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Impacts de la variabilité pluviométrique sur les productions agricoles dans la commune de Mont-Rolland des années 1950 aux années 2000.

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par Gilbert Sidy Lamine MBENGUE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - MASTER en GEOGRAPHIE, RESSOURCE ENVIRONNEMENT DEVELOPPEMENT (RED) Option : Climatologie 2014
  

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II - Impacts de la variabilité pluviométrique sur les productions agricoles dans la Commune de Mont-Rolland depuis 1970

La variabilité pluviométrique n'a pas manqué d'impacts sur l'agriculture, essentiellement familiale, de la Commune de Mont-Rolland. Les fluctuations des productions céréalières telles que : le mil souna (Pennisetum glaucum), le sorgho (Sorghum bicolor), le maïs (Zea mays) et le niébé (Vigna unguiculata), qui constituaient la base alimentaire, ont fini par poser de nouveaux problèmes spécifiques à la Commune de Mont-Rolland, perçu parfois par les populations comme les véritables causes de la crise agricole depuis les années 1970.

A partir des années 1970 on assiste à une baisse progressive des productions. Cela est dû d'une part à des sécheresses récurrentes marquées par une chute du total pluviométrique, un début tardif et une fin parfois précoce de l'hivernage mais aussi des séquences sèches de plus en plus prolongées à l'intérieur même de l'hivernage. Ainsi le cycle de croissance des plantes est affecté aussi bien dans sa phase de germination que dans sa phase de croissance. Les conséquences les plus négatives furent l'abandon de certaines variétés culturales aux rendements très faibles mais aussi l'abandon progressif des terres qui aboutit à une forte diminution des surfaces emblavées pendant la saison pluvieuse.

II - 1 - La baisse de la productivité des cultures pluviales Aujourd'hui les cultures à long cycle ou de fortes exigences en eau ont tendance à disparaitre du paysage agricole de la Commune de Mont-Rolland. Par contre, d'autres cultures de cycle plus court, ou moins exigeantes en eau ont pu résister à la variabilité pluviométrique même au prix d'une baisse de la productivité. (Tableau 16)

La comparaison de la productivité moyenne de la décennie 1951-1960 et de celle de la décennie 2004-2013 montre que : le maïs (Zea mays) qui occupait les derniers rangs, avant les années 1970, est devenu aujourd'hui la principale culture vivrière, secondé par le niébé (Vigna unguiculata) et le sorgho (Sorghum bicolor) de cycle court. Cependant selon nos enquêtes, la productivité de ces spéculations, aujourd'hui, est loin d'atteindre les moyennes des années 1950.

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Tableau 16 : Comparaison de la productivité moyenne de la décennie 1951-1960 et de celle de la décennie 2004-201324

Spéculation

Productivité

Moyenne 1951-1960

Productivité

Moyenne 2004-2013

Maïs

583 kg/ha

317 kg/ha

Sorgho*

725 kg/ha

212 kg/ha

Niébé

830 kg/ha

200 kg/ha

Mil

1050 kg/ha

100 kg/ha

Arachide

910 kg/ha

150 kg/ha

* « Bassi cycle long »

La productivité moyenne du maïs est passée de 583kg/ha avant les années 1970 à 317kg/ha aujourd'hui ; une productivité toujours plus ou moins élevée. Cette culture du maïs dans le «Tanghor», aux sols ferrugineux rouges recouverts d'une couche d'argile plus ou moins épaisse, s'est aujourd'hui, prolongée dans les bas-fonds où elle est devenue la principale culture pluviale.

Le niébé (Vigna unguiculata) était une importante culture mixte, emblavée tardivement au milieu de l'hivernage entre les épis de mil. Mais depuis la fin des années 1960, suite au raccourcissement de la saison culturale, les emblavements se réalisent maintenant en début d'hivernage pour s'assurer que les plantes arrivent au terme de leur cycle. Malgré tous ces efforts, une baisse des rendements a été observée. La réputation du «niébé Ndut»25 , qui atteste de l'importance des quantités de productions qui inondaient certains marchés des grandes villes comme Thiès, est attribuée aux bonnes campagnes agricoles des années 1950 avec une productivité moyenne de 830kg/ha. Et aujourd'hui à cause de la péjoration climatique, la productivité chute à 200kg/ha, les Ndut consomment aujourd'hui du « niébé ndut » importé comme l'affirment la plupart des populations.

Quant au sorgho (Sorghum bicolor), la variété traditionnelle, caractérisée par un cycle long et une productivité importante de 725kg/ha en moyenne dans les années 1950, a fini par être abandonnée. En effet le «Nguireune» était cultivé dans les bas fond-fond et sur les pentes des collines. Aujourd'hui, selon les populations, l'introduction de nouvelles variétés de sorgho à cycle court, telles que la variété CE 180-33 avec un cycle 90 jours a donné un regain d'intérêt

24 Vue l'absence de données, nous avons réalisé une enquête et par souci d'exhaustivité, la première et la dernière décennie de notre cadre d'étude ont été choisi comme référence.

25 Ndut : Populations originaires à plus de 80 % de la Commune Rurale de Mont Rolland

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à cette culture car celle-ci s'adapte mieux dans la zone. Cependant la productivité demeure faible selon les paysans 212kg /ha.

Pour ce qui est de la culture du mil souna (Pennisetum glaucum) et de l'arachide (Arachis hypogaea), dont les productivités moyennes atteignaient 900kg /ha dans les années 1950, celle-ci dépassent difficilement aujourd'hui 100kg/ha pour le mil et 150kg /ha pour l'arachide aujourd'hui, et sont presque devenues des souvenirs.

En effet, Pennisetum glaucum, "To tiine"26 en Ndut (long cycle, jusqu'à 120 jours), l'une des variétés culturales traditionnelles les plus importantes, était la culture vivrière avant la période sèche des années 1970 qui permettait au paysans ndut d'assurer leur l'autosuffisance alimentaire. Aujourd'hui avec le raccourcissement de la saison culturale et la fréquence des séquences sèche, même les multiples tentatives de variétés de cycles plus courts : souna 3 (90 à 95jours) se sont soldées par des échecs, conduisant à un abandon progressif de cette culture dans la Commune de Mont-Rolland.

Arachis hypogaea, ex principale culture de rente (avant 1970) est la principale voire la seule culture qui est aujourd'hui quasi-abandonnée dans la Commune de Mont-Rolland. Elle représente aujourd'hui moins de 1% des emblavures. Si la situation économique mondiale27 a affecté la filière arachidière, c'est sans doute avec le concours de la péjoration climatique qui a beaucoup contribué au maintien de la faiblesse des rendements pendant la sécheresse des années 1970. En effet, la descente des isohyètes vers le sud-est est accompagnée d'une «migration du bassin arachidier» vers le sud du Sénégal. Le nord-est de la Commune de Mont-Rolland appartenait au nord bassin arachidier avant la sécheresse des années 1970 alors que la culture de l'arachide y est aujourd'hui, pratiquée par de très rares paysans avec de faibles rendements.

Les revenus agricoles des paysans de la Commune de Mont-Rolland demeurent trop faibles, et cela pour plusieurs raisons. Déjà en 1985, les revenus agricoles n'assuraient que 5 mois de nourritures pour les paysans de Mont-Rolland28. Aujourd'hui ces revenus assurent, en moyen, moins de 3 mois de nourriture. Le maïs (Zea mays), est la principale culture vivrière, et cela pourrait justifier son adoption, sur une grande partie des bas fonds.

26 Selon la tradition orale, le nom du village de Tiine ou Tivigne en français vient de «To Tiine» qui fut selon la tradition orale principale l'unique source d'alimentation du village jusqu'au années 1960.

27 Les politiques d'ajustements structurels agricoles imposés par les institutions internationales et la concurrence d'autre type d'huile comme les huiles à base de soja

28 Selon une étude de l'Association des Adultes Ruraux (Robert DIOUF, un membre de l'Association)

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Les principales cultures de rente que sont la tomate (Solanum lycopersicum) et le gombo (Hibiscus esculentus), génèrent aussi de faibles revenus à cause de leur forte dépendance à la pluviométrie, avec un coup de production parfois plus élevé que la valeur des productions. Ces produits fournissent une production moyenne, annuelle, inférieure à 200 000 Francs Cfa, en valeur pour une exploitation familiale.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore