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Quelle grille d'indicateurs pour un label « entreprise sociale » ?


par Sophie Desruelle
IESEG School of management - Master of management 2013
  

Disponible en mode multipage

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Quelle grille d'indicateurs pour un label

« entreprise sociale » ?

Mémoire de fin d'étude

Directeur de mémoire : Céline Brogniart - Merlin

Desruelle Sophie Année 2012 - 2013

Sophie DESRUELLE

Directeur de Mémoire : Céline Brogniart-Merlin

Quelle grille d'indicateurs pour un label

« entreprise sociale » ?

Mémoire de fin d'étude

IESEG Ð School of management 3 rue de la Digue

59000 Lille

« L'IÉSEG n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »

Année 2012 Ð 2013

REMERCIEMENTS

Je souhaite remercier les personnes qui m'ont apporté leur aide et leur soutien durant la rédaction de ce mémoire.

Je souhaite tout particulièrement remercier Madame Céline Brogniart-Merlin, ma tutrice durant ce mémoire, qui m'a guidée dans mon raisonnement et m'a aidée dans la rédaction de ce mémoire avec ses conseils et ses remarques. Je la remercie pour le temps qu'elle m'a consacré.

Je souhaite remercier mes proches et mes amis qui m'ont apporté une aide précieuse sur différents aspects de ce mémoire.

SOMMAIRE

GLOSSAIRE

RÉSUMÉ

INTRODUCTION

I/ REVUE DE LITTÉRATURE

1. MISE EN CONTEXTE : L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

2. ENTREPRISE SOCIALE

II/ MÉTHODOLOGIE

1. DONNÉES

2. DÉMARCHE

III/ ANALYSE DE DONNÉES

1. DÉLIMITATION DE L'ESS ET DE L'ENTREPRISE SOCIALE EN FONCTION DE CRITÈRES

2. INDICATEURS DÉJÀ EXISTANTS

3. ÉLABORATION D'UNE GRILLE D'INDICATEURS

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIÈRES TABLE DES FIGURES

iv

GLOSSAIRE

AB : Agriculture Biologique

AG : Assemblée Générale

ALDEA : Agence de Liaison pour le Développement de l'Économie Alternative

AMAP : Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne

AOC : Appellation d'Origine Contrôlée

AVISE : Agence de Valorisation des Initiatives Socio-Économiques

BOP : Base/Bottom of the Pyramid

CEGES : Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l'Économie Sociale

CIC : Community Interest Company

CIRIEC : Centre Internationale de Recherches et d'Information sur l'Économie publique

Sociale et Coopérative

CNCRES : Conseil National des Chambres Régionales d'Économie Sociale

CRESS : Conseil Supérieur de l'Économie Sociale et Solidaire

CSESS : Conseil Supérieur de l'Économie Sociale et Solidaire

EMES : Émergence des Entreprises Sociale

ES : Entreprise sociale

ESS : économie sociale et solidaire

GRI : Global Reporting Initiative

IIES : Institut de l'innovation et de l'entrepreneuriat social

INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques

Mouves : Mouvement des entrepreneurs sociaux

ISO : Organisation Internationale de Normalisation

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques

OIT : Organisation Internationale du Travail

OMD : Objectifs du Millénaire

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PIB : produit intérieur brut

REAS : Réseau pour une Économie Alternative et Solidaire

RECMA : Revue Internationale de l'Économie Sociale

RESS : Chambre Régionale de l'Économie Sociale et Solidaire

RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises

SA : Société Anonyme

SARL : Société à Responsabilité Limitée

SCIC : Société Coopérative d'Intérêt Collectif

SCOP : Société Coopérative et Participative

SROI : Social Return on Investment

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

VBF : Viande Bovine Française

vi

RESUME

Dans un contexte de crise économique et financière, nous assistons aujourd'hui à l'émergence d'une nouvelle philosophie : celle « d'entreprendre autrement ». Ancrée dans l'économie sociale et solidaire, les entreprises sociales aspirent à répondre à un besoin social tout en ayant une orientation entrepreneuriale.

Cette façon d'entreprendre est relativement nouvelle, il se pose donc la question de la visibilité des entreprises sociales sur le marché. Il est en effet difficile aujourd'hui de déterminer concrètement quelle entreprise est sociale ou non. Plusieurs organisations ont alors pensé à un label « entreprise sociale » en France dans le but d'améliorer leur visibilité et leur reconnaissance.

Nous allons ici voir si la définition de l'entreprise sociale est suffisamment homogène et acceptée par les acteurs du secteur, pour permettre d'arrêter une liste de critères minimum définissant l'entreprise sociale et y associer des indicateurs explicites pour rendre ce label fonctionnel.

Après avoir analysé et comparé les différentes définitions de l'entreprise sociale, nous avons trouvé quels critères pourraient être acceptés à la majorité pour caractériser l'entreprise sociale. Nous avons alors établi une liste d'indicateurs spécifiques évaluant ceux-ci, en se basant sur des indicateurs déjà existants. Certains d'entre eux sont assez spécifiques pour permettre une évaluation objective des critères, d'autres relèvent cependant d'un jugement plus qualitatif et demandent donc une évaluation plus subjective. Nous avons ici cherché à obtenir une grille d'indicateurs qui peut potentiellement être opérationnelle pour l'élaboration d'un label « entreprise sociale » en France.

7

Introduction

L'économie sociale et solidaire, née au XIXème siècle afin de guider la production de biens et services à partir des besoins de tous et non de l'intérêt individuel, tient notamment à sa philosophie « d'entreprendre autrement » via des valeurs de liberté, de démocratie et de solidarité. Plus que la recherche de profit, les organisations de l'ESS, qui sont des associations, des mutuelles, des coopératives, des fondations, aspirent à un but social.

Se pose alors la question des entreprises traditionnelles qui elles-aussi aspirent à répondre à un besoin social, tout en aspirant à faire des profits. La combinaison de ces deux objectifs économiques et sociaux donne naissance à l'entrepreneuriat social.

Sans remplacer les organisations de l'ESS, les entreprises sociales répondent à des besoins non-satisfaits par les pouvoirs privés et publics tout en ayant une activité économique plus traditionnelle.

L'entrepreneur social est la personne au centre de ce processus : il est porteur d'un projet innovant ou d'une méthode innovante répondant à un objectif social ou sociétal, permettant d'apporter un changement dans la société tout en étant économiquement actif sur le marché. Cependant, sur le terrain, comment différencier une entreprise sociale d'une entreprise qui ne l'est pas ? Où est la limite et comment peut-on évaluer celle-ci ? Cela implique une réflexion sur la définition de l'entreprise sociale : existe-t-il une définition homogène et acceptée par tous les acteurs ?

Ce problème de définition engendre des conséquences pour ces entreprises : manque de visibilité du public et des investisseurs, manque d'accompagnement de la part des pouvoirs publics et doutes des consommateurs potentiels par rapport à la nature de l'activité.

Plusieurs entités ont alors mis en avant l'idée d'un label « entreprise sociale », notamment le Mouves en coopération avec les organisations de l'ESS, les gouvernements français successifs ou encore la commission Européenne.

La définition de l'entreprise sociale est-elle assez homogène ? Est-elle acceptée par tous les acteurs? Est-il possible d'arrêter un liste de critères minimum acceptés par tous définissant l'entreprise sociale ? Et est-il possible, à partir de ces critères, d'associer une série d'indicateurs suffisamment explicites pour rendre fonctionnel un label « entreprise sociale » en France?

8

Par ce mémoire, nous allons étudier la problématique suivante :

Dans le cadre de l'élaboration d'un label « entreprise sociale » en France, la définition actuelle de l'entreprise sociale est-elle assez homogène et acceptée par tous pour arrêter un ensemble de critères minimum la définissant et y associer une série d'indicateurs suffisamment spécifiques pour rendre ce label fonctionnel ?

Pour cela, nous étudierons les hypothèses suivantes :

· La définition de l'entreprise sociale est assez homogène pour pouvoir arrêter un ensemble de critères minimum la définissant.

· Il existe pour chacun de ces critères une série d'indicateurs spécifiques

· Ces indicateurs sont assez spécifiques pour rendre fonctionnel un label « entreprise sociale » en France.

Avec ce travail, nous pourrons ainsi déterminer avec plus de précision comment un label « entreprise sociale » permettrait de différencier les entreprises sociales du reste de l'ESS et des entreprises traditionnelles: où se situent-elles l'une par rapport à l'autre, quels critères permettent de les différencier, et enfin par quels indicateurs. Il paraît important de préciser que nous nous situons dans un contexte français, bien qu'un label européen soit aussi envisagé. En effet, les modèles économiques ne sont pas les mêmes selon chaque pays, ce qui implique que notre référentiel soit français pour des raisons pratiques.

Pour répondre à notre problématique, nous allons tout d'abord, dans la revue de littérature, étudier les définitions et les concepts qui définissent l'économie sociale et solidaire, puis ceux qui définissent l'entreprise sociale. Nous verrons ensuite la méthodologie à adopter. Après avoir posé ce contexte, nous étudierons les différences et les similitudes entre l'économie sociale et solidaire et l'entreprise sociale afin de les situer l'une par rapport à l'autre. Pour cela nous travaillerons sur les critères présents dans les définitions vues dans la revue de littérature : nous établirons une liste commune de critères et verrons lesquels s'appliquent uniquement à l'économie sociale et solidaire, uniquement à l'entreprise sociale ou encore au deux. Nous obtiendrons à la fin de ce travail une liste de critères. Nous chercherons ensuite à établir une liste d'indicateurs explicites qui pourraient rendre un label « entreprise sociale » opérationnel.

Cette recherche compte plusieurs limites : les limites par rapport aux données disponibles, les limites par rapport à la méthodologie et des limites par rapport au sujet en lui-même.

En effet, concernant les limites du sujet et des données, il y a aujourd'hui un engouement pour l'économie sociale et solidaire et l'entreprise sociale, notamment en provenance des pouvoirs publics nationaux et européen. On trouve donc des rapports d'activité provenant de ces organismes qui sont complets sans être très spécifiques. En effet,

9

les différents projets de labellisation ont généré très peu d'informations spécifiques, notamment par rapport au processus d'élaboration de ces labels et par rapport aux critères. Il existe encore peu de recherches scientifiques sur l'entreprise sociale, et celles qui existent s'appliquent souvent à un secteur particulier et non pas à une vision globale de l'entreprise sociale. Cette limite des données disponibles est aussi à l'origine de notre démarche : rassembler les informations présentes pour pouvoir aboutir à une grille d'indicateurs. Ainsi, les données que nous avons récoltées peuvent être incomplètes.

Concernant les limites de la méthodologie, nous avons ici des données théoriques et non pas empiriques. Nous cherchons ici à étudier quelle grille d'indicateurs pourrait rendre un label « entreprise sociale » fonctionnel, pour cela il nous faut étudier des données théoriques. Comme nous nous sommes focalisés sur celles-ci, nous obtenons une proposition de grille d'indicateurs, mais nous ne testons pas la pertinence de cette grille.

10

I/ REVUE DE LITTÉRATURE

1. Mise en contexte : l'économie sociale et solidaire

Nous allons nous intéresser à l'économie sociale et solidaire (ESS). C'est en effet dans le contexte que se place l'entreprise sociale. C'est pour cette raison que nous allons voir ce qu'est l'ESS pour, dans notre analyse, essayer de placer l'entreprise sociale dans ce contexte : quelles sont leur différence, quels sont leurs critères communs et par lesquels peuvent-elles être différenciés.

Nous allons tout d'abord voir quelle est la place de l'ESS dans notre société, puis nous allons voir comment celle-ci est née et quels sont ses principes fondateurs, nous verrons ensuite comment les différents acteurs du secteur la définissent, quels sont ses défis et enfin quels sont ses outils d'évaluation actuels.

1. Chiffres de l'économie sociale et solidaire

En 2011, la commission européenne nous donne dans son rapport1 l'état de l'économie sociale et solidaire (ESS). Celle-ci emploie plus de 11 millions de salariés au sein de l'Union Européenne, ce qui représente 6% de l'emploi total. Les entités faisant partie de l'ESS ont un statut juridique particulier : ce sont des coopératives, des associations, des mutuelles, des fondations, mais on trouve aussi beaucoup d'entreprises sociales ayant ces statuts ou ayant un statut plus classique de société anonyme traditionnelle ou de société privée et qui se revendiquent acteurs à part-entière de l'économie sociale et solidaire.

Le rapport Vercamer nous donne une situation de l `ESS en France. Celle-ci représenterait 7 à 8% du PIB, dont 3% seraient des associations et fondations. Il est expliqué dans le rapport que cette mesure est difficile à établir, notamment à cause de la reconnaissance des entreprises sociales : « ce qui n'est pas connu, n'est pas reconnu ». Cette difficulté commence aujourd'hui à diminuer avec l'Atlas de l'économie sociale et solidaire du CNCRES2.

Cela reste cependant un problème de définition majeur qui est au centre de notre problématique, et nous l'aborderons dans une prochaine partie.

1 http://www.eco.public.lu/attributions/economie_solidaire/EU_doc.pdf

2 www.cncres.org/

11

Selon l'Insee, l'économie sociale représenterait en 2012 environ 10% de l'emploi national et 8% des salaires.

On observe un taux de croissance annuel des emplois sur la période 2001-2006 de +2,6%, ce qui est sensiblement supérieur dans ce secteur en comparaison aux entreprises traditionnelles du secteur privé qui elles ont un taux de +1,1%. On peut aussi ajouter que l'ESS représente 10% à 65% dans six domaines d'activités : la santé (10,5%), l'éducation (19,8%), les sports et les loisirs (21,4%), les activités financières (34,6%) et le social (64,6%).

Nous pouvons voir ci-dessous avec la figure 1.1 la croissance de l'emploi dans l'économie sociale et dans le secteur privé entre 2000 et 2010. Cela nous confirme que l'ESS a une croissance supérieure au secteur privé, et alors même qu'en 2008 la croissance est négative pour le privé, l'ESS continue sa croissance d'une manière stable.

Figure 1 : croissance de l'emploi dans l'économie sociale et le secteur privé 2000 -20103

2. Histoire et principes fondateurs

L'économie sociale et solidaire est née de l'économie alternative avec l'Aldea (agence de liaison pour le développement de l'économie alternative) en 1981, puis avec le REAS (réseau pour une économie alternative et solidaire).

Vers la fin des années 1970, l'existence d'un troisième secteur qui serait différent du secteur public et du secteur marchand est apparue. Ce secteur est décrit comme étant composé de coopératives et d'associations et pouvant apporter des solutions tout en ayant une vision nouvelle du travail. (J.Forrière, 2003).

3 Source ACOSS/URSSAF

L'économie sociale depuis le XIXème siècle et jusqu'aujourd'hui revendique qu'il est possible de changer la façon de produire de consommer et de répartir les biens et services tout en gardant notre modèle sociétal (J.Prades, 2000)

L'économie sociale et solidaire est définie par des principes fondateurs que nous rappellent la charte de l'économie sociale du CEGES4 et d'autres rapports dont celui d'Alain Lipietz (2001), qui définissent l'économie sociale et solidaire selon plusieurs principes qui font aujourd'hui consensus : libre adhésion, gestion démocratique et participative, utilité sociale ou collective, lucrativité limitée et mixité des financements entre ressources privées et publiques.

Nous allons voir dans le tableau 1.1 quels sont ces principes. Figure 2 : Principes de l'ESS

Principe

 

Définition

 
 
 
 
 

Liberté d'adhésion

 
 
 

Personne ne peut être contraint d'adhérer ou de rester adhérent d'une organisation de l'économie sociale.

Gestion démocratique et participative

Utilité sociale

Lucrativité limitée

Mixité des financements

Cela est corrélé au principe « une personne, une voix ». Chaque membre compte pour une voix, peu importe ses apports (en temps ou capital).

Les impacts qui ont une valeur ajoutée sur les dimensions sociales

Ce principe n'empêche pas les excédents financiers mais empêche dans une certaine mesure l'appropriation individuelle. Dans les associations, cette règle est absolue : aucun dividende ne peut être versé aux membres.

Les organisations de l'ESS peuvent êtres réparties entre privées (coopératives et mutuelles) ou mixtes (associations), celles-ci étant indépendantes du secteur public mais pouvant être aidées par des subventions et avantages fiscaux.

12

4 http://www.ceges.org/index.php/ceges/presentation/leconomie-sociale-et-solidaire

3. Définition

L'économie sociale et solidaire en France est généralement définie par le décret du 15 décembre 2012 pour désigner : « les coopératives, les mutuelles et celles des associations dont les activités de production les assimilent à ces organismes. » (C.Vienney, 1999). Il faut préciser que les mutuelles sont des groupements à but non lucratif. On voit donc ici que le critère juridique est le critère principal pour identifier les acteurs de l'ESS.

En dehors de cette définition par statut juridique, on trouve de nombreux critères qui définissent l'économie sociale et solidaire. Différents organismes nous donnent des définitions de l'ESS selon ceux-ci :

Figure 3: Définition de l'ESS

Organisme

 

Définition

 
 
 
 
 

OIT5

 
 
 

« L'économie sociale et solidaire (ESS) se rapporte aux organisations et entreprises fondées sur des principes de solidarité et de participation, qui produisent des biens et des services tout en poursuivant des finalités à la fois économiques et sociales. »

CRESS6

Après-GE27

Conseil Wallon de l'économie sociale8

« L'ensemble des coopératives, mutuelles, associations et fondations dont les activités de production de biens et de services ne visent pas l'enrichissement individuel mais le partage et la solidarité au bénéfice de l'homme. »

« Economie privée à but non lucratif ou à lucrativité limitée, s'inscrivant dans des formes juridiques variées, l'économie sociale et solidaire (ESS) regroupe une multitude d'initiatives économiques locales, qui participent à la construction d'une nouvelle façon de vivre et de penser l'économie : elle respecte des critères éthiques, sociaux et écologiques et place la personne avant le profit. »

"L'économie sociale regroupe les activités économiques exercées par des sociétés, principalement coopératives, des mutualités et des associations, dont l'éthique se caractérise par la finalité de service aux membres ou à la collectivité plutôt que de profit, l'autonomie de gestion, le processus de décision démocratique et la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus."

13

5 OIT Guide 2010 « Économie sociale et solidaire : construire une base de compréhension commune» p vi.

6 http://www.apres-vd.ch/index.php/less/definition-de-less?showall=1&limitstart=

7 http://www.apres-vd.ch/index.php/less/definition-de-less

8 http://atlas.wallonie.be/lexique/economie-sociale/

14

Concernant la place de l'économie sociale et solidaire par rapport aux autres acteurs du marché, celle-ci est distinguée de l'économie capitaliste et de l'économie publique pour certains auteurs (M.J Bouchard, 2008 ; N. Richez-Battesti, 2008). En effet, son rôle peut être vu comme un comblement des services ou biens qui ne sont pas donnés par le secteur privé et par le secteur public. Il peut au contraire être considéré comme celui d'une entité intermédiaire entre les deux sphères privées et publiques. L'ESS est aussi appelée tiers-secteur pour cette raison.

4. Défis de l'ESS

Les organisations de l'ESS ont une activité pertinente, surtout en temps de crise économique depuis 2008. D'autant plus pertinente que ces activités ont dans l'ensemble mieux résisté à la crise que les secteurs de l'économie classique. Le secteur de l'ESS considère donc constituer un modèle alternatif capable de surmonter la crise et pouvant être une référence pour un nouveau modèle de développement, notamment pour sa capacité à répondre aux besoins émergents (Vercamer, 2010 ; M.J Bouchard, 2008). La vision à long terme des entreprises de l'ESS fait qu'elles participent à une croissance intelligente et durable, une croissance par la cohésion sociale, notion qu'elles mettent au coeur de leurs projets. Leur raison d'être est, pour la commission Européenne, le coeur des transformations économiques et sociales qui contribueront à atteindre les objectifs de la Stratégie Europe 2020.

Aussi, les organisations de l'ESS ont un certain ancrage territorial, qui est cohérent avec leurs activités. Une force de l'ESS est de savoir rapprocher une demande et une offre, ce qui fait que les emplois créés sont moins délocalisables (Vercamer, 2010).

De nombreux objectifs sont posés pour l'ESS, cette économie étant une économie d'avenir, ce que nous avons pu voir précédemment. Ainsi, nous allons ici citer différentes propositions concernant l'économie sociale et solidaire.

Le gouvernement en place a dans la feuille de route du ministre Benoît Hamon9, ministre en charge de l'Économie sociale et solidaire, sept thématiques principales :

- Donner un cadre législatif à l'ESS

- Mettre en place la Banque publique d'investissement. Celle-ci consacrera 500

millions d'euros au secteur

- Renforcer l'insertion par l'activité économique

- Développer la place des acteurs de l'ESS dans le dialogue social

9 http://www.gouvernement.fr

15

- Faciliter l'accès des structures à la commande publique

- Assurer la reconnaissance de l'ESS à l'échelle européenne

- Rénover les conditions de transmission et de reprise des entreprises par leurs

salariés.

Un projet de loi est prévu pour le premier semestre 2013 et prévoit les dispositions suivantes10 :

- une reconnaissance légale de l'ESS, ainsi qu'une reconnaissance de ses

acteurs, de leurs finalités et de leur apport à l'économie nationale

- Mise en place d'un dispositif de labellisation qui conditionnerait les aides de

l'état

- Moderniser la loi régissant la statut des coopératives et les règles concernant

l'activité des mutuelles et le financement des associations

- Reprise plus facile des SCOP par leurs salariés

- Encouragement de l'innovation

Le 05 septembre 2012, Benoit Hamon a présenté en conseil des ministres une communication concernant ce projet de loi, celui-ci étant actuellement approfondi par les différents acteurs du secteur, notamment avec le conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire. Le projet devrait être présenté au parlement en avril 2013.

A.Lipietz a lui aussi travaillé sur l'idée d'un label d'utilité sociale qui permettrait d'identifier les entreprises d'utilité sociale au sein de l'économie sociale et solidaire. Ce label s'appliquerait aux entreprises dont la finalité est sociale et la gouvernance démocratique. Ce label fut pensé dans le but d'être accordé aux acteurs de l'ESS et aux entreprises privées et permettrait des avantages fiscaux. Une grille permettant d'évaluer l'utilité sociale a été crée par Lipietz, celle-ci croise les statuts de l'entité (association, entreprise) au type de l'activité sociale (insertion, culturelle, écologique, etc.)

Ce label n'a cependant pas été accepté par le monde associatif, qui considère que ce label pourrait entrainer des clivages entre les associations labélisées et non labélisées et qui pourrait aussi entrainer une course au label, ce qui pourrait stériliser l'invention associative.

Le conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire, en vue de l'élaboration d'un label regroupant les différents acteurs de l'ESS a mis en avant quatre critères principaux :

10 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/reformer-l-economie-sociale-et-solidaire-pour-assurer-son-developpement

16

Figure 4 : Critère de CSESS pour un label

Critères Indicateurs

1. Finalité sociale et/ou sociétale : Inscription de la finalité ou

activités qui répondent à des besoins non ou peu des objectifs dans les statuts

satisfaits ou activités en faveur de la promotion de Respect des autres critères

la personne ou démarche de solidarité Entreprise à statut privé

2. Gouvernance démocratique Accessibilité aux informations

favorisant la participation des parties prenantes : Taux de participation aux
transparence des modes de fonctionnement et instances

participation des parties prenantes Existence de lieux de débats

3. Lucrativité nulle ou limitée : Accessibilité aux informations

rémunération nulle ou limitée des excédents et Échelle des rémunérations

transparence de la rémunération des dirigeants

4. Économie de proximité et ancrage
territorial : participation au bassin d'emploi local, évitement de la délocalisation, dialogue avec les collectivités locales et impact environnemental minimisé.

Nombre de personnes localement embauchées

Partenaires locaux identifiés

 

Pour Vercamer, les critères doivent répondre d'une méthode simple et accessible, et doivent être précis et en nombre limité.

5. Outils d'évaluation de l'ESS

a. Utilité sociale

La notion d'utilité sociale est fortement liée au tiers secteur et a fait l'objet de plusieurs définitions.

Dans un premier temps, Euillet (2002, p.216) défini l'utilité sociale comme tout service répondant à des « besoins peu ou pas pris en compte par l'état ou le marché ». L'utilité sociale n'existe donc pas si le marché ou l'état s'empare du service concerné, et répond évidemment à une demande présente sur le marché. Cela fait écho à la vision du tiers secteur répondant à des besoins non satisfaits par le marché ou les pouvoirs publics (Noguès, 2003).

Les différents acteurs s'accordent sur le fait que l'ESS possède une identité propre, possiblement incarnée par la notion d'utilité sociale (D.Rodet, 2008). Nous allons maintenant voir quels critères sont utilisés pour déterminer l'utilité sociale.

17

En 1996, le conseil national de la vie associative définit cinq critères qui sont11 : Figure 5 : critères de l'ESS selon le conseil de la vie associative

La prééminence du projet sur l'activité

La gestion désintéressée et la non-lucrativité

Le fonctionnement démocratique

L'existence d'agréments

L'apport social.

Le rapport Lipietz lui, en envisage deux (Lipietz, 2000) : Figure 6 : Critère de l'ESS selon Lipietz

Le public concerné (issu de l'insertion professionnelle)

Le « halo sociétal » qui sont les effets positifs en terme de cohésion et de lien social que l'activité a engendré.

Jean Gadrey (2004) proposa suite à ses travaux cinq dimensions de l'utilité sociale. Figure 7 : Cinq dimensions de l'utilité sociale selon J.Gadrey (2004)

Critères économiques : moindre coût collectif, contribution au taux d'activité.

Lutte contre les inégalités et l'exclusion et pour le développement humain.

Lien social de proximité et la démocratie participative. Pour de nombreux acteurs, cette dimension est celle qui se rapproche le plus des missions de l'économie sociale et solidaire.

L'innovation sociale, économique et institutionnelle.

L'utilité sociale « interne », du mode d'organisation. Cette cinquième dimension fait débat.

11 http://www.ciriec.uqam.ca/pdf/numeros_parus_articles/3901/ES-3901-11.pdf , p5

18

De ces dimensions, Gadrey (2006a, p278) tire une définition synthétique :

Est d'utilité sociale l'activité d'un organisme d'économie sociale et solidaire qui a pour résultat et objectif « de contribuer : à la réduction des inégalités économiques et sociales, y compris par l'affirmation de nouveaux droits, à la solidarité (nationale, internationale ou locale) et à la sociabilité, à l'amélioration des conditions collectives du développement humain durable (dont font partie l'éducation, la santé, la culture, l'environnement et la démocratie) ».

Il existe en France deux utilisations officielles de l'utilité sociale.

L'assujettissement d'une partie ou de la totalité de l'activité des associations

aux impôts commerciaux (impôts sur les sociétés, TVA et taxe professionnelle).

Pour juger si une association exerce son activité pareillement qu'une entreprise traditionnelle et doit donc être soumise aux impôts commerciaux, le ministère de l'économie et des finances (1999) les soumet à plusieurs étapes (instruction fiscale du 15/09/1998) :

Première étape : La gestion est-elle désintéressée ? Deuxième étape : Y a t-il concurrence avec une entreprise ?

Troisième étape : L'activité de l'association est-elle exercée dans des conditions similaires à celles d'une entreprise ? Ceci est jugé grâce à la règle des quatre P : public, produit, prix, publicité.

Le produit et le public sont les critères principaux pour juger de l'utilité sociale d'une association. Le produit ou l'activité doivent répondre à un besoin non satisfait par le marché. L'activité de l'association doit répondre à un public qui peut juger d'avantages particuliers au vu de leur situation sociale, économique et humaine.

L'évaluation de l'utilité sociale peut se faire à trois niveaux :

- elle peut être un contrôle : voir si les règles sont respectées

- elle peut se faire en continu : vérifier les objectifs et faire évoluer le dispositif

- elle est être complète à un moment T : analyser l'impact et la valeur ajoutée de

l'activité par rapport à ses objectifs.

Pour certains auteurs, l'évaluation de l'utilité sociale doit être réalisée par des critères qualitatifs et non monétaires car donner un prix c'est participer « à la marchandisation de la société » (P.Viveret, 2001, P16). Or l'ESS a pour objectif la création de plus value sociale et non pas financière.

19

Pour d'autres tel que J.Gadrey, une évaluation en termes monétaires permettrait une comparaison avec l'économie classique sur les externalités positives et donnerait donc une même échelle de mesure.

Social Return on Investiment (SROI)

Une autre mesure de méthode a été établie : le SROI : « social return on investment » (retour social sur investissement) qui consiste à « identifier, mesurer puis valoriser monétairement les impacts significatifs générés par un projet ou une organisation à finalité sociale pour ses principales parties prenantes et à établir un ratio de la somme de ces impacts sur la somme des ressources qui ont été mobilisées pour les générer. » (IIES, 2012, p. 6).

Nous allons ici voir plus en détail comment fonctionne le SROI. Le SROI est élaboré en six étapes :

Figure 8 : Les six étapes du SROI

1. Définir le champ d'application et identifier les parties prenantes

2. Exposer le changement : créer une carte des impacts, lister les
contributions (inputs), les réalisations (output) et les résultats (outcomes)

3. Attester les résultats et leur attribuer une valeur

4. Déterminer l'impact : la détermination des résultats en neutralisant les
changements extérieurs à l'activité

5. Calculer le SROI : additionner tous les bénéfices, déduire les effets
négatifs et comparer résultats et investissements

6. Rendre compte, utiliser et intégrer : partager les conclusions du SROI
avec les partie prenantes

Il est important de noter que le SROI n'inclut que ce qui est matériel, ce qui peut être considéré comme une limite de cette méthode. De même, en attribuant la valeur de chaque variable, il est possible que cette valeur soit surévaluée ou sous-évaluée.

Nous avons maintenant une vue d'ensemble de ce que représente l'ESS, nous pouvons alors nous intéresser à l'entreprise sociale.

20

2. Entreprise sociale

Nous allons maintenant nous intéresser à notre sujet principal : l'entreprise sociale. Nous allons ici voir comment ce concept est né, puis nous allons voir comment les différents acteurs définissent l'entreprise sociale, les formes statutaires existantes, et enfin nous allons voir quelle est l'utilité d'un label « entreprise sociale ».

1. Emergence du concept

Au début des années 1990, le concept d'entreprise sociale émergeait seulement aux Etats-Unis avec la « Social Enterprise Initiative » lancée par la Harvard Business School. Depuis, le concept d'entreprise sociale est resté assez vague aux Etats-Unis en désignant les activités économiques ayant une finalité sociale.

Ce concept a également fait son apparition en Europe au début des années 1990 en Italie avec l'apparition d'un statut spécifique pour les «coopératives sociales », nées pour répondre aux besoins non satisfaits par les pouvoirs publics. Vers 1996, un réseau européen s'est constitué pour analyser ce développement des entreprises sociales (Borzaga & Defourny, 2001).

En 2002, ce mouvement s'est accéléré au Royaume-Uni avec la création de la « Coalition for Social Enterprise » qui a pour but de promouvoir les entreprises sociales du pays. De même, le Secrétaire au Commerce et à l'Industrie a proposé une définition de l'entreprise sociale et un inventaire des entreprises sociales du pays.

Avant de parler des conceptions de l'entreprise sociale, il faut souligner que celle-ci peut être envisagée de deux façons. Tout d'abord, on peut les envisager comme un processus : une nouvelle démarche entrepreneuriale qui transforme la manière d'envisager les entreprises du tiers secteur. La deuxième orientation désigne des nouvelles organisations que l'on peut considérer comme un sous-ensemble de l'ESS (J.Defourny, 2004). La première définition se réfère à la notion d'entrepreneuriat social, la seconde à la notion d'entreprise sociale : c'est celle-ci qui nous intéresse.

2. Définition de l'entreprise sociale

Nous allons maintenant voir quelles sont les différentes définitions de l'entreprise sociale. Il faut préciser ici que nous prenons aussi en compte des définitions étrangères, certains pays ayant déjà établi leur propre définition de l'entreprise sociale. Nous jugerons ensuite si ces définitions sont applicables dans notre étude, étant donné que nous nous situons sur un label « entreprise sociale » en France.

a. P.Hewitt, Social Enterprise

En 2002 dans le document « Social Enterprise : A Strategy for Success »12, P.Hewitt, secrétaire au commerce et à l'industrie, propose cette définition :

Figure 9 : Définition de l'entreprise sociale selon P.Hewitt

« une entreprise sociale est une activité commerciale (business) ayant essentiellement des objectifs sociaux et dont les surplus sont principalement réinvestis en fonction de ces finalités dans cette activité ou dans la communauté, plutôt que d'être guidés par le besoin de maximiser les profits pour des actionnaires ou des propriétaires

».

Pour apporter plus de précision à leur modèle d'entreprise sociale, de nombreuses études se sont développées, notamment pour analyser la façon dont ces entreprises fonctionnent opérationnellement. A la suite de ces travaux, il fut estimé que certains indicateurs et caractéristiques pouvaient être utilisés pour inventorier les entreprises sociales du Royaume-Uni. Ces indicateurs se positionnent sur trois segments: l'orientation entrepreneuriale, les objectifs sociaux et la propriété sociale des activités observées (ECOTER, 2003).

b. Réseau EMES

Depuis 1996, le réseau EMES a tenté de définir des critères communs pour définir les entreprises sociales en se basant sur les quinze pays de l'Union Européenne. Une « working definition » a donc été construite depuis une hypothèse de travail. Cette approche révèle deux séries d'indicateurs : économique et social.

Il faut préciser que ces indicateurs ne représentent pas l'ensemble des conditions pour qu'une entreprise puisse être qualifiée de sociale, ils ne constituent pas des indicateurs normatifs, mais plutôt un « idéal-type ».

21

12 http://www.seeewiki.co.uk/~wiki/images/5/5a/SE_Strategy_for_success.pdf

22

Les voici tels quels :

Figure 10: Critères proposés par le réseau EMES pour définir les entreprise sociales

Indicateur Économique

Social

Description

Activité

continue de
production de biens et/ou de services

 

A l'inverse d'une partie des organisations de non-profit dont l'activité principale est la

défense des intérêts ou la redistribution de

l'argent, les entreprises sociales ont comme

activité principale une activité productive.

Un degré

élevé d'autonomie

 

Bien que pouvant dépendre de subsides publics, les entreprises sociales sont autonomes et sont dirigées par le groupe de personnes à la base du projet et par personne d'autre (public ou privé)

Un niveau

significatif de prise

de risque

économique

 

Les créateurs d'une entreprise sociale assument totalement ou en majeure partie leur prise de risque économique et leur viabilité financière.

Un niveau

minimum d'emploi

rémunéré.

 

Les entreprises sociales peuvent, comme les organisations de non-profit, faire appel à des ressources monétaires comme des travailleurs rémunérés ou à des ressources non-monétaires comme des bénévoles. Cependant, l'entreprise

sociale doit assurer un niveau minimum
d'emploi rémunéré.

 

Un objectif

explicite de service à la communauté.

L'un des principaux objectifs des

entreprises sociales est le service à la
communauté ou à un groupe spécifique de personnes et/ou la promotion du sens de la responsabilité sociale au niveau local.

 

Une initiative

émanant d'un groupe de citoyens.

A la base des entreprises sociales, il

existe une dynamique collective qui implique une communauté ou un groupe qui partage un

23

 
 
 

objectif commun bien défini.

 

Un pouvoir de décision non basé sur

la détention de
capital.

On peut associer ce critère avec le

principe « un homme, une voix » ou au moins avec le principe que le processus de décision, notamment le droit de vote, n'est pas réparti en fonction de la participation au capital.

 

Une dynamique participative, impliquant différentes concernées l'activité.

parties

par

Une gestion participative et qui implique les usagers, les clients et autres diverses parties prenantes au projet est une des caractéristiques des entreprises sociales.

 

Une limitation de la distribution des bénéfices.

Les entreprises sociales peuvent être des organisations où il existe une obligation absolue de non-distribution des bénéfices, et peuvent aussi être des organisations où les bénéfices peuvent être distribués mais de manière limitée, ce qui empêche les comportements visant la maximisation du profit.

c. Bacchiega et Borzaga

Bacchiega et Borzaga (2001) parlent de l'entreprise sociale comme une nouvelle forme d'entrepreneuriat qui se distinguerait du tiers secteur.

Ce qui la caractérise principalement est son activité de production de biens et/ou de services. Cette activité de production doit évidemment être au service d'un objectif social qui a pour but de servir la communauté ou un groupe particulier de personne ou encore de promouvoir la responsabilité sociale à un niveau local. Cette activité est mise en oeuvre notamment par le biais de l'innovation, caractéristique d'une entreprise sociale.

Les entreprises sociales devraient suivre un critère de non-lucrativité, bien que, pour Bacchiega et Borzaga (2001), les organisations du tiers secteur ont une contrainte de non-redistribution des profits beaucoup plus stricte.

24

Une des forces de l'entreprise sociale doit être de mobiliser, et notamment de mobiliser son capital social, soit les ressources que la communauté peut lui offrir. Evers, Laville et Nyssens (2001) ont aussi insisté sur cette notion de capital social qui pourrait être un critère d'idéal-type de l'entreprise sociale. L'entreprise doit aussi engendrer des relations de confiance au sein de son entité et autour de celle-ci. Un des critères pour aider à cette relation est d'avoir une gestion démocratique, une dynamique participative qui peut aussi impliquer des bénévoles.

d. Commission européenne

La commission européenne13 propose cette définition :

Figure 11 : Définition de l'entreprise sociale selon la commission européenne

« Une entreprise dont le principal objectif est d'avoir une incidence sociale plutôt que de générer du profit pour ses propriétaires Elles opère sur le marché en fournissant des biens et des services de façon entrepreneuriale et innovante et elle utilise ses excédents principalement à des fins sociales. Elle est soumise à une gestion responsable et transparente, notamment en associant ses employés, ses clients et les parties prenantes concernées par ses activités économiques. »

Dans son rapport14, la commission européenne précise cette définition en insistant sur le rôle de l'innovation sociale pour répondre à des besoins insatisfaits. Ces entreprises apportent à l'économie une croissance durable avec leur vision de long terme et de développement durable.

e. Mouves

Le Mouves propose la définition suivante de l'entreprise sociale15 : Figure 12 : Définition de l'entreprise sociale selon le Mouves

« Entreprises avec un objectif social, environnemental ou sociétal et à lucrativité limitée. Elles cherchent à associer leurs parties prenantes à leur gouvernance. »

Les critères que le Mouves juge indispensables sont ceux ci :

- L'entreprise sociale doit avoir une finalité sociale, sociétale ou

environnementale ou territoriale inscrite dans ses statuts et doit créer des emplois.

13 http://recma.org/node/2533

14 http://www.eco.public.lu/attributions/economie_solidaire/EU_doc.pdf

15 http://mouves.org/l-entrepreneuriat-social/definition-de-lentreprise-sociale-au-sens-du-mouves-mouvement-des-entrepreneurs-sociaux/

25

- Son activité doit être une initiative privée et doit impliquer plusieurs parties

prenantes dans la gouvernance.

- L'entreprise doit avoir une rémunération limitée des apports en fonds propres
et ses excédents doivent être majoritairement réinvestis dans le projet.

- Le Mouves recommande aussi l'innovation sociale et l'ancrage territorial
comme critères de l'entreprise sociale, ainsi qu'une activité marchande significative et une intégration des impératifs de développement durable

f. OCDE

Selon l'OCDE, l'entrepreneuriat social désigne16 : Figure 13 : Définition de l'entrepreneuriat social selon l'OCDE

«Toute activité privée d'intérêt général, organisée à partir d'une démarche entrepreneuriale et n'ayant pas comme raison principale la maximisation des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place, dans la production de biens et de services, des solutions innovantes aux problèmes de l'exclusion et du chômage».

g. Ashoka

Enfin, Ashoka parle de l'entrepreneur social17 : Figure 14 : Définition de l'entrepreneur social selon Ashoka

« Les entrepreneurs sociaux sont des individus qui proposent des solutions innovantes aux problèmes sociaux les plus cruciaux de notre société. Ils sont ambitieux, persévérants, s'attaquent à des questions sociales majeures et proposent des idées neuves capables de provoquer des changements à grande échelle. » et sont « au service d'une organisation où la finalité première est sociétale, dotée d'un modèle économique pérenne et viable. »

Actuellement, Ashoka accompagne plusieurs entrepreneurs sociaux et les sélectionne selon plusieurs critères :

L'innovation : La solution ou l'approche de l'entrepreneur social doit être nouvelle et capable d'apporter un changement radical aux pratiques du domaine dans lequel son activité

16 http://www.entrepreneur-social-npdc.org/spip.php?article27

17 http://www.entrepreneur-social-npdc.org/spip.php?article27

26

prend place. L'entrepreneur doit aussi être capable de se développer au niveau national, voir au-delà.

La créativité : L'entrepreneur social doit savoir imaginer des solutions pour les problèmes quotidiens ainsi qu'avoir une vision à long terme.

Les qualités entrepreneuriales : La persévérance, la ténacité, le pragmatisme, le sens pratique, le goût du risque.

La fibre éthique : L'entrepreneur doit avoir un sens éthique irréprochable

L'impact social : Nous allons voir ci-dessous comment se réalise l'évaluation de l'impact.

La méthode utilisée est un calcul du différentiel entre l'argent public investi et l'argent collecté ou les coûts évités pour la collectivité. Ce calcul se base sur les revenus et les économies liés à l'activité de l'entreprise, tandis que les bénéfices sociaux indirects sont seulement qualifiés. L'impact est considéré social si le retour sur investissement de l'argent public est positif (et donc engendre des économies à la collectivité ou des revenus) et si l'impact économique potentiel est important (l'activité génère des emplois durables et équitablement répartis sur le territoire).

Cependant, cette méthode ne permet pas de chiffrer les bénéfices qualitatifs comme par exemple une amélioration de l'état de santé des moins favorisés, un apaisement social, une intégration des personnes issues de la diversité, une protection de l'environnement ou encore une amélioration de la qualité de vie.

3. Formes statutaires existantes

La définition la plus souvent retenue est celle du statut juridique (notamment par l'INSEE et dans de nombreux textes législatifs), dont nous avons vu l'importance par rapport à l'économie sociale et solidaire, mais cette définition est incomplète (Thierry Sibieude, 2011) car certaines entreprises pourraient être exclues. Nous allons ici voir quels sont les statuts juridiques qui déterminent les entreprises sociales, en France et à l'étranger.

a. Les Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectifs (SCIC)

Au niveau des statuts juridiques, une loi de 200118 (art.36 de la loi 2001-624 du 17/07/2001 et art.19 de la loi 47-1775 du 10/09/1947) lance un nouveau statut : Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif (SCIC). Ces sociétés sont en fait de SA ou SARL dont le but

18 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000684004&categorieLien=cid

27

est la production de biens ou de services ayant un caractère d'utilité sociale, qui est un critère d'évaluation de l'ESS comme nous l'avons vu précédemment.

Pour l'ancien secrétaire d'état à l'économie sociale et solidaire sous le gouvernement Jospin, « la SCIC doit être comprise comme le chaînon manquant entre l'association et la coopérative avec la possibilité d'intégrer de nouveaux partenaires » (F.Morin, conseiller technique du cabinet de G.Hascoët).19

b. Les Sociétés coopératives et participatives (SCOP)20

Au niveau juridique une SCOP est un SA ou une SARL dont les salariés sont les associés majoritaires. C'est à dire qu'ils détiennent au moins 51% du capital social et ont 65% des droits de vote. Les salariés qui ne sont pas associés ont vocation à le devenir. Une autre particularité est qu'il existe, comme dans toute autre entreprise, un directeur, mais il est ici élu par les salariés associés. Le partage du profit est également équitable : une part pour tous les salariés, une part sous forme de dividende pour les associés et une part pour les réserves de l'entreprise. Ces réserves sont d'ailleurs impartageables et définitives, en moyenne 40 à 45% du résultat, et contribue au bon développement de l'entreprise.

c. Statut « à finalité sociale », Belgique21

Ce statut est uniquement accessible aux sociétés commerciales et doit répondre à quatre critères :

- Faire primer les services à la collectivité plutôt que le profit

- Gestion Autonome

- Organisation démocratique

- Primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des

revenus.

Ces sociétés doivent remplir des conditions supplémentaires : elles doivent notamment définir précisément la finalité sociale de leur entreprise et rédiger un rapport annuel sur la façon utilisée pour atteindre leur but social.

d. Statut de Coopérative Sociale, Italie

En 2000 le statut de coopérative sociale est créé en Italie. Leur but est l'intérêt général de la communauté avec pour objectifs l'intégration sociale des citoyens et la promotion humaine. Ces coopératives sont divisées en deux groupes. Les coopératives de type A s'occupent des services éducatifs, sanitaires et sociaux. Les coopératives de type B s'occupent

19 http://www.avise.org/IMG/mediatheque/2004-01-06_Biblio_raisonnee_EUS.pdf p9

20 http://www.les-scop.coop/sites/fr/les-scop/qu-est-ce-qu-une-scop.html

21 http://www.belgium.be/fr/economie/economie_sociale/statut_juridique/societes_a_finalite_sociale

28

d'autres activités dont le but est l'insertion des personnes défavorisées (handicapés, patients en psychiatrie, détenus en semi-liberté, marginaux adultes).

e. Community Interest Companies, Royaume Uni

Les Community Interest Companies (CIC)22 sont des nouveaux types d'entreprises que le gouvernement anglais a créé en 2005. Ce sont des entreprises traditionnelles (limited companies) qui ont des traits supplémentaires : leur activité doit apporter des bénéfices à la communauté et ne doit pas être créée pour un bénéfice privé.

Pour cela, les entreprises voulant acquérir ce statut doivent passer deux tests : le community interest test et le asset lock test. Une personne, appelée un régulateur, juge la finalité de l'entreprise, et si celle-ci est en faveur de l'intérêt d'une communauté et seulement à ce moment, l'entreprise peut obtenir le statut. De plus, l'entreprise n'est pas seulement censée satisfaire le test avant, mais aussi après l'obtention du statut, sous peine de se voir retirer celui-ci. Ce test ne demande pas que chaque activité soit orientée en faveur de la communauté, mais que l'activité globale de l'entreprise soit orientée dans ce sens.

Nous pouvons aussi préciser que deux types d'entreprises qui en temps normal pourraient présenter un bénéfice, ne peuvent pas acquérir ce statut. Il s'agit des entreprises politiques : campagne politique, activités supportant un certain parti, etc. ; et des entreprises qui entraineraient des bénéfices uniquement pour les membres d'une organisation ou d'une certaine entreprise.

Concernant le deuxième critère, « Asset Lock » est un terme général qui désigne en fait l'utilisation limitée des actifs de l'entreprise, donc une lucrativité limitée.

Deux ou trois informations complémentaires paraissent intéressantes à retenir. Le gouvernement précise qu'une personne demandera le statut de CIC plutôt que celui d'association pour son entreprise s'il est entrepreneur. Aussi, il est possible pour une association caritative de changer son statut en une CIC.

4. Pourquoi un label ?

Nous nous demandons dans cette partie comment les entreprises sociales sont aptes à se différencier des entreprises traditionnelles sachant qu'il n'y a aujourd'hui pas de moyen reconnu pour le faire. C'est pour cela que nous nous intéressons au label : il permettrait de le faire.

22 http://www.bis.gov.uk/cicregulator

29

László Andor, commissaire en charge de l'emploi, des affaires sociales et de l'inclusion, a déclaré23: «les entreprises socialement responsables ont pour origine la prise de conscience que la crise n'est pas seulement économique et financière mais aussi éthique. Des valeurs telles que la solidarité, la durabilité, l'inclusion et l'intégrité ne sont pas toujours respectées par les entreprises et je crois que nos économies en ont souffert. C'est pourquoi l'entreprise sociale et la RSE peuvent avoir un impact décisif et ainsi contribuer aux objectifs que s'est fixé l'Europe de 2020, à savoir plus d'emplois et plus de croissance.»

En 2010, le gouvernement lance l'idée d'un label des entreprises sociales (Rapport Vercamer et Conseil Supérieur de l'économie Sociale et Solidaire). L'Union Européenne s'interroge de même sur cette reconnaissance des entreprises sociales. Le Mouves a lui aussi développé cette idée. A côté de cette problématique du label, une grande majorité des acteurs se rejoignent par rapport au fait d'établir un bilan sociétal, qui permettrait de mesurer les apports sociaux des entreprises en prenant compte de différentes variables telles que l'éthique, l'environnement ou encore l'utilité sociale.

Cependant, la mise en place d'un label est parfois difficile comme le témoignent les précédentes labellisations telles que le label commerce équitable ou encore le label agriculture biologique. Le Conseil Supérieur de l'économie sociale et solidaire a lui aussi expérimenté des doutes sur l'élaboration d'un label unique et envisage des labels sectoriels. Alors est-ce possible d'établir un label « entreprise sociale » connaissant la diversité de ce secteur ?

Nous allons dans un premier temps voir les raisons qui poussent ces différentes entités à proposer un label.

a. Utilité d'un label

C'est tout d'abord une question de visibilité des entreprises sociales. En effet, même en ayant une définition théorique de celle-ci, en pratique : comment les différencier ? Il n'y a aujourd'hui pas de modèle proposé pour résoudre ce problème et il est donc difficile de juger si on entreprise est sociale ou non, ce qui entraine évidemment un manque de visibilité pour celles-ci. Cette problématique de visibilité des entreprises sociales entraine principalement la question des financements.

Comment une entreprise sociale peut-elle trouver des financements quand elle n'est pas remarquée ? Or, il s'avère que les difficultés à trouver ses financements posent un véritable problème. Les besoins de ces entreprises sont nombreux et présents à différents stades de développement : soutien à l'idée, développement du projet ou encore développement à l'extension.

23 http://europa.eu/rapid/press-release_IP-11-1238_fr.htm?locale=fr

30

Les investisseurs ne sont pas à blâmer car eux-mêmes ont un manque de visibilité du marché. Ce phénomène est accentué par la faible reconnaissance de l'entreprise sociale et aussi par la multiplicité des définitions. Il s'agit donc ici de créer un langage commun entre l'investisseur et le bénéficiaire.

Cette visibilité ne concerne pas seulement les investisseurs, mais aussi les consommateurs et acheteurs et autres entités. Par autres entités, nous parlons des pouvoirs publics et notamment l'Union Européenne. Les citoyens et clients seraient également plus en mesure de juger le poids et l'impact de ces entreprises.

L'absence d'indicateurs fragilise non seulement les entreprises sociales, mais aussi le positionnement de l'économie sociale et solidaire, les gouvernements l'évaluant principalement en terme d'emplois créés.

La visibilité des entreprises sociales serait améliorée grâce au choix d'un périmètre du secteur. C'est là ce que le label cherche à établir. En effet, aujourd'hui seuls les statuts permettent de définir si une entreprise appartient ou non à l'ESS, mais cela pose un problème par rapport aux entreprises possédant un statut plus traditionnel et pouvant pourtant être sociales. Ce label permettrait donc d'englober des sociétés de capitaux plus traditionnelles combinant une démarche entrepreneuriale et une démarche à finalité sociale.

La labellisation est, selon Larceneux (2004), une stratégie marketing qui communique la qualité des produits auprès des consommateurs/acheteurs potentiels. C'est en fait un signe de reconnaissance pour les consommateurs. Officiellement, il existe quatre labels (label rouge, label AB, AOC et VBF). Toutes les autres formes de labels sont en fait des outils commerciaux.

Selon le dictionnaire, le label est « une étiquette ou marque spéciale créée par un syndicat professionnel ou un organisme parapublic et apposée sur un produit destiné à la vente, pour en certifier l'origine, la qualité et les conditions de fabrication en conformité avec des normes préétablies. »24 (Larousse). Il est donc possible d'avoir des labels définis par des organismes extérieurs et non reconnus par les pouvoirs publics.

Les labels officiels des pouvoirs publics permettent d'améliorer l'efficience des marchés qui sont caractérisés par des asymétries d'information (Hadden, 1986). C'est ici le cas comme nous l'avons vu juste avant.

Pour une entreprise, l'enjeu est la communication : « Pour une entreprise, la labellisation est une des nombreuses options publicitaires et toute décision de labellisation pour être examinée comme n'importe quelle décision de stratégie publicitaire » (Golan, Kuchler et Mitchell, 2000, 7). Le label est une information qui rassemble plusieurs dimensions de la qualité du produit et est plus crédible qu'une seule information commerciale.

24 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/label/45761

Au niveau théorique, l'étude de l'influence des labels n'est pas encore très développée.

b. Propositions de label

Maintenant que nous avons établi l'utilité du label, nous allons voir plus concrètement quelles différences sont les propositions ou les réflexions en cours sur ce label.

i. Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire

Pour le conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire, dans son rapport d'activité

2011 :

Figure 15 : Proposition n°36 du rapport 2011 du CSESS

Proposition n°36 25 : « La Commission proposera une Initiative pour l'Entreprenariat Social en 2011, afin de soutenir et d'accompagner le développement de projets d'entreprise innovants sur le plan social au sein du marché unique en utilisant notamment la notation sociale, les labellisations éthiques et environnementales, la commande publique, la mise en place d'un nouveau régime de fonds d'investissement et la captation de l'épargne dormante. »

ii. Commission européenne - Fonds d'entrepreneuriat social

La commission européenne propose la création d'un label « Fonds d'entrepreneuriat social européen » dont le but est de permettre aux investisseurs d'identifier des fonds d'investissement dont l'objet est d'investir dans des entreprises sociales. Les fonds qui utilisent ce label auront le devoir d'investir au moins 70% de l'argent reçu des investisseurs dans des entreprises sociales. Le but recherché est de soutenir le marché des entreprises sociales en collectant les fonds de manière plus efficace.

Selon les estimations de J.P. Morgan (2011), ce marché pourrait dépasser les 100 milliards d'euros grâce à une forte croissance.

31

25 Rapport d'activité du CSESS, p36

32

iii. Rapport Vercamer26 :

Figure 16 : Proposition n°4, 5 et 39 du rapport Vercamer

Proposition n° 4 : « encourager la pratique du bilan sociétal, outil d'auto-évaluation, dans le but de renforcer les pratiques sociales des entités de l'ESS »

Proposition n° 5 : « engager une démarche de création de labels qui dépasse la seule approche statutaire pour mieux reconnaître l'appartenance à l'ESS »

Proposition n° 3927 : « favoriser l'accès des entreprises sociales labellisées à de nouveaux marchés et à de nouveaux clients »

Vercamer précise que deux types de labels sont envisagés : un label pour « l'entrepreneuriat social » et un label à « finalité sociale et solidaire »

Ces deux labels peuvent intéresser tous les acteurs de l'ESS, le premier s'adressant particulièrement aux entreprises « classiques » souhaitant être reconnues dans l'ESS.

Le deuxième s'adresse à tous et peut intéresser les entités appartenant à l'ESS au niveau statutaire mais qui veulent renouveler et confirmer leur valeur dans ce secteur.

Notre rappelons ici que notre problématique concerne un label « entreprise sociale ». Nous n'avons pas encore vu quelles conditions sont nécessaires pour l'obtention de ce label, nous ne pouvons pas donc nous avancer ici quant à la nature des organisations pouvant postuler à ce label. Nous ne pouvons donc pas pour l'instant rattacher notre problématique à un des deux labels.

c. Évaluation

Avant de parler des critères, nous allons tout d'abord rappeler ce qu'est une évaluation. Pour choisir nos indicateurs, il faut déjà savoir quel type d'indicateurs nous pouvons utiliser. Selon le Larousse, évaluer est « déterminer, fixer, apprécier la valeur, le prix de quelque chose, d'un bien, etc.»28. On peut évaluer grâce à des instruments de mesure Ð toujours à référer à un contexte - permettant de fixer la valeur que l'on cherche à mesurer. Ce processus permet de hiérarchiser les modes de reconnaissance.

Concernant les méthodes d'évaluation, elles sont multiples : comptabilité nationale (macro), fonctionnement organisationnel (micro), portrait régional, portrait sectoriel, analyse des objectifs et des impacts.

26 Rapport Vercamer, p39

27 Rapport Vercamer, p103

28 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/évaluer/31795

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L'évaluation peut de même se baser sur des aspects quantitatifs ou qualitatifs, ou encore combiner les deux. L'évaluation peut aussi être réalisée de manière participative négociée entre l'évaluateur externe et les acteurs concernés (Bouchard et Oumais, 2001; Rondot et Bouchard, 2003).

Une des caractéristiques de l'ESS et des entreprises sociales, d'après différentes définitions vues ci-dessus, est d'avoir une dynamique collective et participative. C'est une raison pour laquelle chaque avancée dans ce milieu est principalement réfléchie avec les acteurs du secteur. On a pu le voir avec le projet de loi de Benoit Hamon, qui demande une réflexion collective avant de présenter son projet de loi. C'est donc un aspect très important ici : faire participer les acteurs de l'ESS et des entreprises sociales à la mise en place de l'évaluation.

Nous verrons suite à la sélection de nos critères, qu'il est probable que nous ayons besoin d'aspects quantitatifs et qualitatifs. Certaines notions faisant appel à la solidarité, à la finalité sociale ou encore à la fibre éthique peuvent être difficiles à rattacher à un indicateur quantitatif.

L.Fraise (2001) propose certaines politiques pour accompagner la recherche de méthodes d'évaluation de l'ESS. Tout d'abord, l'évaluation de l'ESS doit permettre le dialogue entre les différents acteurs de l'ESS. Il faut aussi qu'une politique de recensement et de transfert de méthodes et outils d'évaluation doit être mise en place à échelle européenne ainsi qu'une politique de reconnaissance de l'utilité sociale et une réflexion sur qui attribue les labels (le secteur public, les pairs).

Plusieurs méthode d'évaluation sont proposées dans le guide AVISE. Pour Celavar (2001), pour évaluer, il faut définit le but d'une action, les finalités et les objectifs. A partir de cela, trois axes peuvent être définis autour de l'efficience (le rendement des ressources), l'efficacité (l'objectif est-il atteint ?) et la cohérence.

Selon le guide Muscade (Contrechamp, 2002), il faut faire des distinctions entre les réalisations, les résultats, les impacts, les critères et les indicateurs. Les réalisations correspondent aux actions menées, celles-ci entrainent des résultats. Les impacts sont quant à eux les effets globaux du projet et les critères sont les éléments qui sont mis en place pour évaluer ces éléments. Enfin, les indicateurs sont des instruments qui servent à mettre une valeur sur un critère. Nous pouvons appliquer ce raisonnement lors de notre analyse de données : nous utiliserons des indicateurs, servant à évaluer des critères qui eux-mêmes sont liés aux réalisations, résultats et impacts de l'entreprise sociale.

Concernant l'évaluation des impacts, on peut les diviser en deux catégories : impacts directs et impacts indirects.

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Les impacts directs comprennent les impacts économiques et sociétaux. J.Gadrey (2002) défini que l'impact économique peut être vu de deux façon : selon l'usager et selon la collectivité. J.C.Gosset (2002) défini un impact pour le salarié, défini par la création d'emplois durables. Concernant les impacts sociétaux, il définit ceux-ci comme une réponse à des besoins non satisfaits, par une co-construction de l'offre et de la demande et par le développement d'innovation.

Les impacts indirects peuvent être économiques, socio-économique

1. Impact indirect

Comme pour les impacts directs, on peut tout d'abord parler des impacts économiques et d'impacts sociaux-économiques. Les entreprises de l'ESS doivent contribuer à la réduction de coûts économiques publics et privés (J.Gadret, 2002) ou créer de la valeur ajoutée (J.C.Gosset, 2002) au sein de la collectivité. Elles doivent aussi contribuer au dynamisme socio-économique des territoires et doivent avoir un impact au niveau de la cohésion sociale et de la réduction d'inégalités.

Au regard des observations, l'évaluation de l'ESS s'inscrit dans trois registres : institutionnel, identitaire et axiologique.

Par rapport aux indicateurs, on peut baser l'évaluation sur trois catégories : la dimension d'utilité sociale, la dimension organisationnelle et la dimension institutionnelle (Bouchard, 2004). La dimension organisationnelle est en fait la performance des entreprises en terme d'efficacité, de productivité, de qualité, etc. Nous entendons par utilité sociale les impacts qui ont une valeur ajoutée sur les dimensions sociales, comme précisé au dessus. Nous pouvons par exemple citer la réduction des inégalités, les effets de redistribution, etc. (Gadrey, 2004; Nogues, 2003). Quand à la dernière catégorie : la dimension institutionnelle, elle fait référence aux innovations, à la gouvernance, au règles du jeu, etc.

Le référent normatif est pour d'autres basé autour de trois fonctions : solidaire, productive et démocratique (b.Enjolras, 2001). La fonction solidaire implique les intérêts communs et les valeurs communes des individus associés. La fonction démocratique fait référence au mode de gouvernance, où la démocratie participative et l'auto-gouvernance sont mises en avant. Enfin, la fonction productive est une fonction qui diffère et qui complète celle des secteurs privés et publics.

Dans le Rapport Bruntland, 198729, on considère que l'évaluation de l'ESS s'inscrit dans le monde du développement durable et vise à repenser les indicateurs de richesse d'un point de vue macroéconomique (Lipietz, 2001 ; Viveret, 2001). La question de l'évaluation renvoie donc ici à la double fonction de l'ESS : socioéconomique et sociopolitique : être productrice de biens et services tout en participant à l'intérêt général.

29 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/sites/odyssee-developpement-durable/files/5/rapport_brundtland.pdf

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En résumé :

Nous avons ici vu que l'économie sociale et solidaire est une économie montante et en pleine croissance. L'ESS est composée d'associations, de coopératives, de mutuelles, ou encore d'entreprises plus traditionnelles. Ce sont justement ces entreprises qui nous intéressent. Le concept d'entreprise sociale est né dans les années 1990, c'est donc un concept récent qui amène encore beaucoup de questionnements. En effet, si l'entreprise sociale se positionne dans l'ESS, où se positionne t'elle exactement ? Nous avons pu voir que beaucoup de définitions étaient proposées, nous essayerons d'en tirer des critères communs acceptés par la majorité des acteurs.

Deux statuts ont été créés en France, la SCOP et la SCIC. Ce statut suffit-il pour dire qu'une entreprise est sociale ? Les entreprises ayant un statut plus traditionnel ne peuvent-elles pas être considérée comme sociales ? Nous avons vu qu'il y a actuellement un problème de visibilité et qu'un label « entreprise sociale » aiderait à résoudre celui-ci.

Des propositions de label ont d'ailleurs été soumises par différentes organisations. Benoit Hamon propose un label économie sociale et solidaire, A. Lipietz un label d'utilité sociale, le CSESS un label éthique et environnemental, la commission européenne un label fonds d'entrepreneuriat social européen, le rapport Vercamer un label pour « l'entrepreneuriat sociale » et un label « à finalité sociale » et le Mouves un label « entreprise sociale ».

Nous avons ensuite vu comment l'évaluation ou l'identification de la labellisation pourrait être mise en place. Dans notre travail d'analyse, nous utiliserons des indicateurs, servant à évaluer des critères qui eux-mêmes sont liés aux réalisations, résultats et impacts de l'entreprise sociale.

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II/ Méthodologie

1. Objet de la recherche : problématique, axe de travail et hypothèses testées

Notre objet de recherche est d'identifier s'il existe des indicateurs spécifiques pour définir l'entreprise sociale dans le cadre d'une labélisation, sachant qu'aujourd'hui il n'y a pas de définition qui fait consensus pour définir celle-ci. Notre hypothèse est donc qu'il existe des indicateurs spécifiques pour définir l'entreprise sociale dans le cadre d'une labélisation.

Nous avons choisi de nous placer dans le cadre d'un label pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le label est un moyen de promouvoir l'entreprise sociale et d'améliorer sa visibilité auprès des consommateurs, des investisseurs et de la société. C'est donc un cadre bénéfique. La deuxième raison est que ce cadre du label permet de réfléchir à la définition de l'entreprise sociale. Notre démarche veut aboutir à une proposition d'une grille d'indicateurs qui permettraient la construction d'un label entreprise sociale. Par cette démarche, nous voulons essayer d'aboutir à un moyen de définir l'entreprise sociale à travers des indicateurs bien choisis.

2. Données

Les données que nous utilisons ici sont des données secondaires puisque nous travaillons sur des définitions. Pour sélectionner ces définitions, nous nous sommes intéressés aux définitions proposées par les organisations de l'économie sociale et solidaire, les organisations des entrepreneurs sociaux, les différents rapports des gouvernements français et étrangers, les rapports européens et différents rapports de recherche. Les définitions des différentes organisations sont intéressantes dans le sens où la démarche de réflexion de celles-ci se base sur une réflexion collective qui implique différents acteurs du secteur. Les sources étrangères (de Belgique et du Royaume-Uni) sont aussi intéressantes car ces nations ont élaboré un modèle national pour définir les entreprises sociales ou à finalité sociale. Les définitions des chercheurs, quant à elles, nous apportent un point de vue complémentaire. Nous avons donc des sources diverses, ce qui est important pour ne pas se figer dans une seule direction. C'est une méthode qui regroupe des points de vue déjà réfléchis et élaborés, mais cela implique que la quantité est plus limitée que si nous avions demandé des définitions aux différents acteurs sous forme de questionnaire.

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3. Démarche

Pour répondre à notre problématique, nous diviserons notre travail en trois parties.

Tout d'abord, nous allons réfléchir sur les critères pouvant servir de base à nos indicateurs. En effet, nos indicateurs doivent indiquer ce qu'est une entreprise sociale, mais qu'est-ce qu'une entreprise sociale ? Dans notre revue de littérature, nous avons vu les différentes définitions de l'économie sociale et solidaire et de l'entreprise sociale. Nous avons pu voir que ces deux secteurs sont liés, une des questions se posant est donc qu'est ce qui les sépare ? Nous allons donc, à partir de l'ensemble des définitions des deux concepts, voir quels sont les critères que ces définitions présentent. Nous allons ensuite, pour chaque critère, voir pour quel nombre de définitions des deux concepts celui-ci s'applique et dans quelle proportion. Cela nous permettra de déterminer quels sont les critères s'appliquant uniquement pour l'entreprise sociale, uniquement pour l'économie sociale et solidaire, et enfin quels sont les critères communs aux deux.

Une fois que nous aurons déterminé quels critères s'appliquent à l'entreprise sociale, nous pouvons nous intéresser aux indicateurs. Pour cela, nous allons nous baser sur des indicateurs existants dans les domaines qui paraissent reliés à nos critères et nous allons les lister et réfléchir auxquels pourraient s'appliquer à nos critères.

Notre troisième partie essayera donc de relier nos critères et nos indicateurs. Nous aurons alors un modèle sur lequel nous réfléchirons et évaluerons sa pertinence.

Notre démarche est ici théorique et exploratoire, puisque nous travaillons sur une définition et un modèle. Nous avons tout d'abord réalisé une recherche documentaire nous permettant de recueillir des définitions, des concepts et des principes. Cette recherche va mener à une analyse de ces définitions, concept et principes. C'est en fait une analyse lexicale et une analyse de contenu que nous réalisons. A partir de cette analyse, nous voulons aboutir à un modèle théorique.

Cette recherche peut par la suite être prolongée par une étude confirmatoire du modèle, ce n'est cependant pas ce que nous cherchions à élaborer ici.

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III/ Analyse de données

Dans cette partie, nous cherchons à analyser quels sont les critères et les indicateurs pouvant définir l'entreprise sociale dans le cadre d'un label. Pour cela, nous allons tout d'abord nous fixer sur une définition de l'entreprise sociale qui regroupera plusieurs critères essentiels pour notre analyse. En effet, pour pouvoir construire un tableau d'indicateurs, il nous faut tout d'abord bien identifier ces critères pour avoir une vue claire de comment les différents acteurs identifient une entreprise sociale et surtout pour homogénéiser ces définitions autour d'un nombre de critères qui s'imposent dans la majorité des définitions. Nous allons ensuite nous arrêter sur une définition de l'entreprise sociale et des critères associés et nous allons essayer de les comprendre du mieux possible afin de mieux les cerner et de mieux appréhender les indicateurs qui pourront s'appliquer à ces critères.

Dans un second temps, nous allons nous arrêter sur les indicateurs déjà existants dans d'autres domaines se rapprochant de nos critères. Nous essayerons d'en voir un maximum possible toujours afin de pouvoir élaborer notre liste d'indicateurs.

C'est d'ailleurs la partie qui suivra et qui répondra à notre problématique : nous verrons les critères et indicateurs réunis, qui pourraient être utilisés pour définir une entreprise sociale dans le cadre de l'élaboration d'un label.

1. Délimitation de l'ESS et de l'entreprise sociale en fonction des critères

Dans cette première partie, nous allons analyser les critères définissant l'entreprise sociale. Pour cela, nous avons construit un tableau. Ce tableau regroupe 16 définitions de l'économie sociale et solidaire et de l'entreprise sociale. Nous avons identifié dans chacune de ces définitions des critères, qui sont au nombre de 27 au total. Certains s'appliquent uniquement à l'entreprise sociale, d'autres uniquement à l'économie sociale et solidaire, et certains peuvent s'appliquer aux deux.

Nous allons dans un premier temps définir chacun des critères rapidement. Nous reviendrons plus en profondeur sur les critères retenus dans une prochaine partie. Nous verrons ensuite quels critères définissent l'ESS, puis quels critères définissent l'entreprise sociale. Pour conclure, nous conduirons notre analyse sur les critères communs et les critères non communs. Cela nous permettra de voir sur quels critères les acteurs du secteur sont unanimes et nous pourrons alors continuer notre recherche.

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1. Liste des critères et définitions

Nous allons ici nous aider des définitions de chacun des concepts formant les critères pour les définir d'une manière claire et sans débat.

Objectif sociaux, environnementaux, sociétaux

Il est parfois difficile de faire une différence entre social et sociétal, nous allons donc tout d'abord voir leurs définitions respectives. Ce qui est social est ce « qui concerne l'amélioration des conditions de vie et, en particulier, des conditions matérielles des membres de la société. »30. Ce qui est sociétal est ce « qui se rapporte aux divers aspects de la vie sociale des individus, en ce qu'ils constituent une société organisée. »31. Nous voyons donc ici que ces deux concepts sont très proches, le sociétal se rapportant à la vie sociale et le social s'intéressant aux membres de la société.

Deux définitions de l'environnement paraissent ici importantes pour pouvoir le placer dans un contexte. L'environnement est « l'ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins » et aussi « l'ensemble des éléments objectifs (qualité de l'air, bruit, etc.) et subjectifs (beauté d'un paysage, qualité d'un site, etc.) constituant le cadre de vie d'un individu.

On voir donc ici que d'un part, l'environnement subvient au besoin des hommes et qu'il constitue d'autre part son cadre de vie. C'est donc une variable rattachée au social et sociétal, car elle influe sur les conditions de vie de la société et des hommes.

Solidarité

La solidarité 32 est un « rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d'intérêts, sont liées les unes aux autres » mais aussi un « sentiment d'un devoir moral envers les autres membres d'un groupe, fondé sur l'identité de situation, d'intérêts ». Nous avons donc deux variables importantes : le fait que la solidarité implique plusieurs parties prenantes, et le devoir moral.

30 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/social_sociale_sociaux/73133

31 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sociétal_sociétale_sociétaux/73148

32 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/solidarité/73312

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Lucrativité limitée

Il faut ici insister sur la différence entre lucrativité limitée et non-lucrativité. Nous allons nous baser sur les définitions de la Recma33. La non-lucrativité correspond à l'impartageabilité des réserves, c'est à dire que les associés ne peuvent pas prélever une part de la plus-value lors de leur départ et ne peuvent pas valoriser leurs apports.

La lucrativité limitée n'est pas aussi radicale, les associés ayant fait un apport en capital peuvent être rémunérés de leurs apports, mais ne peuvent pas prélever une part de la plus-value lors de leur départ.

Pas d'objectif de profits personnels

Cette variable peut-être reliée à la notion de lucrativité limitée, nous n'avons donc pas besoin d'y consacrer plus de précision. S'il y a lucrativité limitée, il y a une absence d'objectif de profit personnel.

Indivisibilité des réserves

L'indivisibilité des réserves est liée à la lucrativité limitée et à la non-lucrativité comme nous l'avons vu.

Ancrage territorial

La notion d'ancrage territorial qualifie les relations qu'entretiennent une entreprise et un territoire qui reposent sur des rapports non marchands ou du moins non exclusivement marchands. L'objectif de ces rapports est de construire des ressources spécifiques et territorialisées, c'est à dire non transférables en un autre lieu ou d'utiliser ces ressources dans l'activité de l'entreprise, comme la main d'oeuvre par exemple. C'est évidemment un processus de dynamisation du territoire qui doit s'inscrire dans la durée.

Gestion démocratique et transparente

Il y a ici la notion de démocratie, qui est « un système de rapports établis à l'intérieur d'une institution, d'un groupe, etc., où il est tenu compte aux divers niveaux hiérarchiques,

33 http://recma.org/node/862

41

des avis de ceux qui ont à exécuter les tâches commandées. »34 .La transparence est, quant à elle, la « parfaite accessibilité de l'information. »35.

La gestion démocratique est donc une gestion qui implique toutes les parties prenantes, notamment dans le processus de décision, et qui est transparente.

Règle démocratique « Un homme, une voix »

Si l'on distingue cette fameuse règle « un homme, une voix » de la gestion démocratique, c'est que ces deux concepts étaient présents dans les différentes définitions. On peut dire que si il y a présence de la règle « un homme, une voix », alors il y a gestion démocratique ; mais s'il y a gestion démocratique, il n'y a pas forcément « un homme, une voix ». C'est pour cette raison qu'il nous paraissait important de faire la différence.

Ce principe est très clair : tous les salariés associés ont le même droit de vote, peu importe le nombre de parts qu'ils détiennent.

Fibre éthique

Éthique (latin ethicus, du grec éthikos, moral) est défini comme « qui concerne la morale »36. L'éthique est une discipline philosophique qui étudie les valeurs de l'existence, la notion de « bien », les moeurs et la morale. C'est donc une notion très difficile à définir et dont nous pourrions énormément discuter. Nous pouvons cependant faire la distinction entre morale et éthique pour préciser ces notions. La morale est un ensemble de règles, de lois, à caractère universel. L'éthique se détermine d'une manière plus relative car dans notre cas, elle s'attache aux valeurs d'une communauté humaine bien précise. Bien que ce soit une notion vaste, nous verrons si besoin est, quels indicateurs peuvent déterminer ce qui est éthique ou non.

Liberté d'adhésion

La liberté d'adhésion repose sur deux principes : la liberté d'adhérer et la liberté de ne pas adhérer. Nous pouvons prendre l'article 20 de la Déclaration universelle des droits de l'homme37 :

34 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/démocratie/23429

35 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/transparence/79194

36 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/éthique/31388

37 http://www.un.org/fr/documents/udhr/#a20

1.

42

Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifique.

2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Utilité sociale

« L'utilité sociale s'intéresse aux effets positifs d'une action sur un territoire auprès d'un groupe de population ou plus globalement de la société. Elle concerne donc des domaines très larges : social, environnement, culture, éducation, changements sociétaux, économie... »38

Nous avons ici une autre dimension de critère, car celui-ci s'intéresse aux effets produits et non à la nature même de l'organisation. D'une certaine manière, nous pouvons relier l'utilité sociale aux objectifs sociaux et sociétaux, celle-ci s'intéressant en fait aux effets que produisent ces objectifs.

Externalité positive

Une externalité positive est produite lorsqu'un acteur est favorisé par l'action d'un tiers sans qu'il ait à payer. Le gain privé est donc inférieur au gain social.39 Ici, le critère est donc que l'entité engendre des externalités positives et fait profiter des tiers par son action. Encore une fois, cette notion peut être reliée à l'utilité sociale, et donc aux objectifs sociaux et sociétaux.

Impact social

L'impact social désigne l'ensemble des changements sociaux durables qu'une organisation ou une action engendre sur la société. Nous pouvons donc relier cette variable aux effets engendrés par les objectifs sociaux et sociétaux.

Mixité des financements

Cela veut simplement dire que les ressources des différents acteurs peuvent venir de différentes entités : privée ou publique.

38 http://www.avise.org/spip.php?rubrique144

39 l'ABC de l'économie, IMF

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Orientation entrepreneuriale

Pour bien comprendre ce qu'on entend par orientation entrepreneuriale, nous allons tout d'abord nous référer à Schumpeter qui en 1942, définira les stratégies entrepreneuriales comme consistant à élaborer de nouvelles méthodes pour développer l'entreprise. Il admet dans sa définition les concepts de l'entrepreneuriat : innovation, combinaison de ressources et pro-activité. Miller (1983) identifiera quelques années plus tard trois dimensions dont deux étant les mêmes que celle identifiées par Schumpeter : le côté innovant, la pro activité ; et un étant différent : la prise de risque. Enfin, Lumpkin et Dess (1996) rajoutent deux autres dimensions à l'orientation entrepreneuriale : l'agressivité compétitive et l'autonomie.

On peut noter que la pro activité est un concept qui est lié à la prise d'initiative mais toujours dans un but d'anticipation et de vision à long-terme. On la différencie du concept d'agressivité compétitive car la pro activité se réfère plus au marché alors que l'agressivité compétitive se réfère aux concurrents.

Porter (1985) propose trois utilisations de l'agressivité compétitive : avoir de nouvelles configurations pour faire les choses d'une manière différente ; dépenser plus que le leader du marché ; redéfinir le produit, le service et les canaux de distribution pour acquérir l'avantage.

Secteur marchand

On trouve plus de définitions sur le secteur non-marchand que sur le secteur marchand, nous allons donc voir la définition de l'Insee sur les services non marchands :

« On considère qu'une unité rend des services non marchands lorsqu'elle les fournit gratuitement ou à des prix qui ne sont pas économiquement significatifs. Ces activités de services se rencontrent dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'action sociale et de l'administration. »40

Le secteur marchand est donc tous les services n'étant pas applicables à cette définition.

Autonomie élevée

L'autonomie est la « situation d'une collectivité, d'un organisme public dotés de pouvoirs et d'institutions leur permettant de gérer les affaires qui leur sont propres sans

40 http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/services-non- marchands.htm

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interférence du pouvoir central. »41. On parle alors ici du degré d'autonomie, et cela implique que l'entité concernée doit pouvoir gérer ses affaires sans interférence d'autres entités.

Nous pouvons aussi noter que cela est une des composantes de l'orientation entrepreneuriale.

Prise de risque économique considérable

Cette variable est corrélée avec l'orientation entrepreneuriale comme nous l'avons vu auparavant.

Innovation

Nous avons vu que cette variable fait partie de l'orientation entrepreneuriale.

Schumpeter (1934) fait partie des premiers auteurs à démontrer l'importance de l'innovation dans une entreprise. Il la lie avec les processus de génération d'idée et de développement d'opportunités qui peuvent conduire à de nouveaux produits, services ou technologies. Nous pouvons, dans notre cas, parler de l'innovation sociale qui est définie par le CSESS comme : « L'innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d'organisation, de distribution, dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l'exclusion, les discriminations... Elles passent par un processus en plusieurs démarches : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation. »

Répond à une demande particulière

Comme nous l'avons vu dans la littérature, le tiers secteur est considéré par certains comme une troisième offre répondant aux besoins peu ou mal satisfaits par les pouvoirs publics et par le marché privé. C'est donc dans ce sens qu'il faut interpréter ce critère : l'entreprise sociale ou l'économie sociale et solidaire a une offre qui n'est pas encore représentée sur le marché. Cette offre peut évidemment être mis en lien avec l'innovation, qui peut être un outil pour élaborer cette offre.

41 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/autonomie/6779

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Nouvelle façon de penser l'économie

Cette variable détermine un état d'esprit et est donc difficilement identifiable. On peut néanmoins parler ici de la double combinaison économique et sociale qui correspond à cette nouvelle façon de penser. Une entreprise dont la finalité est sociale a une autre façon de penser l'économie. Ce n'est ni une entreprise qui cherche uniquement à maximiser ses profits pour des fins personnelles, ce n'est pas non plus une organisation sociale dont les objectifs sociaux prime le profit. C'est une combinaison de ces deux éléments, l'un étant aussi important que l'autre. Cela est donc lié au premier critère d'objectif social et sociétal.

Propriété sociale

La propriété sociale est opposée à la propriété privée. La propriété privée est relative à une personne, alors que la propriété sociale est relative à une communauté. La propriété sociale d'une activité est donc l'appartenance d'une activité à une communauté et non à un particulier.

Part d'une initiative citoyenne

Cela veut évidemment dire que l'action doit être engendrée par un groupe de citoyens.

Modèle économique pérenne

Pérenne veut dire « qui dure longtemps ou depuis longtemps ». L'entreprise ou le projet doivent donc être à long terme et non temporaire.

Niveau minimum d'emploi rémunéré

Ce critère nécessite qu'il y ait au moins un employé rémunéré dans l'entité. Il ne peut pas y avoir uniquement des bénévoles.

Capital social

Le capital social d'une entreprise peut être composé d'apport en numéraire et d'apport en nature. Il est donc égal au montant total des apports de biens et d'argent que les associés transfèrent ensuite à la société en contrepartie de droits sociaux.

Maintenant que nous avons vu à quoi se référait chaque critère, nous allons pouvoir entrer dans l'application concrète de ceux-ci. Nous allons donc voir quels sont ceux qui se rattachent à l'économie sociale et solidaire, puis quels sont ceux qui se rattachent à l'entreprise sociale, pour ensuite faire une comparaison de ces deux résultats

2. Critères définissant l'ESS

Figure 17 : Tableau de critères définissant l'ESS

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Nous avons ici cinq critères qui définissent l'ESS à la majorité :

- Le fait que les organisations de l'ESS ont pour but de répondre à des objectifs

sociaux, environnementaux ou sociétaux (85,7% des définitions)

- La notion de solidarité (85,7% des définitions)

- La lucrativité limitée (71,4% des définitions)

- L'ancrage territorial (57,1% des définitions)

- Le fait que l'objectif social prime sur le profit personnel (57,1% des

définitions)

Figure 18 : Tableau de critères définissant l'entreprise sociale

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Nous pouvons noter que certains autres critères peuvent être complémentaires et entrent donc dans la majorité quand ils sont combinés :

- la gestion démocratique et la règle démocratique « un homme = une voix ».

Combinés, ils sont représentés dans 57,14% des définitions.

Concernant l'utilité sociale, nous pouvons rappeler la définition de J.Gadrey (2006a,

p278) :

Est d'utilité sociale l'activité d'un organisme d'économie sociale et solidaire qui a pour résultat et objectif « de contribuer : à la réduction des inégalités économiques et sociales, y compris par l'affirmation de nouveaux droits, à la solidarité (nationale, internationale ou locale) et à la sociabilité, à l'amélioration des conditions collectives du développement humain durable (dont font partie l'éducation, la santé, la culture, l'environnement et la démocratie) ».

Dans ce cas, nous pouvons l'associer à la solidarité et aux objectifs sociaux, ce qui ne fait que confirmer la présence de ces critères.

3. Critères définissant l'entreprise sociale

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Nous avons ici aussi cinq critères qui définissent majoritairement l'entreprise sociale :

- Les objectifs sociaux, environnementaux et sociétaux (77,8% des définitions)

- La lucrativité limitée (66,7% des définitions)

- L'orientation entrepreneuriale (66,6% des définitions)

- Le fait que l'organisation soit présente dans le secteur marchand (55,6% de

définitions)

- Le fait que l'entreprise soit innovante (55,6% des définitions)

Pareillement à l'ESS, nous pouvons réunir les critères gestion démocratique et règle démocratique « un homme = une voix », ce qui fait un total de 55,55%.

4. Comparaison des deux analyses

a) Points communs

Tout d'abord nous pouvons voir que trois critères caractérisent l'ESS et l'entreprise sociale. Nous allons voir en quoi ces trois critères répondent aux deux définitions, puis nous allons comparer les critères définissant l'un par rapport à l'autre et voir à quel point ils sont éloignés ou non.

Les objectifs sociaux et sociétaux:

Cette variable paraît être la plus importante pour définir ces deux secteurs. C'est en effet la raison d'être de l'économie sociale et solidaire et de l'entreprise sociale. Nous nous intéresserons donc aux indicateurs permettant de définir un objectif social ou/et sociétal.

La lucrativité limitée

Cette variable va de pair avec la première ou du moins la logique l'indiquerait. En effet, si une entité a comme raison d'être un objectif social, elle ne va pas chercher l'enrichissement et les bénéfices vont être réinvestis dans la structure pour développer son activité. Nous verrons que les indicateurs permettant de juger le niveau de lucrativité sont déjà très présents, nous nous demanderons alors s'ils sont adaptables dans le cas de l'entreprise sociale.

La gestion démocratique

La gestion démocratique est, dans les entreprises de l'économie sociale et solidaire, définie par le principe « un homme, une voix ». C'est à dire que les membres de l'organisation ont tous le même droit de vote aux assemblée générales, peut-importe leur apport en capital ou en temps.

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Cependant, la définition reste imprécise et la gestion démocratique peut être appliquée de manière différente selon les entreprises. Il existe en effet beaucoup de facteurs internes tels que le type d'organisation, la culture de l'entreprise ou sa taille et de facteurs externes tels que la concurrence ou le financement qui agissent sur la mise en oeuvre de cette gouvernance démocratique.

Nous pouvons prendre exemple sur les sociétés à finalité sociale de Belgique qui ont une loi concernant la gestion des entreprises sociales. Tout membre du personnel de cette société peut acquérir, jusqu'à un an après son engagement, le statut d'associé. Ces sociétés n'appliquent pas la règle « un homme, une voix » mais ont une limitation concernant le nombre de voix qu'un associé peut avoir :

« Nul ne peut prendre part au vote à l'A.G. pour un nombre de voix dépassant le dixième des voix attachées aux parts ou actions représentées (% porté au vingtième si un associé a la qualité de membre du personnel). »42

On peut aussi parler ici de gestion participative dans le cas où les entreprises mettent en place différents mécanismes pour inclure les travailleurs dans la gestion. Cette démarche peut être considérée comme un outil pour accomplir leur projet ou comme une finalité en soi : impliquer les travailleurs permet de tous être au même niveau et d'être des citoyens solidaires au service d'un même projet.

Nous verrons, en plus du cas de la Belgique, quels sont les outils permettant d'évaluer une gestion démocratique.

b) Critères différents

Critères définissant l'ESS mais pas l'entreprise sociale

Notion de solidarité

Une seule définition compte la solidarité comme étant un des critères des entreprises sociales. Rappelons que EMES propose ce critère et précise bien que ces critères ne représentent pas l'ensemble des conditions qu'une entreprise doit remplir pour être qualifiée de sociale, mais plutôt un « idéal-type ».

En dépit du fait que le critères de la solidarité ne soit pas majoritairement présent dans les définitions de l'entreprise sociale, on peut se poser la question : si l'on admet qu'une entreprise est sociale quand sa finalité est sociale, peut-elle ne pas être solidaire ? Le sens commun nous dit que non, cela paraît improbable. On peut donc considérer que cette notion de solidarité fait partie de la variable « objectifs sociaux, environnementaux ou sociétaux ».

42 http://www.econosoc.be/files/SFS.pdf

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Aussi, s'il y a gestion démocratique, cela implique que les associés et les salariés sont solidaires les uns des autres, étant engagés dans le même projet. C'est donc une notion qui est présente dans l'entreprise sociale de différentes façon, et qui donc va de soi et n'a pas besoin d'être un critère.

Ancrage territorial ou apport à une collectivité/communauté

44% des définitions rapportent ce critère à la définition d'une entreprise sociale. C'est donc un élément important. Nous pouvons encore une fois essayer de relier cet élément aux objectifs sociaux. Un objectif social peut-être de répondre à un besoin d'une communauté ou à des besoins locaux. Est-ce cependant un critère obligatoire pour être une entreprise sociale ? Nous essayerons de déterminer cela lors de la recherche d'indicateurs.

· Critères définissant l'entreprise sociale et pas l'ESS

Secteur marchand, activité de production

0% des définitions associent l'économie sociale et solidaire à ce critère.

Quand nous regardons la définition des services non-marchands, le domaine de l'action sociale est présent, ce qui est intrinsèquement lié au domaine de l'économie sociale et solidaire bien évidemment. C'est pour l'instant la plus grande différence dans les critères de l'ESS et de l'entreprise sociale. Il apparaît que l'économie sociale et solidaire peut fournir des services non marchands, alors que les entreprises sociales se placeraient plus sur le secteur marchand. Nous pouvons rajouter que les entreprises de l'ESS peuvent aussi appartenir au secteur marchand, comme par exemple avec les coopératives.

Orientation entrepreneuriale

Nous avons ici aussi une grande différence : 66% des définitions de l'entreprise sociale admettent ce critère contre 0% pour l'ESS.

Cette variable est une des plus importante car elle est composée de plusieurs éléments comme nous l'avons vu auparavant. En effet, nous avons vu qu'au fur et à mesure des années, les composantes de l'orientation entrepreneuriales se sont additionnées pour au final aboutir à six éléments : l'innovation, la combinaison des ressources, la pro-activité, la prise de risque, l'agressivité compétitive et l'autonomie.

Innovation

Aucune définition ne défini l'économie sociale et solidaire par le critère de l'innovation contre un peu plus de la moitié dans la définition de l'entreprise sociale. Et si l'on considère que l'orientation entrepreneuriale comprend un côté innovant comme vu

51

précédemment, on peut rajouter deux définitions qui intègrent ce critère, soit presque 78% des définitions.

Schumpeter (1934) fait partie des premiers auteurs à démontrer l'importance de l'innovation dans une entreprise. Il la lie avec les processus de génération d'idée et de développement d'opportunités qui peuvent conduire à de nouveaux produits, services ou technologies. Nous verrons plus spécifiquement le cas ce qu'est l'innovation et notamment l'innovation sociale lors de la recherche d'indicateurs.

5. Récapitulatif

Figure 19 : Tableau récapitulatif

ESS ES

Objectif sociaux,

environnementaux ou

sociétaux

Lucrativité limitée

Gestion démocratique

Innovation

Secteur Marchand

Orientation

Entrepreneuriale

Nous pouvons ici nous arrêter sur les critères donnés dans ce tableau. Nous avons donc une base commune qui lie l'entreprise sociale à l'économie sociale et solidaire, et qui permet de dire que l'entreprise sociale fait partie de l'économie sociale et solidaire, mais agit par une méthode différente, qui sont les critères la reliant aux entreprises classiques : elles font partie du secteur marchand, ont une orientation entrepreneuriale et l'innovation a une place importante dans leur fonctionnement.

Nous proposons donc notre définition de l'entreprise sociale :

C'est une entreprise dont la finalité première est d'atteindre des objectifs sociaux, environnementaux ou sociétaux. Pour ce faire, elle fait partie du secteur marchand et utilise son orientation entrepreneuriale et son côté innovant pour remplir ses buts. De plus, sa finalité implique une lucrativité limitée et une gestion démocratique dans ses modes d'organisation.

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2. Indicateurs déjà existants

Maintenant que nous avons établi quels critères sont les plus pertinents pour définir une entreprise sociale et quelle est la théorie derrière ceux-ci, nous allons nous intéresser aux moyens de juger ces critères, soit les indicateurs. Il existe aujourd'hui plusieurs types d'indicateurs que différentes organisations ont mis en place. Nous allons essayer de voir quels indicateurs proposent les pouvoirs publics, le marché privé, les associations, les théoriciens, etc. Et cela en pensant évidemment à nos critères : objectif social ou sociétal, lucrativité limitée, gestion démocratique, innovation, secteur marchand et orientation entrepreneuriale.

Nous rappelons que cette démarche nous servira à établir notre modèle en liant les indicateurs trouvés et les critères définis.

1. Objectifs du millénaire

Lors du sommet du Millénaire qui se déroula au Siège des Nations Unies à New York du 6 au 8 septembre 2000, huit objectifs ont été décidés : les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)43.

Les organisations agissant pour remplir ces objectifs interviennent dans les pays en développement, pays où il paraît être plus nécessaire d'agir. Ces objectifs ne sont évidemment pas uniquement réservés aux pays en développement et sont des idéaux de toute société. Ainsi de nombreuses entreprises ayant une finalité se retrouvant dans ces thèmes peut être considérée comme sociale.

Étant donné que ces objectifs sont des objectifs globaux pour la société et sont principalement utilisés par les ONG et autres associations, nous devons ici trouver des indicateurs adaptés à l'entreprise.

Réduire la pauvreté et la faim

La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles et financières pour mener une vie « normale ». Une entreprise peut avoir un rôle à jouer dans la réduction de la pauvreté. Nous pouvons tout d'abord parler des entreprises d'insertion.

Une entreprise d'insertion peut être une entreprise au statut classique (SA, SARL) ou une association, aucune forme juridique n'est imposée. Sa particularité est de proposer à des personnes en difficulté une activité production adaptée à leurs besoins. Cela se traduit par des formation, un accompagnement, une réinsertion dans un milieu de travail. En réinsérant ces

43 http://www.un.org/fr/millenniumgoals/

53

personnes dans la vie active, l'entreprise permet d'améliorer sa qualité de vie et de la sortir d'une situation difficile et bien souvent du chômage.

L'entreprise peut aussi agir sur la réduction de la pauvreté d'une autre manière : en vendant des biens et services aux personnes dans ce cas, donc au marché à la « base de la pyramide » (traduction de Bottom of the Pyramid44). Les entreprises adaptent leur production à partir des caractéristiques de la demande et proposent les mêmes biens et le même niveau de service que le marché classique mais adapté au marché du bas de la pyramide. Cela peut être une démarche de faire mieux avec moins, ou du réduire les emballages, de proposer des quantités moins importantes, de services accessibles à ce marché, etc. Il faut cependant faire attention à ne pas confondre cette démarche avec la démarche du low cost qui elle propose un prix plus bas grâce à la suppression de services au client. Par exemple, on peut penser aux entreprises de micro-crédit et à la très connue Grameen Bank45, qui propose des micro-crédits à des particuliers pour sortir de la pauvreté.

Assurer l'éducation primaire pour tous

Nous ne pouvons pas utiliser cette variable comme base à des indicateurs. En effet, l'éducation primaire relève en France des pouvoirs publics et est obligatoire de 6 à 16 ans. L'éducation primaire est donc normalement assurée pour tous. Des indicateurs plus intéressants seraient ceux des formations.

Promouvoir l'égalité des sexes

Nous avons des indicateurs pour indiquer l'égalité professionnelle dans l'entreprise tels que la proportion homme/femme dans l'entreprise, la représentation des femmes au comité de direction, les différences de rémunération entre les hommes et les femmes ou encore le nombre de congés maternité et de congés paternité. Ces indicateurs ne font toutefois pas partie du côté promotion de l'égalité, mais sont plus des outils d'évaluation de la situation. Ces indicateurs ne sont pas l'objet d'évaluation d'une finalité sociale.

Réduire la mortalité infantile/ Améliorer la santé maternelle

Cet objectif relève aussi des pouvoirs publics, comme l'éducation, nous ne pouvons donc pas le considérer comme base à des indicateurs.

Combattre certaines maladies

Cet objectif relève aussi du domaine public, mais peut nous inspirer sur des domaines semblables. Nous pouvons par exemple penser à la sécurité au travail, à l'amélioration des conditions de travail dans certains domaines, etc.

44 http://www.thebopstrategy.com/

45 http://www.grameen-info.org/

54

Les indicateurs classiques de la sécurité au travail concerne le nombre d'accidents avec arrêt de travail, le taux de gravité, l'indice de fréquence, nombre d'accidents mortels, existence de comité d'hygiène et de sécurité, etc.

Préserver l'environnement

Cet objectif est un objectif auquel il faut réfléchir plus en profondeur. Une entreprise sociale est-elle une entreprise dont l'objectif principal est uniquement environnemental ? Nous réfléchirons à cette question lors de la construction de notre modèle, en attendant nous allons nous intéresser aux indicateurs.

Les indicateurs clés de l'environnement selon l'ocde46 concernent : le changement climatique, la couche d'ozone, la qualité de l'air, la production de déchets, la qualité de l'eau douce, les ressources en eau douce, les ressources forestières, les ressources halieutiques, les ressources énergétiques et la biodiversité.

Mettre en place un partenariat pour le développement

Dans le cadre de notre recherche, un partenariat pour le développement colle au contexte : nous avons vu que la présence de parties prenantes dans l'économie sociale et solidaire et l'entreprise sociale est importante.

Les indicateurs peuvent comprendre le dialogue avec les parties prenantes,

2. Rapport RSE/ développement durable

Sachant qu'il existe 142 lois et/ou normes nationales d'orientation ou d'obligation en matière de reporting développement durable et 16 normes internationales, nous n'allons évidemment pas toutes les voir en profondeur, mais nous nous baserons sur une étude comparative du comité 2147 pour avoir une vue d'ensemble.

Développement durable

Il serait intéressant dans notre travail de placer le concept de développement durable par rapport à l'économie sociale et solidaire.

46 http://www.oecd.org/fr/environnement/indicateurs-modelisation-perspectives/31558903.pdf

47 http://www.comite21.org/docs/economie/rse/notes-21-reporting-2010-2011.pdf

55

Le développement durable est défini par le rapport Brundtland comme : «un développement qui permette aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures à satisfaire les leurs».48

Quant aux objectifs du développement durable, une étude de l'Observatoire des Stratégies Industrielles (OSI) en collaboration avec le ministère de l'économie des finances et de l'industrie ainsi que quelques grandes entreprises a montré qu'ils pouvaient être répartis en trois domaines : la préservation de l'environnement global, la croissance économique soutenable et le développement sociétal soutenable.

Il peut être intéressant dans notre recherche d'indicateurs de voir quels sont les objectifs présents dans ces trois domaines.

Tout d'abord, concernant les objectifs environnementaux, cela correspond plus précisément à la prévention du changement climatique et d'autres périls globaux tel que l'augmentation de l'effet de serre, la détérioration des écosystèmes marins, la déforestation, etc.

Concernant la croissance soutenable, les objectifs concernent l'accès aux biens vitaux, notamment l'eau et les céréales ; la préservation de l'environnement local et la maitrise des ressources ; la valorisation des patrimoines locaux ; le co-développement.

Enfin, concernant le développement sociétal soutenable, les objectifs sont : une politique de santé soutenable ; l'aménagement soutenable du territoire, l'éducation et la formation ; des modes de vie soutenables.

Quand on applique ce concept à l'entreprise, cela se traduit par la « Triple Bottom Line » ou triple résultat qui évalue la performance de l'entreprise selon trois critères : environnemental, social et économique. Cela combine donc une analyse des impacts environnementaux de l'entreprise (consommation, pollution, déchets, etc.), des impacts sociaux (conditions de travail, rémunération, sécurité, respect des cultures, etc.), et enfin des impact de la performance (développement économique d'une zone d'implantation, absence de corruption, de position dominante, etc.)

ISO 26000

L'ISO 26000 est non certifiable mais définit des lignes directrices pour que chaque type d'organisation puisse assumer sa responsabilité sociétale. Sept grands principes sont proposés, nous pouvons les voir ci-dessous.

Nous allons maintenant voir rapidement les indicateurs utilisés.

48 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/developpement-durable-rapport-brundtland/

56

Figure 20 : Indicateurs de l'ISO 26000

Principes Indicateurs

Droits de l'homme - Remédier aux atteintes aux droits de l'Homme

- Discrimination et groupes vulnérables

- Droits civils et politiques

- Droits économiques, sociaux et culturels

- Principes fondamentaux

- Droit au travail

Relation et conditions de travail

- relation employeur/employé

- Conditions de travail

- Protection sociale

- Dialogue social

- Santé et sécurité au travail

- Développement du capital humain

 

L'environnement - prévention de la pollution

- Utilisation durable des ressources

- Atténuation des changements climatiques

- Protection de l'environnement et de la biodiversité

 

Loyauté des pratiques - Lutte contre la corruption

- Concurrence loyale

- Promotion de la responsabilité sociétale

- Respect des droits de propriété

-

Consommateurs - Pratiques loyales de commercialisation et

d'informations

- Consommation durable

 

Communautés et - Implication auprès des communautés

développement local - Éducation et culture

- Création d'emplois

- Investissement dans la société

57

GRI

Le Global Reporting Initiative (GRI) est une organisation de non-profit qui souhaite aboutir à une économie globale durable par la mise en place d'un guide d'évaluation de la durabilité. Ce système d'évaluation est accessible aux différentes organisations et entreprises pour évaluer leurs performances économiques, environnementales et de gouvernance. Cela permet non seulement à l'entreprise en question de comprendre et d'analyser ses performances, mais aussi d'être transparente et de communiquer ses données.

Pour notre recherche d'indicateur, nous allons nous baser sur le GRI. En effet, nous pourrions voir les indicateurs de différentes organisations, mais celles-ci sont trop nombreuses, et lA GRI est utilisé par environ 40% des entreprises pour leur rapport RSE en 2010 comme le montre le graphique ci-dessous.

Figure 21 : Nombre de rapports RSE utilisant la GRI

Nous allons ici voir une vue d'ensemble de ces indicateurs, qui sont très nombreux, pour ensuite juger lesquels peuvent s'appliquer à l'entreprise sociale dans le cadre d'un label.

Tout d'abord, nous allons nous intéresser aux grandes lignes de ce rapport, qui servent à catégoriser les indicateurs. Nous trouvons donc :

- La stratégie et l'analyse

- Le profil de l'entreprise

- Les paramètres du rapport

- La gouvernance, les engagements et le dialogue

- Approche managériale

- Les indicateurs de performance économique

- Les indicateurs de performance environnementale

- Les indicateurs de performance sociale

- Les indicateurs de performance des droits de l'homme

- Les indicateurs de performance société civile

- Les indicateurs de performance responsabilité des produits

Par rapport à notre recherche, il apparaît utile de nous intéresser plus en profondeur sur les paramètres de gouvernance et d'approche managériale (par rapport au critère de gestion démocratique), sur les paramètres de performance économique (par rapport au critère d'orientation entrepreneuriale et de secteur marchand), sur les paramètres de performance environnementale, sociale et des droits de l'homme (par rapport au critère d'objectif social et sociétal), sur les indicateurs de performance société civile (par rapport au même critère)

Gouvernance

Parmi les indicateurs qui nous intéressent, nous pouvons retenir : Figure 22 : Indicateur de gouvernance GRI

La structure de gouvernance de l'organisation

Les mécanismes mis en place qui permettent aux associés et aux salariés de faire des recommandations

Le lien entre la rémunération et la performance

Les missions ou les valeurs, les codes de bonne conduite définis en interne par l'organisation sur ses pratiques

La présence de charte

La liste des groupes de parties prenantes inclus par l'organisation (communauté, clients, fournisseurs, syndicats, etc.)

La démarche du dialogue avec les parties prenantes

Indicateurs de performances économiques

Ces indicateurs sont divisés en trois parties : la performance économique, la présence sur le marché et les impacts économiques et indirects.

Figure 23 : Indicateurs de performances économiques GRI

Performance économique : La valeur économique directe crée et

distribuée (produits, coûts opérationnels, rémunération des salariés, investissement pour les communautés, résultats mis en réserves, etc.)

58

Présence sur le marché : La procédure d'embauche locale

 

Impacts économiques et indirects : La compréhension et la description

des impacts économiques

Indicateurs de performance environnementale

Là aussi, ces indicateurs sont divisés en sous-parties : les matières, l'énergie, l'eau, la biodiversité, les émissions, effluents et déchets, les produits et services, le respect des textes, le transport, les généralité.

Rappelons ici que dans nos critères, les objectifs environnementaux répondent à un besoin sociétal à la base et non pas uniquement environnemental, bien qu'on puisse se demander où est la limite. Dans cette optique, nous ne sélectionnerons que les indicateurs paraissant répondre à cette demande.

C'est aussi l'occasion de réfléchir aux contraintes éliminatoires : doit-il y en avoir dans notre modèle ? Une entreprise produisant trop de déchets peut-elle être considérée entreprise sociale ? Nous y réfléchirons plus en profondeur en explorant les limites de notre étude. Mais en attendant, nous pouvons commencer à y réfléchir en explorant ces indicateurs.

Figure n°24 : Indicateurs de performances environnementales GRI

Matières : Consommation de matières en poids

ou en volume

Pourcentage de matières recyclées consommées

Energie : Consommation d'énergie

Initiatives pour distribuer des produits

ou/et des services reposant sur des énergies renouvelables ou à rendement amélioré.

Énergie économisée grâce à l'efficacité énergétique

Initiatives pour réduire la

consommation d'énergie directe

 

Eau : Volume total d'eau prélevée

Sources d'approvisionnement en eau

touchées significativement par les

59

60

prélèvements

Pourcentage d'eau recyclée et réutilisée

Biodiversité : Description des impacts significatifs

des activités sur la biodiversité des zones protégées

Habitats protégés ou restaurés

 

Émissions, effluents et déchets Émissions totales de gaz à effet de

serre (CO2)

Initiative pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Émissions de substances

appauvrissant la couche d'ozone

Total des rejets dans l'eau

Pourcentage de déchets exportés dans le monde entier

Produits et services : Initiatives pour réduire les impacts

environnementaux des produits et/ou services

Pourcentage d'emballage recyclés ou réutilisés

 

Transports : Impacts environnementaux

significatifs du transport des produits

Indicateurs de performances sociales

Comme précédemment, les indicateurs sont répartis en sous-parties : l'emploi, les relations entre la direction et les salariés, la santé et la sécurité au travail, la formation et l'éducation, la diversité et l'égalité des chances.

Ici encore, nous ne faisons qu'une première inspection des indicateurs et cela ne veut pas dire qu'ils seront adaptés pour définir une entreprise sociale.

61

Figure n°25 : Indicateurs de performances sociales GRI

Emploi : Effectif total

Turnover du personnel et pourcentage

par tranche d'âge, sexe et zone géographique

Santé et sécurité au travail : Taux d'accidents du travail, de

maladies professionnelles, d'absentéisme, d'accidents mortels

 

Formation et éducation : Nombre moyen d'heures de

formation par année

Programme de développement des compétences

Pourcentage des salariés bénéficiant

d'entretien d'évaluation et d'évolution de carrière périodique

Diversité et égalité des chances : Composition des organes de

gouvernance et répartition des employés selon leur tranche d'âge, leur sexe, leur appartenance à une minorité et autre indicateurs de diversité

Rapport du salaire de base des hommes et de celui des femmes

Indicateurs de performance droits de l'homme

Bien que rien dans nos critères ne stipule les droits de l'homme, vérifier qu'une entreprise respecte ces droits paraît essentiel, qu'elle soit sociale ou non. Sans être des indicateurs définissant l'entreprise sociale, ces indicateurs paraissent indispensables, il n'est donc pas inutile de les rappeler rapidement, toujours selon le référentiel GRI.

Ces indicateurs sont répartis en différentes catégories : pratique d'investissement et d'achat, non-discrimination, liberté syndicale et droit de négociation, interdiction du travail des enfants, abolition du travail forcé ou obligatoire, pratiques de sécurité, droit des population autochtones. Nous ne rentrerons pas dans les détails, étant donné la pluralité des articles constituant les droits de l'homme et du citoyen.

62

Indicateurs de performance société civile

Cette partie nous intéresse par rapport au côté sociétal de ces indicateurs. Ayant un critère objectif social et sociétal, il est important de pouvoir voir comment évaluer celui-ci.

Là-aussi, le GRI divise en sous parties : les communautés, la corruption, les politiques publiques et le comportement anti-concurrentiel.

Figure n°26 : Indicateurs de performance société civile

Communautés : Programme et évaluation des impacts

des activités, à tout stade d'avancement, sur les communautés

Corruption : Pourcentage de salariés formés aux

politiques anti-corruption de l'organisation

Mesures prises en réponse à des incidents de corruption

 

Comportement anti-concurrentiel : Nombre d'actions en justice pour

comportement anti-concurrentiel

Impact Reporting and Investments Standards (IRIS)

IRIS est une organisation principalement présente aux USA qui a développé des normes de reporting de la performance sociale, plus précisément des impacts sociaux et environnementaux.

Nous allons ici voir, comme précédemment, quels sont les indicateurs qu'IRIS utilise pour déterminer l'impact social. Nous pouvons déjà penser aux indicateurs en commun avec ce que nous avons déjà vu auparavant, et aussi remarquer ceux qui n'étaient pas présents.

Nous allons présenter ces indicateurs sous forme de tableau pour avoir une meilleure vue d'ensemble, en travaillant par sous-parties qui seront : la description de l'organisation, la description du produit, la performance financière, l'impact opérationnel et l'impact du produit.

Concernant la description de l'organisation, nous avons deux variables qui comprennent plusieurs indicateurs :

63

Figure n027 : Critères définis par IRIS

Informations sur

l'organisation

Données basiques

(nom, adresse, clients,
secteur d'activité, etc.)

 

Objectif d'impacts Mission

Objectif social

Objectif

environnemental

 

Concernant le produit :

Figure n028 : Indicateurs produit IRIS

Informations sur le Type de produit (agriculture, santé, énergie,

produit/le service tourisme, etc.), sous-type et description de ce

produit/service

Informations plus spécifiques (capacité

énergétique, énergie consommée, émissions de CO2 durant la durée de vie du produit, indicateurs

spécifiques de micro-finance, projets
communautaires, traitement de l'eau, consommation de l'eau, etc.)

Cible bénéficiaire Type de client et indicateurs sociaux-

économiques (âge, situation financière, sexe, etc.)

Localisation des clients

Localisation des fournisseurs

 

64

Concernant la performance financière :

Figure n°29 : Indicateurs performance financière

Compte de résultat Revenu, coûts des biens vendus,

bénéfice, marge, total des dépenses, taxes, etc.

Bilan Actif, passif, crédits, etc.

 

Flux de trésorerie Divers indicateurs concernant le flux

de trésorerie

Ratios, concepts et calculs ROE (return on equity), ROA (return

on assets) et autres ratios traditionnels.

 

Concernant l'impact opérationnel, nous trouvons plusieurs sous-catégories : la gouvernance, la politique sociale, la politique environnementale, la performance environnementale, les employés, la rémunération, la formation et l'évaluation. C'est donc une partie qui nous intéresse particulièrement.

Figure n°30 : Indicateur Impact opérationnel

Gouvernance et propriété Quelle est la politique de

gouvernance de l'entreprise ?

Composition du conseil

d'administration (nombre d'employés, de femmes, etc.)

Politique sociale Présence d'un code éthique écrit

Politique de service à la communauté, de relation client, d'embauche juste et conforme à l'éthique, de non-harcèlement, de sécurité au travail, d'évaluation des fournisseurs, etc.

Politique de dialogue avec les employés

65

Politique environnementale Système de management

environnemental

Évaluation sur la biodiversité

(pollution des sols, répercutions sur les terres et les habitats, etc.)

Traitement de l'eau, évaluation de la qualité de l'eau

Performance environnementale Energie achetée, produite

Emissions de gaz à effet de serre

Déchets produits, réduction des déchets, utilisation de matériaux recyclés, matériaux biodégradables produits ou utilisés, usage de produits toxiques

 

Employés Nombre d'employés permanents, à

mi-temps, temporaires

Nombre de bénévoles

Rémunération Rémunération des employés

permanents, à mi-temps, temporaires

Équité dans les rémunérations (homme-femme, échelle de salaire)

 

Formation et évaluation Nombre total d'heures de formation

Nombre d'employés formés Type de formation

66

3. Innovation

L'innovation est un critère très important, car il a été défini comme critère de l'entreprise sociale en tant que tel et aussi en faisant partie du critère orientation entrepreneuriale. Ce critère pose aussi beaucoup d'interrogations : parle-t-on d'innovation sociale uniquement ou ce critère comprend-il aussi les innovations organisationnelles ou institutionnelles ? L'innovation doit-elle être présente dès le départ ou peut-elle se développer à plus long terme ? Si l'on juge que l'on parle d'innovation sociale, est-ce innover « dans » ou « pour » le social ? Nous allons ici essayer de mieux cerner comment l'innovation peut définir l'entreprise sociale, dans quelles conditions et par quels indicateurs.

Quand on parle d'innovation, on pense tout d'abord à l'innovation technologique, dont l'OCDE nous donne cette définition : « On entend par innovation technologique de produit la mise au point/commercialisation d'un produit plus performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés. Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au point/adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des changements affectant - séparément ou simultanément - les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail »49. On retrouve ici la notion de changement, ce changement s'effectuant sur soit les produits, les ressources ou l'organisation. L'OCDE prendra ensuite en compte, dans la troisième édition du Manuel d'Oslo (2005) l'innovation non-technologique. En 2011, la définition sera différente car l'innovation est : « la mise en oeuvre d'un produit (bien ou service) ou d'un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d'une nouvelle méthode de commercialisation ou d'une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l'entreprise »50. L'innovation est donc vue comme en même temps un procédé et un résultat. On retrouve ici encore l'idée de changement, cette fois sur le produit ou le procédé, la méthode organisationnelle mais aussi la méthode de commercialisation.

Nous allons maintenant nous intéresser à une description de l'innovation sociale, qui est définie comme ceci : « elle produit des solutions inédites ayant une utilité sociale s'inscrivant dans un cadre normatif novateur ».51 Quatre dimensions sont identifiées pour caractériser celle-ci : l'importance des finalités, l'ancrage local, les logiques partenariales et l'émergence de règles novatrices, notamment d'échanges novateurs. On retrouve ici un de nos critères principaux : la finalité. On peut donc supposer que l'innovation, dans le cadre d'une entreprise sociale, doit avoir un lien direct avec les objectifs visés et doit être un outil pour aboutir aux objectifs. Si elle est présente dans l'entreprise mais n'a aucun impact sur la finalité sociale, on peut dire qu'elle n'a pas d'importance.

49 Manuel d'Oslo, 1997, page 9

50 Durance, 2011, page 7

51 Éditorial. Innovation Sociale, Normalisation et régulation (N.Richez-Battesti, D.Vallade), Innovations 2012/2 n°38, page 6

67

L'innovation sociale peut être vue par différentes approches (N.Richez-Battesti et al., 2012) : un outil de modernisation des politiques publiques, un outil de la dimension entrepreneuriale, ou un outil qui permettra une transformation sociale soutenable. Parmi ces dimensions, nous nous intéressons à la dimension entrepreneuriale.

L'école de l'innovation que représente Dees (1998) insiste lui sur le processus de continuité. L'innovation sociale doit s'adapter et apprendre, tout en étant en lien continu avec les communautés et les parties prenantes. Pour Bouchard (2006), l'innovation sociale et le dialogue que celle-ci engendre entre les différents acteurs doit pouvoir mener à de nouvelles normes institutionnelles. On voit donc ici que l'innovation sociale est à la fois un outil de changement dans une entreprise pour atteindre un objectif social, mais c'est aussi un processus qui dure dans le temps, qui s'adapte aux attentes des différents acteurs et qui peut à terme mener à une transformation sociétale.

Une autre question se pose par rapport à l'intensité de l'innovation. Doit-elle amener un changement radical ou un changement moins important suffit-il ? Pour Schumpeter et pour Dees (1998), les entrepreneurs sont innovants mais ne sont pas des inventeurs. L'innovation en général et notamment l'innovation sociale peuvent se limiter au réajustement d'une pratique ancienne ou peut aussi être un changement radical. Selon le rapport du BEPA (2011, p34-35) une innovation sociale peut être « un produit, un processus de production, une technologie mais elle peut aussi être un principe, une idée, une loi, un mouvement social, une intervention ou une combinaison d'entre eux ». Une même idée lancée par Mumford (1992), une innovation peut être une innovation radicale, comme celle induites par Henry Ford ou Martin Luther King, mais elle peut aussi être une « micro innovation » comme par exemple la redéfinition d'activité de production alimentaire avec les AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) ou les jardins collectifs.

Concernant l'objet de l'innovation, nous avons vu que celui-ci peut être en rapport avec le produit, le procédé, la méthode organisationnelle, mais peut aussi être un idée, une loi ou encore un mouvement social. Nous avons aussi vu que l'innovation, dans le cadre de nos critères, devait servir un objectif social. En conclusion, peu importe l'objet de l'innovation, qui peut être très large, tant que l'innovation sert un objectif social, nous pouvons la considérer comme innovation sociale.

Pour finir, nous pouvons réfléchir sur la nécessité de l'innovation. Une entreprise est sociale s'il y a, entre autre, innovation sociale. Cependant, si une entreprise réalise une innovation et devient sociale, une autre entreprise qui utilise la même innovation sociale ne pourrait plus être considérée comme sociale, l'innovation étant déjà créé (à moins qu'elle ne soit réadaptée). Cela paraît incohérent. On peut plutôt réfléchir de cette manière : si une entreprise est considérée sociale grâce à une innovation sociale, toutes les autres entreprises utilisant cette innovation peuvent être considérées comme sociales. Cela évidemment si elles remplissent les autres critères.

68

4. Indicateurs proposés par le Mouves

Le Mouves nous propose dans son livre blanc des entrepreneurs sociaux52 des indicateurs envisageables pour juger les critères d'une entreprise sociale.

Parmi les critères définis par le Mouves, nous trouvons le projet économique ou entrepreneurial, la finalité sociale ou sociétale, la lucrativité nulle ou limitée et la gouvernance démocratique ou participative. Nous allons maintenant voir, à l'aide du tableau ci-dessous, quels sont les indicateurs que le Mouves envisage :

Figure n°31 : Indicateurs envisagés par le Mouves

Critères Indicateurs envisageables

Projet

économique ou
entrepreneurial

Au sens européen « est considérée comme entreprise toute entité, indépendamment de sa forme juridique, exerçant une activité économique. Sont notamment considérées comme telles (É) les sociétés de personnes ou les associations qui exercent régulièrement une activité économique »53 .

Cela se concrétise par ces indicateurs :

- Indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics

- Création d'emplois

- Appartenance au secteur marchand : production de

biens et services

- Modèle économique viable et pérenne

- Innovation sociale

 

Finalité sociale ou sociétale

- Réponse à des besoins sociaux mal ou peu

satisfaits

- Épanouissement des personnes

- Protection de l'environnement

- La finalité sociale doit être inscrite dans l'objet

social ou dans le pacte d'actionnaires

 

Cela peut se traduire :

- par qui sont les bénéficiaires : personnes

fragilisées par différentes variables (revenu, emploi, etc.), clients

52 MOUVES, l'efficacité économique au service de l'intérêt général, Le livre blanc des entrepreneurs sociaux, 2012

53 Annexe I au règlement (CE) n°800/2008

sociétaires (mutuelles, etc.)

- par qui sont les salariés : personnes fragilisées
(handicap, insertion, etc.), salariés sociétaires (Scop par exemple)

- par l'offre : caractère social, sociétal (dont
environnemental)

Lucrativité nulle ou limitée

- encadrement de la rémunération des apports en

fond propres : TME (taux moyen des emprunts d'État), TMO (Taux moyen des obligations du secteur privé)

- Encadrement et transparence de l'échelle des
salaires de 1 à 10.

- Excédents majoritairement réinvestis en investissements, réserves ou fonds propres pour servir le projet

- Si il y a dissolution, transmission des réserves à
d'autres entreprises sociales

 

Gouvernance

démocratique ou
participative

- Processus de décision non proportionnel à la

propriété du capital

- Partenariats importants avec les parties prenantes
et les acteurs locaux

- Ancrage territorial

- Ressources plurielles (bénévolat, ventes, etc.)

 

5. Social Enterprise Mark

La « Social Enterprise Mark »54 est une certification que décerne le Royaume-Uni quand une organisation est une entreprise sociale. Cette certification peut être décernée à n'importe quelle organisation, pourvue qu'elle remplisse des critères spécifiques. Nous allons voir quels sont ces critères, ils sont au nombre de six, et quels sont les indicateurs correspondants.

69

54 http://www.socialenterprisemark.org.uk

Figure n°32 : Indicateurs de la « Social Enterprise Mark »

Critères Indicateurs

Objectifs sociaux et/ou

environnementaux

Statuts (Constitutional documents en anglais) qui contiennent un mémorandum, les règles, l'objet social, etc.

Entreprise indépendante Statuts qui prouvent l'indépendance

vis-à-vis des pouvoirs publics

Gagner 50% ou plus de son revenu Comptabilité

à partir des activités commerciales.

50% ou plus des profits réalisés doivent être dédiés à des fins sociales ou environnementales

Statuts et comptabilité.

Les 50% restants peuvent être partagés entre les salariés et/ou les associés

En cas de dissolution de Statuts

l'entreprise, les réserves doivent être redistribuées pour des buts sociaux ou environnementaux

Preuves que les objectifs sociaux et ou environnementaux sont en cours de réalisation.

Un document doit être signé comme quoi l'entreprise fera tout son possible pour maximiser les impacts sociaux et minimiser les dommages environnementaux

70

Une entité externe doit vérifier si les objectifs sont en cours de réalisation

6. CSESS

Dans le cadre d'un groupe de travail sur un label ESS, le CSESS propose lui aussi des critères et des indicateurs. Nous allons les voir ci-dessous.

71

Figure n°33 : Indicateurs proposés parle CSESS

Critères Indicateurs

Finalité sociale et/ou sociétale Peut définir des activités qui

répondent à des besoins peu ou mal satisfaits, des activités en faveur de la promotion de la personne ou une démarche de solidarité.

- inscription de cette finalité

dans les statuts

- Respect des autres critères

- Entreprise à statut privé (et à

fonds propres privés)

 

Gouvernance démocratique - existence de lieux de débats et

de co-décisions entre les différentes parties prenantes

- Taux de participation des
parties prenantes

- Transparence : accessibilité
aux rapports et aux informations

Lucrativité nulle ou limitée - échelle de rémunérations de

1à 4

- Transparence des

rémunérations des dirigeants

Économie de proximité - Ancrage territorial

- Nombre de personnes localement embauchées

- Partenaires locaux identifiés

- Utilisation des ressources

fournies par des communautés locales

- Evitement de la délocalisation

3. Élaboration d'un modèle

Ceci est la dernière étape de notre démarche. Après avoir chercher les définitions de l'entreprise sociale, nous avons établi une définition rassemblant six critères essentiels : L'orientation entrepreneuriale, les objectifs sociaux et/ou sociétaux, l'innovation, la lucrativité limitée, la gestion démocratique et le secteur marchand. Nous avons aussi établi que les critères différenciant l'entreprise sociale d'une organisation de l'économie sociale et solidaire étaient l'orientation entrepreneuriale, l'innovation et le secteur marchand.

Nous avons ensuite cherché des indicateurs pouvant s'appliquer à nos critères. En effet, il est essentiel dans notre démarche de pouvoir évaluer ceux-ci. Nous avons donc recherché les indicateurs déjà existants et utilisés dans différents domaines.

Maintenant que nous avons identifié ces indicateurs, nous pouvons les faire correspondre à nos six critères. Nous avons pu voir que certains d'entres eux apparaissaient à plusieurs reprises, d'autres non. Il convient de préciser que le choix des indicateurs dans notre modèle relève de la récurrence de ces données et de notre jugement.

Nous procéderons ici par critère, en présentant un tableau, puis nous expliquerons ces choix.

1. Objectifs sociaux et/ou sociétaux

Figure n°34 : Grille d'indicateurs Objectifs sociaux/sociétaux

Objectifs sociaux/sociétaux :

- Mission, objectif social ou sociétal (dont environnemental) noté dans les

statuts

- Qui sont les bénéficiaires ?

· Personnes fragilisées par le revenu, l'emploi, un handicap, etc.

· Parties prenantes (fournisseurs, clients, etc.)

· Communauté (locale ou pas)

· Indicateurs sociaux-économiques des bénéficiaires

- Qui sont les salariés ?

· Personnes fragilisées par le revenu, l'emploi, un handicap, etc.

· Salariés en insertion

· Salariés sociétaires

- Quelle est l'offre ?

· Répond à un besoin peu ou mal satisfait

72

·

73

Se place sur le marché du bop

· Épanouissement des personnes

· Caractère social et/ou sociétal (dont environnemental) de l'offre

· Type de produit, de service (agriculture, santé, tourisme, etc.)

- Les objectifs sont-ils en cours de réalisation ?

Tout d'abord, nous pouvons dire que l'inscription de l'objet social dans les statuts est essentielle. En effet, que ce soit en Belgique, au Royaume-Uni, dans le projet du Mouves ou encore dans les critères du CSESS, cet élément est indispensable. C'est l'élément que différencie une entreprise classique, d'une entreprise sociale, c'est en quelque sorte sa raison d'exister. C'est ici un indicateur purement administratif.

Il faut ensuite déterminer quel est ces objectif social : qui sont les bénéficiaires ou les salariés (dans le cas où les salariés sont les bénéficiaires) et surtout quelle est l'offre. Cette offre répond-elle à un besoin peu ou mal satisfait, est-elle destinée au marché du bop, à l'épanouissement de personnes. Ce sont là des indicateurs facilement quantifiables ou identifiables. L'entreprise doit aussi définir en quoi son offre ou son activité est à caractère social. C'est en même temps une variable qualitative et une variable où l'on a déjà des indicateurs. Le côté innovant étant aussi important dans l'économie sociale et solidaire, nous pourrions faire une liste d'indicateurs actuels mais nous ne pourrions pas deviner quelles innovations pourraient se rajouter. Si l'on prend un exemple, c'est aujourd'hui acquis qu'une entreprise de micro-crédit a un objectif social : donner des moyens aux plus pauvres. L'offre est donc à caractère sociale mais nous n'aurions pas pu définir l'indicateur micro-crédit avant qu'il soit inventé. C'est pour cette raison qu'il faut prendre tous les éléments en compte pour déterminer si l'objectif est social ou non et que nous ne pouvons pas donner une liste précise.

Enfin, une dernière partie qui peut être importante est la réalisation de ces objectifs. C'est un autre côté de l'évaluation. On évalue si une entreprise est sociale, puis on continue de l'évaluer ensuite plutôt que d'arrêter l'évaluation, comme nous l'avons vu lors de la revue de littérature. C'est donc important de préciser ce côté d'évaluation dans le temps.

Nous pouvons ici dire que tous ces indicateurs sont importants car ils vont nous donner une vue globale de la finalité sociale de l'entreprise. On a ici un mélange d'indicateur spécifiques comme le type de salariés ou le type d'activités, mais nous avons aussi des indicateurs plus subjectifs comme le caractère social. C'est seulement en faisant un récapitulatif de tous ces indicateurs que l'on pourra déterminer si l'entreprise a une finalité sociale ou non. Cela reste donc un critère subjectif.

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2. Lucrativité limitée

Figure n°35 : Grille d'indicateurs Lucrativité limitée

Lucrativité limitée Type d'indicateurs

- Impartageabilité des réserves Indispensable

- Excédents majoritairement

réinvestis (50% et plus) dans la structure sous forme d'investissement, de réserves ou de fond propre

Indispensable

 

- Encadrement de la rémunération

des apports en fond propres

Indispensable

 

- S'il y a dissolution, il y a une Secondaire

transmission des réserves à d'autres projets sociaux

Échelle des rémunérations

Indispensable (niveau

d'échelle à discuter)

-

(préconisée de 1 à 4 par le CSESS)

- Transparence des rémunérations Indispensable

Tous les indicateurs sont ici très bien définis.

L'impartageabilité des réserves signifie que les associés peuvent apporter de l'argent au capital, mais cet argent ne sera jamais partagé entre les associés et il ne sera jamais valorisé. Cet indicateur va de pair avec celui de l'encadrement de la rémunération des apports en fond propres.

Les excédents doivent être réinvestis en majorité dans la structure. Cela vient appuyer le fait que l'objectif de l'entreprise est social et non pas un objectif de profit personnel.

De même, si l'entreprise se dissout, l'argent des réserves serait utilisé pour financer d'autres projets sociaux. Rappelons que les réserves sont les cumuls des bénéfices antérieurs, et dans notre cas, ceux-ci n'ont pas été redistribués avec notre règle d'impartageabilité des réserves. En cas de dissolution, les associés récupèrent la valeur nominale de leur part, c'est à dire la valeur fixée à l'émission.

75

Nous abordons ensuite l'indicateur de l'échelle des rémunérations. Le CSESS recommande une échelle de rémunération de 1 à 4. En effet, il est précisé dans leur rapport d'activité 201155 qu'une échelle de rémunération de 1 à 20 est jugée contre-productive et que nombre de PME ne dépasse pas une échelle de rémunération de 1 à 4, cela paraît donc plus approprié.

Notre dernier indicateur est la transparence des rémunérations, ce qui est un élément logique. En effet, on ne pourrait pas juger nos autres indicateurs si il n'y avait pas de transparence.

Ici tous les indicateurs sont explicites et facilement évaluables. On voit facilement si la condition est remplie ou non. Si tous les indicateurs sont évaluer favorablement, alors l'entreprise remplit le critère lucrativité limitée et peut possède déjà un aspect pour pouvoir avoir le label « entreprise sociale ». Deux indicateurs posent encore des interrogations : l'échelle des rémunérations et les conditions de dissolution. En effet, selon nos recherche, tous les acteurs ne s'accordent pas si les conditions de dissolution, notamment le fait que les réserves soient transmises à d'autres projets. Cela pourrait donc être un indicateur favorable, mais pas indispensable. Concernant l'échelle des rémunérations, le Mouves préconise une échelle de 1 à 10 selon le nombre de salariés , alors que le CSESS préconise une échelle de 1 à 4. C'est donc un indicateur sur lequel les acteurs du secteur doivent s'accorder.

3. Gestion démocratique

Figure n°36 : Grille d'indicateurs gestion démocratique

Gestion Démocratique

- Processus de décision non proportionnel à la propriété du capital

Indispensable

 

- Y-a-t-il application de la règle « un

homme, une voix » ?

- S'il n'y a pas application de la
règle « un homme, une voix », quel est le taux de participation des salariés au processus de décision ?

Un des deux critères est indispensable (taux de participation des salariés à définir)

 

- Y-a-t-il possibilité de passer du Recommandé mais à voir s'il

statut de salarié au statut d'associé ? Comment ? est indispensable

 

55 Rapport d'activité du CSESS 2011, p70

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- Quelle est la composition du Complément d'information

conseil d'administration ?

- Qui sont les parties prenantes ?

(clients, fournisseurs, syndicats, communauté, etc)

Complément d'information

 

- Partenaires locaux identifiés Complément d'information

- Quelle est l'implication auprès des Complément

communautés ? d'information, peut être mis en

relation avec la finalité sociale

 

- Ancrage territorial Complément d'information,

peut être mis en relation avec la finalité sociale

- Nombre de personnes localement Complément d'information,

embauchées peut être mis en relation avec la

finalité sociale

- Quel est le taux de participation

des parties prenantes ?

Indispensable

 

- Quels sont les mécanismes mis en

place qui permettent le dialogue entre les parties prenantes ?

Indispensable

 

- Y-a-t-il un lien entre la Complément d'information

rémunération et la performance ?

- Quel est le rapport du salaire Complément d'information

homme/femme ?

- Transparence dans les

informations

Indispensable

 

La gestion démocratique est un des principes clé de l'économie sociale et solidaire, et est une valeur transférée aux entreprises sociales.

Pour voir s'il y a gestion démocratique, il faut examiner la structure de gouvernance de l'entreprise : quels sont les mécanismes mis en place pour qu'il y est un dialogue entre les parties prenantes et qui sont ces parties prenantes et quel est leur taux

de participation dans les différentes prises de décision, débat ou dialogue. Ces indicateurs sont indispensables.

Les parties prenantes peuvent aussi être les communautés, c'est donc un élément qui peut être important. L'entreprise est-elle impliquée auprès des communautés ? Cette question entraine la question de l'ancrage territorial, du nombre de personnes localement embauchées et les partenaires locaux identifiés. Cet indicateur peut être mis en en relation avec la finalité sociale si il y a un lien existant.

Par rapport à la question de la rémunération, cela pourrait aussi aller dans la lucrativité limitée. En effet il ne doit pas y avoir de lien entre la performance et la rémunération, c'est donc en rapport avec ce critère mais aussi le critère de gestion et de gouvernance démocratique. Le processus de décision doit lui aussi être indépendant de la propriété du capital. Cela peut s'appliquer par la règle « un homme, une voix » ou par un taux de participation des salariés au processus de décision qui est jugé démocratique. Ces indicateurs sont indispensables.

Un autre indicateur est la possibilité pour un salarié de devenir employé. Si oui, sous quelles conditions. C'est un indicateur important, peut-être indispensable.

Les acteurs sont censés être égaux dans l'entreprise, il faut donc aussi vérifier quel est le rapport du salaire homme/femme et voir s'il n'y a pas de discrimination.

Enfin, il doit y avoir de la transparence dans la gestion et la gouvernance, c'est un indicateur essentiel par sa nature, et du fait qu'il nous permet de juger les autres indicateurs.

4. Innovation sociale

Figure n°37 : Grille d'indicateurs Innovation sociale

Innovation sociale

- Où se trouve l'innovation :

· Sur le produit

· Sur l'activité

· Sur le processus, le procédé

· Sur l'organisation interne

· Sur les méthodes de commercialisation

- Quelle est l'ampleur de l'innovation :

· Changement radical (invention, nouveauté, etc.)

· Réajustement d'une pratique ancienne

- L'innovation dessert-elle la finalité sociale directement ?

77

78

- L'innovation amène-t-elle à un dialogue entre les différents acteurs ?

- L'innovation amène-t-elle à une nouvelle norme ?

- Y-a-t-il un processus de continuité dans l'innovation ?

Les indicateurs présentés ici nous permettent de définir s'il y a innovation sociale ou non. Pour rappel, nous considérons qu'une entreprise reprenant une innovation d'une autre entreprise sociale peut elle aussi prétendre au label d'entreprise sociale.

On réfléchit tout d'abord à où se situe l'innovation et à quelle est son ampleur. Ensuite, on se demande si elle dessert directement la finalité sociale. C'est l'indicateur le plus important car si l'innovation se situe dans un autre domaine, elle n'a aucun rapport avec l'objectif social et peut donc être considérée comme inutile pour définir une entreprise sociale.

L'innovation est donc un outil pour arriver à des fins sociales. On peut donc se demander si elle amène à un dialogue, si elle amène à une nouvelle norme.

Comme pour la finalité sociale, c'est l'ensemble des indicateurs qui va nous permettre de juger s'il y a une innovation sociale ou non. C'est donc un jugement plus subjectif mais amené avec des indicateurs un peu moins subjectif.

5. Orientation entrepreneuriale et secteur marchand

Figure n°38 : Grille d'indicateurs orientation entrepreneuriale et secteur marchand

Orientation entrepreneuriale et secteur marchand

Type d'indicateurs

 

- - Type d'entreprise :

· SA

· SARL

· SCIC

· SCOP

· Association

· Entreprise d'insertion

· Entreprise adaptée


· AMAP

· Coopérative

· Autre

Indispensable pour situer l'entreprise. Nous pouvons aussi nous poser la question : est ce qu'une SCIC, un SCOP, une entreprise d'insertion ou une AMAP est forcément une entreprise sociale.

- Production de biens et services Indispensable

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- Prise de risque économique

- Agressivité compétitive

Indispensable

- Autonomie : indépendance vis-à-

vis des pouvoirs publics

Indispensable

- Création d'emplois : Indispensable (il ne faut pas

· Nombre d'employés permanents que des bénévoles)

· Nombre d'employés à mi-temps

· Nombre d'employés temporaires

- Combinaison de ressources :

· Vente

· Usage de ressources locales

· Nombre de bénévoles

Indispensable

 

- Pro-activité : anticipation, modèle

économique pérenne et viable :

· Bilan

· Compte de résultat

· Flux de trésorerie

· Business Plan

Indispensable pour juger sa situation financière.

 

- Performance économique :

· Valeur économique crée

· Rémunération des salariés

· Investissement pour les
communautés

· Résultats mis en réserves

Indispensable

 

Notre dernier critère est l'orientation entrepreneuriale et le secteur marchand. C'est le deuxième critère qui permet de différencier les entreprises sociales des autres organisations de l'économie sociale et solidaire

Nous avons tout d'abord tenu à définir le type d'entreprise. De nos six variables, c'est ici qu'elle a le plus de sens. Elle n'est à priori pas significative dans la définition d'une entreprise sociale, mais c'est une indication importante et surtout obligatoire

légalement : une entreprise étant « la plus petite combinaison d'entités légales »56. Il est également essentiel que l'entreprise fasse partie du secteur marchand.

Il faut ensuite vérifier si l'entreprise est autonome et ne dépend pas des pouvoirs publics, donc si elle prend aussi des risques économiquement, où elle se place sur le marché, qui sont ses concurrents.

Il doit aussi y avoir un minimum d'emplois rémunérés, nous devons donc vérifier leur nombre de salariés. Une entreprise a aussi une mixité de ressources à sa disposition : les ventes, les salariés, les bénévoles. Encore une fois cela permet de vérifier son autonomie.

Une entreprise doit aussi être pro-active : anticiper et avoir un modèle économique viable. C'est en regardant les documents comptables traditionnel : bilan et compte de résultat que l'on peut déterminer si une entreprise est viable ou non.

Enfin il faut vérifier sa performance économique. C'est aussi un indicateur qui peut se faire post-évaluation.

6. Sous critères

D'autres critères peuvent être importants. En effet, une entreprise où il y a de la corruption, où la sécurité au travail n'est pas bonne, qui ne respecte pas les droits de l'homme et du citoyen ou bien d'autre, ne peut pas être sociale. Nous avons donc fait une liste d'indicateurs qui peuvent influer sur le fait qu'une entreprise est sociale ou non, qui sont complémentaires mais qui ne font pas partie de la définition d'une entreprise sociale.

Figure n°39 : Grille d'indicateurs de sous-critères

Sous-critères :

- sécurité au travail :

· Nombre d'accidents avec arrêt de travail

· Existence d'un comité d'hygiène et de sécurité

Dépend du secteur

 

80

56 http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/entreprise.htm

81

local

- Croissance soutenable :

· Préservation de l'environnement

· Maitrise des ressources

· Utilisation durable des ressources

· Pourcentage de matières recyclées

· Émissions de CO2

· Production de déchets

Une entreprise qui ne respecte pas ces principes de croissance soutenable peut-elle être une entreprise sociale ?

 

- Respect des droits de l'homme et

du citoyen :

· Respect des droits fondamentaux (respect, égalité, liberté syndicale, droit de négociation, interdiction du travail des enfants, absence de discrimination, protection sociale, etc.)

Indispensable

- Corruption : concurrence loyale,

promotion de la responsabilité sociale, pratiques loyales de commercialisation et d'information

Indispensable

- Missions ou valeurs, code de Secondaire

bonne conduite défini en interne, présence de charte

 

- Nombre d'heure de formation des Secondaire

employés

- Programme de développement des Secondaire

compétences

 

- Pourcentage des salariés Secondaire

bénéficiant d'entretien d'évaluation et d'évolution de carrière périodique

- Politique de service à la Secondaire

communauté et de relation client

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Conclusion

Par ce mémoire, nous avons cherché à répondre à la problématique :

Dans le cadre de l'élaboration d'un label « entreprise sociale » en France, la définition actuelle de l'entreprise sociale est-elle assez homogène et acceptée par tous pour arrêter un ensemble de critères minimum la définissant et y associer une série d'indicateurs suffisamment explicites pour rendre ce label fonctionnel ?

Nous avons tout d'abord commencer notre travail en recherchant ce qu'était l'économie sociale et solidaire ainsi que l'entreprise sociale : quelle est leur histoire, quel est leur rôle actuel dans l'économie, quelles sont leurs définitions et enfin quels problèmes rencontrent-elles. Nous avons pu voir que leur rôle est important, et qu'elles proposent des solutions innovantes pouvant répondre aux besoins peu ou mal satisfaits par les pouvoirs publiques et le marché privé. Cependant, nous assistons aujourd'hui à un manque de visibilité des entreprises sociale car il n'existe pas de moyen reconnu pour déterminer si une entreprise est sociale ou non. Nous avons pu donc voir pourquoi un label « entreprise sociale » était un moyen efficace d'améliorer la visibilité des entreprises sociales, et de travailler plus concrètement sur la définition de celle-ci : quels critères la définissent et quels indicateurs peuvent correspondre à ces critère.

Par ce travail, nous avons tout d'abord pu établir une liste de critères minimum définissant l'entreprise sociale. Nous avons donc pu voir quels critères l'entreprise sociale partage avec l'économie sociale et solidaire : la finalité sociale et/ou sociétal, la lucrativité limitée et la gestion démocratique. Nous avons aussi pu voir quels critères la différencie de celle-ci : l'orientation entrepreneuriale, le côté innovant et l'appartenance au secteur marchand. Notre recherche est en adéquation avec la caractéristique principale supposée de l'entreprise sociale, soit la combinaison de l'économique et du social, « entreprendre autrement ». Cela ne fait que confirmer le fait que le tiers secteur et l'entreprise sociale ont une nouvelle vision de l'économie et ont un rôle important à jouer dans notre société.

Nous avons alors cherché quels indicateurs pourraient être adaptés pour répondre à ces critères. Concernant les objectifs sociaux, nous avons une liste d'indicateurs spécifiques qui peuvent être analysés dans leur ensemble pour définir si l'entreprise a un objectif social ou non. La notion de social ou sociétal reste une notion difficile à définir objectivement. Nous retrouvons ici le problème principal des définitions de l'entreprise sociale : comment définir la notion de social, par quels outils l'évaluer ? Notre grille d'indicateurs nous donne un résultat similaire concernant l'innovation sociale. On peut en effet juger s'il y a innovation sociale ou pas, en analysant chaque indicateurs et voir si ceux-ci forment dans leur globalité une innovation. Là aussi, la limite est mince : où est la

83

limite ? A quel moment ce qui n'est pas innovant le devient-il ? Les trois autres critères : lucrativité limitée, gestion démocratique et orientation entrepreneuriale sont peut évident à juger car nous avons dans leur cas des indicateurs qui doivent impérativement être remplis pour qu'une entreprise soit sociale.

La définition de ce qui est social ou non est, au niveau théorique, n'est pas forcément représentative de la réalité. Nous pouvons nous demander si, au lieu de travailler sur l'élaboration du label « entreprise sociale » à partir des définition de celle-ci, il ne serait pas plus facile de travailler sur la définition de l'entreprise sociale à partir de l'élaboration du label. En effet, les acteurs du secteurs devront définir une limite : à partir de quand une entreprise est-elle sociale ou non ? Pour cela, avoir une grille d'indicateurs qui est fonctionnelle dans le cadre d'un label « entreprise sociale » est essentiel dans la construction de la définition de l'entreprise sociale.

Par notre travail, nous avons donc fait les observations suivantes :

· Un label « entreprise sociale » permettrait une meilleure visibilité des entreprises sociales et permettrait de travailler sur leur définition

· Il existe des critères qui peuvent être potentiellement accepté par tous pour définir l'entreprise sociale

· Il existe une liste d'indicateurs qui peuvent s'appliquer à ces critères

· Certains indicateurs sont suffisamment spécifiques pour bien évaluer ces critères

· Certains critères, même avec une liste d'indicateurs assez précis, sont plus difficilement évaluables.

En ce qui concerne les limites ou les améliorations qui pourraient être apportée à cette étude, nous pouvons tout d'abord parler des données utilisées, notamment concernant les indicateurs. Bien que peu de rapport donnent des indicateurs pour l'élaboration d'un label « entreprise sociale », nous pouvons puiser ces indicateurs dans beaucoup de sources. Or, nous avons ici fait un choix par rapport à ces sources, au vu de la quantité importante et de la diversité de ces sources. Une autre limite est le traitement de ces données. Nous avons ici essayé de bien définir chaque concept et chaque critère, cependant chacun d'entre eux pourrait être discuté et travaillé bien plus en profondeur. Nous avons ici fait des résumés assez détaillés de certains concepts et pouvons conclure qu'un travail d'approfondissement serait nécessaire, notamment par rapport à l'innovation sociale et aux objectifs sociaux. Enfin, ce travail reste un travail théorique qui peut fournir une base à une étude empirique. En effet, nous avons choisi de nous focaliser de l'élaboration théorique d'une grille d'indicateurs, et il serait maintenant intéressant de voir ce que les acteurs du secteur pense de celle-ci et de tester quels indicateurs sont appropriés ou non, acceptés ou non. Un questionnaire peut-être envisagé afin de voir si cette grille est

84

acceptée, si les critères sont acceptés et si ce label « entreprise sociale » pourrait aider à mieux définir qui sont les entreprise sociales.

85

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pratiques,91/embauche,108/l-embauche-par-une-entreprise-d,973.html#sommaire_2

90

Table des matières

SOMMAIRE iii

GLOSSAIRE iv

RESUME vi

Introduction 7

I/ REVUE DE LITTÉRATURE 10

1. Mise en contexte : l'économie sociale et solidaire 10

1. Chiffres de l'économie sociale et solidaire 10

2. Histoire et principes fondateurs 11

3. Définition 13

4. Défis de l'ESS 14

5. Outils d'évaluation de l'ESS 16

2. Entreprise sociale 20

1. Emergence du concept 20

2. Définition de l'entreprise sociale 20

3. Formes statutaires existantes 26

4. Pourquoi un label ? 28

II/ Méthodologie 36

1. Objet de la recherche : problématique, axe de travail et hypothèses testées 36

2. Données 36

3. Démarche 37

III/ Analyse de données 38

1. Délimitation de l'ESS et de l'entreprise sociale en fonction des critères 38

1. Liste des critères et définitions 39

2. Critères définissant l'ESS 46

3. Critères définissant l'entreprise sociale 47

4. Comparaison des deux analyses 48

5. Récapitulatif 51

2. Indicateurs déjà existants 52

1. Objectifs du millénaire 52

2. Rapport RSE/ développement durable 54

3. Innovation 66

4. Indicateurs proposés par le Mouves 68

5. Social Enterprise Mark 69

6. CSESS 70

3. Élaboration d'un modèle 72

1. Objectifs sociaux et/ou sociétaux 72

2. Lucrativité limitée 74

3. Gestion démocratique 75

4. Innovation sociale 77

5. Orientation entrepreneuriale et secteur marchand 78

6. Sous critères 80

Conclusion 82

Bibliographie 85

Table des figures 91

91

Table des figures

5ÉFigure 1 : croissance de l'emploi dans l'économie sociale et le secteur privé

6ÉFigure 2 : Principes de l'ESS

7ÉFigure 3 : Définition de l'ESS

10ÉFigure 4 : Critère de CSESS pour un label

11ÉFigure 5 : Critères de l'ESS selon le conseil de la vie associative

11ÉFigure 6 : Critère de l'ESS selon Lipietz

11ÉFigure 7 : Cinq dimensions de l'utilité sociale selon J.Gadrey (2004)

13ÉFigure 8 : Les six étapes du SROI

15ÉFigure 9 : Définition de l'entreprise sociale selon P.Hewitt

16ÉFigure 10: Critères proposés par le réseau EMES pour définir les entreprise sociales

18ÉFigure 11 : Définition de l'entreprise sociale selon la commission européenne

18ÉFigure 12 : Définition de l'entreprise sociale selon le Mouves

19ÉFigure 13 : Définition de l'entrepreneuriat social selon l'OCDE

19ÉFigure 14 : Définition de l'entrepreneur social selon Ashoka

25ÉFigure 15 : Proposition n°36 du rapport 2011 du CSESS

26ÉFigure 16 : Proposition n°4, 5 et 39 du rapport Vercamer

46ÉFigure 17 : Tableau de critères définissant l'ESS

47ÉFigure 18 : Tableau de critères définissant l'entreprise sociale

51ÉFigure 19 : Tableau récapitulatif

56ÉFigure 20 : Indicateurs de l'ISO 26000

57ÉFigure 21 : Nombre de rapports RSE utilisant la GRI

58ÉFigure 22 : Indicateur de gouvernance GRI

58ÉFigure 23 : Indicateurs de performances économiques GRI

59ÉFigure 24 : Indicateurs de performances environnementales GRI

61ÉFigure 25 : Indicateurs de performances sociales GRI

62ÉFigure 26 : Indicateurs de performance société civile

63ÉFigure 27 : Critères définis par IRIS

63ÉFigure 28 : Indicateurs produit IRIS

64ÉFigure 29 : Indicateurs performance financière

64ÉFigure 30 : Indicateur Impact opérationnel

68ÉFigure 31 : Indicateurs envisagés par le Mouves

70ÉFigure 32 : Indicateurs de la « Social Enterprise Mark »

71ÉFigure 33 : Indicateurs proposés par le CSESS

72ÉFigure 34 : Grille d'indicateurs Objectifs sociaux/sociétaux

74ÉFigure 35 : Grille d'indicateurs Lucrativité limitée

75ÉFigure 36 : Grille d'indicateurs gestion démocratique

77ÉFigure 37 : Grille d'indicateurs Innovation sociale

78ÉFigure 38 : Grille d'indicateurs orientation entrepreneuriale et secteur marchand

80ÉFigure 39 : Grille d'indicateurs de sous-critères






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand