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Influence du mode d'incubation sur le fitness et la qualité biochimique des larves de saumon atlantique (salmo salar) destinées au repeuplement dans le bassin mosan.

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par Bradford Emmanuel BAYARD
Université de Liège/Unamur - Master de spécialisation en Gestion des Ressources Aquatiques et Aquaculture 2016
  

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IV. DISCUSSION

4.1. Influence du mode d'incubation sur le fitness des alevins

4.1.1. Dynamique d'émergence et survie

Entre les rivières, il y a eu une dynamique d'émergence assez similaire. Toutefois, dans certains incubateurs, la plupart des larves ont émergé dès le 7 avril tandis que pour d'autres beaucoup y étaient encore 13 jours après. Ce décalage semble surtout lié à la différence entre individus et non aux conditions du milieu car les profils d'émergence étaient similaires entre rivières et radiers.

Le taux de survie à l'émergence dans les rivières pourrait être considéré comme satisfaisant si l'on se réfère à certaines études antérieures rapportant des taux de survie de 2 à 35 % généralement observés dans certaines rivières européennes de la Suisse, de la Suède et particulièrement la rivière Bush en Irlande du nord (Bley et Moring, 1988; Pauwels et Haines, 1994; Rubin, 1995; O'Connor et Andrew, 1998). Les résultats de la littérature varient fortement d'une rivière à une autre car, des taux de 80% ou plus ont été observés pour des fraies naturelles dans les frayères de bonne qualité par Cuinat (1971).

Notre densité d'incubation dans les rivières était d'un oeuf/cm2 dans les incubateurs. Cette densité est plus élevée comparée au 0,70/cm2 proposé par Pepper (1984) dans les substrats artificiels et un peu plus faible que 1,5/cm2 utilisé par Bamberger (2009) dans des incubateurs semi-naturels. En effet, si la densité d'incubation est trop élevée, il peut y avoir une agglomération de larves vésiculées qui par la suite peut engendrer une forte mortalité (Muray et Beacham, 1986).

La taille moyenne des graviers utilisés dans notre substrat (35#177;16 mm) correspond parfaitement à la taille optimale comprise entre 16 et 64 mm (Crips, 1996). Si la taille du gravier est faible voire inférieure à 6 mm de diamètre, le taux de survie peut être faible (entre 0 et 20%) (Crisp 1996; Bardonnet et Baglinière, 2000; Amstrong et al, 2003; Louhi et al, 2008).

Les profondeurs à utiliser pour l'incubation des oeufs en milieu naturel doivent être comprises entre 20 et 50 cm (Bardonnet et Baglinière, 2000; Amstrong et al, 2003). Dans le cas de notre étude, on était parfois en dessous de 20cm quand il n'y a pas eu de pluies et que le niveau de l'eau continuait de baisser au cours de l'expérience. Parfois on était au-delà de 50cm durant les périodes de crues. Ceci pourrait expliquer même partiellement notre taux de survie relativement faible.

La vitesse du courant mesurée dans les rivières était globalement toujours très proches des vitesses optimales de 35 à 65 cm.s-1 rapportées par certains auteurs (Bardonnet et Baglinière, 2000; Amstrong et al, 2003 ; Louhi et al, 2008). Les températures et les concentrations en oxygène dissous enregistrées sont respectivement conformes aux 5 à 8°C (Jobling et al, 1992;Jungwirth; Winkler, 1984) et au plus de 5 mg.l-1 (Mac Crimon et Gots, 1986) recommandées.

Autres paramètres importants qui pourraient expliquer notre taux de survie est la turbidité via l'effet des particules fines. En effet, au cours de l'expérience il y a eu des crues dont une plus importante le jour de la mise en place des incubateurs. Or on sait que les particules fines infiltrent le substrat lors des crues (Dumas et Darolles, 1999). Les particules fines ont comme conséquence la réduction de l'apport d'oxygène et du même coup, peuvent provoquer une forte mortalité (Greig et al, 2005). Des oeufs morts ont été trouvés dans les incubateurs, ce qui peut bien prouver que la

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mortalité a lieu avant éclosion. La conductivité élevée observée dans la rivière Samson comparativement à l'Aine est probablement due à la différence de longueur entre les 2 rivières (40 km pour l'Aisne et 22 km pour le Samson). Cependant, cette différance de conductivité ne semble influencée ni la taille, ni le poids ni même la survie des larves à l'émergence. Vallée (2004) a déjà souligné que ce paramètre en deçà de 750?S/cm, n'était pas contraignant pour la vie piscicole. De plus, cette conductivité élevée du Samson semble être compensée par une meilleure vitesse du courant (0,58 m/s pour l'Aisne et 0,68 m/s pour le Samson).

Le taux de survie à l'émergence de plus de 97% dans l'écloserie pour les conditions claies et tiroirs est très satisfaisant. Ce paramètre est généralement toujours très élevé en écloserie pour des oeufs oeillés, comme le rapporte la FAO (2005) pour la truite (95%). Etant donné que les valeurs de survie ont été très proches entre toutes les modalités d'incubation comparées dans cette étude, le substrat d'incubation et la qualité de l'eau de la rivière Aisne n'ont pas eu une grande influence sur la capacité de survie. Dumas et al (2007) a trouvé des résultats similaires dans le bassin de la Nivelle. Ces auteurs ont trouvé une survie à l'émergence de 30% et 89% respectivement en milieu naturel et sur un lot témoin en écloserie.

Le faible taux de survie généralement observé en rivière est dû principalement au colmatage des interstices via les particules fines, qui réduisent les apports d'oxygène et l'évacuation des déchets métaboliques (Burkhalter et Kaya, 1977;Chapman 1988; Crips, 1993 ; Guerin et Dumas 2001). Massa (2000) a déjà souligné la forte probabilité des eaux de rivières d'être soumises à l'effet des nitrites. En écloserie, l'absence de ce phénomène de colmatage rend très perméable le substrat d'incubation. Baril (1999) a déjà mentionné l'importance de la perméabilité du substrat d'incubation pour la bonne circulation de l'eau et donc l'apport de l'oxygène vers les oeufs. Toujours selon cet auteur, cette perméabilité favorise l'élimination des déchets toxiques. De plus, l'incubateur utilisé en rivière n'était peut-être pas le plus approprié pour éviter le colmatage du substrat et donc favoriser une survie plus importante. Une expérience similaire menée dans les rivières Carmel et Fowey avec un autre modèle d'incubateur en forme de boîte (de 31,2 litres, profondeur de 23 cm) a donné 93% de survie à l'émergence (Bamberger, 2009). Les boites d'incubation contrairement aux tubes, augmenteraient la perméabilité du substrat. Contrairement au taux de survie à l'émergence en écloserie où aucune différence significative n'a pu être mise en évidence, la survie des alevins post-émergents élevés en bassins était meilleure chez alevins issus des conditions tiroir alimenté avec eau de forage et la plus faible chez ceux issus des conditions claie sans substrat. Ces résultats corroborent certaines études (Einum et al., 2002) qui ont déjà montré l'impact de l'incubation sur la survie post-émergence des alevins de saumon Atlantique Ceci est une confirmation de l'importance de la qualité de l'eau et du substrat pour l'incubation des oeufs de saumon Atlantique.

4.1.2. Poids et longueur des larves

A l'émergence, nos résultats confirment clairement l'importance de la qualité de l'eau d'incubation sur la taille des larves. En effet, incubées dans les mêmes conditions, les larves venant des tiroirs alimentés avec l'eau de forage sont significativement de poids plus important que ceux venant des

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tiroirs alimentés avec l'eau de rivière. L'eau de forage étant une eau relativement pure est par conséquent de meilleur qualité que l'eau de rivière (Sontheiner, 1980; Bourg, 1992 ; Guergazi et al, 2005). Ensuite on voit l'importance du substrat dans l'incubation. En effet, les larves venant des claies sans substrat ont montré des poids plus faibles comparées à toutes les autres conditions. Par contre, celles qui sont dérivées des oeufs incubés sur claie avec galets, ont eu le même poids moyens statistiquement à l'émergence que ceux incubés en milieu naturel.

Pour la longueur à l'émergence, le constat reste le même. Nos résultats sont en accord avec d'autres études qui ont mis en évidence l'importance du substrat sur le poids et la longueur des larves des salmonidés à l'émergence (Poon, 1977;Gainon et pouzet, 1982; Krieg et al.1988; Bamberger, 2009). Le substrat permet à la larve de faire une meilleure utilisation de ses réserves vitellines pour la croissance somatique (Hansen et al., 1990; Peterson et Martin-Robichaud, 1995; Weil et al, 2001). Il a été démontré que le substrat réduisait le stress entre l'éclosion et l'émergence. Le stress a pour conséquence une réallocation de l'énergie qui n'est donc plus disponible pour la croissance (Mc Cornick et al, 1998).

Après l'émergence, certaines études antérieures ont montré que les alevins de poids élevé auraient une meilleure vitesse de croissance (Einum et al, 2002) due principalement à une meilleure efficacité dans la prise alimentaire (Nislow et al, 2000). Ils auraient également une meilleure capacité de nage (Ottaway et Forrest, 1983; Armstrong, 1997; Heggenes et Traaen, 1998) en rapport avec une meilleure réserve énergétique (Berg et al, 2001). Les résultats trouvés dans notre étude concernant la vitesse de croissance spécifique ou le gain de poids relatif après 19 jours de nourrissage post-émergence ne confirment pas cet avantage car, aucune différence significative n'a pu être mise en évidence entre les groupes d'alevins issus des différents modes d'incubation. Nos résultats corroborent ceux de Czerniawski et al (2010) pour des alevins de saumons nourris avec un aliment mixte (artémia et un aliment commercial) durant 2 semaines. Ils sont également très proches des résultats trouvés chez la truite arc-en-ciel (Oncorhynchusmykiss) par Bargherie et al (2008). La vitesse de croissance quasi identique pourrait s'expliquer par l'hypothèse que les alevins les plus vulnérables dans chaque lot ont été éliminés par une mortalité élevée suite au transfert de la station d'Erezée aux installations RAS de l'URBE à Namur. Il pourrait s'en suivre qu'il n'ait eu aucune différence dans la prise alimentaire et dans sa transformation en biomasse. Malgré cette réserve méthodologique, nos résultats peuvent vouloir dire qu'il n'y a eu aucune croissance compensatoire chez les alevins qui ont été moins grands à l'émergence. Ce qui laisse croire, qu'à toutes autres conditions égales, les alevins les moins grands à l'émergence le resteront toujours dans le temps. Or, les poissons les plus grands sont ceux qui ont plus de chance de survivre dans la nature face à la compétition et à la prédation (Cuinat, 1971).Toutefois, nous n'avons aucune garantie qu'au-delà de nos 19 jours d'expérimentation, que la tendance serait restée la même. Car jusqu'à 6 semaines d'alimentation, Hansend et Torrissen (1984) n'ont détecté aucune différence significative pour le SGR entre les alevins de saumons incubés avec substrat et des individus incubés sans substrat. Tandis qu'après cette période, ils ont pu mettre en évidence le niveau significativement plus élevé de ce paramètre, chez les alevins incubés sur substrat comparés

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aux individus incubés sans substrat. Cette différence augmentait de jours en jours jusqu'au 198èmejour.

Concernant les coefficients de variation du poids en début d'expérience, les valeurs observées dans cette étude sont quasi similaires à celles trouvées en fin d'expérience sauf pour la condition claie avec galets, dans laquelle ce paramètre paraît légèrement augmenter, mais pas assez pour que cette différence soit significative. Ce paramètre permet d'apprécier la rusticité des poissons (Durvile et al, 2003). La rusticité étant ici la capacité des alevins à supporter les conditions d'élevage, à survivre et à croitre (Barnabé, 1991). A la fin de notre expérience, le rapport CVf/CVi pour les conditions d'incubation était compris entre 1 et 1,3. Cela laisse croire que nos alevins on eu du mal à s'adapter aux conditions de notre élevage. Toutefois, même si la différence pour ce paramètre entre les conditions d'incubation n'est pas significative, on peut tenter de voir le rôle de la qualité de l'eau d'incubation sur le fitness des alevins. En effet, les alevins de la condition tiroir alimenté avec l'eau de forage paraissent quand même les mieux adaptés aux conditions de notre expérimentation (CVf/CVi = 1) comparativement à la condition tiroir alimenté avec l'eau de rivière où ce paramètre parait le plus élevé (CVf/CVi = 1,3)

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore