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Port-Saint-Louis-du-Rhône tente de reprendre son destin en main. L'exemple de ses politiques sportives.

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par Laura Lemaire
Université Aix-Marseille - Master 2 Urbanisme et aménagement 2015
  

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1.1.2. 1960-1990 : la création de la Zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer et la mise au ban de la commune du SAN Ouest Provence

Jusque dans les années 1960, Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc un pôle industriel important à l'échelle nationale où l'emploi industriel a une place importante. Cependant, la construction de la ZIP de Fos-sur-Mer va constituer un tournant pour la commune, qui va être isolée sur le plan économique et politique. D'avant-port colonial à l'importance nationale, Port-Saint-Louis va ainsi devenir « la ville du bout du monde », exclue de la construction intercommunale, à laquelle est adossée la création de la ZIP.

La construction de la Zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer :

Au début des années 1930, le pourtour de l'Etang de Berre est un espace aux paysages ruraux et agricoles mais en ce début du 20e siècle, ce territoire est progressivement pensé et aménagé comme une annexe du port de Marseille par la Chambre de commerce et d'industrie. Le potentiel industriel du territoire est cependant encore largement inexploité : l'industrie se limite à trois raffineries de pétrole et deux sites industrialo-portuaires.

Au milieu des années 1950, la Chambre de commerce et d'industrie souhaite attirer à Fos-sur-Mer des entreprises sidérurgiques d'envergure nationale. L'idée intéresse le gouvernement qui va prendre la main et progressivement écarter les acteurs locaux du projet. Dans un contexte d'aménagement du territoire, l'idée est pour l'Etat de créer un « pôle de croissance » afin d'industrialiser la façade méditerranéenne et de favoriser ainsi la restructuration des grandes entreprises françaises et assurer leur insertion dans la concurrence internationale.15

Dans les années 1960 un port en eau profonde va ainsi être creusé dans le Golfe de Fos, puis en 1969 va être aménagée la ZIP dans la plaine de Crau, où les entreprises vont progressivement s'installer dans les années 1960 et 1970. On peut citer en particulier les grandes entreprises du secteur la métallurgie telles que SOLMER ou de la pétrochimie telles qu'Imperial Chemical Industries et

15 CLAUX, Martin : La ville mobile gouvernée. Intercommunalités, politiques de déplacements et trajectoires de déplacement de la Région Urbaine Marseillaise. Thèse de Doctorat, Aix-Marseille Université, 2014

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ESSO, soutenues par l'Etat et qui investissent massivement dans la zone. Fos-sur-Mer devient donc un pôle industriel important.

Une évolution démographique et sociale :

Le développement industriel va entrainer un accroissement démographique important et une mue sociale. En effet, entre 1960 et aujourd'hui, la population des communes qui forment actuellement le SAN Ouest Provence16 a été multipliée par quatre : elle passe en effet de 25 000 à 96 000 habitants.

Figure 5 : Evolution démographique du SAN Ouest Provence / source : Insee, Recensements de la population /
Réalisation : CLAUX, Martin, 2014

A cette impressionnante croissance démographique s'ajoute une mue sociale : en effet la majorité des emplois créés à Fos-sur-Mer sont des emplois ouvriers. L'installation des entreprises sidérurgiques en particulier déclenche la migration des « hommes du fer », ces ouvriers métallurgistes lorrains qui s'installent en masse dans les communes autour de Fos-sur-Mer.

Cela a pour conséquence un taux de l'emploi ouvrier très importants par rapport à la France métropolitaine, ce qui est encore vrai aujourd'hui. Les communes de Miramas et Port-Saint-Louis-du-Rhône en sont un bon exemple avec respectivement une part de 30 et 40% d'emplois ouvriers en 2014.17 Le graphique ci-dessous permet de mettre en évidence le fait qu'au moment où la France en

16 Istres, Fos-sur-Mer, Miramas, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Grans, Saint-Mitre-les-Remparts

17 Insee, Recensement de la population 2012

12

général connait une désindustrialisation (à partir des années 1970), pour les villes de l'Etang de Berre, on observe le phénomène inverse dans les communes du SAN Ouest Provence :

Figure 6 : Part des ouvriers dans la population active / Source Insee / Réalisation Martin CLAUX, 2014

Un EPCI pour aménager le territoire :

Le développement industriel s'est accompagné de la création d'une ville nouvelle et d'une structure intercommunale pour aménager la zone et construire les infrastructures nécessaires d'une part à l'accueil des activités industrialo-portuaires et d'autre part à l'accueil des populations dans des conditions décentes. La volonté initiale de l'Etat est de réunir 14 communes dans un Etablissement public d'aménagement.

A l'arrivée, seules quatre communes intègrent l'Etablissement Public d'Aménagement de la ville nouvelle des Rives de l'Etang-de-Berre (EPREB) : Istres, Fos-sur-Mer et Miramas, intégrées au sein d'un Syndicat Communautaire d'Aménagement (SCA) et Vitrolles en tant que commune associée à la ville nouvelle. Il s'agit d'une alliance politique entre communes de la majorité gouvernementale de centre droit (UDR).

13

Le périmètre de la SCA, qui devient le SAN Ouest Provence en 1984 ne change pas jusque dans les années 2000 en dépit des demandes répétées de certaines communes telles que Saint-Martin-de-Crau et Port-Saint-Louis-du-Rhône d'intégrer cet EPCI fiscalement riche.

Les communes de la SCA se voient déléguer l'exécution des investissements communautaires dans les domaines du logement, de la voirie, de la signalisation, des parkings, des espaces verts ou encore des équipements culturels, sportifs ou scolaires et les frais sont couverts par une dotation de la SCA envers les communes.

Dans un premier temps, la ville d'Istres, siège de la SCA puis du SAN Ouest Provence et sous-préfecture des Bouches-du-Rhône depuis 1981 capte la majorité des crédits. Il s'agit d'une période pendant laquelle l'EPCI est au service du développement de la ville-centre. L'idée qui sous-tend cet état de fait est celle de « charges de centralité » et les grands projets communautaires se font systématiquement à Istres.18

Cette situation perdure jusqu'au début des années 2000 avec l'entrée de trois nouvelles communes au sein du SAN Ouest Provence : Port-Saint-Louis-du-Rhône, Grans et Cornillon-Confoux. A partir de ce moment, le leadership d'Istres est contesté par une coalition des pôles secondaires menés par Fos-Sur-Mer. On passe ainsi d'un « consensus communautaire (une intercommunalité au service du rayonnement de la centralité Istréenne) à une autre : une intercommunalité au service du développement d'un territoire multipolaire.»19

Port-Saint-Louis-du-Rhône, un territoire à la marge du développement industriel et de la construction communautaire des communes du SAN Ouest Provence :

Ainsi, pendant les décennies 1970, 1980 et 1990, Port-Saint-Louis-du-Rhône, comme Grans et Cornillon-Confoux, ne parviennent pas à intégrer l'EPCI. Si les communes de Fos-sur-Mer, Miramas et surtout Istres profitent des ressources d'un EPCI riche qui investit en masse pour l'aménagement de la ville nouvelle, ce n'est pas le cas de Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui accuse ainsi un retard de développement de la population et également un retard en termes d'équipements, notamment sportifs, lié à sa non-entrée dans le SAN.

18 CLAUX, Martin : op. cit. p.116 à 131 : « 3.2. Le Syndicat d'agglomération nouvelle Ouest Provence, la construction d'un espace industriel multipolaire»

19 Ibid : p.129

14

Le Port autonome de Marseille et la ZIP de Fos-sur-Mer condamnent Port-Saint-Louis-du-Rhône :

Jusque dans les années 1960, Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc un pôle industriel d'envergure nationale. Lorsque le Port Autonome de Marseille est créé en 1966, c'est donc naturellement que le port est intégré à l'ensemble. Le Port autonome voyait en Port-Saint-Louis-du-Rhône la possibilité de pouvoir naviguer sur une grande partie du territoire national et même vers l'Europe du nord. Mais ce qui se présentait comme une opportunité pour Port-Saint-Louis-du-Rhône de confirmer et d'accroitre son développement économique, s'est en fait avéré être la cause de son déclin.

En effet, le Port fonctionne jusque dans les années 1960 puis ses activités portuaires et industrielles sont transférées vers la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer car le tirant d'eau du Port devient insuffisant pour accueillir des bateaux containers de 100 000 tonnes qui sont devenus la norme.20 Le port est donc condamné car il est devenu inadapté face aux mutations du commerce international et obsolète en comparaison avec les darses considérables de la ZIP.

« En 1970, nouveau coup du sort, la création de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer avec ses darses immenses adaptées au gigantisme des nouveaux navires, à l'automatisation de la manutention (les porte-conteneurs) renvoie Port-Saint-Louis-du-Rhône à l'image désuète d'un petit port colonial dépassé. »21

Par ailleurs, les emplois de la ZIP de Fos ne parviennent pas à remplacer les emplois perdus à Port-Saint-Louis et le chômage atteint des records sur la commune : entre 1982 et 1999, en effet, le taux de chômage passe de 10,5% à 23,6%.22 Cette hausse du taux de chômage est à mettre en relation avec une perte importante de population puisqu'entre 1980 et 1999, la commune perd 21,73% de sa population.23

On peut ainsi supposer que les communes du SAN Ouest Provence refusent l'entrée à Port-Saint-Louis-du-Rhône dans l'EPCI car il s'agit d'une commune qui serait davantage un poids qu'une richesse pour les autres communes. En effet, la fermeture du port signifie également celle des usines.24

20 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : La Stratégie de développement local de Port-Saint-Louis-du-Rhône 1889-2000 : Mémoire de DESS, Université Aix-Marseille, 2000 : p.14

21 PICON, Bernard : « Une culture de l'incertitude » in CHARRIERRE, Jean Louis : op. cit. : p.86

22 Insee, Recensements de la population : 1982 : 308 chômeurs, 1999 : 645 chômeurs

23 Insee, Recensements de la population : 1982 : 10378 habitants, 1999 : à 8123 habitants

24 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : op. cit. : P.15

Un retard de développement de la population :

La commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une hausse importante de sa population dans les années 1960/1970, du fait du développement des emplois industriels de la ZIP, cependant, cela ne s'est pas vérifié ensuite, s'il l'on compare avec les autres communes du SAN Ouest Provence, comme on peut le constater sur le graphique suivant : 25

Figure 7 : Comparaison de l'évolution de la population : PSLR / SAN Ouest Provence / Bouches-du-Rhône / Source et réalisation : Insee, Recensements de la population

La comparaison de la population de Port-Saint-Louis-du-Rhône et de Fos-sur-Mer est particulièrement révélatrice (graphique et tableau suivant). En effet, Fos-sur-Mer était avant la création de la ZIP une ville moins peuplée que Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui compte aujourd'hui le double de population. Cela montre bien la conséquence de la création de la ZIP sur les communes environnantes.

15

25 Port-Saint-Louis-du-Rhône, fiche communale : Ouest Provence, avril 2011

16

 

1962

1968

1975

1982

1990

1999

2007

Fos-sur-Mer

2898

2869

6709

9031

11605

14007

15832

Port-Saint-
Louis-du-
Rhône

6278

8285

10393

10378

8624

8123

8530

Figure 8 : Source : Comparaison de l'évolution de la population : PSLR et Fos-sur-Mer / Source : Insee, recensements de la population / Réalisation Laura Lemaire, août 2014

Cette évolution peut être corrélée avec l'évolution du taux de chômage sur les deux communes : on observe en effet que c'est dans les années 1990 que le chômage augmente le plus à Port-Saint-Louis, or c'est également à cette époque que la population diminue le plus :

Figure 9 : Comparaison de l'évolution du taux de chômage à Fos-du-Mer et PSLR / Source : Insee / Réalisation Laura

Lemaire, août 2015

17

Cette comparaison de population avec Fos-sur-Mer montre qu'un projet national peut avoir des conséquences considérables sur le développement d'une commune.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry