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Problématique de l'affiliation du secteur informel à  la caisse sociale du Rwanda. Cas des menuisiers de Gakinjiro. Période : 1974-2002.

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par Joseph KAYUMBA
Universit&é libre de Kigali (ULK) - Licence en gestion 2002
  

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3.4.2. Le secteur informel dans les pays en voie de développement

Vendeurs de rue, cireurs de chaussures, ouvriers d'ateliers clandestins, travailleurs à domicile, petits artisans, tous ces travailleurs de l'ombre font partie d'un secteur oublié des statistiques : le secteur informel qui constitue pourtant une source majeure d'emploi dans les pays en voie de développement.

Lors du colloque international sur l'organisation des travailleurs du secteur non

tructuré42(*), qui s'est tenu à Genève du 18 au 22 octobre 1999, il a été convenu que le

secteur soit subdivisé  en trois grands groupes à savoir :

1°. Les propriétaires ou exploitants des micro-entreprises, y compris les agriculteurs, qui emploient quelquefois des travailleurs ou apprentis.

2°. Les personnes travaillant pour leur propre compte, travailleurs indépendants, marchands ambulants et petits paysans. C'est le groupe le plus important et le plus visible du secteur informel.

3°. Les salariés à plein temps ou occasionnels. Il comprend des travailleurs rémunérés, ainsi que les travailleurs à domicile et les domestiques. Ces travailleurs sont souvent cachés si bien qu'il est plus difficile de les localiser, de se mettre en rapport avec eux et de les organiser.

Il a été également reconnu que l'immense majorité des gens qui travaillent dans le secteur informel ne le font pas par choix et ce travail n'est pas pour eux une étape vers un avenir meilleur, c'est plutôt un moyen de survie.

Ainsi, face aux crises conjoncturelles, à la croissance démographique, à l'absence ou au désengagement de l'Etat, une part de plus en plus accrue de la population plonge dans l'informel pour assurer sa survie. Ce visage peut emprunter différents chemins :

une activité traditionnelle dans l'artisanat, cireur de chaussures, taximan, l'ouverture d'un petit commerce, un emploi dans un atelier clandestin , travail domestique etc...

Dans les pays à faible revenu, le secteur informel apparaît comme un moyen d'assurer sa survie et comme un rouage indispensable de l'économie.

Comme la plupart des chercheurs, Marc Penouil 43(*)pense que les activités informelles sont la réponse des sociétés aux besoins nouveaux, aux mutations structurelles, aux contraintes sociales, résultant du développement transféré sur toutes les catégories sociales.

Relations de travail et relations marchandes combinent des formes de relations comme le salariat et le marché. Cependant, selon les tenants de cette perspective, l'informel ne peut pas à lui seul, assurer l'industrialisation.

Analgésique pour gagner du temps, l'informel est une réponse essentielle mais insuffisante à la gestion des crises et à la transition vers une économie moderne.

Il ne répond en effet que partiellement aux problèmes posés par l'évolution des technologies et tend à mettre en place un système de formation essentiellement reproductif.

Il est en outre, par nature, peu capitaliste. En effet, les capitaux proviennent généralement de l'épargne personnelle ou familiale, la main d'oeuvre est habituellement constituée par des membres de la famille, la productivité est très faible et la rentabilité des investissements se limite en principe à récompenser le travail et non le capital.

Si on a longtemps adopté des politiques de découragement à l'endroit des activités informelles, notamment parce qu'elles échappent à toute taxation fiscale, certaines ONG et les principales organisations internationales ont progressivement adopté une attitude positive, essentiellement réformiste, envers le secteur informel.

Faisons remarquer que malgré cette vision plutôt prometteuse pour le secteur informel, ce dernier est loin d'être une voie vers un développement équilibré.

En effet, de l'homme libre, entreprenant et inventif, le travailleur informel devient plutôt un ouvrier soumis à de longues heures de travail dans des ateliers souvent insalubres.

En marge de toute légalité, il travaille pour un salaire de misère, sans moyen de voir sa situation s'améliorer.

Les pays développés ne sont pas épargnés par ce phénomène : on y trouve comme au sud, de plus en plus d'ateliers clandestins et de travailleurs à domicile.

Le syndicat australien TCFUA Textile, Clothing and Footwear Union of Australian estime que 75% des entreprises de l'industrie textile australienne font confectionner leurs vêtements à domicile.

Le cas de travailleurs oeuvrant douze heures par jour, sept jours sur sept pour deux dollars de l'heure sont monnaie courante.

Pour d'autres chercheurs travaillant essentiellement sur les micro-entreprises sud-américains, l'informel est porteur d'une autre logique, basée sur la solidarité et la coopération, la participation à la vie locale et la responsabilité de chacun.

Dans l'informel, on est ingénieux sans être ingénieur, industrieux sans être industriel, entreprenant sans être entrepreneur.

Autrement dit, on n'est pas dans une économie, on est dans une autre société. L'économique n'y est pas autonome en tant que tel. Il est dissout, enchâssé dans le social.

Pour des auteurs comme Serge Latouche44(*), l'économie informelle répond à une voie choisie par des sociétés du sud en opposition à celle ( société capitaliste) que veulent leur imposer les pays industrialisés.

L'informel est un choix de société, de valeurs de solidarité, un refus de l'industrialisme imposé et d'un type d'Etat et de contrôle politique.

Cette vision fait la part belle au secteur informel et occulte ses aspects dégradants.

Il n'en demeure pas moins que l'informel semble dans bien des cas entremêlé d'une autre logique que celle du petit entrepreneur d'une économie en transition vers la modernité industrielle capitaliste.

Ainsi, Luis Razetto 45(*) constate que les informels se considèrent comme des indépendants, comme des travailleurs possédant leur propre outil de travail, comme artisans et non pas comme des entrepreneurs.

Leur entreprise n'est pas fondée sur la maximisation du profit, elle est fondée sur le travail, une manière de satisfaire de façon autonome leurs besoins personnels et familiaux.

Nous allons dans les paragraphes qui suivent illustrer par des exemples les réalités du secteur informel en Amérique latine. Nous aurons ainsi une idée extrapolable à d'autres pays du tiers monde.

3.4.2.1 Les spécificités du secteur informel en Amérique Latine

Le secteur informel latino-américain se caractérise par sa colonisation, par sa pauvreté, par son développement économique et technologique et par son importante urbanisation.

Il incarne un moyen de survie sur l'ensemble du continent où la pauvreté et le sous- développement sont considérés comme étant endémiques. Ces problèmes étant causés par une redistribution inégale des richesses.

Le tableau suivant montre la forte présence du secteur informel dans quelques pays de l'Amérique Latine :

Tableau 4: Présence du secteur informel dans quelques pays d'Amérique Latine.

Pays

Participation(%) du secteur informel

1996-1998

Bolivie

41.5%

Colombie

44.6%

Equateur

48.8%

Pérou

50.3%

Venezuela

45.8%

Moyenne

46.2%

Source : http://www.paris21.org

* 42 http : //www.ilo.org/public/french/dialogue/actrav/publ/infcncl.htm 16/05/02

* 43 PENOUIL, M., «  Secteur informel et crises africaines, », in Afrique contemporaine, Numéro spécial, 4e trimestre, 1992, p.28.

* 44 LATOUCHE, S., La planète des naufragés, Ed. La Découverte, Paris 1991, p.53

* 45 RAZETTO, L. : « Le futur sombre des travailleurs du secteur informel, », Economie et Travail, ,Santiago, année 2, n°3 ,1994.

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