WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'évaluation des effets de l'appui-conseil sur le développement des groupements de producteurs et des exploitations familiales agropastorales. Cas du programme ACEFA (Cameroun).

( Télécharger le fichier original )
par Albert Thibaut KASME
Montpellier Supagro - Master Agriculture, Alimentation et Développement Durable (A2D2) 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4) Analyse et interprétation des résultats

Les résultats présentés ci-dessous sont issus d'enquêtes qualitatives. Ils seront analysés au regard de la grille d'analyse et des questions formulées plus haut.

19

a) Le dispositif départemental d'appui-conseil

Dans la première phase du programme, 5 régions ont été choisies dont la région Ouest. Au tout début, 5 départements faisaient partir de cette phase pilote à raison d'un département par région. La deuxième année, 5 départements supplémentaires ont été touchés. C'est ainsi que le programme ACEFA est arrivé dans les Bamboutos lors de la deuxième vague de la première phase plus précisément en 2010. 86 projets y ont été financés dont 59 sont opérationnels (68.6%) et 20 en difficulté (Source : réunions ADOP et CODAC). Généralement les projets sollicités dans les Bamboutos concernent principalement les productions animales. Le dernier financement a eu lieu en 2012.

Jusqu'ici plus de 305 groupements de producteurs sont accompagnés dont 270 respectent leurs engagements. Parmi eux, près de 236 présentent des résultats (151 dynamiques avec d'excellents résultats). Et 6 OPA (2 coopératives et 4 unions de GIC) et 44 EFA observatoires sont aussi suivies. (Source : réunions ADOP et CODAC).

? Fonctionnement de la cellule départementale

En se basant sur nos observations et enquêtes, on peut dire que le dispositif d'appui-conseil du département fonctionne plus ou moins bien. Car chaque membre de la cellule semble jouer son rôle et les objectifs d'ACEFA au niveau des départements sont presque tous atteints. En effet il était prévu 30 CGP par département et 12 GIC par CGP donc 360 GIC à accompagner et 50 EFA observatoires. Ces chiffres sont presque atteints et les GIC accompagnés sont fonctionnels à plus de 88%.

Cependant il existe un manque de collaboration entre les cadres de la cellule et les conseillers de bases. Ce problème se manifeste surtout par le fait que contrairement aux cahiers de charge, les conseillers de base (CGP) font très peu appel aux conseillers spécialisés. Ils préfèrent faire appel à un autre CGP. La raison peut être que le CTS est perçu comme un supérieur hiérarchique et donc les conseillers préfèrent éviter de lui faire part de ses difficultés ou ils ont plus confiance en leurs collègues qu'ils côtoient depuis plus longtemps.

? Pluriactivité et relations avec le ministère

En général tous les membres de la CTD occupent d'autres fonctions dans leur ministère d'origine. Au niveau des cadres de la CTD, tous les membres occupent un poste minime de cadre d'appui sauf le Chef de la CTD et le RCTE qui occupent des postes plus élevés. En tant que cadre d'appui, ils n'ont en principe aucune activité à proprement parler dans leur ministère. Toutefois le chef de la CTD et le CGE sont encore membres du PNVRA au sein duquel ils ont une certaine responsabilité : le chef de la CTD est le superviseur départemental du PNVRA dans les Bamboutos et le CGE est responsable des organisations paysannes au niveau de département, du suivi des GIC et des unions de GIC.

Au niveau des CGP, une certaine diversité apparaît. Ceux originaires du MINEPIA sont principalement cadres d'appui en dehors de 2 conseillers qui sont respectivement chef de section et chef de centre zootechnique. Alors que ceux du MINADER sont presque tous des chefs de poste agricoles.

20

Ainsi dans la grande majorité des cas, les acteurs du dispositif ont d'autres fonctions. Ce qui se répercute sur leurs activités, ils sont moins disponibles pour les activités d'ACEFA. Ce problème est sérieux dans la mesure où il peut arriver qu'un cadre s'absente plusieurs jours pour pouvoir réaliser d'autres activités ou qu'un conseiller accorde peu de temps à ses GIC. Prenons le cas d'un cadre du dispositif qui est chef de poste agricole dans une zone A mais cadre ACEFA dans une zone B. il serait obligé de repartir son temps entre ces 2 zones. Il peut avoir des urgences dans la zone A et donc indisponible pour recevoir des producteurs ou conseillers ACEFA. Le travail des autres s'en trouve aussi ralenti.

? Moyens mobilisés

Chaque cadre dispose d'un ordinateur et d'outils spécifiques pour ses activités. Par exemple, le CGE dispose de logiciels (TOPAZE et TOPANALYSE).

En dehors de ces ordinateurs et outils propres à chaque conseiller, la CTD dispose de :

-2 véhicules ;

-une photocopieuse très souvent en panne;

-un accès internet.

Chaque CGP tout comme les autres conseillers (CTS, CGE, CGO) dispose d'une moto pour leur déplacement sur le terrain. 5 conseillers élus par leurs collègues disposent chacun d'un ordinateur portable offert par ACEFA.

Ainsi comme on le voit, les outils donnés par ACEFA aux conseillers ne sont pas suffisants. 5 ordinateurs pour 31 conseillers, c'est insuffisant quand on sait que chaque conseiller de base doit saisir les fiches de suivi, de caractérisation sur une base de données accessible seulement sur ordinateur. On comprend alors l'une des difficultés que rencontrent les CGP pour la saisie des fiches. Avec une seule photocopieuse très souvent en panne mise à la disposition de 39 personnes, il ressort que les moyens sont insuffisants et peuvent représenter une contrainte aux activités de la cellule technique.

? Gouvernance et organisation

? Organisation :

Dans le dispositif ACEFA, les Bamboutos sont subdivisés en 4 secteurs. Chaque secteur est à son tour subdivisé en aires de conseil où intervient un conseiller par aire. Chaque conseiller CGP a à sa charge environ 10-11 groupements.

21

Figure 4: répartition des aires d'appui conseil par arrondissement. Source : CTD Bamboutos

? Réunions :

Il y a les réunions sectorielles une fois par mois pour les CGP du même secteur. Les réunions hebdomadaires chaque lundi pour la CTD et les réunions mensuelles départementales.

Dans la réunion hebdomadaire, on fait une évaluation des activités qui ont été programmées au cours de la semaine précédente. On voit ce qui a été réalisé et ce qui n'a pas été réalisé. On fait une programmation des activités qui doivent être faites au cours de la semaine qui suit.

La réunion mensuelle c'est la même chose sauf qu'elle est élargie aux CGP alors la réunion hebdomadaire regroupe le Chef de la CTD, le RCTE, le CGO et les Conseillers Spécialisés. La réunion sectorielle organisée une fois par mois à tour de rôle par un CGP. Elle a pour but de préparer le rapport d'activité à rendre à la CTD, encourager et faciliter les échanges entre CGP sur les difficultés, les offres et demandes de leur GIC.

? Prise de décision :

En fait la prise de décision est très relative. Les décisions techniques (utilisation du matériel, tenue des réunions...) sont prises au niveau de la CTD. Pour l'administratif et les dépenses, la CTD fait une proposition à la hiérarchie. Ainsi la cellule dispose de très d'autonomie financière. Recourir à chaque fois à la coordination régionale peut entrainer des retards dans les activités.

Comme nous venons de le montrer, la composition réelle et le fonctionnement du dispositif départemental d'appui-conseil présentent très peu d'écart par rapport à ce qui était prévu dans la documentation ACEFA. Il comprend les moyens humains (chef de la CTD, RCTE, CTS,

22

CGE, CGO, CGP) et matériels prévus. Le fonctionnement du dispositif présente aussi des spécificités propres aux régions. Par exemple la répartition des conseillers n'étant pas abordée dans la documentation ACEFA, elle relève donc d'une organisation propre à chaque département. Ici dans les Bamboutos, les CGP sont répartis selon les aires issues d'un découpage réalisé par le système administratif du pays. L'aspect réunion dans le département est aussi absent de ces documents. Ainsi les réunions sont organisées par la CTD. Par exemple, les réunions sectorielles présentent des rôles différents selon les régions. Dans notre zone, elles ont 2 objectifs (préparer le rapport mensuel sectoriel à déposer à la CTD et favoriser les échanges entre CGP).

? Le dispositif de suivi-évaluation

Un dispositif de suivi-évaluation a été mis en place et fonctionne de manière très verticale. Dans l'ensemble, le rôle du dispositif de suivi évaluation semble avoir été cerné par les différentes personnes interrogées. Que ce soit les fiches de caractérisation et d'évolution permettant de pouvoir suivre l'évolution des GIC au fil des années ou les rapports d'activités et tableau de bord à déposer.

Malheureusement, ce dispositif fonctionne mal dans la réalité. Les acteurs du dispositif ont très peu de retour de l'analyse faite de leurs résultats. De plus avec l'échec d'un premier dispositif qui avait été installé lors de la première phase, les conseillers attendent peu de ce nouveau dispositif qui suscite alors peu d'intérêt. Les conseillers se plaignent des conditions difficiles de recueil des informations car les producteurs ont du mal à remplir ces fiches car ils ne font pas attention aux quantités récoltées, aux dépenses.... Certains se plaignent aussi du temps qu'ils passent à remplir ces fiches « trop volumineuses ». L'un d'entre eux disait à cet effet : « Le remplissage des papiers prend plus de temps. Ce qui diminue le temps sur le terrain ». Le fonctionnement de ce dispositif met en lumière la mauvaise planification des activités. Selon les observations faites et les dires des acteurs, les demandes de rapport « surgissent » avec des « échéances très courts » obligeant les conseillers et cadres à arrêter souvent toutes leurs activités afin de respecter les délais. Cela se répercute sur la qualité des données recueillies et celle des activités de conseil.

? Comités de cogestion :

Selon nos observations, ces comités de cogestion existent et les réunions ont lieu. Cependant ils ne jouent pas leurs rôles. En effet, lors de la réunion de l'ADOP les producteurs participaient peu aux discussions. Ils donnaient l'impression d'être de simples spectateurs. Ce n'est qu'à la phase « échanges d'expériences entre producteurs » que leur participation a été effective.

Pourtant ce système de cogestion était censé être un lieu où les producteurs pouvaient s'exprimer sur le dispositif d'appui-conseil. La réalité en est tout autre. Cela pourrait être dû au fait que les producteurs présentent un faible intérêt pour ces instances.

23

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite