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Rites traditionnels en pays Degah. Regard anthropologique sur le Gbonno dans le village de Motiamo.

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par Maliret KOUAKOU
INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DES ARTS ET DE L'ACTION CULTURELLE (INSAAC) - Master professionnel 2015
  

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Deuxième partie :

SYMBOLIQUE DU GBÔNNÔ DANS L'UNIVERS SOCIO-CULTUREL DES DEGAH DE MOTIAMO

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Chapitre 3 : DESCRIPTION DE L'EVENEMENT

I. LES FONDEMENTS DU GBÔNNÔ

1. Les fondements culturels de la célébration

« Gbônnô » est une expression Dègah qui traduit une idée d'affliction et de réjouissance en même temps. C'est un évènement célébré chaque année dans le village de Motiamo. Cette célébration consiste en des funérailles annuelles dénommées Lourri, suiviesde la commémoration du nouvel an.L'évènementrevêt undouble caractère traditionnel et socioculturel.

En effet,à l'instar de tout le peuple Dègah, des grandes funérailles sont organiséeschaque année pour tous les morts du village au cours de l'année pour marquer leur séparation définitive d'avec le monde des vivants. A l'origine de cette coutume, le mode d'organisation des rites funéraires chez les Dègah qui se décline en deux (2) étapes. Selon le doyen KOUAME Kouman, notable mandaté par le chef du village de Motiamo pour nous entretenir lors de nos recherches, les Dègah enterrent leurs morts et reportent les funérailles en fin d'année. A la question de savoir pourquoi une telle manière de faire, le notable explique que les Dègah sont très solidaires, même dans l'épreuve. Dès lors, lorsqu'un décès survenait, il fallait attendre toute la famille avant d'organiser les funérailles. Or il n'est pas de plus en plus évident de réunir tout le monde immédiatement après le décès, surtout que certains parents sont très souvent en voyage loin du village. A défaut de pouvoir conserver les corps tout ce temps, en cas de décès, on enterre les morts et on reporte les funérailles pour permettre à toute la famille et la communauté d'être réunis. Le moment choisi à cet effet est la fin de l'année traditionnelle qui coïncide avec la période des récoltes où il y'a abondamment de nourriture pour alimenter toutes les personnes qui arrivent pour la circonstance. Cependant, il faut noter que ces rites funéraires annuels concernent seulement les personnes décédées ne pratiquant ni le christianisme, ni l'islam. Car selon le principe de ces religions, les funérailles sont organisées une seule fois selon que l'enterrement et les funérailles sont combinés et faits au même moment. Ainsi, quand un décès intervient, la notabilité, réunie autour du chef du village, demande la religion du défunt. Si son appartenance religieuse est avérée, alors la responsabilité de ses funérailles revient à sa communauté qui les organise conformément aux principes de la religion. C'est seulement les funérailles des défunts animistes, ne pratiquant aucune religionrévélée, qui reviennent à la chefferie du village et sont prises en compte pendant les grandes funérailles. Mais pour que cela soit, le défunt doit avoir la majorité d'âge qui s'apprécie selon qu'il participe aux collectes de dons communautaires ou N'zaa, en cas de décès. Aussi, par le passé on consultait les morts animistes pour qu'ils disent le motif de leur décès, car il n'y avait pas de mort sans raison chez les Dègah. Tout défunt qui ne donnait pas de motif poursa mort était considéré commeun sorcier et n'était pas enterré dignement. Ses funérailles n'étaient pas prises en compte non plus. Mais de nos jours,cette coutume a été abolie et tous les défunts animistes sont désormais célébrés dignement pendant les Gbônnô.

En outre, dans toute société, le début de la nouvelle année est une occasion de festivité et de remerciement à Dieu pour ses bienfaits. Il est aussi de tradition chez les Dègah de Motiamo de célébrer la nouvelle année selon leur calendrier traditionnel. C'est ainsi qu'ils saisissent cette occasion pour accompagner définitivement tous les morts de l'année à travers les grandes funérailles, avant d'entamer la nouvelle année avec faste et par des festivités. Le calendrier Dègah compte douze (12) mois de quatre (4) semaines chacun, avec six (6) jours par semaine. L'année lunaire commence généralement dans la période de novembre-décembre du calendrier grégorien.

Dans l'organisation pratique, les grandes funérailles ou Lourri finissent le dernier jour de l'année en cours, pour faire place aux festivités du nouvel an à partir du jour suivant qui marque le premier jour de la nouvelle année. Toutefois, l'évènement se prépare plusieurs jours avant les grandes funérailles et prend fin trois (3) jours après la célébration du nouvel an, tout cet intervalle de temps étant marqué bien sûr par des activités spécifiques.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe