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Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

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Chapitre III : L'art contemporain et les politiques culturelles des cinquantedernières années du XXème siècle : pour quels résultats ?

Cette période correspond à la création du ministère d'Etat des Affaires culturelles en 1959. Nous avons évoqué précédemment les actions des pouvoirs publics dans le domaine culturel de la monarchie à la république (1959). Le bilan de ces actions reste tout de même critiqué « pour cause d'absence de volonté politique, une organisation à la fois rigide et bancale pour cause de lourdeur bureaucratique, une incapacité coupable à promouvoir la création contemporaine pour cause de mainmise académique »26(*). Malgré ces critiques, il est cependant nécessaire de reconnaitre le rôle que l'Etat a joué en matière culturelle particulièrement dans le domaine de l'art.

Toutefois plusieurs spécialistes27(*) considèrent 1959 comme l'an zéro des politiques culturelles en France. C'est la première rupture fondamentale dans l'histoire contemporaine des politiques culturelles. Cette période marque le début de l'art contemporain pour certains acteurs comme nous l'avons souligné d'ailleurs dans les définitions de celui-ci.

Le ministère en charge des Affaires culturelles créé par décret en 1959 par la Cinquième République dans la période gaullienne, demeure une rupture essentielle. C'est le 22 juillet 1959 que André Malraux est nommé ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles. Un ministère qui est né avec une nouvelle mission celle de « rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audienceà notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des oeuvres d'art et de l'esprit qui l'enrichissent »28(*).

Dans cette nouvelle mission, apparait clairement la volonté de démocratisation de la culture qui prolonge d'ailleurs le travail inachevé du Front Populaire mais aussi provoque une vraie transformation sur le plan de la politique qui a eu des impacts considérables pour l'art contemporain. Alors quels sont les changements induits par le ministère en charge des Affaires culturelles dans le domaine de l'art contemporain ?

L'art contemporain à la naissance du ministère

Comme nous l'avons souligné dans les différents passages de cette rédaction, l'Etat n'a pas attendu la naissance de ce ministère pour commencer à s'intéresser à l'art contemporain29(*). Cependant, la création de ce ministère est à l'origine d'une nouvelle vision de l'art contemporain même si cette thèse reste contestée par certains spécialistes comme Marc Fumaroli qui accuse ce ministère d'avoir voulu instaurer un « Ministère de la propagande ». Nous reviendrons plus en détails sur ces différentes critiques.

En effet, parler de l'art contemporain à la création du ministère de la Culture revient à évoquer le rôle d'un personnage clé qui est André Malraux. Dans sa biographie, il est présenté comme « unintellectuel influent des années cinquante, un fervent militant gaulliste, un écrivain et un spécialiste des arts » qui prend la tête de ce ministère.

Malraux est venu avec une vision nouvelle des politiques culturelles. « La définition des objectifs est ambitieuse ; elle répond à la vision chez Malraux d'une communauté des nations unies par le musée imaginaire, d'une communauté des hommes réunis par la grandeur de l'oeuvre d'art, qui pour lui transcende le langage, elle prolonge une vision planétaire qui implique la primauté donnée à la spiritualité dans le rapport des hommes à l'art »30(*).

Dès son arrivée au gouvernement, « Malraux avait bien saisi la nécessité de redonner à Paris sa place de capitale des arts, perdue pendant la seconde Guerre mondiale, au profit de New-York. C'est ainsi qu'il a lancé l'idée, peu après son arrivée, d'une « Biennale des jeunes » (moins de 35 ans), qui expose des artistes de quarante pays, en octobre 1956 au Palais de Tokyo. Cette manifestation créée en collaboration avec la ville de Paris et le département de la Seine, constitue une des rares initiatives officielles à destination des jeunes artistes. La plupart d'entreeux relèvent de l'art contemporain. Les français Rebeyrolle et Klein, le Suisse Tinguely, les Américains Jaspar Johns et Rauschenberg, le groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) ... cet aperçu des artistes sélectionnés marque clairement la rupture affichée avec la prédominance de l'Ecole de Paris qui avait marqué l'après-guerre. Les jurys des différentes Biennales ont su faire preuve à la fois de clairvoyance et d'ouverture. Ils ont effectivement permis d'exposer, dès leurs débuts, des artistes qui ont marqué l'histoire de l'art de la fin du XXème siècle »31(*).

C'est dans ce processus qu'une politique d'acquisition ouverte et attentive à la création contemporaine est mise en place. « En 1962, le service de la création artistique naît sous la direction de Bernard Anthonio et intègre le bureau des travaux d'art. A cette période, sont également mis en place un bureau des travaux de décoration des édifices publics et une commission de la création artistique, chargée de proposer au ministre l'acquisition ou la commande d'oeuvres d'art32(*) ». Cela se traduit par la création du Centre national d'Art contemporain, un lieu entièrement destiné à l'art contemporain, initiateur du centre Pompidou. L'impact de ce centre est analysé par Teodoro Gilbert « la création de cette institution a permis à ses responsables d'être totalement indépendants de l'administration des musées de France et de l'Académie des Beaux-Arts, dont les réticences face à l'art contemporain constituaient des freins évidents à sa diffusion. Elle a finalement les mêmes objectifs que le Musée national d'Art moderne, mais elle se spécialise très clairement sur la création vivante ».

S'agissant de la présence de l'art contemporain en province, il faut souligner que sous Malraux, « les municipalités étaient considérées comme incompétentes ou trop conservatrices sur le plan artistique, ce qui justifie, pour le ministère, une modernisation impulsée par l'Etat central. De ce fait, l'art contemporain rentre très rarement dans les lieux d'exposition publics »33(*) à l'exception dans une certaine mesure au Musée de Grenoble fondé en 1921.

Le ministère de la Culture à la tête André Malraux a donc engagé la France dans une politique culturelle plus ambitieuse, « les bases de la démocratisation et de la décentralisation alors mises en place ont servi d'appuis aux différents gouvernements qui se sont succédé. Pourtant, les moyens mis en oeuvre étaient modestes. Le budget de la culture a progressé, mais pas plus que ceux des autres ministères. Il représentait 0.38% du budget de l'Etat en 1960, 0.36% en 1966 et 0.42% en 1969. Avec la guerre d'Algérie et la constitution d'une force de frappe nucléaire, les priorités budgétaires étaient ailleurs »34(*).

Concernant précisément l'art contemporain dans les politiques culturelles à l'ère Malraux (1959-1969), il y avait eu bien des acquis mais ce qui restait à faire dans ce domaine était énorme. Malgré une volonté de prendre en compte l'art en train de se faire, beaucoup d'auteurs soulignent que « Malraux est passé à côté des artistes des années soixante », qui ont pourtant marqué l'histoire de l'art. il a fallu attendre l'arrivée au pouvoir de Georges Pompidou, pour qu'émerge en France une vraie implication de l'Etat dans le domaine de l'art contemporain.

* 26Vincent Dubois, La politique culturelle. Genèse d'une catégorie d'intervention publique, Socio-histoires (Paris : Belin, 1999), p. 20.

* 27Philippe Urfalino qui parle de l'intervention de la politique culturelle et Jeanne Laurent (collaboratrice d'André Malraux) parle de la « ladrerie » de la IVe République dans le domaine culturel.

* 28Décret n°59-889 du 24 juillet 1959 portant organisation du ministère chargé des affaires culturelles.

* 29Si on s'en tient à la définition chronologique « l'art contemporain désigne la période qui va de 1945 à nos jours ».

* 30Gérard Monnier, L'art et ses institutions en France. De la Révolution à nos jours, vol. 66, Collection Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 336.

* 31Teodoro Gilabert, la géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 108, <halshs-00008949>.

* 32 « 1960-1976?: l'ère Malraux | Centre national des arts plastiques », 26 janvier 2016, http://www.cnap.fr/1960-1976-l%E2%80%99%C3%A8re-malraux.

* 33Teodoro Gilabert, op. cit., p. 108.

* 34Teodoro Gilabert, la géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 108, <halshs-00008949>.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe