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L'ONG AIDE et la question de la pérennisation des projets hydrauliques dans le district d'Abidjan


par Gnenefoli Mamadou OUATTARA
Chaire UNESCO - Master gestion de projets 2019
  

Disponible en mode multipage

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Année académique : 2018-2019 

MEMOIRE DE MASTER

Gestion de projets et Logistique humanitaire

Option : Gestion de projets.

L'ONG AIDE ET LA QUESTION DE LA PERENNISATION DES ACQUIS DES PROJETS HYDRAULIQUES DANS LE DISTRICT D'ABIDJAN

L'ONG AIDE ET LA QUESTION DE LA PERENNISATION DES ACQUIS DES PROJETS HYDRAULIQUES DANS LE DISTRICT D'ABIDJAN.

Sous la Direction de :

M.OURA Kouadio Raphael

Maitre de Recherches

Sous la Codirection de:

M. FOFANA Memon

Maitre-Assistant

Présentépar:

M. OUATTARA Gnénéfoli Mamadou

DEDICACE

Nous dédions ce mémoire à notre défunt père

OUATTARA Zoumana,

À notre mère Maîmouna OUATTARA et,

À notre épouse BAKAYOKO Maférima.

REMERCIEMENTS

Pour la réalisation de ce travail de mémoire, nous voulons adresser nos remerciements :

-Aux responsables de la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix en général et plus particulièrement au Professeur Méké MÉÏTE, Titulaire de la Chaire UNESCO ; au Dr Kouassi MALANHOUA, Directeur administratif de la Chaire UNESCO.

- Au Dr OURA Kouadio Raphael, Maître de Recherches, Centre de Recherches pour le Développement (CRD), Université Alassane Ouattara de Bouaké, qui malgré son emploi du temps chargé a accepté d'être le Directeur de ce travail ;

- Au Dr FOFANA Memon, Maître-Assistant, Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, qui malgré ses nombreuses occupations et ses responsabilités combien importantes a accepté de codiriger le présent mémoire de recherche ;

- A M. Kamagaté Vahama, Doctorant en Sciencesdu Langage et de la Communication (SLC), Université Alassane Ouattara de Bouaké, pour sa disponibilité ;

vos critiques et commentaires constructifs m'ont été bénéfiques pour la réalisation de cette étude ;

- A M. Bessié Baudelaire Baudry, pour avoir accepté de porter un regard critique sur notre travail.

- Nous remercions également nos frères, Ouattara Noufou Doudjo, Ouattara Drissa, Yéo Lacina, notre soeur Ouattara Fatoumata Pétéhê et notre épouse Bakayoko Maférima ; votre assistance a permis la réalisation de ce travail de recherche.

Aux nombreuses personnes qui d'une manière ou d'une autre, ont rendu possible la réalisation de cette oeuvre, qu'elles trouvent ici, l'expression de ma profonde gratitude.

RÉSUMÉ

La prise en compte des stratégies de pérennisation dans les planifications et programmations de l'ONG AIDE reste très marginale. Ceci malgré la volonté politique et stratégique affichée par les responsables de cette organisation.Ses stratégies de durabilité des acquis demeurent implicites. Cette recherche a l' intention d'être un point de départ pour explorer la façon dont une organisation humanitaire d'inspiration islamiquepeut intégrer les stratégies de pérennisation dans ses interventions. Pour ce faire, une revue de littérature sur la thématique des stratégies de retrait des bailleurs a été conduite ainsi que l'analyse des documents du projet L'un des enseignements majeurs de cette recherche est la nécessité d'avoir un plan explicite de pérennisation dès le début du projet. Par ailleurs, le niveau de participation des populations a un impact sur l'appropriation et la motivation de ces dernières dans la conduite des activités et leurs durabilités

Mots clés :Pérennisation, acquis, projet, hydraulique, ONG

ABSTRACT

The inclusion of sustainability strategies in the planning and programming of the NGO AIDE remains very marginal. This despite the political and strategic will displayed by the leaders of this organization. Its sustainability strategies remain implicit. This research intends to be a starting point to explore how an Islamic-inspired humanitarian organization can integrate sustainability strategies into its interventions. To do this, a literature review on the theme of donor withdrawal strategies was conducted as well as the analysis of project documents. One of the major lessons of this research is the need to have an explicit sustainability plan as soon as possible. The start of the project. Furthermore, the level of participation of the populations has an impact on the appropriation and motivation of the latter in the conduct of activities and their sustainability.
Keywords:Sustainability, achievements, project, hydraulics, NGO

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES

AIDE : ASSOCIATION IHSANE POUR L'EDUCATION ET

BE : BUREAU EXECUTIF

CC : COMMISSAIRE AUX COMPTES

CIFEJ : CENTRE IHSANE POUR LA FORMATION ET L'EDUCATION DES

COGES : COMITES DE GESTION DES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES 

DEVELOPPEMENT

ENA : ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION

FCFA : FRANC DE LA COMMUNAUTE FINANCIERE AFRICAINE

JEUNES

LLC : LANGUES LITTERATURES ET CIVILISATIONS

LMD : LICENCE, MASTER, DOCTORAT

OMN : ORGANISATION MONDIALE DE LA NORMALISATION

ONG : ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE

ONU : ORGANISATION DES NATIONS UNIES

OSC : ORGANISATION DES LA SOCIETE CIVILE

PMI : PROJECT MANAGEMENT INSTITUTE

PND : PLAN NATIONAL DE DEVELOPEMENT

PNUD : PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT

PTF : PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS

SCIENCE ET LA CULTURE

SIDA : SYNDROME D'IMMUNODEFICIENCE ACQUISE).

SODECI : SOCIETE DE DISTRIBUTION D'EAU DE COTE D'IVOIRE

TL : LIVRE TURQUE

UE : UNION EUROPEENNE

UFR : UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE

UNESCO : ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'EDUCATION, LA

VIH : VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE HUMAINE 

GLOSSAIRE

1- Allah : mot arabe signifiant Dieu

2- Ihsane : mot arabe signifiant bienfaisance

3- Misr El Kheir : expression arabe signifiant « la bienfaisance en Égypte »

4- Pérennitas : c'est ce qui est continuel qui peut durer une année ou des années entières. La pérennisation est une mesure dans laquelle les méthodes, les techniques, les organisations, les mécanismes qui ont conduit aux effets positifs d'une activité menée par un acteur qui peut être gouvernemental ou non, sont appropriés par les bénéficiaires de manière à assurer la reproductibilité des résultats après l'arrêt des intervenants.

5- Projicere : mot latin qui signifie « jeter quelque chose vers l'avant » ; le préfixe « pro » signifie « qui précède dans le temps » et le radical   « «jacere » veut dire « jeter ». Ainsi, le mot « projet » voulait initialement dire « quelque chose qui vient avant que le reste ne soit fait ». Quand le mot a été initialement adopté, il se rapportait au plan de quelque chose, non à l'exécution proprement dite de ce plan.

6- Resalah : mot arabe qui signifie « le message »

7- Sadaka: mot arabe signifiant sacrifice

8- Sonaa el Hayah : expression arabe qui signifie « faiseurs de vie »

9- Waqf : Le waqf consiste à faire un don au profit d'une cause jugée noble par l'Islam ; en général le don se fait à une fondation de bienfaisance. Cette fondation est chargée d'assurer la redistribution du don mis à sa disposition. Ainsi elle peut utiliser les ressources mises à sa disposition pour soutenir des actions durables de développement économique.

10- Zakat : la zakat est dans la tradition musulmane, une obligation islamique fondée sur un prélèvement annuel du gain des riches (2,5% de l'épargne annuel). Elle contribue à la redistribution de revenus entre les différentes catégories sociales et joue un rôle parfois déterminant de réinsertion des plus pauvres dans le circuit économique.

TABLE DES ILLUSTRATIONS

1- Figure 1 : schéma organisationnel de l'ONG AIDE

2- Figure 2 : Photo montrant l'inauguration d'un forage réalisé par l'ONG AIDE à Port -Bouet

3- Figure 3 : localisation du District d'Abidjan sur la carte de la Côte d'Ivoire

4- Figure 4 :carte présentant notre zone d'étude

5- Figure 5 : Tableau de synthèse du nombre d'enquêtés par commune ayant bénéficié de la réalisation du projet hydraulique de l'ONG-AIDE de 2013 à 2017

6- Figure 6 : parts de contribution de la Fondation Hudayyi dans le financement des activités de L'ONG AIDE de 2013 à 2017

7- Figure7 : Financement par domaines d'activités de l'ONG AIDE par la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî de 2013 à 2017

8- Figure 8 : Niveau d'implication des acteurs au processus d'exécution des projets de l'ONG AIDE

9- Figure 9 : expression des degrés de problèmes des bénéficiaires

10- Figure 10 : photo d'un forage laissé à l'abandon dans la commune de Port Bouet

11- Figure 11 : proportion des enquêtés sur le sentiment d'incapacité d'entretiens

AVANT PROPOS

La Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix est une institution qui a son Siège au sein de l'Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan - Cocody. Elle est rattachée à l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) Langues, Littératures et Civilisations (LLC) eu égard à ses vocations. Elle se propose en effet, de dynamiser les échanges et le partage des connaissances entre les divers pays du monde et à favoriser le soutien des pays développés en faveur des pays en voie du développement dans la perspective d'un développement durable. Elle cherche à promouvoir l'éducation à la solidarité internationale et le dialogue interculturel. Les activités de la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix se déclinent sous l'angle de la formation, de la recherche et des actions de terrain pour la promotion de la culture de la paix et du développement durable. La Chaire UNESCO organise notamment des formations diplômantes et continues auxquelles, elle adjoint des séminaires, des colloques et des conférences.

Les spécialités du système Licence -Master- Doctorat (LMD), que propose la Chaire UNESCO sont : le Droit international, les Sciences politiques, le Développement durable, l'Action humanitaire, la Culture de la Paix, Prévention, Gestion et Résolution de Conflit, la Gestion de projets de Solidarité Internationale et du Développement durable et la Logistique humanitaire. La Chaire UNESCO a ouvert ses portes aux professionnels pour acquérir des connaissances leur permettant de faire des réorientations professionnelles, d'apprendre un nouveau métier ou d'améliorer leur compétence pour pouvoir progresser plus vite dans leur carrière professionnelle. C'est dans ce cadre précis que nous avons effectué une formation en Master Gestion de Projets après une expérience professionnelle de plus de trois ans dans le domaine de la gestion d'un projet éducatif au sein d'une Organisation Non Gouvernementale (ONG) dénommée Association Ihsane pour le Développement et l »Education (AIDE) Au sein de cette ONG, nous avons occupé le poste de Directeur de projet dénommé `'Centre Ihsane pour la Formation et l'Education des Jeunes `' (CIFEJ). Ce projet a consisté à diriger un établissement scolaire avec internat à caractère social accueillant chaque année une trentaine d'élèves démunis issus des familles défavorisées et ce, de la classe de seconde jusqu'à l'obtention de leur Baccalauréat.

SOMMAIRE

DEDICACE 2

REMERCIEMENTS 3

RÉSUMÉ 4

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES 5

GLOSSAIRE 6

TABLE DES ILLUSTRATIONS 7

AVANT PROPOS 8

SOMMAIRE 9

INTRODUCTION 10

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE 13

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE 44

TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET 54

CONCLUSION 67

ANNEXES 69

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 73

TABLE DES MATIERES 75

INTRODUCTION

« L'ONG AIDE et la question de la pérennisation des acquis des projets hydrauliques dans le district d'Abidjan » est le thème de notre recherche. L'intérêt de ce sujet réside dans le fait qu'il existe de nombreuses ONG qui interviennent aux profits des populations vulnérables. Ces ONG recherchent l'amélioration des conditions de vie de ces populations. Une fois les conditions améliorées, le souhait de tous ces acteurs de développement est que les conditions de vie de ceux qui ont reçu de l'aide s'améliorent davantage ou tout au moins, que ce qui a été amélioré soit préservé pendant longtemps. C'est en cela que se pose la question de la durabilité ou de la pérennisation des acquis.

La pérennisation est en effet, la poursuite des activités de développement par les membres de la communauté bénéficiaire après le retrait des intervenants extérieurs. Ainsi, la pérennisation des acquis est non seulement profitable aux populations mais aussi encourage l'initiateur de l'intervention et bien d'autres acteurs au développement, à continuer à apporter leur appui aux communautés défavorisées. C'est ce qui confirme les propos d'un auteur : « La véritable mesure du succès d'un projet humanitaire n'est pas dans ses réalisations durant la période de mise en oeuvre du projet, mais ce qui se passe après la fermeture de celui-ci » Pett (2011). Mais comment réussir cette opération ?

De nombreux praticiens s'accordent à dire que l'objectif de pérennisation a de meilleures chances d'être réalisé si le projet suit une approche participative. L'approche participative est une méthode d'intervention qui associe l'ensemble des personnes concernées à la conception, à la réalisation et à l'évaluation d'un projet de développement. Elle se fait selon différentes méthodes et avec différents outils. Elle a pour avantage de développer chez les bénéficiaires des aptitudes, des compétences et la confiance en eux dont ils ont besoin pour continuer dans le chemin du développement et ce, même après le départ des intervenants extérieurs. Les intervenants extérieurs doivent de concert avec les bénéficiaires (ceux à qui l'aide est apportée) mettre en place des mécanismes personnalisés d'appropriation par les acteurs locaux des changements introduits dans leur milieu. Or, malgré l'abondance de littérature sur la thématique, de nombreuses organisations ne pratiquent toujours pas ou pratiquent mal cette méthode dans le cadre du déroulement de leurs projets. Certaines ONG se heurtent en effet à leur incapacité à intégrer les déterminants culturels à leur action. La question demeure alors une préoccupation pour les praticiens et chercheurs.

Ayant travaillé au sein d'une ONG pendant plus de trois ans, nous avons été témoin de certaines difficultés auxquelles nous n'avons eu de début de compréhension qu'à la suite de notre formation de Master en Gestion de Projets à la Chaire UNESCO. C'est pourquoi, lorsqu'est venu le moment de choisir un thème dans le cadre de la soutenance de notre mémoire de Master, nous n'avons pas hésité à choisir un thème en lien avec cette structure. En effet, conformément à la loi n°60 -315 du 21septembre 1960 relative aux associations est née depuis 2013, une association dénommée Association Ihsane1(*) pour le Développement et l'Education (AIDE) en vue de servir de relais aux actions caritatives de la Fondation turque dénommée Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî. De 2013 à 2017, l'ONG AIDE, grâce au financement de la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî a investi près de deux milliards (2.000.000.000) de francs CFA dans diverses actions sociales et dans des projets de développement sociocommunautaires2(*). A titre illustratif, L'ONG AIDE a réalisé entre 2014 et 2017, quarante et un (41) forages en Côte d'Ivoire et notamment au sein des établissements scolaires du District d'Abidjan3(*). En 2017, à la suite d'une évaluation, l'ONG réalise que de nombreux ouvrages remis aux populations n'ont pas pu fonctionner peu après leur livraison par faute d'entretien par les bénéficiaires. Pourtant les responsables de l'ONG AIDE et les bénéficiaires eux-mêmes s'accordent à reconnaitre que la maintenance des installations après la livraison incombe aux populations bénéficiaires.

Ce travail se propose donc de réfléchir sur les leviers de la pérennisation des acquis des projets hyrauliques de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire. Afin d'arriver aux résultats, nous avons planifié cette recherche en trois parties. La première partie intitulée « Cadre théorique » comprend six (6) points à savoir : la justification du choix du sujet (1), la définition des concepts du libellé du sujet (2), la problématique(3), les objectifs (4), les hypothèses (5) et la revue de littérature (6).

La deuxième partie intitulée « Cadre méthodologique », met en relief le cadre de référence théorique, la méthode d'investigation, la cible de recherche et la technique d'échantillonnage.

La troisième et dernière partie présente l'analyse de nos résultats. Nous y présentons l'analyse du dispositif institutionnel mis en place par l'ONG AIDE pour la réalisation des projets, la description des moyens de mise en oeuvre des projets hydrauliques ainsi que les difficultés rencontrées et enfin, l'analyse de la perception que se font les bénéficiaires des projets hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE à leur profit. Cette étude nous a ainsi permis de trouver la réponse à notre objectif de recherche qui était de savoir les facteurs susceptibles, de favoriser la pérennisation des acquis de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire.

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE

Cette première partie constituant l'aspect théorique de la présente étude s'ouvre sous les points suivants : la justification du choix du sujet, la définition des concepts du libellé du sujet, la problématique, les objectifs, les hypothèses, et la revue de littérature.

1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Cette partie comporte outre le contexte général, les motivations personnelles et collectives, la pertinence sociale et scientifique du choix du sujet.

1-1- CONTEXTE GENERAL

Ancienne colonie française, la Côte d'Ivoire est indépendante depuis le 7 août 1960. Situé en Afrique de l'Ouest, le pays est limité au Nord par le Mali et le Burkina Faso, à l'Est par le Ghana, à l'Ouest par la Guinée et le Libéria. Sa superficie est de 322 462 km²et son économie repose essentiellement sur les produits d'exportation et principalement sur le binôme café-cacao Ainsi, depuis 19784(*), la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. La phase de son économie nationale couvrant la période de 1960 à 1980, dite phase du «miracle ivoirien», est caractérisée par « la disponibilité financière, le faste des investissements et, de façon générale, [par] l'importance des dépenses publiques » AKINDÈS (2002). A ce miracle économique ivoirien, a succédé dans les années 1981 à 1993 la phase du « mirage économique » ivoirien selon les termes du sociologue AKINDES. Pendant cette période, il y a eu la baisse des cours des matières premières au niveau mondial. La Côte d'Ivoire dont l'économie dépend essentiellement de ses recettes d'exportation a commencé à connaitre ses premières difficultés économiques.

La reconfiguration de l'espace politique suite au décès en 1993 du premier Président de la République, le Coup d'Etat de 1999, la rébellion de 2002 qui a consacré la partition du pays en deux, la crise post-électorale de 2010 ont finalement fragilisé l'autorité de l'Etat réduisant ainsi les investissements publics. A titre d'exemple, dans le domaine de l'eau potable « les investissements de l'Etat en la matière ont chuté jusqu'à 0,3% sur la décennie 2000-2011 »5(*). L'incidence des crises successives sur les infrastructures de développement est alors perceptible.

En 2011, la crise post-électorale terminée, le Gouvernement projette alors des réformes visant à relancer la croissance économique pour apporter des solutions aux problèmes des populations. Cette ambition a conduit l'Etat de Côte d'Ivoire à élaborer le Plan National de Développement (PND). Adopté en mars 2012, ce plan vise à couvrir les besoins des populations en matière d'accès aux services de base de qualité et capitalise les acquis des politiques socioéconomiques antérieures. Cette nouvelle politique économique et sociale s'appuie sur l'investissement public et privé. L'Etat recourt ainsi à des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) pour combler le déficit d'infrastructures et améliorer les conditions de vie des populations. L'apport des Organisations Non Gouvernementales (ONG) s'inscrit dans cette dynamique.

Le terme « ONG » recouvre une très large palette d'organisations de natures différentes, bien qu'il n'existe pas de définition précise et unanimement acceptée de ce que signifie ce terme6(*).En effet, il n'y a pas de définition juridique uniforme dans les différents pays du monde sur ce qu'est une ONG. En Côte d'Ivoire, les organisations se faisant appeler ONG sont en réalité régies par l'unique loi numéro 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. Associations ou ONG, ces acteurs sociaux restent vraisemblablement importants dans le développement socioéconomique dans de nombreux pays. En plus du fait qu'elles interviennent dans les cas d'urgence humanitaire ou de catastrophes naturelles, les ONG, tant au niveau national qu'international, s'inscrivent de nos jours dans la dynamique du développement durable et de proximité. C'est dans ce contexte que la Fondation internationale turque dénommée « AzîzMahmûd Hüdâyî7(*) »,conformément à la loi de septembre 1960 sur les associations, crée en 2013 l'ONG dénommée « Association Ihsane pour le Développement et l'Education (AIDE) ».

Les activités de l'ONG AIDE s'étendent sur le territoire national ivoirien. Cette organisation assiste entre autres, les veuves et les orphelins. Elle apporte également un soutien à l'éducation et initie des projets à impact direct comme la réalisation de forages.

La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî au nom de laquelle intervient l'ONG AIDE est une fondation créée depuis le XVIIIème siècle, précisément en 1628 dans le but de venir en aide aux nécessiteux8(*). Son principe de fonctionnement est fondé sur les prescriptions de l'Islam en matière de bienfaisance notamment en ce qui concerne la mobilisation et la distribution de la zakat9(*)et du waqf10(*) . En effet dans la tradition musulmane, la zakat est une obligation islamique fondée sur un prélèvement annuel du gain des riches (2,5% de l'épargne annuel). Elle contribue à la redistribution de revenus entre les différentes catégories sociales et joue un rôle parfois déterminant de réinsertion des plus pauvres dans le circuit économique. Le mécanisme de fonctionnement du waqf consiste à faire un don au profit d'une cause jugée noble par l'Islam ; en général le don se fait à une fondation de bienfaisance. Cette fondation est chargée d'assurer la redistribution du don mis à sa disposition. Ainsi elle peut utiliser les ressources mises à sa disposition pour soutenir des actions durables de développement économique.

Depuis plus de six ans, l'ONG AIDE intervient auprès des populations ivoiriennes. De par l'action de ses bienfaiteurs, l'ONG AIDE dépense en moyenne quatre cent millions (400.000.000) de francs CFA par an 11(*)pour la réalisation de divers projets sociaux, pour la promotion de l'Islam et de la culture turque ou dans la réalisation d'infrastructures diverses : réhabilitation d'école, réalisation de pompes etc. A ce jour, aucune étude n'a encore été menée pour mesurer le progrès, l'efficacité, l'atteinte des objectifs de cette organisation et surtout en ce qui concerne la viabilité de ses réalisations.

1-2- MOTIVATIONS

Ici, nous évoquerons nos motivations au niveau personnel et au niveau collectif.

1-2-1- Au plan personnel

Au niveau personnel, le présent mémoire s'inscrit dans un premier temps dans le programme d'évaluation en vue de l'obtention de notre diplôme de Master en Gestion de Projets à la suite de la formation académique que nous avons reçue à la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix. Le choix de ce thème s'est imposé à nous après un temps de recul et une réflexion sur nos années passées dans la gestion d'un projet éducatif de l'ONG AIDE. Pendant que nous assurions la gestion de ce projet, nous avons constaté que la structure engageait d'importants moyens financiers et expertises nationales et turques pourenfin se retrouver face à des réalisations qui ne durent pas dans le temps. Ainsi avons-nous voulu apporter notre contribution à l'amélioration des conditions de prestation de cette organisation.Ce souci est au coeur de notre réflexion dans la mesure où, selon nous, la durabilité ou la pérennisation des acquis doit mobiliser toutes les énergies en vue de leur réelle et efficace contribution au changement qualitatif dans notre pays. Mener cette étude s'inscrit finalement dans notre ambition de devenir un consultant-formateur, spécialiste des questions humanitaires et participer exceptionnellement au développement des ONG humanitaires en Côte d'Ivoire.

1-2-2-Au plan collectif

Les actions humanitaires visent à soulager les souffrances des populations. Ainsi, la population est lapremière bénéficiaire des interventions humanitaires. Mais pour qu'elles soient efficaces, les interventions doivent correspondre aux choix des populations réceptrices et l'expression de leur choix se fait à travers leur participation. En effet la participation des populations aux projets sociaux permet d'abord d'identifier les besoins prioritaires de ceux qui sont dans le besoin. Ensuite elle permet de satisfaire leur désir légitime d'appropriation desdits projets. Enfin elle facilite la mobilisation des ressources disponibles et la répartition des services ou produits susceptibles de satisfaire ces besoins. Or les bénéficiaires n'ont pas toujours étéassociés à la définition des actions prioritaires de nombreuses ONG de sorte qu'ils se les approprient.Ce fait est diversement expliqué par les acteurs et partenaires sociaux. Pour certains, la non-participation des populations aux projets réalisés à leur intention s'explique par le fait que les bénéficiaires sont pour la plupart difficiles à mobiliser car préoccupées par les soucis de satisfaction des besoins primaires. Pour d'autres par contre, cette absence des bénéficiaires dans la conception et réalisation des projets est liée au fait que parfois les projets sont suscités par des bailleurs extérieurs sans un véritable encrage local. Il se pourrait que la responsabilité incombe à l'une ou l'autre partie ou que les responsabilités soient partagées. Quoiqu'il en soit le résultat est qu'il n'est pas rare de constater que des livrables ont été mis à la disposition des populations qui par la suite sont tombés en ruine. Ces populations sont ainsi retombées dans leur situation de départ. Le cas des projets de pompes à motricité humaine réalisées par l'Etat de Côte d'Ivoire dans les années 80 et que l'Etat s'est trouvé obliger de les réhabiliter en 2019, en est la parfaite illustration. Au regard de ce qui précède et compte tenu de l'importance de l'ONG AIDE sur l'échiquier associatif en Côte d'Ivoire depuis quelques années, il nous semble impérieux de mettre en relief ce modèle d'intervention humanitaire à cheval entre les valeurs islamiques et celles de la modernité, lequel reste souvent peu connu en dehors de quelques milieux musulmans.

1-3- PERTINENCES

A ce point nous évoquerons les pertinences sociale et scientifique de notre étude.

1-3-1-Au niveau social

Les Etats n'ont pas toujours les moyens pour résoudre les problèmes socioéconomiques auxquels leurs populations sont confrontées. Dans ce contexte il importe de recenser et mobiliser toutes les sources des ressources disponibles pour venir en aide à ces populations. L'intervention de la Fondation Mahmûd Hudayi s'inscrit dans le cadre d'une forme d'économie qui a pour fondement la charité. Elle mobilise les ressources philanthropiques en vue de venir en aide aux personnes dans le besoin. Les formes de charité fondées sur les principes de l'Islam comme la zakat (aumône "obligatoire") et le waqf (fondation pieuse) ont prouvé à travers les siècles leur importance primordiale dans le développement économique et humain12(*).

Ce type de charité consiste à utiliser l'argent collecté pour améliorer la situation économique des couches socioéconomiques les plus défavorisées. Il existe plusieurs types d'ONG parmi lesquelles : les associations islamiques de prêches, les associations à vocation sociale et culturelle et les associations à vocation de bienfaisance. À titre d'exemples, on peut citer les associations caritatives en Égypte: « Misr El Kheir » (la bienfaisance en Égypte), « Resalah » le message) et « Sonaa el Hayah » (faiseurs de vie) qui collectent la zakat et les dons octroyés par des individus ou par des entreprises pour financer des projets à but non lucratif (bourses d'études, microcrédits aux petites entreprises, construction d'écoles dans les petits hameaux isolés, fourniture d'eau saine dans les quartiers pauvres, etc.)13(*). Parfois les activités de ces structures s'étendent jusqu'à accorder des prêts sans intérêts aux personnes économiquement défavorisées afin de les aider à réaliser leurs projets productifs. Ainsi une institution de ce type augmente la participation de la catégorie sociale parfois marginalisée, dans la vie économique et dans le système d'entraide sociale, qui est un facteur déterminant d'intégration sociale. Or pendant que l'activité humanitaire islamique vaut un capital de confiance important et une source de proximité culturelle dans les milieux musulmans, elle reste souvent peu connue en dehors de ces milieux. L'étude des facteurs de la pérennisation des acquis des interventions des ONG humanitaires constitue donc non seulement une source d'information mais aussi une source de connaissance nécessaire à l'élaboration et à la mise en oeuvre des futurs projets visant à améliorer les conditions de vie des personnes dans le besoin.

Les moyens de pérennisation des acquis étant au coeur des éléments associés au développement et/ou à la promotion de moyens de lutte contre la pauvreté implique, pour une structure donnée, des connaissances pratiques sur les stratégies d'interventions bien planifiées dans la sphère de l'aide humanitaire. La présente réflexion vise donc à permettre de situer les responsabilités sociétales des uns et des autres dans le processus de pérennisation des projets de développement. Aussi l'importance de cette étude réside-t-elle dans le fait que c'est la première fois qu'une Fondation turque « d'inspiration islamique14(*) »déploie ses activités en Côte d'Ivoire. De ce fait, son succès pourra amener d'autres structures de même nature à lui emboiter le pas dans le pays pour le bien-être des populations. En cas d'échec des communautéspeuvent manifester une certaine méfiance par rapport à d'autres interventions futures. La preuve visible de son succès étant la pérennisation de ses acquis, nous voulons nous appesantir sur cette question surtout en nous intéressant aux dimensions encore peu explorées par les sciences sociales.

1-3-2- Au plan scientifique

Notre recherche s'inscrit dans la logique suivante : les phénomènes sociaux sont des choses et doivent être traités comme des choses. Pour démontrer cette proposition. , il suffit de constater qu'ils sont l'unique datum offert au sociologue. Est chose, en effet, tout ce qui est donné, tout ce qui s'offre ou, plutôt, s'impose à l'observation. Traiter des phénomènes comme des choses, c'est les traiter en qualité de data qui constituent le point de départ de la science, Durkheim (1967).

La question de la pérennisation des acquis des interventions des ONG humanitaires représente depuis plusieurs années un défi scientifique, lié à l'examen des dimensions encore peu explorées par les sciences sociales. Le choix de ce sujet s'explique par notre volonté de porter un regard scientifique à partir du cas de l'ONG AIDE sur les méthodes classiques de gestion des interventions des ONG humanitaires. Nous voulons ainsi apporter des éléments de réponses scientifiques aux facteurs explicatifs du comportement de non durabilité de certains projets sociaux ; nous pouvons par la suite proposer une nouvelle grille de lecture en vue d'adapter les stratégies d'intervention aux attentes et cultures des bénéficiaires. Il nous appartient d'analyser le mode d'implémentation des projets de l'ONG AIDE en vue de comprendre les aspects méthodologiques qui entravent ou pourraient entraver la durabilité de ses interventions. Les conclusions de ce travail peuvent permettre un nouveau type de management des projets mais également une meilleure implication des bénéficiaires et par là un plus grand profit des projets. Cette étude a pour spécificité de s'intéresser à un type particulier d'organisme humanitaire avec un fonctionnement différent des organismes classiques et associant islam, culture turque et modernité. Elle va donc apporter des informations d'ordre théorique et empirique sur la question de pérennisation des acquis des ONG de bienfaisance surtout celles d'inspiration islamique.

2- DEFINITION DES CONCEPTS DU LIBELLE DU SUJET 

Toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent à une même définition. La première démarche du chercheur doit [...] être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question,Durkheim (1967).Ainsi, les concepts étant des instruments d'analyse de notre objet d'étude, il est nécessaire de les définir pour une meilleure compréhension. Nous présenterons donc les concepts explicites et les concepts implicites.

2-1- CONCEPTS EXPLICITES

Ce sont les concepts qui apparaissent dans la formulation du sujet.

v ONG

Il n'existe aucune définition juridique claire, ni en droit ivoirien, ni en droit international, de la notion d'Organisation Non Gouvernementale (ONG). En réalité, ce mot est apparu pour la première fois dans la charte des Nations Unies en 1945, notamment dans l'article 71 consacré à l'action du Conseil Economique et Social15(*). Les acteurs humanitaires s'accordent toutefois sur le fait qu'une ONG est une association nationale ou internationale indépendante des gouvernements et qu'elle s'inscrit dans une démarche participative de solidarité.Aujourd'hui, il est communément admis, que tout ce qui n'est pas géré au niveau gouvernemental est par définition non gouvernemental mais cette définition tend à classer des entreprises ou des syndicats parmi les ONG ; or le but visé n'est pas le même. L'aspect le plus important qu'il ne faut pas perdre de vue dans la définition de l'ONG, est qu'elle est avant tout « une organisation à but non lucratif créée pour venir en aide aux structures étatiques ou aux populations à travers la réalisation de diverses activités de développement ou d'actions sociales »Ainsi, la perception la plus répandue des ONG reste celle de « structures non lucratives, issues d'une mobilisation militante et citoyenne à caractère privé, agissant pour des causes sociales »16(*) .

Face aux conséquences négatives de la mondialisation en termes d'accroissement des inégalités, les organisations de la société civile ont pris la défense d'un certain nombre de biens communs. C'est pourquoi elles sont courtisées par les institutions internationales d'aide au développement pour favoriser la bonne gouvernance en générale et particulièrement la gouvernance économique, Merrien (1998). Leur participation à toute politique de développement social et économique est visible. Les bailleurs de fonds internationaux se réfèrent à elles, les politiques publiques les considèrent comme des maillons essentiels dans la chaine de gouvernance économique, dans des espaces de concertation et de consultation. Désormais, les organisations de la société civile ne sont plus considérées comme des solutions palliatives ou alternatives au développement, mais plutôt comme des acteurs à part entière du développement et de la régulation de la société au même titre que les pouvoirs publics et le secteur privé. Elles ont de ce fait connu un regain d'activités et leurs fonctions se renforcent. A leurs principaux domaines de prédilection, à savoir les activités socio-caritatives, s'ajoutent de nouvelles vocations qui cherchent non pas à assister et à offrir des services, mais à mobiliser les citoyens sur des sujets variés et à occuper de nouvelles fonctions sociales et politiques en tant que partenaires des pouvoirs publics dans les choix et la conduite de la gouvernance économique des pays. Tantôt juge (dont on sollicite l'arbitrage), tantôt instrument des politiques de développement (dans la mesure où elle tend à se substituer aux administrations publiques jugées parfois inefficaces), la société civile est devenue une sorte de panacée de la gouvernance économique ou encore du développement économique et social.

Dans les pays du sud, l'émergence des ONG est consécutive aux transformations sociales qui ont affecté la stratification sociale en milieu urbain et qui ont fait exclure les tranches inferieures des classes moyennes vers les marges des villes. Ces transformations ont aussi fait ressortir la faiblesse de l'Etat, laissant des marges à plusieurs sortes de systèmes d'appartenance sociales basés notamment sur des réseaux réciproques de confiance et de norme de capital social. Les ONG sont perçues comme la formalisation de groupes informels, qui, en relâchant les liens étroits, peuvent désormais accéder aux ressources financières, à l'information et aux ressources humaines pour défendre leurs causes qui se résument en général à leur mise à l'écart vis-à-vis des institutions classiques, Sylla (2005). Roca (1996) parle dans le contexte des pays du sud, d'une recomposition de groupes d'acteurs, par appropriation de formes occidentales, recomposition dont les conditions ont été mises en place par les chocs successifs de la colonisation, puis de la décolonisation et de la modernité, dont l'avatar ultime est la globalisation.

v PERENNISATION

Nous nous inscrivons dans la définition de Diallo (2012) qui affirme que la notion de pérennisation est un emprunt du Latin « pérennitas » : c'est ce qui est continuel qui peut durer une année ou des années entières. La pérennisation est une mesure dans laquelle les méthodes, les techniques, les organisations, les mécanismes qui ont conduit aux effets positifs d'une activité menée par un acteur qui peut être gouvernemental ou non, sont appropriés par les bénéficiaires de manière à assurer la reproductibilité des résultats après l'arrêt des intervenants. Ici, la notion de pérennisation est vu sous l`angle des perspectives de changements que l'on espère après la mise en place des projets, en termes d'organisation du travail, de répartition des tâches, d'organisation des structures et de relations de travail.Toutefois la définition du concept est non consensuelle.

v ACQUIS

L'acquis peut se définir comme l'ensemble des savoirs et savoir-faire dont une personne manifeste la maîtrise dans une activité professionnelle, sociale ou de formation. Les acquis exigés pour suivre une formation constituent les prérequis. L'acquis paraît particulièrement important en ce qui concerne les structures et modes d'organisation favorisant l'autonomie, l'initiative et la réactivité. Trois domaines d'action y sont pris en compte : les actions d'intégration destinées à équilibrer la décentralisation ; un changement de rôle de l'encadrement ; la mise en place d'un système de récompense adapté, Larousse Robert (1993). L'acquis est donc « ce qui est obtenu sans que cela soit auparavant déjà possédé ». Ici c'est ce qui est réalisé et mis à la disposition d'un individu ou d'une population par un organisme de bienfaisance : C'est ce qui est entré dans le patrimoine d'un ou plusieurs groupe d'individus ; ce sont les projets hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE aux profits des écoles et communautés dans le district d'Abidjan.

v PROJET HYDRAULIQUE

Avant de définir le groupe de mots il convient de les définir d'abord séparément. Le mot projet provient du mot latin `' projicere'', qui signifie « jeter quelque chose vers l'avant » ; le préfixe « pro » signifie « qui précède dans le temps » et le radical   « «jacere » veut dire « jeter »17(*). Ainsi, le mot « projet » voulait initialement dire « quelque chose qui vient avant que le reste ne soit fait ». Quand le mot a été initialement adopté, il se rapportait au plan de quelque chose, non à l'exécution proprement dite de ce plan. Quelque chose accompli selon un projet était appelé « objet ». Cette utilisation du mot « projet » a changé dans les années 1950, quand plusieurs techniques de gestion de projet ont été élaborées ; avec cette avancée, le mot a légèrement dévié de sens pour couvrir à la fois les projets et les objets.

La norme ISO 10006 (version 2003) de l'Organisation Mondiale de Normalisation (OMN), définit le projet comme « un processus unique qui consiste en un ensemble d'activités coordonnées et maîtrisées, comportant des dates de début et de fin, entrepris dans le but d'atteindre un objectif conforme à des exigences spécifiques, incluant des contraintes de délais, de coûts et de ressources. ».D'après le « Project Management Institut18(*) » (PMI), un projet est toute activité réalisée une seule fois, dotée d'un début et d'une fin déterminée et qui vise à créer un produit ou un savoir unique. Il peut nécessiter la participation d'une seule ou de milliers de personnes. Sa durée peut être de quelques jours ou de plusieurs années. Il peut être entrepris par une seule organisation ou par un groupe d'organismes intéressés. Il peut s'agir de quelque chose d'aussi simple que l'organisation d'un événement d'une journée ou d'aussi complexe que la construction d'un barrage sur une rivière. Pour l'Union Européenne (UE), « Un projet est un ensemble d'activités visant à atteindre, dans des délais fixés et avec un budget donné, des objectifs clairement définis », UE (2004). Un projet de développement communautaire peut être défini comme une action réalisée dans un objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d'une communauté d'hommes et de femmes leur permettant de s'épanouir dignement. Il tente d'en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner les contraintes Daniel, (2003). Il implique des groupes d'intérêts divers notamment des membres de la communauté, les autorités locales et des agents externes d'appui technique et financier.

2-2- CONCEPTS IMPLICITES

v Durabilité

Caractère de ce qui est durable ; c'est ce qui est viable ,qui dure dans le temps.,Dans la présente étude, nous considérons qu'une intervention est durable lorsque ses effets perdurent même après le retrait des donateurs grâce à l'existence d'un mécanisme interne de mise en oeuvre qui atteste que la réalisation des objectifs du projet de développement n'est pas compromise et que les progrès vers ses objectifs se poursuivront, Rogers et Macias (2004). Ainsi il existe un lien étroit entre l'appropriation et la pérennisation. Nous emploierons comme synonyme de pérennisation les termes comme durabilité, viabilité.

v Forages

C'est un dispositif mis en place à travers un ensemble d'opérations coordonnées en vue de permettre la production et la disponibilité de l'eau aux profits des communautés. Ici ce sont les pompes électriques et à motricité humaine que l'ONG AIDE a réalisées en Côte d'Ivoire aux profits de certaines communautés dans le District d'Abidjan et à l'intérieur du pays.

v Maintenance

v La maintenance regroupe les actions de dépannage et de réparation, de réglage, de révision, de contrôle et de vérification des équipements matériels (machines, véhicules, objets manufacturés, 

3- PROBLEMATIQUE

Les organisations non étatiques peuvent jouer un rôle déterminant dans le processus du développement socio-économique surtout dans les pays en voie de développement. Pour qu'elles mènent pleinement leur mission, ces organisations doivent bénéficier d'un environnement social et institutionnel propices à la viabilité de leurs activités. Cette affirmation est corroborée par le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en ces termes : « Dans la majorité des pays développés, le secteur privé joue un rôle important dans le processus de développement et fournit les principaux moyens pour assurer une croissance équilibrée des différents secteurs de l'économie nationale. Ces nations ont réussi à initier et développer des mécanismes de suivi/évaluation et des stratégies pour pérenniser les acquis des ONG locales de développement,PNUD (1999).

Au milieu des années 80, en parallèle à la remise en question des modèles nationaux de développement, la Banque Mondiale découvre que les ONG sont des institutions plus proches des pauvres, moins chères, moins corrompues et plus efficaces que les canaux gouvernementaux traditionnels. En réalité les ONG constituent l'expression de rapport entre les gouvernants et les gouvernés,(Diallo, 2012).

Depuis les indépendances, le développement socio-économique de la plupart des pays de l'Afrique a été considéré comme prioritaire, parce que la mise en oeuvre des programmes centralisés a montré ses limites. En outre, la crise économique des années 1980 qui a augmenté la paupérisation des populations a montré qu'en plus des efforts de l'Etat pour assurer un développement socio-économique équilibré et durable, d'autres acteurs locaux tels que les Organisations Non Gouvernementales, peuvent aussi agir dans la définition et la mise en oeuvre de l'action économique. D'ailleurs, l'analyse des conditions de vie des populations selon l'approche par les besoins de base, considère qu'un individu doit pouvoir satisfaire certains besoins fondamentaux qui sont nécessaires à l'atteinte d'une certaine qualité de vie. La santé, l'hygiène, l'assainissement, l'accès à un centre de santé, constituent un stock essentiel de ces besoins de base. Leur satisfaction permet aux populations d'avoir un cadre de vie agréable même si elle ne suffit pas à les sortir de la pauvreté, notamment monétaire. Ces besoins sont considérés comme des biens publics dont la mise à disposition au profit des populations relève du domaine de l'Etat. Ce dernier, par le biais de ses institutions et agences d'exécution, pourvoit dans la mesure de ses possibilités à la satisfaction des besoins de base au profit des populations.Cependant, les Etats Africains n'ont pas toujours été en mesure de faire face aux nombreuses crises de gouvernance que connait le continent. Cette situation justifie l'émergence des ONG de développement dont le but est de favoriser auprès des groupes sociaux les conditions d'accès à un processus de développement.

Justement, les ONG sont des institutions totalement privées et non gouvernementales qui, dans le cadre d'une convention avec le gouvernement, et /ou avec les institutions internationales, exécutent des opérations de développement dans une zone définie. Sur cette base, il existe plusieurs types d'ONG selon les champs d'expression de chacune d'entre elles. Il existe des ONG de charité, de bienfaisance, de services, d'appui, de l'éducation, de l'alimentation, etc.

En Côte d'Ivoire, dans le domaine de la mise en place et de la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques de base telles que les écoles, les ouvrages hydrauliques, les dispensaires, l'assistance de la population vulnérable, etc., les activités exécutées par les ONG permettent d'assurer la conservation du patrimoine et de faciliter l'accès des populations aux services sociaux de base. Au nombre de ces ONG figure l'ONG-AIDE qui, depuis 2013 apporte son assistance à la population ivoirienne à travers les projets d'hydrauliques à caractère communautaire.

En effet, l'ONG AIDE est une association créée en Côte d'Ivoire aux fins de réaliser les actions humanitaires de la Fondation turque Aziz Mahmud Hüdâyî. La Turquie est un exemple typique de pays où le waqf assume des fonctions dans des domaines très variés. Ainsi en 2013 la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî alors présente dans de nombreux pays de la Sous-région Ouest africaine depuis plus d'une dizaine d'années, décide de s'installer en Côte d'Ivoire dans le cadre du déploiement de ses activités en Afrique. La Fondation mobilise des centaines de millions du Livre Turc (TL) mensuellement auprès des donateurs turques aux profits des populations vulnérables en Côte d' Ivoire19(*). Par exemple dans son intervention au niveau éducatif, l'ONG-AIDE a ouvert un établissement scolaire avec internat. Cet établissement constitue non seulement une source d'éducation de plusieurs enfants ivoiriens mais aussi une source d'emploi pour plusieurs diplômés qui étaient au chômage. Dans le souci de favoriser l'accès à l'eau potable à une grande partie de la population ivoirienne, l'ONG a réalisé une quarantaine de forages aussi bien dans le district d'Abidjan qu'à l'intérieur du pays. Entre 2014 et 2017, l'ONG AIDE a réalisé quarante et un (41) forages au profit des communautés en Côte d'Ivoire. Ces réalisations se répartissent comme suit : trente-cinq (35) pompes dans la ville d'Abidjan et six ouvrages (06) à l'intérieur du pays. Ainsi la majorité de ces réalisations hydrauliques au profit des populations ont été réalisées dans le district d'Abidjan, champ géographique et social de la présente étude. En effet, le District d'Abidjan a accueilli trente-cinq(35) forages sur quarante et un (41). Ces projets visent à répondre aux besoins d'eau de la population. Ils contribuent à l'amélioration de la santé et de l'hygiène publique à travers l'accès à l'eau potable à l'ensemble de la population en générale et plus particulièrement en milieu scolaire.

La question qui reste une source de préoccupation constante demeure celle de la pérennisation des réalisations de l'ONG AIDE qui est devenue au même titre que les autres ONG, un élément incontournable du développement local. Diallo (2010) affirme que « De nombreuses initiatives créatives ont été mises en oeuvre dans le domaine du développement, mais ont rarement pu être intégrées avec succès dans des programmes nationaux visant la continuité ». La plupart de ces expériences des ONG n'ont pas survécu à l'enthousiasme des débuts, au tarissement du financement initial qui a été souvent fourni par l'extérieur ou au départ de leurs initiateurs. L'absence de politique nationale spécifique et de ligne budgétaire propre pour la généralisation des réformes conduit à une incohérence des actions menées par les diverses institutions, PNUD (1999).

Cette situation constitue un facteur qui repositionne à nouveau la population dans la vulnérabilité. Les réalisations des ONG locales de développement qui disparaissent juste après le départ ou le retrait des bailleurs de fonds constituent un véritable sujet de préoccupation. Si les acquis des ONG et projets de développement ne sont pas pérennisés cela risque de plonger la majorité de la population dans une situation critique des conditions de vie, (Diallo, 2015). Une enquête exploratoire dans la ville d'Abidjan sur l'état actuel des forages réalisés par l'ONG-AIDE laisse transparaitre que sur un ensemble de trente-cinq forages (35) construits entre 2013 et 2017, seulement neuf(9) demeurent encore en bon état d'exploitation en 2018 soit un taux de fonctionnement de moins de vingt-six (26%).

Le Secrétaire Général de AIDE a déclaré : « Nous constatons d'une année à l'autre que les installations mises en place pour répondre aux besoins des bénéficiaires tombent en ruine. Par exemple il ressort à ce jour que plus de la moitié des forages réalisés sont hors services alors que le bailleur souhaite se retirer. Nous nous posons chaque jour la question de la pérennisation des acquis»20(*). Il poursuit en ces termes : « Cette situation repositionne la population dans la vulnérabilité ». Ainsi la pérennisation des acquis des projets hydrauliques constitue un réel problème pour l'ONG-AIDE et pour les populations bénéficiaires. Cette préoccupation permet d'objectiver les interrogations suivantes : Premièrement Quels sont les facteurs sociaux de pérennisation des acquis des projets hydrauliques réalisés par l'ONG-AIDE dans le District d'Abidjan ? Deuxièmement comment les bénéficiaires perçoivent-ils les ouvrages mis à leur disposition ? quel est le niveau d'implication en terme d'apport matériel, technique financier, des bénéficiaires dans le processus d'implémentation des projets hydrauliques de l'ONG AIDE ?

4- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Les objectifs se déclinent en objectif général et en objectifs spécifiques.

4.1.OBJECTIF GENERAL

Cette étude vise à analyser les facteurs de la pérennisation des acquis ou non des projets hydrauliques de l'ONG AIDE dans le District d'Abidjan.

4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

De façon spécifique, il s'agit de :

v Etudier le dispositif institutionnel mis en place par l'ONG AIDE pour la réalisation des projets.

v Etudier les perceptions que se font les bénéficiaires des projets hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE.

5- HYPOTHESE PRINCIPALE

Le mode de fonctionnement de l'ONG AIDE et l'attitude des communautés bénéficiaires vis-à-vis des réalisations de l'ONG sont des facteurs entravant la pérennisation des acquis.

6- HYPOTHESES SECONDAIRES

v La stratégie d'intervention de l'ONG ne favorise pas la durabilité de ses réalisations

v Les bénéficiaires ne sont pas conditionnés à soutenir les projets de l'ONG AIDE

7- REVUE DE LA LITTÉRATURE

Dans le cadre de la réalisation de la présente étude, nous avons sélectionné des documents et les avons organisés pour en retirer un bénéfice maximum. Ala suite des lectures réalisées, nous avons défini trois thématiques dans lesquelles ont été répartis les documents consultés.Les différentes thématiques renferment les écrits qui traitent du mode d'engagement des ONG et leurs contraintes, ensuite des déterminants socioculturels qui peuvent entraver la bonne continuité des apports des ONG de bienfaisance et enfin la question de la gouvernance socio-économique. Pour la réalisation de cette revue de la littérature nous avons pu consulter des ouvrages, des thèses, des articles scientifiques, des rapports de séminaires et colloques, et avons eu recours à des sites internet pour la documentation en ligne. Cette revue de littérature nous a permis de prendre connaissance des travaux antérieurs sur notre problématique.

6.1. MODES D'ENGAGEMENT ET CONTRAINTES

Depuis la fin de la colonisation, les nouveaux États indépendants étaient appelés à répondre aux besoins de leurs sujets. Cette idée est partagée durant près de deux décennies avant que, dans les années 1980, le rôle de l'État ne soit réévalué en faveur du « secteur privé » censé répondre aux attentes des consommateurs, Carbone(2003). À la chute du mur de Berlin, la société civile intègre le nouvel agenda politique du développement et le modifie. La notion de société civile semble trouver alors une incarnation dans la prolifération associative des années 1990 à l'échelle planétaire plus particulièrement sous la forme d'un sigle en voie d'universalisation, Salamon et al. (1999). Ce « boom » associatif s'inscrit dans le contexte particulier d'une critique radicale du rôle de l'État comme acteur du développement économique (bien visible à travers la multiplication des plans d'ajustement structurel ou encore la promotion de la bonne gouvernance).

En Côte d'Ivoire, c'est à la faveur de la crise économique de 1980 que les Organisations de la Société Civile (OSC) ont commencé leur apparition. Au fur et à mesure que l'Etat se montre peu présent du fait des difficultés économiques, les bonnes volontés se rendent compte qu'elles peuvent apporter leur concours et s'engagent à se mettre en association. Pour Dozon et Guillaume, (1994) sans l'engagement de la société civile il est difficile d'être un citoyen. Par exemple, l'engagement des syndicats en Afrique a permis d'accélérer le processus de décolonisation et la promotion socio-économique des travailleurs. En effet, comme le souligne Touré (1984) : « A travers les organisations professionnelles et syndicales le monde du travail a joué un rôle de premier plan dans la conquête de la souveraineté nationale et internationale des pays d'Afrique noire ». Et aujourd'hui, les travailleurs et leurs organisations syndicales peuvent se targuer d'avoir participé à l'édification de la nation ivoirienne, d'abord en réalisant l'unité d'une partie de la population active, puis en contribuant effectivement au développement économique et social de la Côte d'Ivoire.

La société civile joue un rôle considérable dans l'émergence d'une nouvelle manière de faire de la politique dont l'humanité a un besoin urgent pour faire face au bien-être des populations. Selon Sylla (op.cit.), la plupart des ONG sont nées à partir de 1990 en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire avec le processus de démocratisation. Cette ouverture du marché politique est favorable à l'éclosion des OSC. Certaines d'entre elles, opèrent sur toute l'étendue du territoire national. Ce sont les organisations religieuses, les organisations de développement communautaire, de défense des droits de l'Homme et les associations des consommateurs. D'autres mènent leurs activités dans les entreprises uniquement : ce sont les syndicats, d'entreprise. Les associations des étudiants oeuvrent dans les établissements scolaires et universitaires. Toutefois, l'engagement des ONG a été plus accentué à la faveur de la crise militaro-politique de septembre 2002. Cette crise qu'a connue le pays a donné lieu à une mobilisation sociale et les OSC ont été impliquées pour suppléer l'absence de l'Etat dans certaines régions du pays et assister les populations vulnérables, notamment du point de vue médical, psychologique et de la défense de leurs droits. Les moyens d'action des OSC sont nombreux. Toutes les organisations utilisent la sensibilisation, la formation, l'information et l'éducation. En plus de ces moyens, certaines organisations se distinguent par la négociation, le plaidoyer, le lobbying, le boycott et la grève. Ce sont les associations estudiantines, les syndicats d'entreprise et les associations des consommateurs.

L'environnement dans lequel évoluent les OSC constitue parfois des contraintes à leur émergence. Ces contraintes sont selon Revel et Roca (1998) d'ordre socio-politique. Sur le plan socio-politique, ces auteurs se réfèrent à la défaillance de l'Etat providence et posent l'hypothèse que plus étendu est l'Etat providence, plus restreint sera la place de la société civile dans le processus de gouvernance économique du pays. Ils indexent également le cadre juridique et politique en posant l'hypothèse que les systèmes de droits coutumiers sont plus favorables à l'émergence des ONG que le système de droit « positif ». A ce sujet, une étude menée en Côte d'Ivoire par Sylla (2002) affirme que le cadre institutionnel, en ne prenant pas en compte les spécificités de la société civile, constitue un frein à l'épanouissement de celle-ci. En effet, en Côte d'Ivoire, les ONG sont régies par la loi n° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. Cette loi qui a été prise au lendemain des indépendances dans un contexte de monopartisme est la même que celle qui régit les associations du type parti politique, organisation religieuse, etc.; il s'agit de la loi régissant les associations à but non lucratif.

Sur le plan économique, Sylla (2005) et Kompaoré (1985) mettent l'accent sur le manque de matériel, de formation des membres et l'absence d'une véritable stratégie de financement au niveau de la société civile africaine, qui se contente selon Sylla(2005) de jouer les « enfants gâtés » pour attirer la sympathie des bailleurs de fonds. Cette situation freine la société civile dans l'exercice de son pouvoir de contrôle et accroit du coup le déficit de gouvernance économique. C'est l'une des raisons pour lesquelles les organisations de la société civile ivoirienne sont en particulier incapables d'influencer les débats internationaux qui intéressent leurs pays ou leurs membres, car elles n'ont pas les moyens de s'organiser avec leurs pairs nationaux et transnationaux de façon à arrêter des positions communes sur diverses questions.

Selon Adou (2008), la société civile en Côte d'Ivoire est minée par de nombreux problèmes qui l'empêchent de remplir sa fonction qui lui est dévolue. Ce sont entre autres, le conflit de rôle des OSC ; la perception religieuse des questions sociales et la mauvaise appréciation de la société ivoirienne par les OSC elles-mêmes. Alors qu'il est admis que la société civile doit être assez forte pour constituer un véritable lieu des contre-pouvoirs face à la société politique. Nous retenons que, seule une société civile forte est susceptible d'améliorer la gestion des finances publiques, de participer au renforcement de la performance du secteur public et d'accroître la responsabilité dans la fourniture des services.

6.2. ATTITUDE DES BENEFICIAIRES VIS-A-VIS DE L'AIDE EXTERIEURE

L'observation empirique de l'attitude des populations vis-à-vis des apports des ONG humanitaires révèle que dans la plupart des cas, les populations-cibles perçoivent inconsciemment les acquis des ONG comme des « sacrifices » c'est-à-dire des dons gracieusement offerts par des bienfaiteurs providentiels). Ce comportement fait qu'en général, les bénéficiaires adoptent une attitude passive, « attentiste » face à leur destin et espèrent qu'il y aura toujours quelqu'un pour s'occuper de leurs affaires. Cette réalité est très présente chez les peuples africains. C'est pourquoi Axelle Kabou (1991) déclare : « Les Africains sont largement persuadés que leur destin doit être pris en charge par des étrangers »21(*). C'est ce que dénonçait déjà Frantz Fanon (1961) dans son livre ?les damnés de la terre »lorsqu'il a écrit ceci : « Après avoir déculturé l'Africain colonisé, on lui a apporté le développement en théories et en espèces sonnantes ». Eric Driesen, (2001) confirme cette idée en disant : « L'aide ne marche pas bien, en Afrique subsaharienne (...). Les effets de dépendance engendrés par l'assistance telle qu'elle se pratique devaient être soulignés ». Dambisa Moyo (2009) va plus loin en déclarant que « l'assistance financière a été et continue à être, pour une grande partie du monde en développement, un désastre économique, politique et humanitaire »22(*). Elle continue son argumentation en affirmant que la majorité des pays subsahariens se débattent dans un cycle sans fin de corruption, de maladies, de pauvreté et de dépendance, alors que les pays riches ont déversé plus de mille milliards de dollars d'aide sur l'Afrique au cours des cinquante dernières années. Il ressort de son analyse qu'entre 1970 et 1998, quand le flux de l'aide à l'Afrique était à son maximum, encouragé par l'industrie du spectacle [...], le taux de pauvreté des populations s'est accru d'une façon stupéfiante. Selon cette auteure, l'octroi de dons et de prêts à des conditions très favorables favorise la mauvaise gouvernance, est source de conflits et sape l'épargne et les investissements locaux. Selon elle, les principaux donateurs doivent s'entendent pour annoncer la fermeture graduelle des robinets de l'aide sur une période de cinq à dix ans. Les pays concernés réorienteraient leurs économies vers des sources de financement privés aux effets secondaires moins nuisibles. Elle préconise le recours au marché obligataire, l'essor du microcrédit, le renforcement du droit de propriété et des mesures drastiques pour favoriser le commerce. Elle considère le Botswana, qui a prospéré après avoir rejeté la culture de l'assistance, comme un modèle à suivre. Notre auteure martèle que les nombreuses aides déresponsabilisent non seulement les populations mais également les Etats qui se soustraient de leurs rôles régaliens. Ce phénomène est le plus visible dans les pays où le gouvernement perçoit l'aide directement, en particulier en Afrique, et où ces mouvements d'aide sont souvent importants par rapport aux dépenses fiscales.

6.3-GOUVERNANCE SOCIO-ECONOMIQUE DES ONG : SURVOLE EMPIRIQUE

L'intérêt accordé à la société civile dans la gouvernance économique est consécutif à la révision des théories et des pratiques de la gouvernance. La bonne gouvernance ou la gouvernance économique prônée par les institutions internationales d'aide au développement se fonde sur une gestion participative, transparente et responsable des intérêts, des droits, des obligations et des différends des citoyens. Elle favorise le respect de la légalité et veille à ce que les priorités politiques, sociales et économiques se fondent sur un large consensus au sein de la société et que la voix des plus démunis et des plus vulnérables soit entendue par ceux qui prennent les décisions en matière d'allocation de ressources. Dans cette perspective, les OSC constituent des acteurs à part entière de la gouvernance économique. A cet effet, Salomon et Helmut (1996) notent que suite au réexamen du rôle de l'Etat, ces Organisations sont des vecteurs de sociabilité et des instruments de transformation sociales comme elles sont également des acteurs économiques essentiels, capable de répondre aux besoins sociaux en émergence. Sur cette base, et partant, comme responsable de la bonne marche de la société, elles situent leurs actions d'abord et avant tout dans une logique d'interpellation. Cette interpellation se fait soit sous la forme de lobbying pour obtenir des modifications, soit sous la forme de critique ou d'une dénonciation. Quelle que soit la forme d'interpellation, celle-ci établit plusieurs niveaux de responsabilité ; en effet les pouvoirs publics peuvent être rendus partiellement ou entièrement responsables:

- a priori, de ne pas prendre des mesures nécessaires pour éviter les violations des principes de la bonne gouvernance ;

- a postériori, de ne pas dégager les moyens nécessaires pour intervenir en cas de non-respect et de violation de ces principes et pour mettre fin aux inégalités croissantes et à l'exclusion des populations ;

L'interpellation des OSC a pour objectif d'amener les politiques à prendre leurs « responsabilités », c'est-à-dire des décisions et des mesures concrètes ; la fonction des organisations de la société civile est donc de dénoncer des carences dans la gouvernance et d'exiger que l'Etat y remédie. Elles estiment que les politiques doivent assumer leurs responsabilités et fournir un cadre législatif et administratif favorisant la bonne gouvernance économique et sociale. Ainsi de l'avis de la littérature consultée, il existe deux tendances parmi les OSC concernant le rôle qu'elles pourraient jouer dans le processus de la gouvernance économique du pays. Ces divergences dépendent largement de l'idéologie dominante dans chaque organisation au sujet de la place respective de l'Etat et de la société civile dans la collectivité en générale, et dans la définition et l'application de politique et de développement en particulier. Elles conditionnent également les modes d'intervention et d'interpellation du pouvoir politique adoptés par les ONG ainsi que leur niveau de coopération avec l'Etat.

Il existe cependant une constance : l'Etat est un Etat de droit ; le pouvoir est considéré comme le garant du droit et la seule instance habilitée à changer le droit (par la loi) lorsque les droits des citoyens sont en danger ou lorsque les principes de gouvernance ne sont pas respectés. Par ailleurs, l'Etat doit être à même d'apporter aux populations un niveau de bien être par une bonne gestion et une répartition équitable des ressources nationales. Dans le cas contraire, le rôle des OSC est d'abord d'interpeller les politiques. Par exemple, en Côte d'Ivoire, ces dernières décennies, les ONG ont joué le rôle d'interpellation, notamment dans la situation de crise militaro-politique où l'on a assisté à de nombreuses violations des droits et de la dignité de la personne humaine ainsi qu'aux non-respects des principes démocratiques.

Le rôle des ONG ne se limite pas seulement à l'interpellation ou à la dénonciation. Elles sont aussi présentes sur le terrain à travers des actions concrètes visant à promouvoir la bonne gouvernance, la gestion saine de la richesse nationale.Ces actions concernent notamment l'organisation de campagne de sensibilisation et de conférences sur des sujets ayant trait à la bonne gouvernance, la démocratie, aux droits de l'Homme et la réalisation d'activités touchant à différentes composantes du développement. La contribution de la société civile dans la gouvernance économique du pays est également perçue à travers les fonds qu'elles sont capables de mobiliser. Par exemple, aux Etats Unis, les ONG mobilisent selon Ackermann (2002) 508,5 milliards de Dollars par an, ce qui représente 6,5% du revenu national. Ces fonds servent principalement à financer la santé et l'éducation Salomon and Anheir, (2003). Les fonds mobilisés par les ONG africaines sont relativement importants. Au Kenya, par exemple, ces fonds se situeraient entre 150 et 200 millions de Dollars US par an (Lekyo, 2000). Dans ce pays les ONG offrent 40% des services liés au planning familial.

En Côte d'Ivoire, ce sont environ trois (3) milliards de FCFA par an qui sont mobilisés par les ONG Sylla (2003). Ces fonds proviennent essentiellementde bailleurs de fond internationaux (78%), et servent principalement à financer le secteur de la santé dominé par les problèmes liés au VIH/SIDA. Ce dernier secteur est indépendant financièrement de la philanthropie internationale à hauteur de 81%. Boukhari (1994) affirme que « Le principe fondamental de la participation : c'est le partage de savoir et de pouvoir ». Il continue en disant que « Dans une approche participative la population n'est pas un gisement d'information mais un partenaire avec qui il faut échanger et partager l'information utile » « La participation, c'est penser et faire avec et non pour, c'est la responsabilisation, la concertation et la négociation ». Cette idée est confirmée à travers cette déclaration ?la plupart des cas, la conception des ONG locales de développement et les politiques reliées à leur implantation sont souvent excessivement centralisées, donc ne sont pas en mesure de répondre correctement aux besoins locaux ; le fait que les informations ne soient pas systématiquement collectées et analysées gêne le processus de conception et de programmation effective des réformes et des innovations » BAD (2006).

La pérennisation des acquis passe par l'appropriation par les populations du développement à eux apportés laquelle appropriation est conditionnée par leur implication dans tout le processus de l'intervention. Or par expérience, des ONG humanitaires déguisant leur volonté d'apporter ?un projet clé en main» laissent très souvent peu d'espoir au succès de l'appropriation. C'est d'ailleurs ce que pense Jean Pierre Olivier de Sardan lorsqu'il affirme : « Il ne s'agit pas d'amener le savoir là où règne l'ignorance (...). Les pays auxquels on s'adresse ont déjà des compétences et des savoir-faire dans les domaines concernés par le développement ». Par conséquent si les interventions extérieures apportent des solutions à certains problèmes, elles n'ont pas toujours la capacité de comprendre en profondeur les aspirations profondes des bénéficiaires.Brauman (2000) appréhende l'action humanitaire comme étant celle qui vise, sans aucune discrimination et avec des moyens pacifiques, la préservation de la vie dans le respect de la dignité et de la restauration de l'homme dans ses capacités de choix. C'est pourquoi, il s'avère nécessaire d'associer les bénéficiaires à toutes les étapes de déroulement des projets afin d'espérer une amélioration des conditions de vie et de travail des communautés locales dans une perspective de développement durable. Les résultats de la recherche insistent sur l'importance de la planification précoce des stratégies de retrait des bailleurs car cette démarche permet aux différents acteurs de connaitre leurs rôles et responsabilités ainsi que la contribution de chacun dans l'atteinte des objectifs du projet. Par ailleurs, l'efficacité d'une stratégie de retrait dépend de la participation et du niveau d'appropriation et de motivation des communautés ou de leurs représentants avec un accent mis sur la participation des acteurs qui mèneront les activités après le départ des initiateurs de l'intervention. De plus, la prise en compte rapide du renforcement des capacités dans la planification du projet et le partenariat local sont des aspects favorables à la durabilité des projets.

8- PRESENTATION DE L'ONG AIDE ET DE LA ZONE D'ETUDE

8-1- L''ONG AIDE

8-1-1- Historique de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire

L'Association Ihsane pour le Développement et L'Education (AIDE) est une Organisation Non Gouvernementale agréée par le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité sous le numéro 335 /MEMIS/DGAT/DAG/SDVA. Selon ses responsables, sa création a été suscitée par la Fondation caritative turque « Aziz Mahmud Hudayi ». En effet, la Fondation Aziz Mahmud Hudayi est une fondation de type waqf23(*) qui vise à concilier les enseignements et valeurs islamiques avec les exigences de la vie moderne. Sa mission en Côte d'Ivoire est établie selon son slogan « Exprimer la solidarité par des actions ». Son siège local précédemment situé à Abidjan, Cocody Vallon en face de l'Ambassade du Bénin a été délocalisé en 2018 à la Riviera III non loin d'un du super marché de la place.

8-1-2- Organisation de l'ONG-AIDE

Selon les statuts de l'organisation, l'ONG-AIDE est dotée de trois organes à savoir : L'Assemblée Générale (A. G) ; le Bureau Exécutif (B.E) ; et le Commissariat aux Comptes (C .C).Selon l'article 10 du statut de l'ONG, la définition de la politique générale de l'ONG AIDE est du ressort de l'Assemblée Générale. C'est elle qui donne mandat aux membres du Bureau Exécutif et aux Commissaires aux Comptes à l'effet de mettre en oeuvre la politique définie. Selon ses propres textes l'Assemblée Générale est l'organe suprême de l'ONG AIDE. Y prennent part les membres du Bureau Exécutif, les Commissaires aux Comptes, et des membres actifs24(*) de l'association. En principe, tous les projets de l'ONG doivent être approuvés par cet organe avant leur mise en oeuvre par le Bureau Exécutif.

L'article 14 du statut de l'Association stipule que le Bureau Exécutif est l'organe de gestion et d'administration de l'Association. Il agit conformément aux pouvoirs qui lui sont propres et ceux qui lui sont délégués par l'Assemblée Générale. Le Bureau Exécutif de l'Association est composé d'un Président, d'un Vice-président, d'un Secrétaire Général, et d'un Trésorier Général. Le BE est chargé d'exécuter les décisions de l'Assemblée Générale. Théoriquement, c'est cet Organe Exécutif qui est chargé de l'aspect opérationnel des projets à réaliser au nom de l'ONG. Mais la réalité est que les membres statutaires sont substitués par un personnel salarié au nombre de vingt (20) personnes. En effet la fondationAziz Mahmud Hüdâyî désigne le Président qui doit être de nationalité turque. Ce dernier recrute sur place du personnel dans le cadre des activités de l'ONG. Le Président de l'ONG nous a révélé que seulement 2% des membres statutaires travaillent au sein de l'ONG. En ce qui concerne le dernier Organe de la structure, d'après l'article 21 des statuts de l'organisation, l'Assemblée Générale élit dans les mêmes conditions que celles des membres du Bureau Exécutif deux (02) Commissaires aux Comptes pour une durée de trois (03) ans renouvelables. L'article 22 précise les attributions des CC en ces termes : « Les Commissaires aux Comptes examinent les comptes annuels et dressent un rapport spécial à l'Assemblée Générale assorti de leurs observations et propositions. ». C'est donc l'organe de contrôle et d'évaluation des activités de l'ONG. Le schéma ci-dessous donne l'ossature de l'organisation de l'ONG-AIDE.

Organe de Décision

L'Assemblée Générale (A.G)

Organe de Contrôle et d'Orientation

Le Commissariat aux Comptes (C .C)

Le Bureau Exécutif (B.E)

Organe d'Exécution

Figure 1 : Schéma organisationnel de l'ONG AIDE

8-1-3- Champ d'intervention de l'ONG AIDE

Comme sa dénomination laisse deviner, l'ONG AIDE intervient dans trois grands domaines. Certaines interventions de l'ONG se font durant des périodes ponctuelles comme la distribution de la viande bovine durant les fêtes religieuses musulmanes ou suivant des situations conjoncturelles telles que des dons aux victimes des catastrophes naturelles, et d'autres s'inscrivent dans la durée (actions annuelles).

Le premier champ d'intervention de l'ONG est celui de l'Ihsane (mot arabe signifiant la bienfaisance) ; les activités liées à ce domaine sont entre autres : la distribution de vivres aux familles démunies, l'assistance aux orphelins et aux malades (...) : c'est le champ humanitaire au sens large du terme.

Le deuxième domaine est celui de l'Education. L'ONG a ouvert un établissement scolaire avec internat au profit des enfants issus des familles pauvres et assiste financièrement les étudiants en difficulté.

Le troisième champ de l'ONG est celui des infrastructures sociales de base comme la construction et réhabilitation des écoles, des hôpitaux et des ouvrages hydrauliques. La présente étude s'intéresse au domaine des ouvrages hydrauliques (voir image ci-dessous).

Figure 2 : Photo montrant l'inauguration d'un forage réalisé par l'ONG AIDE à Port -Bouet

Source : Enquête de l'impétrant, 2018

Cela fait plus de cinq ans que l'ONG AIDE intervient dans ce domaine en réalisant des pompes pour soulager des populations vulnérables et le personnel scolaire dans certains établissements dans le District d'Abidjan et à l'intérieur du pays.

8-1-4- Phases de déroulement des projets

Les projets de l'ONG AIDE se déroulent en sept (7) phases :

v Phase de programmation

Toutes les initiatives de l'ONG-AIDE en Côte d'Ivoire s'inscrivent dans un cadre global défini en amont par la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî depuis la Turquie. Dans le cas des projets hydrauliques, qui constituent l'objet de la présente étude, la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî accorde la responsabilité de Chef d'Exécution du projet au Président de l'ONG-AIDE. Cette tâche lui confère les informations budgétaires nécessaires à l'exécution du projet et aussi à l'identification des sites bénéficiaires.

v Phase d'identification

La phase d'identification dans le cas des projets hydrauliques de l'ONG-AIDE consiste à identifier un problème de manque d'eau dans une localité donnée. Cette identification se fait au cours d'une prospection coordonnée par le Président de l'ONG. Parfois, la recherche du site en vue de la réalisation de la pompe peut être suscitée par la suggestion ou sollicitation d'une personne physique ou d'un Etablissement donné. Une fois cette étape franchie, suit la phase d'instruction.

v Phase d'instruction

Après l'identification du site de forage, le Président de l'ONG fait appel à des opérateurs techniques à même de réaliser le projet. Cet appel n'est pas ouvert au grand public. En effet, le Président s'informe auprès de ses partenaires locaux qui lui donnent des contacts de certains prestataires avec qui ils ont déjà collaboré. Le Président les invite individuellement à son bureau, leur explique son projet et leur demande de lui fournir une facture pro-forma. Sur la base des résultats de son entretien avec les différents prestataires souvent en présence de ceux qui les auraient recommandés, et sur la base des factures fournies par les différents opérateurs, le Président fait le choix de l'opérateur. Ensuite il monte un document technique et financier relatif au projet en vue de le soumettre à l'appréciation des bailleurs de fond à travers la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî. Ce document-projet doit apporter tous les éléments permettant de justifier les choix concernant le projet. Une fois que le document est prêt, il est envoyé à la fondation Mahmud Hudayi pour sollicitation de financement. Cette phase est exclusivement réservée à l'ONG ; les bénéficiaires ne participent aucunement à son élaboration. Une fois cette étape terminée et le document- projet validé par la Fondation, alors intervient la phase du décaissement des fonds en vue de la réalisation des travaux.

v Phase de financement

Le Président de l'ONG AIDE envoie le dossier technique à la Fondation-mère (la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî). Le document projet y est soumis à l'étude des techniciens de ladite organisation. Elle peut demander des informations complémentaires avant de se décider si oui ou non elle accepte de financer le projet à lui soumis. Si elle donne son accord, elle le notifie par écrit à l'ONG et procède au virement des fonds sur le compte officiel de l'organisation.

L'ONG AIDE à trois sources de financement. Au plan extérieur, L'ONG est principalement financée parla Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî. Au niveau local, l'ONG bénéficie souvent des Sodaka ou zakat de certaines entreprises turques présentes sur le territoire ivoirien. Par ailleurs certaines organisations turques non représentées en Côte d'Ivoire qui voudraient faire des actes de charité passent par l'organisation de leur concitoyen turc pour mener leurs activités.

v Phase de mise en oeuvre

C'est la phase opérationnelle du projet, où sont rassemblés les moyens qui permettront d'atteindre les objectifs, dans les conditions prévues dans le document projet. Le premier acte de la mise en oeuvre est le choix définitif de l'opérateur qui sera chargé de l'exécution des travaux. Une fois les financements reçus, le Président de l'ONG fait appel à l'opérateur retenu pendant la phase d'instruction et lui confie la réalisation du projet. Initialement, elle commençait à proprement parler avec la remise d'une avance au prestataire après signature d'un contrat de prestation. Cependant cette modalité de rapport avec le prestataire a connu une modification significative après trois ans d'activités.

Aujourd'hui, le décaissement est fait au prorata des travaux exécutés. Cette situation est confortée par les propos d'un enquêté de l'ONG en ces termes : Durant les trois premières années, nous ne prenions aucune précaution ; nous pouvions sur la base de la confiance religieuse décaisser presque l'intégralité des fonds au prestataire avant qu'il n'achève même les travaux. Mais certains prestataires en qui nous avions confiance nous ont trompé en faisant un travail de qualité médiocre, ce qui nous a emmenés à engager encore sur fonds propres le processus de réhabilitation des ouvrages fait pour durer au moins dix ans et qui sont tombés en panne en moins de deux ans 25(*).

Fort de cette expérience, désormais l'ONG a durci ses conditions d'octroi du marché en définissant un cahier de charges beaucoup plus explicite et en faisant intervenir un avocat dans le processus de passation du marché. L'ONG espère ainsi dissuader les éventuels prestataires indélicats. Toutes les opérations de décaissement au prestataire se font désormais suivant l'évolution des travaux et leur conformité avec les cahiers de charges. Une fois les travaux terminés une inspection est menée par le Président et quelques collaborateurs pour apprécier la fin des travaux. Si l'ONG estime que les travaux correspondent à ce qu'elle a souhaité, elle signe un protocole de fin des travaux avec le prestataire et lui remet le reste de la somme convenue dans le contrat de prestation. Dans le but d'éviter que le prestataire ne ruse avec l'ONG, il est prévu un protocole d'accord entre l'ONG et l'opérateur dont l'une des clauses prévoit que toute panne qui interviendrait durant une période de douze (12) mois sera réparée aux frais du prestataire. Les bénéficiaires n'interviennent pas pendant cette phase

v Phase de livraison

Une fois les travaux réalisés, la qualité contrôlée et approuvée par l'ONG AIDE, ainsi que les formalités terminées avec le prestataire, vient la phase de la livraison aux bénéficiaires. Une date est retenue de concert avec les responsables de l'établissement, les responsables de la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî et parfois avec les plus hautes autorités gouvernementales (ministres, ambassadeur de la Turquie en Côte d'Ivoire) à l'effet de remettre officiellement les ouvrages aux populations. Les donateurs du waqf participent souvent à la cérémonie de livraison.

Initialement lors de cette cérémonie, l'ONG se contentait de demander publiquement avec insistance aux responsables d'établissements de prendre soin des ouvrages mis à leur disposition. Mais ayant constaté que cette consigne était ignorée dès les six premiers mois de la livraison, l'ONG a décidé désormais et ce, pour garantir la durabilité de ses projets de signer une convention écrite devant un avocat avec le chef d'établissement ou le Conseil de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES) qui s'engagent à prendre le relais de la maintenance selon les clauses du contrat.

v Phase de suivi-évaluation

Juste après la livraison, l'ONG dresse un rapport d'exécution comportant tous les renseignements relatifs au projet qu'il envoie à la fondation -mère qui en retour l'enverra éventuellement aux donateurs. Pour s'assurer de la bonne tenue des ouvrages, l'ONG mène périodiquement une évaluation qui consiste à porter une appréciation aussi systématique et objective que possible sur un projet ou programme achevé, sa mise en oeuvre et ses résultats. Si elle constate des manquements elle interpelle les différents responsables. Il n'existe entre l'ONG et les responsables des sites d'implantation des forages aucun cadre formel de concertation et de communication qui permet de relever les difficultés relevées sur le terrain. Il appartient seulement au Président de l'ONG et ses collaborateurs de s'assurer que les ouvrages fonctionnent.

8-2- ZONE D'ETUDE

8-2-1- Le Districtd'Abidjan

Notre étude s'est déroulée dans le District d'Abidjan. Le district d'Abidjan englobe les 10 communes urbaines et 3 nouvelles sous-préfectures?: Anyama, Bingerville et Songon. La fonction de maire d'Abidjan a été remplacée par celle de gouverneur du district, nommé par le chef de l'État.

Figure 4 :carte présentant notre zone d'étude

Figure 3 :localisation du District d'Abidjan

sur la carte de la Côte d'Ivoire

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE

1- CADRE DE REFERENCE THEORIQUE

Le présent travail s'inscrit dans le cadre de la théorie de développement (la théorie de la dialectique fonctionnement-changement), développé par Alain Touraine (1975). En effet, selon Alain Touraine, toute société humaine a une structure de fonctionnement qui maintient la continuité et cette continuité est nécessaire. Par conséquent, la stabilité-valeur réelle engendrée par la continuité peut devenir le repli sur une situation acquise, sur des statuts considérés comme immuables, donc un blocage à tout effort de développement Alain (1975). Ce blocage dans la stabilité paralysante peut être provoqué par l'ignorance, le manque des vraies informations, la passivité, la peur, la résignation, la manipulation. Il faudra donc que surgissent au sein du coeur de la société ou venues d'ailleurs, des personnes qui pensent autrement, qui prennent des initiatives, sortent des sentiers battus, suscitent des mutations favorables, rétablissent l'équilibre et la justice sociale. Leur action peut se dérouler de diverses manières.

L'action concertante ; sur un terrain spécifique, appelle les membres du groupe à se mettre ensemble, à chercher à découvrir, à promouvoir sur le plan local un autre mode de fonctionnement. Ici ce qui est important, c'est de parvenir à un large consensus de société locale au niveau des bénéficiaires des dons de l'ONG-AIDE et de mettre en place des occasions de concertations avec les bailleurs de fonds. L'action innovatrice ; sans mettre totalement en cause la structure sociale, il faut lui imprimer une nouvelle impulsion, l'orienter dans une mutation, susciter et former des animateurs. Le problème qui se pose ici repose sur la question : comment inculquer aux donateurs et aux bénéficiaires un comportement, une nouvelle façon de fonctionner et de vivre pour la pérennisation des forages ?

De toutes les façons, la communauté en quête de développement doit intégrer l'innovation, la créativité. Dans tous les cas, l'élément innovateur doit être, d'une certaine façon, bivalent : d'une part il doit être intégré à la communauté et y jouir d'une certaine estime, cela de façon à pouvoir agir par l'intérieur ; il est donc en quelque sorte favorable à la tradition, à la continuité. D'autre part, il doit savoir se distancier, être contestataire, évaluer, juger, critiquer, remettre en question l'institué, imaginer du neuf. Il est donc en même temps pour et contre et c'est ce qui lui donne la faculté de provoquer un changement doux, progressif, sans agressivité douloureuse.

Pour ce qui est de notre cas, nous ne pouvons pas aussi d'une manière brusque faire adopter un nouveau comportement aux donateurs et bénéficiaires. Toutefois tout devra partir de cette théorie de la dialectique-fonctionnement-changement où les acteurs concernés devront se mettre ensemble en vue de discuter de leurs problèmes. Cela peut se faire via un facilitateur interne ou externe afin que tous arrivent au même degré de compréhension et une prise de conscience sur les moyens de pérennisations des forages construits pour leur bien-être.

2- MÉTHODES D'INVESTIGATION

La collecte des données de la présente étude a obéi aux principes suivants :

2-1- EXPLORATION

En ce qui concerne la présente étude, la recherche documentaire et l'enquête exploratoire sont les constituantes de l'exploration.La recherche documentaire nous a permis de récolter des données utiles à l'élaboration de la présente étude. Pour ce faire, nous avons consulté des livres, essais et mémoires sur les questions de la pérennisation des projets des ONG. Cette exploration documentaire nous a conduit dans certains centres de documentation comme le Centre de Documentation de la Chaire UNESCO, la bibliothèque de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), la bibliothèque de l'Université Nangui Abrogoua etc. Nous avons consulté dans ces lieux des ouvrages méthodologiques et spéciaux. Nous avons également eu recours à la documentation en ligne (sur Internet) à partir des moteurs de recherche Google et Yahoo, et des portails comme revues.org et persee.fr.Cette phase a permis d'asseoir l'armature théorique de l'étude puisqu'elle a permis d'élaborer la problématique, les objectifs et les hypothèses de l'étude. Aussi, a-t-elle permis de traiter des questions méthodologiques, de protocoles d'enquête et de prendre conscience de l'opérationnalité des méthodes d'enquêtes. En outre, la recherche documentaire a permis de faire l'inventaire des travaux de recherche sur le contour de l'objet global de l'étude. Cette phase de documentation a été soutenue et éclairée par une enquête exploratoire.Comme son nom l'indique, c'est la phase de prise de contact avec le terrain d'étude dont les buts essentiels sont d'aider à construire une problématique plus précise, de formuler une question centrale de recherche. De même, elle nous a permis de fixer en meilleures connaissances de causes, les objectifs précis aussi bien finaux que partiels qu'il fallait que nous réalisions pour vérifier notre hypothèse de recherche.

Pour cette étude, l'exploration du terrain nous a conduits sur les sites des bénéficiaires du projet hydraulique de l'ONG-AIDE afin de nous familiariser au terrain d'étude et d'avoirun premier contact avec les acteurs sociaux impliqués dans la présente étude. L'objectif de notre recherche exploratoire a été donc d'acquérir une vision complète sur ce projet et aussi des questions relatives à sa pérennisation. Ce premier contact nous a aussi permis d'avoir quelques informations concernant le nombre de forages réalisés, les populations ou groupes sociaux bénéficiaires. En d'autres termes, elle a eu pour rôle de nous aider non seulement à la construction de notre objet d'étude mais également à élaborer les outils de collectes des informations.

2-2-OBSERVATION

L'observation nous a permis de compléter les données recueillies sur le champ d'étude et a servi à comprendre le contexte, et donc à expliquer les résultats. Pour ce faire, nous avons fait porter l'observation sur les indicateurs circonscrits dans l'espace et dans le temps. Nous avons dans un premier temps procédé au recueil d'informations sans nous adresser aux sujets concernés à l'aide d'un guide d'observation construit à partir des indicateurs préalablement définis et qui désignent les comportements à observer.

Dans un deuxième temps nous avons posé quelques questions de compréhension aux acteurs. Ainsi avons-nous effectué les deux variantes de l'observation à savoir : l'observation directe participante et l'observation directe non participante tout en écartant les risques de subjectivité liée au rapport observateur-observé dans la mesure de notre possibilité.

L'observation directe est, selon N'da (2003), une observation de visu ; le chercheur est présent sur le terrain : il perçoit, mémorise et/ ou note. Elle porte sur des comportements au moment où ils se déroulent. En effet, l'approche générale de la recherche nécessite une appréhension fine du contexte et des interactions individuelles et collectives entre les individus. Il a donc été indispensable que nous fassions une immersion dans le milieu et que nous procédions à l'observation de ce dernier. Les outils d'observation ont été d'une manière générale conçus sur la base de repères minimaux à partir desquels nous avons pu être attentifs à toutes situations intéressantes par rapport aux facteurs de la pérennisation des acquis de l'ONG. L'observation en générale repose sur l'enchainement des trois savoir-faire fortement imbriqués : percevoir, mémoriser, noter Stéphane (1998). Elle permet de décrire les composantes analysées (lieux, acteurs...) et aider à la découverte du sens et de la dynamique des phénomènes rencontrés.

Toutefois, pour améliorer notre attention à la réalité observée et la portée de la qualité d'observation, nous avons d'abord explicité nos perceptions et nos impressions mentalement. Puis nous les avons consignées par écrit, en prenant conscience que ces perceptions et sentiments dépendent non seulement d'un questionnement théorique mais surtout d'un point de vue empirique. Ainsi, nous n'avons cessé de faire varier les points de vue que nous prenions empiriquement pour observer. Cette phase d'observation a servi, notamment dans la phase exploratoire de l'étude de repérer le niveau d'engagement des membres de l'ONG-AIDE, de voir le niveau de fonctionnement de l'environnement social et économique de l'organisation et de capter le comportement de la population vis-à-vis des réalisations. Le travail d'observation a été l'occasion d'entreprendre une démarche d'entretien auprès des acteurs de l'ONG et des populations bénéficiaires.

2-3- ENTRETIENS

L'entretien est une technique qui s'impose lorsqu'on veut aborder certaines questions. C'est une démarche qui soumet le questionnement à la rencontre, au lieu de le fixer d'avance26(*). L'entretien est donc une méthode de production de discours permettant ainsi de recueillir des opinions et des faits concrets. L'enquête de terrain par les entretiens fait également apparaître des processus en révélant certaines logiques d'action.Cette étude fait appel à une enquête par entretien. En effet, tout au long de cette recherche, les entretiens ont constitué le mode de collecte principal des informations.

Au cours donc de nos enquêtes par entretien avec les acteurs impliqués dans la présente étude, nous avons usé d'entretiens compréhensifs que Jean-Claude Kaufmann27(*) estime être une technique d'investigation utilisée pour pallier les insuffisances des techniques classiques d'interview. Situé selon l'auteur, au carrefour des entretiens semi-directifs et des entretiens de type ethnologique, l'entretien compréhensif constitue une méthode spécifique. La raison en est que dans l'entretien compréhensif, l'enquêteur s'engage à aller en profondeur dans lesquestions en rompant toute idée de hiérarchie, en évitant tout de même une équivalence des positions et en provoquant l'engagement de l'enquêté.

Alors que les techniques d'entretiens habituelles auraient tendance à réduire les variations d'un entretien à un autre, Jean-Claude Kaufmann (1996) considère que « La meilleure question n'est pas donnée par la grille : elle est à trouver à partir de ce qui vient d'être dit par l'informateur »28(*). La grille de question dans le cadre de l'entretien compréhensif constitue donc, selon lui, un guide très souple qui, une fois rédigée, il est rare que l'enquêteur ait à les lire et à les poser les uns après les autres. L'idéal étant de susciter un entretien dynamique plus riche que la simple réponse aux questions.L'entretien compréhensif a donc pour principe de ne pas se limiter à un type d'entretien mais en une variété de types d'interviews avec un guide d'entretien le plus souple possible. Sur cette base, les entretiens que nous avons conduits étaient de type semi-directif et également de type centré.

L'entretien semi-directif est une technique relative à l'approche qualitative de cette étude. Elle permet à l'enquêté d'être dans les meilleures conditions sans aucune contrainte, afin de fournir les informations nécessaires pour la réalisation de l'étude. Dans le cadre de la présente étude, deux guides d'entretien ont été réalisés. Ces guides portent sur les thématiques relatives au dispositif institutionnel mis en place par l'ONG AIDE pour la réalisation des projets, les moyens de mise en oeuvre des projets hydrauliques, ainsi que les difficultés rencontrées par l'ONG AIDE et les perceptions mobilisées par la population autour des réalisations de l'ONG.

L'entretien de type centré a été rendu possible à l'aide d'un questionnaire. Grawitz (1996) définit le questionnaire comme étant « un moyen de communication entre l'enquêteur et l'enquêté. Il comporte une série de questions concernant les problèmes sur lesquels on attend une information de l'enquêté »29(*). Dans le cadre de la présente étude, un questionnaire a été aussi élaboré. Il porte sur la thématique relative aux perceptions que se font les bénéficiaires des projets hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE.

Toute cette démarche a été faite selon le principe de l'atteinte des objectifs fixés, la vérification de l'hypothèse et enfin l'établissement d'une réponse à la question de départ.

En somme, le recours à la recherche exploratoire, associée à l'observation et aux entretiens, comme méthodes d'investigation ont été d'une importance capitale. Notre démarche s'accorde avec les suggestions de Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt (1995) 30(*) qui estiment que la plus part du temps, les entretiens et les observations directes sont accompagnés de la recherche documentaire aux phénomènes étudiés. Toutefois, le choix des acteurs répondant aux entretiens et des sites visités pour la réalisation de l'étude a obéi à une technique. En effet, lors d'une étude scientifique, il n'est souvent pas possible d'interroger tout le monde : d'où le choix d'une cible.

3- CIBLE DE LA RECHERCHE

Dans le souci d'être en accord avec les objectifs de l'étude, la population de l'étude intègre l'ensemble des acteurs sociaux du terrain d'étude susceptible de nous fournir des informations sur le problème qui nous préoccupe. Ceux-ci sont alors structurés en deux (02) principales catégories d'acteurs :

Premièrement, les responsables des organes de l'ONG-AIDE. Il s'agit des membres des différents organes de décision, d'exécution et de contrôle de l'ONG. La référence à cette catégorie d'acteurs s'est avérée nécessaire parce qu'ils constituent les acteurs clés de la structure.

Deuxièmement, les populations bénéficiaires des réalisations hydrauliques de l'ONG. Notre enquête auprès de ce groupe nous a permis de constater et de mesurerleur degré d'implication à la réalisation et la pérennisation des ouvrages hydrauliques. Le recours à cette cible est bien attendu justifié par les objectifs spécifiques que nous nous sommes fixés. Ne pouvant pas interroger tous les acteurs, nous avons dû faire un choix de quelques acteurs de chaque cible à même de nous permettre d'atteindre nos objectifs de recherche.

4- ECHANTILLONNAGE

Echantillonner, c'est choisir un nombre limité d'individus ou d'événements dont l'observation permet de tirer des conclusions appréciables à la population entière à l'intérieur de laquelle le choix a été fait BILOSO (2008). La problématique de l'étude, les objectifs, les hypothèses et le lieu de l'étude sont les bases sur lesquelles devront répondre les éléments constitutifs de l'échantillon. Au regard de cette orientation particulière une question surgit : quel effectif de population retenir pour cette opération ? Cette question nous a conduits à déterminer un taux de sondage. Pour ce qui concerne le choix des acteurs des organes de l'ONG-AIDE, compte tenu des caractéristiques de chaque fonction du bureau et du temps d'exécution des travaux, nous avons été contraints d'opter pour une méthode des unités types : c'est la plus empirique des méthodes, elle consiste à choisir un individu « moyen », dite « unité type », que l'on déclare « représentatif » d'un groupe d'individus possédant les mêmes caractéristiques. En claire nous avons interrogé au total les personnes à même de nous fournir des informations sur l'ensemble des démembrements et du fonctionnement de l'ONG AIDE. Ainsi, avons-nous effectué des entretiens avec le premier et le deuxième Président de l'ONG, et, dans un second temps, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire Général de ladite structure.

Pour ce qui est des bénéficiaires, nous avons eu recours aux responsables des sites du fait que les bénéficiaires sont représentés par ceux-ci. A ce niveau, nous optons pour un quota fixe compte tenu de nos moyens limités. Ce taux est de l'ordre de vingt (20) responsables de site pour l'ensemble du District d'Abidjan. Selon les informations recueillies, la ville d'Abidjan a bénéficié de trente-cinq (35) forages dans quatre communes Ces 35 forages sont repartis comme suit :

Port-Bouët, (23) forages ; Koumassi, (5) forages ; Yopougon,(5)forages ; Abobo, (2) forages. Compte tenu de la base de données fiables et de l'hétérogénéité du nombre de forages construits dans ces communes, nous avons opté pour une stratification avec allocation proportionnelle (Pascal, 2006)31(*). Cette technique permet d'avoir un poids équilibré d'acteurs de responsables de sites à interroger dans les strates (Port-Bouët, Koumassi, Yopougon, Abobo). Après avoir effectué les calculs sur cette base, il ressort que nous devons interroger32(*) : treize (13) responsables de sites à Port-Bouët, trois (3) à Koumassi, trois (3) à Yopougon et un (01) responsable de site à Abobo. Le nombre individus de chacune des populations étant connus, le choix des individus à interroger au sein de chaque strate s'est fait selon un échantillonnage aléatoire simple(ou probabiliste).Nous avons donc procédé par tirage au sort pour déterminer les individus auprès de qui nous avons mené nos investigations. En effet lorsque nous avons circonscrit notre champ d'étude trois possibilités se présentaient à nous relativement aux personnes à interroger parmi les bénéficiaires :

- soit accueillir des données sur la totalité de la population couverte par notre champ (compte tenu de la taille réduite de cette population) ;

- soit nous limiter à un échantillon (représentatif) de cette population (lorsque cette population est très importante et qu'il faut récolter beaucoup de données pour chaque individu),

- soit n'étudier que certaines composantes très typiques de cette population.

En fonction de nos objectifs derecherche, nous avons opté pour le recueil de données à partir d'un échantillon (représentatif). Dans un tel contexte il nous a fallu spécifiquement prendre en compte trois facteurs ayant une incidence à la fois sur les méthodes que nous avons choisies et sur la validité de nos conclusions :

Ø Premièrement il a fallu que nous définissions une base de sondage, c'est-à-dire faire une description de l'ensemble de tous ceux qui pourraient éventuellement être inclus dans l'échantillon ; ici c'est l'ensemble des responsables des sites ayant reçu des forages de l'ONG à Port-Bouet, Koumassi, Yopougon, et Abobo.

Ø Deuxièmement il nous a fallu décider de la taille de l'échantillon, c'est-à-dire combien d'individus seront retenus par rapport à la population d'enquête. Cette taille (quota de vingt (20) personnes) a été définie en fonction du budget et des ressources disponibles, du nombre de sous-groupes qui doivent être étudiés, du temps disponible et du temps nécessaire pour mener à bien une étude en bonne et due forme .

Ø Troisièmement, nous avons dû faire le choix de la méthode de stratification avec allocation proportionnelle suivie d'un échantillonnage aléatoire simple.

Communes (populations)

Nombre de forages (effectif total)

Nombre d'enquêtés (population témoin ou échantillon)

Port-Bouët

23

13

Koumassi

5

3

Yopougon

5

3

Abobo

2

1

Figure5 : Tableau de synthèse du nombre d'enquêtés par commune ayant bénéficié

de la réalisation du projet hydraulique de l'ONG-AIDE de 2013 à 2017.

.

TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET

DISCUSSIONS

1- DISPOSITIF INSTITUTIONNEL DE L'ONG

1-1- LE DEFICIT D'IMPLICATION DES BENEFICIAIRES

Les entretiens ont permis de noter que L'ONG-AIDE gère ses projets en sept (7) phases : la phase de la programmataion,de l'identification,de l'instruction, du finacement ,de la réalisation ,de la livraison et du suivi évaluation. Les bénéficiaires n'interviennent véritablement que quand leq infrastructures sont prêtes à être livrées . ils n'ont aucune contribution financière à apporter aux projet. Cette situation pourrait être l'une des causes de la non appropriation des ouvrages . Le graphique (figure 6) illustre bien nos affirmations .

Figure 6 : parts de contribution de la Fondation Hudayyi dans le financement

des activités de L'ONG AIDE de 2013 à 2017

Source : données enquêtes de l'impétrant 2018

Au regard de ce graphique, il ressort clairement que l'ONG AIDE est financée presque totalement par des apports extérieurs et principalement grâce à la générosité des entrepreneurs turcs. La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî est en tête d'autant plus que l'ONG AIDE est en réalité un démembrement de son Organisation. Les bénéficiaires n'ont aucune contribution financière à apporter car la forme de mobilisation des fonds n'autorise aucun apport de la part des bénéficiaires. Cette situation pourrait porter atteinte à la pérennisation des acquis de l'ONG.

Les entretiens nous ont donc permis de retenir que L'ONG-AIDE est confrontée à des difficultés qui menacent la durabilité de ses actions. Ces difficultés se situent au niveau de son organisation, de son fonctionnement et de son mode de financement.

1-2- DISFONCTIONNEMENT INSTITUTIONNEL DE L'ONG

Nos enquêtes ont révélé que l'ONG AIDE est certes une ONG de droit ivoirien mais son fonctionnement dépend de la Fondation Hudayyi qui l'a créée. Cette situation fait que les acteurs locaux qui sont constamment confrontés aux réalités du terrain n'ont aucune marge de manoeuvre quant à l'orientation des actions de la structure. En dépit des efforts fournis, l'ONG connaît encore de sérieuses difficultés de développement institutionnel. Les stratégies mises en oeuvre n'ont pas toujours eu les résultats escomptés malgré les multiples initiatives mises en place visant l'amélioration

1-2-1- Au plan organisationnel

Au plan organisationnel, les enquêtes ont révélé que seulement 2% des membres statutaires travaillent au sein de l'ONG. Cela s'explique par le fait qu'en réalité l'ONG AIDE a été créée pour donner de la légitimité aux actions caritatives de la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî sur le sol ivoirien. Le choix des personnes pour militer au sein de la structure ne s'est pas fait selon un critère sérieux et rigoureux ; il fallait créer l'ONG pour que la Fondation intervienne dans la légalité. Par conséquent les signatures des connaissances ont été sollicitées pêle-mêle pour remplir les formalités administratives. L'ONG ne tient pas d'Assemblée Générale qu'en cas de crise majeure et avec moins d'un quart des membres statutaires. Les décisions ne sont donc pas prises au cours de l'Assemblée Générale comme prévu par les textes de la structure.

En plus il ressort que le personnel administratif recruté pour travailler au sein de l'ONG n'est pas satisfait de travailler à l'ONG AIDE. Un enquêté a révélé : « AIDE c'est un tremplin ; moi je ne compte pas durer ici, les salaires sont trop bas ».A Propos de cette structure Bakayoko (2017) a écrit « l'ONG AIDE a un bon potentiel mais présente des insuffisances au niveau de la gestion de ses ressources humaines ; toutes choses qui conduiront à faire perdre à la structure du personnel indispensables à son développement ; il est inadmissible qu'un personnel qui n'arrive pas à joindre les deux bouts du fait de la petitesse de son salaire donne le meilleur de lui-même. Dès qu'il trouve mieux ailleurs, il abandonne son poste ». Si les membres statutaires ne travaillent pas au sein de l'ONG et que le personnel salarié est remplacé constamment par de nouveaux personnels qui en général n'ont aucune expérience en matière de gestion d'une ONG, il va sans dire que c'est la mémoire et la survie de l'organisation même qui sont menacées.

1-2-2- Au niveau du fonctionnement

Notre objectif à travers ce point est d'étudier l'implication des parties prenantes et surtout des bénéficiaires dans les différentes phases de déroulement des projets de l'ONG AIDE. Comme nous l'avons signifié précédemment, l'ONG AIDE reste une antenne locale, un relais de la FondationAziz Mahmud Hüdâyî ; cette réalité laisse peu de marge de manoeuvre à ses dirigeants qui de ce fait, accordent peu de place à l'approche participative. A quoi sert-il de perdre son temps dans des discussions sur des projets déjà conçus à l'avance ; nous on veut être concret : apporter aux gens ce dont ils ont besoin dans la mesure de notre possibilité et non perdre notre temps dans des débats stériles33(*).La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî n'est qu'une puissante organisation de collecte de fonds auprès des musulmans turcs pour ensuite les redistribuer aux destinataires prédéfinis par les donateurs. Elle a assis sa crédibilité durant des siècles grâce à sa rigueur dans la bonne gestion des dons des bienfaiteurs. La Fondation a pour principe cardinal de ne trahir la volonté du donateur pendant la redistribution des fonds collectés. Par exemple si un donateur va vers la Fondation pour solliciter ses services pour l'acheminement de ses dons vers les pauvres, il peut spécifier ou non les destinataires de sa contribution. Si le destinataire est spécifié, la Fondation n'aurad'autre choix que de s'y conformer strictement au risque de perdre sa crédibilité auprès de ce donateur. Or en général, la plupart des waqfs qu'on confie à l'ONG AIDE sont des dons de cette nature. En fait dans l'imaginaire populaire turc, l'Afrique est un continent pauvre où les populations manquent de besoins les plus vitaux tels que l'eau potable ; c'est pourquoi ils envoient leurs dons en Afrique sinon, ils pouvaient faire leur acte de bienfaisance en Turquie même 34(*).

Ainsi, l'ONG dans son fonctionnement agit comme une personne à qui on a remis un Sodaka35(*) pour aller remettre à un besogneux. Celle-ci est plus préoccupée à trouver un quelconque besogneux pour accomplir son acte sacrificiel qu'à passer son temps à discuter sur la manière de faire le « sacrifice » ouà rechercher un type particulier de receveur. C'est justement pour cela qu'il ne peut y avoir de substitution de projet même si certains établissements l'ont demandé. Consciemment ou inconsciemment, cette vision des choses tend à amener l'ONG à ne pas accorder d'importance aux longs débats que pourrait nécessiter la pratique d'une approche participative au profit d'une intervention de type `'projet prêt à porter'' pour des `'bénéficiaire prêt à porter `

1-2-3- Au plan financier

Sur le plan financier l'ONG AIDE n'est pas autonome. Son existence et sa survie dépendent en grande partie des donateurs externes composés en majorité de turcs. La non implication des bénéficiaires au financement des projets est aussi due à la confusion qui s'instaure inconsciemment dans les esprits entrel'aide sociale et l'aide au développement. Pour notre part, l'aide sociale ou humanitaire intervient pour sauver la vie alors que l'aide au développement vient changer les conditions de vie. Or ceux qui donnent leurs biens, pour aider les pauvres, pensent plus à l'aide sociale qu'à l'aide au développement. Alors comment demander une contribution de la part de celui dont la vie est menacéedu fait de sa condition de vie ? Sauver tout de suite la vie, voir les effets de sa générosité pour se faire une bonne conscience vis-à-vis d'Allah ou bien lui demander une hypothétique contribution pour le financement d'un probable développement dont on n'est pas sûr des résultats. Ce qui est évident c'est que de 2013 à 2017 les dons pour des actions humanitaires dépassent largement celles de l'éducation et du développement des projets communautaires, (voir figure 7.)

DEPENSES EN FCFA

ANNEES

Figure7 : Financement par domaines d'activités de l'ONG AIDE par la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî de 2013 à 2017

Source : Nos calculs à partir des Bilans annuels de l'0NG

Le graphique montre que l'ONG met au premier plan l'action humanitaire, ensuite l'éducation et enfin la réalisation des projets. En réalité le fond dominant de l'intervention de l'ONG AIDE reste et demeure les actions sociales qui dans l'imaginaire populaire se fait dans un seul sens : du donateur au receveur. Le donateur n'attend du receveur que des « mercis » et le receveur se doit d'être reconnaissant vis-à-vis du donateur.Vu sous cet angle, le donateur et le receveur s'inscrivent dans une dynamique d'interdépendance morale qui agira comme une sorte de pesanteur empêchant une collaboration franche et orientée vers un véritable changement et l'atteinte des objectifs de la pérennisation.Au fond, dans la pratique, la réalisation des forages a en réalité une finalité humanitaire alors que l'activité pour y arriver est de l'ordre de projet. Cela a souvent conduit l'ONG à agir en un simple `'humanitaire'' au sens restreint du terme au lieu de `'développeur'' dans le sens de gestion de projets pour aboutir à un `'extrant humanitaire''.

Cette façon de voir les choses a fait que dans ses débuts l'ONG livrait les forages sans se soucier de la question de la durabilité. C'est en réalisant que les investissements devenaient des gâchis peu de temps après qu'elle a commencé à reconsidérer son approche. Mais un autre problème demeure : quelles sont les garanties que ceux avec qui l'ONG a signé des accords respecteront leur engagement ? Quelles sont les conséquences du non-respect des engagements ? Notre enquête, ne nous a pas permis d'avoir de réponses satisfaisantes à ces préoccupations.

1-2-4- Au plan d'appui institutionnel

Au plan institutionnel, il n'existe aucun cadre d'harmonisationdes activités des ONG ; cette lacune fait quecertaines ONG ne pouvant pas faire un bon ciblage de leurs interventions agissent comme elles peuvent. Cette absence d'encadrement fait que rien ne contraint l'intervenant à se référer aux documents stratégiques ou programmatiques du pays et /ou des collectivités décentralisées dans lesquels les actions prioritaires du développement ont déjà été définies. A titre illustratif, nos enquêtes nous ont révélé que dans certains contextes, les populations n'avaient pas besoin de forages mais plutôt d'autres réalisations qu'ils avaient déjànotifiées à la collectivité décentralisée de leur localité. Une enquêtée disait : Quand ils sont venus me dire qu'ils voulaient faire un forage, je leur ai dit que nous n'avions pas besoin de forage. Nous leur avons dit qu'au lieu de faire un forage, qu'ils nous donnent des machines à coudre. Mais ils ont insisté qu'ils ne pouvaient substituer le forage par autre chose ; finalement ils sont partis et ne sont plus revenus ; comme nous avons introduit une demande à la mairie alors nous attendons. Ainsi, si l'ONG AIDE avait consulté la collectivité décentralisée de cette localité et qu'il y avait une bonne coordination entre celle-ci et l'ONG, certainement que cela aurait permis une bonne orientation de l'intervention.

Par principe, l'Etat au nom de la liberté associative garantie par la constitution ne s'immisce pas dans les affaires d'une ONG tant qu'elle n'enfreint pas aux lois du pays. Tant qu'une ONG peut apporter quelque chose de bien aux populations, l'Etat ne se mêle pas dans sa gestion interne. Or il serait souhaitable que l'Etat jette un regard sur les activités des ONG. Cela pourrait permettre de recadrer et orienter certaines actions caritatives. Il est évident qu'en l'absence de tout encadrement l'ONG agit comme bon lui semble d'autant plus qu'elle veut rester fidèle à sa mission : distribuer aux besogneux les dons qu'on lui a confiés. Idéalement, il serait préférable que l'ensemble des activités des ONG s'inscrivent dans le Plan National de Développement(PND) ou tout au moins dans une stratégie d'intervention définie par l'Etat, les OSC, et les PTF.

2- ANALYSE DES PERCEPTIONS DES BENEFICIAIRES

Les entretiens réalisés révèlent trois formes de perceptions chez les bénéficiaires des projets de l'ONG AIDE. La première est relative à leur niveau d'implication dans la mise en oeuvre du projet, la deuxième porte sur leur idée des ouvrages mis à leur disposition et la dernière sur leur capacité à entretenir les ouvrages.

2-2- SENTIMENT D'IMPLICATION

Nous avons capté le degré d'implication de la population à travers la construction du graphique (figure 8) ci-dessous.

Figure 8 : Niveau d'implication des acteurs au processus d'exécution des projets de l'ONG AIDE

Source : nos calculs à partir des données recueillies

Le graphique montre que globalement, les bénéficiaires sont impliqués dans toutes les phases du projet. Les deux phases au cours desquelles ils ne sont pas ou sont insuffisamment impliqués sont celles du financement et de la réalisation. Pourtant les entretiens laissent entrevoir que, les bénéficiaires ne sont pas réellement impliqués durant les phases de la réalisation et de l'instruction du projet. Cette faiblesse de l'approche participative constitue un frein à la pérennisation des acquis des projets de l'ONG. En effet comme l'indique le graphique les populations ne se sentent vraiment associées que pendant la livraison des ouvrages. Notre enquête a révélé que de nombreux responsables de sites ont été certes associés dès la mise en place des projets mais que leur participation avait un caractère soit imposé ou de fait. Un enquêté a affirmé « Nous on voulait autre chose (les latrines), mais l'ONG voulait faire le forage, alors comme on ne refuse pas un don, nous l'avons accepté : « On dit que trop de viande dans la sauce ne gâte pas la sauce ».

Un autre enquêté déclare : Moi je n'étais pas là quand on faisait ce forage, peut être que c'était opportun il y a deux ans, mais moi si on demande mon avis aujourd'hui, je demanderais de substituer ce projet en dotation de mon établissement en machines à coudre, car chez nous ici nous préférons l'eau de la SODECI et le problème majeur qu'on a c'est le manque d'outils de travail.

Lorsque nous avons demandé pourquoi l'ONG s'évertuait à réaliser des forages au lieu de tenir compte de la volonté des bénéficiaires, la réponse du Président a été la suivante : « L'ONG AIDE intervient là ou ses moyens lui permettent ; si un établissement n'est pas prêt à recevoir nos propositions, alors nous cherchons un autre lieu là où les responsables sont prêts à nous recevoir ». En effet la plupart des enquêtés ont reconnu qu'ils avaient un souci d'eau mais que leur volonté était d'être connecté au réseau de distribution de la SODECI et non liés à un forage qui pourrait tomber en panne du jour au lendemain.

Mais comme nous l'avons signifié précédemment, l'ONG intervient dans un canevas bien précis : « si un établissement estime qu'il n'a pas besoin de nos forages alors nous on ne peut pas faire autre chose on ne peut pas substituer ce projet en un autre d'autant plus que la plus part de ces projets sont issus des dons des personnes qui ont précisé la destination de leur fonds »36(*).

Normalement il n'y aurait aucun souci si au moins la majorité des chefs d'établissements refusaient tout don qui ne s'inscrivait pas dans leur priorité à l'instar d'une responsable d'établissement à Port-Bouët qui nous a révélé :Quand ils sont venus me dire qu'ils voulaient faire un forage, je leur ai dit que ce que nous voulions c'est qu'au lieu de faire un forage, qu'ils nous donnent des tables bancs. Mais ils ont insisté qu'ils ne pouvaient substituer le forage par autre chose ; face à leur refus de se soumettre à notre volonté, je leur ai dit de partir et que je n'avais pas besoin de forage.

Les personnes qui réagissent de cette manière face à un donateur étranger (de surcroit de peau blanche) sont rares car dans la culture africaine surtout, refuser un don est une grande maladresse. C'est ce qui fait que la grande partie des bénéficiaires, même sans avoir été associés au choix des projets ne refusent pas par politesse ce qu'apporte l'ONG. Mais n'étant pas demandeurs, ils observent une attitude d'indifférence voire de négligence vis-à-vis du projet. C'est pourquoi quand les forages tombent en panne, ils restent indifférents.

2-3- PERCEPTION SUR LES OUVRAGES

Notre enquête nous a révélé que certes les forages étaient inscrits dans les préoccupations des bénéficiaires mais queson importance est inférieure à la somme algébrique des autres problèmes dont souffrent les établissements.

Le graphique (figure 9) ci-dessous nous explique mieux cette idée.

Figure 9 : expression des degrés de problèmes des bénéficiaires

Source : données enquête impétrant 2018

Il est évident qu'en regardant ce graphique, il ressort que la question de l'eau occupe la plus grande proportion (45%) ; mais la somme algébrique des autres problèmes que sont les questions des tables bancs (25%), des latrines (28%) et autres demandes telles que la peinture de l'école (2%) dépasse de loin le problème d'eau (55%)contre (45 %).

Ainsi lorsque l'ONG est venue les voir elle ne leur a proposé que des projets de forages, ils n'avaient pas le choix de préciser leur priorité. La plupart des enquêtés ont déclaré : « Nous on n'avait pas le choix ; puis on ne refuse pas un cadeau ; ils sont venus nous offrir gratuitement ces ouvrages, nous n'avons rien apporté comme contribution alors pourquoi les refuser ?».

C'est-à-dire que la majorité des établissements ont accepté les forages malgré eux ; puis de nombreux enquêtés ont reconnu qu'ils avaient certes un souci d'eau potable mais qu'ils souhaitaient être accompagnés dans les démarches de connexion au réseau de la Société de Distribution d'Eau Potable en Côte d'Ivoire (SODECI). Mais l'ONG AIDE a jugé que c'était le forage qui leur revenait moins cher car avec les forages, il n'ya aucun souci de paiement de facture d'eau. Ainsi, les réalisations de l'ONG sont perçues comme des dons gracieusement faits par des bienfaiteurs extérieurs.

Lorsque nous avons posé la question de savoir pourquoi quand les ouvrages tombaient en panne les responsables d'établissements ne s'en souciaient pas au point de laisser à l'abandon des forages entiers, la réponse de 85 % des enquêtés a été la suivante : « j'avoue que moi-même je ne fais pas attention à cela, vous savez on a tellement de problème à l'école ici que le cas des forages devient du menu fretin dans tout ça ». En clair, nombreux sont ces forages qui ont été faits sans avoir eu l'adhésion sincère des autorités scolaires. Les bénéficiaires ont accepté certains ouvrages par politesse ou par la volonté de montrer qu'on a des partenaires extérieurs, ou par ce qu'ils pensaient qu'à travers un premier projet, d'autres projets s'en suivraient. Un enquêté affirme en ces termes : « Comme on ne refuse pas un cadeau, c'est pourquoi nous avons accepté sinon vraiment nous voulions autre chose... ». Il est donc évident qu'un forage réalisé dans de telles conditions, une fois tombé en panne ne peut bénéficier de l'attention de qui que ce soit au niveau de l'école, remettant du coup en cause la durabilité de l'ouvrage.

Figure 10 : Photo d'un forage laissé à l'abandon dans la commune de Port Bouet

Source : Enquête impétrant 2018

C'est ainsi que sur un total de trente-cinq (35) forages réalisés entre 2013 et 2017, neuf (9) fonctionnent aujourd'hui.Par ailleurs il importe de relever qu'en fait, même si le projet répond à un besoin identifié, il se peut que les populations concernées soient peut-être plus impatientes d'avoir la satisfaction d'autres besoins que d'avoir un ouvrage d'eau potable.

L'analyse du retour au statu quo des bénéficiaires trouve aussi son explication à l'interne même des communautés En effet les populations des pays du sud vivent dans l'extrême pauvreté avec un seuil de pauvreté très inquiétant. L'accès aux services sociaux de base reste très faible et un pouvoir d'achat qui se détériore au jour le jour. Ainsi, devant un tel phénomène les populations en voyant `'l'Etranger blanc'' s'imaginent que ce dernier les soulagera certainement de quelques-unes de leurs souffrances.Devenues mentalement trop dépendantes vis-à-vis des aides externes, les bénéficiaires attendent tout de l'extérieur même ce qu'elles peuvent faire elles-mêmes : c'est le développement du sentiment d'incapacité à se prendre en charge.

2-4- SENTIMENT D'INCAPACITE A ENTRETENIR LES OUVRAGES

Nous avons au cours de notre enquête interrogé les personnes avec qui l'ONG a signé des contrats d'entretien des ouvrages sur leur capacité à pouvoir respecter leur engagement ; la figure 11 (graphique) ci-dessous indique le résultat.

Figure 11 : proportion des enquêtés sur le sentiment d'incapacité d'entretiens

Source : données enquête 2018

Il apparait que seulement 9% de la population enquêtée estime pouvoir respecter son engagement, 32 % estime qu'elle ne pourra pas et 59% avoue ne pas avoir d'idée nette sur la question. « En fait nous avons signé ces contrats par pure formalité, nous sommes convaincus qu'on nous enverra pas en prison pour n'avoir pas entretenu un forage dont nous ne sommes pas demandeur » s'est confié un enquêté. De tels propos ne peuvent que remettre significativement en cause la pérennisation du projet. Or, la prise en compte des aspirations des bénéficiaires constitue une condition incontestable de la durabilité d'un projet.L'ONG AIDE a signé la plupart des contrats avec les chefs d'établissements par pure formalité en espérant que cette signature contraindrait les acteurs bénéficiaires à plus de responsabilité dans l'entretien des ouvrages. Les entretiens indiquent que seulement une minorité de membres de Comités de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES) ont participé à cette opération. Or nous savons que les chefs d'établissement sont pratiquement tous des fonctionnaires ou des salariés qui peuvent être mutés ou remplacés à tout moment.

Il n'existe dans le contrat aucune clause coercitive pouvant contraindre l'Etablissement à assurer l'entretien des ouvrages sous peine de sanction. D'ailleurs cette éventualité est à écarter car aucun responsable d'Etablissement n'accepterait de signer un tel document. Ainsi, il n'existe rien en réalité qui puisse emmener les acteurs locaux à entretenir les ouvrages.

Par ailleurs la mise à contribution de la communauté dans la pérennisation des acquis du projet pourrait se faire à travers la mise en oeuvre des Activités Génératrices de Revenus(AGR) et le renforcement des capacités des représentants de la communauté. Les AGR visent l'amélioration de la situation économique de la population cible par une augmentation du pouvoir d'achat. La promotion des AGR peut contribuer à la redynamisation d'une économie locale à travers la récupération et l'amélioration des activités existantes d'une part et la création de nouvelles sources de revenus d'autre part ACF (2009). Dans une publication sur les AGR, Action Contre la Faim(ACF) évoque quelques éléments essentiels à garder en esprit lors de la conception d'une intervention dans ce domaine ACF (2009). En prime, il s'agit de l'introduction de nouveaux types d'AGR et du renforcement des activités traditionnelles lorsque le contexte le permet car l'impact est plus rapide et durable. En second lieu, il est bien de savoir qu'il n'existe aucune recette miracle pour la mise en place de ce genre de programme. Il y a une nécessité à évaluer la pertinence de l'intervention et d'adapter les activités à la spécificité de chaque contexte. De plus, la motivation et la participation de la population impliquée dans le projet sont des conditions indispensables pour tout type de programme d'AGR. En dernier lieu, il faut conduire une évaluation sur les effets pervers de l'intervention.

CONCLUSION

En définitive, notre recherche se proposait, de rechercher les facteurs pouvant assurer la pérennisation des projets hydrauliques de l'ONG AIDE dans le District d'Abidjan. Pour atteindre cet objectif de recherche, nous avons d'abord exploré le terrain grâce aux lectures et entretiens exploratoires pour concevoir une problématique de recherche. Ensuite ; pour rendre la question de recherche opérationnelle, nous sommes partis de l'hypothèse selon laquelle le mode de fonctionnement de l'ONG AIDE et l'attitude des communautés bénéficiaires vis-à-vis des réalisations de l'ONG sont des facteurs entravant la pérennisation de ses acquis. La vérification de cette affirmation anticipée nous a conduits à élaborer un cadre théorique, et un cadre méthodologique relatifs à notre thématique. Ces cadres d'étude ont servi à expliquer nos options théoriques d'une part etd'indiquer nos stratégies de recherche d'autre part. Les outils que nous avons utilisés pour collecter les données sont : l'exploration, l'observation et les entretiens. Ce travail nous a permis de dégager deux axes de recherche autour desquels nous avons mené nos investigations.

Le premier axe a concerné le dispositif institutionnel, les moyens de mise en oeuvre des projets hydrauliques de l'ONG ainsi que les difficultés rencontrées. A ce niveau, il ressort qu'outre les problèmes structurels que connait l'ONG AIDE,la stratégie d'intervention adoptée par cette organisation pour la réalisation de ses projets ne prend pas suffisamment en compte les aspirations profondes et la culture des bénéficiaires. Par ailleurs l'ONG ne bénéficie pas d'un encadrement de la part des pouvoirs publics sensés l'orienter dans ses actions de développement dans le pays ; toutes choses qui ont entrainé de nombreux ciblages inadaptés.

Le deuxième axe a consisté à analyser les perceptions des bénéficiaires vis-à-vis des projets réalisés à leur profit. Sur ce plan, notre enquête a révélé que globalement, les bénéficiaires pensent que leur implication ou participation aux différentes phases du projet leur était tacitement imposée, que leur volonté n'a pas été prise en compte pendant l'élaboration et la mise en oeuvre des projets et qu'ils se sentent incapables d'assurer l'entretien des ouvrages mis à leur disposition.

Au regard de ces résultats, il apparait que l'ONG AIDE est une antenne locale de la Fondation internationale turque`'Aziz Mahmûd Hudayî. L'ONG n'a donc aucun véritable pouvoir de décision sur l'orientation et la conduite de ses interventions. Les interventions de l'ONG sont liées à des convictions religieuses, à une recherche de satisfaction morale tant au niveau des donateurs que des exécutants qu'à une analyse stratégique des défis nationaux ou de la politique nationale de développement.

Par ailleurs, les bénéficiaires perçoivent les projets de l'ONG AIDE comme desSodakaqu'il serait maladroit de refuser et par conséquent, ne font pas d'effort pour assurer leur pérennisation.Ces résultats confirment notre hypothèse

Cette étude nous a aussi permis de constater que les investissements de la Fondation Aziz Mahmûd Hudayî par l'entremise de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire en général et dans le secteur de l'hydraulique en particulier, constituent une manne financière importante qui mérite d'être captée. La mise en oeuvre réussie des programmes et politiques contenus dans le PND et dans les programmes triennaux des collectivités décentralisées nécessite la pleine mobilisation de toutes les ressources en circulation dans le pays. C'est pourquoi, nous recommandons au Gouvernement de mettre en place une politique nationale qui devrait tracer une ligne de conduite de l'ensemble des acteurs au développement et éviter ainsi, l'anarchie, le chevauchement des interventions et des financements improductifs ou inadaptés au contexte. Ainsi, les pouvoirs publics devront mettre en oeuvre des stratégies de mobilisation de ces ressources en redoublant de vigilance sur les activités de toutes les ONG. Pour ce faire, il serait souhaitable que l'Etat mette en place un Système de Gestion Informatisée de l'Aide Privée au Développement (SGIAPD) qui inclurait les ONG d'une certaine importance telle que l'ONG AIDE. Aussi l'Etat devrait-t-il réviser l'unique loi de 1960 sur les associations pour doter le pays d'un nouveau texte qui prend en compte les évolutions intervenues dans le fonctionnement des organisations à but non lucratif.

Nous recommandons à la Fondation Aziz Mahmûd Hudayî d'appuyer l'ONG AIDE pour qu'elle fonctionne comme une association nationale à part entière ou une fondation de type waqf capable de financer ses projets intégralement ou en grande partie à travers la mobilisation des ressources locales sans toutefois exclure les apports extérieurs. Au terme de cette étude, nous sommes conscients qu'elle est loin d'être exhaustive ; cependant, elle constitue pour nous une base pour des études futures notamment en thèse sur la recherche sur les facteurs de pérennisation des acquis des ONG de façon générale ; l'approfondissement de la question du rapport entre les pouvoirs publics et les ONG, l'exploration de la problématique de la participation de la population en tant que gage d'une action humanitaire de qualité.

ANNEXES

ANNEXE 1 : INTERVIEWAVECL'ONGAIDE

1- Comment fonctionne l'ONG AIDE ?

2- Comment élaborez-vous vos projets ?

3- Quelle est le rôle des communautés bénéficiaires dans la conception des projets ?

4- Comment formalisez-vous (par contrat ou verbalement) vos relations avec les bénéficiaires ?

5- Quelles relations établissez-vous avec les structures décentralisées de vos zones d'intervention ?

6- Quelle est la place des membres locaux de l'ONG dans la planification des projets ?

7- Comment sont gérées les ressources financières ?

8- Quelle est la politique de l'ONG en matière de l'appropriation de ses acquis par les acteurs locaux ?

9- Quelle est la procédure de livraison des ouvrages ?

10- Comment sensibilisez-vous la population à la bonne utilisation des ouvrages ?

11- Avez-vous évaluez la viabilité économique du projet ?

12- Quelles sont les problèmes éventuels qui pourraient survenir au cours de l'utilisation des ouvrages ? Quelles sont les mesures que vous avez prévues pour les endiguer ?

13- Comment organisez-vous la mobilisation des ressources financières au plan local ?

ANNEXE 2 : INTERVIEW AVEC LES BENEFICIAIRES

1- A quel niveau êtes-vous intervenus dans la conception et la mise en oeuvre des projets ?

2- Si vous n'êtes pas intervenus, auriez-vous proposé une autre approche du pilotage du projet si vous aviez été consultés ? Lequel ?

3- Comment avez-vous accueilli l'idée de ce projet dans votre établissement ?

4- Que faites-vous lorsque survient une panne au niveau du château ?

5- Comment est choisi le responsable de site du forage ?

6- Qui sont les membres de gestion du forage ?

7- Comment se fait l'entretien du forage ?

8- Rencontrez-vous des difficultés avec la communauté dans la gestion du forage ? Si oui lesquelles ?

9- Parlez-nous des stratégies dont vous disposez pour permettre le fonctionnement du forage ?

10- En cas de panne du forage, à qui avez-vous recours ?

11- Les populations sont-elles sensibilisées à éviter les comportements susceptibles de favoriser l'endommagement du forage ?

12- Avez-vous sollicité un forage sur votre site ?

13- A quels besoins répond ce forage sur votre site ?

14- Qui sont les principaux utilisateurs du forage ?

15- Quelles sont les conceptions de la communauté face à l'utilisation du forage ?

16- Que représente ce forage pour votre communauté ?

ANNEXE 3 :GUIDE D'OBSERVATION ,INDICATEURS ET FICHE DE MILIEU

SAVOIR FAIRE

APPLICATION

 

QUOI

SUR QUI

COMMENT

Où (fiche de milieu)

PERCEVOIR

Les ouvrages et les réactions

les sites et sur les bénéficiaires

En regardant et en échangeant

- Au siège de l'ONG AIDE et sur les sites où les forages ont été réalisés.

Le siège de l'ONG est une administration où il ya de la documentation sur l'ONG ; les sites où les forages sont réalisés sont des établissements scolaire où il y a des élèves et enseignants.

Indicateurs : -

- l'écoulement d'eau des robinets ou non

- l'expression du visage des bénéficiaires

Les responsables de l'ong AIDE, les sites et sur les bénéficiaires

A travers nos indicateurs

MEMORISER

Ce que nous retenons mentalement

les sites et sur les bénéficiaires

En écoutant attentivement

NOTER

Nos impressions dans un cahier

les sites et sur les bénéficiaires

Ecrire de façon lisible

A- QUELQUES PHOTOS MONTRANT DES ASPECTS DE L'ENQUETE

Des élèves heureux d'avoir de l'eau

Entretien avec un opérateur ayant réalisé des forages sur les raisons de

l'abandon du forage

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. ADOU Appiah (2008), promotion du développement et de la démocratie : les freins à l'épanouissement de la société civile en Côte d'Ivoire.

2. AKINDES Francis, (2000), Côte d'Ivoire, la tentation ethno nationaliste, pages 126 à 141

3. BAKAYOKO Ibrahim (2017), Optimisation de la Gestion des Ressources Humaines dans une ONG humanitaire : Cas de l'ONG A.I.D.E, mémoire de master en Gestion des Ressources Humaines, soutenu publiquement à L'Institut Des Technologies d'Abidjan au cours de l'année académique en avril, 139pages.

4. BILOSO Apollinaire. (2008) : Valorisation des produits forestiers non ligneux des plateaux de Batéké en périphérie de Kinshasa(RDC). Thèse de doctorat, Université Libre de Bruxelles, Faculté des sciences ;

5. BRAUMAN, Rony. (2000). L'action humanitaire. Flammarion, Nouvelle édition. Paris, 43 p

6. DAMBISA Moyo (2009), L'Aide fatale. Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique New York,Farrar, Straus and Giroux , pages 209 à 216

7. Diallo Mamadou (2012), Les ONG locales de développement et la question de pérennisation de leurs acquis dans la préfecture de Kankan (Guinée) ,mémoire de Master.

8. DURKHEIM Émile (1967), Les règles de la méthode sociologique, Paris : Les Presses universitaires de France, 16e édition, Collection : Bibliothèque de philosophie contemporaine p. 32.

9. FANON Frantz (1961), les damnés de la terre, Paris, Éditions François Maspero,

10. GRAWITZ Madeleine (1996), Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, Coll. « Précis Droit public. Science politique », Les damnés de la terre.

11. KABOU Axelle (1991), Et si l'Afrique refusait le développement Paris, l'Harmattan , 208 p.

12. KAUFMANN, J.-C (1996), L'entretien compréhensif. Paris, Nathan;

13. KOUASSI A Malanhoua (2013), Problématique de la Professionnalisation des ONG ivoiriennes, Doctorat en droit et sciences politiques, soutenu à l'Université Félix Houphouët Boigny.

14. OLIVIER DE SARDAN Jean- Pierre (1991) « Savoirs populaires et agents de développement », in Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN (Dir), D'un savoir à l'autre : les agents de développement comme médiateurs, Paris, Gret, p. 20.

15. PND(2016- 2020),Programme National de Développement;

16. PNUD (2009), Guide de la planification du suivi et de l'évaluation axée sur les résultats du développement, New York.

17. ROGERS, L., & MACÍAS, E. (2004). Program graduation and exit strategies: Title II program experiences and related Research, FANTA. Disponible sur : http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/Pnadj255.pdf consulté le 13 décembre 2018 ;

18. SALOMON, L. M. et al., (1999), Global Civil Society. Dimensions of the Non Profit Sector, Baltimore, Johns Hopkins Center for Civil Societies Studies;

19. SYLLA (2002), Financing development in other way in Africa: NGO approach of Côte d'Ivoire, International conference: development issues in the new economy.

TABLE DES MATIERES

DEDICACE 1

REMERCIEMENTS 2

RÉSUMÉ 3

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES 4

GLOSSAIRE 5

TABLE DES ILLUSTRATIONS 6

AVANT PROPOS 7

SOMMAIRE 8

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE

1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 13

1-1- CONTEXTE GENERAL 13

1-2- MOTIVATIONS 15

1-2-1- Au plan personnel 15

1-2-2-Au plan collectif 16

1-3- PERTINENCES 17

1-3-1-Au niveau social 17

1-3-2- Au plan scientifique 18

2- DEFINITION DES CONCEPTS DU LIBELLE DU SUJET 19

2-1- CONCEPTS EXPLICITES 19

2-2- CONCEPTS IMPLICITES 23

3- PROBLEMATIQUE 23

4- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 26

4.1.OBJECTIF GENERAL 27

4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES 27

5- HYPOTHESE PRINCIPALE 27

6- HYPOTHESES SECONDAIRES 27

7- REVUE DE LA LITTÉRATURE 27

6.1. MODES D'ENGAGEMENT ET CONTRAINTES 28

6.2. ATTITUDE DES BENEFICIAIRES VIS-A-VIS DE L'AIDE EXTERIEURE 30

6.3-GOUVERNANCE SOCIO-ECONOMIQUE DES ONG : SURVOLE EMPIRIQUE 31

8- PRESENTATION DE L'ONG AIDE ET DE LA ZONE D'ETUDE 34

8-1- L''ONG AIDE 34

8-1-2- Organisation de l'ONG-AIDE 35

8-1-3- Champ d'intervention de l'ONG AIDE 36

8-1-4- Phases de déroulement des projets 37

v Phase de programmation 37

v Phase d'identification 37

v Phase d'instruction 38

v Phase de financement 38

v Phase de mise en oeuvre 39

v Phase de livraison 40

v Phase de suivi-évaluation 40

8-2- ZONE D'ETUDE 41

8-2-1- Le District d'Abidjan 41

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE 42

1- CADRE DE REFERENCE THEORIQUE

2- MÉTHODES D'INVESTIGATION 44

2-1- EXPLORATION 44

2-2-OBSERVATION 45

2-3- ENTRETIENS 46

3- CIBLE DE LA RECHERCHE 47

4- ECHANTILLONNAGE 48

TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS

1- DISPOSITIF INSTITUTIONNEL DE L'ONG 52

1-1- LE DEFICIT D'IMPLICATION DES BENEFICIAIRES 52

1-2- DISFONCTIONNEMENT INSTITUTIONNEL DE L'ONG 53

1-2-1- Au plan organisationnel 53

1-2-2- Au niveau du fonctionnement 54

1-2-3- Au plan financier 55

1-2-4- Au plan d'appui institutionnel 56

2- ANALYSE DES PERCEPTIONS DES BENEFICIAIRES 58

2-2- SENTIMENT D'IMPLICATION 58

2-3- PERCEPTION SUR LES OUVRAGES 60

2-4- SENTIMENT D'INCAPACITE A ENTRETENIR LES OUVRAGES 62

CONCLUSION 64

ANNEXES 66

A- ANNEXE 1 : INTERVIEW AVEC L'ONG AIDE 66

B- ANNEXE 2 : INTERVIEW AVEC LES BENEFICIAIRES 67

C- ANNEXE 3 :GUIDE D'OBSERVATION ,INDICATEURS ET FICHE DE MILIEU 67

D- QUELQUES PHOTOS MONTRANT DES ASPECTS DE L'ENQUETE 69

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 70

TABLE DES MATIERES 72

* 1Mot arabe signifiant « bienfaisance »

* 2 Entretien avec le Secrétaire Général de l'ONG AIDE, le 17 septembre 2018.

* 3Bilan annuel d'activités de l'ONG AIDE 2014 et 2015 (archives de l'ONG AIDE)

* 4François RUF, Booms et crises du cacao : les vertiges de l'or brun, Karthala, CIRAD-SAR, Ministère de la Coopération, 1995, p. 11

* 5 Plan National de développement 2016 -2020, p.84

* 6Gérard PERROULAZ, Le rôle des ONG dans la politique de développement : forces et limites, légitimité et contrôle, annuaire suisse de politique de développement(2004) 24 P

* 7 http://hudayivakfi.org/aziz-mahmud-hudayi-hazretlerinin-hayati.html consulté le 02 septembre 2018 à 14 heures 30 minutes.

* 8 http://hudayivakfi.org/en/life-of-aziz-mahmud-hudayi.html, consulté le 18 mai 2019 à 13h 05 minutes

* 9Lazakat est une obligation divine enjoignant aux musulmans possédant une richesse qui atteigne un certain niveau (le nissab ou minimum imposable.) de s'acquitter d'une quantité précise (un quarantième du revenu, soit 2,5%) en faveur de bénéficiaires cités par le Coran dans la sourate 9 versets 60

* 10 Donation ou fondation pieuse, ici il n'y a pas d'obligation ; la somme à donner en sacrifice est laissée à l'appréciation du bienfaiteur

* 11 Bilan annuel de l'ONG AIDE de 2013 à 2018, archives de l'ONG AIDE.

* 12Nourhan El Sharkawy ,La charité islamique: un levier innovant pour le financement du développement? Février 2015

* 13 www.misrelkheir.org ; http://www.lifemakers.org ; http://www.resala.org consulté le 19 mai 2018 à 14heures

* 14Qui s'inspire des enseignements de l'Islam en matière de charité pour mener ses actions humanitaires.

* 15Exposé de Abou FOFANA» Enseignant-Chercheur, Ecole Normale Supérieure, Abidjan, lors des « Journées de La Recherche en Education de Côte D'ivoire (JRECI) 2006 »

* 16 http://www.organisationsud.org/visité le 05 novembre 2018

* 17Charles Menye Processus d'élaboration des projets dans l'Administration Camerounaise : Le cas du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) soutenu à l'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) - Master en développement et management des projets 2009

* 18 https://www.pmi.org/certifications consulté le samedi 16 février 2019

* 19Propos du Secretaire général de l'ONG AIDE tenu le 17 aout 2017 au siège de l'ONG

* 20Entretien avec le secrétaire général de l'ONG AIDE le 18 avril 2017

* 21Axelle Kabou,. Et si l'Afrique refusait le développement ? Paris, L'Harmattan, 1991, p. 27.

* 22Dambisa Moyo (JC Lattès). L'Aide fatale. Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique

* 23Dans le contexte d'une société musulmane, l'acteur croyant accomplit une oeuvre bénéfique sur le plan humanitaire, comme c'est le cas de la restauration ou l'hébergement du pauvre, ou social, comme c'est le cas de l'éducation ou des soins de santé, tout en recherchant l'agrément de Dieu

* 24Selon l'article 2 du règlement intérieur de l'ONG AIDE, sont membres actifs, les membres fondateurs et les personnes qui :

? Ont formulé une demande écrite dans ce sens ;

? Ont adhéré aux présents statuts ;

? Se sont acquittés d'une part de leur droit d'adhésion et d'autre part de leur cotisation annuelle ;

* 25 Entretien avec le président de l'ONG AIDE

* 26 Blanchet A. et Gotman A., 1992. L'enquête et ses méthodes : l'entretien. NATHAN, coll.128.

* 27 Jean-Claude Kaufmann, 1996. L'entretien compréhensif, Paris, Nathan, p. 48.

* 28 Op. cit.

* 29 Grawitz, 1996. Méthodes des Sciences Sociales, 4ème éd, Dalloz, Paris, p.587

* 30 Raymond Quivy et Luc Campenhoudt, 1995. Manuel de recherche en Sciences sociale, Paris, Dunod, 288p.

* 31Pascal Ardilly, 2006, les techniques de sondage, nouvelle édition actualisée, édition Technip

* 32 Soit N le nombre total de forages réalisés à Abidjan et n le quota fixé,

N1le nombre de forages réalisés à Port-Bouët et n1la population témoin à déterminer

N2le nombre de forages réalisés à Koumassi et n2la population témoin à déterminer

N3le nombre de forages réalisé à Yopougon et n3la population témoin à déterminer

N4 le nombre de forages réalisés à Abobo et n4la population témoin à déterminer

n1 = (n \ N) × N1 ? (20/ 35) ×23= 13 responsables de sites à Port-Bouët

n2 = (n \ N) × N2 ? (20/35) × 5 = 3 responsables de sites à Koumassi

n3 = (n\ N) × N3 ? (20/35) × 5 = 3 responsables de sites à Yopougon

n4 = (n\ N) × N4 ? (20/35) × 2 = 1 responsable de site à Abobo

* 33Propos tenus par un responsable de l'ONG lors de notre entretien

* 34 Résultat de l'entretien

* 35 Mot arabe signifiant sacrifice

* 36Propos tenus par le Président de l'ONG AIDE lors de notre entretien






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