WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Eau et santé dans les campagnes des hautes terres de l'ouest du Cameroun. Cas de Babadjou dans le département des Bamboutos.

( Télécharger le fichier original )
par Ernestine LONPI TIPI
Université de Dschang - Master 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

104

CONCLUSION, SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES

CONCLUSION

Rendu au terme de cette étude sur l'eau et la santé dans les campagnes des hautes terres de l'Ouest du Cameroun : le cas de Babadjou, nous pouvons retenir suite à la vérification des hypothèses que :

Le relief favorable au drainage des eaux, l'existence des sols facilitant l'infiltration des eaux, le climat tropical humide ainsi que la densité du réseau hydrographique sont autant de facilités naturelles d'accès à l'eau à Babadjou. Cependant cette localité souffre d'une insuffisance voir d'une absence des infrastructures d'approvisionnement en eau potable fonctionnelles. De plus, les contraintes telles la dégradation du couvert végétal, la rigueur du climat en saison sèche, l'importance des distances à parcourir pour avoir de l'eau de même que les activités agro-pastorales entravent l'accès à l'eau.

Sur 44296 habitants en 2008, seuls 3580 disposent de l'eau provenant des adductions d'eau potable. Face à l'absence de l'eau potable, les populations consomment les eaux de rivière, des pluies, des puits et des sources non aménagées. Après les analyses physique et bactériologique de quelques points d'eau de boisson des quartiers Bametogoung, King-place et Nso'h, il ressort que les eaux consommées par les populations de ces quartiers ne sont pas potables. Physiquement, elles comportent des particules en suspension, elles sont acides (PH de 5,4 à 6,0), colorées, inodores, fraîches (14- 15°C), insipides et ne contiennent pas de larves d'insectes. Pour ce qui est de l'analyse bactériologique, dans des échantillons de 100ml, ces eaux présentent pour la rivière Tchi-Meloung de Bametogoung, une concentration de 30 E-coli, une concentration de 10 E-coli pour Tchi-Malou de King-place et de 3 E- coli pour le puits non aménagé de Nso'h.

La conséquence de la consommation de ces eaux est l'existence des maladies hydriques à transmission orale que sont la gastro-entérite 27%, l'amibiase 26%, la typhoïde 19%, l'ascaridiase 18%, et la diarrhée 10%. Les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées sont les couches les plus vulnérables. Ces maladies sont récurrentes en saison sèche et au début de la saison des pluies et le nombre de victimes est plus élevé dans les quartiers sans eaux potables que dans ceux qui en disposent. Il n'y a pas encore eu de cas de choléra, il n'y a pas de poliomyélite, mais le risque est permanent.

A côté de ces maladies causées par l'ingestion des eaux sales, on a le paludisme qui est une maladie hydrique à transmission vectorielle. Cette affection est entretenue et soutenue par des facteurs tels que le climat pluvieux, les sols hydromorphes des bas-fonds, des fûts d'eau et les puits non protéges, l'omniprésence de la végétation, des porcheries et pépinières à

105

proximité des maisons ainsi que par des trous d'eau réalisés pour l'irrigation en saison sèche et abandonnés durant toute la saison des pluies. Par contre, les cours d'eau, les hautes altitudes et les eaux usées n'y favorisent pas le développement des moustiques. Avec la présence de ces facteurs d'endémicité, le paludisme en 2007 et 2008 représente 38,50% du nombre total de patients reçus dans les établissements de santé de Babadjou. Dans ces conditions, à Babadjou, le paludisme est la première cause de consultation et d'hospitalisation. Les personnes les plus vulnérables étant les enfants de moins de 5 ans soit 28,24% et les adultes représentés par la tranche d'âge 15-45ans avec 34,66% du nombre de paludéens. Le paludisme à Babadjou est récurrent aux intersaisons.

En vue de résoudre ces problèmes de santé causés par l'eau à Babadjou, les actions visant l'équipement en adduction d'eau potable et la lutte contre le paludisme sont entreprises par des acteurs institutionnels et la communauté. Ainsi, pour avoir de l'eau potable, des forages on été réalisés, mais ils n'ont qu'une faible durabilité. Trois grands projets d'adduction d'eau ont été entrepris dans trois quartiers notamment Bamelo, Nguékong et Balépo. Seuls les deux premiers ont réussi le troisième étant très coûteux. Les adductions d'eau de la Scanwater, fruit de la coopération camerouno-danoise sont aujourd'hui non fonctionnelles. En ce qui concerne la lutte contre le paludisme, l'on retient ici que l'Etat a mis sur pied des stratégies de lutte à travers le PNLP, il y a une prise en charge de la maladie par le personnel sanitaire de Babadjou à travers la distribution des moustiquaires imprégnées et la formation des relais communautaires, mais ces mesures demeurent insuffisantes.

Pour répondre à leurs besoins de santé, les populations de Babadjou essayent tant bien que mal de traiter leurs eaux de boisson. Elles utilisent les méthodes suivantes : la décantation, l'ébullition, la javellisation, le sel de cuisine et la chloration. Elles construisent des puits. Cependant, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés liées au fait qu'elles ne maîtrisent pas assez les techniques de traitement de l'eau et la nature du sol qui rend difficile l'élaboration des puits. En conséquence, les maladies hydriques à contamination féco-orale persistent dans les ménages. En 2007 et 2008 elles ont été à l'origine du décès de 24 personnes dont 75% étaient des enfants de moins de 5 ans. Pour lutter contre le paludisme, les populations utilisent peu les méthodes préventives car 62% de cette population n'utilisent aucun mode de prévention. Les principales méthodes utilisées pour prévenir cette affection sont : l'usage des moustiquaires 10%, les médicaments (pharmaceutiques et traditionnels) et les insecticides 5% et 3% respectivement. Pour se soigner, ces populations font recours à l'automédication, à la pharmacie de rue, aux guérisseurs et terminent leurs courses dans les établissements de santé lorsque la maladie a atteint des proportions critiques pouvant

106

conduire à la mort. Ainsi, au CMA de Babadjou, le paludisme a occasionné la mort de 14 et 17 personnes respectivement en 2007 et 2008. La faiblesse des moyens financiers des populations couplées à la peur des ordonnances coûteuses, la permanence du paludisme et la possession d'un médicament à la maison et l'importance des distances à parcourir expliquent le fait que les ménages ne font pas recours en premier lieu dans les établissements de santé en cas de maladie.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon