WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La construction du personnage chez Sagan.

( Télécharger le fichier original )
par Cécile Orsoni
Université de Paris Sorbonne - Master 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV/ La réception de l'oeuvre dans la presse.

Le 24 mai, le livre obtient le Prix des Critiques : créée en 1945, cet ancien prix littéraire français récompense des auteurs de langue française. Le jury était composé de professionnels de l'édition, notamment des critiques littéraires, mais aussi de directeurs de revues et de magazines littéraires.

Cette année-là, le jury est composé de Jean Paulhan, Georges Bataille, Maurice Blanchot, Roger Caillois, Marcel Arland et Maurice Nadeau.

Le 1er juin 1954, François Mauriac, académicien Français et prix Nobel de littérature, loue dans les pages du Figaro « le mérite littéraire » de ce « charmant petit monstre de 18 ans ».

Il évoque «ce je-ne-sais-quoi qui me touche toujours chez cette jeune femme, même dans le moins bon et même dans le pire de ce qu'elle écrit, le discernement du mal ».

Dans Combat, Paul André Lesort reconnaît « son roman est bref, écrit dans un langage précis où les incorrections et les adjectifs passe partout, quand il s'en trouve, ne sont pas apparents, où les réflexions et les dialogues sont empreints parfois d'un humour savoureux, sans aucun de ces échecs ou de ces soudaines beautés qu'on découvre dans celui de certains débutants qui semblent avoir toujours trop à dire ».

Paris Parade annonce « une fameuse bombe vient de péter dans la République des Lettres » et Michel Magne voit dans Bonjour Tristesse « un chef d'oeuvre de poésie, de sensibilité. C'est plein de soleil, plein d'amour, tout ça voilé d'un peu de mélancolie ».

Jacques Chardonne écrit à Roger Nimier :

« Françoise Sagan est de bonne famille: la famille des grands écrivains. C'est un miracle, et peut-être qu'en littérature, il n'y a que des miracles. Des livres écrits par des anges, tombés du ciel, qui n'ont l'air de rien, qui ne sont pas beaucoup meilleurs que les autres et qui sont tout de suite adoptés (La princesse de Clèves, Le Diable au corps). Si Bonjour Tristesse est l'un de ceux-là, peut-on discerner ce qui a touché tant de lecteurs ? Peut-être le talent. C'est un roman qui ressemble au visage de l'auteur : jeune visage, sans âge ».

Selon Arts, l'auteur est « un écrivain de race », Divan la dote de « dons exceptionnels » et Henri Muller déclare dans Carrefour « Bonjour talent ».

François Nourissier, dans La Parisienne, qualifie ses romans de « paresseux comme des chats, mais qui griffent aussi, comme des chats. Quant à sa personne, cette petite débâcle permanente, cet air d'excuse, cette façon point tragique d'être triste ont un air d'assez bonne famille ».

Bonjour Tristesse est comparé à La princesse de Clèves pour la maîtrise de la composition, la netteté dans l'expression, et la vérité dans l'analyse psychologique. Françoise Sagan fait désormais partie de « l'école classique qui permet de donner des lignes pures aux sentiments troubles » (Marcel Thiebaut, juin 1954).

1) Le scandale.

A la fin du printemps, 20 000 exemplaires ont été vendus. La presse voit en Françoise Sagan « une nouvelle Gigi », une « enfant de Laclos », un « Radiguet en jupons », une « romancière Nouvelle Vague ».

La presse à sensation titre: « Françoise Sagan, héroïne d'une jeunesse désabusée à laquelle le whisky est d'un grand secours pour remplir le vide de l'existence. »

En juin 1954, Marcel Arland évoque ce qui, selon lui, fait recette :

« Une situation piquante, un mélange de perversité et de feinte candeur, un soupir et un sourire, un peu de cruauté et de masochisme ; un peu d'érotisme et beaucoup de gentillesse sentimentale... le cocktail n'emporte pas la bouche mais que de palais parmi les plus nobles s'en trouvent agréablement chatouillés ».

Parmi eux, François Mauriac, qui souligne la cruauté de l'oeuvre et l'insensibilité de la narratrice, et qui reproche au jury du prix des Critiques d'avoir préféré le « roman d'une petite fille trop douée », à une oeuvre « qui rend témoignage à la vie spirituelle française ». Il condamne « le dévergondage de l'adolescence féminine, plaie d'une époque où les plaies ne se comptent plus. » Puis, il interroge « le diable n'est-il pas envoyé sur terre en voiture de sport ? ».

Le philosophe chrétien Gabriel Marcel blâme quant à lui « l'image déshonorante que donne ce roman de la famille française ».

Les libraires recommandent de cacher l'ouvrage, « car si votre mère tombe dessus...» et le Vatican parle d'un « poison qui doit être tenu à l'écart des lèvres de la jeunesse ».

Dans Marie Claire, on peut lire aussi: « rassurez-vous, mamans, vos filles ne ressemblent pas toutes à Françoise Sagan ».

A Londres, le Daily Mail titre : « Une jeune fille fait fortune en scandalisant Paris. Elle a le mot sexe gravé dans le cerveau ».

A Broadway, enfin, Françoise Sagan est interviewée comme une « sex-expert ».

Le livre est interdit en Espagne et au Portugal et condamné par le Vatican en 1958. Tout comme Colette, condamnée par l'Église en 1923 quand elle publie Le blé en herbe. Les adolescents « moralement préservés et guidés » doivent se tenir à l'écart de son oeuvre, sinon leur âme sera « ternie » pour toujours.

En juin 1956, François Nourissier écrit dans La Parisienne : « Ce million de personnes avait besoin d'images. La grande Colette étant morte, Picasso devenant une denrée aussi abondante et familière que les acteurs de cinéma, il fallait que la bourgeoisie réinventât ses monstres. Elle en a besoin pour s'occuper les rêves ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway