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La construction du personnage chez Sagan.

( Télécharger le fichier original )
par Cécile Orsoni
Université de Paris Sorbonne - Master 2014
  

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2) Un roman psychologique.

Le roman psychologique est inauguré au XVIIème siècle par Mme De La Fayette. La princesse de Clèves réalise une mutation importante dans le roman par l'usage du monologue intérieur: le spectacle romanesque se déplace de l'extérieur vers l'intérieur, ouvrant la voie à des expériences ultérieures comme A la recherche du temps perdu de Proust.

Françoise Sagan utilise le monologue intérieur, qui révèle l'inadéquation de soi à soi: Cécile examine ses états d'âme,elle partage avec le lecteur ses pensées intimes, ses doutes et ses ambitions, à la manière d'une confession.

Elle voyage de plus en plus à l'intérieur de sa conscience et de son être intime. Son intériorisation progressive marque son évolution. Au personnage agissant des débuts du roman se substitue progressivement un personnage réfléchissant et pensant :

« Vous qui étiez si contente et agitée, vous devenez cérébrale et triste » lui dit Anne.

« Pourquoi ce visage, cette voix troublée ? (...) Aimait-elle mon père ? Je passais une heure à faire des hypothèses ». (page 23) « L'aimait il ? Pourrait-il l'aimer longtemps ? » (page 58) « d'ailleurs, n'étais-je pas heureuse ? Elle me guiderait [...] J'étais écoeurée » (page 56) Cécile découvre l'ambiguïté de ses affects.

Ses états d'âmes fluctuent: dès les premières lignes du roman, le lecteur perçoit l'ambivalence du personnage: le sentiment auquel Cécile est confrontée est associé à « une soi énervante et douce ». Ce tiraillement et cette bascule permanente soulignent les exigences contradictoires de la conscience et constitue l'un des traits principaux de Cécile, qui oscille entre remord et regret, ordre et légèreté.

La jeune fille réfléchit et analyse beaucoup les choses, elle se torture l'esprit à maintes reprises.Elle est déstabilisée par ses propres réactions. Elle est confrontée à un dilemme, poursuivre sa vie agréable mais futile ou rentrer dans l'âge adulte, perdre son indépendance, accepter une vie plus équilibrée.

« La découverte d'une telle dualité m'étonnait prodigieusement [...] Et brusquement, un autre moi surgissait » « comment pourrais-je lui en vouloir ? [...] Mais soudain, l'idée qu'elle allait partager notre vie me hérissait. Elle ne me semblait plus qu'habileté et froideur » (page 71).

Cécile ressent un sentiment contrasté et ambivalent envers Anne : elle l'admire : « si elle m'intimidait, je l'admirais beaucoup ». (page 16) « Je la louais en moi-même de sa patience, de sa générosité » (page 37) Et en même temps, elle veut l'écarter de son chemin.

« Elle va nous voler tout, comme un beau serpent... un beau serpent... je me sentais blêmir de honte » : les répétitions « un beau serpent » marque les mouvements de sa pensée et l'obsession qui s'installe peu à peu dans son esprit.

Cécile est prisonnière d'un conflit intérieur que nulle croyance extérieure ne peut calmer.

L'écriture à la première personne assure le triomphe de la subjectivité, elle a la force d'un témoignage à la fois sincère et vécu et leur authenticité paraît plus grande. Cela nourrit l'illusion réaliste. Les faits n'existent plus en eux même mais seulement perçus par l'individu. Cela constitue un renversement par rapport au narrateur omniscient dans le roman réaliste du XIXème siècle.

Cécile est un narrateur auto diégétique puisqu'elle est à la fois narrateur et protagoniste. Toute l'histoire se déroule à travers son point de vue : elle porte un regard sur elle-même et qui observe ce qui l'entoure: « J'acquérais une conscience plus attentive des autres, de moi-même. » (page 71). Son récit mêle les descriptions et ses propres ressentis. Elle est à la fois actrice et juge de la situation.

Les personnages prennent vie à travers son regard : « mon père et ses femmes apparurent ». (page 33), « mon père sortait de l'eau, large et musclé, il me parut superbe » (page 92).

Elsa est présentée d'abord comme superficielle et idiote, mais elle devient peu à peu sensible.

C'est la psychologie des personnages qui détermine l'action; Cécile, en proie à des sentiments « acides et déprimants », décide d'élaborer un plan et de mettre en route la tragédie.

L'action du personnage est principalement une réaction : Cécile, impulsive, se précipite chez Cyril une fois qu'Anne l'a énervée :« Je me mis à courir poussée par une rage » (page 100).Son premier rapport sexuel est perçu comme une provocation envers Anne.

Françoise Sagan, dans la tradition du roman psychologique, met dans son texte plusieurs maximes.

« L'insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d'arguments pour se défendre. » (page 63),« Quand on est ivre, on dit la vérité et personne ne vous croit. » (page 125), ou encore « On s'habitue aux défauts des autres quand on ne croit pas de son devoir de les corriger. » (page 105).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci