WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Prévention des accidents domestiques par ingestion chez le jeune enfant


par Ariane Roudet
IFPS Université Grenoble-Alpes - Infirmière puéricultrice (IPDE) 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

ANNEXE V. GUIDE D'ENTRETIEN

Bonjour, je m'appelle Ariane et suis étudiante puéricultrice à l'école du CHU de Grenoble. Nous nous rencontrons aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel (mémoire) concernant les ingestions accidentelles. Notre échange me permettra d'étayer ma réflexion. Je vous rappelle que cet entretien, d'une durée d'environ quinze minutes, est anonyme mais enregistré pour les statistiques de mon travail. Je vous remercie pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.

1. En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous concernée par la prévention ?

Relance : A quelles occasions faites-vous de la prévention ?

2. Dans le cadre de votre travail, pensez-vous être un soutien à la parentalité ? Relance : Est-ce que le soutien à la parentalité est un de vos rôles en tant que puéricultrice ?

3. D'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ?

Si oui, pourquoi et quelle tranche d'âge est la plus concernée ?

Relance : Êtes-vous fréquemment confrontés aux accidents domestiques du jeune enfant ?

4. Dans le cadre des ingestions accidentelles mettez-vous en place des actions de prévention ?

Si oui, lesquelles ?

Si non, pourquoi rien n'est instauré concrètement ?

Relance : Faites-vous de la prévention relative aux ingestions accidentelles du jeune enfant ?

5. Pensez-vous que des parents informés sont plus à même d'avoir des réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur enfant ?

Relance : Selon vous, des parents sensibilisés sont-ils plus à même de réagir en cas d'ingestion accidentelle que des parents non informés ?

6. Les professionnels de la petite enfance que vous rencontrez (AP, EJE, assistant maternel...) vous semblent-ils suffisamment formés aux gestes de premiers secours ?

7. D'après vous, la PMI est-elle connue du grand public pour ses actions de prévention et de soutien ?

8. Pour finir, quel est votre parcours professionnel ?

L'entretien se termine, je vous remercie pour votre précieuse collaboration. Avez-vous d'autres éléments à ajouter suite à cet échange ?

XI

ANNEXE VI. RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS

Entretien A

AR : Je vais commencer ... Bonjour, je m'appelle Ariane, je suis étudiante puéricultrice à l'école du CHU de Grenoble. Aujourd'hui on se rencontre parce que vous avez bien voulu m'accorder du temps pour échanger autour du sujet des ingestions accidentelles que j'étudie dans le cadre de mon projet professionnel. C'est un échange qui va me permettre d'étayer ma réflexion, il va durer environ quinze minutes et reste anonyme. Mais je l'enregistre pour faciliter mon travail et mes statistiques. Je vous remercie d'avance pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.

Alors la première question c'est : En tant que puéricultrice de PMI dans quelles situations êtes-vous concernées par la prévention ?

IPDE 1 : Notre travail en tant que puéricultrice de PMI c'est un travail de prévention. Effectivement il y a les notions de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Nous on est plutôt sur le primaire et le secondaire. Le tertiaire c'est plutôt l'aide sociale à l'enfance, que tu auras peut-être l'occasion de rencontrer ; eux c'est plutôt de la protection ; nous de la prévention pure. Est-ce que tu veux que je te donne les domaines de prévention vraiment ?

AR : Oui je veux bien, savoir sur quoi vous axez votre prévention, des domaines, même assez vastes.

IPDE 1 : Alors la PMI c'est de zéro à six ans pour les puéricultrices, et il y a aussi les sages-femmes qui interviennent en prénatal. Alors c'est à travers différentes actions, soit en postnatal direct par exemple en visite à domicile, en permanence ou en consultation. Là ce sera tout ce qui est soutien à la parentalité, la prise en charge de l'enfant. L'idée c'est de répondre à leurs attentes et de partir un peu de leurs besoins. Après on évolue en âge, il y a les bilans de quatre ans qu'on fait dans les écoles. Le but c'est de voir tous les enfants, ça permet de ratifier la population des enfants de trois à quatre ans ; on se dit qu'ils sont au moins vus une fois, parce qu'il y en a qui ne sont pas suivis selon les milieux même si ça reste rare. Ça permet d'avoir une vision médicale de tous les enfants, ça leur donne à tous une chance donc c'est vraiment de la prévention à ce niveau-là. Le contenu des B4 c'est peut-être pas la peine que j'en parle ...

Ensuite on a tout ce qu'il y a signalement, enfance en danger, nous on est au premier plan pour évaluer s'il y a danger ... Euh... à ce moment-là on va plutôt faire du soutien éducatif, sanitaire, prise en charge de l'enfant, même parentalité. Après d'autres domaines euh ...

AR : Oui il y en a déjà beaucoup ! C'est le coeur de votre métier !

Vous avez déjà abordé le sujet précédemment, mais vous, vous vous considérez donc comme un vrai soutien à la parentalité ?

IPDE 1 : Tout à fait ! Nous on ne fait pas à la place, on ne va pas s'occuper de l'enfant, on passe par le parent. Ce n'est pas nous qui allons faire les soins d'hygiène à l'enfant ou les soins de santé ou l'éducation. C'est vraiment les parents qui se saisissent de tout ce qu'on peut voir avec eux. C'est vraiment notre rôle principal de soutien à la parentalité ; effectivement nous on peut évaluer qu'il y a un enfant en difficulté mais nous on passe par le parent : c'est l'aider à avoir les outils adaptés en tant que parent ; pouvoir s'adapter aux besoins de son enfant.

AR : Ensuite, la troisième question c'est : D'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ? Et si oui, est-ce que vous avez une idée de la tranche d'âge la plus concernée finalement ? Sachant que vous voyez surtout des zéro - six ans.

XII

IPDE 1 : Alors, je dirai pas que c'est fréquent au niveau des accidents, par contre nous ça fait partie de nos missions de faire de la prévention des accidents domestiques donc effectivement moi quand je vais à domicile lors d'une visite post-natale, un des éléments c'est le couchage. Alors je vois comment je sens les parents, des fois dès la première visite, si je sens qu'ils sont méfiants, qu'ils n'aiment pas trop qu'on vienne chez eux j'y vais plutôt à la deuxième mais au moins j'en parle.

AR : Par rapport à la MIN oui ...

IPDE 1 : Oui oui, parce qu'eux des fois ils ont leur vision oui oui c'est tout bon alors que nous tout de suite on peut voir ce qui coince donc euh ... c'est dans nos missions d'être vigilants ! On ne va pas toujours en parler, c'est surtout à domicile, si on voit quelque chose, là on se rend compte de suite ce qui est dangereux et à portée de mains des enfants... Par contre au niveau des accidents, surtout par l'hôpital de secteur, je reçois une fiche de liaison dès qu'un enfant est hospitalisé pour un accident domestique.

Alors je n'en ai pas beaucoup, mais là j'en ai eu trois, surtout parce que cela peut entrer dans le cadre de la protection de l'enfance selon ce qu'on évalue... mais par ingestion de boulettes de cannabis. Alors effectivement c'est des parents qui ont laissé à portée de main, alors c'est pas un accident domestique auquel on pense facilement... mais souvent ce n'est pas ce que l'on voit dans les petits livrets, on ne parle pas de ça. Mais c'est vraiment des choses pour lesquelles on peut être interpellé et dans ce cas-là on va évaluer à domicile. On en profite pour voir dans quel contexte vit l'enfant, si c'est un contexte dans lequel le cannabis a beaucoup de place ou l'enfant est au milieu de tout ça, ou est-ce que c'était une soirée ...

Après effectivement c'est des parents, ou ce qui est positif, c'est qu'ils ont eu le réflexe d'emmener l'enfant à l'hôpital alors que d'autres n'auraient pas osé ...

AR : ... oui ou l'emmèneraient à l'hôpital mais n'oseraient pas dire ce qui a été ingéré.

IPDE 1 : Oui ça pourrait être grave. Et j'en profite pour leur dire, comme c'est des gens qui fument, de faire attention aux mégots de cigarettes, parce qu'un enfant qui mâchouille un mégot de cigarettes, ça on en parle pas non plus, c'est plein de nicotine et de goudron, et si un enfant le mâchouille, ça peut faire quelque chose au niveau cardiaque, parce que c'est très concentré.

Après, j'ai eu des chutes de plans de change... de mémoire j'essaie de me souvenir s'il y a autre chose mais je pense que c'est vraiment les deux choses principales que j'ai eu.

Et au niveau des âges... euh... c'est vraiment les zéro - un an. Les âges au-dessus c'est des enfants qui se font des bleus, mais je n'ai pas eu de trucs graves, à ma connaissance. C'est vrai que peut-être ils [les hôpitaux] nous préviennent quand c'est les zéro-un an ; au-delà je pense qu'ils gèrent à l'hôpital et s'ils ne repèrent rien de particulier au niveau social, je ne pense pas qu'ils nous interpellent.

AR : D'accord, super ! Du coup la question suivante c'est plus par rapport aux ingestions accidentelles, est-ce que vous mettez en place des mesures de prévention ? Vous disiez que c'était plutôt quand vous en ressentiez le besoin...

IPDE 1 : Alors on ne fait pas d'action de prévention de groupe comme ça pourrait se faire. Une fois en crèche je sais que j'avais fait, enfin c'était auprès des assistantes maternelles, et il y a longtemps mais j'avais mené une action collective.

Ici, non on ne fait rien de collectif, par contre, c'est vraiment en individuel à domicile. Et à chaque fois que je vais en visite à domicile suite à un accident domestique, j'en profite pour laisser un livret que j'ai sur les accidents domestiques. J'en profite pour discuter de l'accident qu'il y a eu, je regarde si ça ne risque pas de recommencer selon ce qui en était et après je fais une explication plus large, plus rapide en donnant le livret. L'info je la donne plutôt à ce moment-là.

XIII

AR : D'accord, et donc la question cinq c'est plutôt par rapport aux parents, pensez-vous que des parents informés sont plus à même d'avoir des réactions adaptées face aux ingestions accidentelles ?

IPDE 1 : Ouais, alors réaction sur le coup, la question c'est plutôt est-ce qu'ils vont avoir les gestes de secours adaptés, c'est plutôt ça la question ?

Parce que action, ils vont être informés, ils vont faire ce qu'il faut pour éviter l'accident ; alors que réaction c'est une fois qu'il a ingéré.

AR : Oui c'est vrai, j'attendais un peu les deux, action et réaction. Pour moi aussi c'est important comme vous disiez, qu'ils préviennent bien l'accident.

IPDE 1 : Oui parce que action je pense qu'ils peuvent effectivement mieux aménager leur environnement ; enfin après ils s'en saisissent ou pas ; c'est vrai que des fois il faut attendre qu'il y ai l'accident pour qu'ils se bougent un peu plus derrière...

Réaction c'est plutôt du secours, et il n'y a pas de gestes de secourisme qui sont transmis. Je dirais oui pour action, non pour réaction.

AR : Ensuite c'est par rapport aux professionnels de la petite enfance que vous rencontrez : auxiliaire de puériculture, EJE, assistante maternelle... est-ce que ces professionnels-là vous semblent justement suffisamment formés face aux gestes de premiers secours ? Ou est-ce que cela pourrait être intéressant à développer ?

IPDE 1 : Alors il y a des formations qui sont proposées pour nous puéricultrices au département et après effectivement on a été formées pendant l'école, mais on a des mises à jour qui sont proposées. Moi je trouvais, enfin on avait demandé, que ce soit plus spécifique au petit enfant, des fois le risque, c'est que les formations elles soient plutôt pour les adultes, il faut qu'il y ait cette vigilance... Alors nous la dernière en tant que puéricultrice il avait commencé par l'adulte mais avait amené des choses bien spécifiques à l'enfant, et un mannequin d'enfant.

Assistantes maternelles, pareil il y a une proposition, mais je ne sais plus où ça en est, il faudrait revoir avec la référente des assistantes maternelles.

AR : Oui je sais qu'elles ont la formation du PSC1 de sept heures qui est obligatoire pour l'agrément.

IPDE 1 : Oui, obligatoire pour l'agrément mais le renouvellement je ne suis pas sûre... en tous les cas c'est proposé. Moi je sais que quand je fais le renouvellement, je leur demande de quand date la dernière, et si c'est d'il y a longtemps je leur préconise de le refaire.

Les autres je ne sais pas, on n'a pas d'AP ou d'EJE...

AR : Oui, elles sont plus présentes en crèche.

IPDE 1 : Mais vraiment la prévention je pense qu'elle est vraiment nécessaire auprès des parents, pas tant les assistantes maternelles parce que c'est déjà tellement carré quand on les voit pour les agréments.

AR : D'accord merci... Ensuite la question ce serait plutôt à propos de la PMI. Est-ce que vous pensez que la PMI est suffisamment connue du grand public pour ses actions de prévention et de soutien ?

IPDE 1 : Alors ceux qui connaissent la PMI, oui ils savent que c'est des actions de prévention et de soutien aux parents, mais en général je trouve que c'est peu connu. Mais même des choses toutes bêtes, on tape « PMI » sur internet, je pense qu'il n'y a rien qui sort. Les gens utilisent beaucoup internet, mais je trouve que c'est pas bien développé. Y a un projet de « com » qui était fait mais je crois que c'est un peu tombé à l'eau... ça n'avance pas. Pareil, on devait faire des flyers, on demande depuis des années, moi ça fait cinq ans que je suis ici,

XIV

vingt-ans de PMI, avant j'étais dans la Drôme, on demande des flyers officiels du département, mais non, on fait toujours nos propres flyers, c'est toujours pas fait...

Je trouve qu'au niveau « com » il y a un vrai problème, il y a vraiment besoin de plus. Alors ce qui permet qu'ils nous connaissent c'est par rapport aux fiches de liaison, quand on envoie des flyers : soit on propose une MAD, soit une visite à domicile pour toutes les fiches de liaison qu'on reçoit.

Alors pour l'Isère on reçoit toutes les fiches de liaisons des maternités, ça tu as dû le voir, par contre la Savoie, je reçois des fiches seulement quand il y a un problème qui a été repéré. Donc y en a certains qui finalement ne reçoivent jamais rien... Et puis envoyer un flyer « votre enfant vient de naître » alors que je reçois tardivement... effectivement il y a la possibilité d'être informée par les avis de naissance par les mairies ou les choses comme ça... mais je sais qu'au moment où on le faisait qu'on avait ça, ça arrivait très tard, c'était pas l'idéal. C'était pas la meilleure des solutions. Mais effectivement c'est nous qui allons vers les gens, y a pas une connaissance... c'est plus le bouche à oreille sinon, quand les gens nous connaissent, ou des professionnels, par leur profession qui nous connaissent.

AR : Pour finir, quel est votre parcours professionnel ? Vous m'avez déjà parlé des cinq ans au sein de cette PMI.

IPDE 1 : Donc ça fait bien vingt ans de PMI, j'étais dans la Drôme, et là je suis ici depuis cinq ans en tant que puéricultrice de PMI. Avant j'avais fait hôpital et libéral. Est-ce que je te donne le détail de ce que j'ai fait à l'hôpital ?

AR : Oui je veux bien.

IPDE 1 : L'hôpital quand je voulais, il n'y avait pas de place en pédiatrie mais j'étais repérée comme puéricultrice donc quand y avait des enfants c'est moi qu'on appelait. J'étais d'abord au bloc opératoire donc quand y avait des enfants c'est moi qui gérait, aux urgences et en service de chirurgie digestive.

Les services de base je ne trouvais pas ça intéressant, ça se répétait, moi j'avais besoin de variétés, donc en PMI tous les jours c'est différent [rires].

AR : C'est tout pour moi, est-ce que vous avez des choses à ajouter ?

IPDE 1 : Oui la prévention et le soutien à la parentalité c'est vraiment le coeur de notre métier. Et ce qui est important quand on est professionnel c'est de ne pas aller donner des conseils comme ça d'entrée, plaqués aux gens. C'est vrai que moi je vois comment j'ai évolué avec les gens ; au début quand j'étais nouvelle professionnelle je demandais aux gens de quoi ils souhaitaient parler, donc je les appelais avant la visite à domicile comme ça j'avais un peu en tête mes idées. Mais c'est pas du tout comme ça ... c'est vraiment être face aux gens et voir de quoi ils ont besoin de parler et ça peut partir dans tous les sens. On a l'oeil, on a l'oreille, on va poser les questions complémentaires qui vont faire parler... notamment tout ce qui est prévention des violences conjugales, ça touche pas parent-enfant en direct mais ça touche le couple et donc ça impacte l'enfant. Suivant les réponses, on gratte et hop... des fois on ne peut pas tout de suite, des fois si alors on y va.

Y a toute une subtilité dans le relationnel, il faut réussir à toucher ce qui est important pour les gens, ce qui les concernent eux, ce qui est spécifique.

Voilà ...

AR : Bon et bien merci beaucoup ! IPDE 1 : Avec plaisir !

XV

Entretien B

AR : Bonjour, je m'appelle Ariane, je suis étudiante puéricultrice au CHU de Grenoble . Nous nous rencontrons aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel qui concerne surtout les ingestions accidentelles. Notre échange va me permettre d'étayer ma réflexion et je vous rappelle que cet entretien est d'environ quinze minutes, anonyme mais enregistré pour les statistiques de mon travail. Je vous remercie pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.

En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous concernée par la prévention ?

IPDE 2 : La prévention c'est un peu la base de notre boulot, donc c'est au quotidien, c'est tout le temps. Pour les bébés la prévention c'est sur le couchage, les chutes. Moi mes VAD ou mes permanences ça va être surtout ça, le risque de chute ; le couchage aussi que ce soit auprès des parents ou des assistantes maternelles.

Pour ce qui est des ingestions c'est vrai que dans mon cas j'en parle pas forcément, ou alors quand ils grandissent : attention là il est en train de se retourner, d'attraper alors là il faut faire attention aux petites choses qui trainent ; c'est plus général.

Après les assistantes maternelles forcément ça va être la prévention par rapport à la sécurité de leur logement parce qu'elles gardent des enfants qui leur sont confiés.

Et des fois ça apparaît dans la protection de l'enfance pour les ingestions de cannabis... les enfants se retrouvent en réanimation, et c'est plus fréquent qu'on ne le pense !

Sinon j'ai vu un cas, mais c'est l'hôpital qui nous avait appelé pour les piles plates auxquelles on ne pensait pas forcément ... et vu les conséquences que ça entraîne... j'ai plutôt tendance à dire de faire attention quand l'enfant peut attraper, s'il y a des plus grands faire attention à ce qui traine. Maintenant j'explique bien les piles parce que les parents n'y pensent pas forcément.

AR : La question deux c'est : dans le cadre de votre travail pensez-vous être un soutien à la parentalité ?

IPDE 2 : Ah ben oui ! [rires] Ça aussi c'est la base de notre travail ! Notamment lorsque c'est des premiers enfants, l'accompagnement là ... Déjà les parents ne connaissent pas la PMI alors on doit leur expliquer et une fois qu'ils ont compris ils sont bien contents d'avoir un soutien et des ressources ; et quand ils nous connaissent avec les plus grands, ils sont bien contents de nous trouver pour les conseiller et reprendre ce que disent les médecins, ils ne comprennent pas toujours les traitements, les informations... donc oui c'est vraiment notre quotidien.

AR : D'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ? Et si oui, quelle est la tranche d'âge la plus touchée ?

IPDE 2 : Un problème... ce n'est pas non plus tous les jours mais on le répète tous les jours, mais du coup on est dans la prévention. Après moi le problème que j'ai eu il n'y a pas longtemps c'est sur les chutes et notamment les enfants qui ne sont pas attachés dans les poussettes. Les parents ont aussi souvent tendance à laisser, enfin c'est les bébés, les moins d'un an, les laisser sur la table à langer et ils partent chercher la couche à l'autre bout sans savoir si on est à côté. Ils ne se rendent pas compte, même à deux, trois, quatre mois ils les laissent.

Sinon dans les poussettes ils ont tendance à attacher les lanières sur le ventre, donc on leur explique, parce que moi j'ai surtout des familles qui se déplacent en tram, donc si le tram freine, ils ne sont pas tenus et risquent de traverser tout le tramway comme ça.

Sinon une fois ça m'est arrivé, une petite qui est tombée d'un premier étage surélevé donc c'est l'équivalent d'un deuxième ou troisième étage, qui s'en est sortie à priori. C'est la grande soeur qui voulait lui montrer par-dessus le balcon et elle est tombée, pourtant le logement était adapté, la maman avait tout aménagé. En ce qui nous concerne c'est surtout les chutes pour les moins d'un an.

XVI

Pour quand ils commencent à être à quatre pattes, à ramper, se déplacer donc surtout à partir d'un an, c'est les brûlures. Dans notre population, un peu plus précaire qu'à d'autres endroits, les parents cuisinent à même le sol, avec des réchauds par terre. Ils se brûlent donc en mettant les mains ou en se renversant les choses dessus.

AR : Après, on revient plutôt sur les ingestions accidentelles, mettez-vous en place des actions de prévention ?

IPDE 2 : Eh non, pas sur ce SLS ! À part en parler lors de l'accompagnement de chaque parent en fonction de l'âge de l'enfant il n'y a pas d'action particulière là-dessus.

Il y a seulement une fois, en fait je suis aussi en LAEP, et une fois tous les deux à trois mois on organise des « cafés papote » autour d'un thème qui est choisi avec des assistantes maternelles, des parents, l'éducatrice et moi. Il y a quelques temps on avait fait un café papote autour du sujet des accidents domestiques et ça avait bien plu comme c'était un échange et pas juste des conseils donnés par un professionnel.

Mais je sais que ça peut se faire ailleurs et que ça intéresse, au CHU ils avaient fait une journée à thème sur les accidents domestiques, un peu comme une chambre des erreurs.

AR : Autre question : pensez-vous que des parents informés sont plus à même d'avoir des réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur enfant ?

IPDE 2 : Oui je pense, forcément... Y en a qui ne vont pas penser forcément aux petites pièces de lego, ou alors ils vont manier des produits toxiques dans des bouteilles de jus de fruits, eux ils savent mais les enfants eux ne savent pas.

Donc oui pour tout ce qui est des produits, des médicaments qui traînent, là on intervient, donc s'ils sont au courant ils feront peut-être le nécessaire... On en parle et on donne des exemples un peu parlant pour qu'ils se rendent compte à quel point c'est dangereux.

AR : Oui les accidents peuvent aussi être liés à de la méconnaissance c'est vrai...

IPDE 2 : [hochement de tête] c'est important d'en parler et d'en reparler, de faire des rappels.

AR : Ensuite l'autre question c'est : Est-ce que les professionnels de la petite enfance que vous rencontrez, donc les assistants maternels, peut-être les EJE et les auxiliaires de puériculture, vous semblent suffisamment formés aux gestes de premiers secours ?

IPDE 2 : Alors tout ce qui est EJE et auxiliaire de puériculture moi c'est vrai que je ne les vois pas, ce n'est pas nous qui gérons les crèches...

Les assistantes maternelles à chaque fois qu'on les voit on leur demande de quand date leur diplôme de gestes de premiers secours. On les incite fortement à renouveler tous les deux ans ou grand maximum tous les cinq ans.

AR : Ensuite, question sept : D'après vous, la PMI est-elle suffisamment connue du grand public pour ses actions de prévention et de soutien ?

IPDE 2 : Connue oui peut-être... Mais dans les maternités je ne suis pas certaine qu'elles prennent bien le temps d'expliquer ce que l'on fait parce que quand on appelle beaucoup de parents n'ont pas compris, ou vaguement. Je pense que ce n'est pas forcément bien expliqué, peut-être parce qu'elles manquent de temps...

Et nous quand on va à la maternité pour les liaisons maternité on rencontre seulement les sages-femmes, on ne passe pas dans les chambres.

Ça reste quand même peut-être encore méconnu... à part les enfants qui sont hospitalisés et qui passent en néonatologie, où là il y a la puéricultrice de liaison de PMI qui a bien son rôle pour expliquer aux parents comment ils vont sortir. C'est vrai que les parents qui sortent de néonatologie ou de services de pédiatrie ils sont bien au courant mais globalement même dans le grand public on parle de Protection Maternelle et Infantile c'est pas forcément bien

XVII

connu. Alors là en ce moment peut-être un peu plus parce qu'on en parle plus avec le rapport des 1000 premiers jours et la loi Peyron.

Mais dans Protection Maternelle et Infantile il y a le mot protection et du coup on est encore bien associées à l'Aide Sociale à l'Enfance.

AR : Et donc pour finir, quel est votre parcours professionnel ?

IPDE 2 : Moi j'ai été diplômée infirmière en 2006, j'ai eu mon diplôme de puéricultrice fin 2007 et après j'ai travaillé de début 2008 à 2015 en service de médecine et soins intensifs néonataux. Et je suis donc en PMI depuis septembre 2015.

AR : Parfait ! C'est tout pour moi, sauf si vous avez d'autres éléments à ajouter ?

IPDE 2 : Euh... sur le sujet je crois que je t'ai tout dit. Mais sinon si tu veux je peux te donner les coordonnées de la puéricultrice de liaison PMI pour que tu discutes de tout ça, et de ton projet avec elle.

AR : Ah oui je veux bien, ça pourrait m'être très utile ! Et encore merci de m'avoir accordé cet échange.

Entretien C

AR : Bonjour, je m'appelle Ariane, je suis étudiante puéricultrice au CHU de Grenoble. On se rencontre aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel qui porte notamment sur les ingestions accidentelles. Notre échange va me permettre d'étayer ma réflexion. Il dure environ quinze minutes, est anonyme mais enregistré pour me permettre une meilleure analyse. Je vous remercie d'avance pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.

La première question c'est : En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous concernée par la prévention ?

IPDE 3 : J'ai envie de dire dans toutes ! Sauf quand on en est déjà au placement, à ce compte-là on sort de la prévention... Mais sinon tout le temps, on est dans de la prévention dans nos visites à domicile, nos permanences, nos consultations, chez les assistantes maternelles.

En ce qui concerne ce sujet particulier, les visites à domicile c'est quand même là où on va le plus facilement sur ce sujet-là parce qu'on voit des choses. En permanence c'est pas le thème que je vais aborder d'entrée de jeu parce que quand ils viennent c'est pour une pesée ou des conseils en particulier et on a déjà beaucoup d'autres choses à aborder. Par exemple pour un nourrisson je vais plutôt aborder la sécurité du couchage.

AR : Et les grands thèmes de prévention que vous abordez ?

IPDE 3 : Ca va être tout ce qui va être le lien mère-enfant, les compétences du bébé, la prévention du bébé secoué beaucoup... vraiment beaucoup le bébé secoué et la mort subite chez les moins de trois mois, parfois un peu les écrans. Le transport aussi... parfois les parents ont des questions sur les poussettes, les moyens de transport en voiture ; moins souvent les accidents domestiques. Avant je travaillais à côté de Grenoble, et là-bas, tous les ans on participait au Forum Santé où la PMI avait un stand. C'était une journée de forum avec des associations autour de la santé et la PMI avait un stand et deux années de suite on a proposé une action autour des accidents domestiques, on avait tiré ça d'un petit livret ministériel orange dont je n'ai plus le nom. On avait agrandi les pages, on en avait fait de grandes affiches et on avait fait des affiches vertes et des affiches rouges avec là où les choses sont en sécurité, là où elles ne le sont pas et on abordait ça avec les parents.

AR : Merci ! La question suivante c'est dans le cadre de votre travail, pensez-vous être un soutien à la parentalité ?

XVIII

IPDE 3 : J'espère bien ! C'est un peu pour ça que je me lève le matin ! [rires] Honnêtement je pense l'être dans la plupart des familles que j'accompagne, mais je sais qu'il y a des familles quand on va avoir un mot malheureux ou quelque chose qui n'a pas été tourné d'une bonne manière, là pour le coup on va rompre le lien ; ou alors quand on a des familles qui n'ont pas confiance en la PMI, peur du placement, s'il y a des antécédents ou quelque chose comme ça... On est toujours dans une démarche de soutien à la parentalité mais on sent à la manière dont c'est reçu, il y a de la distance, du « vous approchez pas trop, on a pas envie. ».

AR : La question suivante c'est d'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ? Si oui, quelle tranche d'âge est la plus concernée ?

IPDE 3 : Alors je n'en ai pas accompagné énormément, mais les familles ne nous le disent pas forcément quand il y a eu des accidents, souvent moi je le vois dans le carnet de santé quand ça a été noté : « Passage aux urgences, chute du lit, chute avec le trotteur ». Le dernier gros accident domestique dont j'ai eu notion, mais de toute façon là elle ne pouvait pas faire autrement c'est un enfant qui s'était brûlé. La maman était d'origine africaine et pour parfumer la maison elle mettait des charbons à chicha et faisait brûler de l'encens dessus. D'habitude elle le mettait en hauteur sur un placard et ce jour-là elle l'avait laissé sur la table basse. L'enfant était allé joyeusement, et avait pris dans sa main et avait essayé de manger et s'était retrouvé avec une jolie balafre sur tout le côté du visage à cause de la brûlure. Dans mon expérience PMI c'est plutôt ça, sinon j'ai fait du libéral et j'ai eu à accompagner une famille dont l'enfant avait avalé du Destop.

Ça m'est arrivé chez une assistante maternelle de trouver du Destop par terre dans les toilettes et du rez-de-chaussée et du haut : un bidon de Destop et un bidon de javel ! Et la dame me dit « ah mais j'avais complètement oublié en plus, ça fait longtemps qu'ils sont ici ». Comment dire... là je m'étais fâchée fort ! En lui disant justement que moi j'avais déjà soigné un enfant qui avait avalé du Desktop et que c'était quelque chose que je ne voulais plus jamais revoir de ma vie parce que ça a des conséquences absolument dramatiques.

Souvent, moi sur mon secteur j'ai un centre d'accueil de demandeurs d'asile où ils ont des logements diffus et sont donc dans les logements sociaux en famille ou en colocation. Dans ces familles-là souvent je vais parler des produits ménagers par terre et le risque de défenestration avec les fenêtres ouvertes avec la table de la cuisine juste en dessous.

AR : Je comprends... on entend souvent parler des chutes et des brûlures chez les jeunes enfants.

IPDE 3 : Oui c'est pour ça chez les assistantes maternelles on est dures : moi les médicaments, les produits ménagers et les fenêtres et les piscines ça fait partie des choses ou je suis extrêmement intransigeante ; ce n'est pas négociable en fait.

AR : Ensuite c'est : Dans le cadre des ingestions accidentelles mettez-vous en place des actions de prévention ?

IPDE 3 : Pour ce qui est des ingestions, je me répète un peu, mais pour moi c'est clairement au cours des visites à domicile et ça va être en fonction de ce que j'observe... une fenêtre ouverte typiquement alors qu'il y a une table juste au-dessous ou une chaise on va dire attention ! Et puis il y a beaucoup les faits divers qui nous aident entre guillemets, pour la prévention ; c'est-à-dire qu'on a régulièrement des enfants qui tombent des balcons ou par les fenêtres et c'est vrai que quand on aborde ça tout de suite ça fait tilt, c'est pas juste parce qu'on pense que les enfants ne seront pas surveillés, c'est parce qu'on sait qu'ils sont capables de faire ça dans le dos très rapidement et qu'on ne peut pas avoir des yeux derrière la tête quand on est un parent ou une assistante maternelle.

Et sur le poste où je suis actuellement, on a pas vraiment d'actions collectives comme j'ai pu le faire sur Grenoble.

Sinon ça va vraiment être à domicile quand je vais voir une situation dangereuse, des médicaments à portée de main, et la plupart du temps c'est les produits ménagers. Dans les

XIX

médicaments c'est beaucoup de prévention autour des médicaments qu'on dit anodins : le doliprane, sauf qu'on leur rappelle que si l'enfant avale une boite de doliprane possiblement c'est une insuffisance hépatique aiguë.

AR : Oui ça peut avoir de graves conséquences...

IPDE 3 : Moi ce que je leur dis souvent c'est pas pour rien qu'Ariel ne fait plus de pub sur l'efficacité de sa lessive mais fait de la pub sur laisser hors de portée des enfants parce que depuis qu'il y a les petites unidoses je pense qu'en terme de nombre d'accident par ingestion ça a du bien augmenter. Moi ça m'avait marqué...

AR : La question suivante c'est : pensez-vous que des parents informés sont plus à même d'avoir des réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur enfant ?

IPDE 3 : Pas évident, pas évident... Informés bien sûr si on se base sur la prévention. Moi ça m'est arrivé de faire une visite avec des parents pour la prévention des accidents domestiques parce qu'il y avait les fenêtres, les produits... et là « je reviens vous voir et si vous voulez, ensemble, on va voir comment vous pouvez faire pour sécuriser ».

Après, pour la conduite à tenir en cas d'ingestion moi c'est le numéro du centre antipoison que je donne quand on parle d'ingestion de produits ou de médicaments, tout simplement parce qu'il y a trop en fonction de ce qu'ils avalent il y a trop de marches à suivre qui sont différentes. Ça c'est pareil, pour les assistantes maternelles on leur demande d'avoir un affichage numéros d'urgence, SAMU, numéros des familles, et moi dedans je leur demande d'avoir le numéro du centre antipoison.

AR : La question suivante c'est : Les professionnels de la petite enfance que vous rencontrez vous semblent-ils suffisamment formés aux gestes de premiers secours ?

IPDE 3 : Alors nous c'est vrai qu'on a pas d'EJE sur notre territoire en PMI. Ça peut nous arriver quand on va faire un tour en crèche mais c'est plus quand on fait des liens sur des familles...

Alors les assistantes maternelles, elles sont formées, elles l'ont toutes la formation, en Isère ça fait partie des obligations préalables à l'agrément après ... euh... Mais de plus en plus je trouve maintenant avec les relais d'assistantes maternelles, elles mettent à jour leurs connaissances mais quand on va en visite et qu'on va aborder certains points de sécurité pour la prévention des accidents domestiques, moi je trouve qu'il y a certaines assistantes maternelles qui sont dans la négociation par rapport à ça. Pour moi ce n'est pas tolérable, il y a des choses qui ne se négocient pas... si tu habites au troisième étage il y a des bloque-fenêtres aux fenêtres et c'est tout ! Moi j'en ai eu des négociations, oui les médicaments sont hors de portée mais ils ne sont pas hors de vue et des petites boites de couleur comme ça c'est attirant pour les enfants donc mettez-les dans un carton, une petite boite fermée.

Mais c'est vrai qu'on passe pour des rabat-joies parfois quand même...

AR : Ça fait partie du métier aussi [rires].

IPDE 3 : Oui ça fait partie du métier mais ce que je leur dis souvent vous savez quand il y a un accident ce n'est jamais dans des périodes où tout était normal... chez les assistantes maternelles c'est parce qu'il y avait un enfant en plus, ou un enfant a chuté et s'est fait mal alors j'étais en train de mettre de la glace et l'autre en a profité pour ... Parce que souvent leur discours c'est de dire « Ah bah ils ne l'ont jamais fait ! ».

AR : Merci... ensuite c'est par rapport à la PMI, d'après vous la PMI est-elle connue du grand public pour ses actions de prévention et de soutien ?

IPDE 3 : Grande question ! Ça pourrait être le sujet d'un mémoire tout entier ça. On est en pleine démarche petits pas grands pas, prévention, je ne sais pas si certaines collègues t'en ont parlé, qui est l'idée d'aller le plus tôt possible, de mettre les parents en lien avec la PMI.

XX

Moi je suis sur un territoire qui réalise des liaisons maternité auprès des mamans, c'est-à-dire qu'on ne va pas juste récupérer les fiches avec les informations pour les distribuer, on récupère les informations et on va voir chaque maman hospitalisée avec son bébé le jour de notre passage. Nous on passe deux fois par semaine, sur chaque maternité de la ville, à la clinique et à l'hôpital : le mardi et le vendredi. L'objectif de ce passage c'est de venir présenter la PMI aux mamans qui sont à la maternité et qui ont accouché. Il y en a, grosso modo, une moitié qui connaît déjà pour des aînés ou sinon c'est pendant l'accompagnement sage-femme de la grossesse où on leur a expliqué que dès la naissance elle pourrait aller à la PMI. Nous on colle dans le carnet de santé du bébé l'adresse de la PMI de son secteur et le numéro pour les joindre. En fait moi quand je vais à la maternité je leur présente la PMI.

Des fois on a aussi des gens un peu en mode retrait : « mais pourquoi vous venez me voir ? est-ce qu'on m'a signalé ? », non non on va voir tout le monde. La PMI c'est un service public, c'est gratuit on est payé par vos impôts, des fois on se demande à quoi ça sert, ça sert à ça aussi de payer des impôts, ça sert à avoir un service public et de rencontrer une puéricultrice, pouvoir bénéficier d'une visite à domicile sans avoir à débourser d'argent.

Sur ce territoire où je travaille c'est vraiment une excellente porte d'entrée parce qu'en plus on fait ça dans un lieu qui est neutre, c'est-à-dire que c'est pas intrusif, on ne va pas directement à la maison, on ne fait pas un premier lien par téléphone où souvent les mamans nous disent non mais j'ai la sage-femme qui vient c'est bon je n'ai pas besoin. Là, la plupart du temps elles sont plutôt disponibles, en plus en ce moment, merci covid, il y a peu de visites à part du papa, il y a peu de monde, les sages-femmes ont beaucoup de travail et nous du coup on peut prendre le temps de tirer la chaise cinq minutes de s'asseoir, d'échanger, et je trouve que ça c'est très important d'avoir quelqu'un d'avenant qui vient présenter la PMI et prendre des nouvelles du bébé. Parfois quand j'entre dans une chambre je sens les parents un peu réfractaires et quand je sors ils sont plutôt souriants, ils ont effacé un peu l'image de on va placer les bébés et on est un service de cas sociaux.

AR : Super.. bon je vous pose ma dernière question. C'est juste pour finir, quel est votre parcours professionnel ?

IPDE 3 : Alors, moi j'ai été diplômée infirmière en 2007, j'ai travaillé à l'hôpital, principalement chez les adultes, j'ai fait des urgences en gros j'avais un 80% aux urgences neuro-vasculaire parce que j'étais à temps plein de nuit ; j'ai fait ça pendant quatre ans. Ensuite je suis partie travailler un an en Nouvelle-Calédonie dans un hôpital local de brousse, en revenant j'ai fait une année de libéral mais salariée par une mutuelle ; c'était la mutualité française en fait qui avait des cabinets et du coup c'était un vrai boulot de libéral sauf qu'au lieu de facturer à mon nom je facturais au nom de la mutuelle et il me reversait en salaire un certain pourcentage et pendant que j'étais là-bas j'ai passé mon concours d'école de puéricultrice. Je suis rentrée à l'école de puéricultrice en 2014, j'en suis sortie diplômée et j'ai attaqué en PMI en mars 2015.

AR : D'accord très bien.

IPDE 3 : En fait je n'ai pas d'expérience pédiatrique à l'hôpital, depuis que je suis puéricultrice je n'ai fait que de la PMI.

AR : Super, c'est tout bon pour moi, merci encore pour votre participation et si vous avez des éléments à ajouter n'hésitez pas.

IPDE 3 : Eh bien non, juste bonne continuation, bon courage à toi et n'hésites pas si tu as besoin de quoi que ce soit tu me fais un petit mail.

Entretien D

AR : Si tu es prête on va commencer. IPDE 4 : Oui vas-y quand tu veux.

XXI

AR : Alors, bonjour, moi c'est Ariane et je suis étudiante puéricultrice à l'école du CHU de Grenoble. On se rencontre aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel sur les ingestions accidentelles, mais aussi un peu sur les accidents domestiques en général. C'est vraiment un échange qui va me permettre d'étayer ma réflexion. C'est un entretien qui dure environ quinze minutes, qui est anonyme mais enregistré. Merci d'avance pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.

Donc la première question c'est : En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous concernée par la prévention ?

IPDE 4 : Alors je pense qu'on est concerné au niveau des suivis des enfants donc dès qu'on peut faire des suivis à domicile, donc des visites à domicile sur des suivis courants, sur les moments où on est en consultation aussi, c'est vrai que c'est un âge ou on peut aussi aborder ça avec les parents mais aussi avec les assistants familiaux et les assistants maternels, c'est important au niveau de la sécurité donc on est obligé d'aborder ça avec eux.

AR : Et sinon est-ce qu'il y a d'autres grands thèmes que tu abordes régulièrement ?

IPDE 4 : Par rapport aux accidents domestiques on va faire attention vraiment aux produits ménagers en essayant du coup de sensibiliser les familles pour que ce soit hors de portée, en faisant en sorte aussi qu'ils ne transvasent pas et ne mettent pas dans des bouteilles, pour des enfants qui seraient plus grands par exemple, des choses comme ça...

Après, on fait aussi attention à, même si ce n'est pas forcément ton sujet, à tout ce qui est sécurité de l'environnement, de l'aménagement : les escaliers, les barrières, tous les coins où l'enfant pourrait chuter, aussi le comportement que l'adulte pourrait avoir envers l'enfant donc qui pourrait être insécure ou autre, comme le fait de toujours avoir une main sur l'enfant : tous les parents ne sont pas toujours opérationnels là-dessus, ils n'ont pas toujours la notion de ça en fait donc ça fait aussi parti de la prévention qu'on fait.

AR : D'accord super ! Ensuite, dans le cadre de votre travail, pensez-vous être un soutien à la parentalité ?

IPDE 4 : Moi je pense que oui, je pense que c'est la base de notre métier, qu'on est là en accompagnement et en soutien des parents. La plupart du temps ils leur manquent des clés et nous on est là pour les accompagner et les soutenir à ce niveau-là. C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles on peut jouer : dans le développement de l'enfant, qui va aider les parents ça peut être sur plein de choses, sur le développement psychomoteur, sur la diversification, même tous les conseils qu'ils peuvent nous demander aussi. On a un accompagnement, je trouve, assez large des familles, on est aussi là pour répondre à leurs demandes, oui on va amener des choses mais on est aussi en priorité là pour les accompagner selon leurs besoins.

AR : Oui c'est vrai, c'est très important. Ensuite, d'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ?

IPDE 4 : Alors moi personnellement de mon côté je n'en ai pas eu couramment. Je pense qu'il peut il y en avoir mais que l'on est pas forcément informé non plus, et surtout on essaie de faire en sorte que cela n'arrive pas. On essaie de prévenir bien pour faire en sorte que ça n'arrive pas mais moi de mon côté je n'en ai pas eu personnellement.

Je pense que si on en est informé c'est vraiment par l'hôpital en fait, par d'autres professionnels qui ont été alertés.

AR : Oui finalement c'est plus sous forme de signalement en fait... Sinon, dans le cadre des ingestions accidentelles mettez-vous en place des actions de prévention ?

IPDE 4 : On peut en mettre en place, sinon ce que je disais c'est de sécuriser les produits ménagers ça peut être mettre un bloque-porte, mettre en hauteur ou dans un cellier fermé à

XXII

clé. C'est expliquer aux parents aussi pourquoi, quel est le risque c'est leur en parler, c'est leur donner des liens, qui appeler quand ça arrive parce qu'on sait que même si on fait attention ça peut arriver, autant chez les parents que chez les assistantes maternelles. Le principe c'est que cela n'arrive pas donc on essaie de faire en sorte, un maximum, que les produits soient sécurisés et inaccessibles aux enfants.

AR : D'accord merci. La question suivante c'est plus par rapport aux parents : pensez-vous que des parents informés sont plus à même d'avoir des réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur enfant ?

IPDE 4 : Clairement oui, parce que quand on prévient les parents sur comment agir c'est plus facile de réagir. On sait que quand des personnes vivent des situations complexes qui du coup peuvent entrainer des réactions d'urgence, en fait le corps réagit différemment mais de manière inconsciente. Tu peux très bien être tétanisé, avoir une sidération ou très bien réagir parce qu'il y a une montée d'adrénaline ; voilà il y a des réactions vraiment différentes. Il y a des personnes qui en sont tout à fait inconscientes et lorsqu'on les a prévenues en amont elles sont plus en phase d'être en conscience avec ce qu'il se passe et du coup savoir réagir. Comme les assistantes maternelles, on leur dit très bien, elles ont toujours une feuille pour avoir les liens d'urgence et du coup c'est plus facile de dire je vais vite appeler là ; quand on en a pas parlé on ne sait pas ce qu'il faut faire.

AR : Oui c'est vrai... ensuite on revient un peu sur les assistantes maternelles : les professionnels de la petite enfance que vous rencontrez vous semblent-ils suffisamment formés aux gestes de premiers secours ?

Je pose la question aussi par rapport aux EJE et auxiliaire de puériculture mais visiblement vous n'intervenez pas trop en crèche.

IPDE 4 : Non pas vraiment en crèche. Mais pour moi je dirais oui parce que ce sont des professionnels de la petite enfance et qui ont dans leur cursus une formation spécifique du PSC1 basé sur l'enfance donc elles sont censées avoir les compétences requises en sachant qu'elles ne sont pas obligées de le mettre à jour non plus. Après ça dépend, je pense qu'elles ont les moyens mais qu'après c'est aussi du savoir être et qu'elles ne sont pas toutes en capacité de réagir.

AR : D'accord. Une autre question, c'est par rapport à la PMI. D'après vous, la PMI est-elle connue du grand public pour ses actions de prévention et de soutien ?

IPDE 4 : Je pense que l'on est pas encore assez connue, alors là quand même je suis surprise parce que là souvent j'appelle des jeunes mamans qui ont déjà entendu parler de la PMI... Alors des fois c'est aussi grâce aux sages-femmes de PMI, en amont, qui ont fait une première présentation et qui ont fait un lien. Mais effectivement dans mon contexte personnel je trouve que la PMI n'est pas encore assez connue ni assez valorisée au niveau national.

AR : Oui et quand elle est connue il y a toujours cette association avec l'aide sociale à l'enfance et le terme de protection.

IPDE 4 : Oui quand c'est connu il y a aussi cette notion un peu péjorative de c'est l'ASE, on va nous retirer les enfants et moi dans mon métier, là où je suis actuellement mes collègues m'ont dit tu verras les sages-femmes du secteur il y en a certaines qui nous dévalorisent et qui disent de ne pas aller voir la PMI parce qu'on allait leur retirer leur enfant. On est pas du tout là-dedans ! C'est aussi dommage qu'il y ai des professionnels qui en rajoutent et ne travaillent pas en collaboration.

AR : Oui c'est un vaste sujet, il y a encore beaucoup d'évolutions à avoir je crois. Du coup, la dernière question c'est : quel est votre parcours professionnel ?

XXIII

IPDE 4 : Mon parcours professionnel alors... j'ai fait mon BAFA avant mon BAC, j'ai passé mon école d'infirmière avec divers stages en pédiatrie, pédopsychiatrie et PMI aussi parce que je savais que c'était mon projet professionnel. Là j'ai travaillé en intérim pendant mes deux mois parce que j'ai passé le concours de puéricultrice et j'ai eu l'école. Donc diverses missions parce que l'intérim ben voilà... donc médecine générale, soins de suite et de réadaptation, de la maison d'accueil spécialisée avec des polyhandicapés voilà des choses comme ça.

Après je suis allée à l'école de puéricultrices, on a eu la crise sanitaire et du coup je suis allée faire un mois en néonatologie pendant la crise sanitaire et de nuit, voilà, après j'ai eu mon diplôme donc en 2020 et je suis allée en PMI vu que c'était mon projet. Voilà...

AR : Eh bien merci beaucoup c'était intéressant.

IPDE 4 : Avec plaisir, si tu as besoin pour quelque chose tu me dis. Je te souhaite bon courage pour ton mémoire, surtout pour l'analyse ! [rires]

AR : [rires] Oh oui je vais en avoir besoin, merci beaucoup ! Bonne fin de journée.

XXIV

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire