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Comparaison des peuplements de poissons entre une aire marine protégée (le bolon de Bamboung) et un site non protégé (le bolon de Sangako) dans l'estuaire du sine Saloum (Sénégal).

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par Oumar SADIO
Université Cheikh Anta Diop - Master II 2012
  

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4.2. Les indicateurs bioécologiques

La deuxième partie de cette étude avait pour objectif la comparaison des indicateurs bioécologiques comme l'abondance, la biomasse, la richesse spécifique, le niveau trophique, la taille moyenne observée, la taille maximale observée, l'indice de Shannon, l'indice de Simpson et l'équitabilité de Simpson entre l'AMP de Bamboung et le bolon de Sangako.

Sur l'ensemble des 58 espèces identifiées dans les deux sites d'étude, 34 sont capturées à la fois dans l'AMP de Bamboung et le bolon de Sangako. Cela traduit une bonne répartition du peuplement de poissons entre les deux sites étudiés.

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La diversité de l'AMP de Bamboung (51 espèces) est supérieure à celle du bolon de Sangako (41 espèces). Les 11 espèces apparues entre 2008 et 2009 dans l'AMP de Bamboung sont toutes des espèces prédatrices et d'affinité marine (Annexe 2).

Tableau X : Synthèse et pertinence des indicateurs bioécologiques.

Paramètre

Site

Test de Wilcoxon

Moyenne

W

P

Abondance

BBG

1029#177;2830

274

0.001

SAN

1743#177;3396

Biomasse

BBG

84#177;265

741

0.009

SAN

40#177;59

Richesse
spécifique

BBG

7#177;5

360

0.02

SAN

9#177;3

Niveau
trophique

BBG

3.2#177;0.3

915

0.000

SAN

2.8#177;0.2

Taille
moyenne

BBG

299.5#177;105.8

9053

0.020

SAN

131.5#177;29.6

Taille
maximale

BBG

418.6#177;229.1

3151

0.000

SAN

181.9#177;84.1

Indice de
Shannon

BBG

1.7#177;0.7

423

0.134

SAN

1.9#177;0.4

Indice de
Simpson

BBG

0.7#177;0.2

475

0.408

SAN

0.8#177;0.1

Equitabilité de Simpson

BBG

0.9#177;0.01

484

0.605

SAN

0.9#177;0.05

Tous les indicateurs biologiques sont statistiquement différents entre les deux sites d'étude. Les différences sont en faveur de l'AMP de Bamboung sauf pour l'abondance et la richesse spécifique dont les valeurs sont en moyenne plus fortes dans le bolon de Sangako que dans l'AMP de Bamboung. Les indicateurs synthétiques ne varient pas en fonction des sites.

Le peuplement de poissons est beaucoup plus abondant dans le bolon de Sangako (1743 individus ha-1) que dans l'AMP de Bamboung (1029 individus ha-1). Dans l'AMP de Bamboung, le peuplement est moins stable en amont alors que dans le bolon de Sangako l'instabilité s'observe en aval. Le peuplement de l'AMP de Bamboung est fortement concentré à la station centrale (Bd) qui est la plus profonde. L'augmentation de la densité au sein d'un peuplement non protégé pourrait être due à des interactions significatives entre un site protégée et un site non protégée. Ce résultat peut aussi s'expliquer par la forte prédation qui existerait dans l'AMP de Bamboung. L'augmentation des espèces d'affinité marine, très souvent prédatrices, à l'intérieur de l'AMP de Bamboung aurait conduit à une plus forte prédation et donc à une diminution de l'abondance des proies. Un autre facteur susceptible

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d'expliquer cette différence d'abondance en faveur du bolon de Sangako est l'effet « spillover » ou effet de débordement. Un peuplement plus abondant dans le bolon de Sangako que dans l'AMP de Bamboung confirme les résultats de Graham et al. (2003) et Schroeder et Love (2002). Dans le parc marin de la grande barrière des coraux en Australie, Graham et al. (2003) ont montré que la densité du peuplement de poissons est deux fois plus importante dans la zone non protégée que dans la zone protégée. Selon ces auteurs, ce résultat est attribué à la forte présence de prédateurs dans la réserve. Schroeder et Love (2002) ont montré une population de Sébastes plus abondante dans la zone non protégée que dans les zones moins protégée et la zone strictement protégée de la réserve marine de Gail de Facto aux Etats Unies.

La biomasse de l'AMP de Bamboung (84 kg ha-1) est deux fois supérieure à celle du bolon de Sangako (40 kg ha-1). La forte variabilité spatiale de la biomasse s'explique par un peuplement instable dans l'AMP de Bamboung comme dans le bolon de Sangako. La biomasse est plus stable au niveau de la station centrale de l'AMP de Bamboung (Bd) et au niveau de la station amont du bolon de Sangako (Sa). La différence de biomasse en faveur de l'AMP de Bamboung s'explique par une forte proportion d'espèces prédatrices. Stobart et al. (2009) ont montré une biomasse du peuplement de poissons plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur de la réserve des iles Columbretes en Espagne. Edgar et Barett (1999) ont aussi montré une biomasse plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur de la réserve de Tinderbox en Australie. Ils ont expliqué ce résultat par la forte présence de langoustes à l'intérieur de la réserve entrainant une énorme augmentation de la biomasse. Les résultats des études menées par Evans et Russ (2004) ont montré une biomasse plus importante dans les zones protégées que dans les zones pêchées de trois îles (Palm, Whitsunday et Keppel) en Australie. Ils ont expliqué ce résultat par une importante biomasse de deux populations de poissons (Plectropomus spp. et Lutjanus carponotatus) à l'intérieur des zones protégées. McClanahan et al. (1999) ont trouvé une biomasse 3.5 fois plus importante dans des sites protégés que dans les sites non protégées au niveau des récifs des îles du sud kényan et du nord de la Tanzanie. Halpern (2003) a trouvé un résultat similaire à partir d'une synthèse de 89 études sur l'effet des réserves marines sur la biomasse des organismes. Les études menées par Harmelin-Vivien et al. (2008) en France et en Espagne dans la mer méditerranéenne ont montré une biomasse 4.7 fois plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur de six aires marines protégées (Carry-le-Rouet et Banyuls en France ; Medes, Cabrera, Tabarca et Cabo de Palos en Espagne). Une biomasse plus importante dans la zone protégée que dans la zone non protégée est confirmée par l'étude menée par Garcia-Charton et al. (2004) dans la réserve marine de Cabo de Palos en Espagne. Dans le Parc marin de Ningaloo à l'Ouest de l'Australie, Westera et al. (2003)

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ont trouvé une biomasse plus importante dans la réserve marine que dans la zone de pêche récréative.

La richesse spécifique moyenne est plus importante dans le bolon de Sangako que dans l'AMP de Bamboung. Ce résultat peut s'expliquer par un flux migratoire d'espèces plus important dans l'AMP de Bamboung que dans le bolon de Sangako. Ce résultat confirme celui de Stobart et al. (2009) obtenu dans l'AMP des Îles Columbretes en Espagne. La variabilité spatiale de la richesse spécifique est faible d'une station à l'autre dans l'AMP de Bamboung affichant une stabilité de l'amont vers l'aval. Il en est de même dans le bolon de Sangako mais avec une tendance à la baisse de l'amont vers l'aval. Les 17 espèces capturées dans l'AMP de Bamboung et non recensées dans le bolon de Sangako sont d'origine marine. Ceci peut justifier l'important flux migratoire des poissons vers l'AMP de Bamboung. Le peuplement de poissons est plus stable dans le bolon de Sangako. Ce qui suggère que l'AMP de Bamboung présente des caractéristiques plus favorables parmi lesquelles on peut noter le statut de protection.

La différence significative de niveau trophique moyen en faveur de l'AMP de Bamboung se justifie par l'importante proportion de prédateurs de haut niveau trophique. En effet, les prédateurs représentent 88% de la biomasse totale dans l'AMP de Bamboung contre 45% dans le bolon de Sangako. Il augmente d'amont en aval dans l'AMP de Bamboung comme dans le bolon de Sangako. Cela traduit la présence d'espèce de haut niveau trophique vers l'aval (zone profonde) et d'espèce de bas niveau trophique vers l'amont (zone peu profonde). La variabilité du niveau trophique moyen est plus importante en amont de l'AMP de Bamboung. Ce résultat s'expliquerait par une importante interaction trophique au niveau des stations amont. Dans le bolon de Sangako, on note une variabilité importante du niveau trophique moyen en aval.

La taille moyenne du peuplement de poissons de l'AMP de Bamboung est supérieure à celle du peuplement de poissons du bolon de Sangako. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que l'exploitation des ressources s'accompagne d'une diminution de la taille moyenne des poissons liée à la disparition d'individus de grande taille. Stobart et al. (2009) ont obtenu un résultat similaire dans l'AMP des Îles Columbretes en Espagne. Les résultats des travaux d'Edgar et Barrett (1999) ont montré une taille moyenne des organismes plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur des quatre réserves marines de Tasmania en Australie. Dans la réserve des îles Duck au Canada, les résultats des études menées par Rowe (2002) sur la population de homards ont montré une taille moyenne plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieure de la réserve. Jouvenel et Pollard (2001) ont trouvé le même résultat après une

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étude menée sur la population de sparidé (Sparus aurata) de la réserve marine de Cerbère-Banyuls en France. Ils ont expliqué cette différence par une mortalité due en grande partie par la forte pression de pêche. Un résultat similaire est obtenu par Willis et al. (2003) qui ont montré une taille moyenne de la population de vivaneaux (Lutjanidae) plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur de trois réserves marines au nord de la Nouvelle Zélande. Halpern (2003) a passé en revue plusieurs travaux sur l'impact des réserves marines sur la taille moyenne des organismes. Il a trouvé à partir de la synthèse des 89 études distinctes, à l'exception de la taille des invertébrés, une taille moyenne plus importante dans la réserve qu'en dehors de la réserve. Dans l'île de la Réserve faunique nationale de Merritt à Cap Canaveral, en Floride aux Etats-Unis, Gell et Roberts (2003) ont trouvé la taille moyenne d'un peuplement de poissons plus importante dans la réserve que dans les zones ouvertes à la pêche.

La taille maximale du peuplement de poissons de l'AMP de Bamboung est supérieure à celle du peuplement de poissons du bolon de Sangako. Mosquera et al. (2000) ont synthétisé des résultats d'études empiriques de réserves marines pour évaluer les avantages potentiels de la protection des populations de poissons et ont montré une taille maximale plus importante dans une zone protégée que dans une zone non protégée. Ils ont expliqué ce résultat par une importante présence d'espèces ciblées par la pêche à l'intérieure de la zone protégée. Ce résultat confirme ceux des études menées par Floeter et al. (2006) dans la réserve marine d'Arquipelago au Brésil. Ils ont trouvé un peuplement de poissons de grande taille dans les sites présentant un degré élevé de protection et ont expliqué ce résultat par la forte présence de prédateurs et d'herbivores de grande taille dans la réserve.

En ce qui concerne l'indice de Shannon, il n'y a pas de différence significative entre l'AMP de Bamboung et le bolon de Sangako. Le résultat de la comparaison de l'indice de Shannon est similaire à celui obtenu par Garcia-Rubies et Zabala (1990) qui ont montré un indice de Shannon égal entre l'intérieur et l'extérieur de l'aire protégée des iles Mèdes en Espagne. Selon ces auteurs, ce résultat s'explique par la forte occurrence de certaines espèces. L'indice de Shannon varie entre 0 et 3.9 dans l'AMP de Bamboung et entre 0 et 3.7 dans le bolon de Sangako. Les valeurs moyennes observées dans l'AMP de Bamboung (1.7#177;0.2) et dans le bolon de Sangako (1.9#177;0.4) traduisent un peuplement dominé par une seule espèce dans chaque site. La structure des peuplements de poissons est identique dans les deux sites d'étude. L'indice de Shannon est plus variable en amont et plus élevé au niveau de la station la plus profonde (Bd) dans l'AMP de Bamboung. Il affiche une tendance à la baisse de l'amont vers l'aval dans le bolon de Sangako et sa variabilité y est plus forte vers l'aval. La

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quasi-totalité des effectifs est concentrée sur E. fimbriata (68% de l'effectif total) dans l'AMP de Bamboung et sur E. fimbriata (45% de l'effectif total) et S. maderensis (33% de l'effectif total) dans le bolon de Sangako.

Les valeurs de l'équitabilité de Simpson sont en moyenne proches de 1 dans l'AMP de Bamboung comme dans le bolon de Sangako (Tab. 10). Elles traduisent un peuplement de poissons composé en majorité d'espèces ayant la même abondance dans les deux sites. En effet, mis à part E. fimbriata et S. maderensis, le reste du peuplement est composé d'espèces ayant une abondance faiblement différente dans les deux.

Pour ce qui est de l'indice de Simpson, il n'y a pas de différence significative entre l'AMP de Bamboung et le bolon de Sangako. L'indice de Simpson varie de la même façon que l'indice de Shannon. Les valeurs moyennes sont de 0.7#177;0.2 dans l'AMP de Bamboung et de 0.8#177;0.1 dans le bolon de Sangako et traduisent une plus grande diversité biologique dans le bolon de Sangako que dans l'AMP de Bamboung. Sa variabilité en amont et en aval de l'AMP traduit un peuplement hétérogène en amont et en aval. Dans le bolon de Sangako, le peuplement est plus hétérogène en aval.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams