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Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

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Chapitre II : Les « politiques culturelles »7(*) en France : de la monarchie à la république (1959)

Cette plongée dans l'histoire des « politiques culturelles » en France va paraître moins important pour certains lecteurs et probablement d'autres jugeront le titre choisi assez vague. Mais d'entrée de jeu, il faut souligner que cette présentation n'a pas un caractère exhaustif. Il s'agit, de faire un aperçu historique des « politiques culturelles » en France pour nous permettre de tracer notre chemin.

Pourquoi ce travail historique ? Pour deux raisons fondamentales : en premier lieu, parce qu'il révèle l'origine du rôle important de l'Etat dans l'administration de la culture que Philippe Urfalino décrit comme la « spécificité de la politique culturelle française par le poids d'une tradition monarchique d'implication forte de l'Etat » et en second lieu comprendrel'évolution des« politiques culturelles » semble indispensable à toute discussion approfondie.

Les « politiques culturelles » avant la Révolution française de 1789

Au regard de plusieurs Etats notamment la France, historiquement la culture a été une préoccupation constante des pouvoirs politiques. On peut bien partir de nos cours d'histoires au lycée qui nous enseignent qu'en 1530 le Roi François Ier a institué les « lecteurs royaux » d'où l'origine du collège de France. Peut-être peut-on parler alors de la prémisse d'une « politique culturelle ».

Certains historiens ont souligné la place de François Ier dans les domaines culturels et artistiques mais Poirrier Philipe ne manque pas d'affirmer que « si François Ier a posé les jalons d'une véritable intervention étatique dans les domaines culturels, c'est sous les règnes de Louis XIII et surtout de Louis XIV que le véritable élan est donné sous une triple forme : la mise en place d'un réseau académique, la substitution d'un mécénat public au mécénat princier et la laïcisation de la censure »8(*).

C'est par cette triple forme que l'Etat a soutenu la production artistique jusqu'à la révolution française de 1789 qui marque une rupture pour l'histoire de l'intervention des pouvoirs publics dans les domaines culturels. Nous y reviendrons ultérieurement sur cette rupture dans l'intervention étatique pendant la révolution.

Nous nous limiterons uniquement sur quelques faits marquants de ces dispositifs en faveur de la culture et en tirer quelques conséquences.

C'est à travers ces dispositifs d'intervention, qu'est née, « au XVII siècle, l'idée d'une responsabilité politique des pouvoirs publics dans le domaine de l'art et de la création dont Richelieu s'est en quelque sorte fait le chantre en instituant en 1635, l'Académie française. Fort de ce précédent, Louis XIV décida de créer en 1680 la Comédie-Française en fusionnant deux troupes distinctes (celle de l'Hôtel de Bourgogne et celle de l'Hôtel Guénégaud) et chargera Colbert de concevoir une surintendance centralisée des bâtiments de France, des arts et manufactures »9(*). Cela montre bien que l'Etat, en favorisant la création intellectuelle peut aussi l'orienter.

Dans ce processus d'implication forte de l'Etat « la fondation de l'académie française marque dans le domaine littéraire et artistique le départ d'une série d'académies royales : l'Académie royale de peintre et de sculpture en 1648 (officiellement protégée en 1661), l'Académie de danse en 1661, la petite académie en 1663 (future Académie des Inscriptions et belles-lettres), l'Académie de musique en 1669 et l'Académie d'architecture en 1671 »10(*).

Les conséquences de ces créations sont appréciées différemment par certains historiens nous rapporte Philippe Poirrier.« D'un côté, Nathalie Heinich souligne l'effet d'institutionnalisation à travers une formalisation qui s'exerce à plusieurs niveaux : une formalisation juridique qui se fonde sur la confirmation par lettres patentes de nombreux privilèges, une formalisation politique qui se fonde sur l'engagement de l'Etat qui atteste l'unité publique, une formalisation au plan des pratiques par la fixation d'un mode de fonctionnement spécifique (jury, élection par les pairs...) et également un effet de corps qui débouche sur une pratique élitaire ; de l'autre, Marc Fumaroli insiste sur le rôle mineur de l'Etat royal dans cette affaire. Il note que certes des initiatives et des impulsions ont eu lieu mais qu'elles furent le plus souvent moins des causes que des effets et des amplifications de ce qui était là, et qui ne devait rien à la politique royale. Par exemple, l'Académie de peinture et de sculpture réunie à l'initiative des artistes en 1648 est essentiellement le résultat d'une évolution de la profession soutenue par le public. Dans cette perspective, Laval donné par le roi sanctionne seulement un fait accompli ».

Pour ce qui est du mécénat royal, il connait une mutation majeure dans les années 1660 comme le signale Philippe Poirrier, c'est en effet au cours de cette décennie que se met en place une administration régulière, centralisée et surtout publique de la distribution des « gratification » aux gens de lettres ».

A partir de ce mode d'intervention la pratique « mécénale »a eu plusieurs conséquences : « D'une part, elle fait entrer sous la dépendance du monarque ceux qui étaient auparavant dotés par des protecteurs particuliers. Dès lors, cet établissement d'un mécénat étatique par louis XIV et Colbert s'accompagne d'un effacement du mécénat princier. Cela étant, il n'est pas toujours facile de distinguer dans le mécénat des ministres (Richelieu, Mazarin, Séguier) ce qui ressort respectivement du privé et du public. Les frontières au sein de cette institution en construction demeurent bien floues. D'autre part, Louis XIV une fois installé à Versailles, renoue avec une pratique chère à Françoise 1er : il se fait collectionneur par son propre compte »11(*).

Le troisième volet par lequel L'Etat intervient en faveur de la culture, c'est bien la censure qui était sous la responsabilité de l'Eglise catholique qui passe dorénavant sous l'impulsion du pouvoir qui étatisa et laïcisa celle-ci. Dans ce même processus la royauté va s'impliquer dans le fonctionnement de la librairie.

A partir de la fin du XVIe siècle, « avec l'émergence des monarchies nationales modernes et en liaison avec le développement de l'imprimerie et la diffusion de la Réforme, la censure devient une affaire d'Etat. Mise en place à cette époque, la censure royale se développe en France aux siècles suivants (XVII-XVIIIe siècles).Associant d'abord les autorités ecclésiastiques, le parlement et le pouvoir royal, la censure est laïcisée par Richelieu (édit de 1629) et codifiée au siècle suivant (code de la librairie, 1723). Les dispositions légales en matière de censure sont cependant difficiles à faire appliquer dans toute leur rigueur-surtout en province- et le subterfuge des lieux d'impression fictifs (Angleterre ou Provinces-Unies) permet de les contourner »12(*).

* 7Nous avons mis politiques culturelles entre guillemet pour souligner que plusieurs auteurs comme Philippe Urfalino n'hésitent pas d'affirmer que ce l'on peut appeler une « politique culturelle » a été inventé en 1959, avec la création d'un ministère en charge des Affaires culturelles.

* 8Philippe Poirrier, Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon : Université de Bourgogne, 1998), p. 7.

* 9Jean-Michel Djian, Politique culturelle : la fin d'un mythe, vol. 113, Collection Folio (Paris : Gallimard, 2005), p. 9.

* 10Philippe Poirrier, op. cit., p. 9.

* 11Philippe Poirrier, Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon : Université de Bourgogne, 1998), p. 11.

* 12« Livre et censure - Bibliographie », 11 décembre 2007, Bibliothèque nationale de France, s. d., 14.

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