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Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

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Chapitre VI : Analyse et interprétation des résultats

A partir d'une grille d'analyse et d'un guide d'entretien, nous avons obtenu des résultats sur notre sujet d'étude. Dans ce dernier chapitre, il s'agira de faire une analyse de ces principaux résultats sans perdre de vue notre propre analyse inspirée de nos différentes lectures et enquêtes. A partir de ces résultats, nous tenterons de donner une signification de différents faitsles plus remarquables. L'accent sera mis sur trois points fondamentaux : La reconnaissance de l'art contemporain par les politiques culturelles, les débuts de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes et les dispositifs en faveur de l'art contemporain.

Section 1 : L'art contemporain, entre rejet et reconnaissance, les politiques culturelles tranchent !

Comme nous l'avons souligné dans les premières parties de cette rédaction, l'utilisation de l'expression « art contemporain » était quasi absente à la création du ministère de la Culture en 1959. Cela est confirmé par les différents entretiens que nous avons réalisés. La plupart des enquêtés désignent les oeuvres qualifiées d'art contemporain par les termes comme « truc », « chose » ou « machin ».

« Je ne comprenais pas bien tous ces trucs qui venaient d'Amérique et tout, ça ne m'intéressait pas trop, et là c'était mon art : l'expressionnisme ».

« Moi je trouve que c'est un artiste, dans son truc, c'est pour ça que c'est génial, il nous montre vraiment la société ce qu'elle est quoi. Il nous montre ces choses, ça brille, on se reflète dedans ».

« Il ya plein de gens qui ont travaillé sur ces choses, inventer des espèces de trucs, des machins...y'avait pleins d'artistes qui bossaient sur ces trucs. Et puis bon ben... voilà, alors c'est vrai que je fais partie de ça. Alors ça c'est sûr. Et puis après je suis revenu à la peinture. Maintenant je suis quasiment dans mes trucs de peintre ».

Déjà l'art contemporain, dès ses débuts, pose un problème de dénomination et de reconnaissance avec des évènements qui suscitaient assez de réactions controversées. Ces évènements faisaient souvent des « scandales » incroyables. L'art contemporain était tout simplement scandaleux. A Lyon, il s'agit surtout avec l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain qui entreprend des initiatives sur cette nouvelle façon de faire art.

Face à ces polémiques, les politiques culturelles s'inscrivent dans une trajectoire d'ouverture. Avec la naissance du ministère de la culture, c'est le début d'une véritable démocratisation de la culture, notamment la création artistique.

« Rendre accessible les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible des Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des oeuvres d'art et de l'esprit qui l'enrichissent ».

Décret n° 59-889 du 24 juillet 1959 portant organisation du ministère en charge des Affaires culturelles.

Cette reconnaissance d'un art rejeté, critiqué et incompris a été principalement une préoccupation des régimes qui se sont succédé après la naissance du ministère de la Culture. C'était le cas sousla présidence de Georges Pompidou. Celui-ci,présenté comme quelqu'un qui était passionné par la pratique culturelle, exprimait sa volonté d'ouverture dans ce domaine, plus particulièrement dans le domaine de l'art. Il s'agit d'une orientation courageuse qui va dans un sens opposé de l'opinion publique de cette époque.« Défendre l'art contemporain dans les années 60, c'était accepter de se faire beaucoup d'ennemis... » TeodoroGilabert.

« L'Etat laisse agir le génie de son temps et de son peuple ».

Déclaration de Georges Pompidou, Président de la République, recueillie par le journal « Le monde », le 17 octobre 1972.

Après George Pompidou, c'est Jack Lang qui a poursuivi ce processus de reconnaissance à travers des actions et des déclarations ambitieuses. La diversité culturelle à travers ses différentes pratiques va être une préoccupation de son ministère.

« Le ministère chargé de la Culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d'inventer et de créer, d'exprimerlibrement leur talent et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional, ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des oeuvres de l'art et de l'esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l'art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».

Décret relatif à l'organisation du ministère de la Culture, publié par Poirrier Philippe, histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon : Université de Bourgogne, 1998), p.83.

L'autre aspect important de la politique culturelle de Jack Lang, c'est aussi cette nouvelle relation établie entre la culture et l'économie en général et en particulier l'art et l'économie.Dès son arrivée à la tête du ministère, Lang lance le slogan :

« Economie et culture, même combat ».

Dans ce mot d'ordre, il défend l'idée selon laquelle :

« Fini le temps où les artistes, les créateurs, les inventeurs, doivent s'écarter avec méfiance de la vie économique, craignant d'apparaître comme des créateurs aux mains sales. Fini aussi le temps où l'économie doit ignorer ce levain que constituent le savoir et la création ».

Cette volonté du ministre a vraisemblablement réalisé une rupture dans l'histoire des politiques culturelles. Le ministère s'est intéressé de plus près aux industries culturelles mais aussi à l'art dans son ensemble sans rentrer dans des querelles de ce qui est art et de ce qui ne l'est pas. Cette manière de faire dans le monde de l'art constitue un aspect important dans le changement de visage de l'art contemporain.

Une autre déclaration à considérer, c'est celle de Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture à partir de 1995, qui affirme devant le Sénat le 27 novembre 1995 :

« La politique culturelle doit participer pleinement à la recréation du pacte républicain, ouvrir à chacun la voie de l'épanouissement individuel et de la solidarité ».

Dans la même orientation que ces prédécesseurs, Catherine Trautmann nommée ministre de la Culture et de la Communication, réaffirme les principes de l'intervention de l'Etat en matière culturelle :

« L'engagement de l'Etat en faveur de l'art et de la culture relève d'abord d'une conception et d'une exigence de la démocratie ».

De ce fait, l'Etat doit :

· « Favoriser l'accès de tous aux oeuvres de l'art comme aux pratiques culturelles,

· nourrir le débat collectif et la vie sociale d'une présence forte de la création artistique en reconnaissant aux artistes la liberté la plus totale dans leur travail de création et de diffusion et

· garantir la plus grande liberté de chaque citoyen dans le choix de ces pratiques culturelles ».

La ministre s'est surtout placée sur le principe que l'Etat doit :

« Défendre la liberté de création et le pluralisme culturel ».

A travers toutes ces actions et déclarations, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les politiques culturelles ont joué un rôle important dans l'émergence de l'art contemporain en France, notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce qui conforte notre position, c'est le témoignage des artistes interrogés sur le sujet qui affirment :

« C'est véritablement le maître de cet art, reconnaitre l'art contemporain et surtout lui placer sous la protection de l'Etat et ça peut être pour la première fois dans les politiques culturelles en France. Avec des mesures très fortes, déjà de doter le ministère de la culture, d'un budget conséquent qui va s'appeler, eih... ça c'est extrêmement intéressant ».

« Avec l'ELAC, l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain qui était dédié à l'art contemporain, c'était une initiative privée, ça n'a pas marché, parce qu'il n'y avait pas de moyens ».

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