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L'uniforme scolaire: facteur d'intégration sociale. Cas des établissements d'enseignement secondaire de la ville de Banfora.

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par Idrissa SIDIBE
ENS/UK BURKINA FASO - Certificat d'Aptitude à  l'Emploi de Conseiller d'Education 2015
  

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II.2.La théorie de la reproduction de Pierre BOURDIEU et de Jean Claude PASSERON (1970)

L'école est après la famille, le principal outil de socialisation des jeunes. Les sociologues sont partagés sur les effets de cette socialisation. D'une part, l'école est vue comme un instrument d'intégration et de développement social, et, d'autre part, elle est considérée comme un outil de reproduction des inégalités sociales.

Ainsi, pour Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON (1970), l'école participe à la reproduction sociale. Pierre BOURDIEU, à travers la Reproduction, essaie de mettre en évidence les lois par lesquelles l'école reproduit la structure du capital culturel. Ils expliquent donc les inégalités face à l'école. Selon eux, la réussite scolaire est fortement déterminée par la distance entre la culture des enfants et la culture scolaire (culture savante). Cette dernière est une culture savante qui utilise l'abstraction et qui privilégie la théorie et la démonstration sur la pratique et l'exemple. Autrement dit, le primat du style du discours sur le fond. Selon eux, cette culture scolaire est empruntée à la culture des catégories dominantes ou favorisées et les enfants de ces catégories ne percevant pas de rupture entre leur culture familiale et la culture scolaire ont toutes les chances de réussir leurs études et donc de rester dans la même catégorie sociale que celles de leurs parents.

Inversement, les enfants des catégories dominées ou défavorisées sont victimes d'une rupture entre culture familiale et culture scolaire et peuvent donc éprouver des difficultés à s'adapter à l'école. Par conséquent, leur chance de réussite scolaire et d'ascension sociale est donc faible.

Encore, plus loin, évoquant les effets de la démocratisation de l'enseignement sur la mobilité sociale, il souligne que cela a eu peu d'effets sur cette mobilité. BOURDIEU dans ses explications, avance que les familles les mieux dotées en capitaux utilisent l'école dans un but de reproduction sociale. Ainsi, l'inégale dotation des familles en capital culturel explique grandement l'inégalité devant l'école. Ceux qui appartiennent à la classe dominante en sont richement dotés alors que les membres des classes populaires en sont faiblement pourvus. BOURDIEU, met l'accent sur le concept de capital culturel qui peut, selon lui, prendre trois formes : celle de l'habitus19(*), celle des biens culturels possédés par un individu, celle enfin des diplômes qui sanctionnent officiellement un niveau culturel pour expliquer les inégalités sociales face à l'école.

Le port de l'uniforme scolaire est donc considéré en théorie comme une politique de réduction des inégalités scolaires vue que les parents défavorisés ont du mal à subvenir aux besoins scolaires de leurs enfants. Cela devrait nécessairement faciliter l'intégration des élèves des couches défavorisées dans nos établissements publics au Burkina Faso. Cependant, dans son application les inégalités disparaissent-elles réellement pour laisser place à une intégration scolaire de tous les enfants?

À cet effet, nous soutenons Pierre BOURDIEU lorsqu'il évoque la question de la dotation en capital économique des couches favorisées par rapport à celles défavorisées. C'est dire donc que le port de l'uniforme ne réduit pas les inégalités scolaires en faveur d'une plus grande intégration mais reproduit toujours cette distinction sociale entre les deux types de catégories sociales.

Ainsi, économiquement, il est à noter qu'un uniforme scolaire coûte cher. Pour peu qu'une famille ait plusieurs enfants dans une école où le port de l'uniforme est obligatoire, l'investissement que représente ces achats peut devenir une lourde charge pour les parents. Il est aussi à remarquer que les familles les plus fragiles financièrement, n'achètent qu'un nombre réduit d'uniformes, à savoir un ou deux. Ce qui est d'ailleurs le cas général dans notre pays. Or, les familles plus aisées pourront en acheter plus, puisqu'elles disposent de revenus plus importants. Ce qui est ici du domaine du privé (le revenu de la famille) sera visible physiquement : un uniforme utilisé tout au long de l'année s'usera plus vite. Aussi, le soin qui pourra être apporté à l'uniforme vieillissant risque de décliner avec le temps, marquant un peu plus encore la distinction avec un uniforme scolaire neuf ou moins utilisé.

On en revient à la question des marques. De même, les écoles qui exigent le port de certaines couleurs de vêtement ne peuvent éviter la distinction due aux marques.

À ce niveau comment les enfants se représenteront dans de telle situation de distanciation sociale? En d'autres termes, le problème consistant à gommer les inégalités scolaires réapparait.

* 19 www.cnrtl.fr/definition/habitus

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius