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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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2.2. Yopougon: naissance et dynamique d'une
cité dortoir à la périphérie d'Abidjan

La croissance de Yopougon remonte aux débuts des années 1970, lorsque l'Etat a décidé de faire de cette zone, le nouveau périmètre d'extension de la ville d'Abidjan. Produit d'une croissance démographique soutenue, Yopougon est née d'abord sous une forme de programme d'urbanisme planifiée avant de connaître une urbanisation de masse. Actuellement, Yopougon se compose de lotissements évolutifs et de nombreux programmes de logements économiques construits par des sociétés d'Etat.

2.2.1. Yopougon, un faubourg avant 1970

Avant 1970, Yopougon n'était qu'un ensemble composite de plantations, de quelques villages Ebrié et Akié comme le montre la carte suivante.

Carte 1: Les différentes étapes de l'évolution de Yopougon de 1969-1975

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À cette époque, l'activité socio-économique était essentiellement dominée par l'agriculture et la pêche. Les principaux lieux d'habitation n'étaient alors que les quelques villages dont les principaux étaient Kouté38 et Andokoi. En ce temps-là et selon Yapi Diahou,

«Les villages otagés par la croissance urbaine souffrent d'un manque d'équipements de base: eau, route, assainissement. Il y règne une insalubrité déconcertante. Andokoi vit encore dans l'obscurité, l'électricité n'y est pas encore présente. Les entreprises industrielles attendues sur la zone industrielle arrivent lentement. Les terrains réservés aux équipements collectifs ou classés zones de servitudes sont les lieux de rabattement des patrons du secteur informel: couturiers, ébénistes, soudeurs, marchands de briques et de sable, garagistes, transporteurs, etc.» (Diahou 1981).

La typologie de Yopougon, le faubourg (insalubre, broussailleux, sans eau et sans électricité) n'est pas adaptée aux nouvelles fonctions urbaines que l'Etat entend lui confier. Un changement morphologique sera nécessaire qui donnera lieu à l'une des plus grandes cités dortoirs de la ville d'Abidjan.

2.2.2.Les prémices du peuplement de Yopougon

L'urbanisation de Yopougon a commencé au milieu des années soixante. Ce furent d'abord des extensions spontanées, qui correspondaient alors à un étalement urbain non planifié, où les acteurs principaux étaient les communautés villageoises. Ensuite, pendant la décennie 1970, avec l'explosion démographique de la ville d'Abidjan (Antoine, Dubresson et al. 1987)39, le projet d'extension de la ville d'Abidjan vers le Plateau du Banco (Yopougon) devient un projet urbain d'envergure nationale. Déjà le plan d'urbanisme de 1952 en intégrant Yopougon comme secteur d'extension d'Abidjan, prévoyait un programme d'intervention de l'Etat pouvant permettre de corriger les déséquilibres de l'agglomération et

38 Les origines de Yopougon remontent au temps où les guerres tribales opposaient les différents grands groupes Ebrié. Après les litiges le groupe des Bidjan prennent désormais le nom de Yopougon ce qui signifie littéralement «Champs de AYopou». Yopougon vient donc d'une déformation de «Ayopou gon». Ils créent plus tard le village du nom de Yopougon Kouté (Kouté est la contraction de Akouté qui désigne l'intérieur de la maison en langue Ebrié).

39 Les taux de croissance sont de l'ordre de 11 % par an et la population est multipliée par cinq

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accompagner les perspectives de croissance démographique futures (Diahou 1981; Steck 2008). À cet effet, entre 1969 et 1974 sont entrepris de grands programmes d'aménagement urbains dont l'exécution affecte encore la dynamique de Yopougon. Ainsi, en 1972 parallèlement au premier programme immobilier de construction d'habitats planifiés, l'Etat décide de l'implantation d'une vaste zone industrielle. Plus de 100 entreprises y étaient situées quinze ans après son inauguration, employant plus de 8 000 salariés. La zone industrielle de Yopougon compte aujourd'hui environ 300 entreprises, mais beaucoup souffrent de la situation actuelle de crise consécutive à la guerre40. Cet élan de modèle d'urbanisme qui se traduit par la prise en main par l'Etat de l'ensemble de la production urbaine d'Abidjan se précise au niveau de Yopougon par une nouvelle vague de construction d'habitats planifiés entre 1974 et 1980. L'Etat devient promoteur avec les programmes des opérations de logements sociaux construits par la SICOGI, SOGEFIHA, LEM, SOPIM et SIDECI. Entre temps, en 1979 l'ouverture de la voie express ainsi que la politique de communalisation41 de 1980, vont constituer les véritables relais accélérateurs de l'expansion spatiale et démographique de Yopougon. Ainsi au début des années 1980 Yopougon atteint les 223165 habitants contre seulement 6690 habitants en 1963 (Antoine, Dubresson et al. 1987). Cette expansion démographique a induit une croissance de l'espace urbanisé. De 70 ha en 1969, l'espace urbanisé a atteint 1185 ha en 1975. Cela a renforcé la position de Yopougon comme l'une des cités dortoirs les plus importantes de la ville d'Abidjan.

2.2.3.Yopougon, une fonction résidentielle prépondérante

C'est à partir de 1971 avec l'avènement des sociétés immobilières qui ont construit des quartiers tels que Siporex, Sicogi, Sogefiha, Selmer...(Diahou 1981)

40 Zone industrielle de Yopougon : les impacts de pillages dans le domaine économique sont directs et indirects, et ne pourront faire l'objet de bilans complets qu'après plusieurs mois d'évaluation. Mais une première estimation des pertes économiques indirectes réalisées par les responsables des 300 entreprises qui opèrent sur cet important site se chiffre en dizaines de milliards de FCFA. En effet, plusieurs entreprises d'enseignes diverses mais surtout libanaises ont subi des pillages à grande échelle, suite aux événements post-électoraux qui ont secoué la Côte d'Ivoire. L'agro-industriel suisse, Nestlé, déplore plusieurs dégâts matériels notamment dans sa fabrique de bouillon (.Nord-Sud du mercredi 11 mai 2011).

41 Yopougon est érigée en commune à partir d 1980 par la loi n°80-1180 du 17 octobre 1980 relative à l'organisation municipale.

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que Yopougon prend les allures de quartier moderne. L'ouverture en 1979 de la voie express «Est-Ouest» a modifié également l'allure de cette banlieue qui fut incluse dans la ville d'Abidjan lors de la réforme communale en 1980 par le décret n°80-1184 du 18 octobre 1980. Selon les estimations42, Yopougon s'étend actuellement sur une superficie de 153,06 km2, avec une population d'environ 1000000 d'habitants. Mais, le désengagement de l'Etat dans la production urbaine dû à la crise a permis d'entamer la viabilisation de vastes zones d'habitat. Cela a entraîné une jonction entre la ville ancienne et les nouveaux fronts d'habitation, mais également entre ceux-ci et les villages traditionnels d'autre part. Ainsi, Yopougon, qui semblait représenter une troisième voie (celle d'une forme de classe moyenne) entre l'urbanisation populaire représentée par Abobo et l'urbanisation élitiste symbolisée par Cocody et la Riviera, paraît devoir s'engloutir dans la première43.

Le foncier constituait, pour les pouvoirs publics, l'instrument principal de la maîtrise de l'expansion urbaine. La conséquence majeure de cette situation est le développement d'une production foncière et immobilière incontrôlée, marquée par un respect de plus en plus aléatoire des normes d'aménagement et par une multiplication des instances de gestion urbaine. Cela s'est traduit par la propension à une urbanisation désordonnée44. Depuis la fin des années 1990, l'extension urbaine eut finalement raison des villages d'Azito, Béago, Kouté, Lokoua, Niangon, etc. Aux quartiers anciens de Yopougon gare, d'autres quartiers plus modernes (SIPOREX, SICOGI, SOGEFIHA, SIDECI, LEM, etc.) se sont subitement surajoutés. Mais le plus souvent, les liaisons entre les villages et les nouveaux quartiers sont telles que l'accessibilité en autobus SOTRA s'avère

42 La mairie en 2010.

43 En prenant tout de suite une ampleur considérable, elle exprima la force d'un besoin frustré (par la nouvelle politique urbaine) : l'auto-promotion. Celle-ci donne satisfaction à trois types d'acteurs : 1) les propriétaires coutumiers du sol, qui lotissent leurs terres avant qu'elles ne soient réquisitionnées par l'urbanisme officiel ; 2) les investisseurs individuels, qui construisent des cours locatives, trouvant ici les parcelles que la nouvelle politique urbaine ne distribue plus ; 3) les ménages les plus jeunes, demandeurs de logements neufs et aux loyers plus accessibles. Au sein des deux derniers groupes figure celui des ressortissants étrangers stabilisés, qui ne peuvent plus accéder facilement aux produits de l'urbanisme d'État. Quant à la crise, elle eut plutôt, à Abobo, des effets bénéfiques. Elle diminua l'antagonisme des pouvoirs publics, qui acceptèrent de régulariser le fait accompli après l'avoir beaucoup combattu.

44 http://www.monde-diplomatique.fr/2007/12/GALY/15390 DÉCEMBRE 2007 Pages 16 et 17

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globalement impossible. Au total, Yopougon représente aujourd'hui est quartier structuré comme l'indique la carte suivante.

Carte 2: Yopougon de 1980 à nos jours

Source: travail adapté aux travaux de Kassi

En quelques décennies, l'espace urbanisé s'est considérablement étendu avec la création de nouveaux quartiers périphériques. Pour relier les pôles d'acticités, la marche ne suffisait plus. Plus une ville est étalée, plus il est difficile de la

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parcourir à pied ou à vélo et de mettre en place un système de transports en commun efficace (Kaufmann 2002). La solution aurait-elle dû passer par la promotion des deux roues comme à Ouagadougou (Cusset 1997) ou à Cotonou (Noukpo and Agossou 2004)? Ici l'alternative fut trouvée dans la promotion des taxis collectifs. Ceux-ci apparurent dans les 1970, mais se sont vite développés en raison de l'accroissement de la demande sociale de mobilité, elle-même favorisée par l'existence de voirie urbaine d'un niveau acceptable.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo