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Facteurs favorisants les sorties contre avis médical aux urgences


par Guilaine Teclaire LEKANI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Licence en sciences Infirmières 2017
  

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6.3 Données relatives aux facteurs liés à l'environnement de soin

Marty&al.,(2007, p.112)soulignait que « l'hôpital accueille et soigne les malades ; il en guérit aussi beaucoup. Parfois, il aide à mourir. La tâche est immense, incessante, harassante pour les soignants qui oeuvrent nuit et jour au service des malades qui leur sont confiés ».(Pour atteindre ces différents rôles, le personnel doit pouvoir accueillir les personnes malades d'une manière satisfaisante, celle-ci relevant de son rôle propre. Il ressort de notre étude que beaucoup de travail reste à faire sur ce point. Les patients ici se sentent mieux accueillit à l'entrée de l'hôpital par les brancardiers que dans le service. Ainsi, le mauvais accueil au niveau du service se présente comme étant un élément contributif à cette sortie contre avis médical. En sa qualité d'élément clé dans le processus de prise en soin, un accueil aimable et un intérêt réel pour le malade pourrait l'aider à surmonter son désarroi, favorisant son adhésion à la thérapeutique. Cet élément n'est pas mentionné dans la majeure partie des études sur le phénomène. Ces études étant en majeur partie issue des régions nord-américaines et européenne où l'évaluation de la qualité semble systématique, l'on pourrait comprendre que la dimension accueil ne soit pas une de leur problématique en cours d'investigation sur ce sujet. Cette qualité jugé « mauvaise de l'accueil » par nos participants semble avoir pour cause un comportement inapproprié du personnel.

Le comportement du personnel est largement souligné dans notre étude comme étant une des raisons de sollicitation de la sortie. Nos observations rejoignent ainsi ceux de nombres d'auteurs sur le sujet (Devpura et al., 2016; Hadadi et al., 2016; Karimi et al., 2014; Mohseni et al., 2015; Noohi et al., 2013). Ils l'évoquent tous en termes de comportement inapproprié du staff (infirmier et médecins). La qualité de la relation ayant une influence significative sur le processus de soin, une altération de celle-ci semble ici entrainer tout simplement la sortie du patient. Des attitudes comme, « insulter, abandonner, prendre les produits des malades à leur insu » ne sont pas indiqués pour un personnel de santé et par conséquent ne sont pas supportable pour le malade. Ces attitudes remettent ainsi en question l'éthique professionnelle des soignants que nous sommes. Le malade doit être respecté, mis en confiance, accompagné; il doit être pour le personnel infirmier son centre de préoccupation une fois à l'hôpital car ces derniers ont besoin au maximum de notre attention, de notre présence à fin de pouvoir surmonter les difficultés liées à leur maladie et aussi à leur vécu. À un moment où la conscience du malade se réduit à la douleur d'un corps souffrant, par son écoute, l'infirmier peut lui permettre de se reprendre dans son histoire (Marti et al., 2007). Ainsi, l'attitude du personnel devrait pouvoir faciliter la communication entre ceux-ci et les soignants.

La communication ineffective est rapportée dans de nombreuses études comme un des facteurs principal de sortie contre avis médical (Akinbodewa et al., 2016; Hadadi et al., 2016; Muftau Jimoh et al., 2015; Noohi et al., 2013). Il en est de même dans notre étude où nos participants déclarent n'avoir pas reçu une information sur les risques encourus lors de leur sortie. La prévention se fondant sur la connaissance du risque, fournir une information complète au patient pourrait être le moyen de lutter contre les SCAM. Cette information doit être fournit dans le cadre de l'accompagnement du patient. Hesbeen (2002, P.37) rapporte que les patients attendent « simplement d'être accompagné, éclairé, exposé au faits et recommandations. Ils attendent que des ressources leurs soient offertes en vue de participer au déploiement de leur santé ». L'idée d'abandon fortement présente dans les propos de participants illustre ainsi le fait qu'ils estiment l'accompagnement insuffisant. Ces conclusions vont dans le même sens que ceux de Bahadori et al., (2013) qui conclut que l'accompagnement insuffisant est la seconde cause des facteurs de SCAM en Inde. Cette insuffisance dans l'accompagnement se trouve ainsi associé à des délais d'attente long.

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La majorité de nos enquêtés affirment que le temps d'attente est assez long. Il en ressort qu'il faut attendreplus d'une demi-heure avant de voir le médecin arriver et voir les premiers soins être réaliser. La longue attente est un facteur de stress chez le malade, ce qui peut conduire ce dernier à vouloir quitter l'hôpital pour certaines structures privées de soins où l'accès est immédiat. Les longues périodes d'attente seront probablement dues à une charge de travail élevée, à l'insuffisance d'organisation du personnel, ou même à un manque de motivation des personnels soignants. Nos observations concordent ainsi en tout point avec l'étude de Akinbodewa et al., (2016) qui révèle que la charge de travail aux urgences au Nigéria est un facteur favorisant les délais d'attente long. Outre cela, la désorganisation/dysfonctionnement au sein des services occupent le premier rang dans les causes d'allongement de ce délai (Hadadi et al., 2016; Kueda, 2017; Sayed et al., 2016). L'existence d'une caisse unique (de pharmacie) au niveau du CURY semble justifier ainsi le long délai à la prise en soin. Ces longs délais d'attente semblent ainsi contradictoires à la circulaire n°89-354 dans son article 4 qui stipule« le professionnel médico-sanitaire doit porter secours d'extrême urgence à un malade en danger immédiat. » (MINSANTE, 2010, p.274). Ainsi, s'il faut attendre le paiement avant tout soin, une interrogation demeure quant à l'utilité des caisses d'indigences dans nos hôpitaux. Ces long délais amènent à voir l'hôpital comme étant un facteur de risque de décès pour `'`'McNeil, Small, Wood, & Kerr (2014). Un des participants affirmait par ailleurs « moi j'ai décidé de partir de cet hôpital parce que tout allait mal là-bas. Je ne sais même pas si on peut appeler encore ça hôpital. »

Les malades peuvent donc se demander à quoi bon chercher à être sauver à l'hôpital si les soignants ne doivent pas nous secourir. Cette situation de longue attente pourrait expliquer dans une certaine mesure, le taux de fréquentation des établissements hospitaliers au Cameroun. Cette longue durée d'attente se ressent aussi au niveau de la caisse au moment du payement des médicaments. Certains enquêtés déclarent qu'il fallait passer au moins trente minutes alignées afin de pouvoir acheter les médicaments à la caisse, et pendant cette période le malade se trouve tout seul sans aucun infirmier car ceux-ci ne restaient jamais en salle avec les malades. Entre qualité mauvaise de communication, accompagnement insuffisant et long délai d'attente, la qualité de soin ne saurait se porter au mieux.

En dépit du fait que la littérature ne souligne pas de manière explicite la mauvaise qualité des soins comme un facteur favorisant les sorties contre avis médical, la mauvaise appréciation des participants à cette étude de celle-ci semble être responsable de leur sortie. Des auteurs comme Muftau Jimoh et al., (2015) et Sayed et al., (2016) parlent plutôt d'une insatisfaction liés aux soins ou encore d'une insatisfaction au plan de traitement. Ils incriminent ces éléments comme étant associés aux SCAM. Cette mauvaise qualité de soins est ainsi lié à ce que d'autres auteurs choisissent de nommer « inhabilité des professionnels » (Noohi et al., 2013) ou encore « insuffisance de personnel qualifié » (Mohseni et al., 2015). Ces observations sont confluentes avec les nôtres en regard de propos de nos participants. L'un d'eux souligne que son plâtre avait dû être refait, le premier n'ayant tenu. Ceci peut s'expliquer par le manque d'expérience de ces professionnels, les participants les désignant le plus par les termes de « jeunes infirmiers ou médecins ».

Un autre facteur non négligeable dans notre étude se trouve être ce que nous avons nommé le « capitalisme médical ». Défini ici comme étant la recherche du profit argent dans la réalisation des activités de soins, elle est synonyme d'un certain manque d'humanisme de la part du personnel soignant. Un de nos participant rapportait « si tu as de l'argent on s'occupe de toi, dans le cas contraire tu es laissé à toi-même ». Ceci pourrait être dû à la faible rémunération du personnel de santé, mais ne constitue en aucune façon une attitude digne d'un service des urgences. Outre ces facteurs sus cités, la raison majeur se trouve être tout ailleurs.

La totalité de nos enquêtés estiment que le coût des soins est élevé dans la structure. L'ensemble des travaux que nous avons pu consulter sur le sujet ressorte ce facteur comme prépondérant dans la sollicitation d'une sortie contre avis médical. Les recherches faites par Yeye (2005) montrent que 55,55% de patients qui ont quitté l'hôpital contre avis médical avancé comme raison le coût élevé de soin. Celle-ci est liée aux contraintes financières des patients tels qu'évoqués plus haut. Les frais d'hospitalisation et des diverses thérapeutiques aurait ainsi incité les individus à solliciter une sortie. Dans un contexte où on estime que les individus vivent avec moins d'un dollar par jour, l'on comprend que payer des factures d'hospitalisation s'avère une tâche difficile. Ainsi, en l'absence de couverture sanitaire universelle solliciter une sortie contre avis médical semble être le dernier recours des patients. Cependant, la solidarité Africaine nous amène à reconsidérer ces propos d'où l'intérêt porté sur les facteurs socioculturels.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote