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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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2.1.5 Les Malinkés de Côte d'Ivoire: une présence très ancienne dans le transport

Comme la situation des transports collectifs de la métropole sénégalaise, c'est aussi une communauté socioculturelle spécifique, les Malinkés, qui ont entrepris d'exploiter les premiers, la carence des transports publics formels dans la ville d'Abidjan. Les Malinkés sont de ce fait les innovateurs des nouvelles pratiques

100 En 1931 selon (Hazemann, 1992), le Gouverneur Général de l'AOF remarquait déjà que depuis quelques années, le goût des déplacements, en automobile particulièrement, s'est fortement développé chez les Sénégalais

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locales de déplacement. C'est de toute évidence que les termes «Gbaka» et «woro-woro»101 sont caractéristiques de la langue Malinké. Comme les Mourides, les Malinkés forment selon (Chauveau 1980), le groupe marchand autochtone le plus puissant, et se partagent le secteur tertiaire avec les Syro-Libanais et les sociétés européennes. Ils sont également à l'origine du fort développement, en Côte d'Ivoire, du transport de personnes interurbain ou régional, les taxis-brousse. Activité très rentable, le transport en commun attire aussi bien les petits épargnants propriétaires d'un camion que les grands commerçants à la tête parfois d'une véritable flotte de véhicules. Le secteur a connu un nouvel engouement dans les années 1970-1980 avec la généralisation des cars sur toutes les lignes de transport qui remplacent les taxis-brousse (Fauré 1992-1993). Les études de (Aka 1988; Dembélé 2002) leur attribuent la qualité de «Dioula transporteurs». De plus le secteur des transports reste toujours marqué par l'usage ostensible de noms Malinké sur les véhicules, notamment les gbaka. Il s'agit des noms tels que: «Wourou fatô» qui signifie chien enragé en Malinké. Ce terme désigne un type de minibus gbaka qui se détermine par son caractère réfractaire aux usages du code de la circulation routière en référence à son nom «chien enragé». «Nèguè» qui veut dire le fer en Malinké. Pour de nombreux chauffeurs, cette appellation est liée à la capacité de résistance du véhicule aux chocs de toute nature. Comme le fer est invulnérable à bien des égards, les gbaka «TOYOTA» et «ISUZU»102 qui affichent le nom «Nèguè» se dégraderaient difficilement en cas de choc selon les conducteurs. Une autre appellation est le terme «Massa» qui signifie «roi» en langue Malinké. Il est utilisé dans le secteur des transports pour désigner ce type de gbaka qui se distingue par sa forme quelque peu ovale et par sa rapidité sur les routes. Au départ, on rencontrait les massa, sur les lignes de desserte qui relient à Abidjan et l'intérieur et entre les grandes villes de façon générale. Mais depuis quelques temps, on constate un accroissement des massa dans le transport urbain abidjanais en raison de sa vitesse qui permet au chauffeur d'effectuer un nombre important de courses par jour, signe d'un bénéfice certain.

101 Le terme «gbaka» désigne en Malinké ce qui est en mauvais état. Quant l'expression «woro-woro», elle signifie «30 francs 30 francs », à l'époque le tarif du trajet. Actuellement, le coût du trajet varie entre 250 et 1000 francs CFA.

102 Ces marques japonaises sont beaucoup appréciées par les transporteurs du fait, selon eux de leur forte résistance aux chocs et son adaptation aux voiries parsemées de nids de poules.

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L'exemple des Mourides du Sénégal et des Malinkés de Côte d'Ivoire met en évidence l'existence de communautés autochtones structurées et dynamiques qui ont contribué à l'intégration et le développement des réponses alternatives de mobilité. À cet effet, on peut généraliser le constat qu'aucune société, aucun pays n'existe sans organiser ses différentes activités de transport selon les principes et la logique d'un certain ordre voulu ou imposé par l'héritage culturel. Les modes de transports alternatifs aux natures aussi variables que sont les cyclopousse du Vietnam, Kabu-kabu du Niger, Okada du Nigeria, Boda-boda (border to border) en Ouganda, Oléyia du Togo, Bendskin du Cameroun, foula-foula du Congo Brazza, Zemidjan du Bénin ou les grands taxis du Maroc, etc. qui fleurissent dans les villes-capitales d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ne sont pas des transports nés ex nihilo et isolés. Ces modes de transport ne sont pas à séparer de l'ensemble des structures sociales, politiques et religieuses. Mais depuis la fin des années 1980, la crise qui affecte aussi bien les populations que le secteur des transports publics, a permis un plus grand replis d'individus précarisés vers ce secteur. Ainsi, d'un phénomène généralisé de spécialisation professionnelle en fonction de l'origine socio-culturelle, le jeu économique semble de plus en plus ouvert à toutes les couches sans distinction ethno-géographique

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