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Développement des espaces géographiques. Exemple du terroir d'Assomé dans la basse vallée du Zio.

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par KOUAMI DODJI ADJAHO
Université de Lomé - Maà®trise en géographie 2010
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

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REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

LISTE DES ABREVIATIONS iv

RESUME v

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : MILIEU ET ENVIRONNEMENT D'ASSOME 3

Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE 15

Chapitre 2 : LE PAYSAGE HUMAIN 40

Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE 49

Chapitre 4 : CARACTERISATION DU PAYSAGE 58

DEUXIEME PARTIE : DEVELOPPEMENT D'ASSOME 3

Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE 77

Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE 85

Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET TERRITORIALE 103

TROISIEME PARTIE : VISION DU DEVELOPPEMENT D'ASSOME 3

Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT. 113

Chapitre 9 : LES ACQUIS DU DEVELOPPEMENT 123

Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION D'ORIENTATION DU DEVELOPPEMENT D'ASSOME 127

Chapitre 11 : RISQUE DU DEVELOPPEMENT 146

CONCLUSION 154

BIBLIOGRAPHIE 157

LISTE DES CARTES 161

LISTE DES FIGURES 161

LISTE DES PHOTOS 162

LISTE DES TABLEAUX 163

LISTE DES ABREVIATIONS

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

BIE : Budget d'Investissement et d'Equipement

CEG : Collège d'Enseignement Général

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

CGILE : Centre de Gestion Intégrée du Littoral et de l'Environnement

CVD : Comité Villageois de Développement

DGSCN : Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale

DGMG : Direction Générale des Mines et de la Géologie

DHD : Développement Humain Durable

DNRA : Direction Nationale de la Recherche Agronomique

FIT : Front Intertropical

GPS : Global Position System

IDH : Investir Dans l'Humain

IEC : Information Education Communication

INS : Institut National des Sols 

OMM : Organisation Mondiale de la Météorologie

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OCDI : Organisation de la Charité pour le Développement Intégral

PNAE : Plan d'Action Nationale pour l'Environnement

RM: Région Maritime

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

FAIR :

PIB : Produit Intérieur Brut

ZAAP : Zone d'Aménagement Agricole Planifié

RESUME

Développement de l'espace, décentralisation et gouvernance locale constituent, dans le contexte socioéconomique mondial actuel, de nouvelles opportunités pour les Etats africains pour relever le défi du développement. Aussi, cette étude aborde-t-elle l'applicabilité de ces outils de développement au contexte rural de la localité d'Assomé.

Le terroir d'Assomé couvre, dans l'extrême Nord-Ouest de la basse vallée du Zio, une superficie de plus de 2 400 hectares soit 24 Km² environ. Il s'étend à cheval sur deux unités morphologiques que sont la haute terrasse alluviale et la plaine d'inondation du Zio. Le peuplement du terroir s'est fait par arrivée de vagues successives de familles fuyant les guerres fratricides et qui ont suivi les traces de Togbui Gbaguidji, le fondateur du village. Dès lors commencèrent la conquête et l'exploitation progressives du terroir jusqu'à ces limites actuelles.

Le choix d'Assomé comme terroir de recherche pour analyser le développement des espaces géographiques, est motivé par le constat qu'il fait montre de l'indigence du bien être social, économique et environnemental qui caractérisent les sociétés africaines. A ceci s'ajoute la gestion administrative marquée par un pouvoir centralisé à l'échelle nationale qui s'est révélé très peu favorables au développement des entités infranationales (préfectures, communes et village.).

Les problèmes de développement se posent alors, à Assomé, sous leurs formes les plus typiques (économiques et sociales) voire les plus extrêmes (environnementales). En effet, malgré les ressources en sols aux potentiels agricoles variés, en couverture végétale bien fournie et en eaux (par sa contiguïté avec le Zio) et des précipitations moyennes, le profil de référence de cette étude révèle des conditions de vie très précaires matérialisées par la pauvreté qui s'amplifie dans un cadre physique fortement dégradé.

La lutte pour la survie quotidienne, par la mise en valeur agricole et surtout l'extraction de gravier, a contribué à la dégradation du système biophysique qui n'est plus à même de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population. On assiste alors à l'effondrement de l'économie du terroir avec pour corollaire un éclatement des cellules familiales par le départ des bras valides vers les villes, la perte des valeurs ancestrales et l'aggravation de la pauvreté qui devient endogène au terroir. Il transparaît de ces constats, une indigence notoire de développement au plan local qui nécessite à ce qu'on lui trouve des solutions adéquates.

Les propositions apportées à cet effetpar cette étude, insistent sur une réelle mise en valeur du potentiel agricole du terroir à travers des aménagements conséquents. Elles soulignent également la nécessité d'une meilleure gestion de l'extraction de gravier et la réhabilitation des terres dégradées par cette activité. Par ailleurs, elles mettent l'accent sur l'urgence de la concrétisation du programme de décentralisation administrative à l'échelle nationale, afin de stimuler les populations locales comme celle d'Assomé à une meilleure prise en charge autonomedu bien être et du développement de leurs terroirs.

INTRODUCTION

Les sociétés humaines, par leurs décisions d'implantation et d'aménagement, créent leurs propres territoires sur lesquels elles développent une identité collective.Elles posent leurs marques sur un espace que Brunet (2005) considère comme « donné » parce que muni de potentialités naturelles qui conditionnent l'organisation du territoire. Ainsi, remarque-t-onque les zones côtières humides, les abords des cours d'eau et les oasis dans les déserts, qui renferment beaucoup de ressources, constituent les grandes régions de concentrations humaines.

On peut alors définir le territoire comme un espace géographique marqué par une communauté humaine qui y construit son histoire à travers un ensemble de caractères, de cultures, de savoirs et de pratiques fondés sur le système d'interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Il a une étendue et est circonscrit par une juridiction administrative ou politique qui s'affranchit des faits naturels (cours d'eau, forêt, montagne, ...) pour lui fixer des limites précises.

Le territoire ainsi conçu participe à la satisfaction des besoins existentiels comme habiter, mobiliser les ressources, communiquer, se défendre et se reproduire.Il se crée ainsi une interaction dynamique entre l'environnement naturel et l'être humain qui y habite. Ce dernier s'évertue à trouver des explications aux phénomènes qu'il vit et aux faits qu'il engendre ou subit. Corrélativement, il enclenche un processus de développement local qu'il améliore pour optimiser son bien-être socio-économique.

Ce développement local, considéré comme un processus global et dynamique de construction du mieux-être à l'intérieur des espaces locaux où les différents acteurs se rencontrent, échangent, élaborent et mettent conjointement en oeuvre des projets d'autopromotion durable, se révèle être la stratégie la plus appropriée pour le développement des Etats. Il exige, cependant de ces Etats, d'accorder une large autonomie aux différentes entités territoriales (régions, préfectures, cantons qui peuvent être des communes urbaines ou rurales) pour susciter leur totale implication dans l'apport de solutions au défi du développement.

Malheureusement, par manque de volonté politique, les pays africains sont enlisés dans une gestion centralisée qui empêche l'émergence d'initiatives locales de développement. Par conséquent, un demi-siècle après les indépendances, le développement et le mieux-être ne sont que des mythes pour les populations. Pour cause, les méthodes ou modèles et les stratégies, mis en place pour relever le défi du développement, ne s'appuient pas sur les potentialités propres à ces pays. De larges proportions de ressources physiques et anthropiques sont ainsi marginalisées. Ce qui se traduit par une indigence endogène de bien-être social économique et environnemental.

Cependant prenant exemples sur les échecs répétés des tentatives visant à relever le défi du développement, les Etats africains semblent, à l'instar des pays développés, s'engager sur la voie des dynamiques de développement local. Il s'agit de stratégies et de pratiques locales de valorisation de leurs ressources qui, en rompant avec les options centralisées de développement de jadis, correspondent non pas à unrepli défensif mais à une adaptation alternative aux contraintes du développement (Mondes en développement Vol 31-2003). En effet, depuis quelques années, les Etats africains s'efforcent de promouvoir le développement local ou développement à la base accompagné de politiques de décentralisation.

Ainsi, plutôt que d'être dans l'attente d'initiatives extérieures de développement souvent en déphasage avec les réalités socio-anthropologiques locales, les collectivités territoriales sont appelées à cultiver leur aptitude à identifier et à valoriser leurs ressources, à mettre en oeuvre des innovations et à susciter des initiatives locales. Ce faisant, ces collectivités territoriales non seulement pourront générer leurpropre développement, mais aussi structurer et organiser ce développementredevenu "honorable", et non plus marginal ou "de survie". C'est un paradigme renouvelé dedéveloppement (Vachon, 2002)qui apparaît ainsi comme une nouvelle opportunité pourles Etats africains, notamment le Togo.

Cependant, comme souligné dans Mondes en développement(Vol 31-2003), le développement local n'est pas un modèle "clé en main". Chaqueterritoire est spécifique; il émerge d'un contexte (facteurs culturels, sociaux...) et d'une histoire unique qui impliquent dès lors une logique de développementunique. Cette différenciation territoriale ne réside pas seulement dans lesproduits, mais aussi dans la façon d'organiser la production, de créer et de gérerses ressources, de développer des savoir-faire originaux. Il n'y a donc pas demodèle unique et universel de développement local. Il est avant tout l'affaire d'acteurs, de toutessortes, mis en rapport, mobilisés en vue de stimuler une synergie créatrice,porteuse d'effets de développement.

Ceci nécessite donc d'appréhender spécifiquement chaque espace géographique support du développement, dans sa globalité, sa diversité et sa complexité. Pour ce faire, la mise en place d'un cadre d'étude pluridisciplinaire s'avère nécessaire. Il s'agira de procéder à une analyse multidimensionnelle et intégrée du terroir investi. Au terme de chaque investigation, l'on doit, à la lumière du profil de référence de la zone étudiée, proposer avec la participation des acteurs locaux, des orientations de développement global et intégré afin de promouvoir le mieux-être des populations qui y vivent.

C'est cet objectif que poursuit cette discipline qu'est " le développement de l'espace " qui associe, dans une option d'analyse spatiale intégrée,les compétences du géographe qui analyse les interactions dynamiques entre les composantes physiques et humaines de l'espace, celle du sociologue qui pose la question de la constitution sociologique de l'espace (Löw, 2008) et la façon dont l'espace intervient dans le social (Giddens, 1987) et celle de l'anthropologue pour traiter des questions relatives à l'identité, à l'appropriation et à l'enracinement des populations par rapport à leurs terroirs. Quant à l'économiste, il s'occupe de l'organisation économique du terroir, alors que le juriste étudie ses structures administratives et la question de la gestion du foncier sous sa domination. Par ailleurs, bien d'autres spécialistes tels que l'étymologiste, le psychologue et le sémiologue peuvent, au besoin, intervenir dans cette démarche qui vise à comprendre et à découvrir l'agencement relationnel des systèmes biophysiques avec la société humaine comme actrice du développement de son terroir.

Cette contribution au développement de l'espace s'intéresse au terroir d'Assomé (préfecture du Zio) qui est particulièrement touché par la rupture entre la satisfaction des besoins vitaux et la viabilité du milieu de vie. En effet, les activités agricoles et les autres formes d'exploitation de ce terroir se pratiquent, de nos jours, dans un environnement de plus en plus hostile à l'amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, il faut signaler que cette situation n'est que la résultante de l'utilisation plus accrue et peu rationnelle, voire négative des ressources. Il s'ensuit alors une profonde dégradation du paysage qui se poursuit, avec pour corollaire l'effondrement de l'économie locale et la généralisation de la pauvreté.

Localisé entre 6°20de latitude Nord et 1° 9 de longitude Est, le terroir d'Assomé se situe sur la rive gauche du Zio à l'entrée de la basse valléeet couvre une superficie de 24,12 Km². Il se situe à 5 km de la Nationale N°1 à l'Ouest de Davié dans la préfecture du Zio (figure 1).

Carte 1: Situation du terroir d'Assomé

L'observation du site révèle une topographie à deux niveaux : une plaine alluviale (basse vallée du Zio) qui occupe l'Ouest et le Sud-Ouest, surplombée par deux structures tabulaires séparées par une vallée sèche dans l'Est et le Nord-Est du terroir. Les structures tabulaires se raccordent au plateau de Tsévié par un talus, de faible pente dégageant ainsi un modelé en escalier de versant. Il s'agit en effet, selon Gnongbo (1996), d'un lambeau de la haute terrasse de la rivière Zio qui présente sur le versant gauche des discontinuités qui s'accrochent aux différents plateaux de terre de barre qui entourent la basse vallée. En somme le village d'Assomé est construit sur la haute terrasse du Zio au pied du versant du plateau de Tsévié. La terrasse est formée de dépôts alluviaux constitués de galets et de graviers (Gnongbo, 1989). A ces ressources s'ajoute un potentiel pédologique ferralitique sur les plateaux et hydromorphe dans la plaine. Il supporte une végétation bien fournie, avec une pluviométrie moyenne de 800 mm d'eau / an et est constitué essentiellement de sols propices à l'agriculture.

Ces conditions bioclimatiques et géomorphologiques ont permis la mise en valeur de la région à travers l'agriculture vivrière dont les rendements permettaient de couvrir les besoins locaux et de dégager des surplus. Ces surplus, écoulés sur les marchés voisins, procuraient à la population des revenus non négligeables. Ces revenus vont s'accroître, d'abord, avec le développement de la riziculture irriguée à rendement élevé, ensuite par l'émergence, à la fin des années 70, de l'extraction traditionnelle des galets et graviers du sous-sol du terroir. Cette activité portée par la "fièvre immobilière" de la ville de Lomé a beaucoup contribué à augmenter le revenu de la population. Ce qui se traduit par une mutation de l'habitat villageois qui a évolué de sa structure en banco vers des maisons en parpaings de ciment avec la toiture recouverte de tôles. De même, le niveau de l'éducation s'est amélioré. Les parents, disposant davantage de moyens financiers, ont financé les études de leurs enfants.

En somme, selon les témoignages, Assomé aurait connu par le passé une relative prospérité économique et sociale stimulée par l'exploitation de son sous-sol et la mise en valeur de ses potentialités agricoles. Cependant, cette prospérité s'est révélée très éphémère du fait de la gestion peu rationnelle des potentialités.

En effet, l'augmentation des besoins alimentaires et financiers des 3 500 habitants environ que constitue la population d'Assomé (DGSCN, 2008) a imposé l'intensification de la mise en valeur agricole des terres. Celle-ci se faisant sans apport de fertilisants et sans mesure de conservation a conduit à leur épuisement total. Elles ont ainsi perdu leurs caractéristiques physico-chimiques. Parallèlement, plus de 600 ha de terre soit 37 % du terroir d'Assomé sont rendus impropresà l'agriculture par l'extraction de gravier. Il s'agit des sols ferralitiques très fertiles qui ont été fortement dégradés et parsemés d'excavations et de monticules d'argiles issus de l'extraction des graviers. Ces terres ainsi perdues constituent un véritable manque à gagner pour les agriculteurs. Il s'en est alors suivi une réduction sensible du potentiel agronomique du terroir, accompagnée de la baisse considérable des rendements agricoles. De nos jours, le terroir est très dépendant des marchés extérieurs pour couvrir ses besoins en produits vivriers.

De même, sous le coup d'une extraction abusive et incontrôlée, les réserves des gisements de graviers sont presque au bout de l'épuisement, dans le terroir. L'extraction de gravier, de la capacité d'un camion de 8m3, prend de nos jours plus de temps et fait dépenser plus d'énergie qu'auparavant. Concomitamment, la qualité du gravier (taille), dont dépend le prix d'achat, s'est aussi dégradée. Ce qui se répercute sur les bénéfices qui ont beaucoup diminué.

La conjonction de tous ces facteurs pose de nos jours à Assomé un véritable problème de détérioration du système fonctionnel "homme-nature" qui se meut en un cercle vicieux qui handicape encore plus le développement de ce terroir. Comment peut-on alors réorienter le terroir d'Assomé vers l'édification de son développement "local" durable, c'est-à-dire de façon soutenue sur le plan social, économique et environnemental?

Telle est le questionnement fondamental sur lequel se base cette recherche intitulée« Développement des espaces géographiques, exemple du terroir d'Assomé dans la basse vallée du Zio ».

Cette recherche présente l'intérêt d'apporter, outre son utilité académique, une contribution à l'analyse de fond de la problématique du développementdans les Etats africains, en se focalisant sur le développement local, précisément dans le terroir d'Assomé dont les réalités existentielles illustrent les difficultés de création des conditions de décollage du développement au Togo. Elle se fixe comme objectif général d'expliciter à partir d'un profil de référence, le niveau désastreux du développement d'Assomé afin d'en proposer des orientations pouvant promouvoir ce dit développement. De cet objectif général découlent les objectifs spécifiques suivants :

· présenter les potentialités physiques et humaines ainsi que la dynamique d'évolution du terroir ;

· analyser le développement du terroir sur le plan socio-anthropologique, économique et administratif ;

· proposer une vision de développement durable rationnel et harmonieux.

Méthodologie de recherche

Pour parvenir aux résultats de cette recherche nous avons mené notre travail en deux étapes : la documentation pour nous enquérir des données existantes et les campagnes de terrain pour observer la dynamique actuelle de l'espace.

La documentation est la phase de recherche bibliographique par laquelle nous nous sommes imprégnés des études se rapportant à l'évolution des espaces géographiques dans le monde, en Afrique et au Togo. Plus particulièrement,ce sont les ouvrages traitant de la problématique du développement, du monde rural et des déséquilibres que subit le milieu naturel qui ont retenu notre attention. De nos lectures, nous avons élaboré une brève revue pour donner un aperçu des données existantes.

La recherche documentaire a été complétée par la collecte des données quantitatives ayant trait au climat (pluviométrie, température, hydrologie...) et des statistiques démographiques et agricoles. L'interprétation des photos aériennes et l'analyse cartographique ont favorisé une plus fine observation de la dynamique spatiale de notre zone de recherche.Les photos n° 470 à 749 Mission 1969 et n° 2326 à 3604 Mission 1977 au 1/30 000 ont été utilisées pour visualiser une bonne partie de la zone d'étude. A cela s'ajoute l'analyse des fonds topographiques de Lomé 1C feuille NB - 31-XIV- 1C au 1/ 50.000 couvrant la basse vallée du Zio. Toutes les données recueillies ont été corrigées et actualisées grâce aux campagnes de terrain que nous avons entreprises dans la région.

Ø Compte rendu de lecture

Le compte rendu de lecture s'organise autour de deux principaux thèmes à savoir le développement local et la dégradation des conditions et du cadre de vie.

· Le développement local

Le développement local est une approche, dite territoriale comme celle abordée dans le cadre du développement de l'espace. Il intègre des préoccupations d'ordre social, culturel et environnemental au coeur des rationalités purement économiques. Et, à en croire Vachon (2002) si les facteurs économiques tels que le capital, lesressources naturelles, les équipements et infrastructures de transport et decommunication, les marchés...continuent d'être des éléments importants dansle processus de développement des régions, le paradigme renouvelé de développement accorde un rôle tout aussi important aux facteurs nonéconomiques tels que la qualification individuelle et collective, la transmissiondes savoirs et savoir-faire traditionnels et actuels, le cadre de vie, la perméabilitéà l'innovation, la vitalité communautaire, l'ouverture à la concertation et aupartenariat. Ce que corroborent Leloup, Moyart et Pecqueur (2003) en présentant le développement local comme un exercice qui amène les collectivités territoriales à mettre en exergue leurs aptitudes à identifieret à valoriser leurs ressources, à mettre en oeuvre une culture de l'innovation, àsusciter les initiatives locales et à faire émerger des projets porteurs de développement. Ils poursuivent en ces termes « plutôt que d'être dans l'attente d'un projet dedéveloppement venu de l'extérieur, les terroirs non seulement génèrent leurpropre développement, mais structurent et organisent ce développementredevenu "honorable", et non plus marginal ou "de survie"». Pour Pecqueur (2001), le développement local est une pratique de valorisation des ressources, qui correspond non pas à un repli défensif, mais à une adaptation alternative aux contraintes qui jusque là entravent le développement des pays africains. Il est rejoint par des responsables et présidents de conseil élus africains qui ont conclu, à l'atelier « approche territoriale du développement en Afrique » du 12 au 14 Mai 2008 à Tanger, que le développement local est une orientation stratégique pour les gouvernements africains pour assurer un développement durable, équilibré et garantissant la cohésion sociale.

Parlant des outils au service du développement local, Landel-Milles et Derageldin (1991) désignent l'usage de l'autorité local, la pratique de l'auto-contrôle et la gestion rationnelle des ressources endogènes.Leloup, Moyart et Pecqueur (2003), pour leur part, mettent l'accent sur la promotion de la décentralisation et gouvernance locale. Selon Jean Walline juriste français, la décentralisation est un transfert de pouvoirs de décisions vers des collectivités territoriales, en tant qu'entités infranationales disposant des autorités librement élues au suffrage universel, à qui on a reconnu des intérêts distincts et la compétence de gérer elles-mêmes ou de faire gérer par leurs élus leurs intérêts. La décentralisation consiste donc en une organisation juridico-politique des espaces nationaux qui, de l'avis de l'anthropologue Minguet, ne peut advenir sans une volonté et une intervention du politique et du législatif. Ceci fut aussi souligné à l'atelier de Tanger (12 au 14 mai 2008) qui reconnaît « que passer d'une gestion centralisée des Etats à une approche contractuelle avec les acteurs locaux, doter les collectivités des compétences requises pour assumer leurs responsabilités et asseoir les pratiques de la bonne gouvernance sont autant de défis pour les gouvernements africains pour réussir le choix de l'approche territoriale du développement ».

Malheureusement, cette volonté d'intervention du politique et du législatif continue de faire cruellement défaut dans les états africains, entretenant ainsi le cercle vicieux du sous- développement marqué par la dégradation des conditions et du cadre de vie notamment dans les terroirs ruraux comme Assomé.

· La dégradation des conditions et du cadre de vie

Olivieri dans la préface de la revue "Notre Libraire, n° Double 66-67 d'Octobre-Décembre 1982", estime que le rapport romantique entre les sociétés rurales et la nature en Afrique, comme l'image bucolique d'un univers agreste et harmonieux, semble avoir vécu. De nos jours pour s'adapter au contexte économique mondial et pour sortir de l'état de pauvreté endémique qu'il leur impose, les populations rurales sont plus que jamais appelées à surexploiter les maigres ressources de la nature. Ce faisant, elles se retrouvent au centre d'un cercle vicieux qui selon Timberlake (1990) entraîne la ruine de l'environnement avec les conséquences fatales pour la vie. Ogoundé (1998) parle de délabrement du paysage rural qu'il impute au déséquilibre entre la trilogie « démographie - agriculture - environnement naturel ». Il s'accorde ainsi avec Tchamié (1988) qui soutient que sous l'effet de l'accroissement démographique et de l'urbanisme qui ont accru les besoins de l'homme, les paysans ont développé des stratégies dégradantes vis-à-vis de la nature. Ils modifient ainsi dangereusement les équilibres écologiques d'origine au profit de nouveaux équilibres plus fragiles et difficilement gérables à en croire Ayivi (2007). Timberlake (1988), mettant en exergue la dégradation indiscutable du milieu naturel et rural africain, l'attribue à la négligence dont sont victimes les populations rurales, de la part des autorités, au profit des citadins. Ces derniers ont voulu maintenir les prix des denrées alimentaires au niveau le plus bas. De ce fait, ces autoritésont forcé les populations rurales à abuser des ressources des zones agraires qui se sont considérablement fragilisées. De même Dumont et Mottin (1982) mettent l'accent sur la marginalisation des paysans africains dans un environnement de plus en plus dégradé et hostile du point de vue écologique. Par ailleurs, tous les auteurs s'accordent à dire que cette dégradation écologique se reflète à travers celle de ses composantes fondamentales que sont la végétation et le sol.

Concernant la première composante, la végétation, le phénomène se traduit selon Etsè (1997) et Ogoundé (1998) par la diminution voire l'anéantissement quasi total de celle-ci (forêt mésophile), de la densité et de la diversité des espèces herbacées et ligneuses, surtout sur les plateaux de terre de barre de la région maritime où les densités élevées selon Schwartz (1984), Gnongbo (1996), Houédakor (1997) et Aklamanu (1998) ont conduit à l'extension des superficies emblavées et leur mise en valeur continue suite à la suppression de la jachère.

Quant à Azanlékor (1986), Lakoussan (1998), Djangbédja (2000) et Aliti (2006), ils déplorent l'ampleur de la destruction des paysages végétaux dans les zones d'extraction de phosphates à Hahotoé et de galets et sables dans la basse vallée du Zio. Selon ces auteurs, l'activité extractive industrielle ou traditionnelle laisse derrière elle, un paysage de désolation marquée par la suppression systématique du couvert végétal et la dégradation complète des sols rendant difficile toute possibilité de reconquête de la végétation. Pour Houédakor (1997), cette dégradation est un frein au développement car l'absence d'arbres perturbe la composante importante qu'est le sol, dont la dégradation de structure (perte de cohérence et de pulvérulence sur le plateau continental, augmentation de cohérence dans les basses terres, bas-fonds, vallées et plaines alluviales) est suivie de l'appauvrissement en éléments minéraux, de la baisse de capacité de rétention en eau et de teneur en matières organiques comme Ogoundé (1998) et Aklamanu (1998) l'ont démontré dans le Sud-Est du Togo. Par conséquent, l'érodibilité des sols augmente sensiblement et se manifeste par l'élaboration des formes spectaculaires. Cet aspect de la dégradation des sols déjà abordé par Poss et Rossi (1985), Ayéna (1989), Démakou (1998), Kankpénandja (2005) dans les régions de la Kara et des Savanes au Togo se retrouvent également et d'une manière plus sévère dans la basse vallée du Zio où, en raison des versants longs et à pente très faible, le ruissellement s'accumule, prend de l'ampleur et de la vitesse si l'on se réfère à Adjari (2006). Gnongbo (2003), à cet effet, parle d'un système de ravinement brutal et spectaculaire à l'issue de très fortes précipitations. Pour Séwonou (2007), il s'agit d'une véritable crise morphogénique déclenchée par les activités des populations en quête du mieux-être social et économique. Pour ce faire, elles exploitent leur milieu naturel par des activités agricoles et surtout l'extraction de gravier et sable. Les effets pervers de ces activités sont exacerbés par la pente et la nature des formations superficielles.

Outre ces dégradations physiques et mécaniques, Akibodé (2000) a mis en exergue la périodicité des graves inondations que connaît la basse vallée du Zio. Cette périodicité selon Gnongbo (1996) et Agbéwornou (2008) est la résultante des crues des différents fleuves et rivières, suite aux pluies diluviennes pendant les périodes d'hivernage. Selon Klassou (1996), ces crues sont des phénomènes fugaces mais redoutables du fait de leur puissance destructive. En prenant pour exemple le fleuve Mono, il conclut à la nature tropicale et exclusivement pluviale du régime des cours d'eau du bas-togo, dont les crues sont expliquées par l'effet cumulé de la concentration puis de la forte intensité des pluies diluviennes dans leurs hauts bassins. En ce qui concerne les inondations que provoquent les crues dans les basses vallées, tous ces auteurs soulignent leur brutalité et leur violence, et les énormes dommages sur le plan humain et économique. A cet effet, Obasi, président de l'OMM1(*), estime à près de 250.000 victimes et 50 à 100 milliards de dollars US, les dégâts matériels consécutifs aux inondations dans le monde. Toutefois, Klassou (1996) souligne que les crues sont porteuses d'espoir au plan agricole, en plus des gains de la pêche.

Les répercussionsde toutes ces formes de dégradation sont dramatiques pour les populations rurales. La pauvreté devient endémiques'accentue et se généralise. Pour cause, la nature qui offre les ressources alimentaires et économiques aux populations, n'est plus en mesure, oudu moins, pas pour longtemps encore, d'assurer la satisfaction de ces besoins vitaux. A cet effet, Aklamanu (1998) pense que les rendements agricoles ont considérablement diminué, les revenus tirés de l'exploitation commerciale des forêts s'amenuisent et les paysans éprouvent d'énormes difficultés à passer les périodes de soudure et à assumer les besoins financiers. Les déperditions scolaires sont très fréquentes et l'exode rural s'intensifie.

Face à cette situation, Tcheinti-Nabine (2000) affirme qu'il est donc plus urgent de mener des études et d'envisager des palliatifs afin que les populations rurales répondent au mieux à leurs besoins quotidiens sans toutefois porter préjudice à la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Dans cet ordre d'idées, Aklamanu (1998) pense qu'il faut amener les paysans par la maïeutique à découvrir les actions de restauration du milieu. Il suppose que l'échec des différentes actions menées pour résoudre le problème de dégradation des paysages, résulte de la difficulté de communiquer aux paysans les résultats des recherches élaborées dans les stations. Ces résultats ont du mal à être intégrés dans le contexte socio économique et culturel des paysans parce qu'ils restent au niveau de la connaissance pure. Il est donc impérieux de mettre en oeuvre des programmes de conscientisation des paysans qui puissent les amener à gérer les différentes connaissances (l'arbre, la couverture végétale, l'érosion,...) pour que cette coordination aboutisse à des découvertes. En effet, les paysans, qui auront « découvert » le principe de conservation de leur environnement, mettront en oeuvre automatiquement ces innovations techniques parce que tout esprit humain essaie ce qu'il a « découvert » pour en vérifier l'authenticité.

L'apport de l'ensemble de ces ouvrages lié à notre problématique nous permet d'affirmer sans trop exagérer qu'il existe une rupture entre le couple « développement - environnement naturel » d'où l'émergence de nouveaux concepts comme le développement durable et développement local. C'est cette problématique d'ordre socioéconomique et environnemental que nous voulons mettre en relief dans le terroir d'Assomé à travers l'analyse de son paysage.

Ø Les campagnes de terrain

Nous avions organisé deux campagnes de terrain à partir desquelles nous avons établi la situation de référence de la zone de recherche.

La première s'était déroulée pendant la grande campagne agricole d'Avril - Juillet 2008. Le paysage a été exploré afin d'observer, de décrire, de photographier et de schématiser les différents aspects physiques et humains qui le caractérisent. Plusieurs transects ont été définis et une attention particulière a été portée à la nature des paysages végétaux et pédologiques, aux détails topographiques, à l'occupation de l'espace et à sa mise en valeur de même que les différentes formes de dégradations que subit le paysage. En outre, les nombreux entretiens avec les membres de la collectivité locale et les personnes ressources ont permis de recueillir des informations sur l'historique du village, les rites et traditions ancestrales et les conditions de vie de la population.

Dans le courant du mois d'Août 2008 nous avons de nouveau sillonné le terroir, à la suite des dernières inondations survenues dans la basse vallée du Zio afin de mesurer l'impact de cette catastrophe sur le paysage et les populations. Une campagne spéciale de "géoréférencement" a été organisée entre le 05 et le 15 octobre 2009 pour bien délimiter le terroir et les entités qui organisent l'espace.

Les résultats issus de cette démarche méthodologique et la documentation en général permettent d'articulerle mémoire autour de trois grandes parties.

La première partie constituée de quatre chapitres s'intitule Milieu et Environnement d'Assomé. Il présente dans le détail les aspects physiqueset humains généraux,les processus d'évolutionet la caractérisation actuelle (dégradation) du paysage. La deuxième partie pour sa part fait découvrir en trois chapitres les cadres cadre juridique et administratif, économique, socio-anthropologique et l'organisation de l'espace d'Assomé sous le titre principal de contexte du développement à Assomé. Alors que la troisième partie dénommée vision et risque du développement analyse sur trois chapitres le contexte du développement à Assomé, en dégage les contraintes et les atouts avant de proposer des orientations pour le développement humain durable et harmonieux du terroir.

Les difficultés de l'étude

Durant les travaux de terrain, nous avons rencontré de nombreuses difficultés, principalement au cours de la campagne de géoréférencement des limites du terroir d'Assomé. En effet, dans le contexte d'un litige foncier entre la famille Agbaléti d'Assomé et la communauté de Daviè-Zogbé, cette dernière en voyant le GPS nous ont pris pour un géomètre. Malgré nos explications nous avions été appréhendés (mon guide et moi), et amenés à la gendarmerie d'Adétikopé avec le matériel. Il a fallu alors l'intervention du commandant de brigade et notre directeur de mémoire par téléphone, pour que nous soyons libérés. Après notre libération, il nous a été formellement interdit de revenir dans la zone.

Première partie :

Milieu et

Environnement

d'Assomé

Un espace géographique est un système organisé dynamique et évolutif de facteurs naturels et humains. Le climat y conditionne la nature de la végétation qui à son tour détermine l'évolution des sols. Aussi les activités humaines qui s'y déroulent, ont-ils des effets directs ou indirects, immédiats ou à long terme sur ce système écologique. Il sera donc question d'étudier dans ce chapitre les caractéristiques physiques et humaines le terroir d'Assomé.

Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE

Les caractéristiques physiques générales du terroir d'Assomé s'identifient à celles du cadre géographique global de la basse vallée du Zio dans laquelle s'inscrit le site du village d'Assomé avec ses spécificités qui lui confèrent une certaine originalité.

La singularité de ce terroir par rapport aux terroirs voisins, réside dans l'aspect étagé de son site. On y distingue nettement deux entités morphologiques à savoir la terrasse alluviale et plaine d'inondation du Zio raccordées par un long talus à pente faible (9%).

La terrasse est traversée par une large vallée sèche la sectionnant en deux petites entités. La première que l'on peut appeler « le plateau d'Assomé », constitue le site du village d'Assomé avec toutes ses infrastructures. La seconde nommée kpota2(*) par les habitants, se trouve au Sud-ouest de la première et constitue la principale zone d'extraction de gravier.

La vallée, large d'environ 800 mètres, est exploitée à des fins agricoles et communique avec la plaine alluviale. Cette dernière s'étend au pied de la terrasse jusqu'au lit du Zio sur près de 5 km.

1.1. Le contexte géologique

Le terroir d'Assomé se situe dans un contexte de formations géologiques nées de l'orogenèse panafricaine vieille d'environ 600 millions d'années dans la chaîne des Dahoméïdes, sur lequel repose le bassin sédimentaire côtier issu de l'évolution post paléozoïque (Gnongbo, 1996). Elle constitue l'unité structurale de la plaine bénino-togolaise formée essentiellement du socle et du bassin sédimentaire.

1.1.1. . Le socle

Il constitue le soubassement du relief dans le Sud-Togo. Il se trouve en affleurement dans la zone de contact entre le socle et le bassin sédimentaire côtier qui se situe au Nord-Est d'Assomé. Il s'agit d'un ensemble de formations d'âge archéen ayant subi le cycle tecto-métamorphique libérien. Il est représenté par des formations gneisso-migmatiques et des ortho-gneiss ces derniers se remarquent par leur hétérogénéité. On peut donc distinguer des ortho-gneiss à méta diorites quartzitique à biotite, et d'autres qui sont fins à deux micas. Les migmatiques, d'autre part, sont constituées de biotite et de muscovite.

1.1.2. Le bassin sédimentaire côtier

Le bassin sédimentaire côtier d'âge crétacée supérieure et tertiaire est représenté par une étroite bande de 30 à 50 km à l'extrême Sud-Togo. Il constitue une petite portion du vaste domaine allant du Ghana au delta du Niger. Il s'agit du bassin éburnéo-nigérien (Mestraud, 1970) cité par (Tastet, 1975) dont le BRGM (1982) en a réalisé la coupe structurale (figure 1). De même, Johnson (1987) en a dressé un tableau stratigraphique (tableau 1).

Tableau 1: Données sur la stratigraphie du bassin sédimentaire côtier

SLANKY 1959

FORMATIONS

JONHSON 1987

?

Continental

?

EOCENE

Moyen

Phosphate

Moyen

EOCENE

Inférieur

Marnes phosphatées

Inférieur

PALEOCENE

Supérieur

Argiles attapulgites

Inférieur

Calcaires marneux

Supérieur

PALEOCENE

Sable de tabligbo

Inférieur

CRETACE

Supérieur

Sables, argilites, calcaires

Supérieur

CRETACE

Source : Johnson (1987)

Extrait de Gnongbo, 1996

Figure 1: Coupe structurale du bassin sédimentaire côtier du Togo dans sa partieoccidentale(d'après le B R G M, 1982)

C'est un relief monoclinal peu élevé. Les différentes formations que l'on retrouve sur cette bande sédimentaire sont connues grâce aux multiples travaux géologiques effectués dans le cadre des projets d'hydraulique villageoise. Le bassin sédimentaire côtier est composé de formations détritiques allant du Maastrichtien à l'Eocène et des dépôts post Eocène appelés Continental Terminal.

1.1.2.1. Le Maastrichien

Directement transgressifs sur le socle, les dépôts du maastrichtien sont dominés par la combinaison des faciès quartzo-détritiques. Localement, les dépôts sommitaux sont représentés par un épisode grossièrement détritique de sables et de graviers roulés d'origine fluvio-deltaïque. Ils marquent l'amnésie fini maastrichtienne ou le faciès fini crétacé. On a ainsi découvert que le bassin sédimentaire côtier n'a pas échappé aux influences de la structure du socle sur lequel il repose. Son étude pétrographique montre qu'il est constitué de dépôts sédimentaires variés.

A la base, nous avons des formations marno-calcaires aux intercalations de sable et d'argile et au sommet des dépôts sablo argileux du continental terminal comportant un faciès inférieur de sables fins et un faciès supérieur grossier avec des niveaux de conglomérats et parfois de galets roulés.

1.1.2.2. .Paléocène

Il est marqué au nord par des dépôts argileux à sablo-argileux gris condensés relevant du domaine infra littoral proximal. Plus au sud c'est le faciès marneux à marno-sableux. Une série marno-argileuse grise succède aux calcaires. Ces dépôts appartiennent à une plateforme extrême avec confinement du fond marin.

1.1.2.3. Eocène

Il existe trois types dépôts de l'éocène :

§ éocène inférieur : il s'agit de dépôts marno-argileux qui se perpétuent avec des dépôts quartzo détritiques.

§ éocène inférieur terminal moyen : elle débute par une épisode d'argile à attapulgite précédant les calcaires argileux souvent phosphatés tendant à devenir argilo marneux.

§ éocène moyen: la sédimentation y combine marnes et argiles gris foncé à ocre et des calcaires organiques parfois dolomitiques.

1.1.2.4. Le continental terminal

Il s'agit en réalité d'une structure monoclinale élaborée dans les formations sablo argileux que Johnson (1987) appelle la série détritique supérieure reposant en discordance sur le socle avec une base érosive sur la série marine. Il est constitué de dépôts détritiques, (sables, argiles, graviers) à granulométrie variée souvent bariolés et rubéfiés. Le continental terminal présente ses fortes épaisseurs au Nord à l'aplomb du plateau de Tsévié et au Sud, il plonge en direction de la côte actuelle. Selon Slansky (1962) le continental terminal est très peu développé au niveau du bassin versant du Zio. Il est disséqué d'Ouest en Est par les vallées du Zio, du Lili et du Haho et ensuite du Nord au Sud par la dépression de la Lama. Cet émiettement donne ainsi un ensemble de petits plateaux. Il y a ceux du Nord : les plateaux de Fongbé de Kouvé et de Tsévié dans lequel se loge la terrasse qui constitue le site d'Assomé, et ceux du Sud : les plateaux de Noépé - Agoènyivé, Kpogamé et celui de Vogan - Attitogon.

1.1.2.5. Les Terrasses

Les terrasses sont des constructions alluviales ou des accumulations « en forme de gradins au dessus du nouveau lit par l'intermédiaire d'un talus plus ou moins raide » R. Coque (1977). Celles de la basse vallée du Zio forment selon Gnongbo (1989 et 1996), un système de paliers déposés le long des versants du cours d'eau (figure 2).

Source : Gnongbo, 1996

Figure 2: Coupe schématique des terrasses alluviales de la basse vallée du Zio.

Ces paliers se différencient les uns des autres par l'altitude, la nature du matériel piégé, le degré de ferrugination ainsi que l'induration. De ce fait, on distingue trois terrasses dans la basse vallée du Zio.

La première, qui est la plus ancienne, se situe au dessus des autres avec une couche de matériel grossier fortement indurée. C'est sur cette terrasse que se situe le terroir d'Assomé qui fait l'objet de cette étude.

La deuxième de ces terrasses occupe une position intermédiaire entre la plus ancienne et la plus récente et est dénommée la terrasse moyenne. La taille de son matériel est plus réduite que celle des galets de la haute terrasse.

La troisième terrasse est la plus récente et se différencie des autres par la finesse du matériel déposé et sa couleur grise qui tranche avec celle des anciennes terrasses plus ou moins rouge. De même, elle s'oppose de par sa texture aux alluvions grossières constituées de gravillons, de galets et de graviers que renferment les anciennes terrasses. Ce matériel n'est autre que des sables, des argiles et des limons. Sa surface relativement plane est parsemée de quelques zones exondées. Elle coïncide avec la vallée d'inondation actuelle du Zio et surplombe le lit du cours d'eau par des berges relevées.

La haute terrasse de la basse vallée du Zio a sa plus grande représentation sur la rive gauche. Elle y est présente en discontinuité sous forme de lambeaux qui s'accrochent aux plateaux du Continental Terminal. On retrouve ces discontinuités du Nord au Sud à Assomé et à Adétikopé (carte 2). Elles se trouvent à une position topographique de plus de 40 mètres (Gnongbo, 1989) et renferment des galets de quartz de grande taille (4 à 10 cm) qui sont soudés les uns aux autres par une matrice fortement indurée, essentiellement sablo-argileuse rouge. Un transects suivant le tracé AB (carte 2) a révélé le profil transversal de la figure 3.

Campagne de terrain, avril 2008.

Carte 2 : Disposition des terrasses de la Basse Vallée du Zio

Figure 3: Coupe transversale de la basse vallée du Zio suivant le tracé AB

Les galets sont des matériaux de transport alluvial qui proviendraient « sans l'ombre d'un doute d'une province du socle granito-gneissique immédiatement en amont et qui comporte certainement des filons de quartz ou tout au plus d'une région du haut bassin atakorien de formation quartzitique » (Gnongbo, 1996). Leur accumulation sur place s'explique par leur abandon par le Zio à la suite d'un changement hydrodynamique qui n'était plus favorable à leur transport.Ils sont ensuite recouverts par un important manteau colluvial de nature argilo-sableuse venant du continental terminal, et dont l'épaisseur varie de 1 à 3 m dans les carrières à Assomé. Le profil vertical du sol fait découvrir sa stratification (photo 1) qui diffère d'une carrière à l'autre (figures 4, 5 et 6).

Figure 3 : Coupe dans une carrière d'extraction de gravier sur le versant au Sud d'Assomé

Photo 0 : Vue du profil vertical du sol dans une carrière à Assomé

22

Source : Campagne de terrain, Avril 2008.

0

1

2

3

4

H0

H1

H2

H3

H5

H4

5

LEGENDE

H0 : horizon humique avec enracinement de couleur grise (30 cm)

H1 : horizon sablo-argileux rouge avec enracinement et débris végétaux (80 cm)

H2 : horizon argileux avec présence de granule et gravillon (40 cm)

H3 : horizon à galets et gravillons avec une matrice faiblement indurée de couleur rouge tachetée de rouille (120 cm)

H4 : horizon à galet piégé dans une matrice fortement endurée. Tâches rouille d'oxyde de fer et jaune de manganèse avec présence de blocs de poudingue (2m)

H5 : horizon argileux sous-jacent

Figure 5 : Coupe dans une carrière à Kpota au

Sud-Est d'Assomé

0

1

2

3

H1

H2

H3

LEGENDE

H1: horizon sablo-argileux à argileux de couleur rouge (150cm)

H2: horizon à galet et gravier fortement induré de couleur rouge (2cm)

H3 : horizon argileux sous-jacent

Figure 6 : Coupe dans une carrière à Kpota au Sud-Est d'Assomé

Figure 5  : Coupe dans une carrière d'extraction de gravier au milieu des habitations à Assomé

23

Source : Campagne de terrain, Avril 20080

1

2

3

4

H0

H1

H2

H3

H5

H4

5

La disposition des galets n'indiquant aucune orientation préférentielle (photo 2), on pourrait conclure alors que le dépôt a été fait en vrac. Ce qui est confirmé par la présence, sur certains galets, de traces de percussions issues des chocs lors de la chute (Gnongbo, 1989). Il s'y est donc constitué des couches ou horizons de matériaux grossiers où les galets et les graviers sont pris dans une patine ferrugineuse dont l'induration se renforce au fur et à mesure que l'on évolue en profondeur. On note aussi par endroit et à profondeur variant entre 1 et 2 m, un horizon ferrugineux avec une faible présence de graviers et de galets qui surmonte les couches de graviers. Ce qui suppose que la terrasse a probablement été dégradée et remaniée sur place ; en témoigne les gros blocs de poudingue exhumés dans les carrières de Kpota au Sud-Est du village (Photo 3).

Photo2 Photo3

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 1 : Vue partielle d'une couche de gravier fortement indurée.

Photo 2 : Bloc de poudingue exhumé dans une zone d'extraction.

A certains endroits de la vallée sèche notamment au Sud d'Assomé, se retrouvent des couches de graviers surmontées par des horizons de matériels détritiques constitués de sables fins de couleur blanchâtre. C'est en fait un manteau de sables blancs fortement lessivés comportant des strates subhorizontales de couleur brune roux. Elles indiquent un dépôt d'oxyde de fer effectué probablement lors des phénomènes de battement de la nappe sous jacente (Gnongbo, 1996). Le matériel extrait à ce niveau est dénommé " gravier blanc" à cause de sa teinte blanche.

1.2. Contexte géomorphologique

La géomorphologie de la zone d'étude est marquée par l'aspect étagé du relief qui révèle deux unités morphologiques à savoir : le plateau de Tsévié et la haute terrasse alluviale du Zio.

1.2.1. Le plateau de Tsévié

Il s'inscrit dans l'ensemble de la série Nord des plateaux de terre de barre du Continental Terminal. Son altitude varie entre 60 et 100 m et surplombe la plaine granito-gneissique au Nord par un talus de près de 20 m de dénivellation. Il est légèrement incliné vers le Sud-Est. Sa surface topographique est ondulée par endroits des dépressions sèches de l'ordre de 300 à 500 m de large avec des versants à pente douce (1 à 2 %). Ces dépressions constituent des accidents localisés dont les origines témoignent des affaissements et des tassements dans les formations argilo-sableuses du Continental Terminal.

1.2.2 La terrasse alluviale

La terrasse alluviale fait partie du système de terrasses étagées déposées en contrebas des versants de la basse vallée du Zio. Elle représente, à Assomé, la formation alluviale la plus ancienne et la plus haute. Elle se retrouve logée dans le versant sud-ouest du plateau de Tsévié, et surplombe la moyenne et la basse terrasse respectivement de 20 et 40 m. Elle est coupée en deux par une large dépression à pente forte et abrupte par endroit qui ceinture la localité d'Assomé. Le paysage donne ainsi l'impression que l'on se retrouve en face de deux mini plateaux: le plateau d'Assomé et le plateau de Kpota au Sud-Est du village d'Assomé (l'expression kpota signifiant le sommet, est le nom donné à l'entité situé de l'autre coté de la dépression). Il s'agit en effet d'une vallée allongée dont certaines parties marécageuses recueillent les eaux de ruissellement et les eaux de crue du Zio. Le sol à ce niveau est constitué d'argile de couleur grise - noire sur lequel se développent les activités agricoles.

La haute terrasse d'Assomé est directement raccordée à la basse terrasse sablo-limoneuse par un talus long et peu sensible à l'entrée du village d'Assomé en venant de Kovié et par un talus court légèrement abrupt à l'entrée d'Adétikopé.

1.2.3. Le bassin versant du Zio

C'est une plaine d'accumulation dont la surface topographique correspond au sommet d'un remblaiement de la basse vallée. Elle résulte des apports plio-quaternaires constitués d'alluvions de texture sablo-argileuse provenant probablement de l'altération dans la zone de socle cristallin (Akibodé, 2000).

En amont du contact socle / bassin sédimentaire, la haute vallée alluviale forme une bande étroite et allongée en « V » sur près de 90 km avec des pentes de l'ordre de 32%.

En aval, la basse vallée s'ouvre en forme d'entonnoir en direction de son embouchure. Elle se présente en forme d'un  « U » largement ouverte, mais très faiblement encaissée. Les dénivellations sont généralement de l'ordre de 1 à 2 mètres et la valeur des pentes est de faible à nulle (entre 0,2 et 0,7 %). Elle est parsemée d'un chapelet de cuvette de décantation qui sont envahies par les eaux pendant les périodes de crues. Cette configuration du bassin versant du Zio à savoir :

§ vallée étroite en « V » avec des pentes relativement élevée en amont ;

§ vallée en « U » largement ouverte et pentes faibles à nulles à l'aval expliquerait la

§ forme brutale et inattendue des inondations qui surviennent dans la basse vallée du Zio.

1.3. La pédologie

La pédologie dans le terroir d'Assomé se résume à trois types de sols liés à la morphologie caractéristique de la basse vallée du Zio (carte 3). En effet, les sols ferralitiques se rencontrent sur les plateaux de terre de barre et les hautes terrasses. Les versants sont quant eux dominés par les sols peu évolués d'apport et non hydromorphes alors que dans la basse plaine on retrouve les sols hydromorphes.

Gnongbo(1996) actualisée par Adjaho (2009)

Carte 3 : Pédo-morphologique de la Basse Vallée du Zio.

1.3.1. Les sols ferralitiques

Les traits dominants de la terre de barre sont, sans doute, ceux des sols ferralitiques (Klassou, 1996). Ce sont des sols profonds qui surplombent de deux à trois mètres une couche de graviers roulés en place (Figure 7). Ils sont caractérisés par la prédominance des actions d'oxydation du fer qui leur donne une couleur rouge. La texture est sablo-argileuse en surface alors qu'en profondeur elle est de nature argilo-sableuse. Ils possèdent une bonne fertilité et une aptitude hydraulique assez bonne. Selon une étude agro-pédologique menée sur la terre de barre, par l'Institut National des Sols (INS, 1987), ces sols sont perméables et bien adaptés à la culture de maïs, du haricot et du manioc.

0

1

2

3

4

H0

h1

h2

H1

H2

H3

LEGENDE

H0 : Horizon humique de couleur brun rouge à foncé avec enracinement abondant(15cm).

H1: Horizon sablo-argileux à argileux avec processus de rubéfaction et enracinement (210 cm)

h1 : Horizon sablo-argileu rouge brun(80cm).

h2 : Horizon argilo-sableux couleur rougeâtre avec enracinement modéré(120cm).

H: Horizon à gravier et galet piégés dan une matrice ferrugineuse indurée avec présence de poudingue (2 m).

H3 : Horizon argileux sous jacent.

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Figure 4 : Profil d'un sol ferralitique à Assomé

1.3.2. Les sols peu évolués d'apport non hydromorphes

On les retrouve sur les versants en direction de la basse vallée du Zio. C'est une série de sols argilo-sableux à sableux lessivés, formés par les colluvions fines (Sewonou, 2007).Ils forment un terme de passage entre les sols faiblement ferralitiques et les sols hydromorphes et sont des sables décalcifiés.

1.3.3. Les sols hydromorphes.

Ce sont des sols soumis à un engorgement temporaire ou permanent. Ils sont le plus souvent d'apports alluviaux et colluviaux qui se forment dans la plaine d'inondation du Zio et dans certaines zones déprimées où l'eau stagne pendant une période plus ou moins longue de l'année. Ce sont des sols de couleur gris-brune, avec une texture argilo-limoneuse à sableuse. Ils sont homogènes (Figure 8), argileux, pâteux, et virent quelques fois au noirâtre avec des traces d'oxyde de fer (rouille).

0

1

Figure 5 : Profil de sol hydromorphe aux abords du Zio

1.4. La végétation

Le paysage d'Assomé est dominé par une végétation qui reflète celle de la basse vallée du Zio dont il fait partie. Il s'agit de la savane arbustive avec un cortège floristique riche en espèces appartenant à plusieurs genres. Elle est composée d'une strate arborescente supérieure, d'une strate arborescente inférieure et d'une strate herbacée (figure 9).

W NE

Légende

Source : Gnongbo (1989)

Figure 6 : Toposéquence à l'entrée de la basse vallée du Zio entre Mission-Tové et Assomé

o La strate arborescente supérieure comporte des ligneux dont la taille est supérieure à 15 m. Ses espèces sont le Ceiba pentadra, l'Adansonia digitata, l'Antiariis africana, le Bambousa vulgaris, Barassus aethiopum, le Phenix reclinata, etc. Le taux de recouvrement de cette strate est très faible (10 à 15 %).

o La strate arborescente inférieure et arbustive a une hauteur de 3 à 10 m avec un taux de recouvrement de 35 à 40 %. Elle est constituée par les espèces de savanes guinéennes telles que le Vitellaria paradoxa, le Terminalia glauxesens et le Morenda lucida.

o La strate herbacée, de plus de 2 m de haut, est dominée par l'andropogon gayanus, le Pacicum maximus et l'Imperata cylindrica. Son taux de recouvrement dépasse les 50%. C'est une formation végétale très verdoyante pendant la saison des pluies. Elle se dessèche particulièrement au niveau de la strate graminéenne au cours de la saison sèche.

D'après cette description floristique, il apparaît de façon générale que c'est une végétation plus ou moins ouverte riche en espèces arborescentes à tapis graminéen important qui colonise toute la basse vallée du Zio. Cependant, il faut signaler qu'il existe à certains endroits tels que Kovié et surtout Assomé des traces de forêts reliques, considérées par les populations comme sacrées. Elles s'identifient par une strate supérieure de plus de 30 m de haut dont les espéces les plus fréquents sontl'Ecalophobia duipifera, le Cola gigantea, le Cola milleni, le Ceiba pentandra.

Ceux-ci sont probablement des forêts galerie qui s'étendaient le long de la rivière Zio dont la migration du lit à travers le paysage a été démontrée par Gnongbo (1989) en témoignent les dépôts de graviers de la forêt sacrée à Assomé.

1.5. Le climat

Assomé fait partie de la basse vallée du Zio, qui comme toutes les unités morphologiques de la Région Maritime (RM), évolue de nos jours sous un climat de type équato-guinéen à quatre saisons dont deux pluvieuses entrecoupées par deux sèches. Cependant, un fait notable demeure l'anomalie de ce climat marquée par sa très faible pluviométrie et l'irrégularité des précipitations au cours de l'année, par rapport aux régions méridionales du Ghana et du Bénin voisins.

1.5.1. Les saisons

1.5.1.1. Les saisons pluvieuses

Il en existe deux dont une grande et une petite. La grande saison pluvieuse s'étale de la mi-mars à la mi-juin avec des pics entre avril et juin. Alors que la petite saison pluvieuse couvre la période de la mi-septembre à la mi-octobre.

1.5.1.2. Les saisons sèches

La grande saison sèche survient habituellement de novembre à mars alors que la petite domine de juillet à la mi-septembre et s'accentue sur le mois d'août. Cependant ces deux saisons ne sont pas pour autant écologiquement sèche.

Du fait de manque de données à cause de l'absence de station météorologique à Assomé, et de l'inactivité des stations météorologiques installées dans certaines localités de la basse vallée du Zio (Tsévié, Alokoègbé), nous nous sommes rabattu sur la station de Lomé Aéroport qui est la plus proche. Les données seront ainsi extrapolées sur Assomé.

Malgré le manque de données complémentaires, celles obtenues sur une période de 30 ans, temps optimal retenu par l'OMM, nous ont permis de dresser des tableaux et de tracer ensuite des courbes et diagrammes qui peuvent nous renseigner sur le climat de la basse du Zio donc celui d'Assomé.

1.5.2. Les paramètres du climat

1.5.2.1. Les vents

C'est l'un des facteurs du mécanisme climatique du Togo en général et de la Région Maritime en particulier. La circulation atmosphérique se caractérise par l'existence d'un front instable sous l'action de deux masses d'air qui sont l'harmattan et la mousson.

La mousson ou l'alizé maritime provient de l'anticyclone de Sainte Hélène très actif en hiver austral. Il est constitué au départ d'une masse d'air chaud et sec de direction Sud-Estqui se charge d'humidité lors de la traversée de l'océan avant d'aborder le golfe de Guinée dans la direction Sud-Ouest, dévié par la force de Coriolis au niveau de l'Equateur.L'alizé continental chaud et sec chargé de poussière dérive pour sa part en hiver boréal de l'anticyclone du Sahara.

1.5.2.2. La température

La température est constamment élevée avec les moyennes annuelles toujours au dessus de 25°C. Les amplitudes thermiques annuelles sont faibles et généralement inférieures ou égales à 10°C. La moyenne mensuelle la plus faible est relevée en saison des pluies. Le balancement du FIT (Front Intertropical) au cours de l'année fait descendre l'harmattan, jusqu'à la côte, au mois de décembre et adoucit un peu le climat par la remontée de la mousson en Juillet et Août.

Les données de température recueillies sur la période allant de 1976 à 2003 soit un intervalle de 30 ans (temps optimum retenu par l'OMM pour déterminer le climat d'une zone) nous ont permis de déterminer l'évolution des moyennes mensuelles (figure 10) et celle des moyennes annuelles (figure 10).

Figure 7 : Evolution mensuelle des moyennes de température de 1976 à 2005.

La courbe d'évolution mensuelle des moyennes de température (figure 11) obtenue révèle que les périodes les plus chaudes de l'année sont les mois de mars et avril avec 29° C comme température moyenne alors que le mois le moins chaud est le mois d'août avec une température moyenne de 25.6 °C. Elle traduit également une faible variation thermique dont l'amplitude est de l'ordre de 3.4 °C.

Figure 8 : Evolution annuelle des moyennes de températures de 1976 à 2005.

La courbe de la température moyenne obtenue confirme également la faible variation thermique. L'année 2003 avec une température moyenne de 28.2°C est l'année la plus chaude alors que l'année 1976 dont la température moyenne est de 26.3°C est l'année la moins chaude. Ainsi l'amplitude thermique annuelle est de 1.9°C entre 1976 et 2005. Cependant l'allure croissante de la courbe traduit une augmentation continue des températures depuis 1976. Ce fait serait probablement dû au réchauffement climatique global.

1.5.2.3. La pluviométrie

La pluviométrie est le paramètre qui permet de mieux caractériser le climat en milieu tropical.

Le climat subéquatorial du littoral est soumis aux migrations au sol de l'équateur météorologique ou FIT. Ce qui lui confère un régime pluviométrique de type bimodal avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches. La moyenne pluviométrique de Lomé sur 30 ans (1976-2005) (tableau 2) est de 749,3 mm/an.

Tableau 2 : Moyennes mensuelles de précipitations de 1976 à 2005.

Mois

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Cumul

Lomé

9,1

18,4

54,9

98,2

145,7

163,8

63,1

20,1

69,4

82,7

17,9

6,0

749,3

Comme l'indique le tableau 2, le cumul des moyennes mensuelles de précipitations de Lomé entre 1976 et 2005 est 7749,3 mm donc très faible par rapport à la bande climatique à laquelle appartient le Bas-Togo. En effet, ailleurs comme Accra ou Cotonou situés à la même latitude que Lomé, on enregistre des cumuls de pluies largement supérieurs à 1500 mm voire 2000 mm (normale de 1976 à 2005). Ce déficit de pluies dénote l'existence d'une perturbation désignée sous le nom de « Anomalie climatique du Sud-Togo ». Celle-ci est caractérisée par l'arrivée sur les côtes togolaises du courant marin froid de Benguela qui crée un refroidissement de la surface marine et corrélativement celui des masses d'air poussées vers le continent. Ce phénomène qui rafraîchit les côtes et réduit les mouvements de convection des eaux est dénommé UPWELLING. En outre, la position de la côte togolaise est parallèle aux effets bénéfiques de la pluviosité de l'alizé maritime. A cet effet Badameli et Tchamié (1998) affirment que « la côte togolaise se présente comme une côte fuyante sous le vent ». Selon ces auteurs l'influence de la chaîne atakorienne, qui rompt les fronts de perturbation en provenance du Bénin, est indéniable dans la récession de la pluviométrie du Bas-Togo.

Les totaux annuels ne permettent pas d'apprécier la répartition des précipitations au cours de l'année d'où la nécessité de nous intéresser au régime pluviométrique. D'après Adjoussi (2000), le régime pluviométrique se définit comme la répartition de la hauteur des pluies annuelles entre diverses périodes, le plus souvent entre les divers mois de l'année. Il permet de suivre l'évolution de la pluviosité au cours des différentes périodes de l'année. Ainsi à partir du tableau 2, nous allons mieux apprécier le régime pluviométrique à travers la figure 12 ci-dessous.

Figure 9 : Evolution mensuelle des moyennes de précipitations de 1976 à 2005.

La courbe présente deux pics séparés par deux creux, caractéristique d'un régime bimodal. Le premier pic qui est le plus important apparaît au mois de juin et correspond à la grande saison de pluies qui va de mars à juillet parfois. Quand au second pic, il s'obtient en septembre et correspond à la petite saison pluvieuse. Les deux creux matérialisent les saisons sèches, l'une de novembre à février et l'autre en août.

Par ailleurs les moyennes annuelles de précipitations recueillies sur 30 ans (1976-2005) permettent de déterminer l'évolution annuelle de la pluviométrie sur cette période (figure 13).

Figure 10 : Evolution annuelle des moyennes de précipitations de 1976 à 2005.

La courbe se présente en dents de scie démontrant que les quantités de pluies diffèrent d'une année à l'autre et que d'une manière générale ces quantités de pluies croissent ou diminuent considérablement d'une année à l'autre. Cette oscillation s'explique par la variation des conditions climatiques et météorologiques d'une année à l'autre. Cependant ces variations ne sont pas constantes. Il y a assez de fluctuations selon que les années s'écoulent et des années humides succèdent aux années sèches.

1.5.2.4. Evaporation et Insolation

L'évaporation varie en fonction de la température et de l'insolation de la région. Ainsi, elle est très intense pendant la saison sèche et faible en saison de pluies. Parfois, elle peut être largement supérieure au cumul pluviométrique ; c'est le cas en 1990 à Lomé où l'on a enregistré 2040 mm d'évaporation contre 633 mm de pluie (PNAE, 1997). La figure 14 ci-dessous montre l'évolution des moyennes mensuelles d'insolation de la période 1981à 2000 soit une durée de 20 ans.

Figure 11 : Courbe d'évolution des moyennes mensuelles d'insolation de 1981 à 2000

On enregistre les minima au mois de juillet et août où le ciel est suffisamment couvert de nuages. Aux mois de forte insolation correspond une forte évaporation, un phénomène par lequel un volume important d'eau s'échappe du sol sous l'effet de la chaleur. La basse vallée du Zio est relativement recouverte de végétaux et constamment soumise à une forte insolation.

1.5.2.5. Humidité relative

L'humidité constamment élevée est autour de 80% et varie peu au cours de l'année (figure 15). Ce fort taux d'humidité s'explique par la proximité de l'océan atlantique.

Figure 12 : Evolution mensuelle des moyennes d'humidité de 1981 à 2000

Les minima ne sont jamais en dessous de 50% et les maxima avoisinent 100%. En ce qui concerne la moyenne annuelle, elle oscille autour de 70 et 80%. Les maxima sont atteints au cours de la période de mousson entre juin et août alors que les minima, de leur coté, sont enregistrés en période d'harmattan c'est à dire entre décembre et février.

1.6. L'hydrographie

Le Zio est le principal cours d'eau dans la région. C'est une rivière de type endoréique. Il prend sa source au Mont Tobadja, sur le versant oriental du plateau de Dayes dans la chaîne atacorienne à une altitude de 720 m au Nord du village de Kpèlè-Elé et se jette dans la Lagune Togo. Il parcourt un bassin versant d'environ 175 km de long et 3 à 8 km de large qui couvre une superficie de 2.900 km² en passant par la plaine granito-gneissique avant d'entrer dans le bassin sédimentaire côtier.

La vallée du Zio est très étroite en amont sur 90 km, car évoluant sur une surface schisteuse et quartzitique dont la pente est de l'ordre de 32% (Gnongbo, 1989). Elle s'élargie à l'aval dans le bassin sédimentaire côtier au fur et à mesure que l'on s'approche de l'embouchure avec des pentes très faible de 0,1 % (Aliti, 2006).

Le régime hydrologique du Zio est tributaire des variations pluviométriques saisonnières. En effet, le régime hydrographique est commandé par une succession de périodes de crues et de décrues. Les premières coïncident avec les saisons sèches (Novembre à Mars)  tandis que les secondes correspondent aux saisons de pluies (avril - Juillet et septembre - octobre) :

§ La période des basses eaux s'identifie à celle de la grande saison sèche de décembre à mars. Durant les basses eaux, l'écoulement dans le chenal ne se résume qu'à des filets d'eau qui s'organisent en chenaux.

§ Les hautes eaux durent environ 5 mois avec deux maxima. Le premier maximum a lieu vers la fin du mois de juillet et provoque la grande crue. Quant au second, il se situe entre septembre et octobre. Au mois de juillet, le débit et la hauteur des eaux augmentent sensiblement sous l'effet des importantes précipitations qui surviennent dans les plateaux où le Zio prend sa source. Lorsque ces eaux arrivent dans la basse vallée où le lit mineur est très faiblement encaissé, elles débordent et inondent toute la vallée en provoquant d'importants dégâts. Lors du second maximum (septembre-octobre) le débit et la hauteur des eaux sont moins importants que ceux de Juillet de même que l'ampleur des inondations.

En nous référant à Akibodé (2000) la propagation des inondations, dans la basse vallée du Zio dont les sols sont déjà gorgés par les précipitations locales (en Juin et juillet)3(*), est due à la morphologie du bassin versant de la rivière. D'une part, en amont la haute vallée est étroite, sa déclivité accusée est doublée de l'imperméabilité du substrat; des facteurs qui selon Klassou (1996) assurent l'évacuation rapide des eaux. De l'autre, la morphologie assez plane de la basse vallée permet l'étalement des eaux comme dans un bassin de réception.

Dans le haut bassin où l'on enregistre des précipitations de l'ordre de 1400 à 1700 mm d'eau par an, les abondantes précipitations de la période d'hivernage alimentent le Zio dont le débit augmente sensiblement (30 m 3 /s en période de crue). A la faveur des conditions décrites plus haut, ces eaux arrivent de manière brutale et inattendue dans la basse vallée où elles débordent du lit pour submerger les champs et les villages riverains. Si l'avènement des crues est la manifestation naturelle du fonctionnement hydrologique du Zio, de nos jours, elles prennent des proportions particulièrement inquiétantes, à l'instar de celles qui ont causé des inondations en 2008.

En effet, les pluies diluviennes survenues dans les plateaux de Dayes dans la nuit du 29 au 30 Juillet 2008, ont provoqué la crue de la rivière Zio. Par ricochet, l'arrivée des eaux dans la basse vallée a causé de graves inondations. La localité de Togblékopé de même que les banlieues nord et est de Lomé et plusieurs villages situés dans la basse vallée ont été submergés par les eaux. Les populations ont été surprises par l'impétuosité des eaux. Plus de 10.000 personnes ont été affectées par ces inondations et six personnes en sont mortes. Les routes et les chemins de fer sont inutilisables. Plusieurs ponts dont ceux de Togblékopé et d'Amakpapé sur la Nationale N° 1 ont été endommagés.

Chapitre 2 : LE PAYSAGE HUMAIN

La viabilité d'un espace géographique se définit par rapport à la présence ancienne ou récente des sociétés humaines. Ces dernières exploitent l'espace en fonction de leurs technologies et en tirent les ressources nécessaires à leur survie. Elles impriment ainsi leurs marques aux territoires et deviennent alors facteurs incontournables dans les études afférant à ces territoires. Aussi, l'étude de la population d'Assomé aidera à mieux comprendre l'état du profil actuel du paysage du terroir. Les éléments d'intérêts porteront en conséquence sur l'histoire du terroir, les données démographiques, les caractéristiques générales de l'habitât et les infrastructures sociales.

2.1. Historique du terroir d'Assomé

Selon la tradition orale, Assomé aurait pour nom originel "Assamé" qui veut dire en Ewé « à l'écart ». Ce terme exprime selon la tradition, la raison qui aurait poussé Togbui GBAGIDJI, le fondateur du village, à s'y installer. En effet, Togbui GBAGIDJI craignant pour sa vie à cause des querelles fratricides au sein de son clan, aurait quitté Mission-Tové leur village d'accueil après leur fuite de Notsé. C'est ainsi qu'il s'installa dans une forêt dans les environs de l'actuel village. Il conclut un pacte avec les dieux de la forêt qui lui assuraient la paix, la protection et l'abondance des récoltes. En contrepartie, il devait garantir la sauvegarde de la forêt. Il surnomma la forêt "Tronvé" qui veut dire la forêt des dieux ou forêt sacrée autour de laquelle il avait ses champs. Plus tard, il fonda un hameau du nom de Apétépé ou "la fondation de la maison" qui est le site originel du village actuel. Il fut rejoint par d'autres familles qui étaient pour la plupart à la recherche de refuge. Ils fondaient ainsi une communauté hiérarchisée avec à la tête le chef du village, les notables et les prêtres. Ces pionniers vont au fil des années conquérir les terres et exploiter les ressources autour de leur village. Ce faisant, ils ont créé leur terroir dont le paysage va évoluer jusqu'à son aspect actuel.

2.2. Les données démographiques

Les données démographiques concernent essentiellement les mouvements naturels de la population (naissance, mortalité) qui donnent l'effectif et le rythme de croissance de la population, sa structure d'une part et les mouvements migratoires de l'autre.

2.2.1. Les mouvements naturels

Selon les estimations de la D.G.S.N.C, l'effectif de la population du village d'Assomé est passé de 2515 habitants en 1997 à 3555 habitants en 2007 soit une croissance de 1,3 % par an sur cette période. C'est donc une population à croissance moyenne. Cependant, le taux natalité est quelque peu élevé comme le démontre la base large de la pyramide des âges (figure 16). Alors que les décès d'enfants de moins d'un an sont très rares. Ceci grâce à l'existence de meilleures conditions sanitaires. A la maternité et surtout au dispensaire Saint Etienne, le suivi des mères et de leurs enfants après l'accouchement est garanti. Par conséquent, le pourcentage des enfants de moins de 5 ans s'élève à 13 % au sein de la population.

Il faut signaler que la nuptialité, comme partout ailleurs en milieu rural africain, est très précoce. L'entrée en mariage se fait le plus souvent à 18 - 20 ans pour les filles contre 20 - 22 ans pour les garçons.

Graphe réalisé à partir des données de la D.G.S.N.C (2007).

Figure 13 : Pyramide des âges de la population d'Assomé.

2.2.2. La structure par âge et par sexe

Elle est matérialisée par la pyramide des âges qui reflète l'extrême jeunesse de la population. Les moins de 20 ans représentent plus de 55,78 % et les adultes de 20 à 59 ans près de 36,3 % tandis que la classe des vieillards de plus de 60 ans ne fait que 7,92 %.Ces chiffres traduisentle poids important des jeunes de moins de 20 ans qui représentent plus de la moitié de la population. Par ailleurs l'espérance de vie est faible et se justifie par le faible pourcentage des vieux. Le sexe ratio est penché légèrement en faveur des hommes. On dénombre en général 101 hommes pour 100 femmes.

2.2.3. Les mouvements migratoires

Le village d'Assomé connaît un bilan migratoire très négatif. On note beaucoup de départs surtout au sein de la population jeune (15-25ans) alors que les arrivées sont très faibles. Les départs sont motivés par plusieurs raisons dont deux sont fondamentales :

· Par manque d'établissements scolaires du troisième degré dans le village, les élèves, après le BEPC partent vers Lomé ou Tsévié pour poursuivre leurs études.

· Par contre, les déscolarisés et les illettrés immigrent vers les villes surtout Lomé afin d'apprendre un métier et finissent par s'y installer définitivement. Leur départ est motivé soit par le caractère répulsif de l'agriculture dont les rendements ne sont plus ceux escomptés, soit par la désillusion de la richesse qu'ils pensent acquérir dans les carrières de graviers. Dans ce lot, on peut spécifier le cas des jeunes qui servent en ville comme domestiques avant de s'adonner au petit commerce.

Les arrivées ne concernent le plus souvent que des personnes âgées généralement les retraités qui rentrent au village pour passer le reste de leur vie.

2.3. Les caractéristiques générales de l'habitat

L'habitat rural est le mode de répartition et de résidence des habitants d'une campagne ou d'un village. Les caractères généraux souvent liés à ce mode de répartition concernent le regroupement, la dispersion et la forme du village sans oublier la typologie des habitations

2.3.1. Les formes de l'habitat

Le paysage habitationnel du village d'Assomé est caractérisé par trois types de maisons que sont : la maison traditionnelle, la maison semi-traditionnelle et la maison moderne

2.3.1.1. La maison traditionnelle

Elle se présente sous la forme rectangulaire. L'argile constitue l'élément essentiel utilisé pour la construction des murs et le revêtement du sol. L'élévation des murs se fait de façon graduelle par la construction à chaque étape d'une strate d'environ 75 cm de haut avec de l'argile pétrie. Les strates sous jacentes devant être bien séchées avant la pose d'une nouvelle et il faut 4 à 5 strates pour achever les murs d'une maison. La charpente du toit est constituée d'une armature de petites nervures de bambou et de nervures de palmier consolidée par des cordes végétales (lianes). Le toit est coiffé de chaume.

De la construction du mur jusqu' à la toiture, le travail se fait de façon communautaire ; celui qui construit la maison devant prendre la précaution d'informer les membres du clan et les amis quelques jours à l'avance.

De nos jours ce type d'habitat connaît une certaine évolution qui s'illustre par les murs qui sont construits en parpaing d'argile séché au soleil et recouverts de tôles.

2.3.1.2. La maison semi moderne

C'est le type d'habitation le plus répandu dans la région. Il s'agit des maisons construites en parpaings de ciment sans crépissage et recouvertes de tôles ondulées avec souvent des terrasses. Au sein de cette catégorie de maisons, on distingue les maisons à deux chambres plus un salon et des « soldier line » qui sont des maisons à une pièce s'alignant sous un toit unique.

Dans la majorité, ces maisons disposent à l'écart d'équipements sanitaires composés d'une toilette traditionnelle et de douches sans puisard (fosse septique). Ainsi les eaux usées sont rejetées dans la rue ou dans les champs.

L'expansion de ce type d'habitation dans le milieu s'explique par l'investissement des gains tirés principalement de l'activité d'extraction de gravier et la production du riz dans l'amélioration de la structure des logements. En effet, l'activité d'extraction traditionnelle de gravier fut pendant les trois dernières décennies, la première activité économique de la localité. Même les agriculteurs en ont fait une activité secondaire. Elle a généré des bénéfices tant pour les propriétaires terriens, pour les exploitants que pour les ouvriers et contribua donc à l'augmentation des revenus de la population.

Ainsi, selon une personne ressource du village, dans les années 1970 et 1980 où le prix de la tonne de ciment était à 18  000 F contre 77 000 F aujourd'hui et le paquet de tôles à 15 000 F CFA, il s'est produit une mutation de l'habitat dans le village. Les anciennes cases en banco ont été détruites et remplacées par des maisons en parpaing de ciment et recouvertes de tôles. De nos jours, ce type d'habitat est devenu la mode que la population a complètement assimilée, en témoignent les nombreuses maisons de ce type en chantier dans le village.

2.3.1.3. La maison moderne

L'habitation de type moderne est rare dans la localité. Il se révèle que la plus moderne des maisons du village appartient à un producteur de riz. Il s'agit d'une petite villa badigeonnée dont l'une des pièces ouverte sur l'axe principal est le local de l'ONG IDH. Ce qui traduit l'importance du revenu des producteurs de riz par rapport à ceux des autres secteurs d'activités.

2.4. Les infrastructures sociales

La présence des équipements sociaux dans une région constitue une marque de bien être et de développement. Il s'agit, à Assomé, d'équipements sanitaires, éducatifs, d'adduction d'eau potable et des infrastructures routières.

2.4.1. Des structures sanitaires appréciables

Assomé dispose d'une maternité étatique (Photo 4) et du dispensaire Saint Etienne (Photo 5) construit par FONDACIO, une ONG belge. Le personnel au niveau de la maternité ne se limite qu'à une accoucheuse alors que le personnel du dispensaire se compose d'un médecin, d'une assistante, d'une infirmière et d'une accoucheuse. Malgré la présence de ces deux structures, les dépenses en matière de santé sont très faibles. Bon nombre de gens évoquent la pauvreté comme frein à leur fréquentation du dispensaire. Les moyens très limités ne permettent qu'une automédication par les médicaments de rue ou la phytothérapie. La seule note positive réside dans la quasi totalité des accouchements qui se font soit à la maternité soit au dispensaire.

45

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 3 : Maternité d'Assomé.

Photo 4 : Dispensaire St Etienne d'Assomé

2.4.2. Un manque cruel d'infrastructures scolaires

Les enseignements primaire et secondaire sont implantés à Assomé. L'enseignement primaire est marqué par la présence de trois écoles dont une publique et deux confessionnelles à savoir protestante et catholique. Le matériel didactique est insuffisant. Le manque d'enseignants qualifiés est pallié par des enseignants formés sur le tas qui ont un niveau d'études très bas. Le matériel mobilier et immobilier fait cruellement défaut. Au Collège d'Enseignement Général (CEG) du village créé en novembre 1998, les cours se donnent encore sous des paillotes (Photo 6).

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 5 : Une « salle de classe » au CEG d'Assomé

Le problème de déperdition scolaire y est très récurrent. Sur 75 élèves inscrits en classe de sixième, au cours de l'année académique 2006-2007, il n'en restait que 56 à la fin de l'année. Le fait s'explique d'une part par la pauvreté des parents qui n'arrivent plus à assumer la scolarité de leurs enfants et de l'autre par le goût prématuré de l'argent des jeunes du village. Ils préfèrent aller travailler dans les carrières de gravier que de passer la journée entre les quatre murs d'une classe.

2.4.3. Un système d'adduction d'eau moderne

Le fait le plus marquant pour un étranger, dans presque tous les villages de la basse vallée du Zio reste les citernes d'eau dont toutes les maisons sont équipées. Ces citernes servent à recueillir l'eau de pluie par l'intermédiaire des gouttières des maisons recouvertes de tôles. Le manque cruel d'eau demeure la grande difficulté à laquelle sont confrontésces villages. La situation devient encore plus délicate pendant la saison sèche où les points d'eau et les sourcins où les populations s'approvisionnent en eau tarissent complètement. Or, le creusement de puits est très difficile à cause de la présence dans le sol d'épaisses couches de cuirasse comme à Kovié et de gravier comme à Assomé. Il faut donc se lever très tôt et marcher durant des heures pour puiser une eau dont la qualité est aussi douteuse.Pour résoudre ce problème de manque d'eau, chaque toiture en tôle est équipée de gouttières reliées à des citernes de béton (Photo 7) dont la contenance varie de 20 à 50 m3 et dépend des moyens financiers du propriétaire.

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 6 : Un réservoir d'eau.

Même si la qualité de cette eau est impropre à l'alimentation, elle permet de subvenir aux besoins en eau durant une bonne partie de la saison sèche. Cette eau insalubre utilisée par la population est à l'origine de nombreuses maladies, surtout diarrhéiques très fréquentes dans la région.

Heureusement, à Assomé, ces maladies se font de plus en plus rares pour la simple raison que le village dispose depuis l'année 2001, d'un système moderne d'adduction d'eau potable(photos 8 et 9).Ce dispositif composé de deux stations de pompage et d'un château d'eau auquel sont reliées une quinzaine de bornes fontaines à travers tout le village, est le fruit de la coopération entre le Japon et le Togo.

89

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 7 : Une station de pompage

Photo 8 : Le château d'eau d'Assomé

2.4.4. Des infrastructures routières en rénovation

Les voies d'accès au village d'Assomé demeurent les pistes Davié-Kovié et Assomé-Adétikopé. Cette dernière a été tracée par le passage régulier des camions transportant du gravier " tout venant" en direction du poste de lavage de Togblékopé. La piste Davié-Kovié, de praticabilité saisonnière, elle était avant le démarrage des travaux de réhabilitation, fortement dégradée par les nombreux ravins et nids de poule qui la parsèment. De plus, l'un des ponts d'accès, par Kovié, situé sur la rivière Agbaflé a été détruit en 2005 par les inondations et est en cours de reconstruction.

Assomé ressemblait donc à un terroir enclavé au sein de la Région Maritime alors qu'il se trouve a moins d'une heure de route de Lomé. Le village n'était accessible que par les véhicules 4 4 et les engins à deux roues (motos et vélos) par excellence. Aujourd'hui avec les travaux de réhabilitation, l'accès au terroir s'est nettement amélioré.

Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE

Dans ce chapitre, seront identifiés les facteurs de l'évolution du paysage à Assomé, avec au centre l'homme comme « facteur écologique » majeur.

L'homme dans un milieu comme facteur de stabilité, de progrès, de frein ou de dégradation ou de l'écosystème doit manifester son rôle sociale. La localité d'Assomé n'y échappe pas car son milieu façonne l'identité de la communauté humaine qui y habite. En effet, l'emprise humaine sur le milieu conjugue avec les facteurs naturels pour déterminer l'évolution du paysage du terroir marquée par une profonde dégradation du couvert végétal et du sol.

3.1. Les facteurs naturels

Parmi les facteurs naturels qui conditionnent l'évolution du paysage du terroir d'Assomé nous distinguons essentiellementle climat, la topographie et la nature des formations superficielles.

3.1.1. Le climat

Plusieurs études ont déjà montré que les facteurs climatiques généraux déterminent bien souvent l'importance et les modalités de l'évolution actuelle des milieux naturels.

3.1.1.1. L'influence des oscillations paléoclimatiques

La présence des terrasses alluviales étagées autour de la basse vallée du Zio, dans une disposition où les plus anciennes renfermant des éléments du type grossier (galets, graviers) sont les plus hautes ; et les plus récentes constituées d'éléments fins (sables, argiles, limons) occupant les basses topographies ; sous tend le fait que cette région n'a pas échappé aux influences des climats passés. En effet, leur élaboration est le résultat de séquences caractérisées par une alternance de climat humide et de climat sec. A en croire Gnongbo (1996), les modifications climatiques du quaternaire ont à plusieurs reprises remodelé et façonné à leur guise les modelés dans les régions méridionales du Togo. Il apporte donc la preuve que la morphologie et les formations superficielles actuelles de la basse vallée du Zio en général et d'Assomé en particulier sont des héritages des fluctuations climatiques du Quaternaire.

De même que le sol, la nature du couvert végétal a également subit de profondes modifications au cours du Quaternaire. La végétation forestière s'est repliée en faveur des savanes actuelles qui dominent les bas-plateaux détritiques côtiers. Pour Gayibor (1986) et Gnongbo (1996), c'est la phase sèche ogolienne qui serait à l'origine du recul de la couverture forestière progressivement remplacée par les savanes, principalement dans les régions méridionales du Togo. De ce fait, les forêts mésophiles actuelles à l'instar de la forêt sacrée d'Assomé apparaissent comme le reliquat suffisamment dégradé d'une forêt ombrophile climacique attestée par l'existence de l'Antiaris africana, le Khaya senegalensis et le Ceïba pentendra.Ainsi les oscillations paléoclimatiques ont laissé des héritages morphologiques, pédologiques et phytogéographiques qui déterminent l'évolution actuelle du paysage dans la basse vallée du Zio en général et à Assomé en particulier.

3.1.1.2. L'agressivité du climat actuel

L'agressivité du climat d'un milieu donné est appréhendée à partir des paramètres tels que l'intensité, la durée, la fréquence, la hauteur et le nombre de jours de pluie. C'est un élément très important d'évaluation de la dégradation surtout par l'érosion.

Les pluies, tant de la grande que de la petite saison pluvieuse, tombent sous formes d'averses violentes accompagnées de vents forts. A Assomé, du fait de la dénudation des sols, elles trouvent là des conditions favorables au déclenchement des processus morphogénétiques. L'impact des gouttes d'eau s'exacerbent et développent des actions violentes sur ces sols nus. Très vite les filets d'eau se concentrent et le débit de l'écoulement augmente. Plus l'intensité de la pluie est grande, plus l'effet de battanceaugmente de même que le pouvoir érosif. Le phénomène se déroule comme le montre le processus ci-dessous:

Battage du sol

Désagrégation du sol

Libération des particules

Obturation de la porosité de surface

Réduction de la capacité d'infiltration

Augmentation de l'érosion

Figure 14 : Processus d'agressivité des pluies sur le sol

Selon Ayivi (2007), le même phénomène s'observe aussi avec les pluies de faibles intensités mais persistantes de la période sèche qui acquièrent également un pouvoir érosif en remodelant les surfaces couvertes d'une végétation clairsemée et discontinue. Il rejoint ainsi la position de Roose (1973-1975) qui affirme que « En Afrique tropicale, ce n'est pas l'averse exceptionnelle mais la somme de dix à vingt fortes pluies qui détermine le niveau de l'érosion ».

En nous référant aux travaux sur les phénomènes morphogéniques de la basse vallée du Zio menés par Sewonou en 2007, les phénomènes d'érosion s'observent surtout en début de saisons de pluies et au cours des mois pluvieux (juin, octobre). Ainsi, il existe deux périodes d'érosion dans la région. Au cours de ces périodes, les pertes de terres sont considérables du fait des opérations culturales (sarclage, labour). La terre est remuée et la fréquence des pluies accélère le transport des particules issues de cette dégradation mécanique.

Le tableau 3 ci-dessous nous donne un aperçu de l'évolution de l'indice d'agressivité sur dix ans entre 1996 et 2005, selon la formule de Fournier :

K = p² / P

K = indice de Fournier P = moyenne annuelle de précipitations

p = précipitation moyenne du mois le plus humide

Tableau 3 : Indices d'agressivité des pluies de 1996 à 2005 à Assomé

Années

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Indices K

40,3

83,7

28,7

31,4

21,1

58,6

107,6

47,2

52,9

35,4

Par rapport aux fluctuations annuelles des quantités de pluie on voit bien que l'indice d'agressivité aussi fluctue énormément. Son maximum sur la période 1996 à 2005 se situe en 2002 avec une valeur de 107,6 alors que deux ans plus tôt en 2000 il n'était que de 21,1.

La moyenne générale donne une valeur de 50,69, ce qui est relativement important. Cette valeur est supérieure à celle de la période 1970-2000 qui s'élevait à 44,37 (Aliti, 2006). Ce qui dénote d'une intensification de l'érosion hydrique des sols au fil des années.

Tout compte fait le climat joue un rôle déterminant dans l'évolution des composantes physiques (sol et végétation) des paysages. Cependant l'équilibre climat / végétation et sols qui devrait prévaloir est fortement perturbé par la pression humaine sans cesse croissante dans le milieu. Si c'est une conviction que les changements climatiques du quaternaire sont responsables de la savanisation généralisée sur l'ensemble du pays, il n'y a pas non plus de doute que les actions anthropiques accélèrent de nos jours de façon exponentielle cette dégradation, surtout à Assomé.

3.1.2. La topographie

La déclivité apparaît comme la caractéristique majeure du terroir d'Assomé. En effet, perché sur la haute terrasse de la rivière Zio et logé dans le versant sud-ouest du plateau de Tsévié, près de 80% du terroir se retrouve sur la surface de raccordement reliant dans le secteur la haute terrasse à la basse. Les pentes sont estimées à environ 9 % (Aliti, 2006) avec près de 500 à 800 m de longueur. Or, la pente est un facteur important de l'érosion et les pentes faibles 1 à 2 % se prêtent d'ores et déjà aux effets morphogéniques des ruissellements discontinu et diffus: plus la pente est longue, plus le ruissellement s'accumule prend de l'ampleur et de la vitesse, se traduisant ainsi par une érosion massive. En témoignent les nombreuses entailles d'érosion sur les voies de communication (pistes et ruelles) dans les champs et au niveau des carrières de gravier.

3.1.3. La nature des formations superficielles

La nature ou le type de sol est aussi un facteur important de l'évolution des processus morphogéniques.

Les précipitations abondantes des périodes pluvieuses assurent l'altération des formations superficielles à dominance argileuse. Or, la formation superficielle qui matelasse les dépôts de graviers de la haute terrasse à Assomé est de nature ferralitiques. C'est un sol profond assez homogène pouvant atteindre jusqu'à 3 mètres d'épaisseur. Il a une teneur en argile très élevée, un caractère boueux et une couleur rougeâtre typique de la terre de barre. Sa structure meuble et perméable traduit une texture sablo-argileuse en surface et argilo-sableuseen profondeur. Tout ceci indiquerait selon Aliti (2006) que ce sol est issu de l'érosion d'un matériel ferralitique formé sur le socle.

Pour mieux apprécier la vulnérabilité de ce sol à l'érosion, nous avons déterminé son indice d'érodibilité. Pour ce faire, nous nous sommes servis de l'indice de drainage de Aubert et Hénin dont la formule est le suivant :

D = drainage théorique

p = précipitation moyenne annuelle en mm,

C= Constante

T= température moyenne annuelle en °C

a = constante qui varie suivant la texture du sol, et est de :

a = 0,5 pour les sols argileux

a = 2 pour les sols sableux

Ainsi :

T = 25 °C température moyenne annuelle à Assomé, on a :

C = 0,137 pour les sols argileux C = 0,550 pour les sols sableuxet

P = 758 mm précipitation moyenne annuelle à Assomé, on a :

D = 0,055 pour les sols argileux

D = 0, 182 pour les sols sableux

Etant donné que le sol ferralitique est de structure sablo-argileuse nous avons essayé de déterminer la moyenne générale qui donne : D = 0,118

De ces résultats, il ressort que les possibilités de drainage sont très réduites à Assomé, ce qui explique son rapide engorgement lors des précipitations, favorisant ainsi le ruissellement avec élévation du risque d'érosion. Somme toute, les formations superficielles sont déjà très sensibles et la dégradation du couvert végétal ne fait qu'empirer cette situation.

3.1.4. Les fréquentes inondations du Zio

Les inondations, l'une des plus fréquentes catastrophes naturelles, qui se produisent périodiquement à toutes les échelles, montrent de plus en plus à quel point l'homme et la nature sont très vulnérables. Ces inondations qui surviennent surtout en périodes de fortes crues n'épargnent pas la basse vallée du Zio.

Assomé, fait partie des rares villages qui ont été toujours relativement épargnés par la montée des eaux, du fait de leur localisation sur la haute terrasse que le niveau des eaux n'arrive pas à submerger. Néanmoins, si ces villages ont souvent été à l'abri des pertes de vie humaine et des dégâts sur l'immobilier, il faut reconnaître que les dommages sur le plan économique sont généralement considérables. A Assomé, plusieurs hectares de champs de vivriers et de casiers rizicoles de la grande campagne agricole sont souvent détruits par les inondations surtout lorsqu'elles sont précoces. De même, les infrastructures routières sont sérieusement endommagées (photo10). On assiste à l'aggravation de la précarité économique obligeant une bonne partie de ces paysans à se tourner vers l'exploitation du bois et l'extraction de gravier pour leur survie. Ce faisant, ils viennent gonfler les effectifs exerçant déjà ces activités. Corrélativement la dégradation du paysage s'accentue davantage.

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 9 : Pont détruit par les inondations de 2005, sur la rivière Agbaflè

(Route : Assomé- Kovié)

3.2.Les facteurs humains

Face à la croissance démographique et l'augmentation des besoins alimentaires et économiques, les populations d'Assomé sont devenues des acteurs très importants dans la détérioration de leur milieu de vie. C'est donc à travers la mise en valeur agricole par des pratiques peu conservatrices de la nature, l'exploitation forestière pour des besoins énergétiques et économiques et surtout l'extraction de gravier que les populations contribuent à la dégradation du paysage du terroir.

3.2.1. La mise en valeur agricole

Elle est caractérisée par la saturation des espaces cultivables. De ce fait, depuis plusieurs années, les terres sont intensément mises en valeur avec la réduction ou la suppression de la jachère. Les moyens et les méthodes de mise en valeur demeurent encore très traditionnelles (labour à plat, nombreux sarclages avant la maturité des plantes) et contribuent énormément à la dégradation physique des sols augmentant ainsi leur sensibilité au ruissellement et à l'érosion. De même, la végétation spontanée a été remplacée par des plantes cultivées, généralement moins couvrantes et peu aptes à protéger efficacement le sol contre la dégradation. Par ailleurs, dans les champs abandonnés ou privés de couverture végétale pendant la saison sèche, les sols déjà très fragiles s'exposent aux intempéries climatiques (pluies, insolation) qui entraînent rapidement une dégradation de leurs caractéristiques hydrodynamiques.

3.2.2. L'exploitation du bois

De façon traditionnelle, le bois a toujours été considéré comme une ressource permettant d'assurer les besoins domestiques quotidiens en bois de chauffe et en bois d'oeuvre (Houédakor, 1997). A Assomé comme dans tout le monde rural africain, le bois est la seule source énergétique des populations. Par conséquent c'est une quantité considérable de bois qui est brûlée chaque jour pour la cuisson des repas. On y fabrique aussi du charbon de bois qui nécessite la coupe d'un volume important de bois. C'est donc évident que les formations de savane soient de plus en plus ouvertes. Quant aux essences forestières, elles ont complètement disparu sous le coup des tronçonneuses pour satisfaire les besoins en bois d'oeuvre.

3.2.3. Les feux de brousse

Les feux de brousse sont des incendies volontaires dans le cadre de la chasse en saison sèche ou encore et surtout pour préparer le sol à la culture sur brûlis. Ces feux enrichissent et ameublissent les sols en les rendant plus faciles à travailler. En réalité, les végétaux brûlés libèrent des bases qui augmentent le potentiel hydrogène (pH) des sols et provoquent la prolifération des bactéries nitrifiantes. Ainsi la minéralisation de l'humus apporte aux plantes une quantité importante d'éléments minéraux assimilables. Cependant la minéralisation de l'humus est très rapide et ne met à la disposition des plantes qu'une fertilité passagère.

Par ailleurs, les zones à brûler n'étant pas circonscrites par des pare-feux, l'impact des feux déborde alors sur de vastes superficies en consumant tout sur son passage. Les sols ainsi mis à nu par le passage du feu sont directement atteints par les rayons solaires, il s'en suit une évaporation très élevée qui annule très vite l'apport initial en nutriments. Ce faisant, la reconstitution du couvert végétal devient difficile voire impossible, car une bonne partie de l'humus a disparu. De même le sol sans couverture végétale est alors vulnérable à toutes les formes d'attaques hydriques.

3.2.4. L'extraction de gravier

L'activité d'extraction de gravier constitue la première cause de dégradation de la végétation et du sol dans la région. En effet, cette activité, même si elle est traditionnelle et artisanale a entraîné de profonds bouleversements dans les zones qu'elle affecte. Les savanes arborées qui colonisaient ces zones ont cédé la place à un paysage presque désertique et méconnaissable où se rencontre un nouveau type de relief. Il s'agit d'une succession de monticules et de profondes excavations d'où sont extraits les graviers. Le creusement de ces excavations a fait apparaître des escarpements abrupts dans les zones jadis relativement planes, tandis que les pentes sont encore plus accusées dans les secteurs où ils existent déjà. Ces bouleversements s'accompagnent inévitablement d'une accentuation des processus morphogéniques tels que l'érosion, les risques d'éboulement et de glissement de terrain. Sur le plan pédologique, on note la perte de la stratification et de la succession des couches du sol. Il ne subsiste alors que des « pseudo sols » hétérogènes et complètement dépourvus des éléments organiques et minéraux. Les bouleversements de la texture et de la structure du sol ont été si profonds à tel point que 10 ans après l'abandon de certainescarrières, la régénération des sols est à peine entamée.

En somme l'extraction de gravier est devenu aujourd'hui un mal nécessaire à Assomé d'autant qu'elle participe à l'économie du village mais aussi conduit le terroir à un état de délabrement total aux conséquences dramatiques pour la population.

En somme, tous ces éléments physiques et humains aux modalités variées que nous venons d'étudier s'imbriquent donc dans un système dynamique pour expliquer l'aspect actuel du paysage du terroir d'Assomé. Aussi, l'économie est-elle fortement dépendante des potentialités naturelles à cause de son caractère primaire dans notre zone d'étude. L'agriculture et l'extraction des galets qui constituent la base de cette économie impriment au paysage une dynamique cruellement négative qui transforme les potentialités en de véritables contraintes à l'épanouissement de cette économie. En effet, l'observation démontre une dégradation massive voire irréversible de l'ensemble des composantes biophysiques de cet espace géographique.

Chapitre 4 : CARACTERISATION DU PAYSAGE

Le profil de référence du terroir d'Assomé révèle un cadre naturel fortement dégradé. L'analyse de ce cadre naturel portera sur divers facteurs entre autre le recul de la végétation, la dégradation des sols qui intéressent divers éléments caractéristiques.

4.1. Le recul de la végétation

Le couvert végétal de notre zone d'étude connaît depuis plusieurs décennies, une dynamique régressive caractérisée par la disparition progressive des forêts reliques et la réduction sensible des aires recouvertes par la savane.

L'analyse des cartes de végétation des années 1969, 1977, et 1996 (carte 4 A,B,C) réalisées par Etsè (1997) dans la zone du contact socle / bassin sédimentaire côtier (terroir d'Assomé y compris), de même que celle de la carte actualisée en 2008 (carte 4 D), fait apparaître une dégradation sensible des différents faciès de végétation dans la région. La demande plus accrue de terres devant servir à la production agricole pour nourrir une population de plus en plus importante et les coupes abusives de bois d'une part, l'extraction des graviers et sables de l'autre, expliquent largement cette destruction du couvert végétal dans la région.

De 1969 à 1977, on remarque que la savane arbustive s'est étendue au détriment des galeries et reliques forestières. Il s'agissait d'un appauvrissement floristique de la végétation. Les hauts arbres des forêts et les phanérophytes qui constituaient l'essentiel de la savane arborée ont en effet été abattus à des fins diverses au profit des formations arbustives etgraminéennes. Au niveau du terroir d'Assomé, les aires occupées par les formations forestières étaient passées de 820 ha en 1969 à 399 ha en 1977 soit une perte de 421 ha(51, 34 %). Ce qui correspondait à un rythme de destruction annuelle moyenne de 6, 41 % soit 52,62 ha sur cette période de huit ans.

A : Carte de végétation en 1969

(Photo n°470-749, Mission 1969)

B : Carte de végétation en 1977

(Photo n°2326 - 3604, Mission 1977)

D : Carte de végétation en 2008

(Campagne de terrain, 2008)

C : Carte de végétation en 1996

(Réalisée par Etsè (1997))

Carte 4 : Evolution du couvert végétal entre 1969 et 2008 dans la zone

de contactsocle / bassin sédimentaire côtier (secteur Est).

Même si de 1977 à 1996 (19 ans), le rythme de destruction a été freiné à 2,7 % par an, les observations en 1996 révèlent une dégradation encore plus prononcée de la végétation. L'aire occupée par les formations forestières a été réduite de 52 %. Les anciennes aires de cultures vivrières ont été agrandies au sein des savanes arbustives. Avec l'introduction de la riziculture, de nouvelles parcelles ont été défrichées au coeur des galeries forestières. Plusieurs hectares de forêt et de savane ont ainsi été remplacés par les champs après l'abattage des arbres. Parallèlement, l'extraction artisanale des « héritages morphologiques » (Gnongbo, 1989) prenait de l'ampleur dans la région avec la suppression complète de la végétation dans les zones de carrières. Les secteurs les plus touchés étaient les terroirs de Kovié et Mission-Tové pour le sable fin et, surtout Assomé pour les galets et les graviers. Il ne subsistait alors à Assomé que 190 ha de forêt.

En somme, la destruction du couvert végétal du terroir d'Assomé s'est faite à plus de 75 % entre 1969 et 1996. Les formations forestières ont largement cédé leurs places à la végétation de savane. Cette dernière, à son tour, a subit une profonde dégradation passant de la savane arborée à la savane herbeuse et graminéenne par endroits.

En 2008, la dégradation de la végétation était systématique à Assomé. L'effet conjugué de l'agriculture et de l'extraction du gravier a provoqué une destruction massive de la végétation. Au-delà d'un rayon de 1km autour du village, où se pratique les cultures de case, s'étendent une végétation de graminées, dominée par l'Imperata cylindrica, qui colonise les anciennes carrières de gravier. Dans les zones où elle se pratique encore, on aperçoit un paysage de sol mis à nu. La végétation y a été complètement détruite, laissant place à une étendue de gravières et de mottes de terre qui se succèdent dans le paysage sur près de 600 ha soit 36,47 % du terroir.

Les friches qui subsistent encore présentent un faciès desséché avec des arbres calcinés qui traduisent le passage du feu à plusieurs reprises. En effet, le feu utilisé pour préparer le champ au défrichement déborde toujours des limites des parcelles, pour s'attaquer aux végétations primaires qu'il décime quelques fois complètement. De ce fait, il détruit les ligneux et favorise l'expansion de la strate herbacée qui alimente les feux de brousse. Par conséquent, les savanes arborée et arbustive ont cédé leur place à la savane herbeuse essentiellement constituée d'Iimpérata cylindrica dont les aires d'occupation ne cesse de grandir.

Par ailleurs, la consommation de bois de chauffe et de charbon de bois augmente continuellement et se traduit par une coupe abusive des ligneux sans épargner les îlots de végétation protégés par la loi. Même la forêt sacrée du village a complètement disparu puisque de sa superficie originelle de dix hectares (estimation des habitants), il ne reste aujourd'hui qu'une bribe d'à peine 1 ha. Les arbres y ont été coupés (photos 11 et 12) pour satisfaire les diverses besoins en bois.

11 12

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 10 : Une bribe de la forêt sacrée d'Assomé

Photo 11 : Le tronc d'un Kapokier abattu dans la forêt sacrée d'Assomé

Dans les zones d'extraction de gravier, ce sont de véritables « déserts artificiels » que l'on observe à perte de vue. Pour cause, l'exploitation proprement dite des graviers commence avec le déblayage du terrain. Il consiste à l'abattage systématique de toute forme de végétation (arbres, arbustes, graminées); bref, le sol est complètement dénudé.

Lesanciennes carrières sont recouvertes de touffes discontinues d'herbes (photos13 et 14) qui ne protègent tout de même pas le sol contre les attaques de l'eau de ruissellement. A certains endroits où les couches de galets on été complètement décapées, la couche d'argile sous-jacente affleure permettant ainsi leurs mise en valeur agricole.

13 14

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 12: Végétation de savane herbeuse dans une carrière après 10 ans d'abandon

Photo 13 : Touffes de graminées recolonisant une carrière après 5 ans d'abandon

En somme, à Assomé, le couvert végétal est dégradé du point de vue formation et flore. Les savanes arborées sont réduites en touffes d'herbes qui essayent de recoloniser les anciennes carrières tandis que les forêts ne subsistent qu'enbribes qui se perdent dans le paysage.

Cette situation constitue une menace grave, car les arbres, ayant mis plusieurs années pour se développer, ne peuvent plus facilement se reconstituer une fois détruits (Houédakor, 1997). Ainsi en dehors de quelques rares formations de savanes boisées de la plaine d'inondation, notre aire de recherche est en majorité constituée de vastes étendues de graminées sans ligneux, ou s'il en existe, ceux ne sont que des arbres chétifs parce que régulièrement coupés sur des sols squelettiques impropres à l'agriculture.

4.2. La dégradation des sols

La dégradation des sols consiste en des modifications de leur structure physique et de leur nature chimique sous l'effet des phénomènes hydrique, éolienne et d'érosion.

Selon Ruelan (1934), la dégradation des sols se déclenche lorsque l'érosion va plus vite que la formation du sol à partir de la roche (le sol perd ses couches superficielles les plus fertiles et s'amincit) ou quand les propriétés biologiques et physico-chimiques des sols, utilisés pour les besoins de l'homme n'ont pas le temps de se renouveler naturellement, ou ne sont pas suffisamment renouvelés artificiellement par l'homme. Les sols s'appauvrissent donc par la destruction de leurs matières organiques et biologiques.

4.2.1. L'appauvrissement des sols en éléments nutritifs

Le sol où cohabitent les racines des végétaux, les animaux et les micro-organismes est un assemblage complexe de substances minérales et organiques, de gaz et d'eau. En son sein se déroulent simultanément des phénomènes de dégradation et de synthèse. C'est donc un milieu vivant en constante évolution. Il est constitué de particules absorbantes (résultant de l'association d'humus et d'argile) qui fixent les bases et les éléments nutritifs afin de les restituer aux végétaux (Djangbédja, 2000). Cependant, le sol perd toutes ses caractéristiques et sa fonction, lorsque sa mise en valeur se fait de façon excessive et sans apport de fertilisants et surtout avec des pratiques culturales inadaptées à sa conservation comme à Assomé.

En effet, comme conséquence de la croissance démographique et de l'extension des gravières, qui réduisent les surfaces cultivables, toutes les terres du terroir sont permanemment mises en culture sans jachère (si elle existe, elle est considérablement réduite à la période sèche). Pire encore les pratiques culturales y sont très négatifs (culture sur brûlis, labour à plat, sarclage à répétition etc....) et apprêtent le sol à l'érosion alors que la couverture végétale susceptible de l'atténuer et de favoriser la fertilité des terres par le biais des feuilles mortes a complètement disparu. Outre l'érosion, l'humus que contenaient les sols est épuisé parce qu'ils sont surexploités et soumis pendant plusieurs années soit à la polyculture soit à la monoculture sans rotation ni assolement.

Pour Houédakor (1997), les sols de la terre de barre possèdent un taux de matière organique très fragile de 5 %. Leur surexploitation conduit très vite à leur épuisement par la destruction de la matière organique, essentiellement le carbone, qui est libéré dans l'atmosphère. Ainsi, les sols à Assomé ont perdu au fil des années leurs complexes argilo-humiques par manque de carbone. Ce qui affecte leur capacité d'absorption d'eau qui atténue par conséquent leur fertilité. L'absence du complexe argilo-humique empêche aussi la fixation sur place des engrais utilisés qui finissent par être emportés eux aussi par le lessivage.

4.2.2. Le lessivage des sols

Les terres mises en culture ont une grande capacité d'absorption d'eau surtout lorsque la pente est très faible voire nulle. Les eaux d'infiltration dissolvent les sels minéraux fertilisants et les entraînent en grande profondeur par lessivage. La couche humifère n'est plus constamment renouvelée. Ainsi, les ions basiques sont entraînés vers le sous sol et les nappes phréatiques. Les plantes ainsi disposent de moins d'éléments nutritifs. Les réactions biochimiques sont également affaiblies avec la diminution du pH, en particulier la nitrification, la fixation de l'azote, la dénitrification et la minéralisation des produits azotés, sulfurés et phosphatés. On assiste alors à une baisse continuelle des rendements agricoles.

4.2.3. Le tassement des sols

On parle de tassement du sol, lorsque le sol perd sa porosité. Cette dernière qui est liée à la nature argileuse, limoneuse, ou sableuse du sol est essentielle pour l'infiltration de l'eau. La majorité des terres surtout dans les périmètres d'extraction de gravier dans notre zone de recherche en sont sérieusement atteintes. Elles sont dénudées de leurs végétations avec pour conséquence la réduction de l'activité biologique. Les vers de terre, les termites, les racines des plantes n'affouillent plus aussi régulièrement ces terres. Il s'en suit alors un effondrement de la structure poreuse du sol et l'infiltration de l'eau devient très difficile, ce qui peut expliquer la vulnérabilité de ces sols à l'érosion.

4.2.4. La perturbation du profil du sol

Comme nous l'avions dit plus haut, le sol dans le secteur d'Assomé est dominé par la terre de barre. Ce sont des sols ferralitiques, sablo-argileux présentant une structure grumeleuse avec une bonne perméabilité, une porosité intergranulaire élevée et une bonne pénétration radiculaire. Mais cette structure est fortement modifiée surtout après l'extraction du gravier. Cette activité laisse derrière elle des sols au profil vertical profondément bouleversé (figure 18).

0

1

2

3

H1

H2

H3

H4

H1 : horizon argileux avec des grains de sable dispersés dans la masse argileuse de couleur jaune ocre, tachetée de rouille d'oxyde de fer et de jaune de manganèse (80 cm)

H2 : horizon sablo-argileux évoluant vers argilo-sableux de couleur rougeâtre avec débris de végétaux (1m)

H3 : horizon à galets et gravier piégé dans une matrice indurée (125 cm)

H4 : horizon argileux sous-jacent

Campagne de terrain, Avril 2008

Figure 15 : Coupe dans une carrière abandonnée à la lisière de la forêt sacrée d'Assomé

Les couches superficielles sont constituées de pseudo-sols. Il s'agit de rejets remarquablement hétérogènes faits d'un mélange jaune clair d'argile, de sable, de granule, de blocs de poudingue le tout tacheté d'oxyde de fer (photo 15).

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 14 : Nature superficielle du sol dans une ancienne carrière

Il présente une structure massive, très consistante, une faible perméabilité et un enracinement difficile pour les végétaux (tableau 4). Ils sont le plus souvent colonisés par l'Imperata cylindrica. Selon Lakoussan (1998), on ne peut pas utiliser le terme de sol au sens pédologique pour ces terres qui sont retournées et dont les horizons sont mélangés de la façon la plus aléatoire possible. Ils ont perdu leurs caractéristiques physiques d'origine et sont dépourvus de toutes leurs matières organiques

Tableau 4 : Récapitulation des dégradations du sol au niveau des carrières de graviers

Nature du sol

Avant extraction

Après extraction

Texture

sablo-argileuse à Argilo-sableuse

Argilo sableuse avec présence de granules et conglomérats

Structure

Grumeleuse

Grumeleuse

Perméabilité

Bonne

Faible

Consistance

Adhésivité moyenne et forte plasticité par endroit

Friable

Enracinement

Bonne et Abondante

Médiocre

Activité biologique

Bonne

Médiocre

Horizon

Uniforme

Bouleversé

Profil

Stratification non perturbée

Fortement perturbé

Végétation

Abondante

Faible

Relief

Subplane

Vallonné

Campagne de terrain, Avril 2008.

Ailleurs, la couche superficielle est fortement indurée donnant l'impression d'un cuirassement. Il s'agit d'un épandage de gravats de poudingues ferrugineux et d'argile provenant des couches supérieures aux couches de gravier qui se sont consolidés au fil des années rendant impossible toute régénérescence de la végétation.

4.2.5. Les perturbations dans le relief

De même que l'extraction provoque une perturbation pédologique, il entraîne aussi un bouleversement de la topographie (figure 19).

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Figure 16 : Profil schématique d'un transect illustrant les perturbations du relief à Assomé.

En effet au niveau des carrières se succèdent des vallons en forme de cône qui ne sont rien d'autre que des remblais issus des rejets de découvertures. Le paysage se présente donc comme une multitude de profondes excavations alternant avec des buttes argilo- sableuse (photos16, 17, 18 et 19).

1617

Campagne de terrain, Avril 2008

Photos 15 et 16 : Topographie ondulée à Kpota

1819

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 17 : Gravière

Photo 18 : Monticules de rejet

C'est donc une topographie fortement accidentée qui rompt avec la monotonie et l'uniformité morphologique. Le raccordement avec la surface original se fait par des escarpements raides issus du creusement des gravières (photos20 et 21).

20 21

Campagne de terrain Avril 2008

Photos 19 et 20 : Talus artificiel dans une zone d'extraction

4.2.6. L'érosion hydrique des sols

L'érosion hydrique des sols, est l'une des formes les plus prononcées de la dégradation du terroir d'Assomé. Elle est essentiellement de type pluvial. Sa généralisation sur le terrain est la résultante d'un ensemble de facteurs tant naturels que humains. La déclivité du terroir, la nature des formations superficielles, les diverses empreintes de l'homme sur le milieu (agriculture, déboisement, extraction de graviers) sont les conditions préalables au déclenchement de l'érosion. Ayivi (2007) affirme en ce sens que la diversité des actions humaines entreprises dans un contexte de morphologie assez accusée déclenche de grands mécanismes morphogéniques de versants qui s'exercent essentiellement sur les formations meubles superficielles. Le phénomène se compose d'un ensemble de processus complexes et interdépendants qui provoquent le détachement et le transport des particules de sol à la suite des averses surtout pendant la saison des pluies.

Soulignons que les précipitations en général s'abattent sur la zone sous forme d'averses violentes et longues dont les gouttelettes provoquent une véritable action mécanique sur le sol. Dans leur chute, les gouttes acquièrent une énergie cinétique qui est fonction de la vitesse de chute et de la masse liée à la taille des gouttes. L'énergie cinétique disponible dans une goutte dans sa chute croît donc proportionnellement avec sa taille. Ainsi une goutte de pluie arrivée au sol libère au contact de ce dernier une certaine quantité d'énergie susceptible de produire un effet morphogénique. Tricart (1977) a déterminé au moyen des traces d'impact de gouttes de tailles différentes, les potentiels d'effet morphogénique correspondants (Tableau 5).

Tableau 5 : Impacts des gouttes de pluies sur le sol en fonction de leurs diamètres

Diamètre (mm)

Poids des gouttes

(mg)

Vitesse

(m/s)

Force vive

(kg)

0,5

0,06

3,5

0,376775. 10-6

1

0,52

4,4

5,03

1,5

1,71

5,2

23,16

2

4,16

5,9

72,40

2,5

8,12

6,5

176,63

3

14,04

6,9

334,24

3,5

22,29

7,3

591,25

4

33,28

7,7

986,28

5

65,

8

2080

6

112,32

8,2

3776,19

7

178,36

8,4

6292,54

Source : Tricart, 1977

Sur les espaces qui portent encore une couverture végétale, les pluies qui tombent dispersent leur énergie sur les feuilles et les branches rencontrées avant d'atteindre le sol. Cependant, les feuillages des arbres se comportent comme des gouttières qui concentrent l'eau qui tombe en grosses gouttes sur le sol. Ce dernier déjà préparé par la météorisation subit un véritable bombardement qui libère des particules jaillissant de tous les côtés. Il se creuse ainsi de petites cavités circulaires au pied des arbres saillis par des grains de sable projetés. Le même effet se produit autour des maisons où l'eau des gouttières creuse profondément le sol, en déchaussant les fondations des maisons et en déplaçant ainsi une grande quantité de particules. On parle alors d'érosion hydrique par effet de splash.

Soyer (1987) a calculé sur un intervalle de 4 ans la quantité de particules minérales déplacée annuellement par le splash. Il estime que en zone de forêt claire et de savane arborée connaissant des précipitations abondantes, le splash enlève jusqu'à 7,15 tonnes/ ha / an. Or cette estimation a été faite sur un sol à topographie régularisée. L'effet de la déclivité, comme à Assomé, viendra aggraver ce résultat.

Lorsque le sol est à découvert par le défrichement, l'impact des gouttes de pluie sous l'action du vent devient plus généralisé et plus sévère. Les particules déplacées viennent colmater les pores, rendant le sol imperméable et l'infiltration des eaux est interrompue alors que le sol n'est pas encore saturé en profondeur. En fonction de l'intensité et de la durée de la pluie, des filets d'eau peuvent s'organiser à la surface du sol.Ainsi prend naissance le ruissellement.

4.2.7. Le processus de ruissellement

Le ruissellement est défini par Tricart (1977) comme étant un écoulement de l'eau à la surface du sol. Pour Coque (1977), il se déclenche à la suite de la saturation du sol. Sa compétence d'ablation, d'incision du sol et de transport dépend de l'intensité croissante des pluies et de la pente du sol.

La morphologie actuelle du terroir d'Assomé est commandée principalement par les actions de l'eau provenant des averses souvent orageuses. Au contact du sol et lors de son écoulement suivant les pentes et de son organisation en filet, l'eau génère des effets morphogéniques majeurs.

4.2.7.1. Les différents types de ruissellement

Assomé connaît trois types de ruissellement que sontle ruissellement aréolaire, le ruissellement diffus et le ruissellement concentré.

Ø Le ruissellement aréolaire

Le ruissellement aréolaire est le stade embryonnaire du ruissellement. Il provient de pluies à intensité très faible et de très courte durée. Il est caractérisé par l'apparition des plages de ruissellement localisées. Ces plages, en mouvement très lent, n'ont qu'une faible énergie.

Ø Le ruissellement diffus

Lorsque la pluie persiste, l'eau ne s'infiltre pas à la limite des plages de ruissellement. Celles-ci deviennent coalescentes et se déversent les unes dans les autres. Il se forme ainsi les filets d'eau anastomosés de 0,5 à 1 cm de profondeur et de largeur variant entre 20 à 30 cm. Ces filets sont incapables de vaincre des obstacles comme des touffes d'herbes, les blocs de pierre et les racines traçantes. Mais, ils régularisent la surface des versants par balayage des particules meubles.

Ø Le ruissellement concentré

Il résulte de la convergence des filets d'eau. Avec la poursuite de la pluie, les débits atteignent des valeurs telles que les filets d'eau surmontent des obstacles et convergent vers les axes principaux d'écoulement en incisant le sol. Ce type de ruissellement a la compétence de s'attaquer au matériel superficiel et de le mobiliser. Dans le village d'Assomé, à la faveur de la topographie, les filets d'eau créent des rigoles qui se communiquent aux ravineaux, aux ravines et aux ravins ; ceci en direction de la vallée.

o La rigole est une incision dont la profondeur est de l'ordre de décimètre. Elle affecte généralement les horizons superficiels et se rencontre surtout entre les cases et sur des pentes faibles mises en valeur.

o Le ravineau est un peu plus grand. C'est le stade 1 du ravinement c'est-à-dire le stade d'incision(Tchothoua, 1989).

o La ravine évolue le plus souvent par érosion régressive dans les formations argilo-sableuses. Elle présente des entailles de l'ordre du mètre. C'est le stade 2 du ravinement.

o Le ravin est le stade 3 du ravinement. Lorsque la profondeur de l'incision dépasse le mètre pour atteindre une dizaine de mètres voire plus, on parle de ravin. Il a donc une forme particulière avec des berges abruptes et étroites entièrement occupées par l'écoulement en période de fonctionnement.

4.2.7.2. Les impacts du ruissellement concentré

L'invasion du terroir par ces formes de modelés intrinsèquement liées au climat et la topographie, a été par la suite exacerbée par l'impact remarquable et incontestable de l'action anthropique dans la mise en valeur de l'espace. On se retrouve ainsi en face d'une véritable crise morphogénique dans la région.

Au moment où les champs sont défrichés et préparés à accueillir les semences, le sol est dénudé de son couvert végétal et ne résiste plus aux agressions érosives des fortes pluies d'où un accroissement de l'érosion par un vigoureux ruissellement de surface. En effet, le sol suffisamment argileux est directement exposé aux rayons solaires, il se durcit et devient imperméable. Le ruissellement devient alors important lors des premières pluies de la saison pluvieuse. L'érosion s'intensifie aussi sur les labours. Elle emporte la terre en creusant des ravines. Cette forme d'érosion entraîne une perte considérable des terres aux sols argileux, non ou très faiblement protégés par les cultures (photo 22).

Campagne de terrain avril 2008

Photo 21 : Phénomène de ravinement dans un champ à Assomé

De même, les zones d'extraction de gravier sont aussi des lieux privilégiés pour l'expansion du ravinement. Sur les rebords des excavations, on observe des têtes de ravine qui évoluent de façon régressive. Au niveau de certaines anciennes carrières, ces entailles présentent en leurs seins des formes semblables aux nids de poules.

S'agissant des voies de communication, elles sont sérieusement dégradées par de nombreuses rigoles et les ravines qui se recoupent et s'entremêlent dans tous les sens sur la chaussée avant de se déverser dans les ravins qui longent ces voies de part et d'autre. Avant les travaux de réhabilitation, ces ravins larges de 3 à 6 mètres avec des profondeurs d'environ 3 mètres, bordent surtout la piste Davié-Assomé parfois sur plusieurs centaines de mètres. Elles s'élargissent par l'affouillement de leurs berges qui s'écroulent, réduisant sensiblement la largeur de la chaussée (photos 23 et 24). A certains niveaux, la chaussée est complètement réduite à une passe pour piétons ou engins à deux roues.

2324

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 22 et 23 : Ravins aux berges abruptes dégradant la route Kovié-Assomé.

Heureusement les travaux de réhabilitation de la piste Davié-Assomé-Kovié, entamés depuis quelques mois déjà, ont permis à celle-ci de retrouver une bonne praticabilité. Cependant, le bon état de la piste risque de ne pas être pérenne puisque les précautions de durabilité ne sont prises à cet effet. La piste nivelée et recouverte de latérite ne sera pas bordée d'ouvrages de canalisation des eaux de ruissellement. Or, ce sont les impacts de ces dernières qui étaient à l'origine de la dégradation de la piste avant sa réhabilitation.

De même, presque toutes les ruelles du village sont entaillées par de multiples ravineaux dont la longueur, la largeur et la profondeur ne cessent d'évoluer (Photos 25 et 26).Par contre au niveau du cimetière, le déchaussement des tombes (photo 27)est de moindre ampleur par rapport à celui décrit par Sewonou à Kovié en 2007.

25 26

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 24 : Ravinement de la rue menant à l'EPP Assomé

Photo 25 : Ravinement en roubine avec formation de minuscules « dos d'éléphant »sur la voie secondaire du village

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 26 : Destruction des tombes dans le cimetière par le ravinement

Comme le traduisent ces observations, le ravinement, avec les conditions qui s'y prêtent, a de manière significative imprimé sa marque au terroir d'Assomé. Cependant, son action ne saurait été aussi spectaculaire en l'absence d'une mise en valeur séculaire mais dégradante des sociétés humaines qui colonisent le terroir. Ce qui fait dire à Gapoty (2006) que ce sont les populations qui par leurs pratiques inadéquates auraient multiplié par deux ou plus le taux de l'érosion naturel qui dans les conditions d'équilibre écologique est très lente.

Néanmoins, devant l'ampleur des dégradations liées aux ravinements, les populations réagissent par des actions individuelles pour freiner la vitesse de l'érosion. Ces actions qui restent pourtant traditionnelles, consistent à construire de mini-barrages faits de piquets figés dans la terre, autour desquels sont tressés des troncs d'arbuste et des branches d'arbre. Ces ouvrages bloquent ainsi en amont la charge en transit dans les eaux, ce qui permet de remblayer les entailles du ravinement. En aval, la rupture de pente devient de plus en plus importante au fur et à mesure que la hauteur du remblaiement augmente de même que la vitesse de l'écoulement. Ainsi donc au pied de la barrière, l'incision reprend progressivement des dimensions comparables à celles d'avant l'édification du mini-barrage (Séna, 2000). Les maisons menacées d'écroulement par le ravinement sont renforcées au niveau de leurs fondations par des troncs d'arbre et des parpaings ou des terrassettes en ciment. Malheureusement, ces différentes initiatives de lutte contre le ravinement sont très peu efficaces face à l'ampleur du phénomène dans la région.

De ces différents aspects de dégradation du paysage que nous venons de décrire, on peut conclure que Assomé présente un milieu naturel hérité (Gnongbo, 1996) et très sensible. Par conséquent, il n'a pas résisté à la surexploitation anthropique qui a amplifié les processus naturels d'évolution. Ce phénomène qui a déjà pris des allures catastrophiques se transforme de nos jours en un cercle vicieux dont les impacts sont très négatifs pour le développement de la région. Il s'avère donc impérieux d'entreprendre des actions pour endiguer ces impacts qui risquent de s'aggraver à la longue.

Deuxième partie :

Développement d'Assomé

Toutes les dimensions du développement sont impliquées dans le développement des espaces géographiques constitués notamment le culturel, le scientifique, la technique associée à la technologie, le sociologique et l'environnemental...La réalité sectorielle et la réalité dimensionnelle s'imbriquent conférant à l'entité géographique une crédibilité destinée à assurer la pertinence des actions de développement à mener. Le développement de la localité d'Assomé s'appréciera à partir du cadre juridique, du cadre économique et de l'organisation socio-anthropologique et territoriale.

Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE

Le cadre juridique du développement de l'espace s'appréhende sur le plan de la gestion administrative et territoriale de chaque entité géographique. Il permet ainsi d'analyser l'aspect légal de la gestion des terres et de l'environnement.

5.1. Administration

La constitution togolaise dispose que les collectivités locales s'administrent librement par des conseils élus dans les conditions prévues par la loi. Cette disposition fut renforcée par loi de décentralisation votée à l'Assemblée Nationale le 11 février 1998. Elle stipule que les collectivités locales notamment les communes rurales doivent s'administrer librement c'est-à-dire jouir d'une large et effective autonomie, dans la gestion de leurs propres affaires, par le biais de dirigeants locaux élus au suffrage universel direct. Cependant force est de reconnaître que dix ans après, les décrets d'application de cette loi ne sont pas encore disponibles.

Ainsi, les villages représentent aujourd'hui, les derniers échelons du système centralisé et descendant de l'administration du pays. Ils sont administrés par des chefs traditionnels aidés de notables, et nommés par décret ministériel. Ils sont garants des us et coutumes, gèrent la justice traditionnelle et la cohésion sociale de leurs populations. Ils ne disposent d'aucun pouvoir politique et sont plutôt appelés à exécuter les décisions venant de la hiérarchie administrative de l'Etat omnipotent.

Néanmoins sous l'impulsion des partenaires au développement, l'Etat autorise ces dernières années la création de structures locales en l'occurrence les Comités Villageois de Développement (C.V.D) qui ont pour mission d'oeuvrer au développement local.

Dans ce contexte général, le village d'Assomé dépend de Tsévié (chef lieu de la préfecture du Zio).et est dirigé par le Chef Nouvlo Kokou KADJALO VI aidé par un collège de notables formé par les chefs des différents quartiers qui constituent le village. Le comité villageois de développement a vu le jour le 22 Août 2009 et est présidé par M. Silas ADENYON.

5.2. Les limites

Les limites constituent les caractéristiques essentielles d'un terroir. En effet, un terroir se définit par rapport à un espace géographique circonscrit par des limites tangibles sur la base de cadres administratif et juridique clairement établis. La mise en place de tels cadres à l'échelle des entités territoriales administratives (villages, cantons, communes, préfectures et régions) est un outil indispensable au service de la politique de développement d'une nation. Elle vise une meilleure évaluation statistique des potentialités et des besoins des communautés à la base en vue de l'élaboration de programmes de développement efficaces.

Au Togo, sur le plan purement administratif, il est prévu des dispositions légales en ce qui concerne la création des régions, des préfectures et des cantons. Cependant, l'application de ces dispositions se fait très souvent à des fins politiques, qui n'impliquent pas une réelle délimitation territoriale des entités administratives de bases que sont les villages, ni ne tiennent compte de leurs réalités socioculturelles. Ainsi, la fixation des limites territoriales prend un caractère flou issu du vide juridique relatif au domaine foncier.

En effet, c'est le principe ancestral de " vivre sur la terre et la terre occupée " qui demeure le mode d'appropriation de la terre. Les terres de cultures et les terres de parcours de chasse étaient considérées comme occupées par la communauté qui la mettait en valeur, donc approprié par elle. Même si de nos jours, la terre s'acquiert par achat, ce principe reste toujours en vigueur. Les limites foncières s'arrêtent là où commençaient celles des communautés voisines (E.Tchakei, Wacaf 11, document non publié, in Houédakor 1997).Or l'appropriation des terres dans l'espace est diffuse et discontinue ce qui ne permet pas de bien situer les "frontières" des domaines fonciers villageois. Par conséquent, il arrive que de vastes portions de terres soient réclamées à la fois par deux ou trois communautés.

Cette instabilité des limites territoriales crée beaucoup de litiges fonciers entre des terroirs voisins que même la justice moderne n'arrive pas à résoudre. Ces litiges entre individus sont souvent ramenés au niveau des clans et des communautés qui nourrissent quelques fois de la haine les uns contre les autres.

Etant donné que la terre appartient aux collectivités et aux particuliers et non à l'Etat, ce dernier n'a donc pas la maîtrise de ce secteurdans lequel il joue le rôle d'agent foncier. L'on se confronte alors à une absence totale de disposition légale sur le plan administratif pour déterminer les limites des domaines fonciers villageois. L'exemple du terroir d'Assomé est significatif de cette réalité.

Le terroir d'Assomé regroupe autour du village d'Assomé, les fermes de Golowou, Tékpo, Epou-Kopé et Apédomomé-Kopé. Sur le plan administratif, il dépend du canton de Davié dans la préfecture du Zio. Il est limité à l'Est et au Sud-Est par le terroir de Davié, celui de Wli et Ziovonou au Nord-Est alors que ceux de Kovié et de Mission-Tové le cernent respectivement à l'Ouest et au Sud-Ouest.

Tenu par l'objectif principal assigné à cette étude qui se base sur l'analyse des dysfonctionnementsde la situation de référence pour enproposer des orientations de développement global et intégré et d'amélioration des conditions de sa population, il fallait bien circonscrire l'étendue du terroir d'Assomé afin de faire un travail objectif. Pour ce faire, il fut organisé une campagne de géoréférencement qui a permis de déterminer, sous la base de la synthèse des informations recueillies, les différentes limites de ce terroir et par là la valeur de son étendue. Au vu des coordonnées issues de ce géoréférencement, le terroir d'Assomé est délimité par le contour décrit par les repères figurant dans le tableau 6.

Tableau 6 : Coordonnées géographiques des limites du terroir d'Assomé

Coordonnées Géographiques

Situation Géographique

(Limite)

Lieux dits

Longitude

Latitude

P1

1° 10' 38" E

6° 19' 58'' N

Sud

Lit du Zio

P2

1° 09' 44'' E

6° 19' 35'' N

Sud

Adjové-Poukopé

P3

1° 11' 05'' E

6° 20' 25'' N

Sud-Sud-Est

Aziatroga-Kopé

P4

1° 10' 51'' E

6° 20' 24'' N

Sud-Est

Assomé-Djogbé

P5

1° 10' 51'' E

6° 20' 33'' N

Est

Davié-Djogbé

P6

1° 10' 27" E

6° 22' 27" N

Nord-Est

Daviémondi

P7

1° 10' 08" E

6° 22' 41" N

Nord-Est

Davié-Tékpo

P8

1° 09' 20" E

6° 22' 25" N

Nord

Apédomomé-Kopé

P9

1° 08' 36" E

6° 22' 29" N

Nord-ouest

Vers Ziovonou

P10

1° 07' 24" E

6° 21' 48" N

Ouest-Nord-Ouest

Lit du Zio

P11

1° 07' 37" E

6° 21' 04" N

Ouest

Pont sur le Zio

P12

1° 08' 35" E

6° 20' 27" N

Sud-Ouest

Lit du Zio

Sur la base de ces coordonnées géographiques relevées, une carte précisant les limites du terroir d'Assomé a été établie (carte 5).

Carte 5

80

 : Terroir d'Assomé

Cette carte présente explicitement les limites du terroir d'Assomé. Cependant, la réalité sur le terrain est tout autre. En effet, à la lumière de ce qui est dit plus haut, ces limites territoriales sont plus généralement jalonnées par des pourtours flous que marquées par des frontières précises. Seul le lit du Zio constitue son unique limite tangible, les autres sont imprécises et varient dans l'espace selon que celui qui les fixe, maîtrise ou non l'étendue du domaine foncier villageois.

Le caractère imprécis des limites est la source de litiges fonciers entre les propriétaires des terres se trouvant de part et d'autres de ces limites que d'ailleurs on n'arrive pas à bien déterminer. Dans les zones d'extraction, du fait de l'enjeu économique, ces litiges fonciers s'exacerbent et se transforment parfois en conflits et en affrontements. Le cas de la situation conflictuelle qui prévaut aujourd'hui, entre le clan AGBALETI d'Assomé et la communauté deDavié-Djogbé à propos des terres de carrières de gravier limitrophes des deux terroirs dans le sud-est d'Assomé, en est révélateur. Malgré la décision de justice en défaveur du clan Agbaléti d'Assomé celui-ci n'est pas prêt à obtempérer vis-à-vis des terres qu'il conçoit comme appartenant à ses ancêtres. Ce qui a instauré un climat méfiance de la communauté de Davié-Djogbé à l'égard de la population d'Assomé.

Outre ces litiges fonciers frontaliers, on rencontre à l'intérieur même du terroir d'Assomé beaucoup de litiges fonciers au sein des différents clans suite à la désorganisation des modes ancestrales de gestion du patrimoine foncier.

En effet, le droit foncier coutumier en vigueur conférait à tous les membres d'une collectivité le droit d'usufruit sur les parcelles de cette collectivité.La propriété était alors perçue comme un patrimoine commun qu'il faut défendre contre d'éventuels usurpateurs.Aussi la gestion de l'exploitation de la terre se faisait-elle à travers un système parcellaire traditionnel. Les limites des parcelles sont matérialisées par une espèce d'arbre appelée « agnati ou lipoti »4(*).

Cependant, la vulgarisation de la rente foncière rurale, l'émergence de l'esprit individualiste induit par « l'économie capitaliste », l'essor de l'extraction de gravier etles intérêts économiques et financiers qu'elle représente,viendront mettre fin à cette gestion collective de la terre. Désormais, c'est la course à l'appropriation individuelle des terres. Dans ces conditions, certains responsables ou membres des collectivités vendent clandestinement, à l'insu des autres membres, des portions du patrimoine commun à des exploitants de gravier ou des étrangers. Ce qui engendre souvent des litiges fonciers fratricides. Cette situation a amené à la parcellisation des terres au nombre de familles qui composent les collectivités. Désormais chaque père de famille a la responsabilité de ses terres qu'il lègue à ses enfants par héritage.

Le constat met ainsi à jour un quadrillage administratif imprécis, dû au laxisme des structures de l'Etat notamment la Direction de la Cartographie Nationale et du Cadastre (DCNC) qui ne possède pas les capacités juridiques et les compétences adéquats pour déterminer les limites des entités villageoises à l'instar d'Assomé et pour gérer les patrimoines fonciers relevant de leurs autorités.

5.3. L'environnement

La dégradation de l'environnement est un fait réel à l'échelle nationale et la situation ne cesse de s'empirer. Cependant, l'Etat s'est doté d'un certain nombre d'outils de gestion de l'environnement qui sont entre autres :

- la loi n° 88-14 du 3 novembre 1988 portant code de l'environnement qui constitue le texte de base en matière de gestion et de protection environnementale;

- la politique Nationale sur l'Environnement;

- le Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE);

- le Programme d'Action National de lutte contre la Désertification;

- la stratégie de conservation et d'utilisation durable de la diversité biologique;

- le cadre national de biosécurité;

- le plan national de mise en oeuvre de la Convention de Stockholm;

- la stratégie nationale de mise en oeuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques;

- la loi-cadre sur l'environnementpromulgué le 30 mai 2008;

- la loi portant code forestier du 19 juin 2008. Par ailleurs,la loi n° 2007-011 relatives à la décentralisation et aux libertés locales confie d'importantes attributions environnementales aux collectivités territoriales.

Certes,les avancées obtenues à travers tous ces outils dans le domaine de la gestion de l'environnement sont très importantes, mais à ce jour, il n'en demeure pas moins vrai qu'elles ne constituent qu'un "saut qualitatif vers l'amélioration de la gestion de l'environnement et la promotion du développement durable". En effet, toutes ces lois ne sont pas suivies de textes d'application pouvant encadrer leur concrétisation sur le terrain.

A Assomé, outre les formes traditionnelles de dégradation de la biodiversité, la détérioration de l'environnement s'est accentuée depuis les années 70 par l'extraction artisanale de gravier qui occupe près de la moitié de l'étendue du terroir. Nonobstant, cette activité qui sur la forme est régit par des dispositions réglementaires de l'Etat, dans les faits, se déroule dans l'indifférence totale des dits dispositions.

A priori, tout gisement est un patrimoine étatique et selon les normes de la direction des mines et dela géologietout propriétaire terrien qui voudrait creuser une carrière doit avoir une autorisation d'exploitation ou un titre minier délivré par la DirectionGénéraledes Mines et de la Géologie (DGMG). Le dossier de demande d'autorisation d'exploitation se compose d'un plan d'étude d'impactou un plan de remise en état aprèsl'exploitation.Pour ce faire, la direction exige des exploitants, un plan de la parcelle à exploiter; ce dernier doit être à une échelle de 1/50000. Cependant. le coûtde réalisation de ce plan revenant trop cher d'une part, et les géomètres fournissant des plans assez réduits, la direction accepte bien des plans de localisation aux échelles de 1/2000 pour des exploitations artisanales (petites exploitations) et 1/5000 pour de grands travaux. Ces plans permettent aux ingénieurs d'étudier les impacts corrélatifs à ces exploitations afin de pouvoir en accorder ou non les autorisations.Il faut aussi que le gérant ou l'exploitant donne une preuve de sa capacité financière pouvant garantir la remise en l'état des portions de terres qui seront affectées par l'extraction.

Les exploitations à des fins commerciales sont sujettes au payement d'un droit d'exploitation, alors que les exploitations de gisement à des fins d'usage privé ou personnel en sont exemptées. Les droits sont fixés à 200 000 F CFA pour une exploitation artisanale et 300 000 FCFA pour les grands travaux.Ces droits sont payables au trésor public. En outre, il faudra s'acquitter des frais d'inscription de dossier qui s'élève à 150 000 F CFA et de la redevance superficiaire : 50 000 FCFA payables àla Direction Générale des Mines et de la Géologie (DGMG). En revanche, il est prescrit qu'aucune exploitation artisanale ne doit dépasser cinq hectares (5 ha).

Avec toute cette coordination et cette réglementation, les réalités sur le terrain sont autres. En effet, l'exploitation artisanale de gravier se déroule dans une absence totale de cadre réglementaire. Presque tous les exploitants de graviers n'ont pas de titre minier et ignorent complètement son existence. C'est-à-dire qu'ils n'ont jamais payé de droits fixes, ni de frais d'instructions de dossier et de redevance superficiaire. Seules les grandes exploitations à intérêt national commel'extraction de phosphate ou l'extraction de certains minerais sont reconnues et autorisées par le service des mines.

La direction des mines perçoit tout au moins des taxes de redevance minières qui s'élèvent à100F CFA /m3. Cependant, ces derniers sont ramenés à 500F CFA par voyage c'est-à-dire que tout camion qui transporte du gravier doit payer500FCFA par voyage. Et du fait qu'il n'y ait pas de police minière, les contrôles sont difficiles et souvent inexistants. Ce qui fait que les jours de travail exigés par le service des mines ne sont pas respectés et les volumes à extraire ne sont pas non plus respectés.

Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE

L'économie constitue l'un des paramètres essentiels de l'analyse du développement des espaces géographiques. Elle se révèle à travers le processus de création d'activités etd'organisationspatiale, à partir des ressources fournies par la nature, en vue de la satisfaction des besoins humains.A Assomé, c'est une économie de subsistance qui se développe à partir des énormes potentialités agroclimatiques, pédologiques et des ressources du sol et du sous sols (dépôt de gravier). Comme telle, elle est caractérisée par une forte dépendance au secteur primaire que représentent l'agriculture et l'extraction de gravier,néanmoins il ne faudra pas marginaliser l'informel (commerce, artisanat, transport...) qui prolifère dans le village. Cependant, il faut souligner que c'est une économie qui s'est dégradée depuis bien de décennies surtout avec l'essor de l'extraction de gravier sur ce terroir.

6.1. La désagrégation de l'économie

Jadis, la vie économique à Assomé était essentiellement basée sur l'agriculture. La terre était disponible, les conditions bioclimatiques favorables. Bref toutes les conditions étaient réunies, permettant ainsi d'avoir de bons rendements. Certes, la production agricole était de type traditionnel mais il permettait de dégager des surplus qui étaient commercialisés sur les marchés de la région. La population tirait donc de l'agriculture des revenus non négligeables et pouvait satisfaire ses besoins monétaires. Puis au milieu de la décennie 1950 apparaît l'activité d'extraction des graviers qui va bouleverser les pratiques économiques dans le village. A l'époque c'était une activité secondaire qui a permis aux paysans d'améliorer considérablement leurs revenus, en témoigne la nature des habitations du village qui pour 90% des cas sont de type moderne malgré l'absence de luxe.

Cette activité qui allait de pair avec l'agriculture va très vite supplanter cette dernière pour la reléguer au second plan. Dès lors, les terres agricoles sont transformées en carrières et la végétation décimée. Parallèlement la population s'est accrue, de même que son emprise sur les ressources biologiques. Il s'ensuit alors une profonde dégradation du cadre de vie et des conditions bioclimatiques. La dégradation du paysage, en l'occurrence celle de la terre et la marginalisation de l'agriculture ont conduit à une baisse considérable de la production. Cette dernière n'arrive donc pas à assurer l'autosuffisance alimentaire et il devient difficile voire impossible de dégager du surplus pour les périodes de soudure.

Face à ce problème de déficit alimentaire, la population tente de redonner vie à l'agriculture, cependant elle est confrontée au manque de terre et à l'inaptitude de celle-ci à la production agricole. En effet, les terres des anciennes carrières abandonnées sont quasiment impropres à l'agriculture. Sa pratique devient très difficile et précaire. La population s'est retrouvée dépourvue de ses sources de revenus. Par conséquent, elle est confrontée à une pauvreté monétaire qui devient endémique à la région. Il est alors très difficile à la population, malgré les revenus tirés de l'extraction de gravier, de satisfaire les besoins fondamentaux comme s'alimenter, se soigner et s'éduquer. Dans ces conditions d'incertitude économique, l'émigration reste la seule issue surtout pour les jeunes.

Le contexte économique à Assomé est alors très difficile et reflète exactement les réalités mises en exergue dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Selon ce document, dans le contexte du monde rural togolais où 86,4 % des ménages tirent leurs revenus de l'agriculture, alors qu'il est démontré que l'incidence de la pauvreté dans un ménage géré par un agriculteur est de 78,8 %, c'est presque 75 % de la population en milieu rural qui est vulnérable à la pauvreté monétaire. Certes, l'agriculture à Assomé, est tombée en désuétude au profit de l'extraction de gravier, mais l'incidence économique de ce dernier semble être le même que celui où l'agriculture serait l'activité économique principale dans le village. Ainsi, le contexte économique du terroir d'Assomé est très précaire et caractérisé par la faiblesse des revenus. En conséquence, les dépenses inhérentes à la santé et à l'éducation sont encore très faibles.

6.2. Les activités économiques

6.2.1. Le primaire

Le secteur primaire regroupe toutes les activités économiques liées à l'exploitation de ressources naturelles. Il se caractérise à Assomé par l'agriculture et l'exploitation de gravier.

6.2.1.1. L'agriculture

L'agriculture est la principale activité des populations de l'Afrique subsaharienne. Elle a une vocation nourricière et occupe au Togo près de 80 % de la population active en milieu rural. A Assomé, elle a pendant longtemps reculé en faveur de l'activité d'extraction de gravier. S'étant rendues compte du déficit alimentaire que connaît le terroir, les populationsretournent peu à peu à l'agriculture. Malheureusement, sa pratique est confrontée à d'énormes contraintes qui découragent surtout les jeunes qui ont presque totalement quitté le village.

Ø Les moyens de production

Les moyens de production désignent l'ensemble des matériaux y compris le patrimoine foncier dont dispose l'agriculteur dans le cadre de son activité.

· Le patrimoine foncier

La terre, dans la plupart des sociétés du Sud Togo, est un bien collectif et inaliénable. Les propriétaires fonciers comme les étrangers disposent du droit d'usufruit. Tous les descendants d'une famille sont des ayants droit de l'espace foncier de leurs ancêtres. Ainsi la terre s'acquiert par héritage mais aussi par don et par prêt. La vente de la terre, propriété des ancêtres, est prohibée. Cependant, on retrouve dans la zone des propriétés acquises par achat. Les autochtones, pour satisfaire leurs besoins financiers en cas de décès ou de maladie, procèdent souvent à la vente d'une partie de leur patrimoine foncier. Par ailleurs l'essor de l'activité d'extraction de gravier dans la région y a introduit une nouvelle pratique foncière. En effet, les propriétaires concèdent la terre aux exploitants étrangers moyennant un quota par camion de gravier extrait, mais la terre revient aux propriétaires terriens à la fin de l'exploitation. Malheureusement l'extraction de gravier ne laisse que des excavations non remblayées avec un sol fortement dégradé et impropre à l'agriculture. De plus les terres aptes aux cultures subissent des morcellements à répétition suite à l'augmentation du nombre des membres des clans et familles. Ainsi les populations sont de plus en plus confrontées au problème de pénurie de terres de culture.

· Des outils de production rudimentaires et archaïques

Les instruments utilisés pour la mise en valeur des terres sont tous aratoires et individuels. Ils demandent à fournir un effort physique exceptionnel de la part du paysan et ne permettent pas une grande productivité. Il s'agit essentiellement de la houe, du coupe - coupe, de la pioche, de la hache et de la faucille.

o La houe est faite d'une manche de 60 à 70 cm légèrement courbée à partir d'un arbre fourchu avec un angle de 35 à 45°. La lame est longue d'environ de 15 à 20 cm avec 10 à 15 cm de large. Elle sert à sarcler.

o Le coupe-coupe sert à couper les buissons et à émonder les arbres et à faire les récoltes

o La hache est aussi faite d'une fourche de bois plus léger servant de manche. Elle sert à couper le bois et les régimes de palme.

o La faucille est faite d'un morceau de fer en forme de croissant fixé au bout d'un bois léger. Elle sert à couperla paille et à moissonner le riz.

o Le bâton à fouillis est un bâton taillé en pointe qui sert à faire des trous dans lesquels l'on sème les graines.

Notons que la préparation des casiers rizicoles avant le repiquage se fait à l'aide de motoculteur qui reste pour le moment, l'outil de travail le plus moderne dans la région.

Ø Les techniques d'entretien

Pour permettre aux plantes de donner un rendement maximum, il faut entretenir le champ à travers un certain nombre d'opérations à savoir le sarclage, le billonnageet l'écimage

Le Sarclageest une opération indispensable et très importante. Elle se déroule 2 à 3 semaines après les semailles. Elle consiste à enlever à l'aide d'une houe les mauvaises herbes dans les champs. Cette méthode contribue énormément à l'augmentation du rendement et c'est à juste titre que cette pratique est conseillée par les agronomes dans un strict respect du calendrier d'entretien de culture (Wagbé, 2005). Selon la nature du sol et la densité végétative des plantes adventistes, le sarclage est effectué deux à trois fois avant la récolte.

Le billonnage estun labour en billon dont les planches sont séparées par des sillons. Cette opération a pour but d'épaissir le sol et de faciliter le drainage. Cette technique est très peu utilisée dans notre zone d'étude où les paysans ont du mal à l'adopter pour puisqu'ils prétendent que c'est une opération difficile à réaliser.

L'écimage consiste à couper la cime du maïs après la fécondation dans le but de faire grossir l'épi. La sève qui devait circuler jusqu'a la cime se concentre dans la partie inférieure de la plante et alimente l'épi. Comme Wagbé (2005) l'a remarqué, cette pratique ne se limite qu'à des champs de petite taille et ne concernent que quelques agriculteurs.

Ø L'organisation du travail agricole

Les travaux agricoles sont effectués sur la base individuelle, familiale et collective. Seuls quelques paysans qui ont des moyens financiers arrivent à utiliser la main d'oeuvre salariale.

· Le travail individuel et collectif

Le travail individuel et le travail collectif sont les plus pratiqués. Pour le travail individuel, le paysan est seul sur son exploitation et ne bénéficie d'aucune aide de la part de sa famille (il appartient le plus souvent à un groupe d'entraide). Ainsi, il dépense beaucoup d'énergie pour mettre en valeur une superficie relativement importante pour sa subsistance.

Quant au travail collectif, il est aléatoire et n'existe pas réellement. Le paysan est aidé par ses enfants ou personnes à charge. Ceux-ci ne travaillant sur l'exploitation que les week-ends et pendant les congés et les vacances pour cause de scolarité. Seules les femmes sont présentes de façon permanente sur l'exploitation.

· Le salariat

Il n'est utilisé que par quelques paysans et pour certains travaux trop difficiles à réaliser et aussi en fonction des saisons et des moyens financiers disponibles. Les métayers sont payés par carré de champs, de 10 à 12 bras de coté de travail accompli. Le carré d'une corde mesurée aux bras tendus horizontalement étant l'unité de mesure agricole traditionnelle dans le Sud-Togo.

· L'entraide

Les entraides sont destinées à compenser l'insuffisance de moyens de production disponibles. Les paysans se regroupent en équipes de travail selon leur affinité et la proximité de leurs champs pour accomplir les tâches agricoles souvent pénibles pour être réalisées individuellement. Cette organisation paysanne a pour objectif la poursuite d'avantages communs qu'ils obtiennent contre obligations communes. C'est aussi le lieu par excellence de la formation à la pratique des techniques agricoles (Adéwui, 2001). Le nombre de personnes varie de 5 à 15, et le travail s'effectue par rotation sur chaque exploitation à intervalle de 2 à 3 jours. Chacun travaillant un carré de 10 à 12 bras de coté par jour, l'exploitant qui reçoit assure, pour ses coéquipiers, le déjeuné.

· Les groupements

Il ne subsiste à Assomé qu'un seul groupement dénommé GAMZA qui oeuvre pour la vulgarisation du reboisement et la fertilisation du sol par l'utilisation du mucuna. Les producteurs de riz avaient constitué un groupement dénommé "LONLONYON". Par ce biais, ils avaient facilement accès aux crédits et financements. Malheureusement pour cause d'endettement de certains producteurs et de mauvaise gestion, le groupement n'existe plus.

Tous ces moyens de production, outils aratoires, terres dont les dimensions deviennent de plus en plus petites et l'organisation déficiente du travail basée essentiellement sur l'énergie humaine, influencent énormément les superficies cultivées et la production.

· Forme et taille des exploitations agricoles

Généralement dans l'agriculture traditionnelle, les parcelles d'exploitation n'ont pas de formes régulières. Ainsi les parcelles de culture ont une diversité de formes. On y rencontre des parcelles apparemment carrées, rectangulaires ou trapézoïdales. Tout comme la forme, la taille des parcelles est également très variée. Elle varie d'un champ à l'autre, selon le nombre des actifs, leurs capacités et les moyens financiers. Dans l'ensemble, la taille des exploitations varie entre 0,5 et 3 ha.

Ø La production agricole

La productivité a considérablement baissé, comme nous l'a confirmé un groupe d'agriculteurs : « avant avec un champ de 10 carrés on arrivait à construire un grenier de 8 pieds au moins. Mais aujourd'hui, un champ de 30 carrés ne donnent à peine qu'un grenier de 6 pieds ». En effet, les terres d'exploitation à force d'être mises en culture de façon permanente pendant plusieurs décennies se sont complètement appauvries. La pression démographique sur le terroir a provoqué le morcellement de l'espace agraire qui, à son tour, a engendré la réduction de la jachère et la mise en culture continue des parcelles avec pour corollaire l'appauvrissement excessif des sols (Hombre, 2005). Les paysans ne fournissent aucun effort pour améliorer la fertilité du sol, même l'engrais vert n'est pas utilisé.Les tentatives pour acquérir des données sur l'évolution de la production agricole à Assomé ont été infructueuses. Néanmoins, nous avons estimé la production par rapport à la taille de certaines exploitations. Elle est très faible et n'atteint pas la tonne par hectare comme l'indique le tableau 7.

Tableau 7 : Estimation de la production vivrière à Assomé

Taille

(en ha)

Haricot

(en kg)

Arachide

(en kg)

Maïs

(en kg)

Manioc

(en kg)

< 1

210

450

250

 

1 - 2

700

9 00

950

3000

> 2

1 200

1 050

1 500

 

Campagne de terrain, Juillet 2008

Ø Les systèmes de culture

Le système de culture est la combinaison de plantes choisie par une société rurale pour tirer un meilleur profit de ses terres, et des techniques dont l'utilisation vise à obtenir de leurs cultures une production satisfaisante pour une saison donnée .Il fait aussi l'état de l'ensemble des cultures retenues par l'exploitant pour atteindre ses objectifs.

Le terroir d'Assomé, à l'instar de toute la basse vallée du Zio, offre un éventail assez ouvert de cultures allant des vivriers aux cultures de rente. Les vivriers sont dominés par le maïs (aliment de base) et le manioc, complétés du haricot et de l'arachide. Ils sont le plus souvent cultivés en association sur des parcelles parsemées de palmiers à huile.

Cette association de culture présente d'énormes avantages agricoles. D'une part, elle permet d'accroître la production par le biais de la réalisation simultanée de plusieurs récoltes. D'autre part, elle assure l'exploitation convenable des terres en ce sens qu'une plante modifie le milieu en faveur d'un autre (Hombre, 2005).

Alors que les plantes vivrières sont essentiellement cultivées sur les sols ferralitiques à structure sablo-argileuse sur des zones exondées, le riz et la canne à sucre se retrouvent sur les sols hydromorphes aux abords du Zio et dans les bas-fonds. Leurs productions sont essentiellement destinées à la vente.

· Les cultures vivrières

o Le maïs

Le maïs constitue l'aliment de base par lequel on obtient la farine qui sert à faire la pâte et la bouillie. Il se cultive sur défriche brûlis, soit en pure, ou complanté de manioc, de haricot parfois même d'arachide.

o Le manioc

Il est le principal tubercule cultivé dans la région. Il s'agit d'une plante de soudure et de modération alimentaire qui a l'avantage de bien se conserver en sol. Il est favorable à plusieurs types de sols et supporte les conditions difficiles. Il constitue une matière première dont la transformation permet d'obtenir la fécule "agbélima", le gari et le tapioca.

o L'arachide et le haricot

Ils sont plus des cultures d'appoint que des cultures de base de l'alimentation. Ils trouvent des conditions écologiques favorables à leur développement mais sont peu répandus. Ils sont souvent cultivés en complantation et à densité faible. De manière générale, les superficies de haricot sont plus importantes que celles de l'arachide.

o Le palmier à huile

Le palmier à huile joue un rôle important dans l'économie paysanne. Il contribue à la satisfaction des besoins domestiques des paysans et leur assure des revenus monétaires supplémentaires. L'avantage réside dans le fait que toutes les composantes du palmier sont utiles à l'homme. Les branchages servent à fabriquer des claies, des balaies et des paniers; les noix servent à la cuisine et la fabrication de l'huile de palme et de palmiste sans oublier la production du vin de palme après l'abattage de l'arbre. Le palmier se retrouve disséminé un peu partout sur le terroir. Il pousse le plus souvent à l'état sauvage sous forme de peuplement spontané dense et / ou discontinue sur de grandes superficies ou sous forme d'îlots localisés. Ce sont souvent de jeunes plants probablement d'une dizaine d'années d'âge, les plus vieux étant abattus pour la production de vin de palme. L'absence de soins à ces plantes montre qu'il s'agit plus d'un système de cueillette que d'une exploitation de type moderne (Houédakor, 1997).

· Les cultures de rente

Le riz et la canne à sucre constituent les principales cultures de rente de notre zone d'étude.

o Le riz

Le riz constitue la principale culture de rente dans la basse vallée du Zio. Sa culture était bien connue par les paysans de Kovié et Assomé qui avaient leurs champs aux abords de la rivière Nouglobé (Noussoukpé, 2004). Mais il s'agissait d'une riziculture traditionnelle bien soumise au déterminisme du milieu naturel. Les variétés cultivées étaient les oriza (Oriza glabérima, Oriza sativa stend...) qui sont des variétés locales. Par ailleurs, c'était une riziculture pluviale à une récolte annuelle dont les rendements sont déterminés par l'abondance ou non des pluies dans l'année (Abotsi, 2005).

A partir de 1965, cette riziculture pluviale va connaître une modernisation avec l'introduction de la technique d'irrigation par les Taïwanais suite à l'accord signé avec le Togo en 1963. Leur système d'irrigation était constitué de stations de pompage sur le fleuve Zio et de canaux d'acheminement de l'eau jusqu'aux périmètres rizicoles. Ce système a été perfectionné quelques années plus tard par les chinois avec la construction du barrage de retenue d'eau d'une capacité de 8388 m3 à Alokoègbé (Goh in Abotsi 2005). De même, de nouvelles espèces de riz ont été introduites. Il s'agit des espèces comme Elite (120 jrs), Sarakawa (120jrs), IR841 (120jrs), Anatchem (60jrs), TGR34 (90jrs), IR Atipko (120jrs) IR 800 (120jrs) selon Goh (1996) et Botsoé (2001). Les rendements de ces nouvelles espèces s'élèvent à 3,5 voir 5 tonnes de riz paddy par hectare contre un rendement de 0,5 à 1,2 tonnes pour les espèces traditionnelles.

La disponibilité permanente de l'eau, grâce au barrage, a permis d'augmenter le périmètre rizicole à 370 ha (GOH, 1996), la productivité et le nombre de saisons rizicoles par année. Désormais, un même champ sert à produire deux à trois récoltes par an contre une seule récolte pour la riziculture pluviale. Ainsi, un champ peut fournir jusqu' à 10 voir 15 tonnes de riz paddy à l'hectare par an. L'irrigation permet donc d'obtenir un surplus de 8,5 à 13,5 tonnes de riz paddy par an à l'hectare, par rapport au système pluvial traditionnel. Au même moment, la coopération chinoise subventionnait les intrants (engrais, pesticides etc.). De ce fait les producteurs de riz arrivaient à dégager des bénéfices satisfaisants surtout avec la spéculation qui a suivi la forte demande urbaine en riz. Cependant, depuis la suppression des subventions chinoises pour raison du non renouvellement de leur contrat par le gouvernement togolais, la riziculture est confrontée à d'énormes difficultés.

En effet, les paysans ont souvent recours aux prêts usuraires pour financer leurs productions. Or le remboursement de ces crédits se fait soit au taux de 100 % soit par nature. Le paysan est tenu de rembourser, pour un prêt de 10.000 F, un sac de 100 kg de riz dont le prix varie entre 20.000 et 25.000 F, soit un taux usuraire d'environ 100 à 150 %.

Par conséquent plusieurs producteurs surendettés ont abandonné la riziculture pour se tourner vers les cultures vivrières. C'est probablement pour cette raison que sur les 40 hectares, soit 10,7 % du périmètre rizicole (Abotsi, 2005) appartenant aux producteurs d'Assomé, à peine une quinzaine est mise en valeur lors de notre passage sur le terrain. Seuls les paysans "riches" disposant de plus de deux hectares de rizières, et pouvant avoir accès aux intrants sans contracter des emprunts usuraires continuent de produire du riz. De nos jours ces producteurs arrivent à dégager une marge bénéficiaire de 250.000 F par saison rizicole (Abotsi, 2005).

En somme, la production du riz constitue pour la vallée de Zio en général et pour Assomé en particulier l'unedes meilleures potentialités de développement. Cependant, les difficultés d'accès au financement entravent sérieusement son essor.

o La canne à sucre

La canne à sucre est une graminée dont les talles ou tiges regorgent à leur maturité de 10 à 18 % de saccharose. Les exploitations se retrouvent le plus souvent contiguës à celles du riz. Malgré cette proximité, elles ne bénéficient pas du système d'irrigation. C'est donc une culture purement traditionnelle avec des parcelles n'excédant pas l'hectare. La production est estimée à 21voire 25 tonnes par hectare (Sodégadji, 2007).

6.2.1.2. L'activité d'extraction de gravier

Le sol togolais recèle d'importantes ressources minérales exploitées. Les seules ressources actuellement exploitées sont les phosphates de Hahotoé et de Kpogamé et les calcaires de Sikakondi. Cependant, les minerais non exploitées ne restent pas moins utiles, car une exploitation artisanale souvent bien organisée par les populations environnantes les rend utiles. C'est le cas par exemple de l'or, du fer du sable et du gravier (PNUD, 1986).

En ce qui concerne l'extraction de galet dans la basse vallée du Zio, elle avait commencé timidement dans les années 50 après l'interdiction de l'extraction du gravier marin "apouta kpékui". Elle prendra de l'ampleur avec l'introduction des motopompes au niveau des postes de lavage et surtout avec l'essor immobilier de la ville de Lomé qui a augmenté la demande. De même pour la réalisation des travaux publics, les entreprises ont souvent recours aux gravières de la basse vallée du Zio pour satisfaire les besoins en gravier. Dans ce cas, l'extraction se fait à l'aide de bulldozers, caterpilards et de dameuses.

Dans le village d'Assomé, l'extraction artisanale de gravier absorbe la presque totalité de la population active: hommes (vieux, adultes, jeunes), femmes et enfants à cause du profit immédiat qu'elle procure. Même les agriculteurs en font une activité secondaire pour améliorer leurs revenus.

L'extraction du gravier est un travail ardu et de longue haleine. Elle se déroule en deux principales étapes: la prospection et l'extraction proprement dite à l'aide d'outils que sont la pioche, la houe, le coupe-coupe.

· La Prospection

La prospection se résume à l'analyse géologique des terrains avec pour objectif de noter la présence et la nature du dépôt. La technique consiste donc à effectuer une creusée de 1,70 m de diamètre ou de coté et d'une profondeur de 4 à 10 m environ (Tchamba, 2006). Lorsque la prospection révèle un résultat positif on passe à l'extraction.

· L'extraction

Elle constitue la phase la plus pénible du travail. Les couches de gravier se trouvant à des profondeurs de 1 à 6 m, on effectue un décapage progressif du couvert végétal ainsi que du manteau d'argile, pour atteindre les couches de galets.

C'est l'extraction proprement dite qui fait dépenser beaucoup d'énergie, d'autant plus que comme nous l'avions dit plus haut, les galets sont piégés dans une matrice ferrugineuse fortement indurée avec présence de blocs de poudingue au niveau des dépôts de la haute terrasse. Ainsi à longueur de journée, les ouvriers arrachent à coup de pioche (photos 28 et 29) des morceaux du matériel compact qu'ils écrasent après avec le dos de leurs pelles avant le traitement.

2829

Campagne de terrain, Avril 2008

Photos 27 et 28 : Extraction de gravier respectivement dans la zone de

Kpota et derrière la maternité à Assomé

· Le traitement

Au niveau des carrières d'extraction, le traitement se fait par le tamisage à sec. Le tamis est constitué d'un grillage métallique à maille de 1,5 cm de coté, fixé à un cadre pourvu d'un pose-pied. L'extrait est projeté sur le tamis de manière répétitive en petite quantité en se servant de la pelle (photo 30). Ainsi on permet aux particules de sable, d'argile et au débris végétaux de passer à travers les mailles du grillage. Le refus est appelé « gravier tout venant » et est destiné à la vente.

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 29 : Opération de tamisage

Le travail se fait en équipe de deux à quatre personnes par exploitation. Les hommes se chargent de l'extraction alors que les femmes assurent le portage de la carrière au lieu de stockage.

· Le cubage

La quantité de galets extraite par un ouvrier ou groupe d'ouvriers est mesurée à l'aide d'une unité appelée caisse (670 dm3) correspondant à un tas de graviers (photo 31) constitué de 30 mesures de la petite cuvette (22 dm3) (Photo 32). Une dizaine de caisse équivaut à la contenance d'un camion de 8m3.

3132

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 30 : Une mesure d'une caisse de gravier

Photo 31 : Une cuvette servant à la mesure du gravier

· Les revenus

o Cas des ouvriers

La rémunération des ouvriers se fait à base de l'unité de mesure qui est la caisse. Celle-ci est payé à 2250 F CFA soit 75 FCFA la mesure de la petite bassine. Ainsi nous avons estimé le revenu d'un ouvrier par rapport à la mesure de gravier extraite Tableau 8.

Tableau 8 : Revenus par rapport à la quantité de gravier extraite

 

Cuvette

Caisse

Camion

Volume (dm3)

22

670

8.000

Recette (F CFA)

75

2.250

27.000

Campagne de terrain, Avril 2008

Quant au portage, il est payé à 25 FCFA le voyage ce qui revient à 9000 FCFA par camion de gravier extrait.

o Cas des exploitants

Les exploitants sont de deux catégories, ceux qui sont propriétaires terriens et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont donc liés aux propriétaires terriens par un contrat. Il existe deux types de contrats.

Pour le premier type de contrat, le propriétaire concède un lot de terrain à l'exploitant, moyennant un quota de 5.000 FCFA par camion de gravier extrait. Dans le second cas, l'exploitant acquiert le lot de terrain par un bail dont le montant varie le plus souvent entre 150.000 et 200.000 FCFA. Cependant, la terre revient au propriétaire terrien à la fin de l'exploitation

Dans le courant du mois d'avril 2008, le prix d'un camion de 8 m3 de gravier "tout venant" variait entre 55.000 et 60.000 FCFA selon la qualité et la granulométrie du produit. Or, pour l'exploitant vendeur, le coût d'extraction d'un volume de 8 m3 de gravier revient à la somme de 41.000 FCFA. Ainsi un exploitant peut dégager un bénéfice net de 14.000 à 18.000 FCFA par camion de gravier extrait (tableau 9).

Les plus gros bénéficiaires sont les exploitants qui sont propriétaires terriens. Non seulement ils n'ont pas de quota à payer pour la concession de la terre, mais aussi, leurs exploitations sont de type familial où travaillent leurs femmes et leurs enfants qui ne sont, le plus souvent, pas rémunérés. Cela se comprend puisque en saison de pluies toute la famille est au champ, et lorsqu' arrive la saison sèche, où les travaux champêtres cessent, elle se retrouve dans les carrières de gravier.

Tableau 9 : Récapitulatif des revenus des acteurs de l'extraction de gravier

 

Recette par camion de 8m3 de gravier extrait (en F cfa)

Ouvriers

27.000

Porteuse

9.000

Chargeur

4.000

Exploitant

14.000 - 19.000

Propriétaire terrien

5.000

Transporteur

10.000

Service des mines

500

Préfecture

1000

Campagne de terrain, Avril 2008

De l'analyse de ce tableau, il ressort que l'activité d'extraction de gravier à Assomé contribue aussi à l'amélioration des conditions sociales et économiques des populations.

Sur le plan économique, cette activité constitue une source de revenu non négligeable pour les différents acteurs intervenant dans le domaine (ouvrier, chargeur, employeurs, propriétaire terrien) jusqu' au niveau de l'Etat et de ses démembrements.

Sur le plan social, l'extraction du gravier contribue à la réduction du chômage dans notre zone d'étude d'autant plus que beaucoup de jeunes s'y adonnent. Certains ouvriers et les porteuses y viennent pour gagner de l'argent pour financer leur apprentissage, leur scolarité, ou leur commerce. Par le passé, les revenus issus du gravier ont substantiellement contribué à une mutation de l'habitât qui est passé du type traditionnel au type semi-moderne voire moderne.

Malgré que l'extraction de gravier représente une importante source de revenus pour les populations d'Assomé, elle engendre malheureusement d'inquiétants dégâts environnementaux avec des impacts dramatiques sur la vie économique et sociale de la population. L'agriculture, activité rurale par excellence, a été substituée au cours de ces trois dernières décennies par l'extraction de gravier. En effet, durant les périodes fastes de cette activité et avant son interdiction en 1998, elle a complètement éclipsé l'agriculture. D'abord par l'absorption de la main d'oeuvre et du capital foncier disponible ensuite par la dégradation de ce dernier qui est devenu impropre à l'agriculture.

6.2.2. L'informel

6.2.2.1. L'artisanat

L'artisanat désigne l'ensemble des activités économiques manuelles exercées sans aide automatisée, qui utilise donc une technique traditionnelle voire ancestrale. L'artisan travaille généralement à son propre compte souvent aidée de sa famille ou d'apprentis qu'il forme.On distingue l'artisanat de service et l'artisanat de production.

L'artisanat de service regroupe la couture, la coiffure, la tresse,... que l'on rencontre dans les ruelles à travers des panneaux indiquant la présence d'un atelier. Ce secteur est dominée par la gente féminine et constitue un canal d'insertion professionnelle pour les nombreuses jeunes filles qui y sont en formation.

L'artisanat de production de son coté englobe la menuiserie, la forge, la poterie et la vannerie qui produisent des outils, des meubles et ustensiles utilisés dans les ménages.

Pour certains, la couture constitue une activité secondaire. C'est le cas des paysans tailleurs qui ne travaillent dans leurs ateliers que pendant la période d'inactivité agricole.

6.2.2.2. La transformation des produits agricoles.

Elle demeure encore traditionnelle et concerne la transformation du manioc et des noix de palme par les femmes. Le manioc est transformé en fécule "agbélima" ou en gari et en tapioca et les noix de palme en huile de palme rouge "zomi" et d'autres dérivés. Notons aussi la distillation du vin de palme pour obtenir de l'alcool "sodabi". Tous ces produits sont convoyés sur le marché de Tsévié.

Il faudra aussi mettre en exergue le service de la restauration offert par des bonnes femmes qui en ont fait leur activitééconomique. Elles offrent sous des abris de fortune des mets tels que le riz, le foufou, la pâte.

6.2.2.3. Le Commerce

Le commerce reste l'apanage des femmes et s'exerce par le biais de boutiques d'alimentation générale situées le long de l'axe Davié-Assomé-Kovié et des étalages de produits divers aux coins des ruelles. Il existe aussi un petit marché sur lequel on peut se procurer les produits de première nécessité pour la cuisine (légumes, épices, poissons).

6.2.2.4. Le transport

Cette activité est très peu développée à Assomé à cause de l'état de délabrement des infrastructures routières. Les camions de transport de gravier et les véhicules tout terrain sont les seuls engins à quatre roues à pouvoir accéder à Assomé. Les premiers passent par Adétikopé et les seconds par Davié. Par ailleurs, avec la désagrégation de son économie, le terroir ne dispose pas d'atouts économiques pouvant permettre le développement des transports.

Dans ce contexte, le transport se résume à la vulgarisation du phénomène de taxi moto auquel s'adonnent bon nombre de jeunes du village. Les motos sont souvent mises à leur disposition par les frères de la diaspora alors que certains sont propriétaires de leurs motos dont l'achat a été financé par les revenus tirés de l'extraction du gravier.

Les principaux axes sont Assomé Davié (300 F CFA), Assomé-Kovié (500 F CFA), Assomé-Tsévié (500 F CFA) et Assomé-Lomé (1 000 à 1 200 F CFA). Selon un conducteur, le revenu moyen journalier et personnel peut atteindre2 000 F CFA.Ce qui équivaut à un revenu mensuel de 60 000 F CFA, qui constitue une fortune en milieu rural togolais. De plus, ce secteur contribue à la baisse de la délinquance juvénile en occupant de plus en plus de jeunes.

6.2.3. L'activité salariale restreinte

Il s'agit des fonctions exercées par les salariés du public et du privé. Ce sont en majorité les enseignants du primaire et du secondaire, le personnel de la santé, et les agents de l'ONG de micro crédit IDH. Cette frange apportebeaucoup à l'économie du terroir par son pouvoir d'achat.

Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET

TERRITORIALE

Assoméest un terroir aux valeurs culturelles typiquement Ewé5(*) qui reflète les origines du village et de sa population. C'est un ensemble de 2412 ha qui constitue le périmètre de contrôle social sur lequel les autochtones expriment leur identité, leur enracinement et leur appropriation de l'espace. Le terroir est perçu comme un don des dieux, donc sacré. La communauté est régie par des us, des coutumes et des interdits qui assurent la cohésion sociale et l'harmonie avec les dieux. De nos jours, toutes ces valeurs se perdent peu à peu sous l'influence du brassage culturel et religieux. Même la forêt sacrée, temple des dieux, est profanée rompant ainsi selon les garants des us et coutumes la faveur des dieux à l'égard du village.

7.1. Organisation sociale

A l'instar des autres grands groupes du bloc Aja-Tado auquel elle appartient, la société éwé d'Assomé est une société gérontocratique et patriarcale à résidence virilocale. L'autorité est détenue par les hommes les plus âgés et les femmes doivent quitter la maison de leurs parents pour s'installer dans la concession de leur mari. Le réseau de parenté occupe une place centrale et constitue le socle de l'organisation sociale.

La cellule de base est la famille « Éomé » qui prend ici une connotation beaucoup plus large qu'elle ne l'est chez les Occidentaux. Tous ceux qui descendent d'un même individu homme ou femme se considèrent comme membres d'une même famille. La famille s'étend donc au-delà des personnes unies par des liens de sang. On en distingue ainsi trois types :

· la famille nucléaire ou conjugale est composée du père, de la mère et des enfants. En son sein on n'accorde aucun privilège à une voie particulière de filiation. Le père et la mère contribuent donc à parts égales à la procréation puis à l'éducation de l'enfant. Ils ont à son égard des devoirs complémentaires de même importance ;

· la famille élargie regroupe plusieurs familles nucléaires et comprend les grands parents, les oncles, les tantes, les cousins, les petits fils, les neveux... ;

· la famille clanique dont les membres se réclament d'un même ancêtre fondateur, ont les mêmes rites, les mêmes coutumes et partagent les mêmes interdits (les totems par exemple).

Généralement le « Éomé » est représenté par un ménage qui constitue une unité familiale indiviseà la tête duquel se trouve un chef qui est le père de famille. Le regroupement des « Éomé » ayant un même ancêtre, donne des lignages qui à leur tour constituent des clans « Kota ». Selon Kossi (1993), le lignage est un segment du clan regroupant toutes les personnes se reconnaissant par filiation patrilinéaire comme descendants d'un ancêtre commun connu pour avoir vécu au moins trois générations plus tôt. Cet ancêtre laisse en héritage son nom à l'ensemble de la formation sociale et un ordre religieux.

Outre cette organisation clanique, il existe des groupements ou associations culturels qui constituent des creusés de l'identité culturelle de la communauté villageoise. Au nombre de ces groupements culturels on peut citer ceux de Agbadja, Atiméhoun, Bobobo... Concomitamment, ces groupements ont pour objectif de promouvoir l'entraide et la solidarité communautaires dans le village. Chaque membre est ainsi assisté, aidé et soutenu moralement et financièrement à travers des cotisations collectives lors des grands évènements (naissance, mariage, libération, décès, funérailles...).

Par ailleurs, pour bien sceller la cohésion et la fraternité des ressortissants d'Assomé, il fut institué la célébration de la journée de " Dedekpokpozan " (fête de la libération) comme la fête traditionnelle du village dont la dixième édition fut célébrée en 2009.

7.2. L'organisation administrative et politique

Comme dans tout village de l'aire Ewé, l'unité administrative de base est le quartier qui est le lieu de résidence d'un même clan. Il se subdivise en des sous quartiers habités par les lignages portant le nom de leur fondateur. A la tête de chaque quartier règne le chef de quartier choisi suivant sa personnalité et son influence parmi les chefs de lignage. Il dirige le quartier assisté du conseil des anciens, au sein duquel se trouvent réunis tous les chefs de lignages et autres personnalités éminentes du quartier.

Les attributions et responsabilités sont calquées sur la structure à chaque niveau. Le chef de lignage est chargé de diriger son lignage. A lui de juger les différends familiaux, d'organiser les fêtes (mariages, funérailles, ...), de présider les cérémonies du culte des ancêtres. Il est responsable de son groupe devant la société. La juridiction du chef quartier représente une instance supérieure. De sa compétence relèvent les problèmes concernant l'ensemble du quartier. A lui de régler les conflits qui surgissent entre les lignages de son quartier. Il a en outre le devoir de défendre les intérêts de son quartier au sein du conseil royal.

Au plus haut niveau, la gestion des affaires du village est assurée par un conseil royal composé du chef du village et du collège des notables constitué par les chefs de quartier. Le chef du village joue le rôle de coordination au nom de l'administration. Son pouvoir sur les populations est à la fois administratif, judiciaire et traditionnel. Il est aussi le gardiendes us et coutumes.

7.3. La vie religieuse

Dans son quotidien, la population d'Assomé accorde une importance particulière à la croyance. Celle-ci repose sur une vision physico mystique du monde. Elle joue un rôle si prépondérant qu'on peut affirmer qu'elle constitue une donnée centrale de cette société animiste et polythéiste. L'univers religieux compte ainsi plusieurs divinités, depuis Mawu (Dieu)jusqu'aux animaux et bois sacrés en passant par les ancêtres, les esprits et génies et les Bo ou Zoka (les charmes).

A coté de cette religion polythéiste héritée des ancêtres, prolifèrent des religions monothéistes dites modernes.

7.3.1. La religion traditionnelle

La forêt sacrée créée par Togbui GBAGUIDI fondateur du village, occupe une place centrale dans l'organisation religieuse.Il s'y déroule périodiquement des cérémonies rituelles, des prières et des manifestations diverses en honneur des ancêtres.Les ancêtres sont ceux qui, ayant vécu dans les temps anciens sont parvenus après une longue, respectable et féconde vie à une mort digne et se reposent actuellement dans l'au-delà. Ayant franchi après la mort la barrière de l'ignorance, les ancêtres sont censés connaître les deux mondes, visible et invisible, sources des évènements qui se passent ici-bas. De ce fait ils peuvent agir pour conjurer les périls, veiller sur le bonheur de leurs familles et de son bien être matériel. Aussi, le culte que l'on rend, vise-t-il à les concilier, à les avoir pour alliés et à obtenir leur bienveillance. Par crainte de leurs reproches ou de leur colère, on les prie de se montrer indulgents, on les invoque et on leur offre des sacrifices lors des naissances, des funérailles, des récoltes. On attribue donc à ceux-ci trois fonctions principales:

· fonction de régénérateurs biologiques par leur intervention dans les naissances et par une action sur la fertilité du sol ;

· fonction de garants de l'ordre moral et social c'est à dire des coutumes, traditions et valeurs qu'ils ont eux-mêmes façonnés et codifiés de leur vivant. Ils détiennent, tous les droits et pouvoirs de sanctionner les infractions aux lois, les ruptures d'interdits, les mauvaises conduites ;

· fonction de protecteurs de leurs descendants.

Un grand prêtre qu'assistent d'autres prêtres et prêtresses est le maître des cérémonies. Les cérémonies se déroulent au coeur même de la forêt sacrée à l'occasion des événements heureux et malheureux.

Mise à part la forêt sacrée, il existe aussi des divinités secondaires que sont : Yaya, Azo, Xebieso, Afa, Egu, Togbi-Zikpui...

7.3 .2. Les religions modernes

En dehors des croyances traditionnelles, on retrouve parallèlement d'autres croyances que sont le christianisme et l'islam.

7.3.2.1. Le christianisme

La percée du christianisme en Afrique sous l'action des missionnaires n'a pas épargné cette population. Aujourd'hui le nombre des fidèles du christianisme ne cesse de grandir, ce qui tend à réduire voire supprimer la pratique des rites vodou et ancestrales. Parmi les églises qui expriment la prépondérance de la foi chrétienne on peut citer les églises Catholique, Presbytérienne, Assemblée de Dieu, Témoins de Jéhovah... Il est pratiqué en association avec l'animisme

7.3.2.2. L'islam

Il est pratiqué par une minorité, surtout des étrangers et quelques autochtones d'Assomé dont l'actuel chef du village.

Selon les garants des traditions ancestrales, la conversion massive des villageois à d'autres religions à conduit à la profanation du sacré que représente la forêt par les coupes de bois, les abattages d'arbres et l'extraction du gravier, suscitant ainsi la colère des dieux qui ne protègent plus le village d'où les problèmes auxquels le village est confronté, comme la baisse de la productivité agricole.

7.4. Organisation de l'espace du terroir

A l'image du monde rural africain en général et togolais en particulier, il n'existe pas réellement de plan d'aménagement élaboré pour le terroir d'Assomé. Sa structuration actuelle résulterait plutôt de la mise en valeur spontanée des ressources physiques qui a imposé une organisation archaïque de l'espace. Celle-ci semble épouser la morphologie du site du terroir. En effet, l'observation du site révèle deux petits plateaux (l'un au nord, l'autre au sud-est du terroir) et la plaine alluviale du Zio qui occupe le reste du terroir. Les deux petits plateaux sont séparés par une vallée sèche allongée qui communique avec la plaine alluviale (carte 6).

Cette morphologie du site a beaucoup influencé l'organisation de l'espace du terroir qui se présente comme suit :

- sur le plateau nord, se trouve l'espace bâtit du terroir c'est-à-dire le village d'Assomé avec ses infrastructures et ses champs de case ;

- le plateau du sud-est ou Kpota est consacré à l'extraction de gravier ;

- la vallée sèche, fait l'objet d'une intense exploitation agricole ;

- la plaine alluviale, qui correspond au domaine des champs lointains, est très peu mise en valeur. Elle comporte quelques petites fermes qui servent de résidences secondaires pour ceux qui y exploitent des portions de terre. C'est aussi dans cette plaine, sur les terres hydromorphes aux abords de la rivière Zio que se pratique la riziculture.

Carte 6 : Occupation de l'espace du terroir d'Assomé

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La typologie du village Assomé se caractérise par le regroupement de son habitatcomme dans la plupart des localités rurales du Sud-Togo. Les différents quartiers se sont développés autour du quartier originel formant ainsi un type de village- en - tas. Les maisons sont construites les unes contre les autres sur l'espace libérant ainsi de vastes espaces alentour qui constituent le domaine foncier villageois. Le critère principal qui permet de différencier les quartiers est le lignage. Les familles ayant un même ancêtre se réunissent dans un même quartier. Assomé compte six quartiers que sontApétépé, Tékpo, Gbodoavé, Essein, Aféyéyémé, Daviémodji. Les rues étroites entourent les maisons et ne peuvent être empruntées que par des engins à deux roues. Cette structure groupée du village est favorable au développement de l'esprit communautaire et de solidarité.

Les principales infrastructures socio-collectives (carte 7) sont installées à la périphérie du village. L'église catholique, son école primaire et le château d'eau se partagent un même espace à la périphérie Nord. Les structures de l'église protestante se retrouvent quant à elles à la périphérie Nord-Est. L'école primaire publique (EPP) pour sa part est construite au Nord-Est du village alors le CEG, en attendant la construction de ses locaux au Nord de l'EPP, occupe provisoirement un petit espace à la périphérie Est. Les deux stations de pompage d'eau ont été installées au milieu des champs dans la vallée où la nappe est plus accessible. Elles se situent à près d'un kilomètre l'une de l'autre. Quant au dispensaire St Etienne, il se retrouve à un kilomètre du village sur le tronçon Assomé-Kovié. Seules les fontaines publiques ont été installées au milieu des habitations pour permettre une meilleure accessibilité de la population à l'eau potable.

Carte 7 : Infrastructures socio-collectives à Assomé

Troisième partie :

Vision

du développement

d'Assomé

La vision du développement renvoie aux orientations futures du développement à Assomé en adéquation avec les réalités biophysiques, socio-anthropologiques et économiques locales. Néanmoins avant d'aborder cet aspect, il serait d'une grande utilité de faire l'état des lieux de la situation du développement par la présentation des contraintes, des potentialités et des acquis socioéconomiques du terroir d'Assomé en matière de développement.

Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES DE

DEVELOPPEMENT.

Le processus de développement est une problématique qui évolue à travers la synthèse de la dynamique potentialités/contraintes inhérente aux sociétés et aux espaces géographiques en quête d'un bien-être social, économique, culturel et environnemental. Ainsi ce chapitre présente un récapitulatif des potentialités et contraintes à considérer dans le cadre d'un programme de développement du terroir d'Assomé.

8.1. Les Contraintes

A l'instar de tous les espaces géographiques subsahariens constitués, il est évident qu'Assomé aussi la croissance démographique et la pauvreté ont entraîné une exploitation abusive des ressources. Le couvert végétal et les sols ont été fortement dégradés au point de rompre l'équilibre naturel de l'environnement. Cette situation conduit, le terroir d'Assomé investi par cette étude, à des crises écologique et sociale qui handicapent sérieusementson développement.

8.1.1. Les Contraintes physiques

Les contraintes physiques du développement du terroir sont marquées par la perte de la diversité biologique, l'aridification du climat, et les pertes de terres cultivables.

8.1.1.1. L'aridification de la région

L'aridification du climat s'exprime à travers la diminution progressive des cumuls annuels de pluies depuis quelques décennies déjà. Rappelons brièvement que notre zone d'étude fait partie intégrante de la Région Maritime délimitée au sud par la latitude 6° alors que la latitude 7° constitue sa limite nord. Elle se situe par conséquent dans la zone de climat subéquatorial caractérisée par l'abondance de pluie et de végétation. Mais au contraire, la région est soumise depuis quelques décennies à des conditions climatiques particulièrement moins pluvieuses. Cette faiblesse pluviométrique que Attignon (1960) a appelée « anomalie climatique du sud Togo » relève de l'inscription de la côte togolaise sur la diagonale de sécheresse, qui va de Téma à Grand-Popo (Edjamé & al, 1992). . De plus, on constate, ces dernières années, une tendance à la disparition du pic d'octobre, caractéristique du climat subéquatorial.

La comparaison des normales de pluies des périodes de 1961 à 1990, 1971 à 2000 avec les tendances de la pluviométrie sur les dix dernières années (1998 à 2008) (Figure 20)traduit bien cette aridification de la région.

Figure 17 : Courbes comparatives des normes pluviométriques de 1961-1990, 1971-2000 et la décennie 1998-2008.

On remarque d'après la figure ci-dessus que la courbe de la norme de 1961-1990 est nettement au-dessus de celle de la norme de (1971-2000) qui, elle-même, est au-dessus de la courbe de la dernière décennie (1998-2008). Ce qui traduit une diminution de la pluviométrie. Les hauteurs de pluie s'amenuisent au fil des années. De plus, on constate ces dernières années, une tendance à la disparition du pic d'octobre, caractéristique du climat subéquatorial. Cette anomalie se trouve renforcée ces dernières années par des perturbations liées à la variabilité climatique qui accentuent encore plus l'assèchement du climat.

Pour le démontrer, nous avons calculé les indices d'aridité de notre zone d'étude et son évolution entre les années 1990 et 2005. Ces indices ont été calculés à partir de la formule de E. De Mamorte revue en 1942 :

P = Somme annuelle des précipitations p = Précipitation du mois le plus sec

T = Température moyenne annuelle t = Température du mois le plus sec

Comme l'indice varie en sens contraire de l'aridité on a :

Pour I < 5 alors il y a aridité absolue

Pour 5 < I < 10 alors il y a aridité

Pour 10 > I >20 alors il y a semi-aridité

878 12 ( 8 )

+

26, 9 + 10 27 + 10 26

I 1990 = = = 13

2 2

I 1990 = 13

757, 3 12 (6)

+

27, 4 + 10 27, 8 + 10 22, 15

I 2005 = = = 11, 07

2 2

I 2005 = 11, 07

Les indices I 1990 = 13 et I 2005 = 11,07 sont toutes deux comprise dans l'intervalle 10 < I < 20, ce qui signifie que notre zone d'étude est en proie à une semi - aridité.

De même I 1990 = 13 > I 2005 = 11,07 dénote que la décroissance des indices évolue vers 10.

On peut alors en déduire que l'assèchement du climat et ses conséquences sur le couvert végétal dans le Sud-Togo, continuent de nos jours et prennent de l'ampleur avec le concours de l'emprise dévastatrice des sociétés humaines.

Pour ce qui est d'Assomé, si des actions concrètes ne sont pas menées pour freiner le recul considérable des formations, on risque de tendre vers une désertification de la région. En dehors de sa végétation qui se dégrade, les terres aussi subissent des attaques de toute sorte perturbant ainsi l'activité agricole qui devient de plus en plus précaire dans la région.

8.1.1.2. Les pertes en terre

Les pertes de terre résultent de la dégradation physique, chimique et biologique du sol. Les pertes de terre s'expriment à Assomé sous deux formes à savoir les pertes en sédiments et les pertes en terre de culture.

Ø Les pertes en sédiments

Il s'agit de perte de consistance suite au départ de particules sous l'action des gouttes de pluies et de l'érosion sur les sols dénudés. Les pertes en sédiments sont déterminées sur la base de l'indice d'agressivité que nous avons calculé plus haut, et selon cette formule de Fournier :

E = perte de sédiments exprimée en tonne / km² / an

C = (indice d'agressivité)

P

C = 50,69 (moyenne sur la période de 1996 à 2005, soit 10 ans)

Ainsi nous avons : E = 27,12 50,69 - 475,4

E = 899,31 soit 900

Cette valeur qui équivaut à 900 tonnes/km²/an correspondant à une perte annuelle de terre arable de 900 tonnes sur chaque superficie de 1 km². Ce qui représente probablement plusieurs centaines, sinon plusieurs milliers d'années de travail pour la nature (Bennet, 1939). Cependant ce chiffre peut augmenter sensiblement dans les zones d'extraction de gravier parce que d'une part les carrières qui y sont creusées augmentent l'ampleur des pentes alors que de l'autre les sols y sont fragilisés. Par conséquent les départs de sédiments sont plus importants.

Ø Les pertes de terre de culture

Les pertes en terre de culture, elles sont consécutives à l'essor de l'extraction de gravier dans la région. La majeure partie des bonnes terres agricoles a été absorbée par les carrières de gravier. Par conséquent, il se pose de nos jours un manque cruel de terres de culture.

En effet, les populations d'Assomé attirées par les gains de l'extraction gravier, se sont ruées vers cette activité qui avec le temps a pris le pas sur l'activité agricole. Chaque clan, chaque famille et chaque individu homme ou femme a sacrifié son patrimoine foncier pour cette activité. Pire encore, de vastes superficies de terres ont été soit vendues aux exploitants étrangers, soit expropriées par l'Etat au profit des grandes sociétés de travaux publics de la place pour leur besoin en gravier lors de la construction de certaines grandes édifices publiques de Lomé.

Ainsi des centaines d'hectares de terre de culture ont été transformés en carrières.La destruction du couvert végétal, la modification notable de la morphologie et de la structure du sol rendent impossible toute tentative de mise en valeur agricole. C'est ce que nous a confirmé un chef de ménage en ces termes «Regarde tout ce vaste domaine nous appartient mais on ne peut pas le cultiver à cause des trous et des cailloux qu'il y a dans le sol. On ne passe que de temps en temps pour tamiser les rejets de sable pour en extraire les gravillons que nous vendons pour avoir un peu d'argent».

Evidemment le propriétaire terrien récupère son bien à la fin de l'exploitation. Cependant, il est contraint d'attendre plusieurs dizaines d'années avant de pouvoir le cultiver de nouveau. C'est ainsi que plus de 600 ha soit le 1/3 de la superficiedu terroir est abandonné pour plusieurs années encore, alors qu'elles devaient normalement servir à la production agricole. Le phénomène est d'autant plus grave qu'il touche essentiellement les terres ferralitiques qui disposent d'une bonne aptitude culturale. Par ailleurs, la rente foncière rurale ayant conduit à la cession d'importants lots de terres à des étrangers a considérablement accentué la pénurie de terre de culture dans la localité.

8.1.1.3. La pénurie de terre agricole

La pénurie de terre agricole est la résultante de la perte de terre de culture et se pose en terme de réduction sensible des superficies cultivables ou cultivées par habitant, mais aussi et surtout en terme de manque cruel de terre de culture. Etant donné que la population est en perpétuelle croissance alors que l'espace cultivable est réduit et limité par la transformation de vastes superficies en carrières, la population qui, jadis, était habituée à une agriculture itinérante avec jachère et qui plaçait son prestige sur l'étendue de son patrimoine foncier, se trouve coincée sur son propre terroir. On est passé de l'abondance de terre à la « faim » de la terre de culture.

Aujourd'hui, dans un rayon de 4 à 6 km autour du village, seules les dépressions et quelques portions de terres qui n'ont pas été touchées par les carrières, au nord du village, accueillent encore les cultures. Face à la croissance de la population ces terres encore exploitées pour l'agriculture sont morcelées, surexploitées et se détériorent de façon irréversible. Dès lors, les terres hydromorphes des abords du Zio qui sont jusque-là négligées, commencent à être mises en valeur, avec des risques d'inondation qui détruisent régulièrement les cultures. Il s'en suit donc une diminution sensible de la production agricole avec pour conséquence une pénurie alimentaire surtout en période de soudure.

8.1.1.4. La disparition des espèces

La réduction des aires végétales, démontrée plus haut, a conduit aussi à la disparition de nombreuses espèces végétales et animales. Selon les populations, il est difficile de retrouver dans le périmètre du terroir certaines plantes qui jadis y abondent surtout ceux qui entrent dans la pharmacopée traditionnelle. Même la forêt sacrée du village qui devait constituer le patrimoine floristique ne subsiste aujourd'hui que par quelques kapokiers (espèces à bois tendre sans grande valeur donc peu exploitée) aux pieds desquels prospère l'Impérata cylindrica. De même, la faune n'est pas à l'abri de cette menace. La destruction des habitats par le défrichement et les feux de brousse a entraîné également la disparition de nombreuses espèces animales. Pour preuve, il n'y a presque plus de chasseur à Assomé parce qu'il n'y a plus de gibiers à chasser.

8.1.2. Contraintessocio-économiques

8.1.2.1. La pauvreté

La pauvreté se retrouve sur toutes ces formes à Assomé. Elle s'est empirée avec la désagrégation del'économie locale. En effet, le terroir d'Assomé présente aujourd'hui des opportunités économiques très réduites (extraction de gravier et riziculture). Par conséquent, les revenus monétaires sont très faibles et ne permettent pas d'améliorer lesconditions de vie dans le milieu. Les maigres ressourcesfinancières ne suffisent à peine qu'à satisfaire les besoins alimentaires.

Corrélativement, il est très difficile voire impossible pour les populations d'investir dans l'éducation de leurs enfants et d'assurer les soins de santé modernes et des logements décents. Cette réalité explique la faible fréquentation des structures de santé et la déperdition scolaire que l'on constate au niveau de l'enseignement secondaire. Par ailleurs, on observe dans le village des maisons totalement délabrées aux murs lézardés et soutenus par des poutres de bois.

En outre, les différentes contraintes auxquelles est confrontée l'agriculture suite à la dégradation du paysage à Assomé se traduisent par de très faibles rendements (tableau 7 à la page 91)qui ne permettent pas de satisfaire les besoins alimentaires d'une population toujours croissante. Aussi la situation alimentaire s'est-elle complètement dégradée. On n'enregistre que quatre à cinq mois d'abondance alimentaire correspondant aux deux périodes de récoltes au cours de l'année où on se permet deux à trois repas par jour.

Contrairement à cette période, c'est une véritable crise alimentaire que vivent les populations pendant les périodes de soudure. L'épuisement des réserves alimentaires et la hausse excessive des prix des denrées agricoles sur les marchés font planer le spectre de la famine sur le village. Le nombre de repas est généralement réduit à un repas par jour. Les ménages sont soumis à la sous-alimentation et à la malnutrition durant une bonne partie de l'année. Ce sont des moments très difficiles surtout qu'ils correspondent au début des opérations culturales où les paysans doivent fournir assez d'énergie dans le défrichage et le labour.

La recherche de solutions à cette pauvreté conduit à une exploitation plus accrue des ressources de la nature à travers l'extension des cultures sur des terres marginales, la densification de l'extraction de gravier et la coupe abusive du bois. Il s'en suit une dégradation de l'équilibre écologique d'origine au profit d'un nouvel équilibre plus fragile et difficilement gérable. Cette situation ne fait que perpétuer la pauvreté et réduire à néant les possibilités de développement du terroir.

8.1.2.2. L'exode rural

L'exode rural est très perceptible à Assomé. Beaucoup de jeunes préfèrent quitter le village poussé par le manque d'emplois suite à l'interdiction de l'activité extractive et les difficultés de la mise en valeur agricole à cause de la dégradation du paysage. Leur destination privilégiée demeure la ville de Lomé. Ce phénomène qui a commencé depuis près de deux décennies s'est accéléré avec l'interdiction en 1998 de l'extraction du gravier sur le terroir à cause de l'ampleur des dégradations qui s'y produisent. Ces départs concernent essentiellement la tranche de 15 à 25 ans qui se retrouvent le plus souvent comme conducteurs de taxi-moto pour les garçons, alors que les filles s'adonnent au petit commerce ou s'engagent comme domestiques en ville.

Le bilan de cet exode est largement négatif pour le village. Il se crée un déséquilibre au sein de la population avec une grande proportion de vieillards, de femmes et d'enfants alors que l'effectif de la population jeune est très faible. Il s'ensuit donc une augmentation de la population en charge par actif. Le nombre de bouches à nourrir augmente alors que les bras valides pouvant produire les besoins alimentaires manquent, ce qui exacerbe la crise alimentaire dans le village. Le seul aspect positif se situe au niveau des maigres aides financières ponctuelles que ceux installés hors du terroir apportent à leurs parents.

8.1.2.3. La rente foncière

Elle concerne l'acquisition de terres à mettre en valeur en milieu rural pour la production végétale et animale par des cadres urbains.

Ce phénomène de rente foncière a commencé depuis 1975 au temps du lancement de la révolution verte et de la réforme agro-foncière par le pouvoir en place demandant aux Togolais d'acquérir des terres pour leur mise en valeur en vue de participer à l'économie nationale. Dans ce cadre, beaucoup de terres rurales ont été acquises à des prix dérisoires mais ne sont pas mises en valeur jusqu'à ce jour.

A Assomé, ce phénomène de rente foncière a été encore plus attisé par l'intérêt économique que représente la présence de gravier dans les couches inférieures du sol. Si la majorité de ces terres ont fait l'objet d'extraction de gravier sur les plateaux, ce n'est pas le cas dans la plaine alluviale du Zio où des centaines d'hectares de terres propices à l'agriculture ne sont pas toujours mis en valeur. Seuls quelques domaines sont complantés de tecks et d'acacia. Par conséquent, le manque de terre de culture s'accentue de plus en plus. Cette situation représente aujourd'hui un grand handicap pour le développement du terroir qui a besoin de restaurer son économie par la redynamisation de l'agriculture.

8.1.2.4. Le manque de volonté politique

Le manque de volonté politique se traduit par la réticence des autorités politiques à faire avancer le processus de décentralisation, de l'organisation administrative, gage d'une participation populaire et citoyenne au développement du pays, à travers une large implication des populations à l'autopromotion des collectivités locales

Alors que la loi de décentralisation, votée le 11 février 1998, a abrogé toutes les dispositions antérieures contraires, notamment les dispositions des lois n°81/8 et n°81/9 du 23 juin 1981 portant organisation du territoire en ce sens qu'elles sont relatives aux collectivités locales, il n'existe toujours pas de textes d'application pouvant permettre la mise en place effective des collectivités locales prévues à cet effet. Par conséquent, l'administration du territoire se fait à

travers une gestion centralisée sous prétexte de la pérennisation de la stabilité administrative qui jusqu' à nos jours empêche toute initiative locale de promotion, du développement et du bien-être de la part des collectivités de base.

8.2. Les potentialités

Par sa situation dans la basse vallée du Zio, Assomé regorge d'énormes potentialités biophysiques qui constituent de véritables atouts pour le développement économique de ce terroir.

Ces potentialités biophysiques sont relatives à la zone écologique (la basse vallée du Zio) dans laquelle se situe le terroir d'Assomé. En effet, ce dernier s'inscrit dans le système de paliers formé par les terrasses alluviales le long des versants de la basse vallée de la rivière Zio.

Il jouit d'un climat tropical guinéen à alternance de saisons humides et de saisons sèches et d'un potentiel pédologique caractérisé par la présence de trois types de sols issus de l'évolution paléo climatique du Zio à savoir les sols ferralitiques qui recouvrent sur les terrasses d'importantes couches d'éléments grossiers (galets et de graviers) qui font l'objet d'une intense exploitation, les sols hydromorphes dans les parties inondables de la basse plaine alluvialeet les vertisols sur les partie non inondables. Aux différents types de sols correspondent respectivement trois types de végétation de savane à savoirla savane arbustive dégradée, la savane herbeuseetla savane arborée.Cet ensemble évolue sous un climat tropical guinéen marqué par l'alternance de deux saisons pluvieuses et de deux saisons sèches au cours de l'année. La moyenne de température et de pluie s'élève respectivement à 27° C et 900 mm d'eau par an. Assomé présente donc des conditions biophysiques très favorables à l'agriculture avec une assez large variété de cultures. Par ailleurs, la présence de la rivière Zio (cours d'eau pérenne) dont le terroir est riverain, constitue pour le terroir le principal atout pour le développement de l'agriculture de contre saison et de maraîchage par les possibilités d'irrigation et d'arrosage qu'elle offre.

A ces potentialités biophysiques s'ajoutent un certain nombre d'acquis de développement dont le chapitre suivant fera l'objet.

Chapitre 9 : LES ACQUIS DU DEVELOPPEMENT

Dans le cadre de la promotion du développement humain durable à l'échelle mondiale, la communauté internationale dont le Togo a adopté à l'issue du Sommet du Millénaire en septembre 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Dès lors, l'Etat en collaboration avec les partenaires nationaux et internationaux a élaboré des politiques de développement à la base axées sur la promotion sociale, l'amélioration des conditions de vie des populations et la réduction de la pauvreté (surtout en milieu rural). Dans cette optique, il fut arrêté de grandes orientations stratégiques visant :

- l'accélération de la croissance économique dans le but de la réduction de la pauvreté ;

- le développement des secteurs sociaux, des ressources humaines et de l'emploi ;

- la gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement ;

- la promotion de la bonne gouvernance.

Celles-ci sont renforcées par des stratégies sectorielles de développement, dans le domaine de l'économie (réduction de la pauvreté), de la santé, de l'hydraulique villageoise et des transports, adoptées par le gouvernement.

Malgré la mise en place de toutes ces dispositions, force est de constater que les problèmes de développement demeurent entiers sur le plan national faute de moyens financiers mais aussi et surtout de manque d'une réelle volonté politique. Cependant, il serait malhonnête de ne pas faire cas des avancées réalisées en ce sens avec le concours des organismes internationaux et des ONG. Ces derniers accordent une importance particulière aux infrastructures socio-collectives dans l'amélioration du développement à la base avec l'implication des populations dans leur mise en place, leur gestion et leur évaluation.

C'est ainsi que sous la supervision de la préfecture du Zio,Assomé jouit déjà d'un certain nombre de réalisations à caractère social en infrastructures sanitaires, scolaires et d'adduction d'eau villageoisequi contribuent dans la mesure du possible à l'amélioration des conditions de vie de la population.

De même, depuis son installation le 22 Août 2009, le Comité Villageois de Développement (CVD) s'est investi dans la résolution des problèmes de développement. Ce faisant, ce comité a reçu l'appuie de certains ONG pour la réalisation de futurs projets de développement (construction des bâtiments du CEG, assainissement et salubrité publics) social dans le village. Tandis que les projets de développement économique sont presque inexistants.

9.1. Les acquis sociaux

Les réalisations de projets de développement social, à Assomé, sont perceptibles à travers les infrastructures qui y sont disponibles. Ces réalisations couvrent dans le village les domaines de la santé, de l'éducation et de l'approvisionnement en eau potable.

Dans le domaine sanitaire, le village d'Assomé a été doté de deux structures de base en l'occurrence le dispensaire Saint Etienne (Photo 6) et la maternité Gavazolli Giovanni.

Le dispensaire est uneoeuvre de FONDACIO (Fondation pour un Monde Nouveau), une ONG belge en collaboration avec l'Organisation de la Charité pour un Développement Intégral (OCDI). Ce dispensaire mis en service depuis le 15 novembre 2000 représente une véritable aubaine pour la population d'Assomé et des villages voisins. Son personnel se compose d'un médecin, d'une assistante, d'une infirmière et d'une accoucheuse. Quant à la maternité, elle fut inaugurée le 08 janvier 1998, cependant elle n'est plus fonctionnelle aujourd'hui faute de personnel.

Pour ce qui est du domaine de l'éducation, l'action des institutions religieuses est très visible. En effet, aux deux écoles primaires publiques A et B d'Assomé, s'ajoutent deux autres écoles primaires issues des initiatives des communautés religieuses. Il s'agit des écoles primaires protestante et catholique. De même, il y eu en 1996 une initiative locale des populations d'Assomé qui créèrent un Collège d'Enseignent Général qui sera reconnu par l'Etat deux ans plus tard c'est-à-dire en novembre 1998.

En ce qui concerne le domaine de l'approvisionnement en eau potable, Assomé dispose d'un réseau d'adduction d'eau inauguré au cours de l'année 2001. Il s'agit d'un système composé de deux stations de pompage, d'un Château d'eau et d'un réseau de douze fontaines publiques dispersées équitablement à travers tout le village. Sa réalisation rentrait dans le Projet d'approvisionnement en eau potable en milieu rural. Ce projet a été financé par le Japon à travers l'Aide Financière au Développement non-remboursable comme symbole de l'amitié nippo-togolaise.

L'eau est vendue à la population dans le but de disposer de fonds pour réparer les machines en cas de pannes, de payer le personnel qui s'occupe du fonctionnement du système et d'alimenter la caisse du village. Les bornes fontaines sont équipées de compteurs et confiées à des gérants. A ces derniers, le mètre cube d'eau estimée à 700 F, est facturé à 550 F, le reliquat de 150 F constituant la rémunération.

En somme, la mise en service de système de distribution d'eau non seulement assure la disponibilité de l'eau potable au village, mais aussi constitue une source de revenu pour une partie de la population. Les recettes pour le village avoisinent 250 000 F par mois, mais elles sont mal gérées au point où il est souvent très difficile de trouver des fonds pour réparer les machines lorsqu'une panne survient. On a plusieurs fois eu recours à des financements étrangers pour changer les pièces des pompes.

L'inactivité des pompes dure parfois des semaines ou des mois pendant lesquels la population se rabat sur les eaux stockées dans les citernes ou sur les points d'eau qui entourent le village avec les risques qu'elles encourent.

9.2. Les acquis économiques

Les projets économiques concernent essentiellement la réhabilitation de la route Davié-Assomé-Kovié et la reconstruction du pont endommagé par les inondations de 2005 sur le tronçon Assomé-Kovié.

En effet, dans le cadre de la politique de l'aménagement rural, l'Etat a initié un programme de réhabilitation des infrastructures rurales de transports réparti en deux volets. Le premier volet financé par le Budget d'Investissement et d'Equipement (B.I.E) concerne la réhabilitation de 50 Km de pistes rurales par préfecture. Quant au second, il s'intéresse à la construction de six ouvrages d'art et hydraulique et est financé par la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et l'Union Economique Monétaire Ouest Africain (UEMOA) à travers le Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale (FAIR).

Dans la préfecture du Zio, le tronçon Davié-Assomé-Kovié d'environ 12 km a aussi été sélectionné dans le premier tandis que dans le second, c'est le pont d'Assomé détruit par les inondations de 2004 qui est remplacé par un nouveau, long de 12 m avec une hauteur de 5 m pour un montant de 400 millions de francs CFA. Sa construction prévue pour durer douze (12) mois prend beaucoup de retard à cause des crues répétées du Zio qui perturbent énormément l'avancée des travaux(photos 33).

Aujourd'hui la piste Davié-Assomé-Kovié présente une bonne praticabilité (photo 34) alors qu'il mois de cela, on ne pouvait l'emprunter qu'avec des véhicules 4 4 à cause de son Etat de dégradation.

3334

Campagne de terrain, avril 2008 et octobre 2009

Photo 32 : Pont en construction et inondé à Assomé

Photo 33 : Route Davié-Assomé-Kovié réaménagée à Assomé

Malheureusement, le terroir d'Assomé ne pourra pas profiter au maximum des avantages économiques que représente la bonne praticabilité de cette route d'autant plus que le terroir est un piètre producteur de denrées alimentaires. De ce fait, le trafic routier restera identique que celui d'avant la réhabilitation de la route. Au contraire, le terroir risque de voir son environnement se dégradé davantage puisqu'il y aura un meilleur accès au terroir pour les camions transportant le gravier, par conséquent l'ampleur de l'extraction augmentera et son impact environnemental aussi.

Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION D'ORIENTATION DU

DEVELOPPEMENT D'ASSOME

A l'issu de l'ensemble des analyses menées sur le développement du terroir d'Assomé, il se dégage une situation d'inertie d'évolution entretenue par un ensemble de facteurs constitué en cercle vicieux qui exacerbe la précarité des conditions de vie. Il y a donc nécessité d'entreprendre des actions pour briser ce cercle vicieux et promouvoir le développement du terroir.

A cet effet, le schéma d'analyse de cette étude propose une vision de développement dont l'objectif est de permettre au terroir d'Assomé, d'atteindre un mieux être social, économique et culturel en parfaite harmonie avec les ressources de la biodiversité du terroir. Pour ce faire, il élabore une stratégie appropriée pour stimuler le redressement de l'économie du terroir à travers la mise en valeur rationnelle et efficace des ressources et potentialités disponibles tout en minimisant l'effet des contraintes.

Cette stratégie tourne autour de la lutte contre la pauvreté car elle constitue la principale cause qui handicape, anéanti et limite toutes les ressources et potentialités devant contribuer au développement socio-économique du terroir d'Assomé. Par conséquent, son éradication demeure la voie royale pour amorcer le développement de ce terroir.

Pour atteindre cet objectif à Assomé, il faudra principalement restaurer l'économie du terroir par :

§ la redynamisation de l'activité agricole,

§ le financement des activités économiques,

§ l'octroie à la collectivité locale, d'une autonomie de gestion politique, administrative et économique.

10.1. Redynamiser l'agriculture

La redynamisation de l'agriculture constitue la proposition majeure pour la restauration de l'économie du terroir d'Assomé. En effet, le secteur agricole constitue toujours l'un des axes importants de relance économique des pays en voie de développement. Puisque, elle représente près de 40 % du PIB de ces Etats et constitue pour les collectivités rurales la principale activité pourvoyeuse de ressources alimentaires et de revenus monétaires. Or, à Assomé, l'agriculture est, depuis près de trois décennies, marginalisée au profit de l'extraction de gravier qui a atteint son déclin à cause du caractère non renouvelable des gisements. Certes, de nos jours, le mètre cube de gravier prend plus de valeur qu'il y a dix ou vingt ans, attirant encore plus la population à s'y adonner, mais les revenus ne sont toujours pas à la hauteur des espérances et des efforts déployés.

Ainsi, eu égard à ce qui précède et considérant les énormes potentielles agricoles dont dispose le terroir d'Assomé (sols ferralitiques à bonne aptitude culturale, pluviométrie moyenne, disponibilité permanente des eaux du Zio), cette étude considère la redynamisation de l'agriculture comme la seule alternative pouvant relancer l'économie, lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement dans la localité. Il est donc impérieux d'engager une véritable mutation de l'économie locale en donnant aux populations des arguments concrets pouvant les inciter à se convertir à l'agriculture. Vu l'urgence de la situation, il s'agit là d'un objectif à atteindre dans un court terme à travers la planification efficace de la stratégie à mener. La stratégie à adopter à Assomé, se résume en trois grandes étapes.

En amont, on a une phase préparatoire de remise en conditions biophysiques et socio- culturelles du terroir à la redynamisation de l'agriculture, suivie de la phase d'application et en aval il y aura le contrôle de la stratégie.

10.1.1. La phase préparatoire

C'est l'étape la plus importante et la plus décisive car de sa réussite dépendra celle de toute la stratégie. Elle consiste à créer les conditions biophysiques et socio-anthropologiques indispensables à la relance de l'activité agricole à Assomé.

10.1.1.1. Les conditions biophysiques

La dégradation des ressources biophysiques constitue l'une des causes de l'état marginal de l'agriculture à Assomé. En effet l'exploitation du bois, les techniques de culture non conservatrice du sol et surtout l'extraction de gravier ont profondément dégradé le couvert végétal et les terres du terroir. La terre étant le principal moyen de production agricole il s'avère donc indispensable de procéder à la restauration de ses caractères pédologiques avant toute tentative de relance de l'agriculture.

La restaurationdes caractères pédologiques des terres suppose la reconstitution de la texture, de la structureet de la fertilité, par la lutte contre les différentes formes de dégradations hydriques et mécaniques auxquelles elles sont soumises et par l'apport d'éléments nutritifs pour rétablir leurs fertilités. A cet effet, cette étude préconise l'usage de quelques techniques qui ont déjà fait leur preuve dans d'autres régions et qui présentent l'avantage de combiner la lutte contre les dégradations hydriques et la fertilisation des terres.

Ø La technique de bandes d'arrêt

Elle consiste selon Tricart (1978) à construire « des bandes d'arrêt qui ont pour objet de rompre l'écoulement superficiel et de retenir le matériel qu'il entraîne ». Elle se révèle très efficace dans la lutte contre l'érosion des terres de culture.

Pour Derancourt (1995), les bandes (d'arrêt) enherbées sont particulièrement adaptées aux bassins sans chenal permanent des plateaux, quand les pentes sont faibles (< 5 %). Ces conditions étant presque similaires à celles du terroir d'Assomé, nous estimons que la méthode de bandes enherbées peut contribuer énormément à endiguer le ravinement spectaculaire des parcelles de culture. Pour être efficace les bandes sont construites au sein des parcelles de culture selon les courbes de niveau. Elles se présentent sous plusieurs variantes dont celle de haies vives et de la bande enherbée que nous préconisons dans le cadre de cette étude.

Une expérimentation de la variante « haie vive » menée au Rwanda a donné des résultats probants et très encourageants, surtout avec les haies vives de leucaena (Rishirumuhirwa, 1994). En effet, l'observation ayant portée sur trois dispositifs (haie de Calliandra + Sétaria, haie de calliandra simple et haie de leucaena) a révélé qu'en considérant qu'un sol dénudé perd 100 tonnes/ha de sédiments, on ne perdrait que 0,8 tonne/ha si le sol est sillonné de haies de leucaena alors qu'avec les haies de Calliandra + Sétaria et de calliandra simple, les pertes sont respectivement de 3 et 1,3 tonnes/ha (Tableau 10).

Tableau 10 : Résultat de l'expérience de haies vives

 

Pertes à l'hectare

Cultures

Sol nu

100

Haie de Calliandra+Sétaria

3

Haie de leucaena

0,8

Haie de Calliandra

1,3

Source : Rishirumuhirwa (1994)

On pourra en déduire que le leucaena conserve à près de 99% le sol contre l'érosion. C'est pourquoi nous jugeons indispensable d'amener les paysans à opter pour cette espèce.

Quant aux bandes enherbées, elles sont constituées de haies homogènes et constantes de graminées. Leur fonction est d'acheminer l'eau en évitant l'incision et sont utilisées pour combattre le ravinement au sein des parcelles de culture. Elles sont implantées dans l'axe du talweg des ravines. Aussi l'enherbement doit-il être assuré en semant des graminées qui puisent résister au déchaussement. Les bandes sont profilées pour obtenir un léger creux de 30 cm en moyenne de manière à éviter un rehaussement trop rapide du fait des sédiments piégés. Une telle méthode appliquée à Assomé permettrait aux paysans de résoudre le ravinement de leurs parcelles de culture.

Selon Derancourt. (1995), les bandes enherbées sont particulièrement adaptées aux bassins sans chenal permanent des plateaux, quand les pentes sont faibles (< 5 %). Ces conditions étant presque similaires à celles du terroir d'Assomé, nous estimons que la méthode de bandes enherbées peut contribuer énormément à endiguer le ravinement spectaculaire des routes et ruelles. Son association avec la technique traditionnelle de construction de mini barrages en branchages donnerait sûrement des résultats satisfaisants.

Ø La technique de la plante recouvrante et fertilisante

Elle est préconisée dans le cadre de la monoculture, sur des terres pauvres, de plantes dont les appareils végétatifs ne protègent pas le sol contre l'effet « splash » et le ruissellement des eaux de pluies. Il s'agit de faire cohabiter sur la même parcelle les cultures vivrières avec des espèces de couverture. Ainsi, selon de nombreuses études c'est le Mucuna utilis qui convient le mieux pour jouer ce rôle surtout en Afrique tropicale. Le mucuna est une légumineuse qui, par sa biomasse recouvrante, protège le sol contre le « splash » et assure sa conservation en empêchant la dispersion des matériaux constituant les agrégats. Il et maintient la capacité d'infiltration du sol, ce qui minimise le ruissellement et les problèmes d'érosion qui en découlent. Par son aptitude à ramper, il étouffe et élimine les espèces adventistes les plus redoutables comme le shiendan (Impérata cylindrica). Par ailleurs ses graines constituent un excellent fourrage pour le bétail et enrichit le sol en azote après sa décomposition. Il est semé quelques semaines après le semis de la culture principale.

Ø La technique du Zéro-labour

Le zéro-labour signifie le non travail du sol. Le sol ne doit pas être remué, sinon de manière naturelle et biologique par les termites et la micro-faune du sol. Le non labour réduit l'évaporation et assure une bonne gestion de l'eau de pluie. Il apparaît comme la condition sine qua non du maintient des propriétés physiques des sols tropicaux et de leur potentiel de production. De ce fait, il constitue la technique la plus économique et la plus performante dans la lutte contre l'érosion des terres agricoles.

Ø L'association judicieuse des plantes cultivées

A en croire Dupriez (1982), « la meilleure agriculture paysanne en Afrique tropicale, est celle qui peut associer au mieux les espèces complémentaires. Cette complémentarité s'exprimant aussi bien dans la valorisation des produits agricoles que dans le respect de l'équilibre écologique à court et à long terme». C'est dire que l'association judicieuse des cultures présente des avantages tant pour le rendement que pour la préservation du moyen de production essentiel qu'est le sol. Ce système de culture qui est déjà très répandu dans notre zone d'étude devra tout simplement être amélioré par le choix judicieux des plantes à associer. Aussi, convient-il que ce choix des espèces cultivées devra porter sur les plantes dont les appareils végétatifs recouvrent le sol (le haricot, la patate douce, l'arachide, le voandzou, etc.) et le protègent en même temps contre les impacts des gouttes de pluies et le ruissellement des eaux qu'il faut associer avec des cultures qui, par leurs architectures, favorisent l'effet de « splash ».

Par ailleurs, pour une fertilisation efficace et durable des terres, ces méthodes doivent être complétées par l'apport des intrants. A cet effet, l'accent est porté sur l'usage des fertilisants verts plutôt que celui des fertilisants chimiques. L'avantage est que les premiers sont écologiques, tandis que les seconds coûtent de plus en plus chères et induisent à la longue des effets secondaires encore plus néfastes à la chaîne alimentaire. L'apport des fertilisants naturels à la production agricole est écologique, simple et peu onéreux. Il consiste d'une part à enfouir les débris de récolte dans le sol et de l'autre à l'épandage du compost sur les parcelles. Une fois imbibés des eaux des premières pluies, les débris de récolte pourrissent et se décomposent en sels minéraux. Lorsqu'il est réalisé tôt, l'enfouissement des débris limite aussi les risques de ruissellement et d'érosion.

Quant au compost, il apporte au sol les éléments organiques indispensables à la croissance des plantes. Sa fabrication requiert une technique particulière. L'exemple du Projet FAO-TOG 89/009 qui a développé une technique améliorée de compostage est préconisé. Cette technique consiste à creuser une fosse clôturée et partiellement couverte où est gardé le petit bétail et où on jette les refus alimentaires et les résidus de végétaux. La litière, les déjections animales et les refus alimentaires ainsi entassés se décomposent en engrais organiques. Ce dernier sera répandu sur les parcelles de culture aux lendemains des premières pluies, puis il devra être enfoui dans le sol au cours des labours afin que son efficacité soit conservée.

Ø L'agroforesterie

L'agroforesterie constitue le moyen qui convient le mieux à la restauration des terres fortement dégradées par l'activité humaine. Il consiste en un « ensemble de systèmes et de technologies d'utilisation des terres où les ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux et par assimilation palmerais et bambous) sont cultivés délibérément sur des terrains utilisés par ailleurs pour la culture et / ou l'élevage dans un arrangement spatial et temporel, où il existe des interactions à la fois écologique et économique entre les ligneux et les autres composantes du système » (Baumer, 1987). Pour Houedakor (1997) c'est une technique fondée sur l'utilisation des plantes à usages multiples comme les légumineuses ligneuses. Elle permet de sédentariser l'agriculture itinérante, de mettre fin à la culture sur brûlis et d'augmenter les rendements par unité de surface et de réaliser des économies sur l'achat des engrais. L'agroforesterie recèle donc des avantages comme le présente le tableau 11 suivant :

Tableau 11 : Fonctions et potentialités de l'agroforesterie

Problèmes écologiques

Fonction et potentialités

Erosion du sol par l'eau

Effets combinés de protection du sol par les couvertures mortes ou vivantes et de barrière par les essences arborées. Fixation du sol par les racines.

Erosion par le vent

Brise vent, haies de protection

Faible fertilité du sol ou déclin de fertilité (dégradation physique, chimique et biologique)

Plantation d'espèces arborées permettant :

- le maintien de la capacité de rétention du sol en eau, et de la fertilité du sol

- fixation du CO2 et son transfert vers le sol via la litière et les racines.

- Création d'un ombrage.

- Le recyclage des éléments minéraux et leur utilisation par les différentes strates de la végétation.

Dégradation des pâturages

Arbres fourragers : pâturage sous couvert arboré.

Risque d'inondation

Arbres à racines profondes

Pratique agroforestière visant à modifier le microclimat et à conserver les micro-organismes.

Source : Mémento de l'agronome, 1981

L'agroforesterie est donc une technique qui présente l'avantage de favoriser simultanément la reconstitution du couvert végétal, la revalorisation des terres dégradées et l'amélioration des capacités culturales. Elle s'impose ainsi comme la voie royale pour la réhabilitation des paysages de carrière sur le terroir d'Assomé. Déjà, on note un timide début avec quelques petites plantations de tecks isolées. C'est donc une prédisposition sur qui pourra se baser la vulgarisation de l'agroforesterie avec des espèces plus adaptées aux conditions écologiques et économiques.

Dans la pratique nous allons nous référer aux travaux menés par l'Institut National des Sols (I.N.S) et la Direction Nationale de la Recherche Agronomique(D.N.R.A), dans le cadre de la revalorisation des remblais sur les sites d'extraction de phosphates à Hahotoé. En effet,la D.N.R.A (1979 - 1984) et l'I.N.S (1986 -1992) ont procédé à des essais de techniques agroforestières. L'objectif poursuivi était de dégager des essences mieux adaptées à la restauration de l'environnement détérioré par l'extraction du phosphate.

A cet effet plusieurs espèces de légumineuses comme le Pueraria javanica, le Leucaena leucephala, l'Eucalyptus, l'Acacia auriculiformis, le Semna siaméa etc... ont été testées. Le dispositif expérimental est un bloc de Fischer à répétition à 4 dans lequel les différentes espèces sont plantées suivant des intervalles variant entre 3 et 6 mètres. Il ressort après cinq années de gestion de ces systèmes forestiers que :

- d'une part, on s'aperçoit que quelque soit le schéma de plantation, on n'observe pas de différence significative dans la production de bois et de feuilles. En somme, tous les schémas de plantation conviennent à l'obtention des résultats escomptés;

- de l'autre, les espèces comme l'Acacia auriculiformis, l'Acacia mangnum et le Semna siaméa s'adaptent bien aux sols des remblaies, néanmoins, la Leucaena leucephala s'est imposée comme l'essence la plus prometteuse et a été baptisée « l'arbre miracle » pour ses aptitudes exceptionnelles à restaurer de façon efficace les sols et pour son usage multiple.

L'avantage de l'« arbre miracle » se trouve dans la symbiose de son association avec les cultures vivrières traditionnelles. Contrairement aux autres essences, il ne conduit pas à une acidification du sol mais lui apporte un regain de fertilité et améliore considérablement les rendements. Par son système radiculaire pivotant, la Leucaena, au-delà de la protection du sol contre l'érosion hydrique, remonte les éléments minéraux issus du lessivage par l'intermédiaire des feuilles. Ainsi son importante masse foliaire constitue une réserve d'humus qui élabore le complexe argilo-humique où les plantes puisent les minéraux dont elles ont besoin pour leur croissance. De plus et surtout, elle régénère après l'abattage. Par ailleurs son bois est une matière première de qualité supérieure dans la fabrication du papier.

Planté dans un schéma à intervalle de 4 mètres, le Leucaena leucephala forme lorsqu'il atteint la maturité, des couloirs bien larges dans lesquels le paysan continue à pratiquer à volonté les cultures de son choix.

Au vu de tous ces avantages que présente leLeucaena leucephala, nous estimons qu'elle conviendrait le mieux à la pratique de l'agroforesterie dans un paysage aussi dégradé que celui d'Assomé. Sa vulgarisation contribuerait d'une part à la restauration des caractéristiques physico-chimiques et biologiques des mortes terres des zones de carrières, tout en reconstituant le couvert végétal. De l'autre, elle contribuera à l'essor économique rural par la revalorisation de l'activité agricole et l'augmentation des rendements qui s'ensuivront. On pourra aussi endiguer l'endémique problème de malnutrition et de sous alimentation dans la région. Par ailleurs, Assomé pourra devenir un centre important dans la fourniture du bois sur les marchés régionaux.

10.1.1.2. Les conditions socio-anthropologiques

La création des conditions socioculturelles et anthropologiques sous-tend la préparation de l'opinion villageoise à s'adapter à la mutation économique à venir. En effet,il est évident que l'extraction de gravier qui a éclipsé l'agriculture à Assomé constitue de nos jours un sérieux handicap pour le développement de ce terroir. Par ailleurs, la transformation avec succès de certaines sociétés agraires nous montre que l'appauvrissement et la dégradation massives des ressources naturelles ont pu être évités en suivant la stratégie d'intensification c'est-à-dire par l'adoption des technologies de cultures à haute rentabilité qui entraînent une croissance de la production année après année sans dégrader la qualité des sols.

D'où la nécessité de conscientiser la population sur ce fait, afin qu'elle retourne à l'agriculture durable et conservatrice de l'environnement. Cet impératif doit pourtant sa réussite à l'adhésion massive de la population à cette nouvelle approche. Ce qui se révèle très aléatoire face au caractère répulsif des conditions de l'agriculture dans la région contraignant la population à l'abandon de cette activité.

Pour y parvenir, il incombe au promoteur de sensibiliser les populations sur les avantages économiques, sociales et environnementaux que présente l'agriculture par rapport à l'extraction de gravier qui dégrade l'environnement biophysique du terroir, et par là les conditions de vie de sa population afin de les inciter à se tourner vers l'agriculture. Cette sensibilisation sera menée de front par le CVD appuyé par des experts agronomes, socio- anthropologiques et environnementalistes. Il s'agira de vanter les avantages de l'agriculture réorganisée par les méthodes préconisées, par rapport aux dangers écologiques qu'entraîne l'extraction des graviers.

Ceci nécessite la création de coopératives puisque celles-ci constituent des cadres propices pour la formation et un facteur de motivation de mise en pratique de la formation reçue.La mise en place des coopératives doit épouser " l'organisation sociale en respectant les modes de fonctionnement. Ainsi sous le couvert d'une grande unité coopérative villageoise se regrouperont des sections correspondant aux différents quartiers ".

La sensibilisation basée sur la méthode "Information Education Communication (IEC)" doit suivre une méthodologie à la fois théorique par des échanges avec la population et pratique à travers la mise en place d'exploitations pilotes dont les résultats concrets vont convaincre les populations sur les possibilités d'amélioration des conditions de vie que présente l'agriculture.

Une fois convaincu de la mise en place de ces conditions de relance de l'agriculture, on passera à la phase d'application.

10.1.2. La phase d'application

C'est l'étape de mise en valeur effective du terroir par l'agriculture. Ainsi, notre stratégie prévoit d'esquisser un plan d'aménagement agricole dans le cadre d'un plan d'organisation général du terroir (carte 8).

Carte 8

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 : Proposition d'aménagement du terroir d'Assomé

Ce plan d'aménagement agricole prévoit de diviser le terroir en zones écologiques en fonction de la nature des sols et de leurs possibilités d'exploitation. Dans cette perspective il se dégage deux grands ensembles naturels en rapport avec la topographie. Il s'agit des zones de plateaux constitués de terre de barre et la plaine alluviale.

10.1.2.1 L'aménagement du plateau de terre de barre

Les plateaux de terre de barre, au nombre de deux, sont des indentations du plateau de Tsévié situées au nord-est et au sud-est du terroir. De part leur situation, ils constituent dans le cadre du plan d'aménagement deux sous zones écologiques dont le caractère distinctif réside dans le degré de dégradation dont ils sont victimes. Sur le plateau nord, les sols sont lessivés et dépourvus de leurs constituants organiques ; sur le plateau sud, ils sont profondément détériorés par l'extraction de gravier qui a bouleversé leur texture et leur stratigraphie.

La nature ferralitique originale de la terre de barre sur ces plateaux, offrant les meilleures potentialités agricoles, le plan d'aménagement prévoit d'en faire les principales zones de production de cultures vivrières du terroiraprès reconstitution de la fertilité des sols. A cet effet, le plateau sud entièrement dégradé par l'extraction de gravier fera l'objet d'aménagement particulier.

Vu la morphologie accidentée des sites d'extraction, il est primordial et indispensable de procéder à leur nivellement par terrassement avant toute tentative de mise en valeur. Ceci consistera à remblayer les excavations par les sédiments qui forment les monticules.

Cette opération se révèle techniquement et financièrement très délicate. En effet, les clans et individus propriétaires terriens ne disposent pas de moyens techniques adéquats pour réaliser une telle opération. De même, dans le contexte actuel de paupérisation généralisée qui sévit à Assomé, il est impossible de débourser de l'argent pour louer les engins (bulldozers et camions) adaptés à ces genres de travaux. Ils sont donc contraints de réaliser le remblaiement de façon manuelle avec des outils rudimentaires (houe, pioches, râteaux).

La seule alternative, est l'instauration de groupes d'entraide au sein desquels le travail se fera de façon communautaire. Les groupes d'entraide se constitueront selon la proximité des propriétés foncières. Il y a donc nécessité de disposer d'une main d'oeuvre valide et jeune pour accomplir une tâche aussi difficile et pénible. Or la population d'Assomé est presque totalement dépouillée de sa frange jeune qui a migré à la recherche de meilleures conditions de vie.

Il existe donc de graves contraintes au remblaiement et au nivellement des sites d'extraction de gravier s'il revient aux seules populations d'Assomé de les réaliser. C'est sans doute ce qui a depuis toujours empêché toute initiative de remblayage des excavations. Or cette solution constitue un passage obligé si l'on veut effectivement restaurer l'environnement dégradé du paysage d'Assomé. C'est pourquoi nous estimons que l'implication de l'Etat, par la mise à disposition des moyens financiers et techniques, serait un atout indéniable pour les populations.

Par ailleurs, il est évident que le volume de sédiments disponibles ne suffirait pas à remblayer totalement les excavations, il y a donc nécessité de faire des apports extérieurs de sédiments pour que le nivellement des gravières soit effectif. Ainsi nous pensons que le système d'enfouissement des ordures ménagères, proposé par Aliti (2006), présenterait un grand avantage. En effet, ce procédé a fait l'objet d'une étude d'impact menée par des ingénieurs français sous la demande des services de la voirie de la ville de Lomé. Cette étude d'impact a conclu que les risques de contamination de la nappe phréatique par le lexiviat6(*) qui déduirait des ordures, sont très faibles. Puisque le matériel sous-jacent enduré n'est pas perméable. Seulement, dans notre présente étude, il faudra adapter cette technique aux conditions de mise en valeur agricole des terres après le remblayage. Ainsi, au lieu d'une disposition des couches d'ordures et de sédiments sablo-argileux en bandes alternées, il serait mieux de constituer uniquement deux couches. D'abord, le fond des excavations serait rempli au tiers de la profondeur par une couche d'ordures compactées ; ensuite, le remblaiement sera complété par les sédiments sablo-argileux des monticules. Cette structure permettrait de limiter la décomposition des ordures et de donner un aspect subhorizontal à la topographie actuellement bouleversée par l'extraction de graviers. C'est ainsi qu'on pourrait envisager la mise en valeur de ces terres.

A propos, ce document suggère qu'au regard de l'investissement que l'Etat aura consacré aux opérations de nivellement des zones de carrières abandonnées, le déclassement de ces terres propriété privée des collectivités locales en un domaine privé public de l'Etat. Ce dernier devra par la suite être décrété en se référant à l'ordonnance N° 78-18 du 17 Mai 1978 en " Zone d'Aménagement Agricole Planifié (Z.A.A.P)".

La ZAAP est une structure juridique instituée par la législation agro-foncière d'appropriation des terres par l'Etat. Elle prévoit d'affecter les terres mobilisées aux coopératives en vue de leurs mises en valeur. Elle est dotée d'une personnalité morale qui a en charge sa gestion.

Dans le cadre de cette étude nous suggérons que la coopérative qui aura en charge la ZAAP, soit constituée des anciens propriétaires des terres dans le périmètre. On procèdera à l'identification des parcelles appartenant à chaque propriétaire. Chacun aura alors à mettre en valeur sa parcelle à condition de l'exploiter sous la direction de l'autorité morale de la ZAAP. Ceci évitera des conflits fonciers à l'avenir.

On devra aussi accorder à la ZAAP l'autonomie administrative et financière, gage de la participation volontaire et spontanée de la collectivité à toutes ces mesures d'innovations destinées à garantir une gestion appropriée de la coopérative. De même, tout apport devra se faire sur la base d'une collaboration horizontale et verticale entre les décideurs et la coopérative afin de rechercher une conciliation entre les aspects positifs des techniques traditionnelles avec celles préconisées.On évitera ainsi les réticences auxquelles se confronte l'adoption de technologies importées en milieu rural africain.

10.1.2.2 L'aménagement de la plaine alluviale

La plaine alluviale ne représente en réalité qu'une portion de la basse vallée du Zio. Elle est caractérisée par des sols hydromorphes riches en matières organiques dominant le lit moyen qui subit l'influence périodique des inondations. Alors que sur les banquettes du lit majeur que les eaux n'atteignent qu'en cas de crues exceptionnelles, les sols sont d'apport alluvial non hydromorphes, massive, compact et faiblement ferralitiques. Dans l'ensemble, des études agropédologiques ont montré selon Gnongbo (1996) que cette vallée peut être exploitée à des fins de mise en valeur agricole qui bénéficierait des bonnes méthodes et techniques d'irrigation.

Pour preuve, le lit moyen a déjà fait l'objet de plusieurs projets d'exploitation rizicole, d'abord dans les années 1960 par les Taïwanais, remplacés quelques années plus tard par les Chinois. De nos jours, le périmètre rizicole s'est considérablement réduit. Seuls certains paysans exploitent quelques hectares de casiers rizicoles.

Dans le cadre de la redynamisation proposée par cette étude, il suffira de renforcer les capacités de production de ces paysans. Il s'agit de leur apporter les moyens techniques et financiers nécessaires à l'extension des superficies emblavées, à l'amélioration des conditions de travail et à l'augmentation des rendements et la production. Parallèlement, on pourra aussi y développer la culture de la canne à sucre dont les bénéfices représentent selon Sodégadji (2007) un apport non négligeable aux revenus des exploitants.

La disponibilité permanente des eaux du Zio constitue aussi un atout important pour pérenniser le maraîchage à l'instar de la culture intensive des condiments sous forme de véritables jardins bien aménagés de façon intégrale appelés togoméglés dans le sud de la basse vallée du Mono (Gnongbo,1996).

Quant aux sols du lit majeur, en raison de leur caractère lourd qui décourage les paysans à les travailler, il serait intéressant, d'en faire une zone plantations éparses de tecks, d'eucalyptus, de bananes et d'ananas qui s'accommodent bien à ces conditions édaphiques.

La vulgarisation de cette option sera très bénéfique du point de vue financier pour la population car elles peuvent en tirer des revenus très importants; l'exemple du teck est illustratif. En effet, un tronc de teck de 10 cm de diamètre et 5 m de hauteur coûte au niveau des plantations 1000 F CFA. Or en fonction des schémas de mise en terre, le nombre de plants varie entre 400 et 600 à l'hectare. Ce qui suppose qu'à terme une plantation d'un hectare de tecks peut rapporter à son propriétaire un revenu net allant de 400 000 à 600 000 F CFA.

Pour faire face aux enjeux de la rentabilité, de la durabilité et de la préservation du cadre physique vers lesquels cette agriculture doit tendre, il faudra ajouter aux volets précédents d'autres dispositions à savoir l'introduction de semences à rendement élevé, la vulgarisation de l'irrigation des cultures vivrières et la formation à la protection l'environnement.

- L'introduction de semences à rendement élevé

Lesprogrès de l'agronomie ont permis de nos jours de mettre au point des espèces sélectionnées à cycle court et à rendement élevé qui ont déjà fait leurs preuves dans d'autres régions. Leur introduction à Assomé où l'espace cultural est sensiblement réduit, permettra d'une part, d'accroître les rendements sur les petites surfaces emblavées et par là le stock dans les greniers. De l'autre, on pourra ainsi réduire l'effet des inondations sur l'agriculture en ce sens que les variétés à cycle court pourront être récoltées avant la période des inondations.

Les populations disposeront ainsi d'assez de nourriture pour satisfaire leurs besoins alimentaires surtout pendant la période de soudure. Mieux encore, les revenus des paysans surtout des riziculteurs augmenteront substantiellement. Ceci permettra de diversifier les sources de revenus et éviterait ainsi aux populations d'Assomé de recourir à l'extraction de gravier pour se procurer de l'argent.

- La vulgarisation de l'agriculture irriguée.

La disponibilité du Zio et de la nappe d'eau qui fournit actuellement de l'eau potable au village, offre une excellente opportunité pour apporter de l'eau nécessaire pour l'optimisation des rendements. Dans la plaine, les paysans pourront, à l'instar des coopératives agricole de la localité rurale de Tonka dans le nord du Mali, creuser de simples canaux d'irrigation à partir de la rivière. Ceci permettra d'étendre le périmètre rizicole et développer le maraîchage. De même, le pompage de l'eau de la nappe peut servir à l'arrosage des cultures sur les plateaux.

- La formation à la protection l'environnement.

Au-delà de la sensibilisation, la formation de la population à la protection de l'environnement doit faire partie des stratégies de développement. Pour ce faire, il faudra beaucoup insister sur la notion de qualité de l'environnement et éveiller les consciences aux vertus de la défense du patrimoine et de l'écosystème.

10.1.3. La phase de contrôle

C'est la phase d'évaluation des actions menées pour redynamiser l'agriculture, réduire la pauvreté et stimuler le développement local à Assomé. Elle interviendra au maximum cinq années après la mise en marche de la phase d'application. Elle permettra d'une part de distinguer les actions qui ont réussi de celles qui ne le sont pas et de déterminer, de l'autre, les causes de cet échec afin d'améliorer l'approche pour une meilleure rentabilité.

10.2. Financement des activités génératrices de revenus

Le financement des activités génératrices de revenus se fera à travers la promotion du microfinancement.Il est avéré, de nos jours, que le microfinancement constitue un apport indéniable à l'économie traditionnelle africaine. Cependant, les acteurs économiques du monde rural au Togo en général et à Assomé en particulier éprouvent encore des difficultés pour s'intégrer au circuit de la microfinance à cause de la lourdeur des conditions de prêt. Il s'agira alors d'exhorter les institutions de microfinance et plus précisément Investir .Dans .l'Humain(I.D.H) présente à Assomé avec sa mutuelle « VOVO », à faciliter l'octroi de crédits, aux coopératives d'agriculteurs et à celles des autres domaines d'activités économiques (le commerce par exemple), sur des conditions préférentielles de prêt.

L'organisation des bénéficiaires des prêts en coopérative constitue la condition sine qua non à leur octroie. Car elles garantissent un crédit "solidaire", c'est-à-dire un crédit permettant à tous les adhérents d'avoir accès au financement de son activité et le recouvrement du crédit pour les institutions de financement. En effet, la structure coopérative constitue un cadre dans lequel s'opère un contrôle mutuel pourl'utilisation efficiente des crédits. Parallèlement il s'opère également "une certaine capitalisation financièredonnant aux communautés villageoises une certaine autonomie par rapport à l'Etat". Cette capitalisation peut s'opérer à travers la commercialisation, bien sûr, mais aussi, et peut-être davantage encore, à travers la constitution de réserves de vivres ou de semences. On fait ainsi d'une pierre deux coups, d'un côté en brisant la dépendance dans laquelle les paysans seraient autrement restés enfermés, de l'autre en créant des ressourcesréutilisables collectivement.

10.3. Octroyer à la collectivité localeune autonomie de gestion administrative et économique

L'enjeu fondamental est de promouvoir la décentralisation et la bonne gouvernance et amener les populations à s'impliquer dans la prise en charge de leur destinée à travers le développement local. Il s'agit dans le contexte d'une décentralisation à l'échelle nationale de créer des entités locales autonomes qui s'administrent librement, sous la houlette des élus locaux, et qui s'occupent, elles même de leurs besoins de développement. Ainsi, à l'opposé du système centralisé dans lequel les citoyens attendent que l'Etat garantisse leur promotion économique et sociale, ce nouveau mode de gestion permet aux citoyens de "s'inscrire dans une option de développement par l'autopromotion qui met en mouvement les communautés pour la prise en charge de leur développement dans une démarche active et participative".

C'est une option qui stimule le développement interne des communautés locales par le transfert de compétences en matière de politique économique, sociale, environnementale et des ressources financières. Elle exige cependant de la part de ces collectivités locales une dynamique organisationnelle pour prendre en main leur progrès à partir de :

· d'une analyse et d'une découverte de leurs réalités sociales, économiques et environnementales qui leur permettront de déterminer leurs priorités, de préciser les objectifs opérationnels et de décider des actions à entreprendre,

· d'une vision et des approches de développement par l'autopromotion communautaire et solidaire,

· d'une politique de développement avec un accent sur la création et la gestion des ressources naturelles, humaines, matérielles/ techniques et financières,

· d'une valorisation de leur savoir, avoir et pouvoir, pour la mise en oeuvre de la vision et des approches de développement.

Dans cette optique de développement local, la collaboration des agents de l'Etat, des ONG et des programmes de coopération doit être des apports de compétences intellectuelles pour aider et stimuler les communautés locales dans leurs efforts d'analyse et de réflexion, techniques et financières pour appuyer la réalisation des plans locaux de développement tout en veillant à ce que leurs interventions n'entravent pas la liberté de décision des communautés et créer des sentiments de domination et de dépendance qui ont toujours fait échec au projets de développement.

Chapitre 11 : RISQUE DU DEVELOPPEMENT

Le risque se définie comme la probabilité d'avènement prévisible ou non d'une catastrophe ou d'un danger d'origine naturelle ou anthropique, dans le temps et dans l'espace. Ainsi, le risque du développement désigne tout évènement susceptible de menacer le bon déroulement d'un plan de développement ou des acquis du développement dans un espace géographique. Si de nos jours des efforts sont consentis pour réduire les risques d'origine anthropique, ces efforts ne sont pas toujours probants pour les risques naturels qui ont de tout temps échappé au contrôle des hommes. De ce fait, l'efficacité et le réalisme de tout plan de développement de l'espace se mesure à sa capacité d'anticiper l'avènement de ces risques naturels afin de réduire la vulnérabilité de l'espace à leurs effets.

Une analyse sommaire du plan de développement que propose cette étude révèle que la zone est très vulnérable aux risques climatiques. L'agriculture est l'élément moteur du développement d'Assomé ce qui suppose une disponibilité permanente de l'eau dans des proportions raisonnables. Or l'eau qui recharge les nappes phréatiques et alimente en partie le débit du Zio provient exclusivement de la pluviométrie générale du secteur méridional du pays. Par conséquent, toute péjoration relativement longue des précipitations risque d'handicaper sérieusement le développement du terroir.

Un scénario à deux modèles relatifs aux aléas pluviométriques à l'échelle régionaleest mis en place pour le démontrer. Le premier modèle mesure l'impact que peut avoir une réduction de 50 % de la pluviométrie dans la région sur une période de cinq années successives. A l'opposée, le second modèle évalue la vulnérabilité du terroir d'Assomé à une augmentation des précipitations de 50 % à l'échelle locale et régionale. Ce scénario se base sur les données de pluies des dix dernières années au cours desquelles la pluviométrie a beaucoup fluctué. Outre les données de pluies de la station de Lomé Aéroport (tableau 12) sur le plan local, les données de la station de Kouma-Konda (tableau 13) sont aussi utilisées, pour déterminer l'impact hydrologique du Zio (dont la basse vallée est tributaire) qui prend sa source dans les plateaux de Dayes.

Tableau 12 : Précipitations (mm) de la station de Lomé-aéroport de 1998 à 2008

 

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Janvier

11

57,8

0,1

0

32,7

82,5

20,7

0

39,7

0

57,8

Février

0

35,5

0

0,9

0

8

39

0,4

1,6

0

0

Mars

18,7

39,2

87

39,9

7,6

70,7

19,5

130,4

136,1

33,9

27,3

Avril

67,8

62,1

24,6

202,6

146

116

52,7

95,2

44,9

87

25,7

Mai

63,2

146,5

73,3

196,2

137

75,4

186

126

263,6

105,6

150,3

Juin

85,8

127,2

103

127,7

301

204

139

166,8

100,6

291,2

361

Juillet

3,2

167,3

23

29,6

59,4

12,3

35,4

88,8

81,2

168

91,4

Août

15

85,6

39,4

3,2

19,1

8

42,1

60,2

51,8

69,7

43,9

Septembre

112,9

80,1

18,1

60,2

5,8

66,1

227

30,8

128

53,9

132,6

Octobre

50,9

85,6

39,8

39,3

90,8

181

231

50,5

99,5

213

88,7

Novembre

14,1

2,4

9,9

0

40,7

24,8

15,3

335,3

3,3

2,2

16,6

Décembre

0

0

5,6

0

0

20,9

0

0

1,1

0

80,8

Cumul

442,6

889

424

699,6

840

868

1008

784,4

951,4

1025

1076

Tableau 13 : Précipitations (mm) de la station de Kouma-konda de 1998 à 2008

 

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Janvier

41,9

51,5

30,6

0,0

4,3

4,9

32,5

12,2

28,2

0

0,0

Février

142,5

109,0

0,0

6,4

98,4

46,4

38,9

57,3

55,2

101,5

28,2

Mars

39,8

67,0

44,0

42,2

110,5

107,0

71,3

101,1

****

70,3

159,6

Avril

257,7

128,0

56,8

259,3

169,5

189,9

91,7

71,5

75,9

159,1

151,5

Mai

204,4

153,5

79,1

124,1

95,9

134,9

150,2

86,1

223,5

154,3

163,7

Juin

207,6

371,2

365,1

162,0

179,2

244,3

95,3

131,6

221,1

293,3

246,4

Juillet

168,6

402,4

223,2

123,3

197,4

265,5

169,0

60,6

72,6

198,5

225,7

Août

98,3

288,2

223,2

42,9

175,7

92,4

179,4

99,8

156,5

105,2

170,1

Septembre

169,8

293,5

434,1

183,7

211,4

185,5

283,5

173,4

305,0

326

196,0

Octobre

142,2

264,7

157,7

69,8

227,2

207,2

96,2

184,0

238,3

179,2

183,5

Novembre

51,1

75,0

53,4

84,5

42,6

102,5

82,5

76,8

56,8

66,3

11,3

Décembre

65,8

0,0

7,8

4,7

19,3

7,1

19,2

10,2

33,7

3,4

43,2

Cumul

1589,7

2204,0

1675,0

1102,9

1531,4

1587,6

1309,7

1064,6

1466,8

1657,1

1579,2

Les colonnes en gras indiquent les années prises en comptes dans l'élaboration des modèles. L'utilisation de ces données satisfait à deux préoccupations.

La première a cherché à rendre plus concrets les modèles du scénario pour ne pas trop s'éloigner de la situation réelle. Pour cela nous avons opté pour la série de données des dix dernières années (1998-2008) qui bien que ne respectant pas la norme conventionnelle des 30ans, présente l'avantage d'être le reflet des fluctuations plus actuelles de la pluviométrie de la région.

Quant à la seconde, elle se réfère aux valeurs hautes à considérer dans l'élaboration des modèles. Ce à quoi répond le choix des cumuls des années les plus pluvieux et les plus sèches qui présentent des rapports de plus de 100 % en augmentation ou en réduction au niveau des deux stations. C'est sur cette base qu'il a été supposé qu'une péjoration positive ou négative du climat peut conduire soit une augmentation de 50% des précipitations des mois les plus pluvieux soit à une réduction de 50 % des cumuls des mois les plus sèches.

11.1. Le modèle de réduction de la pluviométrie à 50 %

Pour élaborer le modèle de réduction de 50 %, nous nous sommes servis des cumuls des années les moins pluvieuses au niveau des deux stations. A Lomé c'est l'année 2000 qui se dégage comme la moins pluvieuse avec un cumul 424 mm qui est largement en dessous de la normale de 750 mm. Alors que à Kouma-Konda qui enregistre une pluviométrie normale de 1500 mm c'est l'année 2005 qui se révèle être la moins pluvieuse avec un cumul de 1064,6 mm d'eau. Ainsi dans ce modèle, la basse vallée du Zio reçoit annuellement sur cinq ans un cumul de 212 mm (figure 21). Au même moment, à Kouma-Konda le cumul annuel s'élèvera à 533 mm d'eau (figure 22).

Figure 18 : Modèle de réduction à 50 % des précipitations à Lomé

Figure 19 : Modèle de réduction à 50 % des précipitations à Kouma-Konda

L'impact de ce scénario sera catastrophique pour le développement de notre zone d'étude. Il y aura une grave pénurie d'eau, avec le bouleversement de l'écoulement des eaux du Zio qui se manifestera par de très faibles débits inférieurs à la normale de 12 m3. La température augmentera fortement de même que l'évaporation. Il n'y aura plus de rechargement des nappes phréatiques dont les réserves s'épuiseront suite à l'augmentation des besoins en eaux pour des ménages et de l'agriculture. La couverture végétale et les sols se dessècheront considérablement.

Cette combinaison des effets, tels que pénurie d'eau, températures et évaporation élevées, dégradation des sols et de la végétation, rendra encore plus difficile la survie des populations surtout rurales dont la subsistance dépend essentiellement de l'agriculture totalement dépendante de la nature. Etant donné le rôle capital de l'eau dans le développement agricole, notre vision de développement, pour le terroir d'Assomé, basée sur la relance de l'agriculture connaîtra ainsi un échec cuisant.

Les incidences majeures seront la diminution des rendements agricoles déjà très faibles avec comme conséquence une grave pénurie alimentaire et une accentuation de la pauvreté. Ces situations, difficiles à maîtriser par les populations, conduiront sans doute à des immigrations en direction des régions moins éprouvées. Par ailleurs, les populations qui perdront confiance en la vision de développement proposée, s'adonneront encore plus à l'extraction de gravier, ce qui portera un grand préjudice à l'environnement qui subit déjà le coup de la baisse des précipitations.

11.2. Le modèle d'augmentation des précipitations de 50 %

La basse vallée du Zio en général est très vulnérable aux anomalies positives de précipitations tant sur le plan local qu'à l'échelle de la zone méridionale du Togo. Sur le plan local, les fortes averses engendrent un engorgement des sols dénudés par les actions anthropiques. A l'échelle régionale, cette vulnérabilité est relative au fonctionnement hydrologique du Zio. En effet, le débit et la vitesse d'écoulement du Zio augmentent exponentiellement avec l'abondance des précipitations de la région des plateaux. Ces eaux collectées par le Zio, s'étalent au niveau de sa basse vallée provoquant ainsi des inondations semblables à celles de 2007 et 2008.

Ces phénomènes surviennent avec des hauteurs de pluies de 1 200 mm à Lomé et de 2 200 mm dans la région des plateaux, ordans le cas de ce modèle, il est prévu des hauteurs de pluies annuelles qui s'élèvent à plus de 1 700 mm à Lomé (figure 23) et 3 300 mm (figure 24) dansla région des plateaux et ce pour une période de cinq années successives. Quels seront alors les effets induits de cette probable situation?

Figure 20 : Modèle d'augmentation à 50 % des précipitations à Lomé

Figure 21 : Modèle d'augmentation à 50 % des précipitations à Kouma-Konda

Le préjudice porté par ce modèle au terroir d'Assomé se traduira par une plus forte dégradation des sols par l'érosion et le lessivage. L'altération continue des formations superficielles à dominante argileuses qui matelassent les dépôts de graviers de la haute terrasse à Assomé sur 3 à 5 mètres d'épaisseur, ameublira encore plus ces formations au point où l'équilibre naturel sera fragilisé. En fonction de la déclivité générale de la topographie du site du terroir, il s'expose ainsi aux risques de glissement de terrain.

En outre, l'engorgement des couches superficielles des sols de la plaine entraînera l'inondation permanente de ces terres par la stagnation des eaux de pluie. Cette situation sera aggravée par l'arrivée massive dans la basse plaine des eaux collectées par le Zio en amont au cours des mois de Mai à Octobre. L'ampleur des inondations sera alors plus exacerbée que celui des années 2007 et 2008. En conséquence, le terroir d'Assomé, dont seules les terres autour du Zio sont jusque là inondées, verra toute l'étendue de sa plaine (1400 ha soit 58 % du terroir) occupée par les eaux (carte 9). Les ponts, le dispensaire et les stations de pompage seront submergés voire détruits et emportés par les eaux. Les conséquences humaines et économiques de cette situation seront catastrophiques pour le terroir d'Assomé.

L'érosion et le lessivage des terres appauvriront encore plus les sols, ce qui compromettra la productivité des cultures. De même, la piste Davié-Assomé-Kovié va de nouveau se dégrader sous le coup du ravinement qui prendra aussi de l'ampleur. Les glissements de terrains pour leur part entraîneront des destructions de logements et de terres de culture voire des pertes de vies humaines. Quant aux inondations, elles perturberont énormément les activités rizicoles dont les rendements chuteront sensiblement. Concomitamment, l'accès aux soins de santé et à l'eau potable sera très difficile pour la population, d'autant plus que les stations de pompage et le dispensaire seront détruits.

En somme, le terroir d'Assomé perdra ainsi une partie de ses infrastructures et sera confronté à une grave crise humanitaire c'est-à-dire sur plan alimentaire, au niveau de la qualité de l'eau, du logement et de la santé. Aussi la paupérisation de la population s'exacerbera et par là, les plus graves formes d'exploitations des ressources comme le gravier se poursuivront. Par conséquent, le développement de ce terroir sera profondément compromis.

Carte 9

153

 : Vulnérabilité du terroir d'Assomé aux risques du développement

CONCLUSION

Localisé au Sud-Ouest de la Région Maritime, le terroir d'Assomé s'inscrit dans le système de paliers formé par les terrasses alluviales, le long des versants de la basse vallée de la rivière Zio. Il occupe précisément sur le versant de rive gauche à l'entrée de la basse vallée, la surface de la discontinuité Nord de la plus haute terrasse alluviale et une portion de plaine d'inondation. Généralement la topographie de ce site est déclive en direction du lit de la rivière Zio avec des pentes relativement faibles (9 à 12 %) voire nulle dans la plaine d'inondation.

Le potentiel pédologique est composé de 3 types de sols. Il s'agit de sols ferralitiques qui recouvrent sur la terrasse d'importantes couches d'éléments grossiers (galets et de graviers) qui y sont exploités. Les fonds de vallées et les terres aux abords du Zio sont dominés par les sols hydromorphes. Alors que sur les versants on retrouve des sols peu évolués. Aux différents types de sols correspondent respectivement trois types de végétation de savane à savoir : la savane arbustive dégradée, la savane arborée et la savane herbeuse.

Cet ensemble évolue sous un climat tropical guinéen fortement influencé par l'anomalie climatique du Sud-Togo. Ainsi la pluviosité (900 mm/an) est largement inférieure à la normale régionale (1200 à 1500 mm). Les périodes sèches sont exagérément longues alors que celles des saisons de pluies sont de plus en plus courtes.

Depuis quelques décennies, cet espace géographique aux ressources assez diversifiées est sous l'emprise d'une exploitation systématique et abusive dont le résultat est l'état actuel de dégradation avancée de son paysage, laissant craindre à long terme une situation d'irréversibilité écologique.

En effet pour satisfaire leurs besoins alimentaires et économiques, les populations d'Assomé se rabattent sur les ressources de la nature, qu'elles exploitent sans contrôle. Par l'agrandissement des champs, l'exploitation du bois sous ses diverses formes, elles déciment la végétation originelle entraînant la dénudation des sols qui sont ainsi exposés aux attaques hydriques (érosion, tassement, lessivage etc.). Il en résulte alors des pertes de capacité de rétention en eau et en humus et celles des sédiments du sol. Cette situation influence très négativement les rendements agricoles dont la quantité et qualité diminuent progressivement.

L'exploitation de gravier, en supplantant l'agriculture dans la région, a accentué la destruction du couvert végétale et causé la dégradation physico-chimique des centaines d'hectares de terres. Ces dernières sont impropres à l'agriculture. Il se pose alors un grave problème d'indigence en terres de culture alors que la population ne cesse d'augmenter.

Les conséquences économiques et sociales de cette situation sont très lourdes. La pauvreté en s'accentuant amplifie ainsi les crises alimentaires des périodes de soudure et l'incapacité pour les parents d'assumer les besoins de leurs enfants. La jeunesse désoeuvrée migre vers les villes à la recherche de meilleures conditions de vie.

L'objectif premier de notre étude étant de faire ressortir les potentialités et les contraintes naturelles ainsi que le contexte socio-économique du terroir d'Assomé, en vue d'une gestion rationnelle. Constatant que les imbrications des conditions naturelles avec les actions humaines sur le milieu convergent vers la dégradation physico-chimique des terres, leur faible rentabilité, l'insécurité alimentaire, la précarité et l'exode rurale, il nous incombe de proposer des orientations en vue de contribuer à freiner le fléau, restaurer le milieu et assurer un cadre de vie meilleure à ces populations.

Il est urgent d'aider les paysans à accroître et diversifier les rendements agricoles sur le peu de terres disponibles à travers des méthodes de restitution de leur fertilité. Dans la même perspective, la stabilisation des terres de culture par des techniques anti-érosives efficaces s'avère nécessaire avant l'apport de fertilisants organiques (compost) pour restituer le complexe humique.

La reconstitution du couvert végétal du terroir qui constitue le point focal de la réhabilitation du paysage est très impérative. De ce fait, les timides efforts de la population en ce sens par des petites plantations de tecks devront être renforcés par l'agroforesterie qui sera vulgarisée dans la région. Pour ce faire, il faudrait au préalable proscrire l'extraction de gravier qui endommage la structure et la texture des sols, ne permettant pas ainsi le développement des végétaux.

Pour que ces suggestions atteignent les résultats escomptés (restauration du paysage, mise en valeur rationnelle et conservatrice des ressources pour l'amélioration des conditions de vie), il faudrait procéder à une sensibilisation de la population. Cette sensibilisation doit permettre d'améliorer la connaissance empirique des populations sur leur milieu et présenter les avantages des techniques et méthodes proposées tout en décourageant les pratiques qui dégradent le paysan.

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15. ETSE K. (1997) : Dynamique de la végétation au niveau du contact socle/bassin sédimentaire côtierMémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

16. EVIWONOU D. (2004) : Contribution à l'étude des problèmes morpho-pédologiques du plateau d'Adélé (Sud-Ouest de la Région Centrale du Togo). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

17. GOH A. (1996) : L'impact socioéconomique et écologique du système d'exploitation du périmètre irrigué de la basse vallée du Zio (Sud-Ouest du Togo) : Contribution à l'étude d'un projet rural. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

18. HOMBRE S. (2005) : Sogou, un terroir gourma au nord Togo (Région des Savanes) : contraintes physiques et humaines d'aménagement et évolution des structures agraires. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

19. HOUEDAKOR K. (1997) : La dynamique de l'environnement dans le sud-est du Togo. Essai de cartographie. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

20. KANKPENANDJA L. (2002) : Contribution à l'étude géomorphologique de la plaine alluviale du Kpendjal (région des savanes). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

21. KPEGOUNI I. (1997) : Production agricole et niveau de vie en milieu rural exemple d'Alédjo-Kadara. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

22. KWASSI A. (2000) : Contribution à l'étude des populations rurales de la zone côtière. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

23. LAKOUSSAN K. (1998) : L'environnement du site d'extraction des phosphates à Hahotoé, quelques approches de réhabilitation du milieu. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

24. LEGUEDE Z. (1998) : Contribution à l'étude géomorphologique du site de Vogan. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

25. MOGORE M. (1998) : Géomorphologie et environnement : exemple de Cinkassé. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

26. SENA N. (2000) : Contribution à l'étude de géomorphologie urbaine : cas de la ville d'Atakpamé (Togo). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université du Bénin.

27. TAKPARA T. (2002) : Système de production agricole et sécurité alimentaire durable en milieu kotokoli (Tem) : cas du terroir de Koumondè (Préfecture d'Assoli). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

28. TCHAMBA T. (2006) : le marché informel de sable et de gravier dans la région maritime et son impact : cas de la préfecture du Golfe.Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

29. TCHAMIE K. (1984) : L'originalité du climat des zones littorales du Ghana-Togo-Benin.

30. TCHARA A. (1996) : Kpawa : une zone de colonisation agricole des populations de Blitta gare (Centre Togo). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

31. TCHEROTEN K. (2004) : Principales pratiques humaines destructives de l'environnement dans le secteur ouest de la préfecture de la Kéran : cas des villages de Ossacré et de Pagouda. Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

32. TOMETY F. (2004) : La dynamique foncière et les mutations de l'habitat rural dans le village Anfoin (Préfecture des Lacs). Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Université de Lomé.

Ouvrages généraux et articles

33. BRUNET R. (2005) : Le développement des territoires : formes, lois, aménagement, Paris, Editions de l'Aube.

34. BIT (1989) : Livret 3. La communauté et l'environnement, Genève.

35. BIT (1989) : Livret 4. Les problèmes écologiques mondiaux, Genève.

36. DERANCOURT F. (1995) : Erosion des terres agricoles, méthodologie proposées à l'étude de bassins versants agricoles. Rapport Chambre d'Agriculture Pas-de-Calais.

37. GAYIBOR N. (1986) : Les origines de la savane du Bénin. Cahier d'Etudes Africaines. PUB, Lomé.

38. GIDDENS A.: Les Constitution de la société, 1987.

39. GU-KONU E. & Al (1981) : Atlas du Togo, Jeune Afrique, Paris.

40. LANDEL-MILLS P. etDERAGELDINI. (1991):Governance and the External Factor,World Bank Annual Conference on Development Economics.

41. LELOUP F., MOYART L., PECQUEUR B. (2003) :Le développement local en Afrique de l'Ouest : quelle(s) réalité(s) possible(s)? Mondes en développement Vol. 31-2003/4-n°124.

42. LÖW Martina (2008): "The Constitution of Space: The Structure of Spaces Through the Simultaneity of Effects and Perception", in European Journal of Social Theory, 1-11p.

43. MINGUET D. H.: Anthropologie,éthique et développement durable.

44. PECQUEUR B. (2001):Gouvernance et régulation; un retour sur la nature du territoire, Géographie, Economie, Société, vol. 3, n°2, p.229-246.

45. PNUD (1998) : Le PNUD aujourd'hui : La protection de l'environnement. New York.

46. PREVOST (2001): Le développement local : contexte et définition, cahiers de rechercheIREC01-03, IRECUS, Université de Sherbrooke, 28 p.

47. RISHIRUMUHIRWA T. (1992) : Stratégies régionales de conservation de l'eau et du sol dans les pays de la C.E.P.G.L. Bulletin du Réseau Erosion, n° 12.

48. RISHIRUMUHIRWA T. (1994) : Facteurs anthropiques de l'érosion dans les montagnes hauts plateaux aux Burundi, Rwanda et Zaïre. Les cahiers d'Outre-Mer. Tome XL VII ; pp 23-34.

49. Revue "Notre Libraire" Aménager Le Milieu Naturel, N° Double 66-67, Octobre-Décembre 1982.

50. SLANKY M. (1962) : Contribution à l'étude géologique du bassin sédimentaire côtier du Dahomey et du Togo, Paris.

51. VACHON B. (2002): Développement régional et dynamique territoriale, Colloque de l'Association des économistes du Québec, Château Frontenac, Québec, 22 mars 2002, 11p.

LISTE DES CARTES

Carte 1: Situation du terroir d'Assomé 3

Carte 2 : Disposition des terrasses de la Basse Vallée du Zio 20

Carte 3 : Pédo-morphologique de la Basse Vallée du Zio. 27

Carte 4 : Evolution du couvert végétal entre 1969 et 2008 dans la zone 59

Carte 5 : Terroir d'Assomé 80

Carte 6 : Occupation de l'espace du terroir d'Assomé 109

Carte 7 : Infrastructures socio-collectives à Assomé 111

Carte 8 : Proposition d'aménagement du terroir d'Assomé 137

Carte 9 : Vulnérabilité du terroir d'Assomé aux risques du développement 153

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Coupe structurale du bassin sédimentaire côtier du Togo dans sa partie occidentale (d'après le B R G M, 1982) 3

Figure 2: Coupe schématique des terrasses alluviales de la basse vallée du Zio. 19

Figure 3: Coupe transversale de la basse vallée du Zio suivant le tracé AB 21

Figure 7 : Profil d'un sol ferralitique à Assomé 28

Figure 8 : Profil de sol hydromorphe aux abords du Zio 29

Figure 9 : Toposéquence à l'entrée de la basse vallée du Zio entre Mission-Tové et Assomé 30

Figure 10 : Evolution mensuelle des moyennes de température de 1976 à 2005. 33

Figure 11 : Evolution annuelle des moyennes de températures de 1976 à 2005. 33

Figure 12 : Evolution mensuelle des moyennes de précipitations de 1976 à 2005. 35

Figure 13 : Evolution annuelle des moyennes de précipitations de 1976 à 2005. 36

Figure 14 : Courbe d'évolution des moyennes mensuelles d'insolation de 1981 à 2000 37

Figure 15 : Evolution mensuelle des moyennes d'humidité de 1981 à 2000 37

Figure 16 : Pyramide des âges de la population d'Assomé. 41

Figure 17 : Processus d'agressivité des pluies sur le sol 50

Figure 18 : Coupe dans une carrière abandonnée à la lisière de la forêt sacrée d'Assomé 65

Figure 19 : Profil schématique d'un transect illustrant les perturbations du relief à Assomé. 67

Figure 20 : Courbes comparatives des normes pluviométriques de 1961-1990, 1971-2000 et la décennie 1998-2008. 114

Figure 21 : Modèle de réduction à 50 % des précipitations à Lomé 149

Figure 22 : Modèle de réduction à 50 % des précipitations à Kouma-Konda 149

Figure 23 : Modèle d'augmentation à 50 % des précipitations à Lomé 151

Figure 24 : Modèle d'augmentation à 50 % des précipitations à Kouma-Konda 151

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Vue du profil vertical du sol dans une carrière à Assomé................................22

Photo 2 : Vue partielle d'une couche de gravier fortement indurée. 3

Photo 3 : Bloc de poudingue exhumé dans une zone d'extraction. 24

Photo 4 : Maternité d'Assomé. 45

Photo 5 : Dispensaire St Etienne d'Assomé 45

Photo 6 : Une « salle de classe » au CEG d'Assomé 46

Photo 7 : Un réservoir d'eau. 47

Photo 8 : Une station de pompage 48

Photo 9 : Le château d'eau d'Assomé 48

Photo 10 : Pont détruit par les inondations de 2005, sur la rivière Agbaflè 54

Photo 11 : Une bribe de la forêt sacrée d'Assomé 61

Photo 12 : Le tronc d'un Kapokier abattu dans la forêt sacrée d'Assomé 61

Photo 13 : Végétation de savane herbeuse dans une carrière après 10 ans d'abandon 62

Photo 14 : Touffes de graminées recolonisant une carrière après 5 ans d'abandon 62

Photo 15 : Nature superficielle du sol dans une ancienne carrière 65

Photos 16 et 17 : Topographie ondulée à Kpota 67

Photo 18 : Gravière 68

Photo 19 : Monticules de rejet 68

Photos 20 et 21 : Talus artificiel dans une zone d'extraction 68

Photo 22 : Phénomène de ravinement dans un champ à Assomé 72

Photo 23 et 24 : Ravins aux berges abruptes dégradant la route Kovié-Assomé. 73

Photo 25 : Ravinement de la rue menant à l'EPP Assomé 74

Photo 26 : Ravinement en roubine avec formation de minuscules « dos d'éléphant » sur la voie secondaire du village............................................................................ 74

Photo 27 : Destruction des tombes dans le cimetière par le ravinement 74

Photos 28 et 29 : Extraction de gravier respectivement dans la zone de 97

Photo 30 : Opération de tamisage 97

Photo 31 : Une mesure d'une caisse de gravier 98

Photo 32 : Une cuvette servant à la mesure du gravier 98

Photo 33 : Pont en construction et inondé à Assomé 126

Photo 34 : Route Davié-Assomé-Kovié réaménagée à Assomé 126

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Données sur la stratigraphie du bassin sédimentaire côtier 3

Tableau 2 : Moyennes mensuelles de précipitations de 1976 à 2005. 34

Tableau 3 : Indices d'agressivité des pluies de 1996 à 2005 à Assomé 51

Tableau 4 : Récapitulation des dégradations du sol au niveau des carrières de graviers 66

Tableau 5 : Impacts des gouttes de pluies sur le sol en fonction de leurs diamètres 69

Tableau 6 : Coordonnées géographiques des limites du terroir d'Assomé 79

Tableau 7 : Estimation de la production vivrière à Assomé 91

Tableau 8 : Revenus par rapport à la quantité de gravier extraite 98

Tableau 9 : Récapitulatif des revenus des acteurs de l'extraction de gravier 100

Tableau 10 : Résultat de l'expérience de haies vives 130

Tableau 11 : Fonctions et potentialités de l'agroforesterie 133

Tableau 12 : Précipitations (mm) de la station de Lomé-aéroport de 1998 à 2008 147

Tableau 13 : Précipitations (mm) de la station de Kouma-konda de 1998 à 2008 147

TABLE DES MATIERES

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REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

LISTE DES ABREVIATIONS iv

RESUME v

INTRODUCTION 1

Première partie : Milieu et Environnement d'Assomé 3

Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE 15

1.1. Le contexte géologique 15

1.1.1. Le socle 16

1.1.2. Le bassin sédimentaire côtier 16

1.1.2.1 Le Maastrichien 17

1.1.2.2 Paléocène 18

1.1.2.3. Eocène 18

1.1.2.4. Le continental terminal 18

1.1.2.5. Les Terrasses 19

1.2. Contexte géomorphologique 25

1.2.1. Le plateau de Tsévié 25

1.2.2. La terrasse alluviale 25

1.2.3. Le bassin versant du Zio 26

1.3. La pédologie 26

1.3.1. Les sols ferralitiques 28

1.3.2. Les sols peu évolués d'apport non hydromorphes 29

1.3.3. Les sols hydromorphes. 29

1.4. La végétation 29

1.5. Le climat 31

1.5.1. Les saisons 31

1.5.1.1. Les saisons pluvieuses 31

1.5.1.2. Les saisons sèches 31

1.5.2. Les paramètres du climat 32

1.5.2.1. Les vents 32

1.5.2.2. La température 32

1.5.2.3. La pluviométrie 34

1.5.2.4. Evaporation et Insolation 36

1.5.2.5. Humidité relative 37

1.6 L'hydrographie 38

Chapitre 2 : LE PAYSAGE HUMAIN 40

2.1. Historique du terroir d'Assomé 40

2.2. Les données démographiques 40

2.2.1. Les mouvements naturels 41

2.2.2. La structure par âge et par sexe 42

2.2.3. Les mouvements migratoires 42

2.3. Les caractéristiques générales de l'habitat 42

2.3.1. Les formes de l'habitat 43

2.3.1.1. La maison traditionnelle 43

2.3.1.2. La maison semi moderne 43

2.3.1.3. La maison moderne 44

2.4. Les infrastructures sociaux 44

2.4.1. Des structures sanitaires appréciables 45

2.4.2. Un manque cruel d'infrastructures scolaires 45

2.4.3. Un système d'adduction d'eau moderne 46

2.4.4. Des infrastructures routières en rénovation 48

Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE 49

3.1 Les facteurs naturels 49

3.1.1. Le climat 49

3.1.1.1. L'influence des oscillations paléoclimatiques 49

3.1.1.2. L'agressivité du climat actuel 50

3.1.2. La topographie 52

3.1.3. La nature des formations superficielles 52

3.1.4. Les fréquentes inondations du Zio 54

3.2. Les facteurs humains 55

3.2.1. La mise en valeur agricole 55

3.2.2. L'exploitation du bois 55

3.2.3. Les feux de brousse 56

3.2.4. L'extraction de gravier 56

Chapitre 4 : CARACTERISATION DU PAYSAGE 58

4.1 Le recul de la végétation 58

4.2 La dégradation des sols 62

4.2.1. L'appauvrissement des sols en éléments nutritifs 63

4.2.2. Le lessivage des sols 64

4.2.3. Le tassement des sols 64

4.2.4. La perturbation du profil du sol 64

4.2.5. Les perturbations dans le relief 66

4.2.6. L'érosion hydrique des sols 68

4.2.7. Le processus de ruissellement 70

4.2.7.1. Les différents types de ruissellement 71

4.2.7.2. Les impacts du ruissellement concentré 72

Deuxième partie : Développement d'Assomé 3

Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE 77

5.1 Administration 77

5.2 Les limites 78

5.3 L'environnement 82

Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE 85

6.1. La désagrégation de l'économie 85

6.2. Les activités économiques 86

6.2.1. Le primaire 86

6.2.1.1. L'agriculture 87

6.2.1.2. L'activité d'extraction de gravier 95

6.2.2. L'informel 101

6.2.2.1. L'artisanat 101

6.2.2.2. La transformation des produits agricoles. 101

6.2.2.3. Le Commerce 102

6.2.2.4. Le transport 102

6.2.3. L'activité salariale restreinte 102

Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET TERRITORIALE 103

7.1. Organisation sociale 103

7.2. L'organisation administrative et politique 104

7.3. La vie religieuse 105

7.3.1. La religion traditionnelle 105

7.3.2 Les religions modernes 106

7.3.2.1 Le christianisme 106

7.3.2.2. L'islam 107

7.4. Organisation de l'espace du terroir 107

Troisième partie : Vision du développement d'Assomé 3

Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT. 113

8.1. Les Contraintes 113

8.1.1. Les Contraintes physiques 113

8.1.1.1. L'aridification de la région 113

8.1.1.2. Les pertes en terre 116

8.1.1.3. La pénurie de terre agricole 118

8.1.1.4. La disparition des espèces 118

8.1.2. Contraintes socio-économiques 119

8.1.2.1. La pauvreté 119

8.1.2.2. L'exode rural 120

8.1.2.3. La rente foncière 120

8.1.2.4. Le manque de volonté politique 121

8.2. Les potentialités 121

Chapitre 9 : LES ACQUIS DU DEVELOPPEMENT 123

9.1 Les acquis sociaux 124

9.2 Les acquis économiques 125

Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION D'ORIENTATION DU DEVELOPPEMENT D'ASSOME 127

10.1. Redynamiser l'agriculture 127

10.1.1. La phase préparatoire 128

10.1.1.1. Les conditions biophysiques 128

10.1.1.2. Les conditions socio-anthropologiques 135

10.1.2. La phase d'application 136

10.1.2.1 L'aménagement du plateau de terre de barre 138

10.1.2.2 L'aménagement de la plaine alluviale 140

10.1.3. La phase de contrôle 143

10.2. Financement des activités génératrices de revenus 143

10.3. Octroyer à la collectivité locale une autonomie de gestion administrative et économique 144

Chapitre 11 : RISQUE DU DEVELOPPEMENT 146

11.1. Le modèle de réduction de la pluviométrie à 50 % 148

11.2. Le modèle d'augmentation des précipitations de 50 % 150

CONCLUSION 154

BIBLIOGRAPHIE 157

LISTE DES CARTES 161

LISTE DES FIGURES 161

LISTE DES PHOTOS 162

LISTE DES TABLEAUX 163

TABLE DES MATIERES 164

* 1 OMM: Organisation Mondiale de la Météorologie

* 2 Kpota : dans la langue Ewé signifie au sommet de la montagne.

* 3 Période de la grande saison pluvieuse où les précipitations sont abondantes, continues et très rapprochées.

* 4 Lipoti : se compose de « lipo » qui veut dire limite et « ati » qui désigne un arbre.

* 5Ewé : Ethnie majoritaire du Sud-Togo.

* 6 Lexiviat : Eau polluée, issue de la percolation à travers les ordures.






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand