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Facteurs favorisants les sorties contre avis médical aux urgences


par Guilaine Teclaire LEKANI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Licence en sciences Infirmières 2017
  

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Chapitre 1 : État de la question

L'être humain dans sa quête permanente du bonheur à besoin d'être en santé. Malheureusement, il est souvent freiné dans sa quête par des maladies qui l'obligent à se rendre à l'hôpital .Une fois hospitalisé, l'idéal serait que sa sortie soit sur autorisation de son médecin traitant. Cependant, pour diverses raisons, les malades décident parfois d'interrompre leurs soins et de signer une décharge qui atteste leur sortie contre avis médical. Ce phénomène les prédispose à de nombreuses conséquences tel que la rechute qui pourra aller jusqu'au décès.Ce chapitre traite de quelques contextes dans lesquels le phénomène sortie SCAM se manifeste, du problème que cela soulève, de l'état des connaissances et de la perspective théorique dans laquelle s'inscrit cette étude, des questions et objectifs de recherche, et de l'intérêt qu'il y a à mener une étude sur les SCAM.

2.1 Contexte

Selon Savadogo (2011) la sortie contre avis médical (SCAM) est un concept utilisé en médecine pour indiquer que le patient, malgré une conscience éclairée sur d'éventuelles complications de sa maladie, s'engage à interrompre les soins qui lui sont proposés et de quitter l'hôpital. Ce phénomène est différent de celui d'évasion où le malade quitte le service surtout la nuit à l'insu du personnel soignant. Ce phénomène est présent dans la plupart des pays avec une certaine variabilité.

Des études américaines ont révélé des taux de SCAM allant de 1 à 2% (Alfandre, 2009 ; Ibrahim, Kwoh, & Krishnan, 2007), tandis que certaines études européennes ont rapportés des taux faibles allant de 0,3% à 0,4% (Massaria et Aparo, 2000 ;Dunor& al, 2003), ce qui montre que ce phénomène est moins amplifié en Europe par rapport à certains pays de l'occident (ICIS, 2013). Il est estimé aux états unis qu'environ une sortie sur soixante-dix (1/70) est un cas de SCAM (Ibrahim et al., 2007). Contrairement à leurs confrères (américains), Southern, Nahvi, & Arnsten(2012) dans une étude rétrospective sur une période de six ans ont relevé que les sorties contre avis médical représentaient 2,4% de l'ensemble des sorties sur leur pays. Cette étude qui porte sur les données issues du système de santé nationale leurs ont permis d'établir une association entre le phénomène de SCAM, la réadmission et la mortalité. Ainsi, la réadmission dans les 30 jours augmenterait de 84% et la mortalité de 105% en cas de SCAM. Au Canada en 2011-2012, un total de 25137 patients hospitalisés en soin de courte durée ont quitté l'hôpital contre avis du médecin, ce qui représente 1,3% de toutes des sorties des hôpitaux de soin de courte durée au pays (Strangers& al, 2009). Ce chiffre est vraisemblable à celui de Marcoux et al(2017), qui dans une étude rétrospective ont relevé une prévalence de 1,3% de SCAM en traumatologie dans ce même pays. Au service des urgences on a noté 60000 visites dont près de 1% ce sont terminées par une sortie contre avis médical. Ce phénomène varie selon plusieurs critères ; dans la littérature, on a pensé que les taux de sorties contre avis médical varient selon les facteurs liés à la collectivité, y compris le lieu de résidence du patient (la province et le contexte rural ou urbain) et le revenu du patient (Ibrahimsa et al, 2010). La Colombie-Britannique et la Saskatchewan affiche un taux de 1,6%, soit près du double de celui de la Nouvelle-Ecosse et le terre-Neuve (0,9%). Dans l'ensemble une proportion élevée de patients habitant dans les régions à faible revenu quittent l'hôpital contre avis du médecin. Par exemple 34% de SCAM contre 32% de sorties autorisées par le médecin (Institut Canadien d'information sur la santé, 2012).

Au proche et moyen orient, diverses études ont été menées sur ce phénomène. En Iran, celle-ci varie en fonction de la structure et même au sein des unités. En service de pédiatrie, Saravi, Zadeh, Siamian, & Yahghoobian(2013) ont relevé une prévalence de 2,2% de SCAM. Dans l'unité d'urgence, les travaux de différents auteurs affichent des taux variable entre 7 et 21%. Shiranami (2010 dans Bahadori, Raadabadi, Salimi, & Ravangard, 2013) déclare que le service des urgences représente l'unité avec la prévalence la plus élevée (20,2%). (Karimi et al(2014) relève dans une étude rétrospective (2010-2014) une prévalence de 8,4% tandis que Bahadori et al(2013) relevait dans leur étude prospective (6 mois) une prévalence de 14%. Dans leurs travaux sur les facteurs interventionnels et non interventionnels (facteur sur lesquels les professionnels de de santé sont susceptible d'agir ou pas pour réduire le phénomène de SCAM), Hadadi, Khashayar, Karbakhsh, & Vasheghani Farahani (2016) mettent en exergue une prévalence de 12,8% dans cette unité. Cependant, dans une méta analyse réalisée sur 17 articles, Mohseni et al (2015) retrouvent une prévalence de 11,8% aux urgences avec un taux plus faible en pédiatrie (3,7%).Au Liban, une étude rétrospective menée de 2012 à 2013 dans un centre des urgences fait état d'une prévalence de 3% en ce qui des SCAM, 9,8% des patients étant réadmis dans les 72 heures (Sayed, Jabbour, Maatouk, Bachir, & Dagher, 2016). La prévalence la plus faible dans cette partie du continent semble se retrouver à Oman. Celle-ci y serait inférieure à 1% en (Al-Sadoon& Al-Shamousi, 2013). Cependant, la faible documentation du phénomène dans ce pays peut être un biais dans cette estimation.

Dans la région Asiatique, les pays comme la Chine, la Corée ou encore l'Inde n'échappent à ce phénomène. Ba, Zhang, Su, Cheng, & Xu (2016) relève dans une étude prospective (2003-2011) réalisée en Chine une prévalence de 6,6% avec un taux de mortalité évalué à 6,9% après cette sortie. Jeong et al (2016) dans une étude prospective sur l'association entre la consommation d'alcool et la sortie contre avis médical font état d'une prévalence de 2,8% dans les centres d'urgences en Corée du sud. Devpura, Bhadesia, Nimbalkar, Desai, & Phatak(2016) dans un dévis mixte mentionnent une prévalence de SCAM de 25,4% en service de réanimation néonatale en Inde. Ces chiffres qui s'avèrent quelques peu alarmant en raison du risque morbide nous pousse également à nous interroger sur la situation en Afrique.

L'Afrique n'échappe guère à cette problématique. Des études telles que celle d'Ayite  et al (1995) portant sur les SCAM à l'hôpital national de Niamey (Niger) illustre ce phénomène. Cette étude révèle que sur 620 admis pour fracture, 122 sont sortis contre avis médical en signant une décharge ou en s'évadant ; soit un pourcentage de 19,39%. Au Burkina Faso, les statistiques nationales permettent de recenser 4306 cas de sortie contre avis médical en 2014 contre 1411 cas en 2006 (Ministère de la santé du Burkina-Faso, 2004). Le centre hospitalier universitaire de Yalgado (CHUY) a enregistré en 2009 dans toutes les unités de soin confondu 1022 cas de sortie contre avis du médecin sur 34552 entrant soit un pourcentage de 2,06% (Annuaire statistique, 2009). Ces statistiques varient d'un pays à l'autre et cette différence témoigne de l'ampleur du phénomène.

Au Nigéria, une étude menée par Muftau Jimoh et al(2015) évalue la prévalence des SCAM à 2,1%. Contrairement à celle-ci, une étude prospective réalisée entre 2014 et 2015 par Akinbodewa et al (2016) fait état d'une prévalence de 3,2%. Cette prévalence parait plus élevée en République Démographique du Congo (RDC) où une étude relève un taux de 6,8% de sortie contre avis médical (Mushagalu, 2005).

Au Cameroun, à notre connaissance, les travaux sur le sujet ne sont pas bien documentés. Mais l'absence de ces travaux n'exclut pas l'existence de ce phénomène dans notre pays. Au contraire la sortie contre avis médical est un phénomène courant. Boniface et Maifa (2008) dans leurs travaux sur la prise en soin des abcès hépatiques au Cameroun, ont relevé deux cas de sortie contre avis médical (SCAM). Nous avons également le cas du centre des urgences de Yaoundé (CURY) qui  au mois de janvier 2017 a recensé 17 cas de SCAM soit 2% de tous les malades reçus avec 8 cas de réadmissions soit un tauxévalué à 1,3% dans cettestructure. Le registre des statistiques montre également 6 cas de décès des patients réadmis dans cettestructureprécédemment sortie contre avis médical. Ce phénomène n'est pas nouveau, il date depuis longtemps et reste d'actualité. Il a des conséquences tant pour le patient que pour sa famille et même pour la structure. Pour le patient, il entraine des rechutes ; pour la famille elle augmente les frais médicaux et par conséquent les appauvrit (Noohik et Freyzabady, 2013).ce phénomène conduit au décès du patient ce qui entraine une perturbation du dynamisme familial. Pour la structure il entraine une réduction du taux de fréquentation de la structure et par conséquent un faible rendement financier.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote