1.1.1.3. Raisons subjectives
Le choix du sujet «Gestion des déchets solides
ménagers et excréta dans la commune de Kpomassè»
vient d'un amour à vivre dans un environnement plaisant et plus
particulièrement d'un attachement aux questions liées à
l'Homme dans son environnement. Ici, le champ d'investigation «la commune
de Kpomassè» estchoisie à cause de son insalubrité
grandissante et écoeurante, la dégradation sournoise de
l'état de santé des acteurs sociaux dont les efforts doivent
aider à son développement surtout la jeune
génération.
1.1.5.2. Raisons objectives
Débattre de la gestion des déchets
ménagers et surtout questionner les facteurs qui expliquent la gestion
anomique des déchets solides ménagers vient de la volonté
de contribuer à l'éveil de la conscience des communautés
pour une gestion efficiente des déchets solides ménagers dans la
commune de Kpomassè. Les résultats de cette entreprise
scientifique serviront de base de données fiable pour des actions
adéquates pour parer aux conséquences des déchets sur la
santé des communautés et sur le développement durable de
la commune. Le peu d'intérêt que manifestent les
communautés et les autorités locales de la commune pour la
gestion des déchets solides ménagers est étonnant parce
que la gestion des déchets est partie intégrante des questions de
développement au même titre que les besoins
énergétiques, etc.
En plus des approches techniciennes auxquelles les acteurs de
développement sont habitués en ce qui concerne les déchets
ménagers, il fautmettre à leur disposition un nouveau document
scientifique qui aborde la question des déchets sous une approche
socio-anthropologique. Voilà les raisons du choix de ce sujet de
recherche.
o 1.2. CONCEPTS, THEORIES DU FAIT SOCIAL
ETUDIE.
Cette section est consacrée à la
définition des concepts présents dans l'énoncé du
sujet de rechercheabordé; à la présentation du cadre
conceptuel de la recherche et à la délimitation sémantique
dufait social étudié dans cette recherche.
1.2.1. Clarification des
concepts
Le caractère polysémique des mots est
susceptible de créer des confusions et malentendus entre chercheurs en
sciences. C'est pourquoi DURKHEIM (1981)disait déjà que:
«Toute investigation scientifique porte sur un groupe de
phénomènes qui répondent à une même
définition. La première démarche du sociologue doit
être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache, et
qu'il sache bien de quoi il est question. C'est la première et la plus
indispensable condition de toute preuve et vérification». Il est
donc indispensable de définir les concepts clés pour mieux situer
l'objet et le cadre de cette investigation. Ainsi, seront définis les
mots et les groupes de mots suivants: Déchets solides ménagers;
Excréta; Représentations sociales; Hygiène; Gouvernance
locale; Kpomassè.
Ainsi, pourSANE(1999), les Déchets solides
ménagers désignent: «Toute substance ou tout
résidu issu de l'activité de production ou de consommation des
ménages hormis les déchets organiques». Il est
appeléordures ménagères, les déchets
produits quotidiennement par les ménages pour le besoin de vie. Ce
concept inclut: les débris de verre, ou de vaisselle, les feuilles
mortes, les balayures, les cendres, les ordures provenant des écoles et
bureaux. Selon les participants à la conférence des Nations
Uniesde Rio sur l'environnement et le développement (Nations Unies,
1993) «lesdéchets comprennent toutes les ordures
ménagères et déchets non dangereux, tels que les
déchets des établissements commerciaux et collectifs, les
balayures de voirie et les gravats» mais ledéchetest
également désigné par «Tout ce que le
propriétaire abandonne, destine à l'abandon ou se trouve dans
l'obligation de se débarrasser». La même idée se
retrouve dans la définition qu'en donne ADEME,«Tout résidu
provenant d'une collectivité humaine, d'un processus de fabrication, de
transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou
plus généralement tout bien meuble, abandonné ou que son
détenteur destine à l'abandon», (NYASSOGBO,2005).
Dans le cadre de cette recherche, l'enquête de terrain a tenu compte des
déchets solides ménagers qui sont aussi appelés
déchets domestiques ou ordures ménagères. Très
souvent ils proviennent des cuisines, habitations, bureaux (cendres, plastiques
et chiffon), des activités artisanales et commerciales(les feuilles de
«chikuagués»), et du nettoyage des espaces publics
«marchés, hôpitaux», (MBODO, 2009). Les autres
types de déchets solides à savoir industriels(les déchets
solides issus des industries); biomédicaux ou médicaux (ceux
issus des centres de santé) n'ont pas été abordés
dans cette recherche. La gestion des déchets solides
ménagers est l'ensemble des actions et moyens visant à
traiter et à protéger l'environnement contre les nuisances que
peuvent causer les déchets destinés à l'abandon. Elle
implique la pré-collecte, la collecte, l'évacuation et le
traitement des déchets, (ALASSANI, 2007). Il ressort de toutes
ces définitions que les expressions ordures ménagères,
déchets solides ménagers, déchets et déchets
solides utilisées dans cette élaboration scientifique
désignent la même réalité. Lesexcréta ou
matières fécaleségalement appelées
(fèces, fientes, selles, caca, crotte, étrons ou
excréments) sont le résidu de la digestion; substances ou
particules non assimilées et masses de bactéries du tube digestif
expulsées par l'anus lors de la
défécation,accompagnées souvent de gaz (principalement du
méthane, CH4). Lagestion des excréta est
l'ensemble des opérations de production; de pré-collecte,
collecte et de traitement des excréta. Il faut retenir qu'ici, l'accent
est particulièrement mis sur les déchets humains encore
appelés excréments ou excréta, caca, selles qui sont des
résidus de la digestion expulsés par l'anus lors de la
défécation accompagnée souvent de gaz (principalement du
méthane CH4) afin de circonscrire
l'objet«excréta».
Parailleurs,lagestiondesdéchetsetl'applicationdesrègles
d'hygiène sont liées à un corpus de représentations
sociales faites des déchets et de l'Hygiène. En effet,
lesreprésentationssociales sont généralement
définies comme des «connaissances de sens commun» dans le sens
où elles incluent l'ensemble des croyances et connaissances produites et
partagées par les membres d'un groupe, à propos d'un objet. Les
représentations sociales, en psychologie sociale ont été
définies comme un savoir commun à un groupe, «une forme de
connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une
visée pratique et concourant à la construction d'une
réalité commune à un ensemble social ou culturel»,
(JODELET, 1989). En portant sur les déchets ménagers,
les représentations sociales font correspondre à ceux-ci, une
signification. Dans ce cas, les représentations sociales renvoient
à un univers symbolique de significations et d'opinions à partir
duquel la réalité quotidienne est décryptée.
La santé se définit comme
«l'équilibre et l'harmonie de toutes les possibilités
biologiques, psychologiques et sociales de la personne humaine». Cet
équilibre exige d'une part, la satisfaction des besoins fondamentaux de
l'homme qui sont qualitativement les mêmes pour tous les êtres
humains (besoins affectifs, nutritionnels, sanitaires, éducatifs et
sociaux etc.), d'autre part, une adaptation sans cesse remise
en question par l'homme pour un environnement en perpétuelle
mutation», (MOUNIER, 1980op.cit. MELIHO, 2009). Selon l'OMS la
santé est l'état de bien-être physique, mental et
social. Lasanté estdéfinie dans le cas
précis comme un état debien-être physique et mental, une
disposition favorable à l'ensemble des fonctions biologiques et
psychologiques de l'organisme, reconnu par l'individu et la
société. Et pour préserver cette santé,
l'observation des règles d'hygiènes'avère très
importante. Il faut retenir que l'Hygiène est définie
comme l'ensemble des règles que l'on doit suivre pour conserver sa
santé. Elle renvoie à la propreté et à l'ordre
qu'il faut entretenir avec soin, sur soi et autour de soi. Les variantes de
l'hygiène sont nombreuses et concernent l'eau, la nutrition, le milieu,
le corps, le vêtement,(HALIDOU, 2013).
Toutefois, il s'agit ici d'hygiène du milieu. Selon l'article 93 de la loi N°97-029 du 15
Janvier 1999 portant organisation des communes en république du
Bénin « La commune a la charge de la collecte et du traitement des
déchets solides autres que les déchets industriels.»,
(DJOHY, 2012).Ce qui revient à dire que le pouvoir central
confie aux communes donc à la gouvernance locale la gestion des
déchets. La gouvernance locale est l'ensemble des
règles, procédures, institutions et mécanismes mis en
place en dehors de l'Etat, pour permettre aux citoyens d'exprimer leurs
intérêts, d'exercer leurs droits et de participer au processus de
prise de décisions, à l'exercice du pouvoir et de gestion des
ressources dont ils disposent, (AMADOU,2008). Cette
recherche définit la gouvernance locale comme l'a fait le PNUD à
savoir: «La démocratisation des processus de décisions pour
la gestion d'un territoire». Elle implique l'exercice de leurs
responsabilités par l'état, les collectivités
territoriales quand elles existent, et la participation des communautés,
des ONG et des organisations de base aux processus de prise de
décisions. Dans le cadre du présent mémoire, la
gouvernance locale suppose que chacun des acteurs sociaux appréhende
correctement le cadre institutionnel dans lequel il évolue,
connaît son rôle, ses responsabilités et les marges de
manoeuvre dont il dispose et qu'il peut exploiter dans le domaine de la gestion
des déchets ménagers.
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