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Quand l'anxiété majore la douleur postopératoire


par Marie Brisack
IFSI du Centre Hospitalier du Mans -  2017
  

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ANNEXE XI. Retranscription de l'entretien n°2.

Pouvez-vous me décrire votre parcours professionnel ?

Alors, moi, j'ai tenté les concours infirmiers après l'obtention d'un bac SMS. Je ne les ai pas réussis donc, j'ai fait une formation d'aide-soignante. J'ai travaillé pendant un an en tant qu'aide-soignante, plutôt en service de gériatrie. Puis, j'ai de nouveau tenté les concours infirmiers, que j'ai réussis. Donc, j'ai obtenu mon diplôme d'état infirmier en 2003, et, je suis arrivée ici en chirurgie pédiatrique. Ce n'était pas vraiment mon choix de travailler avec les enfants à la base, mais bon, voilà... Il a fallu un petit temps d'adaptation, quand on est jeune diplômée, qu'on n'a pas fait trop de stage auprès des enfants... J'avais juste fait un stage aux urgences pédiatriques, donc lorsqu'on se trouve un peu propulsée auprès des enfants : bon bah, il y a un petit temps d'adaptation ! Mais bon, après, c'est vrai qu'un service de chirurgie pédiatrique, c'est vrai que c'est agréable quoi, de travailler avec les enfants. Je me suis bien habituée, et je ne regrette pas. Donc cela fait quatorze ans que je travaille ici ! C'est vrai que je n'ai pas vadrouillé à droite à gauche.

Durant votre parcours, avez-vous suivi des formations diplômantes ? ou bien continues ?

Eh bien, oui. Moi, je suis correspondante douleur au sein du service. J'ai fait la formation d'hypnoanalgésie comme beaucoup le font aussi dans le service, maintenant. Je n'ai pas fait de formation de puéricultrice, car je voulais rester travailler en chirurgie... Je savais qu'à l'hôpital, les puéricultrices occupaient souvent les postes de médecine, de réanimation ou aux urgences. Ici, en chirurgie, ils ne prennent pas forcément de puéricultrices, et je voulais garder ce poste.

D'accord. Pouvez-vous m'en dire plus sur l'hypnoanalgésie ?

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Ça fait trois/quatre ans déjà que j'ai fait cette formation, par l'Association SPARADRAP.

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Ah. C'est une formation qui dure combien de temps ?

Ça doit être cinq jours en tout, entre deux périodes. Ça doit être trois jours, et après on doit se revoir un peu plus tard pour deux/trois jours, de nouveau.

C'est une formation qui a été financée par l'hôpital ?

Ah oui oui. C'est une formation qui est prise en charge par l'hôpital, oui. C'est une formation interne. Il y a un intervenant qui vient. Et, du coup, le but c'était d'essayer de former le plus possible de personnel du pôle.

D'accord. Pouvez-vous m'expliquer un peu en quoi l'hypnoanalgésie consiste ?

Eh bien, l'hypnoanalgésie, ça permet de distraire les enfants en leur faisant penser à différentes sensations. Donc, il y a les couleurs déjà : les faire voyager auprès des couleurs qui vont être différentes, les couleurs de l'arc en ciel qui font un peu rêver. L'odeur : une odeur que l'enfant aime bien, on va lui dire "bah oui regarde là t'es en train de manger une glace à la vanille, tu sens l'odeur de la glace ?". Tout ça, va essayer de les faire voyager... Il y a quatre accès : visuel ; l'odorat ; le toucher... ça s'appelle le « VAGOG » je crois, j'ai du mal avec le nom. Il y a quatre/cinq termes, qui correspondent chacun à une sensation du corps, qui les fait penser à une sensation agréable pour eux quoi. Donc, on essaie de faire des histoires sur les thèmes qu'ils aiment bien, en intégrant ces différentes valeurs dedans. Du coup, ils vont se sentir dans une atmosphère agréable, et ça va les décontracter. On va aussi utiliser des métaphores pour expliquer les choses. Par exemple, pour prévenir d'une piqûre : on va dire "tu vas sentir le petit papillon qui va se poser sur ta main".

Et donc, selon vous, ce parcours, que vous a-t-il apporté dans votre pratique professionnelle actuelle ?

Et bien c'est vrai, que j'ai évolué depuis que j'ai commencé à travailler, parce que l'hypnoanalgésie, c'est vrai que l'on n'en parlait pas, moi quand j'ai commencé. On en parle depuis trois/quatre ans à peu près. C'est vrai que cela permet d'aborder le soin différemment : par le jeu, de faire distraire les enfants, de leur faire penser à autre chose, et être moins centrés sur le soin que l'on va faire. Je vois, les enfants de quatre/cinq ans, ils aiment bien les dessins

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animés, la "pat'patrouille" par exemple pour les garçons. Et c'est vrai que j'arrive à les faire partir un petit peu dans des actions qu'ils vont imaginer lorsque je vais discuter avec eux quoi...

D'accord. A quels moments avez-vous vous recours à l'hypnoanalgésie ?

Généralement, je le fais plus pour un soin douloureux, ou une prise de sang. Après, ça peut être des pansements aussi, cela dépend de ce que l'on va faire comme soin. Et puis, ça dépend de comment est l'enfant aussi... C'est vraiment le soin, si je sens que ça va être difficile, je vais partir sur ce qui a bien fonctionné. On essaie de faire une traçabilité, si une collègue a travaillé sur tel sujet, on va reprendre le même sujet parce qu'on sait que ça marche bien quoi.

Oui. Par rapport à vos débuts en pédiatrie, notez-vous des changements ? Que faites-vous aujourd'hui que vous faisiez différemment de ce que vous faisiez au début ?

Oui, effectivement. Comme je le disais, j'arrive à les faire voyager sur différents thèmes... C'est vrai que, automatiquement, d'emblée, on met en place des choses, un petit peu de manière aléatoire je dirais, sans penser que c'était de l'hypnoanalgésie que je faisais. Je les faisais penser à autre chose, mais je n'allais peut-être pas en profondeur du sujet, je survolais le sujet. Et c'est vrai que là... J'étais plus dans les soins compliqués, j'étais plus dans "il faut faire le soin, j'y vais". Effectivement, c'était plus difficile quoi. Après tout ça dépend de l'enfant, s'il adhère ou pas.

Oui... Selon vous, comment les enfants appréhendent-ils l'hospitalisation ?

Alors, il y a des enfants, on va leur expliquer et ça va très bien se passer. Ils ne vont pas être anxieux car les parents ont bien expliqué. On a un petit livre que les parents ont en consultation, qui explique l'anesthésie, ce qu'il va se passer, la pommade, le masque etc. Et puis, c'est vrai que la prise en charge au niveau de la consultation de l'anesthésie, là, il y a l'association des Doudous d'Aliénor : ils donnent un masque, l'enfant le garde, il met de gommettes dessus. Donc, il y a tout un travail qui fait en amont pour que l'enfant arrive aussi plus détendu pour le jour de l'intervention quoi. Il y a la tablette, qui est mise en place aussi, donc ça aide. Ca les détend beaucoup aussi quoi. C'est vrai qu'avant, et bien on n'avait pas de masque, pas la tablette... donc un enfant qui arrivait à reculons, c'était plus difficile de rentrer

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en contact avec lui. Là, quand un enfant on va faire l'accueil, si c'est un peu difficile, on va sortir la tablette : tout de suite, généralement, il commence à sourire, il va aller sur la tablette, et on va le sentir beaucoup plus détendu. Les choses vont mieux se passer. C'est vrai que l'on a des retours assez positifs. Je voyais hier... j'avais une maman, son fils s'est fait opéré plusieurs fois, et puis là du coup, elle appréhendait. Et en fait, le fait qu'il y ait la tablette, bah l'enfant a mieux vécu les choses aussi quoi.

Si un enfant arrive anxieux, comment est-ce qu'il manifeste cette anxiété ?

De toute façon, c'est vrai qu'ils vont pleurer... Ils vont être refermés sur eux-mêmes, on ne va pas du tout réussir à communiquer avec eux. Et puis, le fait de leur mettre une blouse de bloc opératoire, certains enfants veulent pas du tout la mettre quoi. Donc c'est compliqué. On s'adapte à l'enfant. On dit "bah cest pas grave, il l'a mise juste sur lui comme ça tant pis" ou bien "il part avec son pyjama à lui quoi c'est pas grave" mais on essaie de s'adapter pour que les choses se passent mieux quoi.

Par rapport à l'amygdalectomie, selon vous, les enfants redoutent-ils la douleur ou bien n'en ont-ils pas conscience ?

Et bien, est-ce qu'ils redoutent la douleur ? Non. Mais après ça dépend de comment ils ont été informés par les parents et par le chirurgien... Mais c'est vrai qu'à deux ans/cinq ans... A deux ans, ils n'ont pas encore la notion. Si le médecin lui dit "ça va être une douleur comme une angine" : il va pas trop comprendre, on va plutôt lui dire "tu vas avoir mal à la gorge". A six ans, c'est vrai qu'il va mieux comprendre déjà donc. On leur dit les choses... Mais, c'est qu'après lorsqu'ils reviennent, qu'ils sentent vraiment la douleur. Donc après soit, c'est les médicaments qu'il faut donner en systématique. Ou bien en retour de bloc, bah, essayer de les faire penser à autre chose, de les faire sortir de la chambre pour qu'ils ne restent pas centrer sur leur douleur. Après c'est un petit peu un cercle vicieux : s'ils ont mal, ils ne veulent pas manger. S'ils ne mangent pas, ils ont du mal à prendre les médicaments pour les calmer... donc il faut essayer de les faire sortir de leur environnement quoi.

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Oui, je comprends. Autrement, je me posais la question : Avez-vous un moyen d'évaluation de l'anxiété ?

Ah. Non pas vraiment, c'est vrai, on remarque plutôt des signes...

D'accord. Oui. Vous ne disposez pas d'échelle par exemple qui permettrait une évaluation moins « aléatoire »... c'est vrai que je n'en ai pas trouvé beaucoup au cours de mes recherches. Alors, si je reprends ce dont vous m'avez déjà parlé... Par rapport aux ressources dont vous disposez, vous me dites que vous avez des tablettes, des livres pour informer enfants et parents... A propos des parents, quelle place leur donnez-vous dans le service ?

Et bien, les parents ne sont forcément une aide ici. Les parents peuvent très bien augmenter l'anxiété de l'enfant parce qu'ils vont être stressés, par le fait d'être à jeun, par exemple. Certains parents, ça les stresse énormément. Ils disent "bah non, elle ne va pas supporter, elle va avoir faim" alors que l'enfant s'adapte, et du coup, il réclame pas du tout. Donc les parents ne diminuent pas forcément l'anxiété de l'enfant. En tant que parents, on a tendance quand même à transmettre... l'enfant sent plus ou moins nos émotions. Après, les parents ont une place assez importante auprès de leur enfant hein. Sauf si effectivement, ils sont angoissants pour l'enfant. Là, on essaie de leur faire comprendre, mais bon... Après si l'enfant n'arrive pas à prendre un médicament par exemple, et que le parent ne coopère pas, on va dire "bah vous sortez". On essaie de dialoguer avec eux pour que ça passe mieux quoi. En fait, ils accompagnent l'enfant jusqu'à l'entrée du bloc opératoire, ils voient l'anesthésiste. Et les parents remontent après, ils ne peuvent pas l'accompagner dans le bloc même.

Comment est vécue la séparation des parents par l'enfant ?

Et bien, on n'a pas trop de retour... Mais je pense que depuis qu'il y a les tablettes... Ils se prennent en photo avec les parents les enfants. Le but c'est qu'ils puissent regarder les photos, qu'ils voient les photos de leurs parents, pour qu'ils soient rassurés. Je pense que ça atténue leurs angoisses. Après je ne suis pas en bas, pour voir vraiment comment cela se passe mais... et puis, on n'a pas forcément de retour des parents...

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En préopératoire, par rapport à ce vous mettez en place, pensez-vous avoir une approche différente de celle de vos collègues ?

Et bien, moi je vais essayer de faire partir l'enfant sur des choses autre que l'intervention quoi. "tiens t'as un beau pyjama etc". Et puis, éventuellement, lui proposer des jeux donc... Et puis, c'est vrai que maintenant on la tablette donc, effectivement, elle aide quand même bien à diminuer l'anxiété en préopératoire. Après...c'est vrai qu'on est toutes différentes aussi... Donc, oui, j'ai surement une approche différente de mes collègues hein. Moi, j'ai tendance à être assez patiente. J'ai des collègues qui effectivement vont être moins patientes, qui vont être plus "rentre dedans", en disant "ressaisis toi tout de suite" alors que moi je vais essayer de dialoguer un peu plus, pour réussir à établir vraiment une relation de confiance, et que ça se passe mieux quoi. Mais, il y a une part de la personnalité, il y a le parcours, ce que j'ai vécu aussi personnellement...

Après dans le service c'est vrai qu'on est toutes expérimentées quoi... Ca ne tourne pas beaucoup. On a toutes au moins cinq ans d'expérience avec les enfants !

D'accord... Vous ne m'en avez pas parlé, mais utilisez-vous des techniques comme l'hypnose par exemple ?

Alors, du coup, ça va plutôt être de l'hypnose analgésie que je vais faire. Après je vais le divertir, est ce que l'on peut appeler ça de l'hypnose ? L'hypnoanalgésie c'est quand même plus léger, ils sont toujours conscients quoi, alors que l'hypnose ils se souviennent mais... Moi, c'est juste que leur esprit aille sur des histoires de dessins animés par exemple, ou aller à la mer, la sensation d'eau froide lorsqu'on fait un pansement, essayer de les faire voyager avec ça mais ça n'est pas de l'hypnose. C'est un degré un peu moins important que l'hypnose du coup.

Et, lorsque les enfants reviennent du bloc opératoire... Sur quoi porte votre prise en charge postopératoire ?

Euhm, la douleur dépend complètement des enfants. A deux ans, les enfants sont un peu moins douloureux. Plus ils grandissent, plus la douleur est importante. Mais certains enfants, avec les médicaments systématiques, ça va bien se passer. Et puis d'autres, ça va être plus important. C'est quand même une douleur assez importante, l'amygdalectomie, c'est de

l'équivalence d'une angine. Après, chaque enfant... Voilà, ils ont leur seuil de sensibilité différente de douleur. Il y en a qui vont vraiment se bloquer avec l'alimentation. Et d'autres, où ça va bien se passer quoi.

Très bien. Et, constatez-vous une douleur postopératoire exprimée en lien avec le niveau d'anxiété manifesté en préopératoire ?

J'allais dire que on les a pas forcément en post-op... Du coup, on ne les voit pas tout le temps. Après, ça dépend des cas. Il y en a qui vont être super anxieux et ça va très bien se passer. Et certains qui vont rester effectivement sur leur anxiété, le moindre petit truc ça va être... Le cathéter : ça va être immense... Tout va être difficile à gérer.

Si je comprends bien, ça n'aurait donc pas forcément de lien significatif avec le niveau d'anxiété manifesté en préopératoire ?

Si ça peut avoir un lien avec l'anxiété d'avant quand même mais... C'est vrai qu'un enfant qui est anxieux en pré-op oui, ça va être plus difficile quand même je pense... Il va rester avec cette anxiété-là. Sauf si, finalement, il n'est pas douloureux et qu'il va réussir à se détendre. Là ça va bien se passer. Chacun réagit différemment aussi au traitement antalgique donc c'est un peu compliqué du coup. On a pas forcément vu l'enfant en pré-op et on ne le voit pas forcément en post-op non plus donc... Mais après un enfant qui est anxieux, il va rester anxieux. On va peut-être réussir à diminuer l'anxiété mais il va rester anxieux. Avec l'expérience, on réussit quand même mieux à les rassurer, on sait de quoi on parle, il faut qu'on arrive à créer une relation de confiance en leur disant "là, ça va vraiment être quelque chose qui va te faire mal", "là, essaie de te ressaisir un petit peu, ça va aller", je pense que ça joue.

Voyez-vous une autre corrélation entre la douleur exprimée par l'enfant et un autre aspect ? Une caractéristique comportementale, ou bien sociologique (liée à sa culture par exemple) ou... ?

LXXIII

Euh... non.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon