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la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?


par Landry Arnold YOUBI POUEPI
Université de Yaoundé II - Master II PTCI 2018
  

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INTRODUCTION GENERALE

1. Contexte

Depuis les travaux de -Krugman (1988), la prise en compte de la dette extérieure dans l'explication des performances économiques des pays, revêt un intérêt toujours grandissant. Autrefois, se référant à ce que l'on doit à quelqu'un ou à un devoir, la dette extérieure1(*), se présente de nos jours comme un concept unidimensionnel dont la définition fait presque l'objet d'un consensus.

La dette extérieure est égale au montant, à une date donnée, des engagements contractuels encours et ayant donné lieu à un versement des non-résidents d'un pays vis-à-vis des résidents, comportant obligation de remboursement du principal avec ou sans remboursement des intérêts (Barro, 1974). La dette extérieure s'appréhende encore comme étant égal au montant à une date donnée, de l'encours des engagements courants effectifs, non conditionnels d'effectuer un ou plusieurs paiements pour rembourser le principal et/ou verser des intérêts, à un ou plusieurs moments futurs, et qui sont dus à des non-résidents par des résidents d'une économie (Arruda, 2000). Pour Carreau, Shaw et Malcolm (1995)la dette extérieure est le montant, à tout moment donné, des engagements contractuels décaissés et impayés de résidents d'un pays à des non-résidents pour rembourser le principal, avec ou sans intérêt, ou pour payer des intérêts, avec ou sans principal. Ces différentes approches sont complémentaires et permettent de voir que la dette extérieure est le fait aussi bien des Etats, que des agents privés. Dès lors, la dette extérieure comprend des titres de la dette monétaire extérieure, constitué des engagements de garantie du gouvernement envers les non-résidents dans d'autres devises (Oketch, Mweni et Njuguna, 2016). Ajustée pour tenir compte des obligations extérieures, la dette extérieure en devises comprend la dette publique et la dette garantie par l'État, la dette à moyen et long terme (plus d'un an) comme la dette bilatérale et multilatérale ainsi que les prêts et crédits commerciaux (Beaugrand, Mlachila et Loko, 2002).

Selon le rapport sur les perspectiveséconomiques régionales en Afrique subsaharienne du FMI (2016), la performance économique est un concept polysémique lequel est mis en avant par de nombreux auteurs compte-tenu de son aspect multidimensionnel. Elle peut être considérée comme étant un succès, le résultat d'une action, une action (Quinn et Rohrbraugh, 1983). Ce concept se rapporte à la fois à l'optimisation des moyens dans leur utilisation, mais aussi au pilotage des objectifs stratégiques (Platet-Pierrot et Giordano-Spring, 2009). De manière générale, Acemoglu (2003) appréhende la performance d'une économie comme l'ensemble de ses résultats économiques aucours d'une période. De cette définition, il apparait que le niveau de performance économique revêt une importance capitale dans la mesure où il permet non seulement aux gouvernements d'évaluer l'efficacité de leurs politiques publiques, mais aussi l'influence des agents privés dans leurs décisions d'investissements. A cet égard, de nombreux institutions et organismes ont mis en exergue plusieurs indicateurs de performance économique ; parmi lesquels on peut citer de manière générale : la croissance économique, la stabilité économique, la productivité, l'efficacité, le rendement, la compétitivité, l'efficience, la rentabilité (FMI, 2010). Les indicateurs les plus utilisés sont la croissance et la stabilité économique, ainsi ce sont ces deux indicateurs que nous retiendrons dans le cadre de notre travail. En effet, la croissance économique est définie comme l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. A cet égard, la croissance économique correspond donc à l'accroissement de la quantité de biens et de services produits dans un pays au cours d'une période donnée --(Perroux, 1955). La stabilité économique quant à elle s'appréhende comme la constance dans le temps des agrégats d'une économie. En d'autres termes, les agrégats d'une économie sont considérés comme stables si leur valeur ne varie pas trop sur une période plus ou moins longue (Peytrignet, 1996).

Au-delà de l'approche traditionnelle des déterminants des performances économiques, on assiste depuis le début des années 90 à l'émergence des travaux théoriques qui présentent la dette extérieure comme un facteur explicatif de l'accroissement des performances économiques (Niroomand et Hamvi, 1995). Ainsi, le service de la dette ; un des principaux indicateurs de la dette extérieure est généralement évoquée dans la littérature comme un facteur limitant les performances économiques. En effet, un niveau élevé du service de la dette décourage l'investissement et étouffe la croissance économique -(Krugman, 1988 ; Grossman et Helpman, 1989 ; Sachs, 1989 ; -Deshpande, 1997). De même, Presbitero et Arnone (2006) montrent que l'encours de la dette à une influence négative sur les performances économiques à travers l'incertitude associée à son effet sur l'inflation ou à travers la modification de la composition de la dette extérieure.

Compte tenu des enjeux pour son développement, l'Afrique subsaharienne dans le sillage de la communauté internationale, accorde une plus grande importance aux questions liées à son endettement extérieure. En effet, l'endettement public en Afrique subsaharienne a suivi, jusqu'en 2012 une trajectoire à la baisse (FMI, 2014). En ce sens qu'à la fin des années 90 et tout au long des années 2000, 30 des pays africains à faible revenu (PFR) ont pu bénéficier d'un allègement de leurs dettes pour un montant supérieur à 100 milliards de dollars au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et au titre de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale (IADM) (Atangana Ondoa, 2017). À partir de 2013, la dynamique d'évolution de la dette publique ainsi que sa composition ont radicalement changé. Dans la région, la dette publique extérieure est passée en moyenne de 37 % à 56 % du PIB2(*) entre 2013 et la fin de l'année 2016. Dans plus des deux tiers des pays d'Afrique subsaharienne, la dette publique en pourcentage du PIB a augmenté de plus de 10 points alors que dans un tiers des pays, elle s'accroissait de plus de 20 points. La composition de la dette publique a aussi changé de manière significative. Les pays ont délaissé les sources traditionnelles de financement concessionnel pour se tourner vers le financement de marché et domestique. La part de la dette multilatérale et concessionnelle s'est réduite alors que la part de la dette à l'égard de créanciers non membres du Club de Paris a augmenté (FMI, 2016). Si l'on se réfère à la dette publique rapportée au PIB, l'Erythrée, le Cap-Vert et la Gambie sont les pays les plus endettés d'Afrique subsaharienne avec respectivement 126%, 122% et 97% de dette publique.  Outre les 3 pays précités, les taux d'endettement de São Tomé-et-Príncipe (92%), du Congo (79%), du Ghana (74%), du Malawi (73%), de l'Angola (70%) et des Seychelles (65%), les classent dans le top 10 des pays d'Afrique les plus endettés en 2016. A l'inverse, les pays d'Afrique subsaharienne dont les taux d'endettement sont les plus faibles sont le Nigéria (seulement 13%), le Botswana (16%), la RD Congo et le Swaziland (20%), la Guinée Equatoriale (25%) et les Comores (29.2%). Quant à la Namibie son ratio d'endettement en 2016 est de 31%, à peine mieux que la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso qui sont endettés à hauteur de 33%. Enfin le Mali clos le top 10 des pays d'Afrique subsaharienne ayant le taux d'endettement les moins élevés avec 35%. Notons enfin que le taux d'endettement moyen des pays d'Afrique subsaharienne en 2016 reste relativement faible puisqu'il s'établit à 52% contre plus de 92% en moyenne dans la zone euro (Banque Mondiale, 2018).

Les faits stylisés des deux dernières décennies montrent que les économies d'Africaine subsaharienne en général manquent cruellement de compétitivité, alors que la moyenne mondiale est de 60, l'indice de compétitivité en Afrique subsaharienne est de 45,2 sur 100. En plus de classer la région comme dernière du classement mondial, ce score indique surtout que l'Afrique subsaharienne n'atteint même pas le seuil minimum de la moitié de la note maximale, soit 50 sur 100 (Allard, 2017). D'après les statistiques fournies, 18 pays sur les 21 ayant un score en dessous de 50, sont originaires d'Afrique subsaharienne ; 17 sur 45 économies de l'Afrique subsaharienne font partie des 20 les moins performantes. Alors qu'aucun pays africain n'est présent dans le top 10 des économies les plus performantes au monde, on constate que huit pays de la région sont présents parmi les 10 pays les moins compétitifs. Notons que seuls deux pays du continent (Maurice, Afrique du Sud) affichent un indice de compétitivité supérieur à la moyenne mondiale (avec respectivement 63,7 et 60,8), tandis que le Tchad occupe le bas du tableau continental et mondial (140e sur 140 pays) avec un indice de 35,5. En se penchant sur les performances au niveau des sous-régions du continent, on constate cependant que malgré le mauvais indice régional, certaines sous-régions du continent sont plus compétitives que d'autres. Ainsi, au niveau de ce classement sous- régional, c'est l'Afrique australe qui arrive en tête avec un indice de 48, suivie par l'Afrique de l'Est (46,8) et l'Afrique de l'Ouest (44,5) (Banque Mondiale, 2016).

* 1Il est important de faire la distinction entre la dette extérieure brute (ce qu'un pays emprunte à l'extérieur) et la dette extérieure nette (différence entre ce qu'un pays emprunte à l'extérieur et ce qu'il prête à l'extérieur). Ce qui est le plus significatif, c'est la dette extérieure nette.

* 2 Est un indicateur économique de la richesse produite par année dans un pays donné. Cet indicateur représente la valeur ajoutée totale des biens et des services produits sur un territoire national. Il est utilisé pour mesurer la croissance économique d'un pays.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo