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la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?


par Landry Arnold YOUBI POUEPI
Université de Yaoundé II - Master II PTCI 2018
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE i

AVERTISSEMENT iv

DEDICACE v

REMERCIEMENTS vi

SIGLES ET ABREVIATIONS vii

LISTE DES GRAPHIQUES ix

LISTE DES TABLEAUX x

RESUME xi

ABSTRACT xii

INTRODUCTION GENERALE xiii

PREMIERE PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 16

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE 17

CHAPITRE I : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE 19

SECTION I : Influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique 20

SECTION II: Influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique 30

CHAPITRE II :ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 38

SECTION I : Dette extérieure et croissance économique en Afrique subsaharienne, analyse descriptive 40

SECTION II : Dette extérieure et croissance économique, approche économetrique 46

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 58

DEUXIEME PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 60

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 61

CHAPITRE III : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE 64

SECTION I : Analyse théorique de la relation entre la dette extérieure et la stabilité économique interne 66

SECTION II : Analyse théorique de la relation entre la dette extérieure et la stabilite économique externe 75

CHAPITRE IV : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 83

SECTION I : Dette exterieure et stabilité économique en Afrique subsaharienne, analyse descriptive 85

SECTION II : Dette exterieure et stabilité économique en Afrique subsaharienne, analyse économetrique 96

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 107

CONCLUSION GENERALE 109

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 113

ANNEXE 1 122

ANNEXE 2 133

TABLE DES MATIERES 149

AVERTISSEMENT

« L'Université de Yaoundé II-Soa n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur auteur »

DEDICACE

A ma mère,

NGANSOP Marie Régine

REMERCIEMENTS

Une production scientifique n'est que rarement le fruit d'un seul Homme et le présent mémoire ne prétend pas échapper à cette règle. Aussi, par ces quelques mots qui vont suivre, je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux personnes quide près ou de loin, ont contribué à sa réalisation.

Mes premières pensées vont naturellement à l'endroit de mon Directeur de Mémoire, le Professeur ATANGANA ONDOA Henri qui en dépit de ses nombreuses occupations, a bien voulu superviser ce travail. Plus qu'un encadreur, il a été pour moi une véritable source d'inspiration autant par ses qualités de chercheur à travers sa disponibilité, ses critiques pertinentes, sa rigueur que par ses qualités humaines. Etre sous sa direction m'a été d'un apport incommensurable dans la réalisation de ce mémoire où j'en sors grandi et plein d'humilité.

Je tiens également à remercier le corps enseignant de l'Université de Yaoundé II-Soa et celui du PTCI notamment le coordonnateur le Professeur Henri NGOA TABI, le Professeur ZAMO AKONO Christian Marie et le Docteur ONGONO Patricepour le suivi spécial dontnous avonsbénéficié tout au long de cette année académique.

Une pensée est également dirigée à l'endroit de nos aînés académiques, messieurs ABE NDJIE Anicetus et AWOA AWOA Paulpour leur disponibilité et leurs nombreux conseils.

J'exprime toute ma gratitude à la famille YOUBIqui m'a accompagné tout au long de cette année, dans les moments de joie comme dans les périodes de disette, je lui serai reconnaissant toute ma vie pour la sollicitude montrée à l'égard de ma modeste personne.

A tous les membres de ma famille sans exception, vous qui avez toujours été là pour moi depuis ma naissance, je ne trouve pas de mots assez profonds pour vous exprimer mon émotion et ma gratitude pour tous les nombreux sacrifices consacrés à mon éducation. Je vous dis merci pour tout l'amour que vous me portez.

Je ne saurais terminer mon propos sans rendre hommage à tous mes amis, mes camarades au PTCI qui m'ont toujours encouragé, sans eux, je reconnais humblement que je ne serais jamais allé aussi loin. Merci infiniment.

SIGLES ET ABREVIATIONS

ARDL : Auto Regressive Distributed Lag

BAD : Banque Africaine de Développement

ASS : Afrique Subsaharienne

CAE : Communauté d'Afrique de l'Est

CEA : Commission Economique pour l'Afrique

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

DMC : Doubles Moindres Carrés

ESLS : Error Correction Two-Stage Least Squares

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

FMI : Fonds Monétaire International

FMN : Firme Multinationale

GIRP : Guide International des Risque-Pays

G2SLS: Generalized Two Stage Least Squares

IADM : Initiative Allègement Dette Multilatérale

ICSD : Investment and Capital Stock Dataset

IDE : Investissement Direct Etranger

IFI : Institutions Financières Internationales

MCO: Moindres Carrés Ordinaires

MENA: Middle East and North Africa

OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

ODD : Objectifs pour le Développement Durable

PEA : Perspectives Economiques en Afrique

PED : Pays en Développement

PMA : Pays Moins Avancés

PIB : Produit Intérieur Brut

PNB : Produit National Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

RCA : République Centrafricaine

RDC : République Démocratique du Congo

SADC : Southern African Developpement Communauty

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

UMA : Union du Maghreb Arabe

VAR : Vecteur Autorégressif

WDI: World Development Indiactors

WGI: World Governance Indicators

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 2.1 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonction de la croissance économique (Groupe 1) .....................................................................41

 

Graphique 2.2 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieure en fonction de la croissance économique (Groupe 1)......................................................................42

 

Graphique 2.3 : Evolution de l'indicateur du service de la dette extérieure en fonction croissance économique (Groupe 2)......................................................................43

 

Graphique 2.4 : Evolution de l'indicateur du stock de la dette extérieure en fonction de la croissance économique (Groupe 2)......................................................................44

 

Graphique 2.5 : Evolution de l'indicateur APD en fonction de la croissance économique (Groupe 1)...................................................................................................45

 

Graphique2.6 : Evolution de l'indicateur APD en fonction de la croissance économique (Groupe 2)...................................................................................................46

 

Graphique 4.1 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 1a)....................................................................................86

 

Graphique 4.2 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 1a) ....................................................................................87

 

Graphique 4.3 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 2a) ....................................................................................88

 

Graphique 4.4 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 2a) ....................................................................................88

 

Graphique 4.5 : Evolution de l'indicateur d'IDE en fonction de l'inflation (Groupe 1a).......89

 

Graphique 4.6 : Evolution de l'indicateur d'IDE en fonction de l'inflation (Groupe 2a).......90

 

Graphique 4.7 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 1b) ....................................................................................92

 

Graphique 2.8 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 1b) ....................................................................................92

 

Graphique 4.9 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 2b) ....................................................................................93

 

Graphique 4.10 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure en fonction de la balance commerciale (Groupe 2b) ......................................................................94

 

Graphique 4.11 : Evolution de l'indicateur d'IDE en fonction de la balance commerciale (Groupe 1b) ................................................................................................95

 

Graphique 4.12 : Evolution de l'indicateur d'IDE en fonction de la balance commerciale (Groupe 2b) ................................................................................................96

 

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1 : Listes des variables (Partie I)...........................................................49

 

Tableau 2.2 : Présentation des résultats des estimations (Partie I).................................52

 

Tableau 4.1 : Présentation des variables (Partie II)..................................................98

 

Tableau 4.2 : Résultats des estimations pour l'inflation (Partie II)...............................101

 

Tableau 4.3 : Résultats des estimations pour la balance commerciale (Partie II)..............102

 

RESUME

L'objectif de ce travail de recherche est de mettre en évidence l'influencede la dette extérieure sur la performance économique en Afrique subsaharienne sur la période 2002-2017, à partir des données de la Banque Mondiale, du FMI et de la CNUCED. Dans cette optique, nous avons dans un premier temps déterminé les indicateurs de la dette extérieure qui relancent la croissance économique en Afrique subsaharienne à partir d'un panel dynamique estimé par la méthode des moments généralisés (GMM) ; et dans un second temps, nous avons identifié les dimensions de la dette extérieure qui améliorent la stabilité économique en Afrique subsaharienne grâce à la méthode des doubles moindres carrés (DMC). Dès lors, il apparaît que le stock de la dette extérieure et les IDE sont à la fois source de croissance économique et facteur d'amélioration de la stabilité économique. En revanche, le service de la dette extérieure et l'aide publique au développementont des effets contrastés sur la croissance économique en Afrique subsaharienne. Tandis que la stabilité économique interne est sensible à l'ouverture commerciale et moins réceptive à la masse monétaire.Les dépenses publiques influencent négativement la stabilité économique externe. Il revient donc aux Etats d'Afrique subsaharienne d'assainir l'environnement économique et de mettre en place des politiques qui promeuvent la cohésion sociale, véritable garante de la stabilité.

Mots clés : Dette extérieure, Croissance économique, Stabilité économique, GMM, DMC.

ABSTRACT

The objective of this research work is to highlight the influence of external debt on economic performance in sub-Saharan Africa over the period 2002-2017, based on data from the World Bank, IMF and UNCTAD. With this in mind, we first determined the external debt indicators that boost economic growth in sub-Saharan Africa from a dynamic panel estimated by the Generalized Moments Method (GMM); and secondly, we identified the dimensions of external debt that improve economic stability in sub-Saharan Africa through the Double Least Squares (DMC) method. It therefore appears that the stock of external debt and FDI are both a source of economic growth and a factor in improving economic stability. In contrast, external debt service and official development assistance have contrasting effects on economic growth in SSA. While domestic economic stability is sensitive to trade openness and less receptive to money supply. Public spending has a negative impact on external economic stability. It is therefore up to the States of sub-Saharan Africa to improve the economic environment and to put in place policies that promote social cohesion, which is a real guarantee of stability.

Key-words: Foreign debt, Economic growth, Economic stability, GMM, DMC.

INTRODUCTION GENERALE

1. Contexte

Depuis les travaux de -Krugman (1988), la prise en compte de la dette extérieure dans l'explication des performances économiques des pays, revêt un intérêt toujours grandissant. Autrefois, se référant à ce que l'on doit à quelqu'un ou à un devoir, la dette extérieure1(*), se présente de nos jours comme un concept unidimensionnel dont la définition fait presque l'objet d'un consensus.

La dette extérieure est égale au montant, à une date donnée, des engagements contractuels encours et ayant donné lieu à un versement des non-résidents d'un pays vis-à-vis des résidents, comportant obligation de remboursement du principal avec ou sans remboursement des intérêts (Barro, 1974). La dette extérieure s'appréhende encore comme étant égal au montant à une date donnée, de l'encours des engagements courants effectifs, non conditionnels d'effectuer un ou plusieurs paiements pour rembourser le principal et/ou verser des intérêts, à un ou plusieurs moments futurs, et qui sont dus à des non-résidents par des résidents d'une économie (Arruda, 2000). Pour Carreau, Shaw et Malcolm (1995)la dette extérieure est le montant, à tout moment donné, des engagements contractuels décaissés et impayés de résidents d'un pays à des non-résidents pour rembourser le principal, avec ou sans intérêt, ou pour payer des intérêts, avec ou sans principal. Ces différentes approches sont complémentaires et permettent de voir que la dette extérieure est le fait aussi bien des Etats, que des agents privés. Dès lors, la dette extérieure comprend des titres de la dette monétaire extérieure, constitué des engagements de garantie du gouvernement envers les non-résidents dans d'autres devises (Oketch, Mweni et Njuguna, 2016). Ajustée pour tenir compte des obligations extérieures, la dette extérieure en devises comprend la dette publique et la dette garantie par l'État, la dette à moyen et long terme (plus d'un an) comme la dette bilatérale et multilatérale ainsi que les prêts et crédits commerciaux (Beaugrand, Mlachila et Loko, 2002).

Selon le rapport sur les perspectiveséconomiques régionales en Afrique subsaharienne du FMI (2016), la performance économique est un concept polysémique lequel est mis en avant par de nombreux auteurs compte-tenu de son aspect multidimensionnel. Elle peut être considérée comme étant un succès, le résultat d'une action, une action (Quinn et Rohrbraugh, 1983). Ce concept se rapporte à la fois à l'optimisation des moyens dans leur utilisation, mais aussi au pilotage des objectifs stratégiques (Platet-Pierrot et Giordano-Spring, 2009). De manière générale, Acemoglu (2003) appréhende la performance d'une économie comme l'ensemble de ses résultats économiques aucours d'une période. De cette définition, il apparait que le niveau de performance économique revêt une importance capitale dans la mesure où il permet non seulement aux gouvernements d'évaluer l'efficacité de leurs politiques publiques, mais aussi l'influence des agents privés dans leurs décisions d'investissements. A cet égard, de nombreux institutions et organismes ont mis en exergue plusieurs indicateurs de performance économique ; parmi lesquels on peut citer de manière générale : la croissance économique, la stabilité économique, la productivité, l'efficacité, le rendement, la compétitivité, l'efficience, la rentabilité (FMI, 2010). Les indicateurs les plus utilisés sont la croissance et la stabilité économique, ainsi ce sont ces deux indicateurs que nous retiendrons dans le cadre de notre travail. En effet, la croissance économique est définie comme l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. A cet égard, la croissance économique correspond donc à l'accroissement de la quantité de biens et de services produits dans un pays au cours d'une période donnée --(Perroux, 1955). La stabilité économique quant à elle s'appréhende comme la constance dans le temps des agrégats d'une économie. En d'autres termes, les agrégats d'une économie sont considérés comme stables si leur valeur ne varie pas trop sur une période plus ou moins longue (Peytrignet, 1996).

Au-delà de l'approche traditionnelle des déterminants des performances économiques, on assiste depuis le début des années 90 à l'émergence des travaux théoriques qui présentent la dette extérieure comme un facteur explicatif de l'accroissement des performances économiques (Niroomand et Hamvi, 1995). Ainsi, le service de la dette ; un des principaux indicateurs de la dette extérieure est généralement évoquée dans la littérature comme un facteur limitant les performances économiques. En effet, un niveau élevé du service de la dette décourage l'investissement et étouffe la croissance économique -(Krugman, 1988 ; Grossman et Helpman, 1989 ; Sachs, 1989 ; -Deshpande, 1997). De même, Presbitero et Arnone (2006) montrent que l'encours de la dette à une influence négative sur les performances économiques à travers l'incertitude associée à son effet sur l'inflation ou à travers la modification de la composition de la dette extérieure.

Compte tenu des enjeux pour son développement, l'Afrique subsaharienne dans le sillage de la communauté internationale, accorde une plus grande importance aux questions liées à son endettement extérieure. En effet, l'endettement public en Afrique subsaharienne a suivi, jusqu'en 2012 une trajectoire à la baisse (FMI, 2014). En ce sens qu'à la fin des années 90 et tout au long des années 2000, 30 des pays africains à faible revenu (PFR) ont pu bénéficier d'un allègement de leurs dettes pour un montant supérieur à 100 milliards de dollars au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et au titre de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale (IADM) (Atangana Ondoa, 2017). À partir de 2013, la dynamique d'évolution de la dette publique ainsi que sa composition ont radicalement changé. Dans la région, la dette publique extérieure est passée en moyenne de 37 % à 56 % du PIB2(*) entre 2013 et la fin de l'année 2016. Dans plus des deux tiers des pays d'Afrique subsaharienne, la dette publique en pourcentage du PIB a augmenté de plus de 10 points alors que dans un tiers des pays, elle s'accroissait de plus de 20 points. La composition de la dette publique a aussi changé de manière significative. Les pays ont délaissé les sources traditionnelles de financement concessionnel pour se tourner vers le financement de marché et domestique. La part de la dette multilatérale et concessionnelle s'est réduite alors que la part de la dette à l'égard de créanciers non membres du Club de Paris a augmenté (FMI, 2016). Si l'on se réfère à la dette publique rapportée au PIB, l'Erythrée, le Cap-Vert et la Gambie sont les pays les plus endettés d'Afrique subsaharienne avec respectivement 126%, 122% et 97% de dette publique.  Outre les 3 pays précités, les taux d'endettement de São Tomé-et-Príncipe (92%), du Congo (79%), du Ghana (74%), du Malawi (73%), de l'Angola (70%) et des Seychelles (65%), les classent dans le top 10 des pays d'Afrique les plus endettés en 2016. A l'inverse, les pays d'Afrique subsaharienne dont les taux d'endettement sont les plus faibles sont le Nigéria (seulement 13%), le Botswana (16%), la RD Congo et le Swaziland (20%), la Guinée Equatoriale (25%) et les Comores (29.2%). Quant à la Namibie son ratio d'endettement en 2016 est de 31%, à peine mieux que la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso qui sont endettés à hauteur de 33%. Enfin le Mali clos le top 10 des pays d'Afrique subsaharienne ayant le taux d'endettement les moins élevés avec 35%. Notons enfin que le taux d'endettement moyen des pays d'Afrique subsaharienne en 2016 reste relativement faible puisqu'il s'établit à 52% contre plus de 92% en moyenne dans la zone euro (Banque Mondiale, 2018).

Les faits stylisés des deux dernières décennies montrent que les économies d'Africaine subsaharienne en général manquent cruellement de compétitivité, alors que la moyenne mondiale est de 60, l'indice de compétitivité en Afrique subsaharienne est de 45,2 sur 100. En plus de classer la région comme dernière du classement mondial, ce score indique surtout que l'Afrique subsaharienne n'atteint même pas le seuil minimum de la moitié de la note maximale, soit 50 sur 100 (Allard, 2017). D'après les statistiques fournies, 18 pays sur les 21 ayant un score en dessous de 50, sont originaires d'Afrique subsaharienne ; 17 sur 45 économies de l'Afrique subsaharienne font partie des 20 les moins performantes. Alors qu'aucun pays africain n'est présent dans le top 10 des économies les plus performantes au monde, on constate que huit pays de la région sont présents parmi les 10 pays les moins compétitifs. Notons que seuls deux pays du continent (Maurice, Afrique du Sud) affichent un indice de compétitivité supérieur à la moyenne mondiale (avec respectivement 63,7 et 60,8), tandis que le Tchad occupe le bas du tableau continental et mondial (140e sur 140 pays) avec un indice de 35,5. En se penchant sur les performances au niveau des sous-régions du continent, on constate cependant que malgré le mauvais indice régional, certaines sous-régions du continent sont plus compétitives que d'autres. Ainsi, au niveau de ce classement sous- régional, c'est l'Afrique australe qui arrive en tête avec un indice de 48, suivie par l'Afrique de l'Est (46,8) et l'Afrique de l'Ouest (44,5) (Banque Mondiale, 2016).

2. Problématique

La réalisation d'une croissance et d'un développement économiques durables est une préoccupation majeure pour tous les pays (Shabbir, 2009). De nombreuses économies se caractérisent par une faible formation de capital et un manque de ressources pour faire face aux dépenses publiques croissantes -(Aluko et Arowolo, 2010). Avec l'augmentation continue des dépenses publiques et l'aggravation des déficits budgétaires, la majorité d'entre eux sont contraints de recourir à l'emprunt intérieur et extérieur pour combler les déficits budgétaires et financer le développement -(Dornbusch, 1982 ; -Saheed, Sani et Idakwoji, 2015). Dès lors, les emprunts intérieurs plus élevés peuvent augmenter les taux d'intérêt et évincer le secteur privé, ralentissant ainsi la croissance (Checherita et Rother, 2010) ; d'où la nécessité de recourir à la dette extérieure.

Partout dans le monde, la collecte de fonds suffisants pour financer des projets gouvernementaux est une préoccupation majeure. Aucun pays ne dispose de ressources suffisantes pour répondre à tous ses besoins budgétaires. A cet égard, la mise en oeuvre des politiques de développement, en particulier dans les pays en développement, reste un défi majeur (Greene, 1989 ; Greene et Villanueva, 1991 ; -Mullei, 1991). En raison de l'insuffisance des ressources, les pays se tournent vers la dette extérieure pour faire face à leurs besoins en dépenses. La dette extérieure est recherchée tant par les pays développés, que par les pays en développement -(Curry, 1979 ; Gordon et Guerron, 2018).

Selon Mweni, Njuguna et Oketch (2016), l'emprunt extérieur est devenu indispensable dans le monde moderne. En ce sens qu'il complète l'épargne intérieure et permet aux pays de mener des activités productives ''(Ezeabasili, Isu et Mojekwu, 2011 ; Raffinot, 1991). Lee et Thampapillai (2016) affirment que l'emprunt extérieur est souhaitable et peut fournir le financement nécessaire à une croissance économique accélérée, à condition qu'il soit canalisé, pour accroître la capacité productive de l'économie et promouvoir la croissance et le développement économique. Nelasco (2012) ajoute que le processus de formation du capital et d'industrialisation nécessite de lourds investissements dans les infrastructures telles que les routes, les lignes de chemin de fer, les canaux d'irrigation et les centrales électriques, qui obligent le gouvernement à rechercher des emprunts extérieurs. L'industrialisation rapide nécessite l'importation massive de biens d'équipement tels que des machines et des équipements et un savoir-faire technique de l'étranger. Dès lors, les gouvernements doivent emprunter des sommes importantes à l'étranger pour combler le déficit de la balance des paiements, causé par des importations importantes (Malcolm, Shaw et Dominique, 1995).

Au contraire, lorsque la dette extérieure n'est pas viable, elle constitue un risque pour la croissance économique et la prospérité d'un pays (Pattillo, Poirson et Ricci, 2002 ; Nguyen, Clements et Bhattacharya, 2003 ; -Kumar et Woo, 2010). Toutefois, une dette extérieure élevée n'implique pas nécessairement une croissance économique lente, mais plutôt l'incapacité du pays à faire face à ses obligations en matière de dette. En tant que tels, les pays doivent utiliser la dette de manière productive et créer des emplois pour accroître leurs recettes et assurer le service de leur dette de manière appropriée. Traditionnellement, l'effet de la dette extérieure est examiné en évaluant des indicateurs externes tels que les ratios de la dette au PIB et des indicateurs macroéconomiques tels que le PIB, l'inflation, les taux d'intérêt, les réserves de change, la balance commerciale et le niveau des investissements (Shabbir, 2009). Ce faisant, avec l'accumulation de la dette, les frais de service de la dette augmentent et constituent une menace pour la stabilité des économies. De plus, un service de la dette élevé peut entraîner un surendettement (Pattillo, Poirson et Ricci, 2002 ; Serrão, 2016 ; Atangana Ondoa, 2017).

De l'analyse précédente, il apparaît que la bonne gestion de la dette extérieure est une condition sine qua non pour atteindre la performance des économies d'Afrique subsaharienne. Celle-ci se caractérise par un régime politique démocratique plus ouvert, un niveau de corruption faible dans les institutions, la définition et la protection des droits de propriété, etc. Tout cela est conforme à l'agenda 2063 dont l'une des aspirations est de faire de l'Afrique un continent où les valeurs, les pratiques démocratiques, les principes universels des droits de l'homme, l'égalité entre les hommes et les femmes, la justice et l'Etat de droit seront pleinement ancrés (Union Africaine, 2015).

Mais au regard, des Statistiques de la dette internationale de la 'banque mondiale (2013) ; l'encours combiné de la dette extérieure des pays d'Afrique subsaharienne est passé de 4 400 milliards de dollars en 2010 à 4 900 milliards de dollars à la fin de 2011, reflétant des entrées nettes de 464 milliards de dollars. La dette à court terme a connu la croissance la plus rapide, augmentant de 18 % en 2011 par rapport à une augmentation de 9 % de l'encours de la dette extérieure à long terme. La majeure partie de la dette à court terme était liée au commerce et, mesurée par rapport aux importations des pays en développement, a légèrement diminué, passant de 18 % en 2010 à 17 %. L'encours de la dette à long terme à fin 2011 se répartit de façon assez équilibrée entre la dette garantie par l'État (51 %) et la dette envers des emprunteurs privés non garantis (49 %), bien que cette dernière ait augmenté deux fois plus vite que la première en 2011 (12 % contre 6 %). Il s'agit d'un revirement complet par rapport à 2010, alors que la dette publique à long terme et la dette garantie par l'État avaient augmenté à un taux deux fois plus élevé que la dette privée non garantie. L'encours de la dette des pays en développement est resté modéré, représentant en moyenne 22 % du RNB et 69 % des recettes d'exportation, et les risques liés au fait que la dette à court terme représentait 26 % de l'encours de la dette à fin 2011 ont été atténués par les réserves internationales. La crise économique mondiale a contraint certains pays en développement à puiser dans leurs réserves internationales mais, globalement, les pays en développement ont enregistré une accumulation de réserves internationales depuis le début de la crise : équivalant à 121 % de l'encours de la dette extérieure à fin 2011 (FMI, 2014).

Si l'on s'en tient à l'analyse précédente, la question de la dette extérieure en Afrique subsaharienne se pose avec acuité d'autant plus que le continent s'est plus que jamais engagé sur le chemin du développement (Odedokun, 1995). Dès lors, la croissance économique et la stabilité économique se positionnent comme des instruments importants pour permettre à l'Afrique d'atteindre ses objectifs de développement. Toutefois, son niveau actuel est loin d'être satisfaisant. D'ailleurs, les études ont montré que dans les années 80 la croissance économique s'est réduite pour les pays fortement endettés en Afrique (Raffinot, 1991). De même, s'agissant de la dette à moyen et long terme contractée ou garantie par l'état, la composition de ces engagements, est tout aussi importante que leur montant. Ainsi, une forte proportion de la dette est due aux marchés de capitaux privés, surtout dans des pays à revenu intermédiaire d'où 70% pour les exportateurs de pétrole et 33% pour les importateurs de pétrole. Cependant, la part de marchés privés n'est pas négligeable ; non plus pour un certain nombre de pays à faible revenu, dont le Niger, le Congo, le Malawi, le Bénin, Madagascar, le Togo et le Kenya. Les crédits obtenus sur ces marches représentent 9% du total de la dette des pays semi-arides et 14 % de celle des autres pays à faible revenu et la part des crédits fournisseurs n'est que de 4 % pour l'ensemble de l'Afrique subsaharienne (FMI, 2018).

Les limites relevées précédemment en matière de dette extérieure peuvent expliquer le faible niveau de compétitivité des économies d'Afrique subsaharienne. Toutefois, certains paradoxes entre les régions et même au sein de l'Afrique nous amènent à nous interroger non pas sur la pertinence du lien entre dette extérieure et performance économique, mais sur les dimensions de la dette extérieure qui auraient le plus d'influence sur cet agrégat. A cet égard, quand on analyse la dette des pays d'Afrique subsaharienne en fonction de leur encours, l'Afrique du Sud est sans conteste le pays le plus endetté. Sa dette, s'élevant à 103 894 milliards FCFA (158 milliards d'euros) est sans comparaison avec celle de l'Angola (27 883 milliards FCFA soit 42.5 milliards d'euros) pourtant 2e pays subsaharien le plus endetté. Première puissance économique du continent africain, la dette du Nigéria n'est que de 16 705 milliards FCFA (25.5 milliards d'euros). Elle dépasse cependant celle de l'Ethiopie (11 556 milliards FCFA), du Kenya (10 533 milliards FCFA), du Ghana (10 165 milliards FCFA) et la Tanzanie (8 239 milliards FCFA)3(*)(Banque Mondiale, 2018).

Toutes ces argumentations nous conduisent à la question suivante : la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?

De façon spécifique :

· La dette extérieure améliore-t-elle la croissance économique en Afrique subsaharienne ?

· La dette extérieure contribue-t-elle à la stabilité économique en Afrique subsaharienne ?

3. Objectifs de recherche

Notre travail de recherche vise essentiellement à mettre en évidence l'influence de la dette extérieure sur les performances économiques en Afrique subsaharienne.

Plus précisément, il s'agira d'évaluer :

· L'influence de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique subsaharienne.

· L'influence de la dette extérieure sur la stabilité économique en Afrique subsaharienne.

4. Hypothèses de recherche

Afin d'atteindre les objectifs susmentionnés, nous formulons l'hypothèse principale que ladette extérieure améliore la performance économique en Afrique subsaharienne.

Pour mieux analyser ces effets, cette hypothèse peut être subdivisée en deux sous hypothèses spécifiques :

· H1 :Le stock de la dette extérieure, la balance commerciale et les IDErelancent la croissance économique en Afrique subsaharienne.

· H2 :Le service de la dette extérieure, le stock de la dette extérieure et les investissements directs étrangers améliorent la stabilité économiqueen Afrique subsaharienne.

5. Intérêt de la recherche

Notre étude comporte deux intérêts :

· Un intérêt social en ce sens qu'elle soulève les problèmes de dette extérieure pouvant créer des distorsions sociales ;

· Un intérêt économique en cela que cette étude s'attèle à compléter la littérature économique sur les problèmes de gestion de la dette extérieure.

La présente étude entend donc non seulement à partir des résultats que nous obtiendrons, montrer dans quelle mesure la bonne gestion de la dette extérieure contribue à une bonne santé économique mais aussi de donner quelques recommandations en termes de politique économique.

6. Revue de la littérature

L'effectivité de l'influence de la dette extérieure sur les performances économiques dans un pays, ne fait plus véritablement l'objet d'un débat au sein de la communauté scientifique. Toutefois, les canaux de transmission à partir desquels la dette extérieure permet de booster les performances économiques en général d'un pays, restent sujets à controverse. Ainsi, la présente revue de la littérature a pour but de présenter les principaux arguments théoriques et évidemment empiriques qui montrent l'influence de la dette extérieure sur les performances économiques dans un pays. Pour ce faire, nous ferons une brève revue de la littérature sur le rôle de la dette extérieure dans l'accroissement de la production des biens et services d'une part et d'autre part, celle relative à son rôle dans la stabilité des économies.

6.1) Dette extérieure et croissance économique

Il existe de nombreux travaux sur la relation liant dette extérieure et croissance économique, parmi lesquels on peut citer la théorie du surendettement. Il y a surendettement lorsque l'encours de la dette extérieure d'un pays dépasse sa capacité de remboursement avec une certaine probabilité future, de sorte que le service de la dette attendu dépend de plus en plus du niveau de production du pays (Atangana Ondoa, 2017). Cela signifie qu'une partie du rendement des investissements est utilisée pour le service de la dette(Fonchamnyo, 2009). Ainsi, on estime que l'annulation de la dette extérieure encouragera la croissance économique et l'investissement (Rajan et Subramanian, 2008). Le service de la dette est donc considéré comme une taxe implicite, ce qui décourage l'investissement et étouffe la croissance économique -(Sachs et Williamson, 1985 ; Krugman, 1988 ; Grossman et Helpman, 1989 ; -Borensztein, 1990).

Le fardeau de la dette extérieure est la préoccupation de l'école de pensée seuil qui met l'accent sur la relation non linéaire entre dette et croissance (Calvo, 1998b). Il établit un lien entre la dette ; la croissance et le problème de la fuite des capitaux, où la croissance diminue lorsque le niveau d'endettement est élevé -(Saheed, Sani et Idakwoji, 2015). En ce sens, que la baisse de la croissance est due à l'augmentation de la charge fiscale distorsive sur le capital nécessaire pour assurer le service de la dette. Fait, conduisant à un taux de rendement du capital plus faible, des investissements plus faibles et une croissance plus faible. Ainsi, les régimes à faibleendettement ont un taux de croissance plus élevé et un niveau d'endettement moins élevé ; le lien de croissance considère la dette extérieure comme un afflux de capitaux ayant un effet positif sur l'épargne et l'investissement intérieurs et donc sur la croissance qui conduit à la réduction de la pauvreté par un ciblage approprié de l'épargne et des investissements intérieurs (Calvo, 1998a ; Calvo, 1998b ; Calvo et Reinhart, 2002).

Un des points qui suscitent le plus de débat, concernant l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique est l'épargne intérieure. A cet effet, une première approche consiste à concevoir, que l'endettement extérieur permet de réaliser les investissements que l'épargne intérieure ne peut financer (Oliveira Martins et Plihon, 1990). Hors, le recours à l'épargne intérieure aurait tendance à fléchir, en ce sens que l'effet sur la croissance serait nul et les influences à long terme négatives, puisque les comportements d'épargne auraient été affecté de façon défavorables -(Griffin et Enos, 1970). A contrario, Sachs et Williamson (1985) ; -Deshpande (1997) ; -Krugman (1988) ; Grossman et Helpman (1989)  affirment qu'au-delà d'un certain point, un niveau élevé de dette extérieure agit comme une taxe marginale sur l'investissement, réduisant ainsi le taux de rendement anticipé du capital après taxe.

Un autre aspect par lequel la dette extérieure est susceptible d'influencer la croissance économique dans un pays, est les contraintes de liquidité. En ce sens que, les contraintes de liquidité résultant des paiements du service de la dette peuvent également affecter la croissance, car les paiements du service de la dette peuvent évincer l'investissement et entraîner des hausses des taux d'imposition et d'intérêt (Cohen, 1995 ; Fosu, 1996 ; Pattillo et al, 2011). En outre, les paiements au titre du service de la dette réduisent les montants disponibles pour le développement de l'infrastructure, la formation de capital humain et les importations qui sont essentiels pour la production, ce qui réduit encore la croissance (Aizenman et Lee, 2007 ; Soydan et Bedir, 2015). Pour les pays à faible revenu, les paiements au titre du service de la dette peuvent avoir des effets négatifs sur la capacité des gouvernements à financer des programmes de dépenses sociales (santé, éducation et programmes sociaux) tandis que pour les pays qui dépendent des minéraux et des produits agricoles, le service de la dette peut entraîner un taux croissant d'épuisement des ressources naturelles (Ebi, Abu et Clemant, 2003).

Un autre élément fondamental lorsqu'on veut analyser l'influence de la dette extérieure sur la croissance économique concerne l'incertitude du régime politique. L'incertitude quant aux politiques et aux perspectives peut décourager les entrées de capitaux tout en favorisant la fuite des capitaux et affecter négativement la production (Allesina et Tabellini, 1989). En outre, Soydan et Bedir (2015) soutiennent que l'incertitude fausse les choix d'investissement, ce qui conduit à une mauvaise répartition et au retrait des investissements. Dans un environnement incertain, les décisions d'investissement sont susceptibles d'être à court terme et à faible risque. Cette mauvaise répartition se traduit par une baisse de l'efficacité et de la productivité globales du capital, ce qui entraîne un ralentissement de la croissance (Serven et Solimano, 1993).

Des études empiriques ont été menées pour déterminer la pertinence de la dette extérieure comme facteur explicatif de la croissance économique. Utilisant des données annuelles sur un panel de 17 pays à revenu intermédiaire sur une période de 1980-2011 avec le GMM comme modelé d'estimation, Pattillo, Poirson et Ricci (2002) parviennent à la conclusion selon laquelle la dette extérieure est efficace sur la croissance économique jusqu'à un seuil évalué à 40% du PIB. Un résultat similaire avait déjà été obtenu par Nguyen, Clements et Bhattacharya (2003) lorsqu'ils analysaient l'impact de la dette extérieure sur la croissance de 55 pays à faible revenu sur une période de 1970 à 1999. Utilisant un modèle GMM, ils parviennent au résultat selon lequel le surplomb de la dette est compris entre 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de l'exportation au-delà de ce seuil, la dette extérieure constitue un frein pour la croissance économique ; par contre une augmentation de 1 point de l'investissement public agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2 point. A partir d'un modèle à effets fixes sur un panel constitue de 92 pays à faible revenu sur la période 1990-2007, -Panizza et Presbitero (2014) révèlent que l'impact économique d'une augmentation de niveau de la dette au-delà de 30% de PIB, entraine une réduction de croissance de l'ordre de 1,6%. Résultat, obtenu en utilisant un modelé GMM sur 20 économies avancées sur la période 1946-2009. C'est toujours en ce sens que, Cecchetti, Mohanty et Zampolli (2011) qui à partir d'un modèle en coupe transversale sur un panel de 18 pays de OCDE, ont montré sur une période de 1980-2005, que si la dette extérieure n'est pas très élevée, elle encourage la croissance économique et stabilise le secteur financier mais au-delà d'un certain seuil, l'augmentation de la dette privée peut avoir des impacts négatifs.

Sans parvenir à mettre en évidence une influence positive de la dette extérieure sur la croissance économique, Eichengreen et Portes (1985) révèlent qu'un endettement excessif et le défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et la crédibilité de l'Etat. Ce résultat est obtenu, en utilisant un GMM sur un panel de 30 pays en voie de développement sur une période allant de 1923 à 1930. Ce résultat est similaire à celui de Cunningham (1993), qui a étudié la relation entre le fardeau de la dette extérieure et la croissance économique de 16 pays pour la période 1971-2007. Il montre que la croissance du fardeau de la dette d'un pays a un effet négatif sur la croissance économique. Ainsi, lorsqu'un pays est important pour les étrangers, cela affecte négativementà la fois la productivité du travail et du capital.Utilisant l'estimateur GMM, -Kumar et Woo (2010) ont cherché à déterminer l'effet de la dette extérieure sur la croissance économique. Leurs résultats suggèrent, qu'une augmentation de 10 points du niveau de dette initiale sera associée à un ralentissement de la croissance en terme réel de 0,26% par an. Ce résultat est obtenu sur un panel de 38 pays en voie de développement sur une période allant de 1970-2007.

6.2) Dette extérieure et stabilité économique

Tout comme dans le cas de la croissance économique, l'environnement économique a une influence sur la stabilité économique d'un pays. A cet égard, le déficit public a des effets négatifs non seulement sur le volume des investissements domestiques, mais aussi sur la structure de toute l'économie. Il est donc à l'origine du financement extérieur créateur d'endettement (Baré, 2001). En ce sens, qu'un niveau de dette très élevé aggrave considérablement le déficit public (Adam et Bevan, 2005). Certains auteurs ont également montré, que toute nouvelle dette est émise pour couvrir à la fois le déficit public nouveau et les intérêts de la dette (Artus et Morin, 1991). Delors, pour mieux gérer la dette extérieure les Etats doivent d'abord procéder à un assainissement de leurs finances publiques.

La dépréciation en monnaie nationale par rapport à la monnaie étrangère dans laquelle la dette est libellée accroît la valeur de l'encours de la dette extérieure dans la même proportion et entraîne une perte en capital en monnaie nationale (Alam et Taib, 2013). A cet égard, si la tendance à la dépréciation du taux de change est rapide, elle augmentera également l'intensité des pertes en capital lorsqu'un pays s'acquitte de ses obligations au titre du service de sa dette extérieure. Par conséquent, le rôle du taux de change est vital pour un pays en cas de dette extérieure. -Calvo et Reinhart (2002) observent que le dépassement du taux de change s'explique par l'ampleur de la dette libellée en devises d'un pays, l'arrêt soudain des flux de capitaux et la diminution de la production dans l'économie nationale. Ainsi, pour de nombreux pays pauvres très endettés (PPTE), la dette extérieure représente plus de deux fois leur PNB et le service de la dette absorbe une grande partie des rares devises étrangères (Asiedu, 2005 ; Atangana Ondoa, 2017). Une croissance positive de la dette extérieure se traduit par une augmentation du service de la dette extérieure qui entraîne une augmentation de la demande de devises étrangères, ce qui entraîne une hausse du prix de la monnaie dans laquelle la dette est libellée. Une appréciation en monnaie étrangère dans laquelle la dette est libellée augmentera le niveau de la dette extérieure en termes de monnaie nationale (Khor, 1998).

Le déficit budgétaire est la condition préalable à l'accumulation de la dette publique, puisque la question des engagements publics découle généralement de la nécessité de financer l'écart entre les recettes ordinaires et les dépenses totales -(Blejer et Cheasty, 1991). Ce faisant, pour financer le déficit budgétaire élargi, les gouvernements devront emprunter auprès de sources privées nationales ou étrangères (Ramsay et Sobel, 2011). Le déficit budgétaire diminue ainsi, la solvabilité des gouvernements en raison des tendances inflationnistes attendues dans l'économie (Alam et Taib, 2013). Par conséquent, l'acquisition de la dette devient coûteuse car les investisseurs exigent une prime de risque sur leur investissement -(Krugman, 1988). Il en résulte une pression à la hausse sur les paiements d'intérêts, de sorte qu'en l'absence d'excédent primaire dans le budget, une augmentation des paiements d'intérêts conduit à une nouvelle accumulation de la dette (Rajan et Subramanian, 2008).

Les encours de dette élevés sont associés à une inflation élevée et volatile. A cet égard, le niveau élevé de l'encours de la dette accroît les risques de défaillance, de rééchelonnement et la volatilité des entrées futures de capitaux (Mweni, Njuguna et Oketch, 2016). Pour Presbitero et Arnone (2006), l'encours de la dette a un effet sur la performance économique via l'incertitude associée à son effet sur l'inflation. En effet, la dette extérieure crée un problème aigu de surendettement parce que les pays en développement disposent d'une gamme beaucoup plus restreinte d'outils de réduction de la dette (Reinhart, Reinhart et Rogoff, 2012). Ainsi, le surendettement est lié à l'incertitude et à l'instabilité économiques et oblige les gouvernements à adopter des politiques financièrement répressives pour maîtriser l'inflation afin de répondre aux besoins financiers par seigneuriage, et réduire les dépenses publiques en intérêts payés sur la dette publique (Hwang, Chung et Wang, 2010 ; -Atique et Malik, 2012 ; Assibey-Yeboah et Mohsin, 2014).

Le développement du secteur financier est indispensable à celui du commerce extérieur. Il joue par conséquent, un rôle essentiel sur les variations des prix ou des quantités des produits importées ou exportées. Toutefois, s'il n'est pas bien encadré par des règles efficaces, le développement financier peut être la source des perturbations des termes de l'échange (FMI,2016) ; fait pouvant engendre a un endettement. De même, toute augmentation de la production et des exportations seront transfères à l'extérieure pour honorer le paiement de la dette extérieure -(Deshpande, 1997 ; -Serven et Solimano, 1992). Des lors, si les pays débiteurs n'honorent pas au payement de leurs dettes, les paiements de celles-ci deviennent, liés à leurs performances économiques -(Naya, 1986 ; Savvides, 1992 ; -North, 1994 ; Niroomand et Hamvi, 1995).

Plusieurs études ont été entreprises pour tester la validité empirique des différentes approches théoriques développées précédemment. Ainsi, à partir d'une régression en panel sur 25 pays de l'OCDE pour la période 1970-2007, Cheung (2013) montre qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la dette extérieure nette en pourcentage du PIB est associée à une hausse des taux d'intérêt réels à long terme de 1,3 point de base. En particulier, cet auteur trouve qu'aucun effet statistiquement significatif sur les taux d'intérêt de la dette publique n'a été constaté compte tenu de l'exclusion de l'effet extraordinaire de la crise financière. Un résultat similaire avait déjà été obtenu par Rose (2010) lorsqu'il analysait l'impact de la dette extérieure sur les taux d'intérêt réels de 20 économies avancées sur la période 1980-2007. Utilisant un modèle en donnée de panel, il parvient au résultat selon lequel les taux d'intérêt sont sensibles aux positions nettes d'investissements internationaux et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage du ratio dette extérieure nette / PIB sera généralement associée avec une augmentation de 2 points de base des taux d'intérêt réels. De même, Lane et Milesi-Ferreti (2001) ont mis en évidence une relation inverse entre les taux d'intérêt sur les obligations d'État et avoirs extérieurs nets, de sorte qu'une augmentation de 20 points de pourcentage du rapport entre les engagements extérieurs nets et les exportations est associée à une augmentation de 50 points de base de taux d'intérêt réels.

A partir d'un modèle à effets fixes sur un panel constitué de 39 pays d'Afrique, d'Asie et d'Europe sur la période 1971-1999, -Calvo et Reinhart (2002) ont relevé que le dépassement du taux de change s'explique par l'ampleur de la dette libellée en devises d'un pays, l'arrêt soudain des flux de capitaux et la diminution de la production dans l'économie nationale. Cependant, Alam et Taib (2013) à partir des données en coupe transversale pour 15 pays en développement d'Asie sur la période 1971-2000 ; parviennent à établir que la dette extérieure est positivement liée au déficit budgétaire, au déficit de la balance courante et à la dépréciation du taux de change. Les résultats similaires ont été obtenu par : Claessens, Oks et Wijnbergen (1989) ; Siregar et Pontines (2005) ; Reinhart, Reinhart et Rogoff (2012) ; Reinhart (2015).

7. Méthodologie

En vue de tester nos hypothèses, notre méthodologie a consisté d'une part à faire une analyse descriptive et d'autre part à procéder à une analyse économétrique. L'influence de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique subsaharienne a été mise en évidence à travers un modèle en panel dynamique estimé par la méthode des moments généralisés en systèmes (GMM) de Arellano-Bover (1995)/Blundell-Bond (1998). Quant à l'influence de la dette extérieure sur la stabilité économique, nous avons fait recours à la méthode des doubles moindres carrés (DMC). Pour cette dernière, nous avons dû effectuer au préalable un test de spécification dit test de Hausman pour décider de la forme du modèle à retenir. Le plus intéressant avec ces deux méthodes est qu'elles permettent de corriger d'éventuels problèmes d'endogenéité. Par ailleurs, les données utilisées dans le cadre de notre travail proviennent des sources secondaires. Il s'agit des Worldwide Governance Incators (WGI 2018) et des World Development Indicator (WDI 2018) pour les indicateurs de la dette extérieure et des variables macroéconomiques ; en ce qui concerne les données sur les IDE, nous avons eu recours à la base de la CNUCED et celles relatives aux investissements domestiques proviennent de la base de données du FMI (ICSD 2015). Notre champ d'études couvre tous les pays d'Afrique sur la période 2002-2017. Toutefois, compte tenu de l'absence de données sur certains pays, ils ont été retirés de notre échantillon. Ces pays sont : le Djibouti, l'Erythrée, le Lesotho, le Libéria, Sao Tomé et Principe, les Seychelles, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.

8. Organisation du travail

La bonne gestion de la dette extérieure d'un pays, peut booster ses performances économiques. Compte tenu, de l'importance des indicateurs de performances économiques dans le processus de développement d'un pays, nous avons tenu à analyser les facteurs qui peuvent permettre leur accroissement. En particulier, dans le cadre de notre travail, nous nous intéressons à la dette extérieure. En outre, bien qu'intégrant plusieurs dimensions, nous avons trouvé judicieux de traiter conjointement ses dimensions solvabilité et soutenabilité pour éviter de tomber sur la problématique des variables omises. Ainsi, tout en tenant compte de leur spécificité, nous avons opté pour un plan à deux parties à savoir :

Partie I :Dette extérieure et Croissance économique en Afrique Subsaharienne.

Partie II :Dette extérieure et Stabilité économique en Afrique Subsaharienne.

PREMIERE PARTIE :

DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

La croissance économique considérée comme l'un des quarts angles du carré magique de Kaldor revêt une importance indéniable en tant qu'objectif de politique économique. L'un des principaux avantages d'une bonne croissance économique est qu'elle génère au niveau des investissements, et par effet de domino une baisse du chômage et plus de recettes fiscales pour l'Etat qui seront réinvestis dans l'économie, empilant encore plus positivement l'évolution de la croissance économique (Mankiw, 2010).

C'est davantage ce dernier critère qui fait la particularité de la croissance économique. Non seulement ils contribuent à la formation brute de capital des pays mais aussi, ils ont des effets de débordements sur les autres secteurs d'activité. Malheureusement, les statistiques

présentent une inégale répartition des taux de croissance économique à travers le monde. S'il est avéré que leur niveau en Afrique Subsaharienne a augmenté depuis le début des années 2000, force est de constater que cette région possède néanmoins les plus faible taux de croissance dans le monde. D'après les données de la CNUCED (2018), on observe que les taux de croissance économique en Afrique subsaharienne sont passés de 1,83 ; 1,99 et 4,49 % du PIB en 2002, 2003 et 2004 respectivement à environ 0,87 ; 0,79 et 1,26 % du PIBen 2015, 2016 et 2017 respectivement. Dans le même temps, l'évolution des taux de croissance économique en Amérique Latine et Caraïbes a été de 169,15, 168,78 et 158,20 milliards de dollars en 2013, 2014 et 2015 contre 51,77 ; 39,58 et 59,86 milliards de dollars pour les trois premières années. L'Asie de l'Est, qui est devenue la première destination des IDE dans le monde, a reçu environ 431, 468 et 541 milliards de dollars en 2013, 2014 et 2015 respectivement.

Cette difficulté à laquelle font face les pays d'Afrique subsaharienne dans l'atteinte et le maintien des taux de croissance comme celui de 2010, qui garantirait une meilleure condition de vie à leurs citoyens, nous pousse à nous interroger sur le rôle joue par la dette extérieure dans l'évolution du taux de croissance de ces économies. D'où la justification de notre travail. Pour ce faire, cette présente étude s'articule en deux parties :

Chapitre 1 : Analyse Théorique de la relation Dette extérieure et croissance économique

Chapitre 2 : Analyse Empirique de la relation Dette extérieure et croissance économique en Afrique subsaharienne

CHAPITRE I :

ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE 

INTRODUCTION

L'atteinte d'une croissance économique à deux chiffes est devenue depuis quelques années l'objectif phare des économies africaines. Dans cette optique l'ensemble des gouvernements du continent ont commencé à mettre en place un ensemble de réformes pour réduire ou éliminer dans leurs pays respectifs toutes les entraves spécifiques à l'atteinte de cet objectif notamment à travers plusieurs mesures parmi lesquels, la lutte contre la corruption, l'amélioration du climat des affaires, l'élaboration d'un plan de croissance qui a été communément appelle le document de stratégie pour la croissance économique, la gestion de la dette extérieure. Ainsi, en ce qui concerne la dette extérieure, ses effets sur la croissance ont fait l'objet d'une attention particulière en ce sens que lesarguments selon lesquels l'endettement extérieur favorise la croissance impliquent généralement que l'aide étrangère joue un rôle complémentaire à l'épargne intérieure et donc à la mobilisation des ressources, à l'accumulation de capital et à l'industrialisation. En revanche, ceux suggérant une relation négative entre l'endettement extérieur et la croissance soulignent à quel point l'épargne intérieure est évincée par le flux de l'aide étrangère.

Parler de la dette extérieure revient ici donc à se focaliser sur le rôle qu'elle joue dans l'évolution du taux de croissance des économies. Aussi, l'objectif du présent chapitre est de mettre en évidence l'influence de la dette extérieure sur la croissance économique. En particulier, il s'agit de montrer sur le plan théorique les effets de la dette extérieure sur la croissance économique. Pour ce faire, nous présenterons dans un premier temps les effets de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique (Section I) et dans un second temps, nous analyserons les effets de la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique (Section II).

SECTION I : INFLUENCE DE LA SOLVABILITE DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

La solvabilité est source de croissance économique. Elle vise à créer un environnement macroéconomique, un cadre institutionnel et juridique propice à l'investissement, à la création d'emplois, à une gestion efficace et efficiente des ressources publiques.Cette approche, qui fonde la vision des pays riches, des institutions financières internationales (IFI) et des économistes orthodoxes, envisage un traitement de la dette dont le but unique est de permettre aux créanciers de récupérer la plus grande partie des sommes prêtées, étant entendu que les effets de la crise d'endettement empêchent les pays débiteurs de rembourser la totalité de leurs dettes (Berr et Combarnous, 2005 ; Berr, Combarnous et Rougier, 2008). Dans cette optique, de nombreux arguments s'élèvent en faveur de la mise en oeuvre de réformes économiques qui doivent contribuer à garantir la « liberté économique » puisque celle-ci a des effets positifs sur la croissance économique (De Haan et Sturm, 2000 ; Bengoa et Sanchez-Robles, 2003). Dès lors, cette section se présentera comme suit : en premier lieu, nous montrerons l'impact du stock et du service de la dette extérieure sur la croissance (I.1) ; en second lieu, nous analyserons les effets de l'incertitude de l'endettement extérieur sur la croissance économique (I.2).

I.1/ Les effets du stock et du service de la dette extérieure sur la croissance économique

Réduire les coûts inhérents aux investissements dépend fortement du « climat des affaires » qui prévaut dans une économie. Autrement dit, plus l'environnement économique d'un pays est stable, plus les investisseurs étrangers seront incités à y réaliser les activités, et à l'opposé, plus cet environnement est instable, moins ces investisseurs y effectueront des investissements (Globerman et Shapiro, 2002). Dans la présente sous-section, nous discuterons de la pertinence du stock de la dette extérieure ainsi que du service de la dette extérieure sur la croissance économique.

I.1.1. Les effets du stock de la dette extérieure sur croissance économique

La gestion du stock de l'endettement externe est un problème qui touche toutes les sociétés. En ce sens qu'une accumulation de lourdes dettes a des effets pernicieux sur les performances économiques notamment la croissance (Patillo et al, 2002). A cet égard, il n'existe pas de consensus quant aux canaux d'influence du stock de la dette extérieure sur le développement des pays notamment son incidence sur la croissance. Néanmoins, les principaux arguments pour l'une ou l'autre approche reposent sur le fardeau de la dette etlesconsolidations budgétaires expansionnistes qu'elle induit.

a) Surendettement et croissance économique : « Debt overhang theory »

Les arguments théoriques favorables à la réduction de la dette extérieure des pays en développement reposent sur l'idée selon laquelle ces pays font face à une situation de surendettement « debt overhang ».

Selon J.Sachs (1989), le surendettement est analogue à la situation d'une entreprise insolvable non protégée par les lois de la faillite. Dans ce cas, les créanciers prennent des actions antagoniques pour se servir sur la valeur restante des actifs, préjudiciables à la survie de l'entreprise. Ainsi, le service de la dette agit comme une taxe désincitative à la production. A cet effet, il existe un seuil optimal d'endettement pour lequel tout supplément marginal d'endettement conduit à une réduction importante de l'investissement et le débiteur aurait intérêt à ne pas rembourser la dette. Cela signifie que les emprunts supplémentaires vont décroître la probabilité de rembourser. D'où la notion de « debt overhang » (le fardeau virtuel de la dette). La théorie du surendettement considère qu'une dette élevée qui se révèle difficile ou impossible à rembourser exerce des effets désincitatifs sur le pays débiteur à entreprendre des réformes favorables à l'investissement et / ou à la croissance économique.

A cet égard, le surendettement désigne couramment l'existence d'un encours important de dette extérieure ayant des conséquences négatives sur l'investissement et la croissance. Les investisseurs s'attendront à une hausse des impôts actuels et futurs pour permettre le nécessaire transfert des ressources à l'étranger. La réduction anticipée du rendement après impôts des investissements privés et l'utilisation d'une part croissante de l'épargne intérieure aux fins du service de la dette ont pour effet d'évincer l'investissement intérieur et de décourager l'investissement étranger. Ces effets peuvent également motiver la fuite des capitaux, les propriétaires cherchant à protéger la valeur de leurs avoirs en profitant d'occasions d'investissement plus alléchantes à l'étranger (Deppler et Williamson, 1987).

Cependant, Corden (1988) démontre qu'un allégement décidé de façon exogène par les créanciers peut, dans certaines circonstances, augmenter les incitations du débiteur à entreprendre des réformes, et évite la possibilité qu'il recourt à un défaut de remboursement, qu'il assimile à un « allégement endogène », c'est-à-dire décidé par le débiteur. Cette même idée a été développée par Krugman (1988) qui démontre qu'en augmentant l'incitation d'un pays surendetté à entreprendre des réformes économiques, les créanciers pourront voir la valeur de leurs créances sur le marché secondaire s'améliorer car les perspectives de remboursement du débiteur auront augmentées. En ce sens, l'effet possible d'une désincitation en termes de réformes économiques risque d'être plus sérieux pour les pays à faible revenu et très endettés où les distorsions structurelles profondes et la gestion macroéconomique inadéquate (combinées à un accès limité aux marchés étrangers des capitaux privés) font déjà obstacle à une réforme soutenue (Elbadawi,Ndulu et Ndung'u, 1997). Il est ainsi possible d'affirmer qu'au-delà d'un certain niveau, l'accumulation des dettes extérieures décourage l'investissement et ralentit la croissance.

Au regard, des effets du surendettement sur la croissance mais aussi sur les capacités de remboursement des pays à faible revenu, certains soutiennent l'idée de la nécessité des allègements de la dette, la pertinence d'une telle stratégie a été relativisée par certains auteurs qui voient que l'accumulation de la dette n'est pas la cause mais la conséquence d'une faible croissance (Bulow et Rogoff, 1990), ou que la réduction de la dette ne serait pas suffisante pour rétablir l'investissement et la croissance (Easterly et Levine, 2003 ; Asiedu, 2003). Ainsi, une dette élevée est un symptôme plutôt qu'une cause d'une faible croissance, cette dernière étant le résultat d'une mauvaise gestion macroéconomique (Bulow et Rogoff, 1990). Pour Easterly et Levine (2002), cette possibilité est encore plus forte dans les pays en développement caractérisés par une forte préférence pour le présent. En effet, de son modèle, l'auteur conclut que les gouvernements de ces pays chercheront à accumuler de nouvelles dettes une fois que des réductions ont été obtenues dans l'espoir d'être éligibles à de nouvelles initiatives en matière d'allégement. L'échec des schémas dits traditionnels à réduire les ratios d'endettement dans les pays à faible revenu est une illustration pour l'auteur de l'existence de ce problème d'aléa moral et du fait que les allégements accordés n'ont pas réussi à changer le comportement de certains pays hautement endettés.

b) La neutralité de la dette extérieure et la croissance économique : « l'équivalence ricardienne »

La Proposition d'Equivalence de Ricardo soutient la thèse d'un effet neutre de l'endettement public sur les agrégats macroéconomiques. En ce sens qu'un titre d'État représente pour son détenteur certes, un avoir (un actif) mais constitue pour le contribuable une créance (un passif). Ainsi, en rendant son détenteur plus riche, tout titre d'État rend simultanément le contribuable plus pauvre (Barro, 1974). En conséquence, l'effet net de la détention de ce titre sur la richesse est neutre puisque globalement les contribuables ne sont ni plus riches ni plus pauvres.

La paternité du principe d'équivalence Ricardienne, comme son nom l'indique, revient à Ricardo mais est attribué à Barro (1974). Il approfondit la thèse de Ricardo en combinant les thèmes d'évictions et d'anticipations rationnelles. Selon lui, si le gouvernement finance un accroissement des dépenses publiques en ayant recours à l'emprunt, ou s'il abaisse les impôts en laissant la dépense publique et la masse monétaire inchangées, les agents vont anticiper les hausses d'impôts qui seront nécessaires ultérieurement pour payer les intérêts de la dette et pour rembourser le principal. De ce fait, les agents savent a priori que ces deux modalités de financement sont un recours aux impôts; ils savent aussi qu'il y aura alourdissement de la dette publique et usage de la taxe inflationniste. L'accumulation de l'inflation à long terme et l'augmentation des impôts finiront par rendre peu crédible l'État. Les agents vont alors se préparer à la purge fiscale future (Bernheim, 1987 ; Ricciuti, 2003). Ils vont accroître leur épargne actuelle en prévision des alourdissements futurs des impôts et ne se considéreront pas plus riches après la mise en oeuvre de la politique de relance. Il en résultera que cette politique suivie par le gouvernement n'aura aucun effet stimulant sur l'économie, quelles que soient les modalités de financement des déficits; les effets à long terme sont équivalents.

Cette proposition générale défend donc l'idée de la neutralité de la dette publique à long terme. L'idée de la neutralité de l'endettement public peut paraître assez simple et plutôt intuitive : En effet, étant donné que toute réduction des impôts courants (ou encore un déficit budgétaire) implique forcément une augmentation des impôts futurs, le financement de cette réduction d'impôt par endettement, ne modifie pas la charge fiscale globale des ménages. Elle ne fait que différer dans le temps une partie de cette charge. Ainsi, si les ménages sont en mesure d'intégrer ce report partiel de leur charge d'imposition de manière efficiente, ils percevront l'endettement public courant, comme un prélèvement fiscal futur.

Par ailleurs, et puisque leur charge d'imposition globale n'a pas été modifiée, les ménages ne réagissent pas à la politique du déficit budgétaire financé par endettement public, par un accroissement de leurs dépenses de consommation. Les ménages préfèrent épargner la totalité de leur économie d'impôt pour faire face aux prélèvements fiscaux futurs engendrés par le remboursement de la dette. Par conséquence, la diminution de l'épargne publique est intégralement compensée par une augmentation de l'épargne privée. L'épargne nationale étant inchangée, les autres agrégats macroéconomiques le restent aussi.

En définitive, l'essence de l'argumentation de l'équivalence ricardienne se résume dans les deux idées fondamentales de la contrainte budgétaire inter temporelle du gouvernement et de l'hypothèse du revenu permanent (Elmendorf et Mankiw, 1998 ; Ricciuti, 2003). La contrainte budgétaire intertemporelle du gouvernement suppose que pour des dépenses gouvernementales inchangées, un niveau d'imposition courant relativement bas implique des impôts futurs plus élevés. En effet, la perception de la part des contribuables de toute réduction de leur charge d'imposition courante comme étant un report partiel de cette charge en découle. Par contre, L'hypothèse du revenu permanent suppose que les ménages déterminent leur niveau de consommation sur la base de leur revenu permanent et non pas sur la base de leur revenu courant. Le revenu permanent est fonction de la valeur actualisée de tous les revenus courants nets d'impôt. Ainsi, étant donné qu'elle n'affecte pas la valeur actualisée de la charge fiscale des ménages, une réduction d'impôt financée par endettement n'a d'incidence ni sur le revenu permanent ni sur la consommation courante.

Par ailleurs la revue des considérations théoriques anciennes sur l'endettement, dans un second temps, montre une grande diversité d'opinion sur les effets de l'endettement et sur son intérêt de façon générale. Deux grandes écoles traditionnelles ont dominé ce débat à un certain moment. Il s'agit de l'école classique avec une vision assimilant l'endettement à un impôt futur (anticipé par les agents économiques) et des keynésiens qui voient l'endettement comme favorisant l'accumulation du capital et la consommation des générations futures ou présentes Par la suite, l'idée de la neutralité de la dette publique à long terme, a été largement étudiée à travers le principe d'équivalence ricardienne.

I.1.2. Les effets du service de la dette extérieure et croissance économique

Le financement de l'investissement fait le plus souvent l'objet de vifs débats au sein de la communauté scientifique, surtout lorsqu'il s'agit de l'Etat. On distingue deux principales sources de financement : la mobilisation de l'épargne intérieure et celle de l'épargne extérieure. Généralement, l'Etat fait recours au deuxième mode de financement lorsqu'il est impossible pour lui de lever tous les fonds nécessaires à la réalisation de ses projets par la seule épargne intérieure. En ce sens, la dette extérieure contribue à la croissance économique : telle est la conception des Keynésiens.

Cependant, plusieurs auteurs ont montré que la dette extérieure est néfaste à la fois pour les investissements (privés et publics) et pour la croissance. En effet, s'endetter aujourd'hui implique un remboursement demain. Dès lors, l'Etat devra consacrer une partie plus ou moins importante de ses ressources pour éponger le service et/ou le principal de sa dette. Toutefois, il peut arriver que ce dernier soit dans l'incapacité d'honorer à ses engagements : Krugman (1988) parle de « Debt overhang » qui correspond à la situation pour laquelle la capacité de remboursement de la dette extérieure tombe en deçà de la valeur contractuelle de la dette. Selon Cohen (1993), la relation entre la valeur faciale de la dette et la croissance économique peut être représentée comme une sorte de « courbe de Laffer » : il existe un seuil en deçà duquel toute augmentation de la dette est bénéfique pour l'économie et une fois ce seuil dépassé, à mesure que la dette augmente, les capacités de remboursement de ladite dette diminuent fortement, ce qui limite le volume des investissements futurs.

a) Structure des dépenses publiques externes et croissance économiques

Le débat sur la relation entre les dépenses publiques externes et la croissance économique n'est pas nouveau. Il a été au centre des préoccupations des économistes classiques qui voyaient l'intervention de l'Etat dans l'économie par le biais des dépenses publiques comme une source de déséquilibre du marché. Pour eux, l'Etat doit se cantonner à ses fonctions régaliennes de défense, de justice et de diplomatie et prendre en charge la fourniture des services publics indispensables à la communauté et qui ne pourraient pas être fourni par les opérateurs privés.

Cette vision restrictive de l'Etat est aux antipodes de la pensée keynésienne. Les keynésiens accordent à l'Etat un rôle prépondérant dans le processus de la croissance économique par le moyen des dépenses publiques. Ils insistent sur les effets multiplicateurs associés à l'augmentation des dépenses publiques ou à la réduction du taux d'imposition. Ainsi, lorsque le revenu national baisse et que les dépenses privées diminuent, l'Etat doit soutenir l'économie en augmentant les dépenses publiques. Cette augmentation va booster la demande effective, ce qui impacte le niveau de production et donc de l'emploi. Par contre, lorsque l'Economie est en surchauffe, l'Etat doit réduire la pression en limitant ses dépenses.

Les nouvelles théories de la croissance sont nées avec les travaux précurseurs de Romer (1986) qui insistent sur le fait que l'accumulation du capital physique dans une entreprise provoque des effets positifs sur les autres firmes. Par la suite, Romer (1990) va mettre en évidence l'importance de la recherche et développement qui provoque des externalités positives sur le reste de l'économie. Les travaux de Lucas (1988) permettent de soutenir le rôle de l'investissement en capital humain dans le processus de croissance économique. A cet égard, l'Etat doit financer les dépenses d'éducation quand « la productivité sociale est supérieure à la productivité privée d'une dépense d'éducation ». En outre, l'Etat doit financer les infrastructures publiques (Barro et Sala, 1990).

Ces nouvelles théories intègrent désormais une analyse explicite des déterminants à long terme de l'augmentation de la productivité qui était jusque-là ignoré par le modèle de base de Solow (1956). La gamme des facteurs de production traditionnels prise en compte dans la formalisation a été élargie à l'effet d'apprentissage, du capital humain, aux infrastructures publiques, ... Les conditions techniques d'obtention d'une croissance véritablement endogène n'ont pas été sous-estimés (les rendements constant sur les facteurs de production acumulables) ainsi que les effets externes positifs liés à l'investissement dans les facteurs de production et le rôle de la connaissance dans la croissance de la productivité. Ainsi, les modèles de croissance endogène intègrent les externalités positives ou négatives liées à l'accumulation des connaissances ou de l'innovation (Helpman, 1992).

Par ailleurs, Sala-i-Martin, X et Barro (1995) distinguent les dépenses publiques productives (défense, éducation, santé, transports et communication) des dépenses improductives (sécurité sociale, loisirs, services économiques). A cet égard, beaucoup de travaux sont faits de nos jours pour comprendre si la composition des dépenses publiques pourrait alimenter la croissance

b) Défauts de solvabilité et croissance économique

Un défaut partiel ou total de remboursement de la dette publique externe, qu'il soit explicite (refus de rembourser les obligations et réduction subséquente de l'encours de la dette) ou implicite (par le biais de taux d'inflation élevés, voire d'une hyperinflation qui diminue sensiblement la valeur de la dette publique réelle) est un événement extrême influencé également par la situation financière et politique générale ainsi que par les comportements et attentes des agents. La défaillance peut être inattendue, anticipée ou même auto-générée par les créanciers ; chaque cas a son propre impact spécifique sur l'économie.

Le défaut de paiement est un choix politique du gouvernement qui concilie les coûts du défaut avec ceux de la solvabilité (Gros, 2012 ; Buiter et Rahbari, 2013). Les conséquences économiques d'un défaut de paiement peuvent être graves mais concentrées dans le temps, alors que les avantages de libérer l'économie du fardeau de la dette peuvent se faire sentir avec le temps. Les aspects comportementaux peuvent jouer un rôle en termes de croyance des agents à l'égard de l'efficience passée de la dette, de leurs attentes quant à la viabilité actuelle et de leur niveau de confiance quant aux remboursements futurs de la dette, bien qu'ils ne soient pas toujours considérés comme fondés. En particulier, ils peuvent s'auto-réaliser, ce qui conduit à la défaillance réelle qui aurait pu être évitée autrement.

Ainsi, la relation entre le niveau (ou le taux de croissance) de la dette publique externe, l'augmentation des primes de risque et les attaques spéculatives est de nature douteuse. Certains chercheurs ont souligné que la véritable variable explicative est le montant de la dette extérieure générée par les déficits importants et persistants de la balance courante (Gros, 2012). La dette extérieure est souvent considérée comme l'élément le plus pertinent car elle implique un transfert réel du débiteur vers le pays créancier. Selon Karagol (2002), la dette extérieure agit comme une taxe lorsque la situation de la dette est telle qu'une amélioration de la performance économique du pays endetté a pour effet secondaire un remboursement plus élevé de la dette, ainsi le service de la dette extérieure a un impact négatif à court terme sur la croissance économique.

I.2/ Effets de l'incertitude de l'endettement externe sur la croissance économique

L'incertitude a une influence négative sur la réalisation des performances économiques en occurrence sur la croissance économique. Elle peut résulter de l'action des mécanismes macroéconomiques. Afin de déterminer l'impact de l'incertitude sur la croissance économique, nous analyserons tour à tour les effets de l'inflation et de l'épargne intérieure sur la croissance économique.

I.2.1. Endettement externe et croissance économique : « l'effet d'éviction »

Les dépenses publiques ont toujours été vues différemment par les économistes. Si pour certains elles ont un effet positif sur la croissance, pour d'autres c'est le contraire. En partant de l'approche néoclassique, l'effet négatif de la dette sur la croissance est d'emblée suggéré par l'effet bien connu d'"éviction" des déficits budgétaires publics (Bernheim, 1989). En ce sens qu'un déficit budgétaire augmente la consommation sur la durée de vie parce que les impôts nécessaires sont transférés aux générations futures. Toutefois, à condition que les ressources économiques soient pleinement utilisées comme on le suppose habituellement dans ces modèles, une augmentation de la consommation implique un niveau d'épargne plus faible. Le taux d'intérêt augmente pour que les investissements restent égaux à l'épargne et évincent les dépenses privées (Cochrane, 2009). En d'autres termes, l'impact des dépenses du déficit public sur le système économique dépend de la substitution entre dépenses publiques et dépenses privées.

Notons toutefois deux mises en garde importantes. La première est que l'ampleur de l'effet d'éviction est largement considérée comme une question empirique et que, dans certaines circonstances, les dépenses de déficit peuvent avoir un effet positif limité sur l'activité économique (Bernheim, 1989). Deuxièmement, il n'y a pas de traitement explicite de l'accumulation de la dette et de ses effets sur la croissance dans le temps : si les dépenses de déficit sont inefficaces sur la production globale aujourd'hui, cela ne signifie pas nécessairement que la dette réduira la croissance demain. En effet, on peut penser que si le gouvernement crée un surplus pour payer la dette, cela sera neutre pour l'économie.

A cet égard, Diamond (1965) a été le premier à étudier correctement les effets de la dette sur la croissance économique. Il a été le premier à concevoir un modèle néoclassique visant à explorer les effets de la dette publique dans une économie à durée de vie infiniment longue et à temps discret, avec un retour constant à la fonction de production globale à l'échelle et des individus qui vivent pendant deux périodes de temps. Le gouvernement prélève des impôts auprès des prêteurs nationaux pour financer sa dette publique, qui se divise en dette extérieure (empruntée à des prêteurs étrangers) et dette intérieure (empruntée à des prêteurs nationaux). Ainsi, la dette extérieure a des effets négatifs sur la croissance à long terme en raison des impôts nécessaires pour financer le paiement des intérêts : en effet, les impôts sont prélevés sur les prêteurs nationaux alors que les intérêts sont payés aux prêteurs étrangers. Les taxes réduisent le revenu total des consommateurs tout au long de leur vie, et donc leur consommation. En outre, les impôts réduisent l'épargne et le stock de capital. La dette intérieure, en revanche, entraîne à la fois des effets et une réduction du stock de capital du fait que les particuliers substituent la dette publique au capital physique dans leurs portefeuilles. Par conséquent, dans ce modèle, la dette publique évince le capital privé.

I.2.2. Endettement externe et croissance endogène : « l'effet déprimogène de la fiscalité »

Dans l'approche néoclassique, la théorie de la croissance endogène mérite un traitement spécifique. Cette approche s'est répandue au cours des années 1990 en tentant d'expliquer comment la croissance à long terme peut être générée sans s'appuyer uniquement sur des changements technologiques exogènes ou "résiduels" comme dans le modèle fondateur de Solow. Ce courant de littérature économique est pertinent car, suivant le modèle proposé par Barro (1990), il examine comment les variables budgétaires interagissent avec les variables qui génèrent la croissance endogène.

L'interaction peut être indirecte (c'est généralement le cas de la fiscalité) ou directe dans la mesure où les dépenses publiques peuvent soutenir une croissance endogène. Ce dernier cas est particulièrement important parce qu'il marque un changement d'approche par rapport aux vues néoclassiques examinées ci-dessus, qui considèrent généralement les dépenses publiques comme une simple consommation de ressources. Le modèle de Barro obtient une fonction U inversée typique de la relation entre les dépenses publiques et la croissance, avec un niveau optimal de dépenses (fiscalité) qui maximise la croissance. Les dépenses publiques sont entièrement couvertes par la fiscalité (des revenus du capital) et la fiscalité freine la croissance. En deçà du niveau optimal des dépenses publiques, le gouvernement n'exploite pas son effet de stimulation de la croissance, au-delà duquel l'effet déprimogène de la fiscalité prévaut. D'autre part, l'essentiel de cette littérature porte sur les effets des variables budgétaires sur la croissance le long d'une trajectoire budgétaire équilibrée, avec une grande variété de résultats et d'implications politiques (Zagler et Dürnecker, 2003), qui ne se prêtent toutefois pas immédiatement à une analyse du problème de la croissance et de la dette.

Plus précisément, Teles et Cesar-Mussolini (2014) ont proposé un modèle de croissance endogène dans lequel l'effet de la politique budgétaire sur la croissance économique est affecté négativement par le niveau du ratio de la dette au PIB. Cet effet passe par les intérêts de la dette : une partie de l'épargne des jeunes est extraite et versée aux personnes âgées, qui n'épargnent pas, ce qui implique un échange d'allocations entre générations. Les effets négatifs de la dette publique sur la croissance ont également été démontrés par Saint-Paul (1992) et, en étudiant l'impact des contraintes budgétaires sur la croissance, c'est-à-dire la capacité fiscale et la capacité d'endettement limitées, Aizenman et al (2007) ont tiré des conclusions similaires : un taux d'imposition maximal plus faible et un encours de dette plus élevé peuvent réduire le taux de croissance, ce qui confirme que des différences dans le taux de croissance peuvent résulter de différences de contraintes budgétaires.

Dans cette première section, il a été question pour nous de mettre en évidence l'influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique. Pour ce faire, nous avons dans un premier temps montré la nécessité d'assainir l'environnement économique notamment à travers la bonne gestion du service et du stock de la dette extérieure. Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l'incertitude économique compte tenu de l'évolution perpétuelle de l'économie mondiale. Dans la section qui va suivre, nous allons analyser l'influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique.

SECTION II: INFLUENCE DE LA SOUTENABILITE DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

La soutenabilité est une notion dérivée de la contrainte budgétaire intertemporelle. A cet égard, La soutenabilité budgétaire englobe plusieurs éléments distincts (Drazen et Masson 1994). C'est donc une notion assez large et peut être traitée à l'aide de plusieurs mécanismes. Les points de vue ont toujours divergé autour de cette notion. Il y a de ce fait ceux qui traitent la soutenabilité à partir d'une logique purement budgétaire. Il y a aussi ceux qui analysent le problème du côté des marchés financiers et investisseurs. Enfin, certains privilégient d'aborder la soutenabilité en mettant en valeur les richesses de l'Etat. Dans cette optique, nous analyserons d'une part les effetsd'une dette soutenable sur la croissance économique sous l'approche de l'évaluation des risques (II.1) et d'autre part, nous examinerons les effets de la viabilité de la dette extérieure sur la croissance économique (II.2).

II.1/ Effets d'une dette soutenable sur la croissance économique : approche par l'évaluation des risques

Le niveau d'investissement qui prévaut dans une économie dépend fortement de son environnement économique, plus il est sain les investisseurs étrangers seront incités à y réaliser les activités, et à l'opposé, plus cet environnement est malsain, moins ces investisseurs y effectueront des investissements (Globerman et Shapiro, 2002). Dans la présente sous-section, nous discuterons de l'influence des investissements directs étrangers ainsi que de la pertinence de la lutte contre la corruption sur la croissance économique.

II.1.1. Risque de défaut souverain et croissance économique

Un défaut partiel ou total de remboursement de la dette publique externe, qu'il soit explicite4(*) ou implicite5(*) est un événement extrême influencé également par la situation financière et politique générale ainsi que par les comportements et attentes des agents. La défaillance peut être inattendue, anticipée ou même auto-générée par les créanciers ; chaque cas a son propre impact spécifique sur l'économie.

Le défaut de paiement est un choix politique du gouvernement qui concilie les coûts du défaut avec ceux de la solvabilité (Gros, 2012 ; Buiter et Rahbari, 2013). Les conséquences économiques d'un défaut de paiement peuvent être graves mais concentrées dans le temps, alors que les avantages de libérer l'économie du fardeau de la dette peuvent se faire sentir avec le temps. Les aspects comportementaux peuvent jouer un rôle en termes de croyance des agents à l'égard de l'efficience passée de la dette, de leurs attentes quant à la viabilité actuelle et de leur niveau de confiance quant aux remboursements futurs de la dette, bien qu'ils ne soient pas toujours considérés comme fondés. En particulier, ils peuvent s'auto-réaliser, ce qui conduit à la défaillance réelle qui aurait pu être évitée autrement.

Ainsi, la relation entre le niveau (ou le taux de croissance) de la dette publique externe, l'augmentation des primes de risque et les attaques spéculatives est de nature douteuse. Certains chercheurs ont souligné que la véritable variable explicative est le montant de la dette extérieure générée par les déficits importants et persistants de la balance courante (Gros, 2012). La dette extérieure est souvent considérée comme l'élément le plus pertinent car elle implique un transfert réel du débiteur vers le pays créancier. Selon Karagol (2002), la dette extérieure agit comme une taxe lorsque la situation de la dette est telle qu'une amélioration de la performance économique du pays endetté a pour effet secondaire un remboursement plus élevé de la dette, ainsi le service de la dette extérieure a un impact négatif à court terme sur la croissance économique.

II.1.2. Dette extérieure et croissance économique : « l'effet de risque de confiance »

La confiance comporte deux éléments tournés vers l'avenir. Les investisseurs financiers estiment que la restriction fiscale réduit la probabilité de défaut futur et exigent une prime de risque plus faible. Le secteur privé national bénéficie d'un taux d'intérêt plus bas et anticipe la baisse de l'évolution future des impôts : les deux stimulent les dépenses. Plus la confiance est élevée, plus le multiplicateur d'assainissement budgétaire est faible. D'autres facteurs qui réduisent le multiplicateur sont liés aux facteurs keynésiens mentionnés plus haut : l'orientation de la politique monétaire6(*) et les gains de compétitivité par la dépréciation du taux de change réel7(*). Enfin, les contraintes financières, une autre caractéristique typiquement keynésienne, inhibent la neutralité ricardienne et amplifient l'impact de la restriction budgétaire sur la demande globale. Il n'est pas surprenant de constater qu'un ensemble aussi riche de facteurs donne des résultats nuancés et, encore une fois, les résultats dépendent de l'état de l'économie et d'autres éléments secondaires (Corsetti et al., 2010).

Dans les cas relativement extrêmes où les tensions budgétaires sont graves et où la politique monétaire est limitée pendant une longue période, le resserrement budgétaire peut même exercer un effet expansionniste. Cela dit, les compressions budgétaires ne sont pas un remède miracle. En effet, toutes nos simulations se caractérisent par une profonde récession, même si un resserrement de la politique budgétaire, dans les conditions susmentionnées, peut stimuler l'activité économique (Corsetti et al., 2010 ; Lane, 2015).

D'autres études appliquées à la zone euro partagent le même ton, bien que la conclusion dominante soit que l'assainissement budgétaire a ralenti la croissance, au moins à court et moyen terme. DeLong et ses collaborateurs (2012) proposent une autre analyse portant sur ce sujet et présentent un nouveau modèle keynésien d'équilibre général en matière d'inflation pour étudier comment les politiques budgétaires influent sur le déficit budgétaire, comment le déficit influe sur les attentes et, par conséquent, comment il influe sur la demande globale à court terme. Ainsi, il ressort que l'engagement de réduire la taille du gouvernement à long terme ou de réduire les impôts futurs sur le travail augmente la demande à court terme et que si des déficits plus élevés déclenchent des attentes d'inflation future plus élevée, ils sont expansionnistes à un taux d'intérêt nul, car cela réduit le taux d'intérêt réel et augmente ensuite la demande (Delong et al., 2012).

Dans cette première sous-section, nous avons montré que l'incertitude est susceptible de réduire la lisibilité de l'environnement économique et par conséquent, empêche les agents économiques à prendre les bonnes décisions qu'il faut au moment opportun. En ce sens, elle détériore la croissance économique. Dans la prochaine sous-section, nous discuterons de la manière dont la viabilité de la dette extérieure influe sur les performances économiques notamment la croissance économique.

II.2/Effets de la viabilité de la dette extérieure sur la croissance économique

Il est communément admis que la viabilité de la dette extérieure est un facteur explicatif des performances macroéconomiques d'un pays. En particulier, celle-ci a un effet positif sur la croissance. Dans le cadre de cette étude, nous analyserons l'influence de la viabilité de l'endettement extérieure sur la croissance à travers le développement financier et l'ouverture commerciale.

II.2.1. Durabilité de la dette extérieure et croissance économique

Outre les liens macroéconomiques entre la dette et la croissance, l'idée que la dette publique peut représenter un fardeau pour le système économique a des origines lointaines dans les finances publiques. Il met l'accent sur qui et comment payer la dette, et avec quelles conséquences sur l'économie. A cet égard, une telle littérature sur les finances publiques est complémentaire et plus détaillée que la littérature macroéconomique explorée jusqu'à présent, et elle est propédeutique par rapport aux développements récents dans l'analyse de la viabilité de la dette.

Une définition officielle de la soutenabilité, fondée sur les principes financiers fondamentaux, stipule que la valeur de l'encours de la dette ne doit pas dépasser la valeur actualisée des excédents primaires prévus actuels et futurs, et l'analyse de la soutenabilité vise à déterminer et à mesurer la capacité d'un gouvernement à respecter ses obligations relatives à la dette. Par conséquent, l'impact du remboursement de la dette sur l'économie, selon différentes stratégies de remboursement, est bien sûr au coeur de cette analyse, qui est à son tour propédeutique pour les analyses de croissance de la dette où la probabilité de défaut est considérée. Cette approche soulève plusieurs problèmes de mise en oeuvre (le choix du taux d'actualisation approprié, de l'horizon temporel et des postes budgétaires), ce qui donne lieu à des jugements controversés, sinon non concluants. C'est pourquoi des critères moins exigeants ont été proposés.

Arnone et Presbitero (2007) ont proposé une approche de " macro-absorption " pour la soutenabilité du fardeau de la dette publique et a classé les indicateurs correspondants en trois catégories : naïf, simple et composite. Les indicateurs naïfs concernent le montant total de la dette et les mesures connexes, telles que le taux d'intérêt et l'échéance ; les indicateurs simples concernent le service de la dette et les ratios correspondants, tandis que les indicateurs composites sont des moyennes pondérées d'indicateurs naïfs et simples et visent à mieux identifier la charge de la dette et l'approche d'un défaut. Dans la même veine, Bohn (1998) proposé une approche similaire et particulièrement pertinente. Elle repose sur la fonction de réaction de la politique budgétaire qui relie le solde primaire, en tant que variable de contrôle, à l'encours de la dette de telle sorte que la dette augmente à un taux inférieur au taux d'intérêt. L'un des principaux mérites de cette approche, est qu'elle permet un " effort fiscal " relativement simple et mesurable qui devrait être constamment supporté par le gouvernement (c'est-à-dire les sujets économiques pertinents) au fil du temps. A cet égard, la composition de l'effort (plus d'impôts contre moins de dépenses) peut importer, comme le suggèrent les études sur les consolidations budgétaires expansionnistes. Toutefois, l'évaluation de la viabilité d'un effort budgétaire donné par le gouvernement n'est pas simplement une question technique, mais elle dépend aussi de l'évaluation politique de ses coûts et avantages, ou des coûts et avantages d'un certain degré de défaillance, ce qui conduit à la littérature de l'économie politique sur la solvabilité/le choix par défaut des gouvernements.

Le fardeau de la dette est habituellement identifié et décrit par certains indicateurs, et les plus courants concernent le service de la dette : le ratio d'intérêt sur la dette, le ratio d'intérêt sur la dette extérieure, le ratio d'intérêt sur la fiscalité ou le ratio d'intérêt sur les exportations. Le montant de la dette extérieure par rapport à l'encours total de la dette est considéré comme une mesure de la charge extérieure, un indicateur pertinent lorsque l'accent est mis sur les créanciers étrangers. Ainsi, le fardeau effectif de la dette publique externe dépend des conditions économiques et que certains principes doivent être respectés afin de le minimiser. L'analyse s'est penchée sur les mesures incitatives dans Meade (1958), qui soutient qu'une réduction de la dette publique intérieure peut améliorer les mesures incitatives économiques, mais qu'il pourrait y avoir un coût si les conditions économiques se dégradent à court terme.

En résumé, le point de vue du fardeau de la dette met en évidence plusieurs canaux par lesquels une dette publique (élevée) peut entraver directement ou indirectement la croissance économique et le développement du pays. En fait, c'est dans cette situation que les pays pauvres très endettés se sont empêtrés et que des initiatives de réduction ou même d'annulation de la dette ont été largement proposées et étudiées au cours des dernières décennies. Ces études sont importantes parce qu'elles renforcent l'avertissement selon lequel les conditions spécifiques jouent un rôle crucial qui peut difficilement être absorbé dans une loi générale.

II.2.2. Efficacité de l'endettement externe et croissance économique

Une contribution importante des finances publiques est que la dette publique doit être évaluée tout au long de sa trajectoire plutôt qu'à un moment précis. En effet, la dette est créée pour une raison ou dans un but précis, par exemple pour financer un investissement public spécifique. Ensuite, ses effets se manifestent au fil du temps, et ces effets doivent être pris en compte dans l'évaluation de la relation entre la dette et la croissance puisqu'ils peuvent, ou non, contribuer au remboursement futur de la dette en fonction des flux de trésorerie directs ou indirects qu'elle génère. Naturellement, la simple mesure du niveau d'endettement à un moment donné peut être non informative ou trompeuse.

Pour être plus précis, supposons que le montant de la dette Dt au moment t est observé. Ainsi, le ratio de la dette au PIB correspondant est dt Dt/Yt. Il faut d'abord reconnaître que ces niveaux d'endettement et de ratio dette/PIB appartiennent aux trajectoires communes (Dt-k, ...., Dt-1), (Yt-k, ...., Yt-1), (dt-k, ...., dt-1) déterminées par la séquence sous-jacente des politiques budgétaires et leurs conséquences sur l'économie. Les valeurs observées Dt et dt peuvent être le résultat d'une trajectoire efficace ou inefficace, alors qu'elles peuvent s'avérer durables ou non durables par la suite. Ainsi, la trajectoire de la dette peut être considérée comme efficiente si l'utilisation de la dette est conforme à son objectif en termes de critères généraux d'efficience économique et si elle n'a aucun effet de distorsion sur l'équité sociale et le bien-être social.

L'efficacité implique la durabilité exante. Toutefois, la dette sur une trajectoire efficiente peut s'avérer insoutenable a posteriori en raison d'événements imprévus. Deux autres scénarios sont possibles : la dette peut être inefficace mais viable, et la dette peut être à la fois inefficace et insoutenable. Ces quatre scénarios ont des implications très différentes en termes de croissance et, ce qui est plus important, le niveau de la dette et le niveau correspondant du ratio de la dette au PIB le long de la trajectoire ne sont pas pertinents en soi. Ce faisant, si la dette est créée en période d'effondrement et remboursée pendant la reprise afin d'égaliser le revenu national sur l'ensemble du cycle économique, l'efficacité et la viabilité (et l'équité intergénérationnelle) sont atteintes. Le profil temporel de la dette peut être très différent selon les conditions spécifiques : théorie du rôle de stabilisation cyclique de la politique budgétaire de Musgrave (1959).

Miller et Modigliani (1961) a plutôt fait remarquer qu'une augmentation de la dette publique (intérieure et extérieure) peut être avantageuse pour la génération actuelle, mais qu'elle impose un fardeau aux générations futures, ce qui entraîne une réduction du stock disponible de capitaux privés, entraînant ainsi une diminution des flux futurs de biens et services. Des conclusions analogues ont été tirées par Bowen et al (1960), selon lesquelles, même si le remboursement du principal de la dette est continuellement retardé, chaque génération actuelle supporte une charge représentée par les impôts utilisés pour payer les intérêts de la dette8(*). Mais, une présomption contre une augmentation de la dette publique peut constituer un frein aux mesures correctives rapides du gouvernement face au déclin de son activité économique (Vickrey, 1961 ; Mishan, 1963).

Un autre thème classique de cette littérature qui mérite d'être mentionné est la soi-disant « règle d'or » des finances publiques (Musgrave, 1964). Cette règle fait l'objet d'une branche de longue date des finances publiques qui n'est pas examinée ici, alors qu'il est important de noter sa place dans les quatre scénarios. Comme chacun le sait, la règle stipule que l'équilibre entre les dépenses courantes et les recettes doit être nul, tandis que la dette publique n'est autorisée que comme moyen de financer les investissements productifs. Ici, les critères d'efficacité et de durabilité sont encore plus transparents. L'investissement productif est réalisé sous la forme de dépenses axées sur l'accroissement de la croissance et l'efficacité exige l'égalité entre le produit marginal et le coût social. La durabilité devrait être garantie par l'égalité entre l'augmentation marginale des recettes due à la croissance supplémentaire et le service de la dette. L'équité réside dans le fait que la génération qui paie la dette bénéficie également d'un niveau de revenu plus élevé.

Dans cette sous-section, nous avons montré que la durabilité et l'efficacité de la dette extérieure sont affectées par l'ampleur de la corruption qui sévit dans un pays et l'absence de l'obligation de rendre compte à l'autorité hiérarchique. Les effets conjugués de ces facteurs ternissent les indicateurs de performance économique en occurrence la croissance économique.

CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous avons analysé des déterminants de la croissance économique en nous focalisant sur la dimension monétaire appréhendée ici par la dette extérieure. A cet effet, nous avons montré que la qualité de gestion de la dette extérieure est une source importante d'attractivité qui vient renforcer les atouts économiques d'un pays. Elle se présente comme un bouclier, une sorte de garantie que des chocs autres qu'économiques ne viendront pas entraver le bon déroulement des activités des investisseurs (Henisz et Williamson, 1999 ; Henisz, 2000). Cette condition est importante parce que les agents disposent d'une meilleure information sur la situation économique et peuvent par conséquent faire des anticipations adéquates. En revanche, il est plus difficile de prévoir le comportement futur des dirigeants et la réaction des agents économiques face à ce changement. De ce fait, une bonne gestion de la solvabilité de la dette extérieure (maitrise du service et du stock de la dette extérieure) et une bonne gestion de la soutenabilité de la dette extérieure (évaluation des risques et viabilité de la dette extérieure) sont indispensables pour encourager l'accroissement des performances économiques. Toutefois, les nombreuses ambiguïtés soulevées tout au long de ce chapitre nous amènent à pousser cette analyse encore plus loin en cherchant à déterminer empiriquement lesquels des différents éléments développés théoriquement sont réellement adaptés au continent africain en sa partie subsaharienne: tel est l'objectif du chapitre suivant.

CHAPITRE II :

ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

INTRODUCTION

Dans le chapitre précédent, nous avons analysé le lien théorique entre la dette extérieure et la croissance économique. Malgré des ambiguïtés non moins pertinentes relevées, nous avons effectivement montré que l'influence de la dette extérieure et la croissance économique n'est pas une utopie. Toutefois, ses dimensions n'auraient pas les mêmes effets dans tous les contextes. Il est alors indispensable d'identifier parmi celles-ci, les plus pertinentes dans le cas des pays d'Afrique subsaharienne. En ce sens, il existe déjà quelques travaux sur cette problématique avec des résultats assez mitigés. Pattillo, Poirson et Ricci (2002) ont montré par exemple, que la dette extérieure est efficace sur la croissance économique jusqu'à un seuil évalué à 40% du PIB ceci sur un panel de 17 pays à revenu intermédiaire. Un résultat similaire avait déjà été obtenu par Nguyen, Clements et Bhattacharya (2003) lorsqu'ils analysaient l'impact de la dette extérieure sur la croissance de 55 pays à faible revenu. Ces auteurs parviennent au résultat selon lequel le surplomb de la dette est compris entre 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de l'exportation au-delà de ce seuil, la dette extérieure constitue un frein pour la croissance économique ; par contre une augmentation de 1 point de l'investissement public agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2 point. En revanche, Eichengreen et Portes (1985) et -Kumar et Woo (2010) n'ont pas pu trouver de lien significatif entre l'endettement extérieur et la croissance économique. C'est donc cette absence de consensus qui nous amène à effectuer une nouvelle évaluation empirique en nous recentrant sur les pays d'Afrique Subsaharienne.

Pour ce faire, nous utiliserons principalement les données de la CNUCED pour les IDE, des World Development Indicators (WDI 2018) pour les variables macroéconomiques. Les données sur la dette extérieure sont disponibles de 1986 à 2017, mais ce n'est qu'à partir de 2002 qu'elles sont devenues presque continues. Compte tenu de cette contrainte, notre période d'étude s'étend de 2002 à 2017. Notre champ d'études quant à lui couvre l'Afrique subsaharienne. Toutefois, à cause de la non-disponibilité des données pour certains pays, nous avons dû les retirer de notre échantillon. En fin de compte, celui-ci se compose de 32 pays et les pays ayant été retirés sont : le Djibouti, l'Erythrée, l'Eswatini, le Lesotho, le Liberia, Sao Tomé et Principe, les Seychelles, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, la Zambieet le Zimbabwe.

L'objectif du présent chapitre étant d'identifier empiriquement les indicateurs de la dette extérieure qui améliorent la croissance économique en Afrique subsaharienne, il sera organisé tel qu'il suit : dans la première section, nous effectuerons une analyse descriptive; dans la seconde section, nous ferons recours aux méthodes économétriques pour déterminer les indicateurs de la dette extérieure pertinents pour les pays d'Afrique subsaharienne.

SECTION I : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ANALYSE DESCRIPTIVE

L'évolution de la croissance économique en Afrique subsaharienne a connué une progression non moins négligeable même si celle-ci reste encore inférieure à celle des autres régions dans le monde. Si l'on se réfère aux 10 premiers forts9(*) et aux 10 derniers faibles10(*) taux de croissance, on notera qu'il existe cependant de grandes disparités entre ces deux sous-groupes. En effet, le premier groupe a 4,29 % par an au cours de la période 2002-2017 contre 0,50 % pour le second groupe. En outre, il semble exister une plus grande disparité dans la répartition des taux de croissance dans le second groupe comparativement au premier. A titre illustratif, pour une moyenne de 4,29 % par an, l'écart-type dans le premier groupe n'est que de 0,90, tandis que dans le second groupe, il est de 0,85 pour une moyenne de 0,50 %. Dans cette catégorie, la RCA a connue des taux de croissance négatifs au cours de 2002-2017, soit -0,82 % contre 1,46 % pour la cote d'ivoire. Dans l'optique d'expliquer ces disparités, cette section présentera l'influencede la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne d'une part (I.1) et celle de la soutenabilité de la dette extérieure d'autre part d'autre part (I.2).

I.1/ L'influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne

Afin de déterminer l'influence potentielle de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne, nous nous focaliserons sur l'évolution de l'indicateur du service de la dette extérieure et sur celle du stock de la dette extérieure. A cet effet, nous distinguerons deux cas : celui des 10 plus forts taux de croissance et celui des 10 plus faibles taux de croissance en Afrique subsaharienne.

I.1.1. Solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus forts taux de croissance

Le service de la dette extérieure est très élevé dans ce premier groupe de pays au cours de la période 2002-2017 puisqu'il a été en moyenne de0,934milliards de dollar. Pour être plus précis, on note que celui-ci a même augmenté pour l'ensemble de ces pays. En effet, cet indicateur est de1,34 milliards de dollars ;1,75 milliards de dollars et1,63 milliards de dollarsen 2015, 2016 et 2017 contre0,37 milliards de dollars ; 0,41 milliards de dollars et 0,44milliards de dollars pour les années 2002, 2003 et 2004 respectivement. Toutefois, notons qu'il existe des divergences assez non négligeables si l'on s'en tient aux performances des uns et des autres. Le service de la dette extérieure pour l'Ethiopie (pays ayant le plus fort taux de croissant en Afrique subsaharienne avec 6,37 % en moyenne) a été de 0,42 milliards de dollars  contre 0,115 milliards de dollars  pour le Tchad qui n'est que dixième destination avec 3,54 % de taux de croissance en moyenne. En outre, un seul des 10 pays semble avoir fait de grands efforts afin de réduire sa dette extérieure, il s'agit de l'Angola qui a obtenu une performance moyenne de 3,73 milliards de dollars. Toutefois, notons que ce pays n'a pas été constant puisqu'il a connu un relâchement au cours des dernières années. En effet, de 2002 à 2007, l'Angola a connu des notes croissantes en la matière et celles-ci sont devenues décroissantes depuis 2008.

Graphique 2.1 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonctionde la croissance économique (Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Le stock de la dette extérieure dans les 10 pays ayant leplus forts taux de croissance a été particulièrement élevé au cours de la période 2002-2017. Toutefois, ces pays ont été moins mauvais en la matière comparativement à la lutte contre la pauvreté puisque l'indicateur du stock de la dette extérieure y a été de 9,32 milliards de dollars contre 0,93 milliards de dollars pour le service de la dette extérieure. De même, si l'on note une baisse considérable du stock de la dette extérieure entre 2002 et 2012, celle-ci n'a cessé d'augmenter depuis 2013. En effet, pour la première sous-période, le stock de la dette extérieure a été de 11 milliards de dollars en moyenne contre 14,96 milliards de dollars pour la deuxième sous-période. En outre, la baisse du stock de la dette extérieure n'a pas connue la même tendance dans tous ces pays. Les pays tels que le Nigeria (23,9 milliards de dollars), l'Angola (19,14 milliards de dollars), le Ghana (11,51 milliards de dollars) ont été particulièrement mauvais tandis que les pays comme le Rwanda (1,5 milliards de dollars) et le Tchad (2,25 milliards de dollars) ont fait des efforts remarquables. Toutefois, la « palme d'or » revient à la Sierra Leone qui a obtenue une note moyenne de 1,3 milliards de dollars.

Graphique 2.2 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieure en fonction de la croissance économique (Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

I.1.2. Solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus faibles taux de croissance

La gestion du service de la dette extérieure reste un sérieux problème dans les pays qui n'ont bénéficié des initiatives PPTE en Afrique Subsaharienne ces dernières années. Le contrôle de cet indicateur a été encore plus laborieux dans cette catégorie comparativement à la précédente. Au cours de la période 2002-2017, le service de la dette extérieure a été en moyenne de 0,195milliards de dollars pour l'ensemble de ces pays. En outre, les pays ayant les plus faibles taux de croissance dans cette catégorie et donc en Afrique, sont pour la plupart ceux qui ont également connu les plus mauvaises performances en matière de gestion du service de la dette extérieure. A titre illustratif, la RCA qui est le pays où la volatilité des taux de croissance est la plus faible a obtenu le pire score soit 0,02milliards de dollars. De même, le Togo (5e), la Gambie (7e) et le Burundi (9e) ont obtenu les scores de 0,049 milliards de dollars; 0,029 milliards de dollars et 0,028 milliards de dollars respectivement. Cependant, la Cote d'ivoire avec un score de 0,866 est le seul pays dans cette catégorie où la gestion du service de la dette extérieure a été assez efficace. Même s'il est classé parmi les 10 derniers pays ayant les plus faibles taux de croissance en Afrique Subsaharienne, notons toutefois, que les taux de croissance n'ont cessé de progresser dans ce pays. Les flux nets des taux de croissance sont partis de -3,51% en 2002 à environ 8,001% en 2012.

Graphique 2.3 : Evolution de l'indicateur du service de la dette extérieure en fonction croissance économique (Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Contrairement à ce qui fut observé dans la première catégorie, la gestion du stock de la dette extérieure a été encore plus mauvaise que celle du service de la dette extérieure dans la deuxième catégorie. En effet, le score moyen de l'indicateur du stock de la dette extérieure a été de 3,51milliards de dollars contre 0,19 milliards de dollars pour le service de la dette extérieure. On observe également que les pays qui ont les plus faibles taux de croissance sont ceux où le stock de la dette extérieure est particulièrement élevé. Il s'agit de la Cote d'ivoire (12,15milliards de dollars) ; de la République du Congo (8,59milliards de dollars) ; du Gabon (3,86milliards de dollars) et du Mali (2,95milliards de dollars). Même s'il a été moins bon en matière de stock qu'en matière de service de la dette extérieure, la Gambie avec un score de 0,58 milliards de dollars reste tout de même le pays plus performant.

Graphique 2.4 : Evolution de l'indicateur du stock de la dette extérieure en fonction de la croissance économique(Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

D'après ce qui précède, il semble effectivement que la solvabilité de la dette extérieure puisse justifier les différences des taux de croissance autant entre les deux groupes de pays qu'entre les pays appartenant à la même catégorie. En général, les pays où la solvabilité de la dette extérieure a été meilleure, toute chose restant égale par ailleurs, ont obtenu relativement des forts taux. Dès lors, il est à présent opportun de déterminer l'influence la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne.

I.2/ L'influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne

Dans cette sous-section, nous continuons à suivre l'évolution de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne au cours de la période 2002-2017 mais en changeant de dimension. Afin de capter l'influence potentiellede la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne, nous centrerons notre analyse sur l'évolution de l'indicateur d'APD. Tout comme dans la première partie, nous distinguerons le cas  des 10 premiers pays ayant les plus forts taux de croissance et celui des 10 derniers plus faibles taux de croissance en Afrique subsaharienne.

I.2.1. Soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus forts taux de croissance

La soutenabilité de la dette extérieure captée ici par l'APD est encore plus efficace que la solvabilité de la dette extérieure présentée précédemment. En effet, l'indicateur de l'APD pour l'ensemble des 10 plus fort taux de croissance en Afrique Subsaharienne a été en moyenne de 1,32 milliards de dollars au cours de la période 2002-2017. L'Ethiopie (2,89 milliards de dollars), le Nigéria (2,64 milliards de dollars), le Mozambique (1,805 milliards de dollars) et le Ghana (1,35 milliards de dollars) sont les pays où cet indicateur a été particulièrement élevé. Paradoxalement, ces pays ont reçu environ 54,78% des APD destinés à ce groupe de pays pour toute la période, soit 2,28 milliards de dollars. En revanche, les pays qui ont reçu moins d'APD sont l'Angola, l'ile Maurice, la Sierra Leone et le Tchad. Ce dernier est même le seul pays dans cette catégorie à avoir obtenu un APD plus faible soit 0,42 milliards de dollars.

Graphique 2.5 : Evolution de l'indicateur APD en fonction de la croissance économique(Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

I.2.2. Soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus faibles taux de croissance

Les pays qui ont reçu moins d'APD en Afrique Subsaharienne ont été relativement plus stables que les premiers bénéficiaires. En effet, bien qu'il soit positif, le score de l'indicateur d'APD y a été de 0,446 milliards de dollars contre 1,32 milliards de dollars dans la première catégorie. Néanmoins, la Gambie et le Gabon qui sont deux des cinq dernières destinations des APD en Afrique Subsaharienne, ont obtenu les plus mauvais scores pour cette catégorie, soient 0,096 milliards de dollars et 0,064 milliards de dollars. En revanche, le Mali qui est le pays dans cette catégorie qui reçoit le plus d'APD a obtenu le meilleur score qui s'avère être le plus élevé dans tous les deux groupes, soit 0,96 milliards de dollars. D'autres pays à l'instar de la Cote d'ivoire (0,91 milliards de dollars) et le Niger (0,65 milliards de dollars) ont également obtenu des performances encourageantes.

Graphique2.6 : Evolution de l'indicateur APDen fonction de la croissance économique(Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

La soutenabilité de la dette extérieure présente plus de résultats mitigés que la solvabilité de la dette extérieure. En effet, les 10 premières destinations se sont avérées moins stables que les 10 dernières. Toutefois, il apparaît que dans la dernière catégorie, les pays qui ont reçu plus d'IDE sont également ceux qui ont été les plus stables. Dès lors, à partir de cette analyse descriptive, il apparaît effectivement que la solvabilité et la soutenabilité de la dette extérieure exercent une influence sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne. Dans le soucis d'obtenir des résultats plus pertinents, nous ferons recours dans la prochaine section de ce chapitre à des outils d'analyse plus sophistiqués notamment l'économétrie.

SECTION II : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE, APPROCHE ECONOMETRIQUE

Dans la section précédente, en nous basant sur une analyse descriptive, nous avons pu montrer que la dette extérieure, à travers sa solvabilité et sa soutenabilité, exerce une influence sur la croissance économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, nous avons considéré deux sous-groupes constitués des 10 premiers pays ayant les plus forts taux de croissance et des 10 derniers pays bénéficiaires des plus faiblestaux de croissance de l'Afrique subsaharienne. Aussi, nous avons observé dans l'ensemble que le premier groupe présentait une meilleure solvabilité de la dette extérieure par rapport au second, tandis que la soutenabilité de la dette extérieure a été relativement meilleure dans le second groupe. Nous avons également relevé quelques paradoxes à l'intérieur de chaque groupe où un pays comme l'Ethiopie par exemple est le pays ayant le taux de croissance le plus élevé de l'Afrique Subsaharienne malgré de mauvaises performances comparativement aux autres pays. Si tant est qu'une influence potentielle ait été reconnue à la dette extérieure, il n'en reste pas moins que l'analyse descriptive ne nous a pas permis de déterminer avec sérénité les indicateurs de la dette extérieure qui amélioreraient le plus la croissance économique en Afrique subsaharienne. C'est donc pour pallier ce défaut que nous ferons recours à un outil d'analyse plus sophistiqué à savoir l'économétrie. Pour ce faire, nous commencerons par présenter dans un premier temps notre démarche méthodologique (II.1), puis nous présenterons nos principaux résultats et interprétations dans un second temps (II.2).

II.1/ Démarche méthodologique

Dans cette sous-section, nous commencerons d'une part, par la présentation du modèle retenu et celle des variables et d'autre part, nous présenterons la méthode d'estimation privilégiée dans le cadre de cette étude.

II.1.1. Modèle et présentation des variables

Dans ce premier volet, nous allons d'abord justifier le choix du modèle économétrique et ensuite, présenter nos différentes variables.

a) Choix du modèle économétrique 

En nous inspirant des travaux de -Erberhardt et Presbitero (2015) sur la relation dette extérieure et croissance économique à travers le canal des investissements, nous avons opté pour une modélisation en panel dynamique. L'un des avantages des données de panel est la prise en compte de caractéristiques inobservables propres aux individus et/ou aux périodes étudiées au cours du temps. En outre, compte tenu du déficit budgétaire que doivent supporter les Etats lorsque leur budget ne couvre pas leur dépense, il est plus logique de croire que ceux-ci choisissent la dette extérieure comme moyen leur permettant d'atteindre leur objectif de développement. Ainsi, lorsque la dette extérieure n'est pas très élevée, elle encourage la croissance économique et stabilise le secteur financier mais au-delà d'un certain seuil, l'augmentation de la dette peut avoir des impacts négatifs sur l'économie. En fin de compte, la spécification de notre modèle est la suivante :

(1)

est le vecteur des indicateurs de la dette extérieure, le vecteur des autres variables macroéconomiques,l'effet spécifique fixe ou aléatoire du pays, le terme d'erreur.

représentent respectivement les pays et les années.

Plus spécifiquement on a :

b) Présentations des variables

Les variables utilisées dans le cadre de cette étude ainsi que leurs définitions sont consignées dans le tableau ci-après. Il s'agit principalement des variables qui influencent fortement la croissance économique d'un pays en occurrence le capital physique, le capital humain, la technologie (Kaldor,1934); des déterminants de la dette extérieures (Banque mondiale, 2018), et des autres déterminants macroéconomiques, mais aussi de certaines variables muettes que nous avons générées pour capter des phénomènes tels que le niveau de développement des Etats, l'héritage colonial, etc.

Tableau 2.1 : Listes des variables (Partie I)

Variables

Abréviations

Définitions

Sources

Service de Dette Extérieure

SEDE

Mesuré la somme versée annuellement par un pays pour rembourser le capital emprunté et les intérêts.

WDI 2018

Stock de Dette Extérieure

STDE

Mesuré la somme des déficits accumulés au fil du temps par un pays.

WDI 2018

Aide Publique au Développement

APD

Mesure l'ensemble des dons et des prêts a conditions très favorables, accordes par des organismes publics aux pays et aux territoires figurant sur la liste des bénéficiaires du comites d'aide au développement de l'organisation de coopération et de développement économique(OCDE)

WDI 2018

Investissement direct étranger

IDE

Mesuré par les flux nets entrants des IDE en pourcentage du PIB

CNUCED 2018

Balance commercial

BC

Différence entre les valeurs des exportations et des importations des biens et services.

WDI 2018

Formation brute de capital fixe

FBCF

qui inclut l'investissement public et privé, déduction faite des investissements directs étrangers, pris en pourcentage du produit intérieur brut. L'impact de cette variable est ici considéré comme une approximation de l'effet de l'intensité capitalistique globale sur la productivité par tête. Son signe devrait être évidemment positif.

WDI 2018

Inflation

INF

Elle est mesurée par l'Indice de Prix à la Consommation (IPCS)

WDI 2018

Taux de change effectif réel

TC

Le taux de change effectif réel est le taux de change effectif nominal (une mesure de la valeur d'une monnaie par rapport à une moyenne pondérée de plusieurs monnaies étrangères) divisé par un déflateur des prix ou un indice des coûts.

WDI 2018

Capital humain

EP

Cette variable est importante en ce sens qu'elle permet d'évaluer la productivité des salariés. Dans cette partie, le capital humain sera mesuré par le taux brut de scolarisation du primaire.

WDI 2018

Infrastructures

INT

Dans cette partie, les infrastructures seront mesurées par le taux d'utilisation d'internet pour 100 personnes (Internet).

WDI 2018

Population active

PA

Indique le taux de participation sur le marché du travail. Il est mesure la production des biens et services au cours d'une période généralement un an.

WDI 2018

Ressources naturelles

RN

Les pays africains sont majoritairement riches en ressources naturelles. Cette variable sera mesurée par les rentes totales des ressources naturelles (pétrole, gaz, bois, minerais, etc.) en pourcentage du PIB.

WDI 2018

Maîtrise de la corruption

MC

Mesure le degré d'utilisation de l'autorité publique à des fins d'enrichissement personnel. Cet indicateur prend des valeurs comprises entre -2,5 et +2,5.

WGI 2018

Efficacité gouvernementale

EG

Mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son indépendance vis-à-vis des pressions politiques, et la crédibilité de l'engagement du gouvernement à l'égard de ces politiques. cet indicateur prend les valeurs comprises entre -2,5 et +2,5.

WGI 2018

Anglophone

 

Il s'agit d'une variable muette qui prend la valeur 1 si le pays a été colonisé par le Royaume-Uni et 0 sinon.

 

Variables muettes temporelles

 

Elles permettront de capter les chocs conjoncturels améliorant ainsi la qualité des estimations.

 

Source : Auteur

II.1.2. Méthode d'estimation

 Dans ce deuxième volet, nous présenterons d'abord le principe de l'estimation et par la suite, nous passerons en revue les principaux tests de robustesse.

a) Principe de l'estimation

La modélisation sous forme de panel dynamique entraîne le problème d'endogenéité. En général, ce problème peut résulter de l'omission de variables explicatives pertinentes dans la spécification du modèle ; de la simultanéité qui apparaît lorsque la variable dépendante et certaines variables explicatives sont déterminées en « même temps », ou encore des erreurs de mesures sur les variables indépendantes et/ou de la variable dépendante. Dans le cas particulier de notre étude, la méthodologie relative au calcul des indicateurs de la dette extérieure peut être sujette à des limites et de ce fait conduire à des erreurs de mesure. Dès lors, l'hypothèse d'exogénéité des indicateurs de la dette extérieure peut ne plus être vérifiée.

De plus, la spécification en panel dynamique nécessite que soit introduite, parmi les variables explicatives, la variable dépendante retardée d'au moins une période. La présence de celle-ci dans le membre de droite de nos équations entraîne automatiquement le biais d'endogenéité. Dès lors, l'utilisation des méthodes traditionnelles notamment celle des MCO n'est plus adéquate puisqu'elle donne des estimateurs biaisés et non convergents à cause de la corrélation entre la variable endogène retardée et le terme d'erreur, lorsque les résidus sont autorégressifs. Il nous faut donc recourir à des méthodes d'estimation plus performantes en l'occurrence la méthode des moments généralisés (GMM) développée par Holtz-Eakin et al. (1988) et Arellano et Bond (1991). A cet effet, Arellano et Bond (1991) proposent de passer l'équation de référence (1) en différences premières permettant ainsi d'éliminer l'effet spécifique aux pays.

(3)

Cependant, ce passage soulève un nouveau problème puisque la variable dépendante retardée est par construction corrélée avec le terme d'erreur. Pour apporter une solution à ce problème, les auteurs postulent deux hypothèses à savoir l'absence d'autocorrélation des termes d'erreurs ainsi que la faible exogénéité des variables explicatives (les variables explicatives sont non corrélées avec les réalisations futures des termes d'erreurs). Dès lors, Arellano et Bond (1991) proposent les conditions des moments suivantes :

Les conditions (4) (5) et (6) soulignent l'absence de corrélation entre les variables explicatives retardées ainsi que les variables endogènes retardées avec les variations du terme d'erreur. De ce fait, les conditions (4) (5) et (6) permettent l'utilisation des variables retardées en niveau comme instruments pour estimer l'équation (3).

Cette méthode bien que procurant des résultats plus précis que les techniques usuelles, présente néanmoins quelques limites, car l'utilisation des variables retardées en niveau comme instruments n'est pas toujours adéquate. En effet, Blundell et Bond (1998) ont montré que, sur de petits échantillons, les coefficients pouvaient être sérieusement biaisés si les variables explicatives en niveau présentent une forte corrélation. Aussi, l'approche qui sera privilégiée dans le cadre de cette étude, est l'estimateur GMM en systèmes d'Arellano-Bover (1995)/Blundell-Bond (1998). Elle consiste à combiner pour chaque période l'équation en différence première avec celle en niveau. Dans l'équation en différence première, les variables sont alors instrumentées par leurs valeurs en niveau retardées d'au moins une période. En revanche, dans l'équation en niveau, les variables sont instrumentées par leurs différences premières (Jeanneney, Guillaumont et Kangni, 2006).

b)Principaux tests de robustesse

Afin de tester la robustesse de notre modèle, nous effectuerons deux tests. Le premier est le test de suridentification de Sargan/Hansen. Il permet de tester la validité des variables retardées comme instruments. Il sera concluant si l'on ne parvient pas à rejeter l'hypothèse nulle au seuil de 10%. Nous privilégierons le test de Hansen au test de Sargan, car il est robuste en présence d'hétéroscédasticité sur les résidus. Le second est le test d'autocorrélation de second ordre d'Arellano et Bond. Il sera concluant si l'hypothèse nulle (absence d'autocorrélation des termes d'erreurs en différence première à l'ordre 2) ne peut être rejetée au seuil de 10%.

II.2/ Résultats et Interprétations

Cette seconde sous-section s'articulera autour de deux principaux points. Dans un premier temps, nous présenterons les principaux résultats issus de nos estimations. Dans un second temps, il sera question pour nous d'apporter une signification économique à ces différents résultats.

II.2.1. Résultats des estimations

Afin de déterminer quels sont les indicateurs de la dette extérieure susceptibles d'améliorer la croissance en ASS, nous avons eu recours à l'estimateur GMM en système d'Arellano et Bover (1995)/Blundell et Bond (1998). Ainsi, nous avons effectué quatre régressions pour parvenir à notre fin. Dans la première estimation (modèle 1), nous avons voulu isoler l'influence des seuls indicateurs de la dette extérieure sur la croissance économique, tandis que des variables macroéconomiques (déterminants traditionnels de la croissance économique) ont été ajoutées dans le modèle pour la deuxième estimation (modèle 2). En ce qui concerne les deux dernières estimations, il a surtout été question de tenir compte du contexte économique de ces dernières années, notamment la fin des initiatives PPTE qui ont débuté en 1994 et se sont achevées en 2012. Ainsi, dans la troisième régression (modèle 3), nous avons cherché à déterminer l'influence de la dette extérieure sur la période 2002-2012. Enfin, la dernière estimation (modèle 4) a porté sur la période 2013-2017 au cours de laquelle l'économie mondiale a retrouvé peu à peu son dynamisme. Le tableau n°2 fait une présentationsynthétique de nos principaux résultats.

Tableau 2.2 : Présentation des résultats des estimations (Partie I)

Variables

(1)

Afrique Subsaharienne (2002-2017)

(2)

Afrique Subsaharienne (2002-2017)

(3)

Afrique Subsaharienne (2002-2012)

(4)

Afrique Subsaharienne (2013-2017)

PIB (retardée)

0.00521

-0.0377

0.000825

-0.0319**

 

(0.0499)

(0.0222)

(0.0269)

(0.0143)

Stock de dette extérieure(Log)

10.83***

1.559*

1.029***

0.964*

 

(3.184)

(0.815)

(0.357)

(0.556)

IDE (Log)

1.565***

0.0241

0.0490

0.0188

 

(0.306)

(0.153)

(0.280)

(0.0738)

Balance commerciale

0.0469*

(0.0235)

0.0365***

(0.00886)

0.0298**

(0.0123)

0.0452***

(0.00956)

Aide Publique au développement (Log)

-2.515***

0.00841

-0.00330

0.0416

 

(0.870)

(0.391)

(0.268)

(0.554)

Service de la dette extérieure (Log)

-5.562***

-0.643*

-0.567**

-0.573**

 

(1.814)

(0.346)

(0.207)

(0.241)

Capital Humain (Education (log))

 

-2.366

0.905

 
 
 

(2.636)

(1.331)

 

Infrastructures (Internet)

 

-0.0208

-0.0621

-0.0430

 
 

(0.0312)

(0.0730)

(0.0359)

Population Active (Log)

 

-1.036

-0.521

-0.912

 
 

(1.070)

(0.574)

(1.039)

Inflation (Log)

 

0.451

-0.0896

0.155

 
 

(0.409)

(0.332)

(0.287)

Formation Brute de capital fixe

 

0.778**

 

0.669**

 
 

(0.361)

 

(0.320)

Taux de change fixe

 

-0.356

0.274

0.0617

 
 

(0.450)

(0.651)

(0.476)

Ressources Naturelles (Log)

 

-0.163

(0.219)

-0.322

(0.349)

-0.00801

(0.156)

Dépenses de consommation finale

 

1.116***

1.169***

1.088***

 
 

(0.0739)

(0.0665)

(0.0955)

Maîtrise de la corruption

 

1.120

0.811

0.190

 
 

(1.035)

(1.969)

(0.835)

Efficacité des Pouvoirs Politiques

 

-2.206*

-0.355

-0.308

 
 

(1.132)

(1.592)

(1.662)

Anglophone

(Ressource Naturelles)*(PMA)

(Ressource Naturelles)*(Non PMA)

-3.635*

(2.010)

0.0522

(0.0495)

-0.150**

(0.0718)

-0.706

(0.871)

-0.0468

(0.0330)

-0.0415

(0.0426)

0.745

(1.925)

0.0364

(0.0267)

0.0335

(0.0398)

-0.241

(0.466)

-0.00664

(0.0239)

-0.0363

(0.0314)

(Maitrise de la Corruption)*(PMA)

3.425*

(1.813)

-1.398

(1.285)

0.738

(1.812)

0.122

(0.446)

Variables muettes temporelles

Oui

Oui

Oui

Oui

Terme Constant

-71.48**

(29.23)

-11.65

(15.37)

-9.082

(14.24)

-10.92

(8.203)

Observations

387

183

149

321

Nombre de Pays

38

32

31

36

Fisher (p-value)

4,20 (0,000)

154,6 (0,000)

142,2 (0,000)

342,4 (0,000)

Hansen test (p-value)

5,52 (0,356)

5,21 (0,877)

3,96 (0,682)

7,28 (0,401)

AR (1) (p-value)

-2,84 (0,004)

-1,73 (0,083)

-3,15 (0,002)

-2, 66 (0,008)

AR (2) (p-value)

-0,59 (0,554)

0,46 (0,64)

0,32 (0,748)

-0,81 (0,416)

Notes : les valeurs entre parenthèses correspondent à l'écart-type corrigé de l'hétéroscédasticité. *** p<0,01 significatif à 1%, ** p<0,05 significatif à 5%, * p<0,1 significatif à 10%.

Source : Auteur, estimations réalisées à partir des données de la Banque Mondiale/CNUCED

II.2.2. Interprétations des résultats

Dans l'ensemble, nos résultats sont satisfaisants aussi bien sur le plan économétrique que sur le plan économique. Sur le plan économétrique, le test de Fisher nous permet de conclure que nos 4 modèles sont globalement et fortement significatifs. En effet, la p-value associée à cette statistique (Prob > F =0,000) est inférieure au seuil de 1% pour toutes les 4 estimations. En outre, le test de Hansen dont la p-value est supérieure au seuil de 10%, est concluant pour tous les modèles ne permettant pas de rejeter l'hypothèse nulle et donc la validité de nos instruments. Enfin, le test AR (2) est également satisfaisant puisque la p-value supérieure au seuil de 10% ne permet pas non plus de rejeter l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation de second ordre des résidus dans les 4 estimations. Les résultats de nos estimations sont donc robustes d'autant plus que les écarts-types ont également été corrigés de l'hétéroscédasticité.

Sur le plan théorique également, nos résultats sont pour la plupart conformes aux travaux antérieurs, aussi bien pour les indicateurs de la dette extérieure que pour les déterminants traditionnels de la croissance économique. En particulier, en ce qui concerne la dette extérieure, nous avons établi que les indicateurs relatifs au stock de la dette extérieure, les IDE et la balance commerciale permettent de relancer la croissance économique en Afrique subsaharienne. Les coefficients associés au stock de la dette extérieure sont tous positifs dans les quatre modèles. Ils sont même significatifs au seuil de 1% dans la première estimation, 10% pour la deuxième et 1% troisième estimations. Ce résultat est similaire à celui de Cecchetti, Mohanty et Zampoli (2001) qui a étudié la relation entre la dette extérieure et la croissance économique de 18 pays de l'OCDE sur la période 1980-2005. Ils ontmontré à partir d'un modelé en coupe transversale, que si le stock de dette extérieure n'est pas très élevé. Il encourage la croissance économique et stabilise le secteur financier mais au de-là d'un seuil, l'augmentation de dette privée peut avoir des impacts négatifs. Ce faisant, les Etats d'ASS gagneraient à accroître leurs efforts en matière de gestion du stock de la dette extérieure puisque cela leur permettra alors de bénéficier davantage de capitaux étrangers.

Tout comme les IDE, la balance commercialeapparaît comme une source importante de relancer de la croissance économique. En effet, les résultats des estimations établissent une relation positive entre cet indicateur et la croissance économique dans la mesure où tous les coefficients qui lui sont associés sont positifs. Cette relation est même significative au seuil de 10% dans la première régression, au seuil de 1% dans la seconde et 5% dans troisième régressions.Ce résultat n'est pas nouveau puisque Cohen (1993) sur un échantillon de 77 pays en développement avait montré qu'un flux réel de transferts nets affecte la croissance économique, particulièrement en Afrique subsaharienne.

Nos résultats permettent d'établir un lien négatif entre la croissance économique et le service de la dette extérieure. Ce lien est particulièrement important au cours de la période 2002-2017, puisque significatif au seuil de 1%. Ce résultat se rapproche de celui de Karagol (2002) qui avait établi une relation négative entre le service de la dette extérieure et la croissance économique en Turquie. En effet, L'auteur a utilisé des techniques de co-intégration multi-variées. L'étude montre qu'il existe une relation négative entre la dette extérieure et la croissance économique à long terme. Les résultats du test de causalité de Granger ont montré une causalité unidirectionnelle allant du service de la dette extérieure à la croissance économique.

Nos résultats mettent en avant l'influence négative de l'aide publique au développement sur la croissance économique en Afrique subsaharienne. Ce résultat qui semble au premier abord surprenant n'est cependant pas nouveau puisque Burnside et Dollar (2000) l'avaient déjà établi. En effet, même au niveau macroéconomique, l'aide peut avoir des effets hétérogènes selon les caractéristiques des bénéficiaires, les modalités de l'aide et les motifs des donateurs (Mekasha et Tarp, 2013). Par exemple, l'aide fournie par certaines institutions bilatérales pour des raisons politiques ou commerciales peut être moins efficace (Dreher et al., 2016) et peut être moins sensible au franchissement du seuil IDA. Notre effet relativement important peut s'appliquer à une aide moins politisée. Toutefois, après la fin de la guerre froide, la part de l'aide qui est fortement politisée a sans doute diminué considérablement, les motifs géopolitiques perdant de l'importance par rapport aux préoccupations de développement (Headey, 2008).

La FBCF joue un rôle très important sur la relance de la croissance économique en Afrique subsaharienne. En effet, le coefficient associé à cette variable est positif et significatif au seuil de 5% pour les périodes 2002-2012. Théoriquement, une économie plus ouverte offre davantage de débouchés aux entreprises puisqu'elle leur permet d'accéder aux marchés voisins. Cela correspond aux conclusions de Helpmann (1984) pour le cas de l'IDE vertical. Par ailleurs, la taille du marché mesurée par la FBCF a un effet positif sur la croissance économique. Ainsi, plus la taille du marché augmente, plus les entrepreneurs étrangers sont incités à investir dans le pays. Elle permet de tenir compte des économies d'échelle et de ce fait, les gains escomptés sont similaires à ceux obtenus pour les dépenses de consommation finale. Ces avaient déjà été obtenus par Asiedu (2003) et Anyanwu (2012).

Concernant les indicateurs de la stabilité macroéconomique, nous avons retenu dans le cadre de cette étude le taux de change effectif et l'inflation. En somme, ces indicateurs exercent un effet négatif sur la croissance économique. Ainsi, plus la dette d'un pays augmente, plus les agents économiques peuvent être mis à contribution pour participer à son remboursement. Les investisseurs étrangers peuvent donc subir une augmentation régulière des impôts. Nous avons pu montrer que la relation entre le taux de change et la croissance économique était négative et non significative dans la première estimation mais positive et non significative dans la deuxième. Généralement, la plupart des pays d'ASS ont une balance commerciale déficitaire (Banque Mondiale, 2016b).Lorsque ce déficit se creuse, les Etats sont amenés à définir des politiques contraignantes pour rééquilibrer le solde commercial. Ces mesures peuvent avoir des effets pervers sur la croissance économique. Cela peut justifier la relation négative et non significativeétablie entre le taux de change et la croissance économique dans le cadre de cette étude. L'influence de l'inflation sur notre variable dépendante est mitigée. D'une part, elle a un effet négatif, mais non significatif sur la relance de la croissance économique, ce qui est cohérent avec la littérature. En effet, une forte volatilité des prix augmente le degré d'incertitude dans l'économie, facteur limitant les décisions d'investissement dans l'économie (Atangana-Ondoa, 2013). D'autre part, les résultats des estimations de la troisième régression établissent une relation positive, mais non significative entre l'inflation et la croissance économique. Etant donné que les pays d'ASS sont principalement exportateurs de produits de base dont les prix sont fixés sur le marché international, il est possible que les firmes étrangères gagnent plus d'une augmentation des prix sur le marché local puisque ce sont elles qui fournissent ce marché en produits manufacturiers.

Le capital humain a une influence négative sur la croissance économique en Afrique subsaharienne.Il est également établi dans cette étude une relation négative, mais non significative entre l'éducation et la croissance économique. Mais dans la mesure où nous avons mesuré l'éducation par le taux de scolarisation brut dans le primaire et que celui-ci est sensiblement équivalent pour toutes les régions du monde (Banque Mondiale, 2016b), cette relation négative peut davantage exprimer le fait que cette variable soit un mauvais indicateur du capital humain dans le cadre d'une étude sur la croissance. Aussi, il aurait été préférable d'utiliser les données sur l'éducation dans le secondaire et le tertiaire, mais l'absence de données nous a contraints à privilégier la première variable.

Les ressources naturelles jouent un rôle négatif sur la relance de la croissance économique en Afrique subsaharienne. Ce résultat n'est pas nouveau puisque Asiedu (2006) l'avait déjà établi dans son étude portant sur 22 pays d'Afrique subsaharienne sur la période 1984-2000. De même, Anyanwu (2012) l'a également obtenu cette fois-là à partir d'une approche en coupe transversale sur 53 pays africains. Toutefois, la petite innovation dans notre étude a été de comparer le rôle des ressources naturelles dans les PMA et dans les Non-PMA. Dès lors, nous avons pu montrer que la croissance économique a une préférence révélée pour les Non-PMA que pour les PMA. Ce résultat se justifie par la présence d'infrastructures de Mauvaise qualité dans les PMA. Qui plus est, nous avons établi un lien négatif entre les infrastructures et la relance de la croissance économique. En effet, des infrastructures de mauvaise qualité détériorent la productivité des investissements puisqu'ils permettent d'augmenter les coûts d'exploitation liés à l'implantation des firmes étrangères.

CONCLUSION

La dette extérieure est en général reconnue comme facteur d'amélioration de la croissance économique. Toutefois, il s'agit d'un concept multidimensionnel auquel plusieurs indicateurs sont associés, présentant parfois des effets ambigus sur la croissance économique. Aussi, l'objectif de ce chapitre était d'identifier empiriquement les indicateurs de la dette extérieure qui améliorent la croissance économique dans le contexte d'Afrique Subsaharienne. A partir d'un panel dynamique estimé grâce à la méthode des GMM en système, nous avons pu montrer que le stock de la dette extérieure, la balance commerciale et les IDE permettent de relancer la croissance économique en Afrique subsaharienne. De même, il apparaît également que les dépenses de consommation finale et la FBCF sont des facteurs au moins aussi important que les précédents. Toutefois, les Etats doivent chercher à stabiliser leur environnement macroéconomique en réduisant leur service de la dette extérieure et leur déficit commercial. De même, des investissements doivent être consentis dans les infrastructures et le capital humain notamment dans l'éducation.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L'objectif de cette première partie était d'examiner l'influence de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique subsaharienne sur la période 2002-2017. Pour cela, nous l'avons subdivisée en deux chapitres. Le premier chapitre nous a permis d'analyser cette relation sur le plan théorique en nous intéressant aux dimensions solvabilité et soutenabilité de la dette extérieure. Le second chapitre quant à lui a complété cette première analyse en procédant à une évaluation empirique à travers un modèle en panel dynamique. De ces analyses, il ressort que la dette extérieure sous la dynamique de la soutenabilité et de la solvabilité est une source importante de relance de la croissance économique en Afrique subsaharienne. En effet, elle permet de renforcer les effets des facteurs économiques tels que la présence des ressources naturelles, la taille du marché, etc.

Sur la dimension solvabilité, la gestion du stock de la dette extérieure doit être une priorité puisque sa mauvaise gestion augmente l'incertitude et limite la transparence. En outre, la quantité et la qualité des infrastructures doivent être revues à la hausse, car ils facilitent l'accès aux ressources naturelles. De même, l'amélioration du capital humain est un élément essentiel puisqu'elle dispense les entreprises étrangères de coûts supplémentaires en matière de formation de la main-d'oeuvre locale. Par ailleurs, il a également été relevé l'importance des réformes économiques à travers la libéralisation commerciale. Mais comme cela avait déjà été relevé par Anyanwu (2012),cette étude a également mis en évidence l'existence d'une relation négative entre le service dette extérieure et la croissance économique en Afrique subsaharienne.

Sur la dimension solvabilité, on note que les IDE sontessentiels pour la relance de la croissance économique. Le sous-continent noir a toujours été l'une des régions les plus instables à cause des tensions sociales (guerres civiles, coup d'Etat, etc.). Toutes ces tensions renforcent l'incertitude, empêchant ipso facto les agents économiques d'avoir une bonne lisibilité des politiques futures que les gouvernements souhaiteront mettre en oeuvre. Cependant, il apparaît que les FMN investissent de préférence dans les pays autocratiques que dans les pays politiquement ouverts, sans doute pour forger des relations privilégiées avec les dirigeants (Asiedu et Lien, 2011). En fin de compte, les résultats obtenus sont conformes à la première hypothèse formulée selon laquelle : le stock de la dette extérieure, les IDE et la balance commerciale relancent la croissance économique en Afrique subsaharienne.

DEUXIEME PARTIE :

DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

La stabilité économique est fondamentale pour garantir le développement durable d'un pays. Elle s'appréhende comme un rétablissement des équilibres macroéconomiques (Kaldor, 1934). La stabilité économique désigne donc un mélange d'équilibres intérieur et extérieur, ce qui implique le plein emploi et une croissance économique stable, accompagnée d'une faible inflation et d'une balance des paiements équilibrée. La stabilité économique interne a trait à la façon dont une nation s'assure que les personnes qui veulent et ont la capacité de travailler obtiennent un emploi et que le niveau général des prix reste relativement stable. A cet égard, tout pays qui peut mettre ces deux problèmes (inflation et chômage) au strict minimum aura un système économique interne relativement stable. La stabilité économique externe quant à elle, fait référence à la façon de gérer la relation entre les importations et les exportations d'un pays afin d'atteindre une balance des paiements favorable. Théoriquement, l'objectif est d'atteindre l'équilibre de la balance des paiements, mais pratiquement, le désir de toute nation est d'assurer l'excédent du compte courant (Olueye, 2014).

D'après le rapport de la CEA (2017), l'inflation annuelle a plus que doublé en Afrique entre 2006 et 2016, atteignant 12,4%. Au niveau mondial, l'Afrique tient une hégémonie décennale. En 2016, la moyenne de la région dépassait de loin celle de la planète (3,5%), de l'Inde (4,8%), de la région Amérique latine et Caraïbes (4,2%), des pays émergents et en développement d'Asie (3,3%), des Etats-Unis (2,7%) ou de la Zone Euro (1,7%). En outre, suivant le rapport de l'OIT (2018), les pays de la région du Maghreb détiennent le record des taux de chômage les plus élevés parmi toutes les régions du monde. En 2017 le taux moyen du chômage dans la région était de 11,7%, soit 8,7 millions de chômeurs. Si les chiffres de l'Afrique subsaharienne sont manifestement moins élevés, il faut cependant remarquer que la courbe du chômage dans la région s'est inscrite dans une phase ascendante. En 2017, la région a connu un taux de chômage de 7,2% et ce chiffre devrait monter d'un cran en 2019 pour atteindre 7,3%.

D'après les données de la Banque Mondiale, la situation de la balance des paiements en Afrique semble inquiétante pour garantir un développement économique durable. En effet, au cours de la période 2002-2016, celle-ci a été déficitaire avec en moyenne, un solde commercial de -10,53% du PIB et un solde courant de -7,01% du PIB. Au-delà de ces soldes relativement inquiétants, ce sont les évolutions de ces agrégats qui posent problème. Concernant les déficits commerciaux, on observe qu'ils sont passés de-6,75% du PIB en 2002 à-13,02% du PIB en 2016. Cela correspond donc à une croissance annuelle moyenne de 3,12%. Les déficits courants quant à eux sont passés de -3,23% du PIB en 2002 à -7,67% du PIB en 2016. Ce qui correspond ainsi à un taux de croissance annuelle de 2,95%.

C'est ce constat de la subsistance des déficits intérieurs et des déficits extérieurs observés dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, qui justifie le regain d'intérêt des travaux sur les déterminants des déséquilibres intérieurs et extérieurs. Ceux-ci mettent un accent particulier sur la dette extérieure et c'est d'ailleurs cette approche qui est privilégiée dans ce travail de recherche. Pour ce faire, cette partie sera organisée autour de deux chapitres.

Chapitre 3 : Analyse Théorique de la Relation Dette extérieure et Stabilité Economique

Chapitre 4 : Analyse Empirique de la Relation Dette extérieure et Stabilité Economique en Afrique Subsaharienne

CHAPITRE III :

ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

La stabilité économique est aujourd'hui l'un des points marquants de l'élaboration des politiques économiques. Compte tenu des nombreux effets néfastes associés à la stabilité économique interne (notamment en ce qui concerne l'inflation et le chômage) et la stabilité économique externe (balance commerciale et compte d'ajustement), tous les pays montrent aujourd'hui un intérêt prononcé pour la maîtrise de l'inflation, l'atténuation du chômage et de la balance des paiements. Tout comme les autres grands déséquilibres économiques, l'inflation, le chômage et la balance des paiements résultent de l'écart entre l'offre et la demande. Beaucoup de travaux ont été menés pour identifier les déterminants de l'inflation du chômage et de la balance des paiements. Si ces derniers se sont en majorité focalisés sur les déterminants macroéconomiques (monétaires et réels), nous assistons depuis les années 90 à la prise en compte des facteurs monétaires internationaux relatifs à la dette extérieure.

Que l'on parle des déterminants macroéconomiques, l'inflation, le chômage et de la balance des paiements dans le monde résultent toujours de l'incohérence des politiques économiques. A cet effet,la théorie quantitative de la monnaie établit un lien direct entre la masse monétaire et le niveau général des prix. Selon cette approche, une stimulation monétaire n'a pas d'effets bénéfiques durables sur l'économie, elle ne génère que de l'inflation. Toutefois, cette approche ne fait pas l'unanimité chez les économistes et a été contestée par les keynésiens. Pour Keynes (1936), une hausse de la quantité de monnaie peut avoir un effet direct sur l'économie et le volume de la production. En effet, si les agents économiques ont plus d'argent en leur possession, ils vont le dépenser ou l'investir, ce qui entraine une hausse de la production (c'est-à-dire du PIB) et une baisse du chômage. De plus, les agents économiques peuvent être victimes d'une « illusion nominale », ce qui signifie qu'ils perçoivent mal les effets de l'inflation sur leur pouvoir d'achat (Keynes, 1936).

Il existe deux grandes approches au sujet de l'explication du phénomène du chômage. La première approche est d'essence libérale et stipule que le chômage est « volontaire » et il résulte des défaillances du marché du travail. En d'autres termes, s'il y a chômage, c'est parce que l'offre et la demande de travail ne sont pas équilibrées. Cette théorie s'appuie en effet sur le postulat d'efficience du marché du travail qui postule que le marché s'autorégule automatiquement. La deuxième approche quant à elle, est d'orientation keynésienne qui pense que le chômage est « involontaire » étant donné que le marché du travail est lié aux autres marchés. Selon cette approche, il est possible d'avoir des équilibres de sous-emploi, puisque le niveau de l'emploi ne découle pas du seul marché du travail et de la confrontation entre l'offre et la demande de travail, mais des équilibres qui existent également sur le marché des biens et des services. Dans ce cas, seule l'intervention de l'Etat peut remédier au problème par une politique de relance de la demande (Snowdon et Vane, 2005). Parler de la stabilité des prix et du plein emploi revient donc à se focaliser sur les causes de l'inflation et du chômage.

La balance des paiements est un état statistique qui résume systématiquement, pour une période donnée, les transactions économiques d'une économie avec le reste du monde (Krueger, 1969). Depuis quelques décennies, la question de savoir si la balance des paiements est un phénomène monétaire est une question qui se pose dans la littérature économique monétaire et internationale. Les perspectives sur la question ont été influencées, d'une part, par l'évolution de la théorie monétaire et, d'autre part, par les interprétations de l'histoire monétaire. Bien qu'il existe d'autres théories des ajustements de la balance des paiements, à savoir les élasticités et les approches d'absorption (associées à la théorie keynésienne).

La prise en compte des déterminants monétaires dans l'explication des différences économiques entre les Etats ne cesse de retenir l'attention des économistes depuis les travaux de-Krugman (1988). Dans le présent chapitre, nous adoptons cette approche en nous focalisant sur le rôle de la dette extérieure sur la stabilité économique. En particulier, nous nous intéresserons aux dimensions économique et politique de la gouvernance. A cet effet, ce chapitre sera organisé autour de deux sections : la première section analysera l'influence théorique de la dette extérieure sur la stabilité économique interne ; la deuxième section quant à elle, sera consacrée à la présentation de l'influence théorique de la dette extérieure sur la stabilité économique externe.

SECTION I : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE INTERNE

La stabilité économique interne (stabilité des prix et plein emploi) a longtemps monopolisé l'attention des économistes et des hommes politiques, depuis les écrits majeurs de Kaldor (1934)11(*) et Philips (1958)12(*). Dès lors, l'inflation et le chômage sont considérés comme les indices de premier plan qui permettent d'apprécier l'état de santé d'une économie. A cet effet, dans cette première section, nous commencerons par analyser les effets de la dette extérieure sur l'inflation et par la suite, nous présenterons son influence sur le chômage.

I.1/ Influence théorique de la dette extérieure sur l'inflation

La dette extérieure est un facteur de maîtrise de l'inflation. Sa bonne gestion vise à créer un environnement macroéconomique propice à l'élaboration des politiques économiques cohérentes (CEA, 2017). Dans cette sous-section : en premier lieu, nous examineront les effets de la solvabilité de la dette extérieure sur la dynamique des prix et en second lieu, nous analyserons l'influence de la soutenabilité de la dette extérieure et volatilité de l'inflation.

I.1.1. Impact de la solvabilité de la dette extérieure sur la dynamique des prix

Réduire les coûts inhérents à l'inflation dépend fortement de la politique économique qui prévaut dans une économie. Autrement dit, plus la politique économique d'un pays est mauvaise, plus l'inflation est élevée, et à l'opposé, plus cette politique est bonne, plus l'inflation sera maîtrisée (Ali et Sassi, 2016). Dans le présent volet, nous discuterons des effets du stock de la dette extérieure, ainsi que de l'influence du service de la dette extérieure sur l'inflation.

a) Stock de la dette extérieure et inflation

L'encours de dette élevés sont associés à une inflation élevée et volatile. A cet égard, le niveau élevé de l'encours de la dette accroît les risques de défaillance, de rééchelonnement et la volatilité des entrées futures de capitaux (Mweni, Njuguna et Oketch, 2016). Pour Presbitero et Arnone (2006), l'encours de la dette a un effet sur la performance économique via l'incertitude associée à son effet sur l'inflation. En effet, la dette extérieure crée un problème aigu de surendettement parce que les pays en développement disposent d'une gamme beaucoup plus restreinte d'outils de réduction de la dette (Reinhart, Reinhart et Rogoff, 2012). Ainsi, le surendettement est lié à l'incertitude et à l'instabilité économiques et oblige les gouvernements à adopter des politiques financièrement répressives pour maîtriser l'inflation afin de répondre aux besoins financiers par seigneuriage, et réduire les dépenses publiques en intérêts payés sur la dette publique (-Atique et Malik, 2012 ; Assibey-Yeboah et Mohsin, 2014).

En outre, les pays en proie à l'instabilité politique ont probablement de grandes activités clandestines qui augmentent la taxe sur l'inflation optimale, ce qui implique un niveau d'inflation élevé et instable (Barugahara, 2015). La présence d'une grande économie souterraine peut être inflationniste en raison de l'incitation à utiliser l'impôt sur l'inflation pour répondre aux besoins budgétaires lorsque de larges pans de l'économie ne sont pas enregistrés et donc non imposés (Canzoneri et Rogers, 1990). De même, une grande économie informelle menace non seulement l'assiette fiscale, mais a également des implications pour la politique de stabilisation. Dans ces circonstances, un gouvernement qui n'est pas certain de son assiette fiscale est plus susceptible d'adopter des mesures à court terme au détriment de la cohérence des politiques (Mazhar et Jafri, 2017). Ainsi, l'économie souterraine influe sur les résultats de la politique monétaire parce qu'elle est associée à une demande accrue de monnaie, et sur les résultats de la politique budgétaire en raison de son incidence sur l'importance des recettes fiscales (Martinez-Vazquez et al., 2015).

b) Service de la dette extérieure et inflation

La relation entre l'endettement extérieure et l'inflation a été très préoccupante au cours des dernières décennies et a suscité beaucoup d'attention ces derniers temps. Plusieurs auteurs ont observé que l'existence d'obligations importantes en matière de service de la dette extérieure se traduit généralement par une instabilité des prix due à la surévaluation de la monnaie et les déficits budgétaires importants (Dornbusch, 1993).

Le lien entre le service de la dette extérieure et la dynamique des prix a été largement débattu dans le paradigme économique selon lequel un service de dette extérieure importante réduit la souplesse de la politique budgétaire. En effet, Comme il est presque impossible de réduire les paiements du service de la dette, en particulier dans les situations où on procède à une correction du taux de change, l'ajustement a un impact plus sérieux sur les dépenses intérieures, y compris celles effectuées pour les biens non échangeables ; ce qui provoque le chômage (Reinhart, Reinhart et Rogoff, 2012). Compte tenu des difficultés inhérentes à la mobilisation des recettes et à la réduction des salaires, les corrections prendront vraisemblablement la forme d'un gel des salaires, d'une hausse de la dette intérieure, ou d'une activation de la planche à billets, nuisant ainsi sérieusement à la compétitivité nécessaire pour améliorer l'aptitude à assurer le service de la dette. La contradiction entre l'amélioration de la compétitivité et le maintien d'un budget équilibré est plus sérieuse en conditions d'endettement public élevé (Dornbusch, 1993).

Ainsi, pour corriger ces effets que la théorie s'est préoccupée du lien étroit qui existe entre endettement et performances économiques. En ce sens que, le paiement du service de la dette (dans le présent comme dans le futur) peut réduire l'investissement (courant et futur) et par la suite la croissance économique. Dans la mesure où, la croissance est tronquée dans le présent, si le fardeau de la dette affecte le flux courant de ressources disponibles pour le pays ; dans le futur un taux élevé de ressources destinées au paiement du service de la dette décourage l'investissement (Rajan, 2007). De plus, le fardeau de la dette comme paiement son service ainsi que son rééchelonnement peut affecter l'environnement politique en vigueur et pervertir les politiques économiques.

I.1.2. Impact de la soutenabilité de la dette extérieure et volatilité de l'inflation

Il est communément admis que la soutenabilité d'une économie est un facteur explicatif des performances macroéconomiques d'un pays. En particulier, celle-ci a un effet négatif sur l'inflation. Ainsi, la mise en oeuvre d'une cible d'inflation repose sur l'hypothèse que des taux réels élevés ralentissent l'inflation ; dans ce cas, un retour moyen à la cible d'inflation est susceptible d'être un processus stable. Mais si, pour une raison quelconque, des taux réels élevés ne ralentissent pas l'inflation, la stabilité macroéconomique ne peut être garantie. Car si le niveau élevé des taux réels et l'alourdissement du fardeau du service de la dette qui s'ensuit entraînent une hausse des craintes de défaut de paiement, des sorties de capitaux et des pressions sur le taux de change, l'inflation pourrait bien avoir un effet pervers sur elle. Si une politique de taux d'intérêt active devait être maintenue de toute façon, un tel effet pervers pourrait clairement devenir un élément d'instabilité (Blanchard, 2005). Ainsi, une analyse de l'impact potentiellement déstabilisateur de ces interactions est donc particulièrement pertinente pour les économies où la réputation de solidité budgétaire n'est pas bien établie, qu'il s'agisse d'économies de marché émergentes ou de pays plus matures au lendemain de la crise du crédit.

A cet égard, la banque centrale devrait réduire au minimum les fluctuations de l'inflation et de l'écart de production, qui sont coûteuses en raison de l'existence de rigidités de prix (Svensson, 2006). Ainsi, la poursuite de cibles d'inflation est généralement associée à l'utilisation de règles de rétroaction sur les taux d'intérêt. L'idée est qu'une banque centrale devrait ajuster les taux d'intérêt en réaction à une hausse de l'inflation attendue de manière à réduire suffisamment la demande globale pour stabiliser l'inflation autour de sa valeur cible. De l'avis général, la stabilité macroéconomique sera assurée tant que les taux d'intérêt seront fixés selon le principe de Taylor, c'est-à-dire qu'ils réagiront à l'inflation de plus d'un pour un (Woodford, 2003).

Dans cette première sous-section, il a été question pour nous de mettre en évidence l'influence de la dette extérieure sur l'inflation. Pour ce faire, nous avons dans un premier temps montré la nécessité pour un Etat d'être solvable notamment à travers la maitrise de son stock de la dette extérieure et le paiement de son service de dette extérieure. Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à la soutenabilité de la dette extérieure en mettant en exergue le fait, que les gouvernements peuvent entreprendre de nouvelles réformes économiques afin de s'arrimer à l'évolution perpétuelle de l'économie mondiale. Dans la sous-section qui va suivre, nous allons analyser de l'influence de la dette extérieure sur le chômage.

I.2/ Influence théorique de la dette extérieure sur le chômage

Dans cette sous-section, nous commencerons par analyser les effets d'une solvabilité de la dette extérieure sur le chômage et par la suite, nous présenterons l'importance de la soutenabilité de la dette extérieure dans le processus de lutte contre le chômage.

I.2.1. Incidence de la solvabilité de la dette extérieure sur création d'emplois

Le principal lien par lequel les fruits de la croissance économique se répercutent sur les pauvres est l'ampleur de l'emploi qu'elle génère. A cet effet, l'intensité de la création d'emplois par rapport à la croissance économique est déterminée par le type de croissance économique, c'est-à-dire si la croissance a été obtenue en augmentant la quantité des facteurs de production (croissance extensive), ou en augmentant la productivité des facteurs de production (croissance intensive), ou par une combinaison des deux facteurs (Schmid, 2008).

Keynes (1936) et Hayek (1931) étaient en profond désaccord sur les causes et la nature des cycles économiques, mais tous deux auraient tenu pour acquis que l'évolution du chômage était déterminée par la dynamique de l'investissement et par l'état de confiance dans les rendements attendus de la production (Smith et Zoega, 2009). Selon la théorie autrichienne du cycle économique, une augmentation du désir d'épargner entraîne une baisse du taux d'intérêt et une hausse de l'investissement. Une telle accumulation de capital implique des processus de production plus détournés lorsque le capital se situe à des stades de production plus précoces. Pendant la période d'expansion, les travailleurs sont de plus en plus souvent employés dans les premiers stades de la production, tandis que pendant la phase de récession, ils sont libérés des entreprises en faillite et le chômage augmente (Snowdon et Vane, 2005). Il est clair que cette théorie implique une relation positive entre l'investissement et l'emploi. Si la difficulté de Hayek (1931) à expliquer la mécanique du buste (en particulier comment le stock de capital diminue) a conduit au succès de l'économie keynésienne, la théorie offre néanmoins des perspectives intéressantes (Smith et Zoega, 2009).

Il y a un volet de la recherche récente où l'investissement joue un rôle de premier plan dans l'explication de l'évolution du chômage d'équilibre au fil du temps. Phelps (1994) présente un ensemble de modèles d'équilibre général du taux naturel qui mettent l'accent sur le rôle de l'investissement en capital physique, des travailleurs formés et de la part de marché comme déterminants du taux naturel de chômage. A cet effet, il apparait que les booms structurels entraînent des investissements élevés et un faible taux de chômage, tandis que les effondrements structurels entraînent un faible investissement et un taux de chômage élevé (Fitoussi, 2000). Bien qu'il y ait des exceptions, le courant dominant continue de limiter sa recherche de l'explication du chômage sur le marché du travail, plutôt que des facteurs qui stimulent l'investissement, comme les rendements attendus (Smith et Zoega, 2009).

I.2.2. Les effets de la soutenabilité de la dette extérieure et atténuation du chômage

Un certain nombre de théories ont été développées dans le but d'expliquer les implications du financement extérieur sur les performances économiques mondiales. Les plus éminentes sont entre autres : la théorie économique keynésienne, la théorie économique classique, la théorie économique néoclassique et l'approche de l'équivalence ricardienne.

L'essentiel économique de la politique budgétaire est de mener une politique anticyclique afin de contrebalancer les hausses et les baisses au cours des cycles économiques. C'est pourquoi Keynes (1936) a préconisé un déficit budgétaire pour effectuer une transition du chômage de masse au quasi-plein emploi. Dans la théorie keynésienne de l'emploi, les dépenses publiques peuvent contribuer positivement à stimuler la croissance économique. En effet, une augmentation de la consommation publique est susceptible d'entraîner une augmentation de l'emploi, de la rentabilité et de l'investissement grâce aux effets multiplicateurs sur la consommation globale. Keynes (1936) a donc encouragé la formation de déficits budgétaires en augmentant les dépenses publiques et/ou en réduisant les impôts et, ce faisant, a indiqué que la solution du marché serait inefficace parce que le mécanisme des prix et les salaires qui doivent répondre à l'existence du chômage ne s'ajustent pas assez rapidement (Oluba, 2008).

Pour Keynes (1936), l'économie est fondamentalement instable et doit être stabilisée par une intervention vigoureuse du gouvernement ou par des politiques gouvernementales appropriées. Le financement déficitaire des keynésiens est alors un outil important pour atteindre un niveau souhaité de demande globale compatible avec le plein emploi. La principale hypothèse de cette théorie est que l'économie fonctionne à un niveau inférieur au plein emploi du revenu national. Compte tenu de l'existence d'un écart de production dans l'économie, l'augmentation des dépenses publiques financées par la dette entraînera une augmentation de la production et des revenus. Par conséquent, le financement du déficit selon la théorie keynésienne peut implicitement être utilisé pour créer des emplois supplémentaires lorsque l'économie souffre d'une insuffisance de la demande effective. En outre, en tant qu'instrument de reprise après la récession, le financement du déficit peut être utilisé pour atténuer les fortes fluctuations cycliques (Dewett, 2009).

Par ailleurs, les écoles classiques et néoclassiques s'opposaient fortement à cette théorie. La critique de l'école classique postule que les déficits budgétaires financés sans cesse par la dette intérieure évincent l'investissement et, par extension, abaissent le niveau de la croissance économique. En effet, des déficits budgétaires excessifs conduisent à une mauvaise performance économique. L'implication d'une telle politique ne s'arrête pas à l'effet d'éviction sur l'investissement privé, la société devra également supporter le fardeau d'une dette publique accrue en raison de l'expansion des dépenses publiques financées par la dette. Cette objection dominante de la théorie de l'emploi de Keynes (1936) par les économistes classiques est fondée sur leur principale hypothèse selon laquelle l'économie fonctionne toujours au plein emploi. Si une économie fonctionne déjà au plein emploi, toute dépense supplémentaire financée par la dette ou par la création de monnaie ne peut que créer une hausse inflationniste des prix (Anyanwu, 1995 ; Dewett, 2009).

Pour leur part, les économistes néoclassiques ont collaboré à la position des économistes classiques selon laquelle le déficit budgétaire aurait un effet négatif sur la croissance économique. Leur argument est que le déficit budgétaire est un affaiblissement évident de l'épargne publique. Si l'épargne publique est affaiblie, elle exercera une pression sur les taux d'intérêt, sauf si elle est entièrement compensée par l'épargne privée. Par conséquent, une baisse de l'épargne nationale exercera une pression sur le coût du crédit (taux d'intérêt) qui écarte l'investissement privé et entraînera une baisse générale de la production à long terme. Les économistes néoclassiques ont en outre fait valoir que la manière dont le déficit est financé est susceptible d'influencer le niveau de la consommation et de l'investissement et, par extension, la croissance économique (Braeley, Allen et Mohanty, 2012).

La contribution de la théorie de l'équivalence ricardienne est celle d'un effet de neutralité du déficit budgétaire sur la croissance économique. Cette théorie repose sur l'hypothèse que les individus conservent un mode de consommation permanent tout au long de leur vie. Ainsi, le budget expansionniste n'a pas d'effet sur la consommation actuelle des particuliers, car ils épargneront plutôt sur la charge fiscale à payer à l'avenir. Dans le cas de l'investissement, le budget expansionniste qui déduit une réduction de l'épargne publique peut être entièrement compensé par l'épargne privée en tant que telle n'ayant aucun effet sur le coût du crédit et ayant donc un effet indifférent sur l'investissement. La théorie de l'équivalence ricardienne stipule donc que les déficits budgétaires n'affectent pas le taux d'intérêt réel pour évincer l'investissement et ne stimulent pas la consommation pour accroître la production (Snowdon et Vane, 2005). Par conséquent, le déficit budgétaire n'est qu'une technique de stabilisation utile pour atténuer l'impact des chocs sur les revenus ou pour répondre aux exigences des dépenses forfaitaires (Braeley, Allen et Mohanty, 2012).

I.3/Arbitrage inflation-chômage

La relation entre l'inflation et le chômage a traditionnellement été une corrélation inverse. Cependant, cette relation est plus compliquée qu'il n'y paraît à première vue et s'est effondrée à plusieurs reprises au cours des 45 dernières années. L'inflation et le chômage étant deux des indicateurs économiques les plus étroitement surveillés, nous allons examiner l'interaction qui existe entre ces deux concepts.

Si l'on utilise l'inflation salariale (le taux de variation des salaires) comme indicateur de l'inflation dans l'économie, il apparait que lorsque le chômage est élevé, le nombre de personnes à la recherche d'un emploi dépasse largement le nombre d'emplois disponibles. En d'autres termes, l'offre de travail est supérieure à la demande. Etant donné le nombre élevé de travailleurs disponibles, les employeurs n'ont pas besoin de « soumissionner » pour obtenir les services de leurs employés en leur versant des salaires plus élevés. En période de chômage élevé, les salaires restent généralement stagnants et l'inflation salariale (la hausse des salaires) est inexistante. Par ailleurs, en période de faible chômage, la demande de travail (par les employeurs) dépasse l'offre. Dans un marché du travail aussi serré, les employeurs doivent généralement payer des salaires plus élevés pour attirer les employés, ce qui entraîne en fin de compte une hausse de l'inflation salariale (Snowdon et Vane, 2005).

Phillips (1958) a été l'un des premiers économistes à présenter des preuves convaincantes de la relation inverse entre le chômage et l'inflation salariale. Il a étudié la relation entre le chômage et le taux de variation des salaires au Royaume-Uni sur une période de près d'un siècle (1861-1957), et il a découvert que ce dernier pouvait s'expliquer par le niveau du chômage et le taux de variation du chômage. De ce fait Phillips (1958) a émis l'hypothèse que lorsque la demande de main-d'oeuvre est élevée et qu'il y a peu de chômeurs, on peut s'attendre à ce que les employeurs fassent monter les salaires assez rapidement. Toutefois, lorsque la demande de main-d'oeuvre est faible et que le chômage est élevé, les travailleurs sont réticents à accepter des salaires inférieurs au taux en vigueur et, par conséquent, les taux de salaire baissent très lentement (Snowdon et Vane, 2005). Etant donné que les salaires constituent un coût important pour les entreprises, l'augmentation des salaires va entraîner une hausse des prix des produits et des services dans une économie, ce qui par conséquent, fait augmenter le taux d'inflation global (Phillips, 1958).

L'arbitrage entre l'inflation et le chômage a conduit les économistes à utiliser la courbe de Phillips pour affiner la politique monétaire ou budgétaire. Etant donné qu'une courbe de Phillips pour une économie donnée indiquerait un niveau d'inflation explicite pour un taux de chômage donné et vice versa, il devrait être possible de viser un équilibre entre les niveaux souhaités d'inflation et de chômage. Cependant, à la fin des années 1960, un groupe d'économistes monétaristes convaincus a établi que la courbe de Phillips ne s'applique pas à long terme. Ils ont soutenu qu'à long terme, l'économie tend à revenir au taux naturel de chômage à mesure qu'elle s'ajuste au taux d'inflation (Friedman, 1968 ; Phelps, 1969). En effet, le taux naturel est le taux de chômage de longue durée qui est observé une fois que l'effet des facteurs cycliques à court terme s'est dissipé et que les salaires se sont ajustés à un niveau où l'offre et la demande sur le marché du travail sont équilibrées. Si les travailleurs s'attendent à ce que les prix augmentent, ils exigeront des salaires plus élevés afin que leurs salaires réels (corrigés de l'inflation) soient constants (Snowdon et Vane, 2005). Dans un scénario où des politiques monétaires ou budgétaires sont adoptées pour faire baisser le chômage en dessous du taux naturel, l'augmentation de la demande qui en résulte encourage les entreprises et les producteurs à augmenter les prix encore plus rapidement. Au fur et à mesure que l'inflation s'accélère, les travailleurs peuvent fournir de la main-d'oeuvre à court terme en raison de salaires plus élevés, ce qui entraîne une baisse du taux de chômage (Friedman, 1968). Toutefois, à long terme, lorsque les travailleurs sont pleinement conscients de la perte de leur pouvoir d'achat dans un environnement inflationniste, leur volonté de fournir de la main-d'oeuvre diminue et le taux de chômage augmente au taux naturel (Phelps, 1969). Ainsi, à long terme, un taux d'inflation plus élevé ne profite pas à l'économie si le taux de chômage diminue. De même, un taux d'inflation plus faible ne devrait pas avoir un coût pour l'économie en raison d'un taux de chômage plus élevé. Comme l'inflation n'a aucune incidence sur le taux de chômage à long terme, la courbe de Phillips à long terme se transforme en ligne verticale au taux de chômage naturel (Snowdon et Vane, 2005).

Dans cette première sous-section, il a été question pour nous de mettre en évidence l'influence de la dette extérieure sur le chômage. Pour ce faire, nous avons dans un premier temps montré la nécessité pour un Etat d'être solvable de la dette extérieure notamment à travers les processus de création d'emploi et d'atténuation du chômage. Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à la soutenabilité de la dette extérieure qui peut être un gage que les gouvernements peuvent utiliser dans le but d'atteindre certains objectifs de politiques économiques. Dans la section suivante, nous allons analyser l'influence de la dette extérieure sur la stabilité extérieure.

SECTION II : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA STABILITE ECONOMIQUE EXTERNE

Cette deuxième section s'articulera autour de deux principaux points. Dans un premier temps, nous analyserons les effets de la dette extérieure sur la balance commerciale. Dans un second temps, il sera question pour nous de présenter l'influence de la dette extérieure sur la balance des transactions courantes.

II.1/ Influence théorique de la dette extérieure sur la balance commerciale

L'assainissement de l'environnement économique est nécessaire pour les échanges commerciaux. Cela permet en effet d'avoir une meilleure lisibilité des contraintes entourant ces transactions. Du côté de l'Etat, un environnement économique plus sain permet l'allocation des ressources publiques de manière plus efficiente et de les concentrer vers les secteurs clés de l'économie. Concrètement, il est question dans ce premier volet de montrer l'importance de la solvabilité et la soutenabilité de la dette extérieure l'équilibrede la balance commerciale.

II.1.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure et équilibre de la balance commerciale

Le lien entre l'endettement externe et l'état de la balance commerciale a beaucoup retenu l'attention des chercheurs ces dernières années. Un volet de la littérature s'est concentré sur la relation entre le déficit budgétaire et le déficit commercial dans les modèles où l'équivalence ricardienne se décompose (Frenkel et Razin, 1996). D'autres économistes ont étudié l'ajustement des comptes extérieurs aux fluctuations de la consommation publique dans des modèles où la production est exogène et les réactions de la consommation privée sont déterminées de façon optimale (Sachs, 1982).

La macroéconomie keynésienne classique postule que le déficit commercial est une fonction positive du déficit budgétaire. Autrement dit, une augmentation du déficit du secteur public entraînera un déficit commercial et un excédent budgétaire améliorera la balance commerciale. En effet, lorsque le revenu intérieur augmente, cela encourage les importations et réduit éventuellement l'excédent de la balance commerciale. Par conséquent, les déficits du secteur public et du secteur extérieur deviennent jumeaux (Onafowora et Owoye, 2006).

En outre, le modèle keynésien d'économie ouverte indique qu'une augmentation du déficit budgétaire entraine une augmentation de la demande globale et des taux d'intérêt réels intérieurs. Les taux d'intérêt élevés entrainent à leur tour des entrées nettes de capitaux et se traduisent par une appréciation de la monnaie nationale. A cet effet, une valeur plus élevée de la monnaie nationale a alors un effet défavorable sur les exportations nettes, ce qui entraînera une détérioration de la balance commerciale (Bshir, Miskeen et Asrafuzzaman, 2013).

L'hypothèse d'équivalence ricardienne, d'autre part, affirme l'absence de toute relation entre les déficits budgétaires et les déficits commerciaux. Selon cette approche, un déficit budgétaire courant financé par une réduction d'impôt et des ventes d'obligations serait perçu par les particuliers comme un passif d'impôt futur pour assurer le service et rembourser la dette accrue. En effet, l'augmentation de la demande globale résultant d'une hausse des dépenses publiques déficitaires sera compensée par une diminution de la demande globale en raison de la baisse des dépenses du secteur privé. Par conséquent, il n'y aura pas de variation nette de la demande globale. Etant donné que les variations des dépenses publiques déficitaires n'ont aucun effet net sur la demande globale ou la demande excédentaire de crédit, les déficits budgétaires ne devraient donc pas être corrélés avec le déficit commercial (Sachs et Lorraine, 1993).

II.1.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure et équilibre de la balance commerciale

Le développement financier et le degré d'ouverture commercial d'un pays sont deux éléments essentiels pour évaluer la liberté économique. Le premier permet d'apprécier avec quelle facilité plus ou moins élevée, les agents économiques accèdent aux financements. Le second quant à lui, permet de voir si ces agents ont facilement accès aux marchés étrangers. Il est reconnu qu'elle soit grande ou minimale, la libéralisation économique à travers ces deux éléments a une influence sur la balance commerciale (Ahad, 2017).

Un meilleur système financier permet un meilleur transfert de fonds entre l'emprunteur et l'épargnant, ce qui offre également de meilleures chances égales de croissance pour les PME. Elle entraîne une augmentation des biens intermédiaires qui entraîne une augmentation de la demande de biens finaux (Shahbaz et Rahman, 2012). En effet, l'amélioration du secteur industriel permet d'accroître la production à la fois pour la consommation intérieure et pour l'exportation (Samba et Yan, 2009). De même, le système financier développé a un impact positif et significatif sur la part des exportations plutôt que sur les importations, ce qui améliore la balance commerciale (Beck, 2002). Lorsque la réforme du développement financier a lieu, elle relève le niveau de financement externe des entreprises privées en présence de l'exécution des contrats et du renforcement du droit au crédit et par des réformes judiciaires. Une augmentation du financement extérieur aide un pays à faire face à la concurrence d'autres pays dont le système financier est moins développé. Elle entraîne de ce fait un accroissement des exportations en augmentant la part des exportations, ce qui contribue à améliorer la balance commerciale (Lein et al, 2003).

La littérature théorique a principalement développé trois approches pour explorer l'effet de la libéralisation du commerce sur la balance commerciale d'une économie, à savoir l'approche par élasticité, l'approche par absorption et l'approche monétaire. L'approche fondée sur l'élasticité vise principalement à étudier les effets de la libéralisation du commerce sur l'élasticité des prix à l'exportation et à l'importation. Toutefois, cette approche relègue d'autres aspects de la libéralisation du commerce qui n'impliquent pas de changements de prix. Selon l'approche d'absorption, l'effet de la libéralisation du commerce dépendra de la manière dont le revenu réel sera affecté par rapport à l'absorption réelle. Enfin, dans l'approche monétaire, le résultat de la libéralisation du commerce dépend de la façon dont la demande réelle de monnaie change par rapport à l'offre réelle (Khan et al. 2017).

L'approche dite « intertemporelle » mise en oeuvre par Jenkins (1996), est également utilisée pour examiner les effets des politiques de libéralisation du commerce sur la balance commerciale. Cette approche explore les impacts intertemporels des changements transitoires et permanents des droits de douane à l'exportation et à l'importation sur la balance commerciale. Le principal problème du modèle intertemporel est qu'il est très sensible aux hypothèses sous-jacentes. Ostry et Rose (1992) concluent que l'effet de la libéralisation du commerce sur la balance commerciale est équivoque, car il dépend du comportement des taux de change, de la signification des diverses élasticités, du degré de mobilité des capitaux et du caractère temporaire ou permanent du choc tarifaire.

Dans cette première sous-section, nous nous sommes intéressés aux facteurs de l'endettement externe qui peuvent garantir l'équilibre de la balance commerciale. Or, la dette extérieure influençant également d'autres aspects de la stabilité externe, il sera donc question dans la sous-section suivante de montrer en quoi celle-ci peut être source d'amélioration de la balance des transactions courantes.

II.2/ Influence théorique de la dette extérieure sur la balance des transactions courantes

Le solde du compte courant constitue une mesure intégrale de l'épargne nationale et peut donc être utilisé comme indicateur du comportement d'épargne et de dépense d'un pays (Calderón et al., 2007). Les informations contenues dans la balance des opérations courantes sont très utiles pour la projection de la balance des paiements, la compilation et la mesure du revenu national. La balance des transactions courantes joue un rôle important dans la formulation des politiques, l'analyse et les processus décisionnels dans une économie mondiale de plus en plus interdépendante (Edwards, 2001). Au fil du temps, plusieurs déterminants potentiels du compte courant ont été étudiés dans la littérature afin de découvrir les variables macroéconomiques spécifiques qui déterminent le comportement du compte courant. Un accent particulier a été mis sur les facteurs économiques de la gouvernance comme facteurs explicateurs des déséquilibres de la balance des transactions courantes. De ce fait, dans cette première sous-section, nous allons d'une part mettre en évidence l'impact de l'environnement économique sur la balance courante, et d'autre part, nous analyserons les effets des réformes économiques.

II.2.1. Incidence de la solvabilité de ladette extérieure sur ajustement du compte courant

L'hypothèse du surendettement initialement examinée par Myers (1977) dépend de la façon dont, si la dette dépasse la capacité de remboursement de la nation avec une certaine probabilité plus tard, le service de la dette augmentera probablement à ce moment-là à mesure que le niveau de rendement de la nation augmente. De cette façon, une partie des bénéfices tirés de l'investissement dans l'économie nationale sera épuisée pour payer les créanciers actuels, ce qui démoralisera les nouveaux investisseurs étrangers (Chuhan et al., 1996). Par conséquent, le pays emprunteur n'utilisera que la moitié de toute augmentation de la production et des exportations, puisqu'une partie décente de cette augmentation sera consacrée au service de la dette extérieure. Cela pose un problème, car si un pays a un nouveau projet d'investissement qui peut générer une valeur actuelle nette positive, il n'investira pas en raison d'une situation d'endettement existante et le niveau d'investissement du pays commencera à diminuer (Muli et Ocharo, 2018).

La présence de ce stock de dettes extérieures modifie l'incitation du créancier ou du débiteur. Par ailleurs, l'allégement de la dette extérieure peut donc profiter à l'un ou l'autre. D'une part, le créancier pourrait être incité à continuer à prêter afin d'éviter une perte en pensant que le débiteur améliorera ses conditions économiques et sera en mesure de rembourser la dette dans un avenir proche. D'autre part, le débiteur est découragé d'investir parce qu'il suppose que tous les gains seront imposés pour payer le prêteur (Muli et Ocharo, 2018). Ainsi, cette théorie implique qu'une diminution du montant de la dette extérieure entraînera une augmentation de l'investissement intérieur et une réduction des dépenses publiques. En effet, une augmentation du niveau des investissements détériorera la balance des transactions courantes, tandis qu'une réduction des dépenses publiques améliorera la balance des transactions courantes (Elbadawi et al., 1996).

II.2.2. Effets de la soutenabilité de la dette extérieure et ajustement du compte courant

Selon Calderón et al. (2007), la question de savoir si le déficit du compte courant est bénéfique ou nuisible à l'économie dépend du facteur qui l'a engendré. Cependant, la persistance d'un important déficit persistant de la balance courante peut être le signe d'une mauvaise performance et de la vulnérabilité de l'économie (Todaro et Smith, 2003). En effet, la persistance des déficits courants est généralement un indicateur clé de la faiblesse de l'épargne et des investissements nationaux, de l'absence de compétitivité internationale et de problèmes économiques structurels tels qu'un système financier peu développé. Par conséquent, le déséquilibre de la balance courante se traduit par une perte potentielle de production, une augmentation du chômage et une croissance économique déséquilibrée (Ghosh et Ramakrishnan, 2006).

L'ouverture financière (libéralisation financière), c'est-à-dire le degré d'ouverture des transactions financières transnationales, peut influencer les flux de capitaux et le compte courant. En effet, la libéralisation financière peut accroître l'efficacité de l'allocation du capital international, ce qui entraine une diversification du portefeuille international et une augmentation des bénéfices potentiels. Une autre relation directe est que l'ouverture financière peut influer sur les décisions d'épargne et d'investissement, puis sur les flux de capitaux transnationaux. Selon Bailliu (2000), un niveau plus élevé de développement financier intérieur peut stimuler l'économie et ensuite améliorer le compte courant. Par ailleurs, le développement financier peut générer un excédent du compte courant grâce à une augmentation de l'épargne ou conduire à un déficit grâce à la réduction de la demande d'épargne de précaution et à la réduction de l'épargne nationale (Ya-Qiong et Rui, 2013).

L'effet de la libéralisation du commerce sur la balance courante est théoriquement ambigu, quel que soit le cadre d'analyse de la balance des paiements utilisé. Dans le cadre de l'équilibre partiel de l'approche des élasticités, l'effet dépendra de la mesure dans laquelle les droits à l'importation et à l'exportation changent et de l'élasticité-prix des importations et des exportations. Si l'on mesure la balance des paiements en devises étrangères, les recettes d'exportation augmenteront si l'élasticité-prix de la demande est supérieure à l'unité, et les paiements d'importation augmenteront si l'élasticité-prix de la demande est supérieure à zéro. L'approche des élasticités ne convient pas à l'analyse de la libéralisation du commerce qui n'implique pas de changements de prix (Santos-Paulino, 2004).

Dans le cadre d'équilibre général de l'approche par absorption de la balance des paiements, l'effet de la libéralisation dépendra de la manière dont le revenu réel sera affecté par rapport à l'absorption réelle. Une réduction des droits à l'exportation entraînera un déplacement des dépenses vers les produits nationaux, ce qui augmentera les revenus, mais une réduction des droits à l'importation fera l'inverse. Même si le revenu réel augmente, la balance des paiements ne s'améliorera pas si la propension à absorber est supérieure à l'unité. Ensuite, il faut tenir compte des effets directs sur l'absorption. Si la libéralisation du commerce réduit les prix, cela augmentera l'absorption réelle grâce à un effet d'équilibre réel et à l'illusion monétaire, mais diminuera l'absorption s'il y a redistribution des revenus vers le secteur des biens échangés où la tendance à épargner est élevée. Enfin, dans l'approche monétaire de la balance des paiements, le résultat de la libéralisation dépend de la façon dont la demande réelle de monnaie évolue par rapport à l'offre réelle (Santos-Paulino, 2004).

Dans la littérature théorique, il existe diverses écoles de pensée concernant les relations entre le déficit budgétaire et le déficit de la balance courante. La première théorie suit l'école de pensée keynésienne selon laquelle une augmentation du déficit budgétaire augmente le revenu national et les dépenses de consommation (une extension de la demande globale). Selon cette approche, une dépréciation du déficit de la balance courante est causée par l'augmentation des importations. La deuxième théorie est basée sur le modèle de Mundell-Fleming (1968, 1962) qui affirme que le déficit budgétaire croissant augmente les taux d'intérêt, génère plus d'entrées financières et apprécie le taux de change, ce qui entraîne une aggravation du déficit de la balance courante (Bakarr, 2014). En effet, dans ce cadre de doubles déficits, les augmentations des déficits budgétaires dans une économie ouverte ont tendance à faire augmenter les taux d'intérêt intérieurs, ce qui induit un afflux de capitaux et, par conséquent, une appréciation du taux de change réel. L'appréciation réelle de la monnaie nationale, à son tour, détériore le solde du compte courant et, par conséquent, le déficit budgétaire entraîne le déficit du compte courant (Onafowora et Owoye, 2006).

L'hypothèse d'équivalence ricardienne contredit l'hypothèse du double déficit en soutenant que le déficit budgétaire n'a pas de relation de cause à effet avec le déficit de la balance courante. Barro (1974, 1989) a examiné la validité théorique de l'hypothèse d'équivalence ricardienne au moyen d'un modèle de générations qui se chevauchent et a conclu que le niveau de la demande globale et des taux d'intérêt ne change pas en finançant les déficits budgétaires par des impôts ou des emprunts (Seater, 1993). Le phénomène des déficits jumeaux est également lié au modèle Feldstein-Horioka (1980) qui affirme que le degré de mobilité internationale du capital s'explique par l'association entre l'épargne et l'investissement. Selon ce modèle, le manque de mobilité des capitaux est attribué à la forte association entre l'épargne et l'investissement et vice versa (Abu-Bakarr, 2014).

CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous avons continué l'analyse des déterminants de l'inflation, du chômage et de la balance des paiements en nous focalisant sur la dette extérieure. A cet effet, nous avons montré que la dette extérieure est un outil de lutte contre l'inflation et le chômage d'une part et de stabilisation de la balance des paiements d'autre part. Elle décrit le processus par lequel le gouvernement prend des décisions et élabore des politiques pour mettre ces décisions en oeuvre (Khan et Shah, 2015). Ce processus est indispensable parce que les politiques appliquées par le gouvernement et les normes administratives connues sous le nom de facteurs politiques, influencent considérablement le développement économique d'un pays. De ce fait, une bonne gestion de la dette extérieuresolvable et soutenable est indispensable pour maîtriser l'inflation et atténuer le chômage dans une région (Evans, Haggard et Kaufman, 1992). Toutefois, les nombreuses ambiguïtés soulevées tout au long de ce chapitre nous amènent à pousser cette analyse encore plus loin en cherchant à déterminer empiriquement lesquels des différents éléments développés théoriquement sont réellement adaptés à l'Afrique Subsaharienne : tel est l'objectif du chapitre suivant.

CHAPITRE IV :

ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

INTRODUCTION

Le chapitre précédent a été l'occasion pour nous de procéder à une analyse théorique de la relation dette extérieure et stabilité économique. Ainsi, nous avons pu montrer l'indispensabilité d'une « bonne gestion de la dette extérieure » dans l'optique de contribuer à la stabilité économique. L'hypothèse de l'influence positive de la dette extérieure sur la stabilité économique a déjà fait l'objet d'une évaluation empirique dans des travaux antérieurs avec cependant des résultats mitigés (Turner et Spinnelli, 2013), à partir d'une régression en panel sur 25 pays de l'OCDE pour la période 1970-2007, montre qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la dette extérieure nette en pourcentage du PIB est associée à une hausse des taux d'intérêt réels à long terme de 1,3 point de base. En particulier, il trouve qu'aucun effet statistiquement significatif sur les taux d'intérêt de la dette publique n'a été constaté compte tenu de l'exclusion de l'effet extraordinaire de la crise financière. Un résultat similaire avait déjà été obtenu par Rose (2010) lorsqu'il analysait l'impact de la dette extérieure sur les taux d'intérêt réels de 20 économies avancées sur la période 1980-2007. Utilisant un modèle en donnée de panel, il parvient au résultat selon lequel les taux d'intérêt sont sensibles aux positions nettes d'investissements internationaux et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage du ratio dette extérieure nette / PIB sera généralement associée avec une augmentation de 2 points de base des taux d'intérêt réels. L'objectif de ce chapitre est de procéder à une nouvelle évaluation empirique pour venir compléter les travaux existants.

Dans le souci de parvenir à des résultats pertinents, nous utiliserons les données de la base du FMI (ICSD 2015) pour les investissements domestiques privés et publics et des World Development Indicators (WDI 2018) pour les autres variables macroéconomiques. Compte tenu du fait que les données sur la dette extérieure sont devenues presque continu en 2002, notre période d'étude va s'étendre sur la période 2002-2017. En outre, l'absence de données pour un certain nombre de pays nous contraint à réduire notre échantillon à 35 pays. Les pays qui ont été retirés sont : l'Erythrée, l'Ethiopie, le Lesotho, le Liberia, Sao Tomé et Principe, les Seychelles, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.

L'objectif du présent chapitre est de déterminer empiriquement les indicateurs de la dette extérieure qui améliorent la stabilité économique en Afrique subsaharienne. A cet égard, nous effectuerons dans la première section une analyse descriptive du phénomène étudié. Dans la deuxième section en revanche, nous renforcerons cette première analyse grâce à une étude économétrique.

SECTION I : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE,  ANALYSE DESCRIPTIVE

Par définition, la stabilité économique est effective sur le plan interne et externe lorsque la stabilité des prix et la balance commerciale sont stables. Ainsi, la présente section s'organisera autour de ces deux principaux concepts. D'une part, nous ferons une analyse descriptive du binôme dette extérieure et stabilité économiqueinterne (inflation) en ASS, et d'autres parts, nous analyserons le binôme dette extérieure et stabilité économique externe (balance commerciale) en ASS.

I.1/ Analyse descriptive du binôme dette extérieure et inflation en Afrique subsaharienne

Dans l'ensemble, le taux d'inflation en Afrique Subsaharienne a été relativement élevé au cours de la période 2002-2017. Toutefois, il existe des pays où l'évolution du niveau général des prix s'est considérablement écartée de la tendance moyenne, ce qui nous a conduits à distinguer les 10 pays13(*) à fort taux d'inflation et les 10 pays14(*)à faible taux d'inflation en Afrique Subsaharienne. En se référant à cette répartition, l'on constate qu'il existe de grandes disparités entre ces deux sous-groupes. En effet, le premier groupe a un taux d'inflation moyen de 2,10% contre 13,69% pour le second groupe. En outre, il semble exister une plus grande disparité dans l'écart entre les taux d'inflation dans le second groupe comparativement au premier. A titre illustratif, l'écart-type dans le premier groupe n'est que de 0,34 tandis qu'il est de 5,50 dans le second groupe15(*). Dans l'optique d'expliquer ces disparités, cette sous-section présentera l'influence de la solvabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne d'une part, et celle de la soutenabilité de la dette extérieure d'autre part.

I.1.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne

Afin de déterminer l'influence de la solvabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne, nous nous focaliserons sur l'évolution de l'indicateur de service de la dette extérieure et sur celle du stock de la dette extérieure. A cet effet, nous distinguerons deux cas : celui des 10 plus faibles inflations et celui des 10 plus fortes inflations en Afrique subsaharienne.

a) Solvabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus faibles inflations

La bonne gestion du service de la dette extérieure n'a pas connu une grande efficacité dans ce premier groupe de pays au cours de la période 2002-2017 puisque l'indicateur service de la dette extérieure a été en moyenne de 0,204 milliards de dollar. Pour être plus précis, on note que celui-ci n'a pas évolué de manière significative pour l'ensemble de ces pays. En effet, cet indicateur est de 0,218 milliards de dollar, 0,346 milliards de dollar et 0,422 milliards de dollar en 2015, 2016 et 2017 contre 0,165 milliards de dollar, 0,149 milliards de dollar et 0,163 milliards de dollar pour les années 2002, 2003 et 2004 respectivement. Toutefois, notons qu'il existe des divergences assez non négligeables si l'on s'en tient aux performances des uns et des autres. L'indicateur de service de la dette extérieure pour le Sénégal16(*)a été de 0,305 milliards de dollar contre 0,049 milliards de dollar pour le Togo qui n'est que dixième parmi les plus faibles inflations du continent, avec un taux d'inflation moyen de 2,87%. En outre, un seul des 10 pays semble avoir fait de grands efforts dans le paiement du service de sa dette extérieure, il s'agit du Cameroun qui a obtenu une performance de 0,501 milliards de dollar.

Graphique 4.1 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieure en fonction de l'inflation (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

La gestion du stock de la dette extérieure dans les 10 plus faibles inflations en Afrique Subsaharienne n'a particulièrement pas été bonne au cours de la période 2002-2017. En effet, ces pays ont été plus mauvais en la matière comparativement à celui du service de la dette extérieure puisque l'indicateur de stock de la dette extérieurey a été de 3,348 milliards de dollar contre 0,204 milliards de dollar pour le service de la dette extérieure. Par ailleurs, l'on note que cet indicateur n'a pas connu la même tendance dans tous ces pays. A titre illustratif, les pays tels que la cote d'ivoire (12,15 milliards de dollar) et le Cameroun (6,23 milliards de dollar) ont particulièrement été mauvais, tandis que les pays comme le Benin (1,68) et le Cap-Vert (0,95) ont fait des efforts remarquables. Toutefois, la « palme d'or » revient à la Guinée-Bissau qui a obtenu une note moyenne de 0,73 milliards de dollar.

Graphique 4.2 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieureen fonction de l'inflation (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

b) Solvabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus fortes inflations

Le service de la dette extérieure demeure un sérieux problème dans les 10 pays à fort taux d'inflation en Afrique Subsaharienne. Sa gestion a été encore plus mauvaise dans cette catégorie comparativement à la précédente. Au cours de la période 2002-2017, l'indicateur de service de la dette extérieure a été en moyenne de 0,848 milliards de dollar pour l'ensemble de ces pays. En outre, les pays ayant de taux d'inflation très élevés dans cette catégorie et donc en Afrique Subsaharienne, sont pour la plupart ceux qui ont également connu les plus mauvaises performances en matière de paiement du service de la dette extérieure. A titre illustratif, l'Angola qui est le dernier du classement, a obtenu l'un des meilleurs scores, soit 3,72milliards de dollars. En revanche, le Malawi (9e), le Burundi (1er) et le Sao Tomé-et-Principe (6e) ont obtenu les scores de 0,49 milliards de dollar ; 0,028 milliards de dollar et 0,005 milliards de dollar respectivement. Cependant, le Nigeria et l'Angolaavec des scores respectifs de 2,4 et 3,72 milliards de dollar sont les seuls pays dans cette catégorie où la lutte contre la corruption a été assez efficace, malgré le fait que leur inflation soit élevée.

Graphique 4.3 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieureen fonction de l'inflation (Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

De manière analogue à ce qui a été observé dans la première catégorie, la gestion du stock de la dette extérieure a également été plus mauvaise que la gestion du service de la dette extérieure dans la deuxième catégorie. En effet, le score moyen de l'indicateur stock de la dette extérieure du a été de 8,88milliards de dollars contre 0,848milliards de dollars pour le service de la dette extérieure. En outre, l'on observe que les pays à fort taux d'inflation sont également ceux où la gestion du stock de la dette extérieure a été particulièrement mauvaise. Il s'agit du Ghana (11,51milliards de dollars), du Kenya(11,67milliards de dollars), de l'Angola (19,14milliards de dollars), du Nigeria (23,9milliards de dollars).

Graphique 4.4 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure en fonction de l'inflation(Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

D'après ce qui précède, il semble effectivement que la solvabilité de la dette extérieure puisse justifier les disparités des taux d'inflation autant entre les deux groupes de pays qu'entre les pays appartenant à la même catégorie. En général, les pays où la dette extérieure a été meilleure ont enregistré des taux d'inflation relativement faibles. Dès lors, il est à présent opportun de déterminer l'influence la soutenabilité de la detteextérieure sur l'inflation en Afrique Subsaharienne.

I.1.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne

Dans ce deuxième aspect, nous continuons à suivre l'évolution de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne au cours de la période 2002-2017, mais en changeant de dimension. Afin de capter l'influence potentiellede la soutenabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne, nous centrerons notre analyse sur l'évolution de l'indicateur d'IDE. Tout comme dans le premier aspect, nous distinguerons le cas des 10 plus faibles inflations et celui des 10 plus fortes

a) Soutenabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus faibles inflations

La soutenabilité de la dette extérieure captée ici par les IDE est relativement moins mauvaise que la solvabilité de la dette extérieure présentée précédemment. En effet, l'indicateur d'IDE pour l'ensemble des 10 plus faibles inflations de l'Afrique a été en moyenne de 3,21milliards de dollarsau cours de la période 2002-2017. La Cote d'ivoire (1,53milliards de dollars), le Cameroun le Burkina Faso (1,62milliards de dollars), la Guinée Biseau (1,82milliards de dollars) et le Mali (1,88milliards de dollars) sont les pays où cet indicateur a été particulièrement mauvais. Paradoxalement, ces pays ont enregistré des taux d'inflation relativement faibles pour toute la période, soient 2,28%, 2,19%, 2,07%, 2,04% respectivement. Par ailleurs, les pays qui ont été relativement plus attractifs sont le Niger et le Cap-Vert. Ces derniers sont même les seuls pays dans cette catégorie à avoir obtenu des scores élevés, soient 6,88 milliards de dollars et 8,37milliards de dollars respectivement.

Graphique 4.5 : Evolution de l'indicateur d'IDEen fonction de l'inflation (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

b) Soutenabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus fortes inflations

Les pays qui ont enregistré les plus forts taux d'inflation en Afrique ont relativement été les plus attractifs que ceux ayant présentés de faibles taux d'inflation. En effet, le score moyen de l'indicateur d'IDE dans cette seconde catégorie a été de 7,12milliards de dollars contre 3,31 milliards de dollars dans la première catégorie. Néanmoins, le Liberia, le Sao Tomé-et-Principe et le Ghana qui sont trois des dix pays à fort taux d'inflation en Afrique, ont obtenu les meilleurs scores pour cette catégorie, soient 31,45milliards de dollars ; 13,51milliards de dollars et 5,55milliards de dollars respectivement. En revanche, le Burundi est le pays dans cette catégorie qui a obtenu le plus mauvais score qui s'avère être le plus élevé dans tous les deux groupes, soit 0,17milliards de dollars. D'autres pays à l'instar du Nigéria (2,57milliards de dollars), l'Ethiopie (2,74milliards de dollars) et le Kenya (1,61milliards de dollars) ont également enregistré des performances inquiétantes.

Graphique 4.6 : Evolution de l'indicateur d'IDEen fonction de l'inflation(Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Dans cette première sous-section, nous nous sommes intéressés à l'inflation pour décrire l'impact de la dette extérieure sur la stabilité économique interne en AfriqueSubsaharienne. Etant donné que la stabilité économique est bidimensionnelle, nous allons dans la sous-section suivante, continuer notre analyse descriptive en nous appuyant sur la stabilité économique externe (la balance commerciale).

I.2/ Analyse descriptive du binôme dette extérieure et équilibre de la balance commerciale en Afrique subsaharienne

L'évolution de la balance commerciale en Afrique Subsaharienne a connu une progression dégradante et par conséquent, la balance commerciale du continent reste toujours déficitaire. Si l'on se réfère aux 10 meilleures17(*) et aux 10 pires18(*) balances commerciales en Afrique, l'on note l'existence de grandes disparités entre ces deux catégories. En effet, la première catégorie a présenté un solde commercial positif au cours de la période 2002-2017 contre un solde commercial négatif pour la seconde catégorie. Par ailleurs, le solde commercial moyen du deuxième groupe a été de -21,09% du PIB contre 3,74% du PIB pour le premier groupe avec une plus faible disparité dans le second groupe. En effet, l'écart-type y est égal à 4,83 contre 11,97 pour la première catégorie19(*). Afin d'expliquer ces disparités intergroupes et intragroupes, nous ferons un état de lieux de la solvabilité et de la soutenabilité de la dette extérieure dans ces pays.

I.2.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la balance commerciale en Afrique subsaharienne

Dans ce premier aspect, il sera question de capter l'influence potentielle de la solvabilité de la dette extérieure sur la balance commerciale. Pour ce faire, nous nous focaliserons sur les indicateurs de service de la dette extérieure et de stock de la dette extérieure, tout en distinguant deux cas : les 10 meilleures et les 10 pires balances commerciales de l'Afrique Subsaharienne.

a) Solvabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 meilleures balances commerciales

La gestion du service de la dette extérieure dans les 10 meilleures balances commerciales du continent n'a pas été particulièrement bonne au cours de la période 2002-2017. En effet, ce groupe a obtenu un score moyen de 1,57 et l'on note que plusieurs membres ont été très inefficaces dans le paiement de leur service de dette extérieure. C'est par exemple le cas de la RDC (0,16), le Congo (0,39) et la Zambie (0,40) dont les soldes commerciaux respectifs sont de 15,72% du PIB, 16,45% du PIB, -4,98% du PIB et -1,30% du PIB. Toutefois, l'Afrique du sud (7,46) et l'Angola (3,72) sont les deux pays qui se sont positivement démarqués.

Graphique 4.7 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieureen fonction de l'inflation (Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

En ce qui concerne le stock de la dette extérieure, les chiffres montrent que celui-ci a énormément augmentéau cours de la période 2002-2017. En effet, de 0,91milliards de dollars en 2002, l'indicateur de stock de dette extérieure est passé à 2,9milliards de dollars en 2017. Seuls le Gabon (1er) et la Guinée biseau (10e) ont obtenu des scores relativement bas sur la période avec 3,86milliards de dollars et 0,73milliards de dollars respectivement. Mais dans l'ensemble, le stock de dette extérieure pour ce groupe de pays est relativement élevé puisque le score moyen est de 1,66milliards de dollars.

Graphique 4.8 : Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieureen fonction de l'inflation (Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

b) Solvabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 pires balances commerciales

L'analyse statistique sur la gestion du service de la dette extérieure permet de relever qu'il n'existe pas de réelle différence entre les 10 meilleures et les 10 pires balances commerciales en Afrique Subsaharienne. A titre illustratif, on observe que l'indicateur de service de la dette extérieure dans cette deuxième catégorie présente un score moyen de 0,12milliards de dollars contre 1,57milliards de dollars dans la première catégorie. Par ailleurs, certains Etats comme le Rwanda (0,03milliards de dollars) et les Comores (0,006milliards de dollars) ont accompli des efforts remarquables dans la gestion de leur stock de dette extérieure.

Graphique 4.9 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonction de l'inflation(Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

L'évolution de l'indicateur de stock de dette extérieure fait état de sérieux problèmes dans l'environnement du commerce extérieur dans ce groupe comparativement à l'autre. En effet, au cours de la période 2002-2017, cet indicateur a présenté un score moyen de 2,87milliards de dollars dans le second groupe contre 1,66milliards de dollars pour le premier groupe. On observe également que le stock de la dette extérieure est particulièrement mauvais dans les pays présentant les balances commerciales les plus déficitaires. Il s'agit entre autres des Comores (0,24milliards de dollars) et du Cap-Vert (0,95milliards de dollars). Toutefois, il convient de noter que contrairement à la première catégorie, le stock de la dette extérieure s'est accru dans la seconde catégorie cela prouve qu'il reste encore beaucoup d'efforts à fournir. A cet égard, on note que le score pour cet indicateur est passé de 2,27milliards de dollars, 2,46 milliards de dollars et 2,54milliards de dollars en 2002, 2003 et 2004 à 3,79, 4,04 et 4,65 en 2015, 2016 et 2017.

Graphique 4.10 : Evolution de l'indicateur de stockde la dette extérieureen fonction de la balance commerciale (Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Dans l'analyse précédente, il existe une certaine corrélation entre le solde de la balance commerciale et le stock de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne. En effet, dans les pays où les indicateurs de la solvabilité de la dette extérieure ont connu une évolution appréciable, la balance commerciale a relativement été plus favorable que dans les autres pays présentant de moins bonnes performances en la matière. A présent, nous allons suivre l'évolution des indicateurs de la soutenabilité de la dette extérieure.

I.2.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la balance commerciale en Afrique subsaharienne

Dans le présent aspect, il est question de capter l'influence potentiellede la dette extérieure sur la balance commerciale en Afrique subsaharienne. Pour cela, nous allons suivrel'évolution de l'indicateur de stabilité politique dans les 10 meilleures et les pires balances commerciales d'Afrique Subsaharienne.

a) Soutenabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 meilleures balances commerciales

Les IDE est indispensable pour toutes les activités économiques. Ainsi, l'on s'attend à ce que la balance commerciale soit plus favorable dans les pays attractifs. Cependant, cela ne semble naturellement pas être le cas lorsqu'on s'intéresse aux pays qui présentent des balances commerciales favorables. Dans le cas de ce groupe, l'indicateur d'IDE est en moyenne de 3,89milliards de dollars. D'une part, l'on observe que la RDC (12,74milliards de dollars) et le Gabon (4,03milliards de dollars) où les scores moyens sont les plus élevés, présentent en effet des balances commerciales excédentaires (15,58% du PIB et 25,59% du PIB respectivement). D'autre part, la Côte d'Ivoire (1,53milliards de dollars), et l'Angola (3,02milliards de dollars) dont les scores moyens sont particulièrement mauvais, figurent également parmi les pays présentant des balances commerciales excédentaires (8,78% du PIB et 15,58% du PIB respectivement).

Graphique 4.11 : Evolution de l'indicateur d'IDEen fonction de la balance commerciale(Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

b) Soutenabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 pires balances commerciales

Comme il a été soulevé précédemment, les pays relativement attractifs devraient avoir des balances commerciales favorables. Autrement dit, dans la présente catégorie, l'on s'attend à ce que les pays soient plus attractifs que ceux appartenant à la première catégorie. Cela se confirme donc au regard des scores moyens obtenus dans les pays présentent des balances commerciales défavorables (6,39milliards de dollars). En particulier, les Comores (1,13milliards de dollars), le Rwanda (2,09milliards de dollars) et le Zimbabwe (2,39milliards de dollars) qui sont les pays les moins attractifs, affichent en même temps des balances commerciales largement déficitaires. Toutefois, les pays les plus attractifs comme le Niger (6,88milliards de dollars), le Cap-Vert (8,37milliards de dollars) et le Mozambique (16,84milliards de dollars) présentent également des balances commerciales déficitaires.

Graphique 4.12 : Evolution de l'indicateur d'IDEen fonction de la balance commerciale (Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Il existe une légère incongruité lorsqu'on observe l'évolution des indicateurs de la dette extérieure (solvabilité et soutenabilité) dans les différents groupes de pays étudiés plus haut. Toutefois, nous avons de manière générale noté que les pays où la dette extérieure (solvabilité et soutenabilité) assez bonne, présentent également des balances commerciales favorables. A présent, nous allons de manière économétrique analyser l'influence de la, dette extérieure sur la stabilité économique.

SECTION II : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ANALYSE ECONOMETRIQUE

Dans cette section, nous approfondissons l'analyse sur la relation dette extérieure et stabilité économique en Afrique Subsaharienne. Dans la section précédente, il a surtout été question de suivre l'évolution des indicateurs de la dette extérieure. Pour ce faire, nous avons distingué les pays où les balances commerciales sont satisfaisantes des pays où celles-ci sont inquiétantes. Dès lors, nous avons observé que la dette extérieure qu'elle soit solvable ou soutenable est meilleure dans les pays à balance commerciale satisfaisante. Dans l'optique de renforcer notre intuition quant à une potentielle influence de la dette extérieure et la stabilité économique, nous allons dans les lignes qui vont suivre tester cette hypothèse. Pour ce faire, nous commencerons par présenter notre démarche méthodologique (II.1) afin de présenter par la suite nos principaux résultats (II.2).

II.1/ Démarche méthodologique

Dans cette sous-section, nous commencerons par la spécification de nos modèles et la présentation des variables et par la suite, nous présenterons la méthode d'estimation.

II.1.1. Modèles et méthode d'estimation

Nous allons d'abord justifier le choix du modèle économétrique et faire par la suite, une présentation nos différentes variables.

a) Modèles économétriques

En nous référant aux travaux d'Arfan et al. (2008), nous adoptons une modélisation en données de panel. Contrairement à ces auteurs, nous allons employer la méthode des Doubles Moindres Carres (DMC). Cependant, il ne sera pas question ici de faire recours à des équations simultanées, nous allons estimer nos deux équations indépendamment l'une de l'autre. La première équation nous permettra de tester l'influence de la dette extérieure sur l'inflation. Quant à la seconde équation, elle nous servira à tester l'influence de la dette extérieure sur la balance commerciale. Concrètement, les spécifications retenues pour nos modèles sont les suivantes:

représentent l'inflation et la balance commerciale en pourcentage du PIB respectivement. sont les vecteurs des indicateurs de la dette extérieure ; etsont les vecteurs des autres variables macroéconomiques ; et sont les termes d'erreur.

représentent respectivement les pays et les années.

De manière plus spécifique, on a :

b) Présentation des variables

Le tableau ci-dessous synthétise les variables qui ont été utilisée dans nos deux modèles. Il s'agit principalement des déterminants de la dette extérieure (Banque Mondiale, 2018), des déterminants traditionnels de l'inflation et de la balance des paiements, mais aussi de certaines variables muettes que nous avons générées pour capter des phénomènes tels que le niveau de développement des Etats et l'héritage colonial.

Tableau 4.1 : Présentation des variables (Partie II)

Variables

Abréviations

Définitions

Sources

Balance commerciale

BC

Différence entre les valeurs des exportations et des importations des biens et services

WDI 2018

Inflation

INF

Mesurée par l'indice des prix à la consommation

WDI 2018

Service de la dette extérieure

SEDE

Mesuré la somme versée annuellement par un pays pour rembourser le capital emprunté et les intérêts.

WDI 2018

Stock de la dette extérieure

STDE

Mesuré la somme des déficits accumulés au fil du temps par un pays.

WDI 2018

Aide Publique au Développement

APD

Il s'agit d'une mesure agrégée des flux d'aide combinant le total des dons et la composante de tous les prêts publics.

WDI 2018

Investissement Direct Etranger

IDE

Mesuré par les flux nets entrants des IDE en pourcentage du PIB.

WDI 2018

Taux de change

TC

Mesure l'expression du prix de la devise de chaque pays dans la devise d'un autre pays

WDI 2018

Dépenses publiques

DP

Représentent la valeur marchande de tous les biens et service, y compris les produits durables

WDI 2018

Ouverture commerciale

OC

Mesurée par la somme des exportations et des importations des biens et services rapportée au PIB.

WDI 2018

Développement Financier

DF

Il met en évidence le rôle des intermédiaires financiers dans le financement du secteur productif, notamment privé. Il est mesuré par le ratio du crédit au secteur privé.

WDI 2018

Taille du Marché

PIBh

Mesurée par le PIB par habitant, cette variable permet de prendre en compte le niveau d'activité de l'économie.

WDI 2018

Production

Intérieure

PIBréel

Mesurée par le PIB réel, cette variable permet de tenir compte de la nature des rendements d'échelle.

WDI 2018

Ressources naturelles

RN

Les pays africains sont majoritairement riches en ressources naturelles. Cette variable sera mesurée par les rentes totales des ressources naturelles (pétrole, gaz, bois, minerais, etc.) en pourcentage du PIB

WDI 2018

Masse monétaire

M2

Quantité de monnaie qui circule dans une économie a un moment donne. Elle est exprimée par M2

WDI 2018

Niveau de Développement

 

Il s'agit de deux variables muettes PMA et Non-PMA

ONU

Maitrise de la corruption

MC

Mesure le degré d'utilisation de l'autorité publique à des fins d'enrichissement personnel. Cet indicateur prend également des valeurs compris entre -2,5 et +2,5

WGI 2018

Anglophone

 

Il s'agit d'une variable muette qui prend la valeur 1 si le pays a été colonisé par le Royaume-Uni et 0 sinon.

 

Variables muettes temporelles

 

Elles permettront de capter les chocs conjoncturels améliorant ainsi la qualité des estimations.

 

Source : Auteur

II.1.2. Méthode d'estimation

Nous allons d'abord expliquer le principe de l'estimation et par la suite, nous présenterons les principaux tests de robustesse.

a)Principe de l'estimation

Arfan et al. (2008) ont supposé l'existence d'une double causalité dans la relation entre la stabilité politique et l'équilibre de la balance des payements dans 10 pays asiatiques. En effet, un environnement politique stable est supposé dans un premier temps avoir une influence positive sur la balance des paiements et dans un second temps, l'amélioration de la balance des paiements induit nécessairement une meilleure gestion pour garantir sa durabilité.

Sur le plan économétrique, cela met en exergue un problème d'endogenéité. Il existe trois principales sources de l'endogenéité : l'omission de variables explicatives pertinentes dans la spécification du modèle ; la simultanéité qui apparaît lorsque la variable dépendante et certaines variables explicatives sont déterminées en « même temps » ; ou encore les erreurs de mesures sur les variables indépendantes et/ou de la variable dépendante. L'hypothèse d'exogénéité des variables explicatives n'étant plus vérifiée, il n'est plus opportun de recourir à la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Ainsi, pour corriger le problème d'endogenéité, nous optons pour la méthode des Doubles Moindres Carrés (DMC).

Cette méthode consiste à affecter à chaque variable soupçonnée souffrir du biais d'endogenéité, au moins une variable instrumentale. La variable instrumentale est une variable corrélée avec la variable source d'endogenéité, mais qui n'est pas corrélée avec le terme d'erreur. Dans le cas des DMC, outre les variables instrumentales exogènes au modèle, il est également possible d'utiliser les variables retardées des variables endogènes comme instruments, puisque celles-ci sont supposées non corrélées avec les résidus. Au total, il existe plusieurs estimateurs des DMC parmi lesquels on peut citer l'estimateur DMC à effets fixes et l'estimateur DMC à effets aléatoires. Pour ce dernier, on distingue l'estimateur G2SLS de Balestra et Varadharajan-Krishnakumar (1987) et l'estimateur ESLS de Baltagi (2008).

Le choix entre le modèle à effets fixes et celui à effets aléatoires nécessite que soit effectué au préalable un test de spécification. Le test recommandé est celui de Hausman. Lorsque la probabilité du test est inférieure au seuil de 10%, alors on réfute l'hypothèse nulle d'absence de corrélation entre l'effet spécifique et les variables indépendantes et le modèle choisi est celui à effets fixes. Si par contre cette probabilité est supérieure au seuil de 10%, alors on ne peut rejeter l'hypothèse nulle. Dès lors, le test ne permet pas de différencier le modèle à effets fixes du modèle à effets aléatoires.

b) Principaux tests de robustesse

Le principal test de robustesse à effectuer est le test de validité des instruments de Sargan/Hansen. Si la probabilité dudit test est supérieure au seuil de 10%, alors on ne peut rejeter l'hypothèse nulle et on conclut que nos instruments sont valides. En outre, notons que pour le modèle à effets fixes, le R2le plus pertinent est le R2-within car il donne une idée sur la variabilité intra-individuelle de la variable indépendante expliquée par celles des variables explicatives. Le R2-between quant à lui donne une idée de la contribution des effets fixes des individus au modèle. En revanche, pour le modèle à effets aléatoires, le R2le plus pertinent est le R2-between car il donne une idée de la variabilité interindividuelle de la variable dépendante expliquée par celles des variables explicatives. Le R2-within quant à lui donne une idée des effets aléatoires du pays au modèle.

II.2/ Résultats et Interprétations

Cette sous-section s'organisera autour de deux principaux points. Dans le premier point, nous présenterons les principaux résultats issus de nos estimations. Dans le second point, nous ferons des interprétations économiques de ces différents résultats afin d'en extraire toute la consistance.

II.2.1. Résultats des estimations

L'objectif de ce chapitre est de déterminer les indicateurs de la dette extérieure qui contribuentà la stabilitééconomique en Afrique Subsaharienne. Nous avons pour cela étudié de manière plus spécifique la relation dette extérieure et stabilité économique interne d'une part, et d'autre part la relationdette extérieure et stabilité économique externe. En nous basant sur les travaux d'Arfan et al. (2008) nous avons opté pour un modèle en panel que nous avons estimé par la méthode des DMC. Concrètement, dans les modèles (A) (C) (1) et (3), nous avons cherché à déterminer l'influence des seuls indicateurs de la dette extérieure sur la stabilité économique interne et externe. En revanche, dans les quatre autres estimations nous avons tenu compte, outre l'influence de la dette extérieure sur nos variables dépendantes, celle des autres déterminants macroéconomiques. Une présentation synthétique de nos principaux résultats est effectuée dans les tableaux 4 et 5.

Tableau 4.2 : Résultats des estimations pour l'inflation(Partie II)

VARIABLES

Modèle à Effets Aléatoires

Modèle à Effets Fixes

(A) Inflation

(% PIB)

(B) Inflation

(% PIB)

(C) Inflation

(% PIB)

(D) Inflation

(% PIB)

Stock de la Dette Extérieure (log)

2,291**

0.904

2,598*

0.825

 

(1,082)

(1.131)

(1,321)

(1.434)

Service de la Dette Extérieure (log)

-1,485*

0.347

-1,979*

-0.447

 

(0,858)

(0.834)

(1,089)

(0.966)

IDE (log)

-1,105*

-1.787**

-1,651*

-2.289**

 

(0,668)

(0.710)

(0,954)

(1.097)

Aide publique au développement (log)

 

0.317

 

1.403**

 
 

(0.499)

 

(0.692)

Balance Commerciale

 

-0.0141

 

-0.0880

 
 

(0.0529)

 

(0.0593)

Masse Monétaire

 

0.000750

 

-0.129

 
 

(0.0503)

 

(0.0796)

Ouverture Commerciale (log)

 

4.290**

 

3.339

 
 

(1.836)

 

(2.490)

Ressource Naturelles (log)

 

0.253

 

2.427*

 
 

(0.589)

 

(1.389)

Dépenses publiques

 

-0.162*

 

-0.207

 
 

(0.0948)

 

(0.137)

Développement Financier

 

-0.0374

 

0.0743

 
 

(0.0444)

 

(0.0904)

PIB par Habitant (log)

 

-1.604*

 

-4.054***

 
 

(0.884)

 

(1.441)

Maitrise de la Corruption

Taux de Change Effectif

Dépenses de Consommation Finale

 

0.828

(1.154)

-0.000168

(0.000441)

-0.0526

(0.0539)

 

-1.687

(1.605)

-0.00145*

(0.000837)

-0.171**

(0.0752)

(Ressource Naturelles)*(PMA)

(Ressource Naturelles)*(Non PMA)

0,0815

(0,0550)

0,0115

(0,0608)

0.0817

(0.0643)

-0.0823

(0.0782)

0,125

(0,0857)

0,00533

(0,0856)

0.0303

(0.103)

-0.262**

(0.120)

Variables muettes temporelles

Oui

Oui

Oui

Oui

Terme Constant

-15,59

-24.47

-13,00

-0.224

 

(11,53)

(19.35)

(15,53)

(28.06)

 
 
 
 
 

Observations

412

391

412

391

Nombre de Pays

38

36

38

36

Fisher (p-value)

7,01 (0,0000)

3,74 (0,0000)

6,64 (0,0000)

5,33 (0,0000)

R-square

0,0055

0,1212

0,0318

0,1259

Test de Sargan/Hansen

0,508 (0,4761)

2,353 (0,1251)

0,044 (0,8336)

2,44 (0,1185)

Test de spécification de Hausman (A et C)

chi2(9) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) Prob>chi2 = 0,9951

= 1,73

Test de spécification de Hausman (B et D)

chi2(22) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) Prob>chi2 = 0,5737

= 17,24

Notes : les valeurs entre parenthèses correspondent à l'écart-type. *** p<0,01 significatif à 1%, ** p<0,05 significatif à 5%, * p<0,1 significatif à 10%.

Source : Auteur, estimations réalisées à partir des données de la Banque Mondiale.

Tableau 4.3 : Résultats des estimations pour la balance commerciale(Partie II)

VARIABLES

Modèle à Effets Aléatoires

Modèle à Effets Fixes

(1) Balance commerciale

(% PIB)

(2) Balance commerciale

(% PIB)

(3)Balance commerciale

(% PIB)

(4)Balance commerciale

(% PIB)

Stock de la Dette Extérieure (log)

-9.803***

-7.453***

-9.705***

-6.498***

 

(2.090)

(1.963)

(2.169)

(2.422)

Service de la Dette Extérieure (log)

7.701***

6.459***

6.171***

4.937***

 

(1.594)

(1.608)

(1.688)

(1.873)

IDE (log)

-3.683***

1.811

-3.484**

3.012

 

(1.320)

(2.496)

(1.394)

(3.890)

PIB par Habitant (log)

 

0.543

 

-0.436

 
 

(4.076)

 

(7.373)

Aide Public au Développement (log)

 

-3.489***

 

-3.241**

 
 

(1.054)

 

(1.450)

Taux de Change Effectif

 

-0.00152

 

-0.00119

 
 

(0.00123)

 

(0.00212)

Inflation (log)

 

-0.194

 

-0.367

 
 

(0.621)

 

(0.699)

Ouverture Commerciale (log)

 

-33.68***

 

-35.38***

 
 

(4.258)

 

(6.962)

Ressource Naturelle (log)

 

-0.819

 

-0.672

 
 

(1.827)

 

(2.384)

Développement financier

 

0.0436

 

-0.0619

 
 

(0.104)

 

(0.140)

Dépenses publiques

 

-0.545**

 

-0.615**

 
 

(0.225)

 

(0.305)

(Ressource Naturelles)*(PMA)

0.106

0.649***

0.275**

0.884***

 

(0.120)

(0.150)

(0.135)

(0.201)

(Ressource Naturelles)*(NON PMA)

0.838***

1.324***

0.775***

1.311***

 

(0.139)

(0.199)

(0.152)

(0.205)

Variables muettes temporelles

Oui

Oui

Oui

Oui

 
 
 
 
 

Terme Constant

56.53**

234.7***

80.93**

250.5***

 

(28.68)

(48.75)

(32.04)

(61.95)

 
 
 
 
 

Observations

436

361

436

361

Nombre de Pays

37

35

37

35

Fisher (p-value)

8,82 (0,0000)

15,91 (0,0000)

8,07 (0,000)

15,4 (0,0000)

R-square

0,3362

0,5107

0,0420

0,3994

Test de Sargan/Hansen

0,552 (0,4575)

0,265 (0,6070)

0,662 (0,4159)

0,35 (0,5525)

Test de spécification de Hausman (1 et 3)

chi2(9) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) Prob>chi2 = 0,5625

= 7,72

Test de spécification de Hausman (2 et 4)

chi2(16) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) Prob>chi2 = 0,3825

= 17,05

Notes : les valeurs entre parenthèses correspondent à l'écart-type. *** p<0,01 significatif à 1%, ** p<0,05 significatif à 5%, * p<0,1 significatif à 10%.

Source : Auteur, estimations réalisées à partir des données de la Banque Mondiale.

II.2.2. Interprétations économiques

Sur le plan économétrique, le test de Fisher est concluant pour l'ensemble des huit estimations puisque sa probabilité est inférieure au seuil de 1%. Cela signifie donc que nos modèles sont globalement significatifs. De plus, le test de suridentification de Sargan/Hansen est lui aussi concluant et permet de valider nos instruments. En effet, la p-value de cette statistique est supérieure au seuil de 10% dans toutes les huit régressions ce qui ne permet pas de rejeter l'hypothèse nulle de validité des instruments. Nous avons également fait le test de spécification de Hausman pour savoir lesquels des modèles à effets fixes ou des modèles à effets aléatoires sont pertinents pour notre étude. Dans le cas de la relation dette extérieure et stabilité économique interne, les différentes probabilités obtenues sont : pour les modèles (A) et (C) Prob> Chi2= 0,9205 et Prob > Chi2 =0,2989pour les modèles (B) et (D). De même, dans le cas de la relation dette extérieure et stabilité économique externe, pour les modèles (1) et (3) Prob > Chi2= 0,5625 et Prob > Chi2= 0,3825 pour les modèles (2) et (4). Le fait que ces probabilités soient toutes supérieures au seuil de 10% implique que le test de Hausman ne permet pas dans ces cas de figure de choisir entre les modèles à effets aléatoires et les modèles à effets fixes. Toutefois, l'analyse des R2 nous amène considérer le modèle à effets aléatoires plus pertinent dans notre cas. Ainsi, nos interprétations économiques seront davantage basées sur les modèles (A) (B) (1) et (2).

Sur le plan théorique, les résultats obtenus s'inscrivent pour la plupart dans la lignée des travaux antérieurs aussi bien pour les indicateurs de la dette extérieure que les déterminants traditionnels de la stabilité économique. S'agissant de l'influence de la dette extérieure sur la stabilité économique, nous avons pu établir une relation positive et significative entre le stock de la dette extérieure et l'inflation d'une part etle service de la dette extérieure et la balance commerciale d'autre part. En particulier, la relation stock de la dette extérieure et inflation est significative au seuil de 10% en ce qui concerne la stabilité interne (modèle A) et la relation service de la dette extérieure et balance commerciale au seuil de 1% pour la stabilité économique externe (modèles 1 et 3). Ce résultat n'est pas nouveau puisqu'il avait déjà été établi par Aysan et al. (2007) dans le cas des pays de la MENA pour la période 1970-2002. Ceci peut se justifier par le fait que le service de la dette extérieureest le signal d'une confiance élevée des pays bénéficiaires vis-à-vis des bailleurs de fonds renforçant de ce fait la crédibilité de politiques mises en oeuvre. Les investissements se font généralement sur le long terme, cette stabilité ne peut qu'avoir une influence positive sur les décisions d'investissement. Dans le cas spécifique des pays d'ASS dont les économies sont encore peu développées, le service de la dette extérieure amène les Etats à diriger leurs dépenses vers des investissements plus productifs au lieu de consacrer une partie importante des ressources déjà limitées pour assurer leur défense.

Tout comme le service de la dette extérieure, le stock de la dette extérieure a des effets mitigés sur stabilité économique en Afrique subsaharienne. Dans un premier temps, bien que cette relation soit significative, le stock de la dette extérieure a une influence positive sur l'inflation. En effet, le stock de dette extérieure bas diminue le niveau général des prix. De même, elle agit comme une taxe qui exacerbe les coûts de production des entreprises ce qui rend la rentabilité de l'investissement incertaine. Dans un second temps, le stock de dette extérieure exerce une influence négative sur la balance commerciale. Le stock de la detteest défini ici comme la somme des déficits accumulés aucours du temps, on peut donc imaginer qu'un stock de dette extérieure très élevée peut avoir des effets pervers sur la balance commerciale. Baliamoune-Lutz et Ndikumana (2008) à partir d'une approche en panel dynamique avaient également mis en évidence cette influence nuancée du stock de la dette sur la stabilité dans 33 pays d'Afrique pour la période 1982-2001.

Les IDE exercent une influence négative sur la stabilité économique en Afrique subsaharienne. Cette relation est même significative dans le cas de la balance commerciale (aux seuilsde 1% et 10% pour les modèles 1 et 3) et de même que dans le cas de l'inflation ou elle l'est au seuil de 5%(modèles B et C) et de 10% (modèle A).Ce résultat qui semble au premier abord surprenant n'est cependant pas nouveau puisque Siddiqui et al. (2013) l'avait déjà établi sur une étude menée au Pakistan au cours de la période 1976-2005. En effet, les entrées d'IDE peuvent entrainer une détérioration de la balance des paiements à long terme (en raison des transferts de bénéfices) et elles devraient être prises en compte lorsque les décideurs élaborent des politiques pour attirer les investisseurs étrangers. A cet effet, les Etats africains se doivent d'encourager les flux d'IDE dans des secteurs commercialisables tels que les exportations, où la valeur ajoutée et l'augmentation du revenu et de l'épargne réels des populations doivent être privilégiées. Là où les flux de capitaux étrangers, au lieu d'exercer une pression sur les comptes courants, produiraient des produits d'exportation par le biais de la valeur ajoutée. Dans ce cas, les IDE pourraient être bénéfiques puisque les sorties de bénéfices correspondraient ou même seraient inférieures aux entrées basées sur les exportations, ce qui aurait un impact positif sur le compte courant.

L'ouverture commerciale présente des résultats mitigés sur la stabilité économique en

Afrique subsaharienne. Dans un premier temps, l'on observe une relation négative et significative au seuil de 1% entre l'ouverture commerciale et la balance commerciale (modelés 2 et 4). Mais dans un second temps, le lien entre l'ouverture commerciale et l'inflation est positif et significatif au seuil de 5% (modelé B). Nous pouvons justifier cette dissimilitude par le fait que les entreprises africaines ne se font pas seulement concurrence entre elles, mais elles sont aussi confrontées à la concurrence étrangère notamment avec des entreprises des pays développés. Or, il se trouve que les entreprises africaines sont moins compétitives. Dès lors, une ouverture commerciale toujours plus poussée sans des mesures d'accompagnement entraîne inévitablement des pertes irréversibles.

Le taux de change effectif réel exerce une influence négative sur la stabilité économique en ASS. Cette relation étant toutefois significative dans le cas de l'inflation (au seuil de 10% pour le modèle D)et non significative dans le cas de la balance commerciale, ce résultat se rapproche de celui établi par de Calderón et al. (2007). En effet, la dépréciation du TCER détériore les balances commerciales des pays africains, ce qui pourrait s'expliquer par une forte dépendance vis-à-vis des importations et une faible capacité d'exportation de ces pays. Par ailleurs, les termes de l'échange ont un effet positif sur la balance commerciale et la balance des transactions courantes, mais cette relation n'est significative que dans le cas de la Balance commerciale. En effet, une évolution positive des termes de l'échange est liée à une amélioration du compte courant, pour autant que les conditions de Marshall-Lerner restent inchangées. Ce résultat est également conforme à l'effet bien connu de Harberger-LaursenMetzler, selon lequel les chocs transitoires défavorables des termes de l'échange entraînent une baisse du ratio du revenu courant au revenu permanent et une détérioration de l'épargne et des balances courantes (Obstfeld, 1982).

Nous avons dans cette étude introduit le PIB par habitant afin de tenir compte des différences de niveau de développement entre les pays. Dès lors, les résultats de nos estimations présentent une relation mitigée et non significative entre la croissance du PIB par tête et l'équilibre de la balance commerciale en ASS. Ce résultat est différent de celui de Begoviæ et Kreso (2017) qui ont établi que les pays plus riches dépensent davantage pour les importations, ce qui détériore leurs balances commerciales. De même, le PIB réel exerce une influence négative et significative au seuil de 1% (modèle D) sur l'inflation en ASS.Ce résultat qui semble au premier abord surprenant n'est cependant pas nouveau puisque Mazhar et Jafri (2016) l'avaient déjà établi. En effet, ces auteurs ont montré que l'amélioration du niveau de vie est associée à une faible inflation. Cette conclusion est également conforme à la théorie néo-keynésienne qui postule que lorsque le PIB actuel est inférieur à son niveau potentiel, l'inflation est censée être affectée négativement en ce sens qu'une augmentation de la croissance économique diminue l'inflation (Gali et Gertler, 1999).

Enfin, cette étude met en évidence une nouvelle fois la dépendance des économies africaines vis-à-vis des ressources naturelles.Toutefois, il apparait que la dotation en ressources naturelles exerce une influence positive sur les balances commerciales et l'inflation en ASS.Cette dépendance est plus prononcée dans les PMAcomparativement aux autres pays. En effet, s'il existe une relation positive et significative entre les ressources naturelles et l'inflation en ASS, celle-ci est significative au seuil de 5% dans le cas des PMA (modèles A et C). Ce résultat traduit la faible diversification des économies des PMA.De ce fait, les gouvernements d'ASS se doivent de définir un cadre de gestion de leurs ressources naturelles susceptibles de les rendre plus compétitives sur les marchés internationaux. En outre, pour les pays riches en ressources naturelles du sous-sol, les dirigeants doivent impérativement améliorer le cadre de leurs exploitations afin de rendre celles-ci bénéfiques pour les populations locales

CONCLUSION

La problématique de la stabilité économique en Afrique Subsaharienne est au coeur de tous les programmes de développement. Il est donc question de trouver les voies et mesures pour l'améliorer. A cet effet, il est admis que la dette extérieure est indispensable pour atteindre cet objectif. La dette extérieure elle-même étant multidimensionnelle, l'objectif de ce chapitre était de déterminer empiriquement les dimensions de la dette extérieure qui sont les plus susceptibles de contribuer à la stabilité économique en Afrique Subsaharienne. En fin de compte, il ressort de nos résultats que la stabilité économique réagit favorablementau stock de la dette extérieure, au service de la dette extérieureet aux IDE. En outre, les pays où le stock de la dette est bas connaissent également une amélioration de leur stabilité économique. Un effet positif de la maitrise de la corruption sur la stabilité économique a été observé même si celui-ci n'est pas significatif. En revanche, compte tenu de la faible compétitivité des entreprises africaines, l'ouverture commerciale a un impact négatif sur la balance commerciale. Enfin, notons que l'Etat doit veiller à renforcer son cadre infrastructurel ainsi que ses investissements dans le capital humain puisque ceux-ci ont révélé avoir des effets externes positifs dans le secteur privé.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette deuxième partie, nous avons analysé l'influence de la dette extérieure sur la croissance économique. Concrètement, il était question de déterminer les indicateurs de la dette extérieure qui contribuent à la stabilité économique Afrique Subsaharienne. La poursuite de cet objectif nous a conduits à étudier cette partie suivant deux chapitres. Ainsi, dans le premier chapitre, nous avons mis en évidence le lien théorique entre la dette extérieure et la stabilité économique. Dans le second chapitre, nous avons procédé à une évaluation empirique de cette relation. De ces différentes analyses, il apparaît que l'influence de la dette extérieuresur la stabilité économique est effective.

Concernant la solvabilité de la dette extérieure, les effets du stock de la dette extérieure et du service de la dette extérieure sur la stabilité économique sont mitigés. En effet, le stock de la dette extérieure a un impact positif sur l'inflationtandis que l'effet opposé est observé pour la balance commerciale. De même, le service de la dette a un effet négatif sur la balance commerciale et un effet positif sur l'inflation. En revanche, l'APD améliore à la fois la stabilité de l'inflation et de la balance commerciale.

Pour ce qu'il s'agit de la soutenabilité de la dette extérieure, il apparaît que les IDE sont indispensables aussi bien pour l'inflationque pour la balance commerciale, mais ce lien est encore plus fort pour la dernière catégorie. En effet, la stabilité politique réduit l'incertitude d'une part, et permet aux gouvernements de consacrer leurs ressources vers des dépenses plus productives. Ainsi, les pays autocratiques sont ceux où les investissements sont les plus importants. Toutefois, lorsque la bonne des IDE est effective, ceux-ci deviennent un puissant stimulant à la fois de l'inflation et la balance commerciale. En définitive, les principaux résultats obtenus confortent notre seconde hypothèse à savoir que le service de la dette extérieure, le stock de dette extérieure et les IDE améliore la stabilité économique en Afrique subsaharienne.

CONCLUSION GENERALE

Faire de l'Afrique une véritable puissance mondiale à l'horizon 2063 et un « eldorado » pour ses populations, tel est l'objectif que se sont fixés les dirigeants africains lors du cinquantième anniversaire de l'Union Africaine. Il est question de trouver dès à présent les voies et moyens pour permettre aux Etats africains d'atteindre cet objectif. A ce titre, Ghura (1997) a montré que l'investissement est un puissant canal de la croissance économique et un facteur de réduction de la pauvreté. L'amélioration des performances économiques en Afrique subsaharienne est donc indispensable d'autant plus que celle-ci y est très faible. Toute la problématique centrale est alors de trouver les moyens qui permettraient d'améliorer la performance économique en Afrique subsaharienne. Ainsi, depuis les travaux de Krugman (1988) on reconnaît aux variables de stabilité économique une influence positive sur les variables macroéconomiques. C'est cette approche qui a été privilégiée dans ce mémoire en nous focalisant sur l'influence de la dette extérieure sur les performances économiques en Afrique subsaharienne.

En particulier, l'objectif principal de ce travail était de mettre en évidence l'influence de la dette extérieure sur la performance économique en Afrique subsaharienne au cours de la période 2002-2017.A cet objectif principal ont été associés les deux objectifs secondaires suivants : évaluer l'influence de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique subsaharienne etl'influence de la dette extérieure sur la stabilité économique en Afrique subsaharienne. En cohérence avec ces objectifs, nous avons organisé notre travail autour de deux parties subdivisées chacune en deux chapitres. Dans le chapitre 1 de la première partie, nous avons analysé par quels canaux la dette extérieure pouvait améliorer la croissance économique dans une région en général. Dans le chapitre 3 représentant le chapitre premier de la deuxième partie, nous nous sommes intéressés aux canaux par lesquels la dette extérieure est susceptible de contribuerà la stabilité économique d'un pays. Dans le but de concrétiser ces objectifs, nous avons formulé des hypothèses théoriques que nous avons soumises à l'épreuve des données dans les chapitres 2 et 4 de notre travail. Pour cela, nous avons eu recours à des données de sources secondaires de la Banque Mondiale, de la CNUCED, et du FMI. De ces estimations, il ressort les principaux résultats suivants :

D'abord, les indicateurs de la solvabilité de la dette extérieurenotamment le stock de la dette extérieure ont une influence positive et significative à la fois sur la croissance économique et sur la stabilité économique. Le stock de la dette extérieure est appréhende comme la somme des déficits accumulés aucours du temps. Ce résultat est conforme à celui obtenupar Nguyen, Clements et Bhattacharya (2003) lorsqu'ils analysaient l'impact de la dette extérieure sur la croissance de 55 pays à faible revenu sur une période de 1970 à 1999. Utilisant un modèle GMM, ils parviennent au résultat selon lequel le surplomb de la dette est compris entre 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de l'exportation au-delà de ce seuil, la dette extérieure constitue un frein pour la croissance économique ; par contre une augmentation de 1 point de l'investissement public agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2 point. A partir d'un modèle à effets fixes sur un panel constitue de 92 pays à faible revenu sur la période 1990-2007, -Panizza et Presbitero (2014) révèlent que l'impact économique d'une augmentation de niveau de la dette au-delà de 30% de PIB, entraine une réduction de croissance de l'ordre de 1,6%. Résultat, obtenu en utilisant un modelé GMM sur 20 économies avancées sur la période 1946-2009. C'est toujours en ce sens que, Cecchetti, Mohanty et Zampolli (2011) qui à partir d'un modèle en coupe transversale sur un panel de 18 pays de OCDE, ont montré sur une période de 1980-2005, que si la dette extérieure n'est pas très élevée, elle encourage la croissance économique et stabilise le secteur financier mais au-delà d'un certain seuil, l'augmentation de la dette privée peut avoir des impacts négatifs.

Ensuite, les indicateurs de la soutenabilité de la dette extérieure à savoir : l'APD ont une influence positive et significative sur la croissance économique et la stabilité économique comme l'avaient démontré Rose (2010). En revanche, les IDEà un effet négatif sur la stabilité économique. Cette influence nuancée des IDE sur la stabilité économique avait déjà été mise en évidence par Cheung (2013) à partir d'une approche en panel dynamique dans le cas 25 pays de l'ODCE pour la période 1970-2007.

Enfin, les autres déterminants macroéconomiques tels que l'ouverture commerciale, les dépenses de consommation finale, le capital humain, les infrastructures et la FBCF sont également indispensables à la performance des économies en ASS. De manière spécifique l'ouverture commerciale joue un rôle très important sur les entrées de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne. Ce résultat est conforme à ceux obtenus par Asiedu (2002, 2006) et Anyanwu (2012). Par ailleurs, la qualité des infrastructures, le capital humain et les dépenses de consommation finale sont indispensables à la croissance économique en ASS. En somme, ces résultats nous permettent de valider notre hypothèse centrale qui stipule que la dette extérieure améliore la performance économique en Afrique subsaharienne.

D'après ce qui précède, nous formulons les recommandations de politique économique suivantes :

Ø Promouvoir un climat de paix sociale

Rien ne peut se construire dans le désordre. La première condition pour se développer est sans aucun doute la paix. Celle-ci s'obtient à travers la mise en oeuvre d'un certain nombre de politiques. Ainsi les Etats doivent davantage intégrer les populations dans les processus de prise de décision pour que celles-ci leur confèrent une plus grande légitimité. De ce fait, dans un contexte où les individus sont jaloux de leurs libertés, il est question d'adopter des systèmes politiques qui permettent aux individus d'être entreprenants.

Ø Promouvoir l'assainissement de l'environnement économique

Les agents économiques investissement dans l'espoir de tirer des profits supérieurs. La réalisation de cet objectif est tributaire du « climat des affaires » dans lequel ils réalisent leurs activités. Si l'environnement économique est imprévisible et qu'il faut engager des coûts supplémentaires pour contourner les rigidités artificielles du marché, alors les entrepreneurs seront moins enclins à réaliser de nouveaux investissements. A ce titre, les Etats d'Afrique subsaharienne doivent mettre en place des mesures permettant d'améliorer la transparence et celles-ci passent nécessairement par l'intensification de la lutte contre la corruption et par l'amélioration de la gestion du stock de la dette extérieure.

Ø Diversifier les économies

Cette recommandation découle du fait que les économies d'Afrique subsaharienne sont dépendantes de leurs ressources naturelles. Or, celles-ci représentent pour les économies d'Afrique subsaharienne une sorte d'épée de Damoclès au moins pour deux raisons. D'une part, l'abondance des ressources naturelles sur le continent d'ASS attire beaucoup plus les entreprises du secteur extractif qui ne créent pas de réelle valeur ajoutée et donc leurs effets sur la croissance et le développement des pays africains sont faibles. D'autre part, en cas de choc sur le marché des produits de base comme cela fut le cas ces dernières années avec le pétrole, les pays qui tirent principalement leurs recettes des rentes pétrolières se retrouvent affectés et ne peuvent par conséquent plus financer leurs vastes programmes de développement, dans le pire des cas, ils peuvent même tomber en récession. Une diversification des économies permettra aux pays africains de mieux résister aux chocs extérieurs.

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ANNEXE 1

Annexe 1.1 :Statistiques descriptives de la dette extérieure en ASS (2002-2017)

Variable

Obs.

Moyenne

Ecart-type

Minimum

Maximum

 
 
 
 
 
 

Stock de la dette extérieure

720

7.01e+09

1.64e+10

1.31e+08

1.76e+11

Service de la dette extérieure

720

5.07e+08

1.43e+09

32179.9

1.34e+10

IDE

629

5.76626

8.497272

-5.977515

89.47596

Balance Commerciale

705

-11.90209

21.22153

-161.4284

49.76069

APD

726

7.34e+08

9.11e+08

-1.45e+07

1.14e+10

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.2 :Statistiques descriptives des variables macroéconomiques pour la croissance économique

Variable

Obs.

Moyenne

Ecart-type

Minimum

Maximum

 
 
 
 
 
 

Education primaire

407

73.55729

16.74097

31.03266

98.31896

Internet

719

8.255099

11.09662

.0310112

57.16215

Capital humain

762

7040684

9866501

44648

5.90e+07

Inflation

707

8.203412

18.00149

-8.97474

379.848

FBCF

615

5.83e+09

1.34e+10

3.25e+07

8.74e+10

Taux de change effectif

743

9049101

2.47e+08

.0550983

6.72e+09

Dépenses de consommation finale

784

1.356302

4.725481

-61.6661

24.50544

Ressources naturelles

784

.2651204

1.343861

-19.27936

11.12733

Maitrise de la corruption

776

-.6467514

.6234348

-1.868714

1.216737

Efficacité des pouvoir public

775

-.7879236

.6301343

-2.478397

1.049441

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Algérie

Non PMA

Gabon

Non PMA

Nigeria

Non PMA

Angola

PMA

Gambie

PMA

Rwanda

PMA

Bénin

PMA

Ghana

Non PMA

Sénégal

PMA

Botswana

Non PMA

Guinée Conakry

PMA

Seychelles

Non PMA

Burkina Faso

PMA

Guinée Bissau

PMA

Sierra Léone

PMA

Burundi

PMA

Kenya

Non PMA

Afrique du Sud

Non PMA

Cameroun

Non PMA

Libéria

PMA

Soudan

PMA

Cap-Vert

Non PMA

Madagascar

PMA

Swaziland

Non PMA

RCA

PMA

Malawi

PMA

Tanzanie

PMA

Tchad

PMA

Mali

PMA

Togo

PMA

Comores

PMA

Mauritanie

Non PMA

Tunisie

Non PMA

RDC

PMA

Ile Maurice

Non PMA

Ouganda

PMA

Congo

Non PMA

Maroc

Non PMA

Zambie

PMA

Côte d'Ivoire

Non PMA

Mozambique

PMA

Zimbabwe

Non PMA

Egypte

Non PMA

Namibie

Non PMA

 
 

Guinée Eq.

PMA

Niger

PMA

 
 

Annexe 1.3 : Liste des Pays en fonction de leur niveau de développement

Source : ONU

Annexe 1.4 : Evolution de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne (2002-2017)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.5 : Evolution des indicateurs de la dette extérieure en Afrique Subsaharienne (2002-2017)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.4 : Evolution de la croissance économique en Afrique Subsaharienne (2002-2017)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.6: Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure (Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.7: Evolution de l'indicateur du stock de la dette extérieure (Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.8: Evolution de l'indicateur du service de la dette extérieure (Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.9 : Evolution de l'indicateur du stock de la dette extérieure (Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.10: Evolution de l'indicateur APD (Groupe 1)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.11 : Evolution de l'indicateur APD (Groupe 2)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.12 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieureet la croissance économique

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.13 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieureet la croissance économique

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.14 : Evolution de l'indicateur APDet la croissance économique

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.15: Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction du taux de croissance économique

Rang

Pays

Taux de croissance économique (%)

2002-2017

1

Ethiopie

6,37

2

Rwanda

5,18

3

Angola

4,67

4

Nigeria

4,11

5

Ghana

3,93

6

Mozambique

3,91

7

Ile-Maurice

3,75

8

Sierra Leone

3,74

9

Tanzanie

3,58

10

Tchad

3,54

11

Cap-Vert

3,12

12

Uganda

2,95

13

Namibie

2,91

14

Lesotho

2,83

15

Botswana

2,81

16

Burkina Faso

2,69

17

Sao-Tomé-Et-Principe

2,64

18

RDC

2,49

19

Kenya

2,10

20

Malawi

2,01

21

Mauritanie

1,83

22

Afrique du Sud

1,53

23

Cameroun

1,51

24

Sénégal

1,51

25

Cote d'Ivoire

1,46

26

Mali

1,32

27

Benin

1,22

28

Niger

1,13

29

Togo

1,01

30

Congo

0,53

31

Gambie

-0,05

32

Gabon

-0,37

33

Burundi

-0,38

34

RCA

-0,82

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.16 : Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction du service de la dette extérieure

Rang

Pays

Service de la dette extérieure (en dollar)

2002-2017

1

Angola

3729758265

2

Benin

64074383,1

3

Botswana

93787446,9

4

Burkina Faso

68044762,9

5

Burundi

28366451,3

6

Cap-Vert

34977568,1

7

Cameroun

501732064

8

RCA

20912051,6

9

Tchad

115500684

10

Comores

6643574,07

11

RDC

395855439

12

Congo

163684281

13

Cote d'Ivoire

866417272

14

Ethiopie

427306943

15

Gabon

585919333

16

Gambie

29837213

17

Ghana

665581944

18

Kenya

660522850

19

Lesotho

53388241,4

20

Malawi

49352359

21

Mali

88557279,1

22

Mauritanie

130238423

23

Ile Maurice

1595391643

24

Mozambique

118194277

25

Niger

58596726,4

26

Nigeria

2405625464

27

Rwanda

33405178,4

28

Sao-Tomé-Et-Principe

5185316,29

29

Sénégal

305039353

30

Sierra Leone

23980178

31

Afrique du Sud

7466550747

32

Tanzanie

226471391

33

Togo

49598865,8

34

Uganda

147813591

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.17 : Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction du stock de la dette extérieure

Rang

Pays

Stock de la dette extérieure (en dollar)

2002-2017

1

Angola

18022045360

2

Benin

1587398174

3

Botswana

1327564706

4

Burkina Faso

1997321792

5

Burundi

889065513,1

6

Cap-Vert

898984988,8

7

Cameroun

5868572984

8

RCA

769478765,8

9

Tchad

2120266274

10

Comores

226394401,8

11

RDC

8089612373

12

Congo

4331502637

13

Cote d'Ivoire

11440833518

14

Ethiopie

9815296126

15

Gabon

3638501344

16

Gambie

548528399,3

17

Ghana

10841133657

18

Kenya

10992282254

19

Lesotho

743894030,8

20

Malawi

1708984118

21

Mali

2780157963

22

Mauritanie

2631368718

23

Ile Maurice

6687521885

24

Mozambique

5602601577

25

Niger

1965983361

26

Nigeria

22499098749

27

Rwanda

1416871786

28

Sao-Tomé-Et-Principe

233934198,2

29

Sénégal

4285642911

30

Sierra Leone

1238876145

31

Afrique du Sud

91285480492

32

Tanzanie

9538887560

33

Togo

1317005889

34

Uganda

4906444940

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.8 : Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction de l'APD

Rang

Pays

APD (en dollar)

2002-2017

1

Angola

329859375

2

Benin

469161875

3

Botswana

127913125

4

Burkina Faso

851353750

5

Burundi

441473750

6

Cap-Vert

177188125

7

Cameroun

769841875

8

RCA

230226876

9

Tchad

397746251

10

RDC

2475981251

11

Congo

310203751

12

Cote d'Ivoire

855029376

13

Ethiopie

2716095001

14

Gabon

60056250,9

15

Gambie

90609375,9

16

Ghana

1273652501

17

Kenya

1570325626

18

Lesotho

137615001

19

Malawi

781923126

20

Mali

908148126

21

Mauritanie

295827501

22

Ile Maurice

76728751,4

23

Mozambique

1692488126

24

Namibie

191908127

25

Niger

616470627

26

Nigeria

2476151877

27

Rwanda

784033127

28

Sao-Tomé-Et-Principe

40480001,8

29

Sénégal

829700627

30

Sierra Leone

469913127

31

Afrique du Sud

915179377

32

Tanzanie

2226930002

33

Togo

204286877

34

Uganda

1408315002

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

ANNEXE 2

Annexe 2.1 :Statistiques descriptives des variables macroéconomiques pour l'inflation

Variables

Obs.

Moyenne

Ecart-type

Minimum

Maximum

 
 
 
 
 
 

APD

726

7.34e+08

9.11e+08

-1.45e+07

1.14e+10

La Balance Commerciale

705

-11.90209

21.22153

-161.4284

49.76069

La Masse Monétaire

710

34.77535

24.71601

2.917258

151.5489

L'Ouverture Commerciale

705

78.44376

38.98588

19.1008

311.3553

Les Ressources Naturelles

707

13.65255

13.01743

.0011475

61.51365

Les Dépenses Publiques

672

15.43332

6.890692

2.047121

47.19156

Le Développement Financier

711

21.03714

23.76371

.4428963

160.1248

Le PIB par Habitant

757

2009.724

3161.198

111.3634

22742.38

La Maitrise de la Corruption

776

-.6467514

.6234348

-1.868714

1.216737

Le Taux de Change effectif

743

9049101

2.47e+08

.0550983

6.72e+09

Les Dépenses Privées

686

88.85239

22.36421

4.192788

241.9739

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.2 :Statistiques descriptives des variables macroéconomiques pour la balance commerciale

Variables

Obs.

Moyenne

Ecart-TYPE

Minimum

Maximum

 
 
 
 
 
 

APD

726

7.34e+08

9.11e+08

-1.45e+07

1.14e+10

Le Taux de Change Effectif

743

9049101

2.47e+08

.0550983

6.72e+09

L'inflation

657

1.642888

1.103359

-3.305445

5.939771

L'Ouverture Commerciale

705

78.44376

38.98588

19.1008

311.3553

Les Ressources Naturelles

707

1.971125

1.603615

-6.770129

4.119259

Le Développement Financier

711

21.03714

23.76371

.4428963

160.1248

Les Dépenses Publiques

672

15.43332

6.890692

2.047121

47.19156

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.3 : Liste des Pays en fonction du degré d'ouverture du Régime politique

Algérie

UMA

Gabon

CEEAC

Nigeria

CEDEAO

Angola

CEEAC

Gambie

CEDEAO

Rwanda

CAE

Bénin

CEDEAO

Ghana

CEDEAO

Sénégal

CEDEAO

Botswana

SADC

Guinée Conakry

CEDEAO

Seychelles

CAE

Burkina Faso

CEDEAO

Guinée Bissau

CEDEAO

Sierra Léone

CEDEAO

Burundi

CAE

Kenya

CAE

Afrique du Sud

SADC

Cameroun

CEEAC

Libéria

CEDEAO

Soudan

CAE

Cap-Vert

CEDEAO

Madagascar

SADC

Swaziland

SADC

RCA

CEEAC

Malawi

SADC

Tanzanie

CAE

Tchad

CEEAC

Mali

CEDEAO

Togo

CEDEAO

Comores

SADC

Mauritanie

UMA

Tunisie

UMA

RDC

CEEAC

Ile Maurice

SADC

Ouganda

CAE

Congo

CEEAC

Maroc

UMA

Zambie

SADC

Côte d'Ivoire

CEDEAO

Mozambique

SADC

Zimbabwe

SADC

Egypte

UMA

Namibie

SADC

 
 

Guinée Equatoriale

CEEAC

Niger

CEDEAO

 
 

Source :UA

Annexe 2.4: Evolution de l'inflation en Afrique Subsaharienne (en % du PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.5 : Evolution de la balance commerciale en Afrique Subsaharienne (en % du PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.6: Evolution des IDE en Afrique Subsaharienne (en % du PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.7: Evolution des investissements domestiques en Afrique (en % PIB)

Source : Auteur, à partir des données du FMI (ICSD 2015)

Annexe2.8: La dynamique des soldes commerciaux en Afrique (en % PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2017)

Annexe2.9: La dynamique des comptes courants en Afrique (en % PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2017)

Annexe2.10: Hypothèse des déficits jumeaux en Afrique (en % PIB)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2017)

Annexe 1.11 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieure (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.12:Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.13 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieure (Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe1.14:Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure (Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.15 : Evolution de l'indicateur d'IDE (Groupe 1a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.16 : Evolution de l'indicateur d'IDE stabilité politique (Groupe 2a)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.16:Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure (Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.17:Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure (Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.18 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure (Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.19:Evolution de l'indicateur de stock de la dette extérieure (Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.19:Evolution de l'indicateur d'IDE (Groupe 1b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 1.20 : Evolution de l'indicateur d'IDE (Groupe 2b)

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.21 : Evolution de l'indicateur d'IDEet l'inflation

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.22 : Evolution de l'indicateur service de la dette extérieureet l'inflation

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.23 : Evolution de l'indicateur IDE de la dette extérieureet l'inflation

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.24 : Evolution de l'indicateur balance commercialeet l'inflation

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.25 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieureet la balance commerciale

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.26 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieureet la balance commerciale

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.27: Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction du taux d'inflation

Rang

Pays

Inflation en Afrique Subsaharienne (%)

2002-2017

1

Sénégal

1,59

2

Cap-Vert

1,81

3

Niger

1,88

4

Gabon

1,96

5

Mali

2,04

6

Burkina Faso

2,04

7

Guinée-Bissau

2,07

8

Cameroun

2,19

9

Cote d'Ivoire

2,28

10

Benin

2,28

11

Togo

2,87

12

Congo

3,65

13

Ile Maurice

4,74

14

Mauritanie

5,38

15

Afrique du Sud

5,39

16

Botswana

7,16

17

Rwanda

7,27

18

Uganda

7,27

19

Lesotho

7,57

20

Tanzanie

7,62

21

Sierra Leone

8,53

22

Mozambique

8,73

23

Madagascar

9,06

24

Burundi

9,41

25

Kenya

9,64

26

RDC

10,50

27

Nigeria

11,93

28

Zambie

12,26

29

Sao-Tomé-Et-Principe

13,16

30

Ethiopie

13,64

31

Ghana

14,20

32

Malawi

14,58

35

Angola

28,37

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

Annexe 2.28 : Classement des pays d'Afrique Subsaharienne en fonction des IDE

Rang

Pays

IDE(%) en Afrique Subsaharienne

2002-2017

1

Liberia

29,57

2

Mozambique

16,88

3

Seychelles

14,44

4

Sao Tome and Principe

13,51

5

Congo

12,74

6

Mauritanie

11,34

7

Djibouti

9,51

8

Cap-Vert

8,378

9

Equatorial Guinée

7,99

10

Sierra Leone

7,43

11

Niger

6,88

12

Tchad

6,63

13

Madagascar

6,19

14

RDC

6,06

15

Namibie

5,97

16

Ghana

5,55

17

Gambie

5,30

18

Guinée

4,72

19

Lesotho

4,24

20

Botswana

4,19

21

Uganda

4,18

22

Gabon

4,03

23

Malawi

3,80

24

Togo

3,72

25

Tanzanie

3,70

26

Angola

3,02

27

Mali

2,92

28

Ethiopie

2,74

29

Ile Maurice

2,68

30

Nigeria

2,57

31

Rwanda

2,39

32

Benin

2,21

33

Sénégal

2,09

34

Guinée-Bissau

1,88

35

Burkina Faso

1,82

36

RCA

1,74

37

Cameroun

1,62

38

Kenya

1,61

39

Cote d'Ivoire

1,53

40

Afrique du Sud

1,40

41

Comores

1,13

42

Burundi

0,173

Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018)

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE i

AVERTISSEMENT ii

DEDICACE iv

REMERCIEMENTS v

SIGLES ET ABREVIATIONS vi

LISTE DES GRAPHIQUES viii

LISTE DES TABLEAUX ix

RESUME x

ABSTRACT xi

INTRODUCTION GENERALE xii

1. Contexte 1

2.Problématique 4

3. Objectifs de recherche 8

4. Hypothèses de recherche 8

5. Intérêt de la recherche 8

6. Revue de la littérature 9

6.1) Dette extérieure et croissance économique 9

6.2) Dette extérieure et stabilité économique 12

7. Méthodologie 15

8. Organisation du travail 15

PREMIERE PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 16

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE 17

CHAPITRE I : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE 19

INTRODUCTION 20

SECTION I : INFLUENCE DE LA SOLVABILITE DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE 20

I.1/ Les effets du stock et du service de la dette extérieure sur la croissance économique 21

I.1.1. Les effets du stock de la dette extérieure sur croissance économique 21

a)Surendettement et croissance économique : « Debt overhang theory » 21

b)La neutralité de la dette extérieure et la croissance économique : « l'équivalence ricardienne » 23

I.1.2. Les effets du service de la dette extérieure et croissance économique 25

a)Structure des dépenses publiques externes et croissance économiques 26

b)Défauts de solvabilité et croissance économique 27

I.2/ Effets de l'incertitude de l'endettement externe sur la croissance économique 28

I.2.1. Endettement externe et croissance économique : « l'effet d'éviction » 28

I.2.2. Endettement externe et croissance endogène : « l'effet déprimogène de la fiscalité » 29

SECTION II: INFLUENCE DE LA SOUTENABILITE DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE 30

II.1/ Effets d'une dette soutenable sur la croissance économique : approche par l'évaluation des risques 31

II.1.1. Risque de défaut souverain et croissance économique 31

II.1.2. Dette extérieure et croissance économique : « l'effet de risque de confiance » 32

II.2/Effets de la viabilité de la dette extérieure sur la croissance économique 33

II.2.1. Durabilité de la dette extérieure et croissance économique 33

II.2.2. Efficacité de l'endettement externe et croissance économique 35

CONCLUSION 37

CHAPITRE II :ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 38

INTRODUCTION 39

SECTION I : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ANALYSE DESCRIPTIVE 40

I.1.1. Solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus forts taux de croissance 40

I.1.2. Solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus faibles taux de croissance 42

I.2/ L'influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne 44

I.2.1. Soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus forts taux de croissance 44

I.2.2. Soutenabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus faibles taux de croissance 45

SECTION II : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE, APPROCHE ECONOMETRIQUE 46

II.1/Démarche méthodologique 47

II.1.1.Modèle et présentation des variables 47

a)Choix du modèle économétrique 47

b)Présentations des variables 48

II.1.2.Méthode d'estimation 49

a) Principe de l'estimation 49

b) Principaux tests de robustesse 51

II.2/Résultats et Interprétations 51

II.2.1.Résultats des estimations 51

II.2.2.Interprétations des résultats 54

CONCLUSION 57

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 58

DEUXIEME PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 60

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 61

CHAPITRE III : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE 64

INTRODUCTION 65

SECTION I : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE INTERIEURE 66

I.1/Influence théorique de la dette extérieure sur l'inflation 67

I.1.1. Impact de la solvabilité de la dette extérieure sur la dynamique des prix 67

a)Stock de la dette extérieure et inflation 67

b)Service de la dette extérieure et inflation 68

I.1.2. Impact de la soutenabilité de la dette extérieure et volatilité de l'inflation 69

I.2/ Influence théorique de la dette extérieure sur le chômage 70

I.2.1. Incidence de la solvabilité de la dette extérieure sur création d'emplois 70

I.2.2. Les effets de la soutenabilité de la dette extérieure et atténuation du chômage 71

I.3/ Arbitrage inflation-chômage 73

SECTION II : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA STABILITE EXTERIEURE 75

II.1/ Influence théorique de la dette extérieure sur la balance commerciale 75

II.1.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure et équilibre de la balance commerciale 76

II.1.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure et équilibre de la balance commerciale 77

II.2/ Influence théorique de la dette extérieure sur la balance des transactions courantes 78

II.2.1. Incidence de la solvabilité de ladette extérieure sur ajustement du compte courant 79

II.2.2. Effets de la soutenabilité de la dette extérieure et ajustement du compte courant 79

CONCLUSION 81

CHAPITRE IV : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 83

INTRODUCTION 84

SECTION I : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE,  ANALYSE DESCRIPTIVE 85

I.1/ Analyse descriptive du binôme dette extérieure et inflation en Afrique subsaharienne 85

I.1.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne 85

a)Solvabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus faibles inflations 86

b)Solvabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus fortes inflations 87

I.1.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur l'inflation en Afrique subsaharienne 89

a)Soutenabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus faibles inflations 89

b)Soutenabilité de la dette extérieure et Inflation : cas des 10 plus fortes inflations 90

I.2/ Analyse descriptive du binôme dette extérieure et équilibre de la balance commerciale en Afrique subsaharienne 90

I.2.1. Influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la balance commerciale en Afrique subsaharienne 91

a)Solvabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 meilleures balances commerciales 91

b)Solvabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 pires balances commerciales 92

I.2.2. Influence de la soutenabilité de la dette extérieure sur la balance commerciale en Afrique subsaharienne 94

a)Soutenabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 meilleures balances commerciales 94

b)Soutenabilité de la dette extérieure et balance commerciale : cas des 10 pires balances commerciales 95

SECTION II : DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ANALYSE ECONOMETRIQUE 96

II.1/Démarche méthodologique 96

II.1.1.Modèles et méthode d'estimation 96

a)Modèles économétriques 96

b)Présentation des variables 97

II.1.2.Méthode d'estimation 98

a) Principe de l'estimation 98

b) Principaux tests de robustesse 99

II.2/Résultats et Interprétations 100

II.2.1.Résultats des estimations 100

II.2.2.Interprétations économiques 102

CONCLUSION 106

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 107

CONCLUSION GENERALE 109

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 113

ANNEXE 1 123

ANNEXE 2 134

TABLE DES MATIERES 150

* 1Il est important de faire la distinction entre la dette extérieure brute (ce qu'un pays emprunte à l'extérieur) et la dette extérieure nette (différence entre ce qu'un pays emprunte à l'extérieur et ce qu'il prête à l'extérieur). Ce qui est le plus significatif, c'est la dette extérieure nette.

* 2 Est un indicateur économique de la richesse produite par année dans un pays donné. Cet indicateur représente la valeur ajoutée totale des biens et des services produits sur un territoire national. Il est utilisé pour mesurer la croissance économique d'un pays.

* 3 L'encours de la dette publique du Mozambique et de la Zambie s'établit respectivement à 6 935 milliards FCFA (10.6 milliards d'euros) et 6 196 milliards FCFA (9.4 milliards d'euros). Enfin, le Cameroun est le pays francophone le plus endetté d'Afrique subsaharienne avec une dette de 5 722 milliards FCFA (8.7 milliards d'euros). Toujours du point de vue de l'encours de dette, les 10 pays les moins endettés du continent africains sont les  Comores (85 milliards FCFA), la Centrafrique (207 milliards FCFA), la Guinée-Bissau (216 milliards FCFA), le Swaziland (400 milliards FCFA). Le Burundi suit avec un encours de dette de 416 milliards FCFA, lui-même suivi du Libéria (458 milliards FCFA), de la Gambie (515 milliards FCFA), du Lesotho (805 milliards FCFA), de l'Erythrée (1 004 milliards FCFA) et du Cap-Vert (1 039 milliards FCFA)

* 4 Refus de rembourser les obligations et réduction subséquente de l'encours de la dette.

* 5Par le biais de taux d'inflation élevés, voire d'une hyperinflation qui diminue sensiblement la valeur de la dette publique réelle.

* 6Une attitude accommodante aide à réduire le taux d'intérêt et à soutenir la demande globale.

* 7 Qui soutiennent également la composante étrangère de la demande globale.

* 8 Il convient de noter que cet argument ne repose pas nécessairement sur l'effet direct keynésien des dépenses de déficit sur l'activité économique.

* 9 L'Ethiopie, Le Rwanda, L'Angola, Le Nigeria, Le Ghana, Le Mozambique, L'Ile-Maurice, La Sierra Leone, La Tanzanie, Le Tchad.

* 10 La Cote d'ivoire, Le Mali, Le Benin, Le Niger, Le Togo, La RDC, La Gambie, Le Gabon, Le Burundi, La RCA.

* 11 Nicola Kaldor a élaboré les conditions nécessaires à la détermination de l'équilibre économique, connues sous le nom de « carré magique ». Le carré magique est une représentation graphique des quatre grands objectifs de la politique économique conjoncturelle d'un pays que sont : la croissance économique, la stabilité des prix, le plein emploi des facteurs de production et l'équilibre extérieure.

* 12 Alban William Phillips a été l'un des premiers économistes à présenter des preuves convaincantes de la relation inverse entre le chômage et l'inflation salariale. En effet, Phillips (1958) a étudié la relation entre le chômage et le taux de variation des salaires au Royaume-Uni sur une période de près d'un siècle (1861-1957).

* 13 Le Burundi, Le Kenya, Le Liberia, Le Nigeria, La Zambie, Le Sao-Tomé-Et-Principe, L'Ethiopie, Le Ghana, Le Malawi, L'Angola.

* 14 Le Sénégal, Le Cap-Vert, Niger, Mali, Le Burkina-Faso, La Guinée-Bissau, Le Cameroun, La Cote d'ivoire, Le Benin, Le Togo.

* 15Dans cette catégorie, l'Angola a un taux d'inflation moyen de 28,37% contre 9,41% pour le Burundi.

* 16Premier parmi les 10 plus faibles inflations en Afrique Subsaharienne avec un taux d'inflation moyen de 1,5%.

* 17 Le Gabon, le RDC, l'Angola, la Cote d'ivoire, l'Afrique du sud, la Zambie, le Cameroun, le Congo, l'ile Maurice, la Guinée-Bissau.

* 18 Le Zimbabwe, le Rwanda, le Sénégal, le Nigeria, le Togo, la Guinée, la Mauritanie, le Cap vert, le Mozambique, les Comores.

* 19A titre illustratif, dans la seconde catégorie, il existe un écart d'environ 1,42% entre le Zimbabwe (-16,27%) et le Togo (-17,69%) alors que dans la première catégorie, l'écart entre le Gabon (25,59%) et la Zambie (-1,30%) est de 26,89%.






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