen Keller International, rapport annuel, 2010.

Helen Keller International, simple solution, dramatic results, 2009. Inades Formation Cameroun, rapport d'activités, 2009. Inades Formation Cameroun, rapport d'activités, 2010.

110

Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité, Les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyses et perspectives, Rapport d'étude, Royaume du Maroc, 2010, 57 p.

Plan Cameroon, rapport annuel, 2008.

Plan Cameroon, rapport annuel, 2009.

Planète Urgence, Rapport annuel, 2010.

Rapport de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge sur l'État des lieux et recommandations. Faim, catastrophes, espoir : repenser l'action humanitaire en Afrique, 2009.

Rapport du PNUD sur le développement humain, 2007.

Rapport Enquête Démographique et de Santé Cameroun (EDSC), INS, 2004.

Rapport final de l'Etude sur la participation des Organisations Non

Gouvernementales à la mise en oeuvre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, par BAH (C.S.), pour la GTZ, Conakry, 2003, 89 p.

Rapport général de la table ronde portant sur le thème : La bonne gouvernance : objet et condition du financement du développement, Paris, 20 et 21 novembre 2003.

SNV Cameroun, rapport annuel, 2008.

SOS Villages d'Enfants Cameroun, faits et chiffres, 2011.

V. THESES ET MEMOIRES

GODONOU DOSSOU, Etude prospective du renforcement de la coordination de l'action humanitaire du ministère des affaires étrangères de l'intégration africaine de la francophonie et des béninois de l'extérieur, ENAM, Bénin, 2008.

LOWE GNINTEDEM, Les ONG et la protection de l'environnement en Afrique Centrale, Mémoire de Maîtrise en droit et carrières judiciaires, Université de Limoges, France, 2003.

MOUAFO NGATOM (S.H.), La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun: une analyse sociologique des relations Bailleurs de fonds-ONG nationales, Mémoire de Maîtrise de Sociologie, Université de Yaoundé I, Cameroun, 2006.

111

NDO MINLA'A (S.R.), La participation des ONG à la coopération EU/Cameroun, Mémoire du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS), IRIC, 2002. NGOLA MBELLE, (J.D.), Du hameau de Mvondé à la ville de Belabo : 1960 - 1982, Mémoire de DIPES II, École Normale Supérieure de Yaoundé, Cameroun, 2003. NKUISSI B., Nkongsamba, les années obscures de la fondation, mémoire de DES en histoire, Université de Lille, France, 1977.

WAYA, (J.H.), Analyse de la gestion environnementale du projet pipeline Tchad-Cameroun dans la localité de Belabo, Monographie de DCJA, Institut National de la Jeunesse et des Sports, Yaoundé, Cameroun, 2010.

VI. CONVENTIONS ET LEGISLATION

Textes internationaux

Charte des Nations Unies du 26 juin 1945.

Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) Du 10 décembre 1948.

La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981.

La Convention européenne (no 124) sur la reconnaissance de la personnalité juridique

des organisations internationales non gouvernementales et leur protection en droit

international.

Le pacte international relatif aux droits civils et politiques du 23 mars 1976.

Les 1ère et 2ème Conventions de Yaoundé de 1963 et de 1969.

Les Conventions de Lomé de 1975 et 1980 entre les Communauté des Etats

Européens et les Etats d'Afrique, Caraïbes et Pacifique

L'accord de Cotonou du 23 juin 2000 entre l'Union Européenne les Etats d'Afrique,

Caraïbes et Pacifique.

Textes nationaux

La Constitution camerounaise de 1972, révisée le 18 janvier 1996.

La loi N° 67/LF/19 du 12 Juin 1967, premier cadre légal soumis au « régime

d'Etat ».

La loi N° 90/050 du 12 décembre 1990 sur la liberté d'association au Cameroun.

La loi N°99/014 du 22 décembre 1999 portant organisation des ONG au Cameroun.

VII. 112

SITES INTERNET

Adresse des ONG internationales au Cameroun dans

( www.lespagesjaunesafrique.com), consulté le consulté le 20 juin 2012.

Faim, catastrophes, espoir : repenser l'action humanitaire en Afrique du site ( www.ifrc.org/Global/Publications), consulté le 05 février 2012.

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Qu'est-ce que la Solidarité internationale du site ( www.fage.org), consulté le 15 février 2012.

www.ambafrance-cm.org/France-Volontaires consulté le 14 février 2013. www.icrc.org consulté le 11 février 2012.

www.mémoireonline.com, consulté le 10 novembre 2012.

VIII. DOCUMENTS INEDITS

DIOUBATE (B.), Histoire et fondements théoriques de l'économie du développement, IRIC, CA2D, 2012.

ELAME ESOH, Histoire et fondements du concept de développement durable: Unité 6 : Développement durable et interculturalité : concepts et outils, Master Course « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», Centro Interateneo per la Ricerca Didattica e la Formazione Avanzata, Università Cà Foscari di Venezia, 2011.

MARELLI (S.), Architecture organisationnelle et de gestion des ONG : le cas des

ONG italiennes, Master «Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», IRIC, 2012.

MBONJI EDJENGUELE, 2011, Cultures et développement, Master Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable, IRIC, 2012. MICHELETTI (P.), Les enjeux contemporains de l'action humanitaire non gouvernementale, IRIC, CA2D, 2012.

MOUELLE KOMBI (N.), Droit International Public, «Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», IRIC, 2011.

SAWADOGO (G.), Considérations épistémologiques et cadre de recherche en sciences sociales : conception du mémoire, Master «Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable», IRIC, 2012.

113

ANNEXES

114

Annexe 1: Répertoire des ONG internationales présentes dans la Région Centre du Cameroun À mars 2013.

1.

Nom

Care Cameroun

 

Directrice Nationale

Anne Perrot Bihina

 

Adresse

Hippodrome, B.P. Yaoundé

 

Téléphone

(237) 22 21 20 54 / 22 20 69

27

Email

contact@carecameroun.org

 

Page web

www.care.org

 
 

Mission : CARE participe au mouvement mondial qui s'est engagé de manière concertée à diminuer de moitié la pauvreté d'ici à 2015, en particulier celle des femmes, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Dans tous ses programmes, CARE porte une attention particulière à la condition des femmes, premières victimes de la pauvreté dans le monde.

Domaine d'activités : Santé et VIH/SIDA, Eau et Assainissement, Intégration des populations au développement économique.

Zone d'intervention : Grand Nord et Grand Sud

2.

Nom

Catholic Relief Services

Représentante pays

Lori Kunze

Adresse

Bastos, B.P. 1851 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 21 55 61

Fax

22 20 51 58

Email

crscm@cm.caro.crs.org

Page web

www.crs.org

Mission : Porter assistance aux plus pauvres à travers le monde, tout en travaillant dans un esprit de l'éducation sociale catholique afin de promouvoir le caractère sacré de la vie humaine et la dignité de l'être humain. Quoi que fonctionnant sur les principes de l'église catholique, l'organisation apporte son assistance à tous et indépendamment de leur appartenance religieuse.

Domaine d'activités : Gouvernance, Renforcement des capacités ; Eau, Hygiène et Assainissement ; Santé y compris le VIH /Sida ; Droits de l'Homme.

Zone d'intervention : Centre, Est, Littoral, Nord-Ouest, Sud-ouest, Ouest et Extrême-Nord.

3. 115

Nom

Centro d'Orientamento Educativo (COE)

Représentant National

Mbarga Gérard

Adresse

Centre d'Animation Sociale et Sanitaire de Nkoldongo B.P. 185 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 22 04 03 / 22 22 04 10

Email

cass@coecameroun.org

Adresse

Centre d'Animation Sociale B.P. 50 Mbalmayo

Téléphone

(237) 22 28 10 34

Email

cpscoecam@hotmail.fr

Page web

www.coecam.wordpress.com

 

Mission : Promotion intégrale de l'Homme

Domaine d'activités : Education, développement, droits de l'Homme Santé, Sport, Culture, environnement

Zone d'intervention : Centre, Littoral, Ouest, Nord.

4.

Nom

Counter Part International

Directeur National

Désiré Yameogo

Adresse

B.P 4388 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 20 75 60

Page web

www.countpart.org

Mission : Développement économique et social

Domaine d'activités : Agriculture, Education, Droits de l'Homme, Humanitaire, Santé, Développement.

Zone d'intervention : Centre, Littoral, Nord-Ouest, Sud-ouest, Nord et Extrême-Nord.

5. 116

Nom

FAIRMED

Représentant

Dr Alphonse Um Boock

Adresse

Rue Valéry Giscard d'Estaing À Hippodrome B.P. 5807 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 22 23 78

Fax

(237) 22 22 05 63

Email

info.brf@fairmed.cm

Page web

www.fairmed.ch

 

Mission : Permettre aux personnes pauvres et malades d'accéder aux services de santé, éradiquer la lèpre et les maladies liées à la pauvreté, promouvoir une santé sociale juste et équitable.

Domaine d'activités : Santé, Education, Humanitaire, Développement. Zone d'intervention : Etendue du territoire national

6.

Nom

France Volontaires (AFVP jusqu'en 2010)

Directeur National

Karim Doumbia

Adresse

Rue de l'Institut Matamfen

Téléphone

(237) 22 20 07 72 / 96 15 09 52

Email

Espace-volontariats.cameroun@francevolontaires.org

Page web

www.france-volontaires.org

Mission : Contribuer au développement qualitatif et quantitatif des différentes formes d'engagement volontaire et solidaire à l'international, les Volontariats Internationaux d'Echange et de Solidarité (VIES).

Domaine d'activités : Santé, Education, Animation, Développement infrastructurel, local et rural. Zone d'intervention : Partie francophone du Cameroun

7. 117

Nom

Geoaid Cameroon

Directrice Nationale

Helena Nsosungnine Nsamenka

Adresse

Bastos, B.P. 15170 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 05 78 86

Page web

www.geoaid.org

 

Mission : Geoaid travaille avec les partenaires internationaux et locaux pour faciliter les programmes de développement durable qui permettent aux communautés d'améliorer la santé communautaire, l'agriculture, l'éducation et la formation et, le développement des petites entreprises.

Domaine d'activités : Agriculture, Education, Santé, Développement économique.

Zone d'intervention : Centre et Est.

8.

Nom

Global Viral Forecasting Initiative (GVFI)

Directeur National

Ubald Tamoufe

Adresse

Carrefour Intendance B.P. 7039 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 22 91 75

Fax

(237) 22 22 84 29

Page web

www.globalviral.org

Mission : Recherche et prévention en santé des infections zoonotiques émergentes et ré-émergentes. Domaine d'activités : VIH/SIDA, Infections zoonotiques chez les animaux, Transfert de technologie. Zone d'intervention : Centre, Est, Sud et Sud-Ouest.

9. 118

Nom

Helen Keller International

Directrice Nationale

Ann Tarini

Adresse

Route face Texaco Omnisports B.P. 14227 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 20 97 71

Fax

(237) 22 21 08 48

Email

Cameroon@hki.org

Page web

www.hki.org

 

Mission : Prévenir la cécité et réduire la malnutrition chez les personnes les plus vulnérables. Domaine d'activités : Santé

Zone d'intervention : Etendue du territoire avec une concentration d'activités dans les régions du centre, de l'Extrême-Nord et de l'Est.

10.

Nom

INADES Formation Cameroun

Directrice Nationale

Mbezele Fouda Elisabeth épse Mballa Atangana

Adresse

Ngousso

B.P. 11 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 21 15 51 / 22 21 17 48

Fax

(237) 22 21 11 44

Email

inadesformation@ig-cameroun.net

Page web

www.inadesfo.net

Mission : Renforcement du pouvoir des paysans pour leur permettre de participer à la construction d'une société civile forte.

Domaine d'activités : Développement local et Droits de l'Homme Zone d'intervention : Territoire national.

11. 119

Nom

International Medical Corps (IMC)

Directeur National

Derefe Terefe

Adresse

Mini prix Bastos

B.P. 33663 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 20 36 38

Page web

www.international-medicalcorps.org

 

Mission : Soins et santé primaires des refugiés

Domaine d'activités : Santé, Humanitaire, Eau et assainissement Zone d'intervention : Adamaoua, Nord, Est.

12.

Nom de l'ONG

Management Sciences for Health (MSH)

Program: Systems for Improved Access to Pharmaceutical and Services (SIAPS)

Directeur du programme

Dr. Kaze Gege Buki

Adresse

Immeuble N °1067 de la SCI Foulassi Rue 1750 Nouvelle Route Bastos Po Box 35551 Yaoundé - Cameroun

Téléphone

+237 76 33 39 17

Email

pchedjio@msh.org

Page web

www.msh.org

Mission : MSH se donne pour mission de sauver des vies et d'améliorer la santé des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde, à travers la réduction de l'écart entre la connaissance et l'action en santé publique.

Au Cameroun, les interventions SIAPS sont conçues pour apporter une réponse immédiate aux problèmes pharmaceutiques quotidiens, tout en développant un cadre stratégique et les compétences humaines pour le renforcement du système dans le moyen et long terme.

Domaine d'activités : Santé (gouvernance, accès aux services, information, gestion pharmaceutique, financement, renforcement des capacités du personnel de santé).

Zone d'intervention : Sud-ouest, Nord- oust, Est, Adamaoua, Littoral et Centre.

13. 120

Nom

Médecins Sans Frontières

Chef de mission

Dr Mitima Djuma Hamani

Adresse

Bureau National À Bastos, Derrière la résidence du Nigeria B.P. 12069 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 21 03 51

Email

Msfch-yaounde-hom@geneva.msf.org

Adresse 2

Bureau d'Akonolinga

Téléphone

(237) 22 62 60 52

Email

Msfch-akonolinga@geneva.msf.org

Page web

www.geneva.msf.org

 

Domaine d'activités : Santé, y compris le VIH sida. Zone d'intervention : Centre, Extrême-Nord

14.

Nom

Plan Cameroon

Directeur National

Famari Barro

Adresse

Bastos, face Ambassade d'Allemagne B.P. 25236 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 21 54 58

Fax

(237) 22 21 54 57

Email

cameroon.co@plan-international.org

Page web

www.plan-international.org

Mission : Mettre en place un système d'amélioration durable de la qualité de vie des enfants démunis dans les pays en voie de développement, à travers un processus qui rassemble les gens de cultures différentes et ajoute un sens et de la valeur à leurs vies.

Domaine d'activités : Education, Eau et Assainissement, Protection de l'enfant, Santé y compris le VIH/SIDA, Urgences humanitaires, Sécurité économiques des ménages.

Zone d'intervention : Centre, Est, Nord-Ouest, Adamaoua, Nord, Extrême-Nord.

15. 121

Nom

Planète Urgence

Déléguée Nationale

Marie-Cécile Tournier

Adresse

Quartier Tsinga

B.P. 34412 Yaoundé

Téléphone

(237) 74 21 20 71

Fax

RAS

Email

cameroun@planete-urgence.org

Page web

www.planete-urgence.org

 

Mission : Soutenir des structures locales porteuses de projet de développement via des missions de Congé Solidaire au Cameroun. Le Congé solidaire est un dispositif de l'association Planète Urgence, mobilisant des professionnels français au service de la solidarité internationale.

Domaine d'activités : Formation des adultes, Appui scolaire, Protection de l'environnement. Zone d'intervention : Tout le territoire camerounais

16.

Nom

Population Services International / ACMS

Représentant Pays

Auguste Kpognon

Adresse

Dragages, Mballa II B.P. 14025 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 21 94 19

Fax

(237) 22 20 92 24

Email

contact@acms-cm.org

Page web

www.psi.org / www.acms-cm.org

Mission : Améliorer de façon mesurable la santé des populations pauvres et vulnérables dans le monde, par le biais du marketing social de la planification familiale et des produits/services de santé, de la communication de la santé.

Domaine d'activités : Santé, marketing social.

Zone d'intervention : Etendue du territoire national.

17. 122

Nom

Sight Savers International

Directeur National

Dr Joseph Oye Enyegue

Adresse

Bastos, B.P. 4484 Yaoundé

Téléphone

(237) 22 21 13 33

Fax

(237) 22 21 79 43

Email

Cameroon@sightsavers.org

Page web

www.sightsavers.org

 

Mission : Lutter contre la cécité évitable et promouvoir l'inclusion sociale et les droits des personnes handicapées.

Domaine d'activités : Santé, inclusion sociale, droits de l'Homme. Zone d'intervention : Sud Ouest, Nord Ouest, Extrême-Nord.

18.

Nom

SNV Cameroun (Organisation néerlandaise de Développement

Directeur National

Duncan Campbell

Adresse

Nouvelle route Bastos

B.P. 1239 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 20 27 72 / 22 21 45 38

Fax

(237) 22 20 84 64

Email

cameroon@snvworld.org

Page web

www.snvworld.org

Mission : Appui au développement à travers le renforcement des capacités des acteurs locaux Domaines d'activités : Développement

Zone d'intervention : L'étendue du territoire camerounais

19. 123

Nom

SOS Villages d'enfants Cameroun

Directrice Nationale

Claude-Alvine Mbappe

Adresse

Rue Charles Bindzi, Dragages B.P. 12196 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 21 27 26

Fax

(237) 22 21 27 24

Email

Vesos.Cameroun@sos-cameroun.org / sosvecam@soskdi-rocwa.org

Page web

www.sos-childrensvillages.org

 

Mission : Prise en charge à long terme des enfants orphelins et abandonnés et, appui au développement des communautés locales.

Domaine d'activités : Prise en charge familial ; Renforcement de la famille ; L'éducation ; Santé ; Plaidoyer

Zone d'intervention : Centre et Littoral

20.

Nom

Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)

Directeur National

Dr Leonard Usongo

Adresse

Ekoudou À Bastos

B.P. 5506 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 21 64 96

Fax

(237) 22 21 64 97

Email

Cameroun@iucn.org

Page web

www.iucn.org

Mission : Conservation de la nature et des processus écologiques en :

- Préservant la diversité génétique, celle des espèces et celle des écosystèmes ;

- Veillant à ce que l'utilisation des ressources naturelles renouvelables soit durable dans

l'immédiat et à long terme, pour assurer la protection de la vie dans son ensemble ; - Encourageant la prise de mesures visant à réduire la pollution ainsi que le gaspillage

dans l'exploitation et la consommation des ressources et de l'énergie.

-

Domaine d'activités : Gestion de l'environnement Zone d'intervention : Cameroun et pays voisins.

21. 124

Nom

VSO Cameroon

Directeur National

Sylvester Ngwa Suh

Adresse

Mini prix À Bastos

B.P. 25127 Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 21 76 07

Fax

(237) 22 21 73 51

Email

vso.cameroon@vsoint.org

Page web

www.vsointernational.org

 

Mission : Augmenter le pouvoir économique des femmes défavorisées. Domaine d'activités : Santé, Education, Développement Zone d'intervention : Extrême-Nord, Nord-Ouest, Est.

22.

Nom

Wildlife Conservation Society (WCS)

Directeur National

Dr Fotso Roger

Adresse

BP : 3055 Messa Yaoundé, Cameroun

Téléphone

(237) 22 20 26 45

Fax

(237) 22 20 26 45

Email

wcscam@aol.com

Page web

www.wcs.org

Mission : Sauvegarder la faune et les habitats naturels, suivant une approche scientifique fondée sur une meilleure compréhension des pressions et menaces qui pèsent sur cette faune et ses habitats.

Domaine d'activités : Environnement et Conservation.

Zone d'intervention : Parc National de Deng Deng, Parc National de Mbam et Djerem, Parc National de Takamanda et Reserve de Kagwene

125

23.

Nom

World Wide Fund for Nature (WWF)

 

Directeur National

Hanson Njiforti

 

Adresse

Derrière l'usine BAT - Bastos B.P. 6776 Yaoundé, Cameroun

 

Téléphone

(237) 22 21 70 83 / 75 50 00 35 / 99 50

36 21

Fax

(237) 22 21 70 85 / 22 21 42 40

 

Email

HNjiforti@wwfcarpo.org

 

Page web

www.panda.org

 

Mission : WWF Cameroun partage la mission de WWF dans l'ensemble qui est de stopper la dégradation de la planète et de construire un avenir dans lequel les hommes vivent en harmonie avec la nature. Afin de contribuer à cette mission, WWF Cameroun se déploie sur les thématiques suivantes :

? La conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers, marins et d'eaux douces ainsi que la protection des espèces en voie de disparition ;

? Les changements climatiques ;

? Les industries extractives et les grandes infrastructures (barrage, ports...) ;

? La participation des communautés locales et Autochtones à la gestion durable des ressources naturelles et de leur accès équitable au partage des revenus ;

? La définition et la mise en oeuvre des politiques, des cadres législatifs et institutionnels favorables à la conservation de la biodiversité, l'utilisation durable des ressources naturelles et la prise en compte des changements climatiques.

Domaine d'activités : Environnement et Développement

Zone d'intervention : Régions du Sud, Est, Sud-ouest, Nord et Extrême-Nord.

Source : Tsafack Judith, mars 2013

126

Annexe 2: Fiche d'identification des ONG internationales

Cette fiche est élaborée dans le cadre d'une recherche académique visant à collecter des informations sur les ONG internationales installées dans la région Centre du Cameroun. Les informations reçues permettront de dresser un état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales et seront exclusivement utilisées dans le cadre de notre mémoire de Master 2 Coopération internationale, action humanitaire et développement durable.

En vous assurant un traitement en toute confidentialité, nous vous remercions d'avance pour votre bonne collaboration.

I. Description de l'ONG

Nom de l'ONG :

Adresse :

Téléphone : .

Télécopie :

E-mail :

Site web :

Directeur National :

Statut juridique :

Date d'établissement au Cameroun :

Date d'obtention de l'agrément du gouvernement camerounais :

Nature : Laïque Religieuse Politique

II. Mission de l'ONG

Objectifs de l'ONG :

Domaines d'intervention :

Santé Education Sport Humanitaire Développement local

Droits de l'Homme Culture Economie Environnement

Autres (à préciser)

Public cible :

Principaux bénéficiaires

Zone (s) d'intervention dans la région :

III. Capacités d'intervention

y' Les ressources humaines

Nombre total d'employés : .... Hommes : Femmes :

Personnel International : .

Personnel national : .

Bénévoles : .

Volontaires :

y' Les ressources financières

Budget annuel général de l'ONG :

Apport propre :

Subventions :

Vos principaux bailleurs de fonds :

Autres sources de financement (à préciser) :

Nous vous saurons gré de bien vouloir mettre à notre disposition les différents rapports d'activités élaborées par l'organisation.

127

Merci pour votre disponibilité.

128

Annexe 3: Guide d'entretien avec les ONG internationales

Cet entretien est élaboré dans le cadre d'une recherche académique visant à collecter des informations sur les ONG internationales opérant dans la région du centre du Cameroun entre 1960 et 2010. Les informations collectées permettront de faire un état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales et seront exclusivement utilisées dans le cadre de notre mémoire de Master 2 en Coopération internationale, action humanitaire et développement durable.

En vous assurant un traitement en toute confidentialité, nous vous remercions d'avance pour votre bonne collaboration.

I. Réalisations de l'ONG jusqu'en 2010 Quelles sont les actions concrètes réalisées par l'ONG dans la région du Centre ?

Quels sont les partenaires opérationnels de ces actions ?

NB : Collecter les rapports d'activités de l'organisation (préalablement demandés).

II. Stratégie de mise en oeuvre

Quelle est votre approche de travail ? Défendez-vous des valeurs particulières ? Si oui lesquelles ?

III. Rapports avec les acteurs locaux

Quel type de relations entretenez-vous avec : Les pouvoirs publics camerounais? Les autorités traditionnelles ? Les populations bénéficiaires de vos actions ?

Avez-vous identifié de bonnes pratiques locales à pérenniser ? Si oui, lesquelles ? Quelles sont les méthodes/astuces utilisées pour lutter contre les mauvaises pratiques ?

L'organisation dispose t'elle d'un mécanisme d'implication des populations aux actions menées ?

Comment identifiez-vous les besoins des populations ? Par elles-mêmes ? Par les autorités locales ? Par les agences extérieures ?

Quels outils utilisez-vous dans la communication avec les acteurs locaux (autorités locales, population bénéficiaire, partenaires, etc.) ?

Quelle est votre approche par rapport à la prise en compte du savoir local dans la conception de la mise en oeuvre de vos actions ?

Quelle expertise recherchez-vous auprès des ressources humaines locales ?

IV. Partenariat

Quels sont vos partenaires institutionnels et vos partenaires opérationnels (Etat, ONG internationales, ONG nationales, ONG locales ...) ? Quelle appréciation faites-vous de ce partenariat ?

Quels sont vos partenaires financiers ?

De quel mécanisme dispose l'organisation pour assurer une gestion transparente des fonds reçus ?

V. Difficultés et Perspectives

Faites-vous face aux difficultés (culturelles, financières, politiques, géographiques, etc.) lors de la mise en oeuvre de vos actions ?

Si oui, comment gérez-vous ces problèmes?

Quels sont vos grands succès ?

Comment voyez-vous l'avenir de l'organisation dans un contexte de durabilité ? Quel commentaire pouvez-vous faire sur cette étude ?

129

Merci pour votre disponibilité.

130

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE i

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

SIGLES ET ABREVIATIONS iii

LISTE DES TABLEAUX vi

LISTE DES GRAPHIQUES vii

LISTE DES CARTES ET PHOTOGRAPHIES viii

LISTE DES ANNEXES ix

RESUME x

ABSTRACT xi

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES, JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA

REGION CENTRE DU CAMEROUN 16

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES DE L'OEUVRE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU CENTRE DU

CAMEROUN 18

Section I) L'évolution de la solidarité humaine 18

Paragraphe A) L'approche traditionnelle de la solidarité 19

Paragraphe B) L'opinion publique occidentale (le fardeau de l'homme blanc) 20

Section II) La structuration de la solidarité humaine à l'échelle internationale 22

Paragraphe A) L'approche sociologique de la notion de « communauté internationale

» 23

Paragraphe B) De l'idée de « communauté internationale » à la solidarité internationale

25

CHAPITRE II : LES FONDEMENTS JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION DU

CENTRE 28

Section I) Les sources juridiques des l'action des organisations internationales non

gouvernementales au Cameroun 28

131

Paragraphe A) Le cadre juridique de l'émergence des organisations internationales non

gouvernementales au Cameroun 29

1) Sur le Plan international 29

2) Sur le plan national 31

Paragraphe B) Le cadre institutionnel des organisations internationales non

gouvernementales au Cameroun 34

1) Les structures étatiques d'appui aux ONG 34

2) Les structures non étatiques d'appui aux associations et ONG 35

Section II) Les fondements politiques de l'action des organisations internationales non

gouvernementales au Cameroun 37

Paragraphe A) La gouvernance globale 37

1) L'idée de la gouvernance mondiale 37

2) Les ONG internationales et les autres acteurs dans la gouvernance globale 38

Paragraphe B) L'échec de la coopération gouvernementale 40

1) Les résultats mitigés de l'Aide Publique au développement et les méfaits des

Programmes d'Ajustement Structurels 40

2) Les OING, véritables acteurs de la solidarité internationale ? 42

DEUXIEME PARTIE : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES ET

LEURS REALISATIONS DANS LA REGION CENTRE DU CAMEROUN 44

CHAPITRE III : UNE PARTICIPATION EFFECTIVE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON

GOUVERNEMENTALES AU DEVELOPPEMENT DE LA REGION CENTRE DU CAMEROUN 46

Section I) Un profil pluriel des organisations internationales non gouvernementales

présentes dans la région Centre du Cameroun 48

Paragraphe A) Caractéristiques et classification des organisations internationales non

gouvernementales présentes dans la région du Centre 48

1) Selon les critères identitaires 50

2) Selon les critères d'effectivité 53

Paragraphe B) Environnement et partenariat 64

1) Description de l'environnement 64

2) Les différents partenariats 65

Section II) Les réalisations des organisations internationales non gouvernementales dans la

région du Centre du Cameroun 68

132

Paragraphe A) Les domaines dits prioritaires 69

1) La santé y compris le VIH/SIDA 69

2) L'éducation et le développement local 72

Paragraphe B) Les domaines secondaires et les autres domaines 75

1) Les domaines secondaires 75

2) Les autres domaines 76

CHAPITRE IV : LIMITES ET PERSPECTIVES D'AMELIORATION DE L'ACTION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON GOUVERNEMENTALES DANS LA REGION CENTRE

DU CAMEROUN 79

Section I) Les limites à l'efficacité des organisations internationales non gouvernementales

actives dans la région du Centre 80

Paragraphe A) Les limites imputables aux organisations internationales non

gouvernementales 84

Paragraphe B) Les limites imputables aux acteurs locaux 89

Section II) Perspectives d'amélioration de l'oeuvre des organisations internationales non

gouvernementales dans la région du Centre 95

Paragraphe A) Recommandations à l'endroit des organisations internationales non

gouvernementales 95

Paragraphe B) Les recommandations à l'endroit des acteurs locaux 98

CONCLUSION GENERALE 104

BIBLIOGRAPHIE 107

ANNEXES 113

TABLE DES MATIERES 130






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