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Développement des espaces géographiques. Exemple du terroir d'Assomé dans la basse vallée du Zio.

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par KOUAMI DODJI ADJAHO
Université de Lomé - Maà®trise en géographie 2010
  

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6.2.1.2. L'activité d'extraction de gravier

Le sol togolais recèle d'importantes ressources minérales exploitées. Les seules ressources actuellement exploitées sont les phosphates de Hahotoé et de Kpogamé et les calcaires de Sikakondi. Cependant, les minerais non exploitées ne restent pas moins utiles, car une exploitation artisanale souvent bien organisée par les populations environnantes les rend utiles. C'est le cas par exemple de l'or, du fer du sable et du gravier (PNUD, 1986).

En ce qui concerne l'extraction de galet dans la basse vallée du Zio, elle avait commencé timidement dans les années 50 après l'interdiction de l'extraction du gravier marin "apouta kpékui". Elle prendra de l'ampleur avec l'introduction des motopompes au niveau des postes de lavage et surtout avec l'essor immobilier de la ville de Lomé qui a augmenté la demande. De même pour la réalisation des travaux publics, les entreprises ont souvent recours aux gravières de la basse vallée du Zio pour satisfaire les besoins en gravier. Dans ce cas, l'extraction se fait à l'aide de bulldozers, caterpilards et de dameuses.

Dans le village d'Assomé, l'extraction artisanale de gravier absorbe la presque totalité de la population active: hommes (vieux, adultes, jeunes), femmes et enfants à cause du profit immédiat qu'elle procure. Même les agriculteurs en font une activité secondaire pour améliorer leurs revenus.

L'extraction du gravier est un travail ardu et de longue haleine. Elle se déroule en deux principales étapes: la prospection et l'extraction proprement dite à l'aide d'outils que sont la pioche, la houe, le coupe-coupe.

· La Prospection

La prospection se résume à l'analyse géologique des terrains avec pour objectif de noter la présence et la nature du dépôt. La technique consiste donc à effectuer une creusée de 1,70 m de diamètre ou de coté et d'une profondeur de 4 à 10 m environ (Tchamba, 2006). Lorsque la prospection révèle un résultat positif on passe à l'extraction.

· L'extraction

Elle constitue la phase la plus pénible du travail. Les couches de gravier se trouvant à des profondeurs de 1 à 6 m, on effectue un décapage progressif du couvert végétal ainsi que du manteau d'argile, pour atteindre les couches de galets.

C'est l'extraction proprement dite qui fait dépenser beaucoup d'énergie, d'autant plus que comme nous l'avions dit plus haut, les galets sont piégés dans une matrice ferrugineuse fortement indurée avec présence de blocs de poudingue au niveau des dépôts de la haute terrasse. Ainsi à longueur de journée, les ouvriers arrachent à coup de pioche (photos 28 et 29) des morceaux du matériel compact qu'ils écrasent après avec le dos de leurs pelles avant le traitement.

2829

Campagne de terrain, Avril 2008

Photos 27 et 28 : Extraction de gravier respectivement dans la zone de

Kpota et derrière la maternité à Assomé

· Le traitement

Au niveau des carrières d'extraction, le traitement se fait par le tamisage à sec. Le tamis est constitué d'un grillage métallique à maille de 1,5 cm de coté, fixé à un cadre pourvu d'un pose-pied. L'extrait est projeté sur le tamis de manière répétitive en petite quantité en se servant de la pelle (photo 30). Ainsi on permet aux particules de sable, d'argile et au débris végétaux de passer à travers les mailles du grillage. Le refus est appelé « gravier tout venant » et est destiné à la vente.

Source : Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 29 : Opération de tamisage

Le travail se fait en équipe de deux à quatre personnes par exploitation. Les hommes se chargent de l'extraction alors que les femmes assurent le portage de la carrière au lieu de stockage.

· Le cubage

La quantité de galets extraite par un ouvrier ou groupe d'ouvriers est mesurée à l'aide d'une unité appelée caisse (670 dm3) correspondant à un tas de graviers (photo 31) constitué de 30 mesures de la petite cuvette (22 dm3) (Photo 32). Une dizaine de caisse équivaut à la contenance d'un camion de 8m3.

3132

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 30 : Une mesure d'une caisse de gravier

Photo 31 : Une cuvette servant à la mesure du gravier

· Les revenus

o Cas des ouvriers

La rémunération des ouvriers se fait à base de l'unité de mesure qui est la caisse. Celle-ci est payé à 2250 F CFA soit 75 FCFA la mesure de la petite bassine. Ainsi nous avons estimé le revenu d'un ouvrier par rapport à la mesure de gravier extraite Tableau 8.

Tableau 8 : Revenus par rapport à la quantité de gravier extraite

 

Cuvette

Caisse

Camion

Volume (dm3)

22

670

8.000

Recette (F CFA)

75

2.250

27.000

Campagne de terrain, Avril 2008

Quant au portage, il est payé à 25 FCFA le voyage ce qui revient à 9000 FCFA par camion de gravier extrait.

o Cas des exploitants

Les exploitants sont de deux catégories, ceux qui sont propriétaires terriens et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont donc liés aux propriétaires terriens par un contrat. Il existe deux types de contrats.

Pour le premier type de contrat, le propriétaire concède un lot de terrain à l'exploitant, moyennant un quota de 5.000 FCFA par camion de gravier extrait. Dans le second cas, l'exploitant acquiert le lot de terrain par un bail dont le montant varie le plus souvent entre 150.000 et 200.000 FCFA. Cependant, la terre revient au propriétaire terrien à la fin de l'exploitation

Dans le courant du mois d'avril 2008, le prix d'un camion de 8 m3 de gravier "tout venant" variait entre 55.000 et 60.000 FCFA selon la qualité et la granulométrie du produit. Or, pour l'exploitant vendeur, le coût d'extraction d'un volume de 8 m3 de gravier revient à la somme de 41.000 FCFA. Ainsi un exploitant peut dégager un bénéfice net de 14.000 à 18.000 FCFA par camion de gravier extrait (tableau 9).

Les plus gros bénéficiaires sont les exploitants qui sont propriétaires terriens. Non seulement ils n'ont pas de quota à payer pour la concession de la terre, mais aussi, leurs exploitations sont de type familial où travaillent leurs femmes et leurs enfants qui ne sont, le plus souvent, pas rémunérés. Cela se comprend puisque en saison de pluies toute la famille est au champ, et lorsqu' arrive la saison sèche, où les travaux champêtres cessent, elle se retrouve dans les carrières de gravier.

Tableau 9 : Récapitulatif des revenus des acteurs de l'extraction de gravier

 

Recette par camion de 8m3 de gravier extrait (en F cfa)

Ouvriers

27.000

Porteuse

9.000

Chargeur

4.000

Exploitant

14.000 - 19.000

Propriétaire terrien

5.000

Transporteur

10.000

Service des mines

500

Préfecture

1000

Campagne de terrain, Avril 2008

De l'analyse de ce tableau, il ressort que l'activité d'extraction de gravier à Assomé contribue aussi à l'amélioration des conditions sociales et économiques des populations.

Sur le plan économique, cette activité constitue une source de revenu non négligeable pour les différents acteurs intervenant dans le domaine (ouvrier, chargeur, employeurs, propriétaire terrien) jusqu' au niveau de l'Etat et de ses démembrements.

Sur le plan social, l'extraction du gravier contribue à la réduction du chômage dans notre zone d'étude d'autant plus que beaucoup de jeunes s'y adonnent. Certains ouvriers et les porteuses y viennent pour gagner de l'argent pour financer leur apprentissage, leur scolarité, ou leur commerce. Par le passé, les revenus issus du gravier ont substantiellement contribué à une mutation de l'habitât qui est passé du type traditionnel au type semi-moderne voire moderne.

Malgré que l'extraction de gravier représente une importante source de revenus pour les populations d'Assomé, elle engendre malheureusement d'inquiétants dégâts environnementaux avec des impacts dramatiques sur la vie économique et sociale de la population. L'agriculture, activité rurale par excellence, a été substituée au cours de ces trois dernières décennies par l'extraction de gravier. En effet, durant les périodes fastes de cette activité et avant son interdiction en 1998, elle a complètement éclipsé l'agriculture. D'abord par l'absorption de la main d'oeuvre et du capital foncier disponible ensuite par la dégradation de ce dernier qui est devenu impropre à l'agriculture.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius