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Droit de l'urbanisme et innovation architecturale. Des rapports ambivalents.

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par Laura Lemaire
Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence - Diplôme de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence 2014
  

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2) Le problème de l'accumulation des mesures techniques

a) l'accumulation des normes compliquerait à outrance le travail des professionnels du bâtiment

Ce n'est donc pas l'idée même de normes environnementales qui est mis en cause mais la façon dont elles sont traduites dans le droit de l'urbanisme et en particulier la façon dont les règles techniques d'ordre environnemental viennent s'ajouter à un corpus déjà extrêmement lourd de règles liées à l'urbanisme au sens large : Code d'urbanisme,

163Témoignage de Christian Périnel, architecte : Annexe 2

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Code la construction et Code du patrimoine pour ne citer qu'eux. Cela a pour conséquence une exaspération générale des architectes et des professionnels du bâtiment en général à l'égard des règles d'urbanisme, qui compliquent leur travail. Les règles environnementales, qui sont pourtant nécessaires, sont donc généralement perçues comme des contraintes supplémentaires, ainsi qu'en témoignage Héloïse De Broissia, architecte :

« Ce n'est pas tellement une loi ou norme en particulier qui est très contraignante, c'est plutôt l'accumulation de toutes les normes. A la fois les règles du code de l'urbanisme, mais également les normes PMR, incendie, code du travail, code de la construction ERP, etc... »164

D'après la Société française des architectes, qui est l'un des principaux syndicat de la profession, cet empilement de normes nuirait à la qualité des bâtiments car l'architecte passerait davantage de temps à se battre avec les règles d'urbanisme qu'à concevoir des bâtiments de qualité pour les personnes qui vivront dedans :

« lorsqu'on est trop occupé à déjouer les chausses-trappes réglementaires, on a physiquement de moins en moins de temps à consacrer à des variables négligeables comme l'espace, la lumière, l'orientation, la qualité d'usages. »165

L'accumulation des normes techniques aboutirait aussi à des situations dans lesquelles certains projets pourtant nécessaires ne voient pas le jour car ils n'ont pu répondre à toutes les règles. François Frédéric Müller et Emmanuelle Colboc ,architectes, dénoncent cette situation dans le cas du logement social :

« L'abus de certaines réglementations rend impossible la construction de certains projets au titre qu'ils ne répondent pas à toutes les attentes normatives »166

b) Par l'accumulation des règles techniques, le droit de l'urbanisme oublie l'essentiel : l'espace à vivre

La société française des architectes dénonce également le fait que le droit de l'urbanisme, qui accumule les règles techniques de construction, fini par en oublier l'essentiel : le fait que les constructions sont faites pour les gens qui vivront dedans :

164Témoignage d'Héloïse de Broissia, architecte : Annexe 3

165MULLER, François Frédéric et COLBOC, Emmanuelle, architectes : « Le logement social aujourd'hui : dans quel état est-il ? » Bulletin de la Société française des architectes, n°51, 4e semestre 2013

166Idem.

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« L'ensemble du système normatif ignore l'essentiel c'est à dire l'espace à vivre. Il ne traite que de performances techniques. »167

Le cas semble particulièrement flagrant pour le logement social : par l'accumulation de normes techniques, le logement social a été totalement uniformisé en France et cela s'est accompagné en moins de trente ans d'une perte considérable de surface habitable. En 1987 en effet, un logement social de trois pièces faisait en moyenne 70m2, pour en moyenne entre 60 et 63m2 aujourd'hui. Autrement dit : «c'est l'équivalent d'une pièce qui a été perdu. »168

Et la Société française des architectes de conclure avec cette phrase pleine de sens :

« La question du logement n'est pas une question technique mais la plus magnifique question humaine posée à l'architecture. »169

Ce n'est donc pas l'idée de règles environnementales qui est en cause mais le fait que les règles environnementales viennent s'ajouter à un droit de l'urbanisme déjà très lourd, accroissant encore l'impression des architectes et des professionnels du bâtiment en général d'être écrasés par un appareil normatif excessif, qui ne leur permettrait plus d'exercer leur métier dans de bonnes conditions.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote