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Quelle place occupe le jeu vidéo indépendant dans l'univers vidéo-ludique?

( Télécharger le fichier original )
par Mickaël FAURE
Université Nice Sophia Antipolis - Master 2 Dispositifs Socio Technique d'Information et de Communication 2014
  

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Annexes

Table des Annexes :

Annexe 1 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Loïc Rallet : 147

Annexe 2 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Matthieu Hurel : 153

Annexe 3 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Arthur Jeannin 156

Annexe 4 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Lucas Delhez 160

Annexe 5 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Jimmy Latour 163

Annexe 6 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Alain Puget 165

Annexe 7 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Ronan Coiffec 169

Annexe 8 : Graphique analyse de questionnaire : Etes-vous un homme ou une femme ? 173

Annexe 9 : Graphique analyse de questionnaire : Quelle est votre tranche d'âge ? 173

Annexe 10 : Graphique analyse de questionnaire : Jouez-vous régulièrement aux jeux vidéo ? 174

Annexe 11 : Graphique analyse de questionnaire : En moyenne combien d'heures par semaine ? 174

Annexe 12 : Graphique analyse de questionnaire : Connaissez-vous le jeu vidéo indépendant ? 175

Annexe 13 : Graphique analyse de questionnaire : Jouez-vous régulièrement à cette catégorie de jeux

vidéo ? 175

Annexe 14 : Graphique analyse de questionnaire : Selon vous les jeux indépendants sont-ils différents

des jeux traditionnels ? 176

Annexe 15 : Graphique analyse de questionnaire : Selon vous, ce genre est-il réservé aux joueurs

passionnés ? 176

Annexe 16 : Graphique analyse de questionnaire : Pensez-vous que ces deux genres peuvent

coexister ? 177

Annexe 17 : Graphique analyse de questionnaire : Ce genre ne risque-t-il pas, dans le futur de

remplacer le modèle de production traditionnel ? 177

Annexe 18 : Graphique analyse de questionnaire : Les grands éditeurs ne risquent-ils pas de racheter

les jeux indépendants ayant eu un certain succès ? 178

147

Annexe 1 : Retranscription intégrale de l'entretien avec M. Loïc Rallet :

Qu'est-ce que le jeu vidéo indépendant pour vous ?

Il y a quelques années, j'aurais pu répondre assez facilement, en quelques mots. Aujourd'hui cette notion est plus complexe. À l'origine ce sont simplement des jeux développés par quelques personnes, en marge du système existant et donc indépendamment des grosses sociétés d'édition comme Electronic Arts, Ubisoft, Activision etc. Puisqu'ils disposaient de moyens assez limités, les jeux reposaient d'abord sur leur gameplay, plutôt que sur leur apparence visuelle, parce qu'un moteur graphique, c'est du boulot et ça coûte cher. Résultat, on avait beaucoup de jeux très rétro dans l'esprit, souvent en 8bits ou en 16bits, ou des trucs plus originaux.

Aujourd'hui, à l'heure où le public commence à se lasser des grosses productions, souvent assez formatées, le jeu indépendant est en vogue, et les éditeurs l'ont bien compris. Du coup, eux-mêmes commencent à proposer leurs jeux indépendants, ce qui est ridicule. Mais voilà, jeu indépendant, maintenant ça désigne plutôt un genre. Child of Light, Grow Home ou Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre sont développés par de toutes petites équipes, mais en interne, chez Ubisoft (un gros éditeur NDR).

Du coup bon, aujourd'hui, jeu indé, ça veut plus dire grand-chose.

Que représente cette notion d'indépendant ?

Eh bien il y a l'idée que les développeurs, vu qu'ils sont peu nombreux et pas coincés dans une logique purement capitaliste, et ce n'est pas un gros mot dans ma bouche, ils peuvent se faire plaisir. Pas limités par le marketing, par les études de marchés, les réunions de consommateurs, ils créent souvent des espèces d'ovni, ou simplement de bons petits jeux, à partir de concepts souvent complètement cons et/ou très originaux.

À l'inverse ça peut également donner naissance à des tonnes de jeux de merde, comme on peut en trouver beaucoup sur Steam, grâce à Steam Greenlight. Pour le

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coup ça aussi c'est très rétro. Les développeurs indépendants veulent faire du jeu comme avant, avant que cela ne devienne un business, à la Nintendo et Shigeru Miyamoto dans les années 80, mais tout le monde n'a pas son talent. Et dans les années 80, des merdes, on en a vu fleurir un paquet.

A qui se destine-t-il ?

Je ne pense pas que les développeurs aient vraiment une cible en tête aux moments où ils font leurs jeux. Ils ont des idées, et en font des jeux, point barre. Mais il suffit de regarder un peu internet pour comprendre qu'en général ils attirent des joueurs expérimentés, qui connaissent bien le milieu et qui fouillent Steam, les comptes Twitter de certains développeurs pour se tenir au courant de l'actu indépendante.

Mais techniquement n'importe qui peut jouer à un jeu indépendant, ce sont très souvent des jeux facile à prendre en main. Après le gameplay peut se montrer plus étoffé, et le jeu très difficile, comme la plupart des rogue-like, par exemple, mais à l'occasion certains connaissent un joli petit succès d'estime auprès du public, pour peu qu'ils soient mis en avant par un gros éditeur. Récemment on a eu les exemples de Ori and the Blind Forest, monté par un studio indépendant via le programme ID@Xbox de Microsoft, qui s'est très bien vendu, ou encore Shovel Knight, sur Wii U, que Nintendo n'a pas hésité à pousser sur son store online.

Est-il né en réponse à quelque chose

Oui, très clairement. Comme je le disais tout à l'heure, il y a eu une sorte de réaction à la "businessification" du jeu vidéo, et beaucoup ont souhaité revenir à un jeu vidéo plus simple, des jeux faits par des gamers, pour les gamers. Dans les années 2000 le jeu vidéo est vraiment passé d'un hobbie de geek à un loisir de masse, son économie a évolué en conséquence.

Ne représente-t-il pas par son bas prix un point d'entrée sur le jeu vidéo, un moyen de séduire des non joueurs ?

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Pas vraiment. Souvent, ces jeux ont un aspect visuel un peu... poussiéreux, sauf exception, voire même carrément conceptuels, ce n'est pas franchement ce qui attire le spectateur lambda. Ce type de joueur en question va souvent se diriger vers des jeux aux graphismes élaborés, et/ou joués par ses amis. L'effet de masse aujourd'hui est très déterminant au moment de passer à la caisse. À titre d'exemple, un de mes amis, joueur Xbox depuis la première machine de Microsoft, a choisi de ne pas acheter de Xbox One, pour prendre une PlayStation 4. Pourquoi ? Simplement parce que ses potes de cours jouaient à GTA V sur PS4. Peu importe s'il n'apprécie pas particulièrement cette marque, il est content parce qu'il peut jouer avec ses amis. Et c'est ce simple critère qui a motivé son choix. Un choix à plus de 400 € mine de rien.

En revanche ce bas prix à une importance pour les joueurs connaisseurs, parce qu'eux ont parfaitement conscience de ce qu'ils achètent. Ils savent que ces jeux, aussi intéressants soient-ils, ne demandent pas des effectifs très nombreux, et n'ont pas nécessité non plus des années et des années de développement. Donc ils savent que ce jeu ne doit pas coûter cher. Vendez Spelunky (jeu indépendant ayant rencontré un certain succès NDR) au prix de Call of Duty, il serait complètement boudé par ces joueurs, et complètement ignoré par le grand public.

Comment pensez-vous qu'il soit perçu par le public ?

Les réactions sont très diverses. Soit les gens s'en moquent totalement, soit les gens adhèrent et ne s'intéressent plus qu'à cela, soit les gens picorent à l'occasion, piochant dans ce qu'il y a d'intéressant. Ce qui est amusant c'est qu'aujourd'hui pour certains, connaître et aimer le jeu indépendant, c'est presque un label de qualité. Un peu comme l'amateur de films d'art et d'essai prendrait de haut celui qui va au cinéma uniquement pour regarder du hit de box-office. Il y a un côté presque hipster chez certains qui est presque agaçant par moment. La volonté de ne pas jouer à la même chose que tout le monde les rend parfois complètement aveugles. À l'inverse, beaucoup aiment chier régulièrement sur le jeu indépendant parce que c'est moche, pas original (beaucoup de jeux indé reprennent les graphismes, ou des idées de gameplay de vieux jeux NDR) et j'en passe. Finalement je me demande même si ça

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ne serait pas une forme de réaction un peu puérile au comportement des hipsters dont je juste avant. Genre vous chiez sur nos jeux, alors on chie sur vos jeux.

Et par les gros éditeurs ?

Bonne question. Je pense que certains y ont très vite trouvé un intérêt. Bien avant que le terme « jeu indépendant » soit à la mode, en fait. Avant les années 2010, et la montée du jeu indépendant, Microsoft avait un programme, Microsoft XNA, qui permettait de développer facilement des jeux vidéo. Ils ont également créé en 2008 le Xbox Live Indie Games, qui permettait de promouvoir des jeux créés par des développeurs indépendants. Avant ça ils avaient déjà lancé le Dream Build Play, un genre de concours qui chaque année récompensait un développeur indépendant, lui offrant pas mal de visibilité sur le Xbox Live. D'ailleurs le Dream Build Play a pas mal servi à faire la promo de XNA et de la section Indie Games du Xbox Live. Le jeu indé n'était pas encore très fashion à l'époque, mais c'est grâce à eux que l'on a pu découvrir des jeux comme Dust: An Elysian Tail ou Limbo, deux petites merveilles.

Depuis quelques années, Sony a un peu repris le flambeau et mise beaucoup sur le jeu indépendant. À chaque conférence notable, comme à l'E3, ils n'hésitent pas à accorder de nombreuses minutes à leur section jeu indépendant, et proposent du fric aux développeurs indépendants pour obtenir l'exclusivité. On notera au passage que la notion d'indépendance prend donc du plomb dans l'aile.

Et puis il y a carrément Ubisoft qui fait ses jeux indépendants, comme je le disais tout à l'heure. Des jeux développés par des petits groupes de 20/30 développeurs, qui prennent le temps de développer un truc pour s'amuser, entre deux superproductions.

Je ne me fais pas de soucis pour les éditeurs, ils sauront comment sortir leur épingle du jeu. Comme à chaque fois.

N'est-il pas un vivier dans lequel ces derniers peuvent se fournir en travailleurs et en idées ?

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Oui et non. Pas besoin d'argumenter le oui, mais pour le non. Comme je le disais tout à l'heure, il suffit de voir un jeu comme Grow Home pour comprendre que les studios des gros éditeurs regorgent de mecs qui ont plein d'idées. Comme le disaient Yoan Fanise récemment, on a fait un article là-dessus sur le site ( jeuxvidéo.com, se référer en bas de page pour l'URL de l'article274 NDR), c'est surtout les preneurs de décision qui limitent la créativité de leurs développeurs. C'est pas qu'ils sont dans l'incapacité d'avoir des idées, c'est surtout qu'ils ne veulent pas trop investir là-dedans. Assassin's Creed, à ses débuts, c'était une idée, c'était un risque, un vrai investissement. Et ça s'est révélé très payant. Mais à l'époque, Ubisoft était encore un éditeur de taille moyenne, bien loin de ce que l'on connait aujourd'hui. Aujourd'hui, je doute qu'ils retenteraient la même expérience.

Il suffit de voir leurs dernières productions. Si l'on met de côté les jeux indépendants que j'ai cité avant, des titres comme Watch_Dogs ou le futur The Division s'inspirent énormément de ce qui a été fait sur Assassin's Creed, et leurs quelques expériences ne sont pas franchement risqués : The Crew, malgré ses nombreux défauts, fonctionne plutôt bien parce qu'ils se basent sur des éléments de jeu très populaires aujourd'hui, l'open world, le online, la possibilité de jouer avec des potes etc. Et en plus, ils ne l'ont même pas développé eux-mêmes finalement.

Arrive-t-il à faire face au modèle traditionnel et à ses grosses boites de production ? Et si oui comment

Non, en aucun cas, jamais. D'un côté on a des petits jeux, qui nécessitent parfois moins de 10 000€ d'investissement pour être terminés par 2 ou 3 personnes, et de l'autre, des titres développés par de très grandes entreprises cotées en bourse, qui développent en même temps quatre ou cinq jeux demandant des dizaines de millions d'euros d'investissement, et qui en rapportera encore plus. C'est incomparable. The Next Penelope (jeu indépendant NDR), c'est une personne. Ça a obtenu de bonnes critiques, mais ça ne fera jamais les ventes d'un Watch_Dogs ou d'un Assassin's Creed Unity, malgré les polémiques qui les entourent. Les grosses boites ont une

274 http://www.jeuxvideo.com/news/419591/yoan-fanise-soldats-inconnus-memoires-de-la-grande-guerre-quitte-ubisoft-et-pointe-du-doigt-les-aaa.htm

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force de frappe ultra importante, notamment grâce à la publicité. Qui fonctionnera toujours mieux que le simple bouche à oreille, quoi qu'on en dise.

Selon vous pourquoi le jeu vidéo indépendant marche ?

Simplement parce que certains joueurs cherchent autre chose. Et que même s'ils sont largement minoritaires, ils sont suffisamment nombreux pour que cela compte. Et puis ils sont toujours plus nombreux, le bouche à oreille fonctionne un peu, et de temps en temps certains très bons jeux font suffisamment parler d'eux pour que la scène indé soit prise au sérieux par les gamers lambda. Ça permet à la scène indé de vivoter, de s'auto-satisfaire.

Quel est son futur, comment va-t-il évoluer ?

Je suis peut-être trop pessimiste mais je ne le vois pas aller plus loin que là où il en est aujourd'hui.

Ne risque-t-il pas de prendre de l'ampleur et de remplacer le modèle traditionnel ? Ou bien peut-il continuer à coexister avec le modèle traditionnel

Comme je le disais tout à l'heure, non, impossible. Prendre de l'ampleur, oui, peut-être un peu, dans une certaine limite. Mais ça n'ira pas beaucoup plus loin.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon