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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.2.3 L'année 1980: les woro-woro sortent de la clandestinité

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offre de transport indispensable. En tentant d'interdire la circulation des gbaka et des taxis collectifs au coeur de la ville d'Abidjan, les gouvernements post-indépendance ont organisé la pénurie du transport et incité les «mal-transportés» à se diriger vers ces modes de transport qui se sont replié en périphérie (Diahou 1981; Bonnassieux 1987). Cela a favorisé l'émergence des réponses alternatives de mobilité dans les banlieues devenues des communes depuis la loi n° 80-1180 du 17 octobre 1980 relative à l'organisation municipale 1980. Ces transports sont d'abord le fruit d'initiatives individuelles et n'étaient pas officiels72. Mais depuis les années 1980, on a constaté l'implication de l'administration municipale dans l'organisation de ces taxis collectifs autrefois combattus pour les utiliser comme des réponses à la pénurie du transport public. Depuis cette date, les taxis collectifs qui desservaient jusque là de manière spontanée et sans procédure d'accès la population, furent contraints à obtenir un agrément à la mairie. Un corps de police est constitué à cet effet pour réprimer tout contrevenant à la nouvelle réglementation, puisqu'avant cela, les taxis collectifs fonctionnaient sans un cadre formel légal. Les taxis collectifs et les taxis compteurs s'entremêlaient avec concurrence et sans prescription réelle comme l'expliquent les propos suivants d'un ancien chauffeur.

«On se débrouillait partout, puisque woro-woro, ce sont les camions débrouillards et on ne payait pas cher pour l'assurance. Il y a les gens qui ne peuvent pas prendre papier d'assurance73 de compteur. Le compteur, son assurance c'est cher. Il n'y avait pas de couleur fixe. C'est la mairie qui a détaché les taxis sans quoi on partait partout. Il y avait des taxis compteurs, mais ce n'était pas beaucoup. Tout le monde était ménagé. Taxi compteur, voiture personnelle, on roulait partout. En ce temps, il n'y avait pas de mairie ici, on partait prendre les papiers à Adjamé74. C'est Doukouré même qui a gâté les choses, parce que c'est lui qui a dit que chacun doit partir dans sa commune.» (B.J, ancien chauffeur 02.03.2009)

72 Logiquement, les taxis collectifs de Yopougon et d'Abobo n'assuraient pas un service de transport clandestin, puisqu'avant 1980, Abidjan formait une seule commune et ces deux quartiers n'en faisaient pas partie.

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73 Mon interlocutoire a situé le prix de l'assurance du woro-woro à 18000 FCFA et l'assurance du compteur à 40 000 FCFA.

74 Avant 1980, il n'y avait qu'une seule mairie pour la ville d'Abidjan (mairie centrale). À côté de cette mairie centrale, il y avait deux délégations. La délégation d'Adjamé dont dépendant Yopougon et la délégation de Treichville.

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D'après la réglementation mise en place, les taxis communaux doivent effectuer des courses ne dépassant pas le périmètre communal. Les taxis collectifs participent désormais à la mobilité communale en répondant ainsi à la demande de transport dans des secteurs mal desservis par les autres moyens de déplacement. Théoriquement, l'exploitation d'un taxi communal nécessite au préalable l'obtention d'une autorisation de transport public de voyageurs comme l'indique l'encadré suivant.

Conditions d'entrée dans la profession et l'activité en 1980

Pour être autorisé à exploiter un taxi-ville communément appelés taxis collectifs ou woro-woro, le futur opérateur doit être muni d'une autorisation de transport public de voyageurs à laquelle il doit joindre les pièces suivantes:

- Un extrait de casier judiciaire datant de moins de trois mois

- Un extrait de registre de commerce délivré par le ministère de la justice

- Un certificat de résidence

- Une photocopie du certificat de visite technique du véhicule datant de moins de trois mois.

Source: (Aka 1988)

Toutefois, alors que les gbaka sont encore confinés dans le suburbain, les woro-woro sont sortis des périmètres communaux. Les difficultés de la SOTRA à remplir sa part de contrat expliquent la résurgence des gbaka et des woro-woro. Ceux-ci, tolérés au départ, profitent des tiraillements nés de la décentralisation et de la libéralisation des transports pour connaître une nouvelle émergence.

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