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Rites traditionnels en pays Degah. Regard anthropologique sur le Gbonno dans le village de Motiamo.

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par Maliret KOUAKOU
INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DES ARTS ET DE L'ACTION CULTURELLE (INSAAC) - Master professionnel 2015
  

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II. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

1. Spécification de la problématique

En portant notre étude sur le Gbônnô dans le village de Motiamo, nous voulons montrer que l'évènement doit être sauvegardé, particulièrement les rites funéraires couplés avec la fête du nouvel an qui en font le contenu. En effet, l'évènement fait face à une réelle menace de son environnement social. Il s'agit entre autres du manque d'initiation des jeunes aux rites traditionnels qui l'entourent, l'absence d'un cadre logique de programmation de la célébration avec pour conséquence les difficultés de fixation des dates de son déroulement par les sages, et surtout l'influence des religions révélées. En outre, cette antinomie entre tradition marquée par les rites funéraires d'un côté et de l'autre côté les religions modernes qui impactent la survie de l'évènement, nous donne de craindre la dénaturation et l'accroissement du risque de disparition totale de la célébration, ce qui, à la longue, va poser un problème identitaire chez les populations du village pour qui le Gbônnô est l'un des plus précieux moyens de s'identifier à leur histoire et leur civilisation.C'est pourquoi contre le péril de déculturation et d'acculturation consécutifs à l'abandon total ou partiel de la célébration, nous pensons que tous les acteurs, notamment les populations du village et même la communauté scientifique, doivent prendre leurs responsabilités dans l'intérêt de la pérennité du peuple Dègah à travers sa culture.

2. Revue de littérature

Pour mieux cerner l'environnement scientifique de notre sujet afin de mettre en évidence notre démarcation, nous nous sommes intéressé à quelques travaux ayant précédés le nôtre pour y jeter un regard analytique. Notre attention a été premièrement portée sur le mémoire de DESSAC 2005 en muséologie de KOUAME Konan Jackson Sévérin intitulé « L'art funéraire traditionnel chez les peuples Baoulé-Agba de Côte d'Ivoire ». Il y aborde la question des rites funéraires dans la société traditionnelle Agba et conclut de ses recherches que la mort est vécue chez ce peuple comme un phénomène biologique et social et qu'à cet effet, il serait primordial d'accorder une attention particulière aux défunts en organisant des funérailles pour les accompagner dignement.Abordant le sujet de « la conservation des arts et traditions populaires : le cas du Sacraboutou de Bondoukou » dans son mémoire de DESSAC 2005 en muséologie également, GBANE Baba Oumar,quant à lui, soulève le débat sur la valeur identitaire des rites traditionnels. Au terme de son étude, il constate que le Sacraboutou, en tant que rite traditionnel, est l'une des cérémonies populaires qui présentent en effet la culture du peuple de Bondoukou. Cet avis a été partagé par M. HIEN Philippe, président du Conseil Régional du Boukani, qui affirmait dans le reportage de lancement du Festival des Danses Traditionnelles du Boukani (FESTIBO) sur la chaine de télévisionnationaleRTI1 le mercredi 03 décembre 2014 à 20h25 qu'un tel festival est un moyen de promouvoir la région et réunir ses fils et filles.Dans ces trois énoncés, l'on note une convergence des points de vue quant à l'idée selon laquelle chaque peuple se caractérise par l'originalité et la singularité de ses coutumes et rites traditionnels. Cependant, nulle part la problématique des menaces sur leur pérennité et la question de leur promotion n'est abordée. C'est en cela que notre étude vient apporter un élément nouveau en se penchant notamment sur l'influence des religions révélées sur l'art funéraire traditionnel et la nécessité de la promotion des rites traditionnels en tant que valeurs identitaires des peuples.

Dans le même ordre d'idées, nous nous sommes intéressés aussi à quelques écrits théoriques apparentés à notre sujet. Il s'agit surtoutde l'étude de M. AKA Konin portant sur les « Traditions musicales chez les Nafana et les Dègah ». Dans cette publication de quarante-sept (47) pages, l'auteur mène la réflexion notamment sur les instruments de musique et les genres musicaux traditionnels typiques au peuple Dègah et leurs particularités dans la société. De cette étude, l'on retient la richesse et la diversité de la culture musicale Dègah malheureusement menacée du fait de son immatérialité, la raréfaction de l'utilisation de certains instruments et de la pratique de certains genres musicaux. Par ailleurs, dans une recherche sur le peuple Dègah en général, publiée sur le site « http://peupledegahencotedivoire.unblog.fr »le 22 août 2013, le Ghanéend'appartenance DègahDavid MENSAH nous donne de découvrir cette communauté dans sa globalité à travers notamment ses origines, son histoire et surtout sa culture. Au nombre des pratiques culturelles et croyances Dègah qu'il met en exergue dans son étude, on a les Lwejena (grandes funérailles) ou rites funéraires annuels qui, selon lui, consistent à rendre hommage aux morts et revêtent d'une symbolique exclusive pour le peuple Dègah au travers de leur déroulement et de leur fonction sociale.Cependant, si ces études sont abordées sur les Dègah dans leur composante globale, il faut dire que dans leurs localisations, chaque groupe a son histoire et donc ses particularités en ce qui concerne certains rites traditionnels. C'est justement ce qui nous emmène à entreprendre cette étude de manière spécifique sur les Dègah de Motiamo qui, à la différence de ceux de Boromba par exemple, allient les rites funéraires et la fête du nouvel dans le cadre du Gbônnô.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote