WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre1 : Les Orientations de la recherche

Dans ce premier chapitre du mémoire, il s'agira de répondre àun certain nombre de questions qui conduisent probablement toute activité de recherche : Que cherche-t-on exactement ? Quel est l'objet de la recherche ? Comment la conduire ? Quelle réponse provisoire donne-t-on à notre ou à nos questions de départ ? Quelle est la démarche utilisée et pour quelle méthodologie ? Mais avant d'aborder toutes ces questions, nous allons examiner un point qui va nous éclairer nous-même sur ce que nous cherchons, mais aussi éclairer nos lecteurs sur ce qu'ils s'apprêtent à lire.

L'art contemporain : De quoi parle-t-on ?

En promenant le regard sur ce qui nous entoure, nous observons que l'expression `' artcontemporain'' est très visible mais aussi très médiatisée. Elle fleurit sur les bannières de manifestations artistiques, sur les devantures de galeries, dans les articles de journaux, dans les conversations des attachés culturels, dans les centres d'art et partout ;`'art contemporain'' par-ci ;`'art contemporain'' par-là. Mais au fait, qu'est-ce que l'art contemporain ?

Avant de poursuivre cette réflexion, il faut souligner que l'expression « art contemporain » qui, à l'instar de ce qu'elle désigne, fait débat au sein de la société. Quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, un ami me demande « Tu travailles sur quoi ? », je réponds :- sur l'art contemporain, et il me dit : « L'art contemporain, puff... c'est un peu du n'importe quoi ! ».Pourtant, je suppose bien que ledit ami possède une culture assez riche, mais sa réaction face au concept « art contemporain » est sans doute aussi un indicateur de son rapport avec l'art et de son milieu social.

En effet, dans le même sens, quand j'ai échangé avec un enseignant sur mon thème de recherche, il me répond sous un ton ironique : « Tu travailles sur quelque chose de très controversé ».

J'ai pris soin d'écouter les entretiens réalisés sur le projet `' Mémoire de l'art contemporain dans la région Auvergne Rhône Alpes''1(*), de lire bon nombre d'articles, livres et essais.Ladifficulté est là : chacun donne sa propre définition, la définition n'est pas fixée. Mais, est-ce un trait si distinctif de l'art contemporain. La démarche de rattachement des oeuvres à des mouvements dépasse bien souvent le système de référence explicite et la revendication de l'auteur. Et toute démarche de catégorisation nécessite la controverse pour construire et justifier la pertinence d'une nouvelle catégorie. Cette même problématique est d'ailleurs bien connue des chercheurs.

Dans l'analyse des définitions données, l'on se rend compte qu'il y a un écart considérable entre une définition officielle dictée par les théoriciens de bureau et la définition de ceux qui créent l'art de nos jours. Malentendu ou profond fossé, nous allons le découvrir ensemble.

Démarrons cette analyse par ce qui fait débats : `'contemporain''. Etymologiquement, le vocable « contemporain » renvoie à une dimension temporelle et caractérise ce qui est actuel. Il veut dire `'qui est du temps présent `' (in Larousse de poche). A partir de cette définition, tout artiste digne de ce nom, photographe, sculpteur, installateur, peintre, vidéaste, etc. peut revendiquer faire de l'art contemporain. Ces variations sur le sens du concept`'contemporain'' s'expriment d'ailleurs particulièrement si l'on met, dos à dos, les propos tenus par le directeur du Musée d'art contemporain de Genève, anciennement responsable de la Direction régional d'Art contemporain de Rhône Alpes, et ceux de la directrice du Musée ethnographique d'Epinal. Le premier a une vision de l'art contemporain entendu comme un mouvement de rupture et qui développe un éventail d'artistes de très reconnus aux mineurs. Pour la deuxième, l'art contemporain est introduit dans son musée par les commandes faites auprès d'une photographe. L'art contemporain désigne une rupture avec l'art classique et moderne. Or, toutes les oeuvres produites pendant ce temps « contemporain » ne s'inscrivent pas dans cette démarche de rupture. Certains artistes reviennent à des pratiques esthétiques anciennes. Sont-ils contemporains ou pas ? C'est l'une des raisons pour lesquelles le qualificatif « contemporain » prête à confusion dans le regard de plusieurs observateurs.

De toute évidence, nous pouvons constater que la période contemporaine fait naître de multiples transformations dans les aspects de la création. Si certains auteurs y travaillent de manière conventionnelle en reconduisant les pratiques ancestrales, ce n'est pas le cas de tous. Alors, qu'est-ce que l'art contemporain ? Quels sont les critères qu'il faut y mettre pour le définir ?

Partons de l'analyse de Nathalie Heinrich sur l'histoire de l'art. L'auteur souligne que « L'histoire de l'art peut se diviser en trois grands paradigmes consécutifs - classique, moderne et contemporain-impliquant chacun une définition distincte de l'art. Dans le paradigme classique, l'art se doit d'être conforme aux canons hérités de la tradition, tandis que dans le paradigme moderne l'art est défini comme l'expression de l'intériorité de l'artiste (régime de singularité) ; ce qui implique parfois la transgression des canons classiques. Enfin, dans le paradigme contemporain, l'art consiste en un jeu avec les frontières de ce qui est communément considéré comme l'art »2(*). Entre ces trois paradigmes, l'expérience esthétique diffère également ; l'art contemporain recherchant la sensation là où le classique cherchait l'élévation spirituelle, et le moderne, l'émotion esthétique.

En effet, pour définir l'art contemporain, commençons par un point de vue chronologique qui est tout à fait controversé aussi. De ce point de vue, l'art contemporain désigne la période qui va de 1945 à nos jours. Donc, tous les courants artistiques apparus après la Seconde Guerre mondiale sont-ils considérés comme de l'art contemporain ? Il en est ainsi du Pop art, du Fluxus, de l'art conceptuel et de l'art vidéo ; même si cette considération en termes de datation et de contenu ne fait pas l'unanimité au sein des spécialistes. D'autres, comme les conservateurs de Musées, font commencer l'art contemporain en 1960, avec la naissance de mouvements comme le nouveau Réalisme en France et le Pop art aux Etats-Unis. Pour d'autres encore, l'art contemporain est celui qui est reconnu etaidé financièrement par la Délégation aux Artsplastiques.Il s'agit donc essentiellement de l'art à partir des années 1980 (certains parlent des « années Lang »).

Malgré ces controverses, il faut tout de même noter que l'expression « art contemporain » s'impose surtout à partir des années 80 pendant la période où les pouvoirs publics commencent à soutenir les oeuvres contemporaines.

Cependant, l'art contemporain ne doit pas être défini uniquement de façon chronologique. Ce nouvel art est marqué par la naissance de nouveaux comportements,bien sûr (comme des acteurs le soulignent, la transgression vis-à-vis de l'époque antérieure), mais aussi un élargissement des modes d'expression (une forme de mélange artistique) et des techniques (souscriptions à des nouvelles technologies).

Certains auteurs, comme Clément Greenberg3(*), mettent en avant plutôt la technicité pour définir l'art contemporain.

Luc Ferry, ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche (2002-2004), souligne que la notion d'art contemporain « désigne à la fois une époque, par définition la nôtre, mais aussi un concept ». Pour lui, la définition de l'art contemporain tournerait autour de l'idée d'innovation et de rupture avec la tradition. « L'art contemporain est un art qui met l'innovation au centre de sa problématique. Or, l'innovation peut prendre mille visages. Elle peut s'incarner dans des formes, des couleurs et des langages inédits, mais aussi dans les idées. Rien ne l'arrête. Au point que c'est l'innovation à l'état pur qui finit parfois par l'emporter sur l'esthétique. Aussi paradoxal que cela puisse paraître au premier abord, c'est pour cette raison que l'art contemporain est avant tout un « art capitaliste », le reflet parfait de la logique du monde libéral »4(*).

Nathalie Heinrich souligne déjà que ce manque de consensus n'est pas fortuit mais constitue un enjeu fondamental, sur le plan de la notoriété, de la visibilité et donc du marché. En effet « classer une oeuvre en `' art contemporain'', c'est la qualifier ou la disqualifier »5(*).

A l'issue de toutes ces analyses sur la définition de l'art contemporain, on peut établir un constat : l'ambiguïté de la définition de celui-ci et l'absence de consensus sur la datation de ses débuts.Nous avons volontairement choisi de nous abstenir de nous inscrire dans une des définitions ou d'en donner une, puisque la recherche sera tout simplement orientée sur le processus qui a conduit l'émergence de l'art contemporain en lien avec les politiques culturelles.

* 1Ce projet est dirigé par Pascal Vallet, sociologue à l'université Jean Monnet de Saint-Etienne et membre du Laboratoire Centre Max Weber. Il vise à collecter, analyser, actualiser afin de mettre à la disposition des publics du monde de l'art la mémoire de l'art contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

* 2Nathalie Heinich, Le paradigme de l'art contemporain : structures d'une révolution artistique, Bibliothèque des sciences humaines (Paris : Gallimard, 2014), p. 50.

* 3Clement Greenberg est le critique d'art américain le plus influent du XXe siècle avec son livre, Art et culture : essais critiques (Paris : Macula, 2014), traduit par Ann Hindry.

* 4« L'art contemporain est-il toujours révolutionnaire ? - PDF », consulté le 27 mars 2019, https://docplayer.fr/51698240-L-art-contemporain-est-il-toujoursrevolutionnaire.html.

* 5Nathalie Heinich, Le triple jeu de l'art contemporain : Sociologie des arts plastiques, Paradoxe (Paris : Minuit, 1998), p. 10.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard